Je dis seulement que cet héritage est mal connu, problématique, indéterminable dans l’état actuel des connaissances humaines. […] Il dit, en effet, dans son Emile : « La nature ne se trompe pas. » Et « la nature » signifie là les penchants naturels au cœur humain. […] J’ai les bras raccourcis aussi bien que les jambes, et les doigts aussi bien que les bras ; enfin je suis un raccourci de la misère humaine. » Qui sait si cette apparence simiesque ne fut pas une des causes qui déterminèrent le succès de Scarron, si elle ne contribua pas à faire de lui la vivante expression du goût littéraire contemporain ? […] Paris avait vu des milliers d’êtres humains emportés par une maladie inconnue et foudroyante ; des rues entières dépeuplées, au point que les fabricants de cercueils ne suffisaient plus à la consommation ; des cadavres empilés nus, pêle-mêle, à ciel ouvert, dans des charrettes quelconques ; des terreurs paniques, où la foule avait mis en pièces des hommes accusés d’empoisonner le vin et les fontaines ; le plaisir côtoyant la mort ; des mascarades plus folles que jamais ; et dans les théâtres mêmes des sachets de camphre, des seaux d’eau chlorurée destinés à conjurer le péril toujours invisible et présent.
Il est monothéiste, comme plusieurs de ses prédécesseurs en philosophie ; il est monothéiste ; que le monde soit susceptible d’être ramené à une seule loi, c’est une idée qui a commencé à envahir l’esprit humain et à s’imposer à lui ; mais, d’autre part, il est trop Grec pour ne pas rester un peu polythéiste, pour ne pas croire que des forces multiples et diverses gouvernent le monde et se le disputent. […] Il croit sans doute, comme a dit Montaigne, que la fatalité nous mâche ; il croit sans doute aussi que l’esprit humain peut réagir contre la fatalité. […] Il y a plus ; nous nous apercevrons bientôt, rien qu’en faisant mentalement une petite liste des vertus humaines, qu’il y a des vertus dont il ne parle pas et par conséquent des vertus qu’il ne nie point. […] Mais alors, quelle idée favorable La Rochefoucauld se fait de la nature humaine !
Ils ont cru légitime la prétention de la femme en matière d’égalité cérébrale avec l’homme ; et, si philosophiquement, ils ont reculé devant la thèse elle-même et l’absolu des termes sur lesquels elle s’appuie, la plupart, dans la pratique, ont parlé comme s’ils l’admettaient, même ceux qui devaient s’y connaître, les brasseurs de choses intellectuelles, les gens qui, par métier, font observation d’esprit humain. […] Quand on les a montrés et racontés, il ne reste plus à demander si ces faits engendrés par les causes que nous avons dites, sont bons ou mauvais en eux-mêmes ; légitimes ou illégitimes, le développement naturel des choses humaines ou une de ces distorsions que l’homme, avec son libre arbitre, peut leur imprimer… En d’autres termes, le bas-bleuisme, — si on entend par là et on ne peut entendre par là que l’égalité entre l’homme et la femme qui a le droit de s’attester au même titre que l’homme et dans des œuvres semblables à celles de l’homme, — le bas-bleuisme est-il une vérité ou un mensonge, un cri du talent opprimé ou une prétention de la vanité ; une illusion et un désordre ? […] Physiologiquement, métaphysiquement et socialement, trois choses unies et dépendantes, la femme est-elle conformée de manière à faire dans toutes les sphères de l’activité humaine, identiquement ce que fait l’homme ; et comme il ne s’agit ici que de littérature et d’art, est-elle d’organes, de cerveau, et même de main, lorsqu’il s’agît d’art, capable des mêmes œuvres que l’homme, quand l’homme est supérieur ? […] Mais pour être nos semblables, en nature humaine, doivent-elles se donner, — comme elles le font, — pour nos égales ?
lui laver doucettement le bout des doigts… Disons-le à son éloge : l’auteur de Louis XV et sa famille n’est pas pour les incestes… Louis XV sort net de cela des mains de ce petit juge « bon humain », comme dirait Béranger… Seulement, s’il n’insulte pas malproprement Mesdames de France, en les racontant, H. […] Ce grignoteur de livres n’est que le trotte-menu de la raison, et cela lui en paraît le comble de séculariser une religieuse et une sainte, et d’expliquer son entrée en religion par les motifs les plus humains. […] Et comme l’amour même de Madame Louise pour son père Louis XV, au nom duquel elle offre sa vie en expiation et en sacrifice, pourrait paraître encore un sentiment par trop divin à la petite raisonnette humaine, ce ratiocinant Bonhomme se rejette à « l’ascendant du prêtre ! […] Elle trouvait que le baiser mis là par son père avait quelque chose de trop humain encore, et elle ne voulut pas, en expirant à la même place, adoucir l’horreur de sa fin !
