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1161. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIX. Cause et loi essentielles des variations du gout littéraire » pp. 484-497

La grandeur a besoin d’être quittée pour être sentie.

1162. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 janvier 1887. »

R. de Egusquiza achève un buste de Richard Wagner de grandeur naturelle, qu’il compte faire reproduire, en plâtre, ainsi qu’une réduction à environ la moitié.

1163. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXII » pp. 355-377

Vous verrez de quelle manière se tournera cette amitié. » Le 28 juin, « Vous jugez très bien de Quantova (madame de Montespan) ; si elle peut ne point reprendre ses vieilles brisées, elle poussera sa grandeur au-delà des nues ; mais il faudrait qu’elle se mît en état d’être aimée toute l’année sans scrupule111 ; en attendant, sa maison est pleine de toute la cour ; les visites se font alternativement, et la considération est sans bornes. » Une autre lettre, du 3 juillet, porte : « Ah !

1164. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie-Antoinette. (Notice du comte de La Marck.) » pp. 330-346

Il n’en fut point ainsi : cette âme de Louis XVI échappait et se dérobait à son rôle de roi par ses vertus mêmes ; sa nature, toute composée de piété et d’humanité, tendait perpétuellement au sacrifice, et de faiblesse en faiblesse il ne devait plus retrouver de grandeur qu’en devenant un martyr.

1165. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le cardinal de Retz. (Mémoires, édition Champollion.) » pp. 238-254

Chacun, à cette occasion, lui écrivit pour lui faire compliment de sa grandeur d’âme.

1166. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Pensées de Pascal. Édition nouvelle avec notes et commentaires, par M. E. Havet. » pp. 523-539

Ce qui porte Bossuet à Dieu, c’est plutôt le principe de la grandeur humaine que le sentiment de la misère.

1167. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — II. L’histoire de la philosophie au xixe  siècle — Chapitre I : Rapports de cette science avec l’histoire »

Et si les causes de la grandeur et de la chute d’un peuple méritent l’étude attentive des plus grands esprits, que dira-t-on du règne d’une philosophie, de son origine, de ses progrès, de sa chute ?

1168. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIX. Mme Louise Colet »

Les Tallemant des Réaux de notre âge parleront — comme elle en a parlé elle-même, — des passions posthumes qu’elle inspira à Villemain, — cette colonne vertébrale, infortunée, — et au cœur philosophique de Cousin, le testamentaire, qui lui légua, avec la grandeur d’un Harpagon amoureux, une somme qu’il ne pouvait pas emporter… Villemain et Cousin ne furent pas les seuls, d’ailleurs, que l’on vit, chez elle, dans des positions compromises… Elle pêcha toujours aux académiciens, même quand elle ne pouvait pas les faire pécher… Son salon était le parc aux huîtres de l’Académie.

1169. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Lawrence Sterne »

Le Koran n’ajoutera pas une modeste obole au bagage de trésors que Sterne porte devant la postérité, et ne mettra pas un rayon de plus autour de cette tête pâle et pensive, qui n’a pas besoin d’une auréole ; — qui, comme le marbre dans un coin obscur, s’éclaire de sa propre blancheur et brille à l’écart, un peu solitaire, parmi les grandeurs littéraires de sa patrie, d’un éclat si étrangement doux !

1170. (1895) De l’idée de loi naturelle dans la science et la philosophie contemporaines pp. 5-143

Les lois mécaniques (Suite) Nous avons vu, dans la précédente leçon, que les lois mécaniques ne sont pas une simple promotion et complication des mathématiques ; en effet, elles impliquent un élément nouveau, qui ne peut être ramené à l’intuition mathématique, à savoir la solidarité de fait, la dépendance régulière et constante, empiriquement donnée et inconnaissable a priori, entre deux grandeurs différentes. […] L’atome est réel, car il est déterminé : il est tel, en masse, en grandeur, en figure ; il est intelligible, car il est défini par les qualités que nous concevons le plus clairement, à savoir par les qualités géométriques. […] Quant aux corps, ce sont des grandeurs ; mais on ne peut les mesurer absolument, car on manque d’unité absolue de mesure, et l’on ne saurait comparer l’atome au point mathématique, sans tomber dans les difficultés insurmontables de l’infini. […] D’une manière générale, nous ne disposons que de l’expérience pour déterminer la grandeur ou la masse des atomes. […] C’est la défaite qui marque sa grandeur.

