En vain les grands esprits de l’époque, Montesquieu, Buffon, Rousseau, tentèrent de s’élever à de hautes théories morales ou scientifiques ; ou bien ils s’égaraient dans de pleines chimères, dans des utopies de rêveurs sublimes, ou bien, infidèles à leur dessein, ils retombaient malgré eux, à tout moment, sous l’empire du fait, et le discutaient, le battaient en brèche, au lieu de rien construire. […] Ce serait pour nous une trop longue, quoique bien agréable tâche, de rechercher dans ces volumes et d’extraire tout ce qu’ils renferment d’idées et de sentiments par rapport à l’amour, à l’amitié, à la haute morale et à la profonde connaissance du cœur ; au spiritualisme panthéistique, véritable doctrine de notre philosophe ; à l’art, soit comme théorie, soit comme critique, soit enfin comme production et style.
Les jugements de Jefferson sur la France et sur la Révolution qu’il avait vue commencer, sont dignes d’être médités et portent à un haut degré l’empreinte du caractère judicieux, circonspect et persévérant que tout nous signale en lui. […] Avec un chef héréditaire, mais renfermé dans d’étroites limites ; avec un Corps législatif investi du droit de déclarer la guerre, une rigide économie des contributions publiques, l’interdiction absolue de toutes dépenses inutiles, on peut réaliser à un très haut degré les conditions d’un gouvernement honnête et éloigné de toute oppression ; mais la seule garantie de tout cela est une presse libre. » Si Jefferson vivait en ce moment ; si, âgé de 90 ans, et de son poignet de plus en plus perclus, il écrivait à son même ami, après une expérience nouvelle, ne lui manderait-il point, par hasard, que cet autre accommodement qu’il se figurait possible ne l’était guère plus en réalité que celui qu’il conseillait en 89 ?
Lerminier ces mots rapides échappés aux hasards d’une plume ardente, c’est qu’ils sont assez rares pour pouvoir aisément disparaître ; et c’est qu’au degré d’autorité croissant qu’acquiert l’écrivain, ils tombent de plus haut et sont remarqués davantage. […] Lerminier ce talent de personnification enflammée et d’apothéose, il nous a semblé dur, sans assez de proportion, contre certaines renommées secondaires qui gênaient le piédestal des hautes statues.
Les grands esprits, qui prennent les choses de haut, n’ont qu’à se lancer, portés au but par le droit jet de l’inspiration. […] Qu’on prenne le genre qu’on voudra, discours, histoires, romans, comédies, on verra qu’il y a peu d’œuvres qui réussissent, encore moins qui durent à travers les siècles, sans une bonne économie : et pour peu qu’on ait de curiosité, on découvrira dans la multitude innombrable des écrits oubliés, pour peu qu’on ait d’attention, on notera dans le passage incessant des écrits qui ne naissent que pour mourir, plus d’une œuvre que les plus hautes qualités, que des morceaux admirables, des beautés singulières, semblaient adresser à l’immortalité.
Faut-il inventer les hautes curiosités ? […] Descaves, avec ses camarades des Cinq plus haut nommés (il en faudrait assez éliminer Lavedan dont le talent distingué s’applique à des fantaisies judicieuses et sans verve), marque une forme suffisamment nouvelle pour qu’on l’appelle néo-réalisme.
Les gradations des rangs qui procédaient du monarque, avaient produit celles du respect dans le langage des hautes classes, en avaient nécessité l’étude, en avaient amené le discernement et le tact, et avaient fait de ce discernement un point d’honneur et de bienséance. […] On remarquait comme précieux dans un autre ouvrage : que Daphné avait toute son âme dans ses jeux ; Dans un autre : qu’un malheureux avait le front chargé d’un sombre nuage ; Dans un autre : qu’un grand homme voit les troubles des petites âmes du haut de sa vertu… qu’il échappe un sourire de son sérieux… que la frayeur court dans une assemblée.
Le Cid est l’époque du plus haut point d’élévation de notre théâtre. […] Corneille vit avec dédain ce peuple famélique d’habitans du parnasse s’entrebattre pour le déplacer du haut du mont.
C’est la mesure de cette nécessité, de l’effort qu’on fait pour s’y soustraire, de la douleur qu’on éprouve en s’y soumettant, qui devient la mesure du caractère moral de l’homme, qui, plutôt que de s’y soumettre, consent à s’immoler lui-même (en n’immolant toutefois que lui-même et non ceux dont le sort lui est confié), et s’élève par-là au plus haut degré de vertu auquel l’humanité puisse atteindre. […] La Fontaine l’a déjà dit, à peu-près douze ou treize vers plus haut ; mais les belles choses ne sauraient être trop répétées.
