Michelet n’a pas toujours feuilleté l’histoire pour y porter le trouble ou pour l’y trouver… Celle du passé a dû lui apprendre que la France, selon l’heureuse expression d’un moraliste anglais, n’a jamais eu de salique que sa monarchie, et l’histoire du présent a dû ajouter à cette notion vraie : que sur cette vieille terre du Vaudeville et de la galanterie, la femme continue d’être pour les hommes, malgré l’épaisseur de leurs manières et la gravité de leurs cravates, la première et la plus chère de toutes les préoccupations.
Nous pourrions prendre des exemples dans le passé pour vous montrer l’heureuse influence qu’ont toujours exercée, sur la pathologie et la médecine, les découvertes physiologiques sérieuses et bien établies : nous préférons puiser ces preuves dans des faits qui datent d’hier, et que nous ferons passer sous vos yeux. […] Le régime conseillé par Rollo équivalait donc à l’abstinence, et l’on ne doit pas s’étonner qu’il ait obtenu d’heureux résultats avec sa méthode, puisque la formation du sucre est nécessairement diminuée par suite de l’alimentation graisseuse, qui n’exerce aucune action sur le foie. […] Quelquefois même on niera ces faits, parce que dans la disposition d’esprit où l’on se trouve, on ne rechercha point à reproduire les conditions dans lesquelles ils se manifestent ; et quand ils ne se seront pas montrés, parce que l’expérience qu’on aura tentée par une espèce de condescendance n’aura pas été faite comme elle aurait dû l’être, on sera heureux de n’avoir pas vu se produire le phénomène qui contrarie, et l’on déclarera qu’il n’existe pas.
Souvent citées, pour quelques vers heureux, — devenus avant ceux de Boileau proverbes en naissant, — peu lues, mais d’autant plus vantées, les Satires de Regnier sont comme qui dirait la protestation de l’esprit gaulois contre le nouvel idéal. […] II] ; — de Boileau [Réflexions sur Longin, VII]. — L’influence de Balzac, presque contemporaine de celle de Malherbe, a été bien plus considérable ; — et en un certain sens plus heureuse, comme n’ayant rien dû détruire pour trouver à s’exercer. — Qu’elle a d’ailleurs agi dans le même sens ; — et qu’ils ont bien pu médire l’un de l’autre ; — mais ils ont eu mêmes disciples et même admirateurs. […] — Le même caractère de familiarité se retrouve dans son style. — Quelque travaillé qu’il soit, ce style encore est d’un « naturaliste » ; — par la liberté dans le choix des mots, qui sont chez lui de toutes les conditions ; — par la rareté des termes abstraits ou l’heureux mélange qu’il en fait avec les termes de l’usage populaire ; — et enfin par la liberté d’un tour qui suit toujours plus volontiers les indications de la sensibilité que les règles de la logique. […] Les deux premières tragédies de Racine : La Thébaïde, 1664, — et Alexandre, 1665 ; — elles lui suscitent de nombreux ennemis ; — autant qu’autrefois Le Cid à Corneille, et Corneille lui-même au premier rang. — Les ennemis de Racine sont aussi ceux de Boileau et de Molière. — Racine a beau passer du théâtre de Molière à l’hôtel de Bourgogne, et Corneille de l’hôtel de Bourgogne au théâtre de Molière, les situations demeurent les mêmes. — Brouille de Racine avec les maîtres de Port-Royal ; — et qu’en écrivant sa Lettre à l’auteur des Visionnaires, 1666, il semble prendre publiquement contre eux le parti de Tartuffe [Cf., dans la seconde lettre, le passage sur Tartuffe, qui laisserait peu de place au doute, si la lettre avait été imprimée]. — Comment la lutte s’établit entre deux écoles ou deux systèmes dramatiques [Cf. d’Aubignac, La Pratique du théâtre, 1657] ; — et comment la coïncidence du succès d’Andromaque, 1667, avec l’échec d’Attila rend l’opposition plus vive encore. — Britannicus, 1670, et les critiques de Robinet, de Boursault, de Saint-Évremond [Cf. sa lettre à M. de Lionne]. — Madame, duchesse d’Orléans, exaspère la rivalité des deux poètes en les mettant aux prises sur le sujet de Bérénice ; — et, à cette occasion, de la cruauté de son étourderie ; — et combien cette frivole et perfide Henriette est heureuse d’être protégée par son Oraison funèbre. — La Préface de Bérénice, 1670 ; — et comment on y saisit enfin l’opposition radicale des deux Poétiques.
