/ 2831
423. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — I. » pp. 287-307

Né vingt-cinq ans avant Goethe, Grimm appartenait à cette génération antérieure au grand réveil de la littérature allemande, et qui essayait de se modeler sur le goût des anciens, ou des modernes classiques de France et d’Angleterre. […] Grimm avait le sentiment vif de la musique ; il prit parti avec feu pour la musique italienne contre la musique française ; il se montrait en cela homme de goût, et il le fut avec l’enthousiasme de son pays et de son âge. […] Sous forme de prophétie, il y disait bien des vérités sur le goût des contemporains. […] En parlant mal, personne ne se fait mieux écouter ; il me semble qu’en matière de goût nul n’a le tact plus délicat, plus fin, ni plus sûr. Il a un tour de plaisanterie qui lui est propre et qui ne sied qu’à lui… Il aime la solitude, et il est aisé de voir que le goût pour la société ne lui est point naturel : c’est un goût acquis par l’éducation et par l’habitude… Ce je ne sais quoi de solitaire et de renfermé, joint à beaucoup de paresse, rend quelquefois en public son opinion équivoque ; il ne prononce jamais contre son sentiment, mais il le laisse douteux.

424. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « La princesse Mathilde » pp. 389-400

Après le plaisir de travailler, elle n’a rien de plus agréable que de visiter les grandes galeries, notre musée du Louvre, et d’y revoir les chefs-d’œuvre ; et si on lui parle des tableaux modernes qu’elle a chez elle et dont ses salons sont ornés : « Ici ce sont mes amis, dit-elle, mais là-bas ce sont mes admirations. » Le goût de la princesse est classique : on a remarqué que le goût des princes l’est naturellement73. […] Parmi les différents arts, ceux de la forme et du dessin sont, à ses yeux, les préférés ; son goût, à cet égard, est même prédominant, et il entre un peu de condescendance pour ses amis et pour sa société dans ce qu’elle accorde à cet autre art si transportant et si ravissant, mais un peu vague d’objet et de moyens, à la musique. […] [NdA] C’est La Bruyère qui a fait cette remarque, au chapitre « Des grands » : « Les princes, dit-il, sans autre science, ni autre règle, ont un goût de comparaison ; ils sont nés et élevés au milieu et comme dans le centre des meilleures choses, à quoi ils rapportent ce qu’ils lisent, ce qu’ils voient, et ce qu’ils entendent.

425. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Dübner »

L’effet est du meilleur goût, l’ensemble du travail fin, pur, et d’un classique approprié au sujet. […] Heureux après tout, heureux homme, pourrions-nous dire, qui a consacré toute sa vie à d’innocents travaux, payés par de si intimes jouissances ; qui a approfondi ces belles choses que d’autres effleurent ; qui n’a pas été comme ceux (et j’en ai connu) qui se sentent privés et sevrés de ce qu’ils aiment et qu’ils admirent le plus : car, ainsi que la dit Pindare, « c’est la plus grande amertume à qui apprécie les belles choses d’avoir le pied dehors par nécessité. » Lui, l’heureux Dübner, il était dedans, il avait les deux pieds dans la double Antiquité ; il y habitait nuit et jour ; il savait le sens et la nuance et l’âge de chaque mot, l’histoire du goût lui-même ; il était comme le secrétaire des plus beaux génies, des plus purs écrivains ; il a comme assisté à la naissance, à l’expression de leurs pensées dans les plus belles des langues ; il a récrit sous leur dictée leurs plus parfaits ouvrages ; il avait la douce et secrète satisfaction de sentir qu’il leur rendait à tout instant, par sa fidélité et sa sagacité à les comprendre, d’humbles et obscurs services, bien essentiels pourtant ; qu’il les engageait sans bruit de bien des injures ; qu’il réparait à leur égard de longs affronts. […] Que d’ailleurs la grammaire grecque de Dübner soit plus ou moins applicable à nos classes, qu’elle remplisse ou non les conditions qu’exigent l’esprit et le cerveau français, que l’auteur ait rencontré ou non dans ses exposés l’expression juste, précise et claire, c’est-à-dire française, ou qu’il ait trop retenu du jargon scolastique, je n’ai qualité, ni compétence, ni goût, pour traiter de pareilles questions. […] toujours contente de toi, te disant sans cesse que ta magistrature est la plus intègre, que ton armée est la plus brave, que ton clergé même est le plus pur, et à plus forte raison que ton jugement et ton goût dans les lettres et dans les études ne laissent rien à désirer !

426. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « VICTORIN FABRE (Œuvres publiées par M. J. Sabbatier. Tome Ier, 1845. » pp. 154-168

Sabbatier parle de Ginguené en de très-bons termes que nous ne contesterons pas ; Ginguené était un littérateur de grand mérite, plus instruit que La Harpe, bonne plume, bon critique, mais non point d’un goût exquis, comme M. […] Or (Université à part), il est remarquable que le suffrage qui se retira de Victorin Fabre, et qui donna le signal d’arrêt, ait été précisément celui de Fontanes, du plus homme de goût de ce temps-là. […] Auger et de Feletz, aient essayé, à certain jour, d’effleurer de leur plume un écrivain qui ne leur paraissait ni aussi neuf ni aussi pur qu’à d’autres ; le biographe en prend occasion de s’exprimer sur le compte de ces deux critiques, l’un strictement judicieux et l’autre agréable, d’une façon qui ne se ressent en rien assurément du goût ni de l’aménité littéraire. Mais que viens-je ici parler de goût et d’aménité ?

427. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XV. De l’imagination des Anglais dans leurs poésies et leurs romans » pp. 307-323

Il y a beaucoup de fautes de goût dans un poëme de Pope, qui était destiné particulièrement à montrer de la grâce, La Boucle de cheveux enlevée. […] Ce n’est pas l’invention poétique qui fait le mérite de cet ouvrage ; le sujet est presque entièrement tiré de la Genèse ; ce que l’auteur y a ajouté d’allégorique en quelques endroits, est réprouvé par le goût. […] Les Anglais peuvent se permettre en tout genre beaucoup de hardiesse dans leurs écrits, parce qu’ils sont passionnés, et qu’un sentiment vrai, quel qu’il soit, a la puissance de transporter le lecteur dans les affections de l’écrivain : l’auteur de sang-froid, quelque esprit qu’il ait, doit se conformer à beaucoup d’égards au goût de ses lecteurs. […] Ils exagèrent les images, ils subtilisent les idées, ils épuisent tout ce qu’ils expriment, et le goût ne les avertit pas de s’arrêter.

428. (1895) Histoire de la littérature française « Avant-propos »

C’est dire que la littérature n’est pas objet de savoir : elle est exercice, goût, plaisir. […] Mais il ne faut jamais perdre de vue deux choses : l’une, que celui-là sera un mauvais maître de littérature qui ne travaillera point surtout à développer chez les élèves le goût de la littérature, l’inclination à y chercher toute leur vie un énergique stimulant de la pensée en même temps qu’un délicat délassement de l’application technique ; c’est là qu’il nous faut viser, et non à les fournir de réponses pour un jour d’examen ; l’autre, que personne ne saura donner à son enseignement cette efficacité, si, avant d’être un savant, on n’est soi-même un amateur, si l’on n’a commencé par se cultiver soi-même par cette littérature dont on doit faire un instrument de culture pour les autres, si enfin, tout ce qu’on a fait de recherches ou ramassé de savoir sur les œuvres littéraires, on ne l’a fait ou ramassé pour se mettre en état d’y plus comprendre, et d’y plus jouir en comprenant. […] Ce n’est que par là qu’une étude du genre de celle-ci peut être sincère et vivante ; et l’on ne peut espérer d’intéresser les autres aux choses dont on parle que par le goût qu’on marque soi-même y prendre. […] Qu’il y ait toujours des curieux et des savants qui s’enferment dans le moyen âge, comme il y en a qui se cantonnent dans le xviiie  siècle ou dans le xviie , rien de plus légitime, et rien de plus utile : mais il est temps que tombe le préjugé par lequel le professeur, le critique, qui prétend embrasser dans son étude et son goût toute notre littérature nationale, est autorisé à en ignorer, à en mépriser quatre ou cinq siècles.

429. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Baudelaire, Œuvres posthumes et Correspondances inédites, précédées d’une étude biographique, par Eugène Crépet. »

Exemple : « L’amour, c’est le goût de la prostitution. […] Le goût de la prostitution ; mais il est bientôt corrompu par le goût de la propriété… » Si vous croyez que cela veut dire quelque chose ! […] Ses lettres à Sainte-Beuve lui font tout à fait honneur, Sainte-Beuve témoigna toujours beaucoup d’affection à Baudelaire, soit qu’il eût en effet du goût pour sa personne, soit qu’il le sentît très malheureux.

430. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — L’abbé d’Aubignac, avec Ménage, Pierre Corneille, Mademoiselle de Scudéri et Richelet. » pp. 217-236

On plaisanta sur sa dévotion & sur le goût qu’il conservoit pour les femmes. […] Ils imaginèrent de faire expier à la cendre de Ménage toutes les fautes de bon sens & de goût renfermées dans ses écrits. […] Ceux de Gomberville, de la Calprenède, de Démarets & de tant d’autres romanciers, aussi ennuyeux que vantés alors, ne furent point de son goût. […] Il aspiroit à paroître un romancier du premier ordre : mais il n’avoit ni le goût, ni l’imagination nécessaires pour réussir en ces sortes d’ouvrages.

431. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « E. Caro »

Assurément, s’il avait pu se dispenser de parler de Renan, Caro aurait eu bien assez de goût pour s’en taire. […] Caro, qui n’a du duc d’Albe que le goût, a pris le saumon, et, s’il ne l’a pas grillé tout entier comme le duc d’Albe l’aurait fait, — vous savez sur quels grils !  […] Fils de l’Université qui n’a pas oublié Stanislas, c’est un normalien et un cousiniste, et, s’il est chrétien, comme je le crois, et comme quelques-uns de ses premiers écrits14 autorisent à le croire, c’est un chrétien qui derrière sa foi a sa métaphysique, comme derrière un salon dans lequel on vit peu, on a un cabinet de travail dans lequel on se tient toujours… À un homme de cette préoccupation philosophique, de cette culture, de ce goût affiné et sûr, Dieu sait l’effet que je dois produire avec mon sens littéraire ardent et violent plutôt que réglé, et mon catholicisme brutal, qui a tout avalé des philosophies qui me grignotaient l’esprit avant que Brucker m’eût ramené à cette religion de mon intelligence et de mon âme ! […] car c’est précisément aujourd’hui l’homme de philosophie et de goût qui va s’entendre avec le catholique idolâtre et le barbare.

432. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Laurent Tailhade à l’hôpital » pp. 168-177

On songe à des opérations possibles ; un goût de pansements phéniqués persiste jusqu’à l’écœurement. […] Chez Darien, on sentait trop le rhétoricien, l’homme de lettres et — pour tout dire — le mauvais garçon… Il laissait trop voir le goût du mal, la coquetterie du vice, une sorte de fanfaronnade malsaine. […] Son goût naturel lui a permis de traverser l’emphase des orateurs populaires et des énergumènes de réunions publiques, sans s’y noyer.

433. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — Les inscriptions des monumens publics de France doivent-elles être écrites en Latin ou en François. » pp. 98-109

La matière est traitée, dans cet ouvrage, avec assez d’ordre, de lumières & de goût. […] Point de langue plus propre qu’elle pour la conversation, qui soit plus de commerce, qui compte plus de livres agréables, qui ait mieux réussi à réduire tous les goûts à un goût général.

434. (1767) Salon de 1767 « De la manière » pp. 336-339

Elle a je ne sais quoi d’original qui séduit les enfants, qui frappe la multitude, et qui corrompt quelquefois toute une nation ; mais elle est plus insupportable à l’homme de goût que la laideur ; car la laideur est naturelle, et n’annonce par elle-même aucune prétention, aucun ridicule, aucun travers d’esprit. […] Il me semblerait donc premièrement que la manière, soit dans les mœurs, soit dans le discours, soit dans les arts, est un vice de société policée. à l’origine des sociétés, on trouve les arts bruts, le discours barbare, les mœurs agrestes ; mais ces choses tendent d’un même pas à la perfection, jusqu’à ce que le grand goût naisse ; mais ce grand goût est comme le tranchant d’un rasoir, sur lequel il est difficile de se tenir.

435. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 2, de l’attrait des spectacles propres à exciter en nous une grande émotion. Des gladiateurs » pp. 12-24

La profession d’instruire les gladiateurs étoit devenuë un art : le goût que les romains avoient pour ces combats leur avoit fait rechercher de la délicatesse et introduire des agrémens dans un spectacle que nous ne sçaurions imaginer aujourd’hui sans horreur. […] En effet, un joüeur habile doué du talent de combiner aisément une infinité de circonstances, et d’en tirer promptement des consequences justes ; un joüeur habile, dis-je, pourroit faire tous les jours un gain certain en ne risquant son argent qu’aux jeux où le succès dépend encore plus de l’habileté des tenans, que du hazard des cartes et des dez : cependant il préfere par goût les jeux où le gain dépend entierement du caprice des dez et des cartes, et dans lesquels son talent ne lui donne point de superiorité sur les autres joüeurs. […] Voilà pourquoi la plûpart des hommes sont assujettis aux goûts et aux inclinations qui sont pour eux des occasions frequentes d’être occupez agréablement par des sensations vives et satisfaisantes.

436. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 227-229

Le sentiment vient à l’appui de son systême, & lui fournit des observations pour prouver que le goût, dans les Arts, ne sauroit subsister sans l’imitation, dont il n’est lui-même qu’une conséquence. Après cela, il entre dans la définition du goût, il en expose les sources, il développe les moyens propres à le former & à l’entretenir, il découvre les vices qui l’affoiblissent & le corrompent ; & de tous ces articles il forme une chaîne de preuves qui le ramenent à son principe général, l’imitation.

437. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 245-247

Beaume Desdossat, [Jacques-François de la] de l’Académie des Arcades, Chanoine d’Avignon, sa patrie, mort en 1756, est principalement connu par ses Christiades, ou le Paradis reconquis, Ouvrage en prose, où sont observées toutes les regles de la Poésie épique, mais où celles du goût sont fort négligées. […] Son Commentaire sur la Henriade, qui n’a paru qu’après sa mort, est le meilleur Livre de critique littéraire qu’on puisse mettre entre les mains des jeunes gens, pour leur former le jugement & le goût.

438. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 252-254

Composition simple & fiere, tableaux vrais & touchans, diction noble & facile, qui dédaigne ce vain luxe de métaphores, & ces tours apprêtés qui ne séduisent que les esprits sans goût. […] de Beauvais, qui ne sont point imprimés, qu’en sacrifiant au goût du siecle, ennemi de tout ce qui sent la discussion, il n’a pas du moins à se reprocher, comme tant d’autres Prédicateurs, d’affoiblir la majesté de la Religion.

439. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 302-304

Cette Piece bizarre, qui n’a point été imprimée, n’a présenté à l’esprit du Spectateur éclairé, qu’un tissu de hardiesses & d’extravagances dignes de tous les anathêmes du goût & du bon sens. […] Et les ordres du Gouvernement, qui ont défendu l’impression de cette Tragédie, n’ont fait que lui épargner une seconde chute, déjà décidée par la réprobation des Gens de goût.

440. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 344-346

Il est difficile d’écrire avec autant de sagacité, & de s’exprimer avec plus de goût. […] Il n’est donc que plus estimable d’avoir sacrifié ses goûts à ses devoirs.

441. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 418-420

Cette passion parasite devient, sous le pinceau des Poëtes lyriques, aussi fade que dangereuse ; & sa domination perpétuelle sur ce genre de spectacle, énerve le goût & les ames, & en éloigne les personnes sages. […] Malheur au goût & aux mœurs d’un Peuple qui les rejetteroit, sur-tout s’ils étoient traités par des talens aussi supérieurs, qu’ennemis de la corruption.

442. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 88-90

Son Ouvrage des causes de la corruption du goût, sera toujours, malgré les mépris de l’Auteur du Siecle de Louis XIV, un Ouvrage rempli d’analyses exactes, de vûes saines, de réflexions fines, & de sages critiques. […] Les Auteurs qu’elle défendoit avec tant d’intrépidité, exigeoient un pareil tribut de la justesse de son esprit & de la bonté de son goût.

443. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 253-255

Le succès de Béwerley ne prouve autre chose que la corruption des idées, du goût, & des mœurs du Siecle. Le Poëte eût beaucoup mieux fait de continuer d'exercer ses talens à composer des Tragédies dans le goût de son Spartacus, & des Comédies semblables à ses Mœurs du temps, que de faire paroître sur le Théatre des Traductions plus dignes de plaire à des Canibales, qu'à des Peuples policés.

444. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 409-411

Vaniere nous a laissé des modeles, mais il a encore contribué à faciliter aux jeunes gens le goût de la bonne Latinité, par un Dictionnaire poétique, aussi généralement estimé que généralement utile. M. de Voltaire & M. d'Alembert qui pensent trop souvent d'après ce Poëte, ont beau dire qu'on doit s'attacher à sa Langue, & renoncer aux Langues mortes, dans lesquelles, selon eux, il est impossible de bien écrire, ils ont oublié, sans doute, que c'est en étudiant la Langue de Virgile, d'Horace, de Cicéron & de Tacite, celle d'Homere, de Sophocle, de Démosthenes, & de Thucydide, qu'on peut se former le goût pour bien écrire dans la sienne.

445. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre premier »

Faut-il aller plus loin, et le mettre, sur la foi de Voltaire, dans le Temple du goût ? […] Un dernier motif, propre au seul Fontenelle, explique son peu de goût pour les anciens. […] De là le caprice des vues particulières, et le goût du paradoxe par le défaut de justesse et par la peur de ne pas faire ses affaires avec le vrai. […] Causes de la corruption du goût. […] (Voltaire, le Temple du Goût.)

446. (1823) Racine et Shakspeare « Préface » pp. 5-7

Ces grands hommes cherchèrent à flatter le goût de ces marquis, et travaillèrent pour eux. […] Enfin, et c’est ce qui lui vaudra l’immortalité, il s’aperçut que le genre niais de l’ancienne école française ne convenait plus au goût sévère d’un peuple chez, qui commençait à se développer la soif des actions énergiques.

/ 2831