1171. (1882) Essais de critique et d’histoire (4e éd.)

La sottise, le fanatisme, la violence, toutes les qualités morales sont des grandeurs. […] Mais dans la nature, les grandeurs sont déterminées, et les œuvres d’art ne peuvent nous toucher qu’en ressemblant à la nature. […] Le dernier effet de l’esprit philosophique est la grandeur. […] Ils n’ont rien vu dans le monde réel ni dans le monde imaginaire qui les opprimât de sa grandeur. […] Mais les grandeurs sont égalées par les misères ; ce sont les misères que Saint-Simon révèle au public.

1172. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE STAEL » pp. 81-164

Pour moi, je sais gré à cet esprit noblement ambitieux, à cet homme de génie manqué, d’avoir conçu, l’un des premiers, les idées et les moyens de réforme, les états-généraux, la milice citoyenne ; mais je lui sais gré surtout d’avoir auguré avec certitude et exprimé à l’avance, sous les traits de Zulmé, les grandeurs futures de Corinne. […] S’il y a, comme fonds naturel et comme manière d’artiste, de grandes différences entre M. de Chateaubriand et Mme de Staël, on est frappé d’ailleurs par les ressemblances bien essentielles qu’ils présentent : tous deux aimant la liberté, impatients de la même tyrannie, capables de sentir la grandeur des destinées populaires, sans abjurer les souvenirs et les penchants aristocratiques ; tous deux travaillant au retour du sentiment religieux, dans des voies plutôt différentes que contraires. […] Il y a certes une grandeur poétique de plus dans ce que nous voyons. […] Admis dans les nouvelles grandeurs, il ne se commit en rien pour soutenir celle qu’on allait bientôt exiler.

1173. (1865) La crise philosophique. MM. Taine, Renan, Littré, Vacherot

Si la philosophie spiritualiste a pour elle la grande tradition religieuse de la Bible et de l’Évangile, l’hégélianisme et le panthéisme se lient à la religion de Brahma et à celle de Bouddha, qui ne sont pas non plus sans gloire et sans grandeur. […] Il y a dans la philosophie allemande une hauteur et une grandeur qui manquent entièrement à la philosophie de Condillac et de Cabanis. […] Mais enfin cette doctrine prouve qu’il faut un ciel, en quelque endroit qu’on le place, et il y a une sorte de sévère grandeur, renouvelée du stoïcisme, dans ce culte du dieu intérieur, c’est-à-dire de la pensée. […] L’idéaliste austère, réfugié dans l’enceinte de sa pensée, divinise cette pensée même, et croit que ce dieu est trop grand pour qu’aucune puissance, même la puissance absolue, atteigne jamais à cette grandeur !

1174. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

Mais la Science ne se targuait-elle pas alors, il est vrai, d’un matérialisme sans grandeur, incompréhensive d’un sens nouvellement philosophique et comme religieux au sens de vérités naturelles, que ma Poétique précisément trouvait en elle et allait développer de principes et d’œuvre. […] René Ghil a probablement ses défauts, mais ils sont de la nature de ses qualités : ils portent la marque de l’originalité et de la grandeur. […] Est d’une surprenante, d’une attachante grandeur. […] Essai de remplacer la ponctuation par des gradations dans la grandeur ou l’exiguïté des caractères d’imprimerie, selon l’importance des membres de phrases. » Voilà donc la suprême préoccupation ! […] Je crois donc dangereux pour Mallarmé, parce que ce peut être irritant — de vouloir lui prêter des grandeurs qu’il ne possède pas, tandis qu’il en a d’autre part qui vainquent la durée… « Il a mêlé l’individualisme au Mysticisme, dit Camille Mauclair.

