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676. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Chapitre IV. Pourquoi le génie d’Homère dans la poésie héroïque ne peut jamais être égalé. Observations sur la comédie et la tragédie » pp. 264-267

La nouvelle comédie peignit les mœurs des âges civilisés, dont les philosophes de l’école de Socrate avaient déjà fait l’objet de leurs méditations ; éclairés par les maximes dans lesquelles cette philosophie avait résumé toute la morale, Ménandre et les autres comiques grecs purent se former des caractères idéaux, propres à frapper l’attention du vulgaire, si docile aux exemples, tandis qu’il est si incapable de profiter des maximes.

677. (1730) Discours sur la tragédie pp. 1-458

Les représentations des tragédies, ont pour former de bons disciples trois grands avantages sur les traitez. […] Les femmes forment une grande partie de ses spectateurs ; et c’est cette partie même qui attire l’autre. […] Je conviens qu’elles forment un art ; et leur premiere utilité, c’est que la contrainte qu’elles imposent, détourne de la carriere des esprits médiocres qui ne craindroient pas d’y entrer, si elle étoit plus libre. […] Cassandre voit un véritable esclavage, malgré l’apparence du pouvoir ; et ce sont deux vûës unies qui forment son sentiment et sa pensée. […] Puisque l’exposition ne sert qu’à préparer et à former les situations, l’ordre veut que nous parlions à présent de cette partie de la tragedie.

678. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

Sa tige, une fois formée, porte des fleurs de nature différente. […] Le critique subalterne est celui qui, n’ayant pas de quoi se former ces modèles transcendants, rapporte tout dans ses jugements aux productions existantes. […] * * * Les chaînes se forment, se développent dans le temps. […] Mais ce rapprochement a dû être fait après coup, quand sa critique était déjà formée. […] Ce qu’il a rencontré, ce sont des hommes, et il a extrait de ces hommes de quoi former ces caractères.

679. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

Ces choses, mêlées ensemble en mille manières différentes et compensées l’une par l’autre, forment aussi les différents états et les différentes conditions. […] VI, p. 189] ; — de Bossuet [« Sur le style et la lecture des écrivains pour former un orateur », dans Floquet, Études, t.  […] Elles forment, toutes les quatre une première famille, à laquelle on peut joindre les éditions elzéviriennes. […] Une dernière classe peut être formée des Écrits ou Opuscules divers et de la Correspondance de Bossuet. […] — N’y a-t-il pris qu’une satisfaction d’artiste à « défigurer » l’antiquité selon l’image qu’il s’en formait ?

680. (1949) La vie littéraire. Cinquième série

Autrefois, en doublant leur rhétorique et en faisant une année de philosophie, ils s’habituaient à lier des idées et à former des raisonnements. […] D’ailleurs les programmes actuels de l’enseignement secondaire sont mieux faits pour encombrer la mémoire que pour former l’intelligence. […] On les a soupçonnés de former contre nous de ténébreux projets. […] De 1820 à 1850 ils ont, en poètes, formé la légende. […] M. de Gourmont a étudié ces deux proses avec soin, et il a recherché les éléments dont elles furent formées.

681. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre IV. Le développement général de l’esprit est nécessaire pour bien écrire, avant toute préparation particulière »

Il suffira de quelques conseils bien simples, bien évidents pour former le style ; quand l’esprit saisit bien, quand le cœur sent bien, quand on a échappé à la tyrannie paresseuse de la mémoire, on n’écrit jamais mal et l’on est tout près de bien écrire.

682. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre VI. Utilité possible de la conversation »

Liez donc entre elles toutes les idées de la personne à qui vous parlez ; confrontez-les avec ses actes ; classez-les, faites-en un système ; formez-vous une conception de l’homme.

683. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Van Lerberghe, Charles (1861-1907) »

On sait qu’il fut, avec Maurice Maeterlinck, le trouveur de cette sorte de drame singulier, bizarre si l’on veut, mais mental, mais intelligent, de ces marches d’aveugles à travers des forêts tragiques, ces arrivées lentes ou brusques, inéluctables toujours, de la mort, qui forment un des titres du symbolisme, un de ses apports les plus incontestés.

684. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 260-264

Les Sermons de cet Orateur ne sont pas toujours dépourvus de ces traits de force, de chaleur, qui ébranlent ; mais une marche paisible, également vive & insinuante, forment son véritable caractere.

685. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre V. Caractère du vrai Dieu. »

Les nuées amoncelées formaient autour de lui un pavillon de ténèbres : l’éclat de son visage les a dissipées, et une pluie de feu est tombée de leur sein.

686. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre second. Philosophie. — Chapitre III. Des Philosophes chrétiens. — Métaphysiciens. »

Hors de là, la métaphysique n’est qu’un microscope, qui nous découvre curieusement quelques petits objets que n’aurait pu saisir la vue simple, mais qu’on peut ignorer ou connaître, sans qu’ils forment, ou qu’ils remplissent un vide dans l’existence.

687. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 17, de l’étenduë des climats plus propres aux arts et aux sciences que les autres. Des changemens qui surviennent dans ces climats » pp. 290-294

Ces sucs remplissent le sang d’un homme du nord d’esprits animaux formez en Espagne, et sous les climats les plus ardens.

688. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME GUIZOT (NEE PAULINE DE MEULAN) » pp. 214-248

Un endroit des Contradictions montre bien à quel point la pensée de Mlle de Meulan allait d’elle seule et se formait en toutes choses ses propres jugements. […] La philosophie du dix-huitième siècle, éclairée ou intimidée par la Révolution, a dit M. de Rémusat, formait l’esprit de ce recueil. […] Les deux volumes, intitulés Conseils de Morale, ont été presque en entier formés de pages extraites çà et là dans ses articles, de débuts piquants et originaux de feuilletons à propos de quelque comédie du temps oubliée ; mais on a laissé en dehors ses jugements sur les auteurs. […] Pour bien juger un tel livre, surtout d’utilité et d’application, il faudrait avoir autorité, expérience, et s’être formé ses propres idées sur le sujet. « Le moment des réformes politiques est celui des plans d’éducation, » a dit une femme spirituelle et généreuse, Mme de Rémusat, qui elle-même a payé sa dette utile avec charme.

689. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIe entretien. Suite de la littérature diplomatique » pp. 5-79

De plus, ces peuplades, de race et de religion semblables, telles que les Grecs, par exemple, ne sont pas contiguës les unes avec les autres sur la surface des territoires qu’elles occupent, de manière à former un noyau, une unité quelconque de peuple ; mais elles sont séparées par d’autres groupes de populations différentes qui interceptent les communications entre elles et qui leur sont antipathiques : en sorte que les populations supposées habiles à succéder aux Turcs forment une véritable mosaïque de peuples concassés, comme le granit sous le pilon, en véritable poussière d’hommes qui ne peut plus se conglomérer en masse imposante. […] Ne les voyez-vous pas, dès aujourd’hui, former des légions hongroises et proclamer hautement le plan d’insurger la Hongrie et de démembrer l’Autriche ? […] La France et l’Autriche elle-même sont intéressées à reconnaître cette fédération pacificatrice, qui garantit l’inviolabilité de l’Italie contre tout le monde, et qui leur défend à elles-mêmes d’attenter à l’Italie libre, mais qui ne leur défend plus de former l’alliance de l’équilibre et de la paix.

690. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mai 1886. »

Tous trois sont en réalité formés d’un élément simple et commun : la Sensation. […] Assises les voici, en leurs blouses bleuâtres, les petites : au milieu du cercle qu’elles ont formé, une d’elles est debout, prête à des mouvements rapides. […] Nous ne faisions que commencer à comprendre les idées Wagnériennes ; placés face à face avec la pratique, nous perdîmes le chemin, je me souviens parfaitement de l’espèce d’ahurissement avec lequel le vaste auditoire écouta, par exemple, les cent cinquante mesures de l’accord de mi bémol qui forment l’introduction du Rheingold. […] Cette cantilène, d’un motif mélodique charmant, respirant une émotion attendrie et pénétrante, est reprise dans ses huit premières mesures, et dialoguée dans l’andante d’un sextuor, formé par les cinq poètes et le Landgrave, sollicitant Tannhaeuser de revenir auprès d’eux.