Elle avait vingt-cinq ans ; un goût très vif pour les lettres et les beaux-arts ; un caractère d’ange, et, malgré toute sa fortune, des circonstances domestiques, pénibles et désagréables, qui ne lui permettaient d’être ni aussi heureuse ni aussi contente qu’elle l’eût mérité.
D’autre part il ne se berçait pas d’un heureux succès, quand bien même il lui serait permis de faire des représentations, car le caractère de celui qui ne se laissait pas persuader l’épouvantait, disait-il.
Ma fille, prête l’oreille aux chants d’Ossian ; il se rappelle les jours heureux de sa jeunesse.
(III, 40) » Et autre part : « Unis, nous formerons le lien de la sainte Nécessité, et le baiser fraternel qui scellera ce lien sera l’Œuvre d’Art commune de l’Avenir : en elle nous serons un : « Divulgateurs et montreurs de la Nécessité, sachants de l’Inconscient, voulants de l’Involontaire, témoins de la Nature, — hommes heureux !
Etienne Bellot (Notes sur le symbolisme, 1908), qui apporte d’heureux éclaircissements, du document, précisé de dates.
Tels les anges d’Albert Dürer expriment au cristal coulé le sang du botrus crucifié, et l’Imagerie l’heureuse bénédiction de l’arc-en-ciel foré par la lance aux toits des maisons.
À cet accueil des maîtres et des élèves mon cœur aigri ne résista pas ; je sentis ma fibre irritée se détendre et s’assouplir avec une heureuse émulation.
Lorsque, le 13 mai 1921, Dada se constituait en tribunal révolutionnaire pour juger Maurice Barrèsag, André Breton, dans l’acte d’accusation qu’il prononça, déclara entre autres choses : « Profiter du crédit que nous valent quelques trouvailles poétiques heureuses et d’une séduction qui est tout autre que celle de l’espritah pour faire admettre aveuglément ses conclusions dans un domaine où ses facultés exceptionnelles ne s’exercent plus constitue une véritable escroquerie. » Voilà une simple et définitive réponse à tous ceux qui, pour faire croire à leur audace, ont choisi des cocardes aux détails et couleurs inusuels, ont vanté l’orchidée d’Oscar Wilde et le boulon à la boutonnière de Picabia.
Après les quatre plus beaux siècles du monde, après ces âges heureux, il seroit imprudent de parler du nôtre. […] Il n’y a jamais eu de corps aussi mal heureux en grands hommes.
Le nouveau maître des Heureux a forgé pour moi cette chaîne affreuse.
Heureux les poètes qui trouvent, à leur premier vers, un million d’échos échelonnés d’avance sur leur chemin, pour porter leur nom obscur et leurs vers prédestinés aux oreilles, à l’esprit, au cœur de tout un peuple !
On peut supposer cependant qu’une fleur qui produit deux sortes de graines de différentes formes a double chance pour que les unes ou les autres parviennent à se ressemer et à germer sur un sol déjà occupé par les tiges, les feuilles et les détritus de beaucoup d’autres plantes ; et plus ces deux sortes de graines sont différentes, plus ces chances heureuses augmentent pour l’espèce qui les produit.