Tous les citoyens devant être appelés à coopérer aux jugements criminels, vous ne pouvez éviter que quelques-uns de ceux qui seront obligés de remplir ces redoutables fonctions n’aient, avec le développement des opinions actuelles, une répugnance invincible à prononcer le sinistre arrêt qui va priver de la vie un de leurs semblables, et le jeter ainsi tout à coup en la présence de Dieu ; vous ne pouvez éviter que quelques-uns de ces citoyens d’une haute conscience ou d’une conscience timorée, secouant, comme on est disposé à le faire, le joug de l’autorité, et se croyant ainsi le droit d’examiner les limites du pouvoir de la société, lui refusent ou lui contestent celui d’ôter irrévocablement le repentir au coupable, et peut-être, chose affreuse à penser ! […] Un grand ressort des temps anciens, qui fut nécessaire à l’organisation primitive de la société, et qui ne peut plus être pour nous qu’une grande erreur, le sentiment exclusif de la nationalité doit disparaître : il ne peut tenir devant les hauts sentiments de l’humanité ; il restera l’amour du sol natal et l’attachement aux institutions de la patrie, seuls sentiments vrais, naturels, indestructibles comme le cœur de l’homme.
Satirique de haute volée, à une époque où les satiriques de très petite pullulaient comme les vers dans la corruption, il écrivit non pas des chansons, lui, mais des odes, et la France, peu tournée cependant aux Pindares, les répéta… comme des chansons ! […] Engoulevent de vanité comme tout poète et pris à la pipée des éloges de salon, il s’était donné à la duchesse du Maine et faisait l’espoir de cette coterie de Sceaux, puissante non par elle-même, car elle ne fut jamais qu’une conspiration de Trissotins, ayant pour chef une Philaminte, mais parce qu’elle représentait, dans les hautes classes, l’opposition au misérable gouvernement du duc d’Orléans.
Ils sont tous comme lui, — à moins que d’être des grands hommes, plus hauts que tous les marquis ; ils sont tous, individuellement, dans leur vie, ce qu’il fut dans sa vie. […] « Les honneurs amènent les grandes dépenses », disait tristement madame de Sévigné, et plus on était haut et plus on l’éprouvait.
Elle ne se sentait ni n’avait assez de talent pour mourir de faim avec grandeur dans une civilisation mortelle souvent au génie, mais elle en avait assez peu pour que cette civilisation lui fût généreuse… Dès son début comme depuis, Madame Sand n’eut de conception plus haute de la littérature et de sa destinée à elle-même que l’indépendance du bohème et le sac d’écus, l’objectif du bourgeois rangé, qu’il appelle son magot. […] Encore une fois, l’auteur connu, dans Madame Sand, mais l’auteur sans nouveauté d’idées, de verve et d’accent, et la femme peu connue, l’épistolière, donnant à l’auteur un dessous de langage abominablement commun et des métaphores de domestique indiquant l’habitude d’une âme évidemment moins haute, moins désintéressée et moins poétique que celle-là qu’elle affecte d’avoir quand elle parle d’elle, voilà, résumé en quelques mots, ce qu’on trouve en cette Correspondance, qui fera perdre à Madame Sand ses derniers amis et ses derniers admirateurs.
C’est un Fielding à courte haleine, alternant avec-un Topffer plus profond et moins pur, un Bas-de-Cuir élégant et civilisé, sans la mélancolie du désert et de la vieillesse, qui parle beaucoup, et, au lieu de rire tout bas, rit tout haut, mais qui rirait bien plus haut encore si le hasard apportait sous son regard, à la fois positif et sceptique, l’introduction faite à son livre et les énormes visées de son traducteur !
Pour lui, Villemain est un colosse ; Castille une haute autorité ; et il s’abrite, en se courbant presque jusqu’à terre, sous cette grande parole d’About, — sans inconvénient pour cette fois : — « Les beaux ouvrages sont soumis à la Critique. » Enfin, ce lauréat de l’Académie d’Arras (c’est de M. […] Comme je l’ai dit plus haut, il a gardé son indépendance, et non seulement vis-à-vis de ceux qu’il prend pour ses maîtres, mais vis-à-vis de ce Dante lui-même, en face duquel sa grande jeunesse aurait pu trembler.
Scott lui-même, le doux Scott, le grand bonhomme indulgent aux romanciers, pour lesquels il aurait le droit d’être sévère, s’il les jugeait du haut de sa supériorité, Scott le reconnaît dans la notice qu’il lui consacre. […] Léon de Wailly, sous la rubrique où vous reconnaissez ce que, plus haut, nous appelions le cant de la plaisanterie : « Modeste proposition — nous dit Swift — pour empêcher les enfants des pauvres d’Irlande d’être à charge à leurs parents ou à leur pays et pour les rendre utiles au public.