Mais la Critique, mais tous ceux qui, depuis quarante ans et plus, conduisent l’opinion littéraire, et qui avaient la prétention de décider des œuvres de l’esprit humain ! […] Les frères Glady, dont j’aime l’audace en librairie, et qui promettent de nous donner, dans des conditions admirables de typographie et de gravure, tous les chefs-d’œuvre de l’esprit humain, ont commencé naturellement par ce chef-d’œuvre de Manon Lescaut, qu’ils croient peut-être le premier ! […] Tout le temps même que dura la fière épopée de l’Empire, les romans, cette nécessité de l’imagination humaine au sein des plus terribles et des plus magnifiques réalités, avaient un autre accent que celui de ce prestolet d’abbé Prévost. […] Elle a enfin inauguré l’avènement de la fille, qui jusque-là n’avait régné que dans l’histoire de la prostitution humaine, et daté son ère dans la littérature et dans la préoccupation des écrivains.
Elle est moins céleste ; elle est plus humaine… Elle est d’un autre temps et d’une autre société… Elle est de notre siècle, à nous, avec les développements d’esprit et de passion de notre siècle. […] L’amour de Réa peut porter tous les signes mortels de ce temps destructeur, mais il n’en est pas moins l’amour immortel qui ne disparaîtra qu’avec la dernière âme humaine… Cette Réa Delcroix, c’est bien là la femme amoureuse au xixe siècle, dans ce siècle où l’amour s’en va des cœurs appauvris, mais où, quand il existe, il est d’autant plus intense et d’autant plus orageux qu’il s’est réfugié dans quelques âmes ardentes et profondes, et qu’il s’y débat pour y mourir ! […] III Quel livre de femme, en effet, — et de femme célèbre, — vaudrait en intérêt humain et palpitant ces lettres tout à la fois délicieuses et poignantes ? […] Elle a, par une intensité qui est, à sa façon, du génie, tous les tons et toutes les nuances de la passion qui fait si magnifiquement vibrer l’âme humaine et qui finit presque toujours par la briser.
Est un pouvoir autre qu’humain Contre les révoltes civiles. […] dans quels intervalles des affaires humaines ? […] Ils la voient mêlée partout dans les affaires humaines. […] N’a-t-il pas fallu que les lois divines et les lois humaines refrénassent la nature ? Et que serait devenu sans cela le genre humain ?
Le comique et la vérité se tirent du même fonds, c’est-à-dire de l’observation des types humains. […] Ces personnalités sont donc tout simplement des types du temps, élargis même en types humains. […] De ces originaux Molière fait des types, parce qu’il saisit toujours le caractère humain dont ils sont la déformation contemporaine. […] Et ensuite Molière nous avertit que la comédie a essentiellement pour objet de corriger les mœurs humaines. […] Elle est humaine : ce qui veut dire d’abord qu’elle n’est pas chrétienne.
La vie du monde extérieur coule sans cesse, et l’industrie humaine la gouverne comme nous poussons de l’eau avec une rame. […] Il est bien vrai qu’un lien d’étroite affinité est déjà formé pour une grande partie de la famille humaine ; l’Écosse et l’Amérique, toutes reculées qu’elles sont, reçoivent les pulsations du cœur ; et le cœur, c’est la France. […] Ils ne peuvent pas plus nous apprendre quelle est la tendance de l’esprit humain, quel germe de progrès l’Humanité porte actuellement dans son sein, quels désirs la tourmentent, quel est son sort aujourd’hui, quel sera son lendemain, que ne le feraient des chants grecs ou illyriens. […] Ce n’est plus ni la terre ni le ciel des Chrétiens, unis entre eux par une chaîne à la fois humaine et divine, visible et invisible : espérance, foi, charité, terre et ciel, tout a disparu devant la solitaire contemplation de ce vaste océan de l’Être où tout va s’engloutir. […] L’une répond à l’état vrai de l’Humanité de notre temps ; c’est le fond noir et profond du cœur humain dans notre époque.
La Volupté mère des douleurs lui révèle toute la Douleur humaine. […] Mais ces groupes humains ne se sont pas seulement unis ; ils se sont différenciés. […] L’un et l’autre sont des sommets d’onde auxquels monte l’esprit humain dans sa lente navigation vers l’universel. […] Pourquoi crée-t-elle un certain nombre d’individus humains, doués de conscience et de liberté ? […] Mais j’ai trop de foi dans l’unité de la nature humaine pour ne pas croire que les autres arts suivront un jour leur sœur dans sa lumineuse ascension.