1175. (1874) Histoire du romantisme pp. -399

Mais comme au fond on sentait que ce mélange de familiarité et de grandeur, d’héroïsme et de passion, de sauvagerie chez Hernani, de rabâchage homérique chez le vieux Silva, révoltait profondément la portion du public qui ne faisait pas partie des salteadores d’Hugo ! […] Victor Hugo, après un long séjour à la place Royale, avait transporté, rue de la Tour d’Auvergne, dans une vaste, calme et solitaire maison propice à la rêverie et au travail, et des fenêtres de laquelle on aperçoit Paris en panorama, espèce d’Océan immobile qui a sa grandeur comme l’autre. […] Plus on considérait cet excellent dessin, plus on admirait la grandeur d’intelligence de l’artiste, qui n’avait pas créé une seule figure semblable à une autre, et qui dans chacune d’elles présentait un nouvel instant de l’action. […] Le lion au repos, fait pour lui servir de pendant, rappelle par la solennité tranquille de l’altitude, la grandeur des lignes, ces gigantesques lions de marbre du Pirée, faits pour traîner le char de Cybèle, et que Morosini, le Péloponésiatique, fit transporter à Venise, où ils gardent maintenant la porte de l’arsenal. […] Le public ne s’en occupe guère et se contente de reconnaître dans la nuit trois ou quatre étoiles de première grandeur, ne se doutant pas que ces lueurs vagues qu’il néglige sont parfois des mondes considérables observés depuis longtemps.

1176. (1913) Les idées et les hommes. Première série pp. -368

L’Énéide fut d’abord le poème de la grandeur romaine ; et les adolescents de Rome y découvrirent les motifs de leur juste orgueil. […] Mais ne va-t-il pas nous admirer outre mesure et, signalant notre grandeur assez tragique, approuver notre folie ? […] Cela suffit à sa grandeur exceptionnelle ; et cela rend plus magnifique sa grandeur, plus magnifique et plus poignante, car, ainsi seulement, elle est humaine. […] Mais, dans le livre, elle a de la grandeur. […] Le roman, vers la fin, prend une véritable grandeur.

1177. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre III. L’Âge moderne (1801-1875) » pp. 388-524

Il a retrouvé Bossuet en passant, pour ainsi dire, au travers de Voltaire ; et, s’attachant alors, comme Bossuet, à l’idée de la Providence, dont on pourrait l’appeler le théologien laïque, la grandeur de sa doctrine se communique parfois au caractère de son style. […] C’est donc aussi précisément pourquoi, de tous les caractères du romantisme, il n’y en a pas qui lui soit plus essentiel : j’entends par là qui explique mieux les causes de sa grandeur ; celles de sa décadence ; et la nature de la réaction qu’il devait provoquer. […] Et, on le sait, à dater de 1830, s’il y a du romantisme encore dans Stello, dans Chatterton, il y en a bien moins dans Grandeur et servitude militaires ; et on n’en trouve plus guère que des traces dans La Sauvage, La Mort du loup, 1843 ; La Maison du berger, 1844 ; La Bouteille à la mer, 1854. […] Nous avons depuis quatre cents ans, dans notre littérature et dans notre langue même, les moyens de travailler ensemble à la grandeur du nom français et au bien commun de l’humanité. […] 3º Ses Romans : Cinq-Mars, 1826 ; — Stello, 1832 ; — Grandeur et servitude militaires, 1835. 4º Son Journal, publié en 1867 par M. 