En somme, et lors même que ce ne serait pas en vertu d’une déduction rigoureusement logique, il me paraîtrait encore plus satisfaisant pour l’esprit de considérer des instincts, tels que celui du jeune Coucou, qui repousse-hors du nid ses jeunes frères d’adoption, celui des Fourmis esclavagistes, ou celui des larves de l’Ichneumon qui se nourrissent dans le corps de la Chenille, non pas comme le résultat d’autant d’actes créateurs spéciaux, mais comme de petites conséquences contingentes d’une seule loi générale ayant pour but le progrès de tous les êtres organisés, c’est-à-dire leur multiplication, leur transformation, et enfin la condamnation des plus faibles à une mort certaine, mais généralement prompte, et la sélection continuelle des plus forts pour une vie longue et heureuse, continuée par une postérité nombreuse et florissante.
Écoutez cet hymne de triomphe saluant la défaite finale de la Réforme en France ; je ne puis résister à la joie de transcrire tout le morceau, tant il est imprégné de saveur : « Prenez vos plumes sacrées, vous qui composez les annales de l’Église : agiles instruments « d’un prompt écrivain et d’une main diligente » hâtez-vous de mettre Louis avec les Constantin et les Théodose… Nos pères n’avaient pas vu, comme nous, une hérésie invétérée tomber tout à coup ; les troupeaux égarés revenir en foule, et nos églises trop étroites pour les recevoir ; leurs faux pasteurs les abandonner, sans même en attendre l’ordre, et heureux d’avoir à leur alléguer leur bannissement pour excuse ; tout calme dans un si grand mouvement ; l’univers étonné de voir dans un événement si nouveau la marque la plus assurée, comme le plus bel usage de l’autorité, et le mérite du prince plus reconnu et plus révéré que son autorité même.
Mais on pourrait se demander si la nature est belle autrement que par la rencontre heureuse de certains procédés de notre art, et si, en un certain sens, l’art ne précéderait pas la nature.
Ce dernier a moins à faire pour créer, car les images fantastiques peuvent nous charmer par des rencontres de hasard comme dans les rêves, tandis que, pour qui ne sort pas du réel, la poésie et la beauté ne sauraient guère être une rencontre heureuse, mais sont une découverte poursuivie de propos délibéré, une organisation savante des données confuses de l’expérience, quelque chose de nouveau aperçu là où tous avaient regardé.
… » « Froide et fixe, la Niobé se redresse, sans espérance, et les yeux fixés au ciel, les flèches inévitables, et l’implacable sérénité des dieux… » Pour Taine, la « raison et la santé sont des accidents heureux » ; « le meilleur fruit de la science est la résignation froide, qui, pacifiant et préparant l’âme, réduit la souffrance à la douleur du corps… » … Après avoir montré que l’imperfection humaine est dans l’ordre, comme l’irrégularité foncière des facettes dans un cristal.
Or, on ne peut rendre compte de ce fait que, si l’on considère les formes aberrantes comme autant de groupes en décadence, vaincus par des concurrents plus heureux, et qu’un petit nombre de membres, protégés par un concours de circonstances exceptionnellement favorables, représentent seuls aujourd’hui.
Une circonstance heureuse favorise ce rapprochement.
Il serait facile d’énumérer des exemples de restitutions heureuses. […] Mais il faut bien se rendre compte d’avance que ces habitudes, suivant qu’elles sont plus ou moins pratiques et heureuses, ont une influence directe sur les résultats de l’activité scientifique. « Ces arrangements personnels de bibliothèque, dit E.
C’est dire qu’il faut un hasard heureux, une chance exceptionnelle, pour que nous notions justement, dans la réalité présente, ce qui aura le plus d’intérêt pour l’historien à venir. […] Mais, de loin en loin, par un accident heureux, des hommes surgissent dont les sens ou la conscience sont moins adhérents à la vie. […] Cet heureux mélange de spontanéité et de réflexion, de science et de philosophie, s’est produit les deux fois en France. […] Au théâtre, chacun ne dit que ce qu’il faut dire et ne fait que ce qu’il faut faire ; il y a des scènes bien découpées ; la pièce a un commencement, un milieu, une fin ; et tout est disposé le plus parcimonieusement du monde en vue d’un dénouement qui sera heureux ou tragique.