L’égoïsme féroce avait été une qualité nécessaire à la conservation de l’individu : « intérêt et cœur humain sont deux mots semblables », formule brutalement le Chateaubriand de l’Essai. […] Mais victorieuse, elle fut si épouvantée de son œuvre, qu’elle voulut qu’on en perdît le souvenir : elle posa l’homme bourgeois avec ses passions, ses vices et ses vertus, comme le type immuable de l’espèce humaine passée, présente et future. Les romantiques, qui sont les domestiques chargés de satisfaire les goûts intellectuels de la classe régnante et payante, prétendirent ne peindre dans leurs chefs-d’œuvre que « l’homme de tous les temps », « que les passions de l’être humain invariable à travers les siècles ». […] Elle s’indigne que « des fortes têtes regardent les travaux de la pensée, les services rendus au genre humain comme seuls dignes de l’estime des hommes… Mais combien d’êtres peuvent se flatter de quelque chose de plus glorieux que d’assurer à soi seul la félicité d’un autre. […] La manière de vivre de chaque classe imprime aux sentiments et aux passions humaines une forme propre.
Aussi, nous l’avouons sans pâlir, nous les haïssons de toute la force de notre amour pour les lettres et de notre respect pour les grandeurs de l’esprit humain ! […] Pendant longtemps elle ne se lassa pas de persécuter les savants et les força à vivre en dehors du genre humain. […] C’est ce que nous disons à ceux qui voudraient arrêter, ne fût-ce que pour une minute, l’essor de la pensée humaine. […] C’est à lui à prendre sa place, à marcher en tête le premier, comme un apôtre et comme un général, et à guider valeureusement ses deux sœurs éternelles à travers ces champs verdoyants où s’épanouissent, comme des fleurs de réhabilitation, les efforts de l’esprit humain. […] Son but, son devoir, sa mission, sa raison d’être est de travailler sans relâche à l’agrandissement de l’esprit humain.
. — l’esprit humain peu inventif. — eve, par léon gozlan. — la fille d’alexandre soumet. — un poëme de six mille vers. […] Félix) qui ne fasse débuter ses autres enfants, encore mineurs, à l’Odéon, espérant retrouver les succès et les profits de l’aînée. — On dit que l’esprit humain est inventif ; ce qui me frappe plutôt, c’est combien il l’est peu, et combien on se traîne sur les mêmes traces et l’on épuise les mêmes moyens à satiété, jusqu’à ce que vienne quelqu’un qui redonne du coude, comme on dit, et qui vous retourne d’un autre côté.
Ses cris sont tout virils ; le soupir élégiaque, si fréquent dans la poésie féminine, ne l’est point dans la sienne… Madame Ackermann a trouvé, en poésie, des accents qui lui sont propres pour exprimer le dernier état de l’âme humaine aux prises avec l’inconnu : c’est là le caractère éminent de son œuvre. […] Ces cruelles et sacrilèges Poésies, qui insultent Dieu et le nient et le bravent, rappellent involontairement les plus grandes douleurs de l’orgueil humain, et on y retrouve comme un grandiose souvenir des yeux convulsés de la Niobé antique, des poignets rompus du Crotoniate et de la cécité de Samson dans l’entre-deux de ses piliers, — cette terrible cécité, qui renverse quand elle tâtonne !
Pascal prétendoit qu’un honnête homme devoit éviter de se nommer, & même de se servir des mots de je ou de moi, & il avoit accoutumé de dire, sur ce sujet, que la piété chrétienne anéantit le moi humain, & que la civilité humaine le cache ou le supprime.
Une vieille leur dit un jour : « Mais ce n’est pas un être humain, ce petit monstre, c’est un bâri ! […] S’il est de race humaine, il restera où tu l’auras placé.
Le Livre, c’est une invention de l’esprit humain, une date et une histoire, comme Shakespeare et comme la tragédie. […] Une page se déchirait brusquement dans le livre humain. […] Toute une façade de l’esprit humain à moitié écroulée, voilà l’antiquité. […] Corneille, Racine et Molière, Stendhal et Balzac ont peint des caractères humains. […] C’est à quoi se décide Valéry lorsqu’il proclame qu’il donnera le nom de Léonard à une figure conventionnelle du génie humain.
Cromwell est pour vous un acteur chargé par le hasard ou la nature de mettre sous vos yeux le jeu de la machine humaine. […] Vos fictions mensongères nous bercent d’un Hercule humain. […] La nature humaine se montre en eux tout entière, telle qu’elle est, et toute nue. […] Les choses basses et excessives avaient disparu de la vie humaine. […] L’esprit humain coule avec les événements comme un fleuve.