1178. (1772) Discours sur le progrès des lettres en France pp. 2-190

C’est avec ces matériaux si légers, si brillans, si propres à la Poësie, qu’Homère jeta les fondemens de sa gloire, & qu’il composa ces Ouvrages immortels, dans lesquels il déploya toute la grandeur & toute la beauté de son génie. […] Dénuée qu’elle étoit de graces, d’élégance & de précision, les Ecrivains n’osoient s’en servir, sur-tout pour les ouvrages dont les sujets nobles, utiles & intéressans, demandoient à être présentés avec grandeur, & traités avec soin. […] Tandis au contraire que, sans les Anciens, ces Modernes si célèbres aujourd’hui, si dignes de l’être, seroient peut-être demeurés dans l’oubli ; car le génie est languissant, s’il n’est pas fortement ébranlé par la beauté, la grandeur, l’excellence & la vérité des objets qui le frappent & le saisissent ; ce n’est qu’alors qu’il s’anime, qu’il s’enflamme & qu’il crée.

1179. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre troisième. La connaissance de l’esprit — Chapitre premier. La connaissance de l’esprit » pp. 199-245

En d’autres termes, si nous les explorons, ils provoquent en nous des sensations de contact, de résistance, de température, de couleur, de forme et de grandeur tactile et visuelle, à peu près analogues à celles que nous éprouvons lorsque par l’œil et la main nous prenons connaissance de notre propre corps. […] — Nous prévoyons que le soleil se lèvera demain, qu’il décrira telle courbe dans le ciel, qu’il se couchera à tel endroit, à telle heure, et même, avec l’aide des sciences, que dans tant d’années, à telle minute, il subira une éclipse de telle grandeur.

1180. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIe entretien. Littérature latine. Horace (1re partie) » pp. 337-410

Louis XIV élevait quelquefois Racine, Molière et Boileau à sa présence, mais jamais à sa familiarité ; il avait la grandeur d’Auguste, il n’avait pas son esprit ; il laissait toujours la majesté du trône entre le génie et lui ; il semblait craindre que, s’il descendait de sa hauteur, on s’aperçût que le niveau était changé entre ces grands hommes et lui. […] Je suis un peu fâché, pour Virgile et pour toi, Que, tous deux nés Romains, vous flattiez tant un roi ; Mon Frédéric, du moins, né roi très légitime, Ne dut point ses grandeurs aux bassesses du crime.

1181. (1860) Cours familier de littérature. IX « XLIXe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier » pp. 6-80

M. de Chateaubriand, assis sous le tableau de Corinne, par Gérard, se levait et se rasseyait avec un sourire de grand homme embarrassé de sa grandeur devant chaque visiteur de marque qui le saluait de loin ; ce sourire fut plus accueillant, mais un peu maniéré et un peu amer à mon aspect. […] La France, fauchée à nu par la Révolution, décimée de grandeur intellectuelle et de liberté par l’Empire, semblait pressée d’éclore sous la Restauration, comme si la nature eût compris que la saison serait courte et qu’il fallait se hâter de fleurir.

1182. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre neuvième »

Je m’imagine qu’il n’eût pas reconnu Hercule dans cette statuette de Lysippe, dont parle Stace, si petite à l’œil, mais si grande par l’air de grandeur divine que lui avait imprimé l’artiste43. […] Le poète n’avait pas aux yeux de ses contemporains cette grandeur que lui ont donnée deux siècles, et qui eût fait trouver exorbitante la liberté du parterre.

1183. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VIII. La littérature et la vie politique » pp. 191-229

Ils peuvent, quoique ce soit assez rare, reconnaître dès l’abord la grandeur de la tragédie où ils ont été enveloppés ; ils y verront même parfois je ne sais quoi de vertigineux et de surhumain  ; mais pourtant, soit effarement prolongé, soit bouillonnement excessif de colère et de haine, leurs sentiments ont grand peine à se traduire en beaux développements littéraires. […] Servitude et grandeur militaires.

1184. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VI »

Un mot est une abstraction ; l’art littéraire ne peut être que l’art des abstractions ; un mot ne représente pas un objet, il représente une généralisation ; le mot « arbre » est un mot abstrait, étant collectif, le mot « grandeur » est abstrait, étant qualificatif ; un « arbre » n’existe pas plus que de la « grandeur », il ne désigne à l’esprit rien de concret ; car quelle espèce d’arbre exprime-t-il ?

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