691. (1908) Dix années de roman français. Revue des deux mondes pp. 159-190

* *   * S’il n’existe plus à proprement parler d’écoles ou, du moins, s’il est vrai de dire qu’aucune école ne peut prétendre conduire le mouvement actuel, il s’est formé des groupements, sortes de chapelles sans dogmes neufs, mais qui visent à faire prévaloir certaines esthétiques nettement distinctes les unes des autres. […] Les Amitiés françaises relèvent du traditionalisme seul, tandis que la trilogie des Déracinés, de l’Appel au soldat et de Leurs figures, — qui forment le « roman de l’Énergie nationale », — apporte une contribution importante non seulement au roman collectif et social, mais encore au roman historique. […] « Comme nous serions ordonnés et plus puissants, dit Saint-Phlin (l’un des héros des Déracinés), si nous comprenions que les concepts fondamentaux de nos ancêtres formeront les assises de notre vie ! […] En même temps que son esprit s’aiguisait d’ironie et se formait par une observation directe, l’émotion traditionaliste entrait en lui et agissait fortement sur toutes ses facultés.

692. (1878) La poésie scientifique au XIXe siècle. Revue des deux mondes pp. 511-537

La langue qu’il avait à sa disposition était presque entièrement formée à l’image de celle d’Athènes ou de Rome, saturée d’images antiques, encombrée de mythologie. […] Mais dans cette seconde moitié du siècle, peu fécond en vrais poètes, il s’est formé toute une école d’ouvriers de style et d’artisans du vers qui ont développé jusqu’à un point inimaginable le mécanisme de l’instrument poétique, qui ont atteint à la perfection dans la partie matérielle de l’art, qui ont enfin enrichi la langue de tours, de formes et de mots d’une variété inconnue jusqu’à eux. […] C’est que, formée en nous depuis notre naissance. […] Chacun de nous devient ainsi le mandataire et le gardien de l’honneur de la Terre qui a formé et nourri l’espèce humaine, ouvrière inconsciente de ce qu’il y a de plus beau et de plus grand dans le monde, un cœur qui bat pour la justice et la vérité.

693. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid, (suite.) »

Combien de superbes endroits où l’on n’osait former le vœu d’arriver, dont ce tyran s’empara et dont il profana le mystère ! […] Il n’y est rien dit de l’enfance et de la jeunesse du Cid ; on l’y voit tout formé et tout mûr. […] Ainsi on le voit, par degrés, se former, se civiliser et devenir l’objet d’un culte délicat, ce Cid qui dans la réalité, au xie  siècle, ne guerroyait que « pour avoir de quoi donner l’orge aux siens et de quoi manger. » Il garde pourtant encore, dans ce poème du commencement du xiiie  siècle, plus d’un trait de sa rude et primitive nature.

694. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de la Mennais (suite et fin.)  »

Il avouait qu’il n’était pas né pour la prêtrise, qu’il s’y était laissé inconsidérément entraîner par le vertueux abbé Carron ; qu’il lui fallait la vie laïque en plein vent et en plein soleil ; qu’il regrettait de n’être pas marié, de n’avoir pas une femme, des enfants ; mais que, pour se former une famille, il était déjà trop âgé lorsqu’il rompit avec le sacerdoce. » Certes, La Mennais, en 1810, eût probablement frémi de s’entendre s’exprimer de la sorte ; mais l’aveu qui devait sortir plus tard de ses lèvres couvait déjà dans l’amertume cruelle et irrémédiable dont il se sentait abreuvé au fond de l’âme. […] Carron, Mlle de Lucière, Mlle de Trémereuc, Mlle de Villiers… Rentrées en France, elles formèrent le petit troupeau réuni aux Feuillantines. […] En paraissant donner si fort l’avantage à Béranger sur La Mennais, je ne prétends point d’ailleurs que, dans cette amitié tardive qui s’était formée entre ces deux hommes célèbres venus de points de l’horizon si opposés, La Mennais ne fût pas le plus naïf, le plus confiant et se livrant avec le plus d’abandon.

695. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [IV] »

« L’état-major de Schwartzenberg formait une sorte de comité aulique de campagne, qui avait pour tâche de préparer et d’expédier les ordres après les avoir soumis aux souverains, dont l’entourage formait comme un conseil de révision. […] Ajoutez à cela que l’ambassadeur d’Angleterre, lord Cathcart, se mêlait aussi des opérations55. » Le peu d’entente inévitable dans un conseil formé d’autant de têtes se trahit tout d’abord pour l’attaque de Dresde.

696. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Béranger en 1832 »

Laisné, et ce travail le formait aux règles de l’orthographe et de la langue. […] La jeunesse pourtant, cette  puissance d’illusion et de tendresse dont elle est douée, cette gaieté naturelle qui en formait alors le plus bel apanage et dont notre poëte avait reçu du ciel une si heureuse mesure, toutes ces ressources intérieures triomphèrent, et la période nécessiteuse qu’il traversait brilla bientôt à ses yeux de mille grâces. […] Mais, sous ces bruits qui la venaient former, On ne savait en masse où l’entamer : Nuée errante, elle hésitait encore : Nul point brillant ; pas de foyer sonore !

697. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — L'abbé de Lamennais en 1832 »

Après quoi le jeune Félicité ou Féli, comme on disait par abréviation, livré à lui-même et altéré de savoir, lut,  travailla sans relâche, et se forma seul. […] Premièrement Girard (l’imprimeur) sera obligé de déclarer qu’il se propose d’imprimer un livre sur l’institution des évêques, lequel formera tant de feuilles d’impression. 2° L’impression finie, et avant de commencer la vente, il faudra qu’il remette un exemplaire au directeur de la librairie. 3° Le premier venu, Tabaraud par exemple, peut former plainte devant un tribunal, et déférer le livre comme un libelle diffamatoire, auquel cas l’édition sera saisie en attendant jugement.

698. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE BALZAC (La Recherche de l’Absolu.) » pp. 327-357

M. de Balzac, dit-on, a chez lui une collection complète de tous ses premiers romans qui ne forment pas moins d’une trentaine de volumes ; il les conserve magnifiquement reliés, comme le berger-ministre conservait dans un coffre précieux son hoqueton et sa houlette, et il les appelle ses études. […] Un trait du caractère de M. de Balzac, c’est, aussitôt qu’il écrit la première page d’un livre, d’avoir tout de suite trente autres volumes en idée devant lui, et de rêver ainsi des séries indéterminées qui doivent, en se rejoignant, former une œuvre immense106. […] Maintes idées s’offraient à la fois : la première me portait à diriger mes pas près du roi-citoyen et à lui faire l’aveu de ma découverte ; l’autre, à faire un jour assez d’or pour former divers établissements dans la ville qui me vit naître ; une autre idée me portait à marier le même jour autant de filles qu’il y a de sections à Paris, en les dotant ; une autre idée me portait à me procurer l’adresse des pauvres honteux, et à aller moi-même leur distribuer des secours à domicile.

699. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. NISARD. » pp. 328-357

La prose lui apparaît d’abord considérable et déjà formée dans Froissart, dans Comines, et cette prédilection pour la prose, qui est chez M. […] L’écrivain original se formera en dehors de vos préceptes, et il est probable qu’il commencera par les violer. […] Mais ce sera toujours malgré vous, indépendamment de vous, que l’homme de talent nouveau, ce rebelle longtemps hors des murs, se formera.

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