» N’est-ce pas ce que Rousseau et Proudhon, et tous les utopistes inexpérimentés de la plume, pouvaient dire de la société humaine ? […] Pour un observateur expérimenté du génie humain, il fut toujours le disciple, jamais le maître. […] quand on a beaucoup vécu, beaucoup pratiqué les idées, les passions, les rois, les peuples, le dédain superbe et tranquille n’est-il pas la dernière forme de la sagesse humaine ? […] C’est un mauvais signe quand l’esprit humain se moque de lui-même ; la dérision est le sacrilège de l’enthousiasme. […] L’histoire est le grand révélateur du monde pensant ; les révélations d’idées vont sortir en foule des langues primitives que nous allons lire et écouter dans ces régions de la première civilisation humaine.
Ô plaisante vicissitude des choses humaines qui s’amuse à faire jouer aux hommes les rôles les plus inattendus de tous et d’eux-mêmes ! […] Ô pauvre imagination humaine ! […] C’était une marée équinoxiale de l’océan humain ; de Maistre n’y voyait qu’un accès de fureur et de crime. […] Si ce n’était pas la fatalité, que vous répudiez avec raison comme un blasphème, c’était donc un dessein supérieur à l’intelligence humaine ; une force supérieure à l’intelligence humaine, qu’est-ce autre chose que Dieu ? […] L’histoire notera ce prince comme un des plus grands ennemis du genre humain qui aient jamais existé.
« Ces philosophes, tout en méprisant les hochets de ce monde, se les disputaient sans pouvoir les obtenir, insuccès final qui les raccommodait et leur faisait maudire en commun la détestable engeance humaine ! […] Tu sais bien qu’alors aucune considération humaine ne m’empêcherait de me rendre près de lui. […] Il conçoit la Comédie humaine, sujet que nous avons tous conçu, le poème épique universel sous forme de romans successifs. […] L’anarchie, c’est la mort violente de l’espèce humaine. […] un tel état serait le dernier mot de la sagesse humaine ?
Nous donnons à ce mot de poésie son sens le plus large, celui qu’il avait primitivement, alors que le départ n’était point encore fait entre les différentes fonctions de l’esprit humain. […] Elle a créé le type humain : ἐποὶησεν, elle l’a fait ! […] Ce sont les trésors inépuisables de la réalité humaine. […] Au contraire, la santé de la race est la condition première et nécessaire de tout art classique, c’est-à-dire vraiment social et vraiment humain. […] C’est le palais de l’esprit, de l’art sociable, de la civilisation la plus douce et la plus humaine qui fut jamais !
Enfin, elles sont chose humaine. […] Il est le grand peintre de la grimace humaine. […] On n’y cherche que la vérité humaine. […] Victor Hugo est démesuré parce qu’il n’est pas humain. […] Je me fie à lui, en mépris de la sagesse humaine.
La Motte vous rejette, de dépit, dans le vrai de la poésie, et Condillac dans le vif de la nature humaine. […] Selon lui, Descartes a renouvelé pour ainsi dire l’esprit humain, en substituant la raison à la prévention. […] Il place l’enfance du genre humain en Grèce, au temps d’Homère, son adolescence au temps de la florissante Athènes, sa maturité au temps de César et d’Auguste. […] Il accordait à l’Académie française la gloire un peu exagérée d’avoir la première institué la discussion littéraire dans ces termes philosophiques, et d’avoir conclu de l’admiration mal fondée que l’on avait eue pour les vieux philosophes, qu’il fallait examiner de plus près celle que l’on avait encore pour les anciens poètes : « L’ouverture de cette dispute, disait-il un peu magnifiquement, a achevé de rendre à l’esprit humain toute sa dignité, en l’affranchissant aussi sur les belles-lettres du joug ridicule de la prévention. » C’était par là que Terrasson croyait qu’il nous appartenait de devenir littérairement supérieurs aux Latins, lesquels, supérieurs de fait aux Grecs, n’avaient jamais osé en secouer le joug. […] Le père Hardouin partait de ce point que personne jusque-là n’avait entendu le sujet de l’Iliade, qu’il proclamait d’ailleurs le chef-d’œuvre le plus ingénieux de l’esprit humain en son genre ; il venait donc révéler à tous pour la première fois ce sujet tel qu’il se flattait de l’avoir découvert : ce n’était pas du tout la colère d’Achille comme on l’avait cru généralement, mais bien la destruction, selon lui, et l’extinction de la branche d’Ilus, décrite et racontée tout en l’honneur d’Énée qui était de la branche cadette.