C’est un philosophe qui chasse de race, un philosophe de père en fils, dont le père eut autrefois aussi son prix d’académie, et qui a voulu continuer cette gloire paternelle… Certes, ce n’est pas avec de telles préoccupations que l’on peut dépasser par la fierté ou la soudaineté de l’aperçu, par l’indépendance, par un style vivant et anti-officiel, les conditions du programme de l’Académie, cet établissement de haute bienfaisance littéraire qui n’existe que pour mettre en lumière les talents qui, tout seuls, ne s’y mettraient pas. […] Du haut des sommets de la métaphysique, saint Thomas d’Aquin peut regarder impunément dans tous les gouffres : le vertige lui est inconnu, il reste impassible.
Imagination spirituelle, et cela dans une époque où le talent, le lyrisme dans le talent, existait à haute dose, mais où l’esprit n’était pas la faculté la plus commune et la plus formidable, Jules Lefèvre frappait aussi par une sensibilité qui n’était ni la molle des uns ni la maladive des autres, et qu’il avait trempée, pour lui donner du ton, dans les sources amères et sombres de la poésie anglaise. […] C’est à qui, devançant ce procès du cercueil, A s’en rire tout haut mettra le plus d’orgueil.
Ponsard dans sa Lucrèce, fait remonter son imitation plus haut que son siècle, en coupant le vin sabin du vieux Corneille avec l’eau pure de l’amphore de Chénier ou celle moins pure de sa propre cruche à lui, M. […] IV Il y aurait peut-être moyen de vivre cependant… J’ai dit plus haut que dans M.
Venu après de Musset et le grand Lamartine, traités si haut la main de négligés et d’incorrects par les brosseurs de rimes de ce temps, M. […] Certainement, il y a des inspirations plus hautes que le scepticisme de M.
Dans l’investigation scientifique, les moindres procédés sont de la plus haute importance. […] Mais, ainsi que nous l’avons dit plus haut, il y a deux choses dans l’anatomie, les instruments de l’organisme et les agents essentiels de la vie. […] Ce sont là des problèmes du plus haut intérêt, mais que je crois abordables et susceptibles d’être réduits à des différences de propriétés physico-chimiques de milieu. […] J’ai dit plus haut que jamais les faits ne sont identiques, dès lors la statistique n’est qu’un dénombrement empirique d’observations. […] Ce fait attira mon attention, parce que chez les chiens les chylifères commencent à être visibles beaucoup plus haut dans le duodénum et immédiatement après le pylore.
Nous estimons plus belle l’œuvre d’art à laquelle ont été employées des facultés plus hautes. […] Sur un haut piédestal nous placerons le buste de l’artiste. […] Nous avons vu qu’il prétend s’élever plus haut encore, au-dessus de l’humanité même. […] Il doit au sentiment religieux quelques-unes de ses plus hautes inspirations, et de magnifiques élans vers l’idéal. […] Parfois il pousse des sifflements dont retentissent les hautes montagnes.
Cette franc-maçonnerie des Insignifiants est bien à craindre, ayant des grands maîtres en plus d’un haut lieu ! […] Ses maisons sont des Babels, je ne vois pas la fin de la terrasse haute du palais Barca… M. […] Vous voudrez corriger cette haute simplicité, cette familiarité sublime, ces situations d’un dramatique si terrible ! […] Là est la haute portée morale, et aussi le dramatique de ce roman. […] Gouverne le combat du haut de la colline et n’y descends jamais.
D’abord on aperçoit d’en bas une haute cime ; dans les cieux elle est étincelante de pureté, elle est effrayante de hauteur ! […] L’on n’a rien, qu’une indomptable envie de monter plus haut, de finir, de mourir. […] Son éternel souci du gain l’empêchait d’avoir cette prudence que donnent des ambitions plus hautes. […] Un parterre de fleurs s’étalait devant sa façade ; et des avenues s’enfonçaient, comme des voûtes noires, sous les hauts tilleuls. […] Elle aura coïncidé avec Napoléon III, aura mené à son plus haut point l’art propre du second Empire.
Cette haute situation comble tous les désirs de Goethe et le ravit. […] C’est qu’il y a : « Le jeune homme glissait derrière le rideau » cinq lignes plus haut. […] La mort est rude depuis quelque temps pour les hautes intelligences. […] Toutes les formes de la haute intelligence, sinon leur ont manqué, du moins leur ont été accordées avec une certaine parcimonie. […] Cherchez un peu parmi les hauts dignitaires de l’armée, de la magistrature ou de la fortune.