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967. (1903) La vie et les livres. Sixième série pp. 1-297

C’était vers la fin de vendémiaire an IV (octobre 1795). […] L’ardent et fin profil consulaire s’empâte dans un galbe de chanoine joufflu. […] Ils s’appliquèrent à ciseler, dans le grès des Vosges, un fin bijou d’orfèvrerie. […] Les éteules et les javelles du riz coupé s’éparpillent en fines nuances de cendre ou de gris-perle. […] Si tu persistes à nier, il va t’arriver pire. » L’interrogatoire touchait à sa fin.

968. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Parny poète élégiaque. » pp. 285-300

Le Souvenir serait une vraie élégie si la fin répondait au commencement ; mais l’expression abstraite gâte l’effet : il y manque l’image. […] Je demandai alors à relire à haute voix ces quatre vers, en indiquant ce qui les précède dans l’ordre des sentiments et ce qui les amène ; j’en appelai de l’Académie distraite à l’Académie attentive ; j’insistai précisément, je pesai sur l’effet heureux de ce mot tranquillisé, si bien jeté à la fin du vers. […] Ce n’est pas qu’il n’ait gardé jusqu’à la fin de ces tons purs, de ces touches gracieuses, et il serait aisé d’en relever des exemples heureux, des applications variées dans ses divers poèmes : mais il ne se renouvela pas, et il est resté pour la postérité le poète des élégies. — « Voyez-vous, ma petite, passé vingt-cinq ans, cela ne vaut plus la peine d’en parler » ; ce mot d’Horace Walpole à Mme du Deffand est la devise des élégiaques sincères et de celui-ci en particulier.

969. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Quatre moments religieux au XIXe siècle. »

ce fut le grand Aristote d’abord, Démocrite avant lui et bien d’autres sans doute ; mais tout cela disparut et s’abîma avec l’ancien monde, s’égara avant sa fin même, ne se légua nullement au nouveau, et il fallut tout recommencer. […] Mais je me hâte d’ajouter, en ce qui est des Lettres présentes que, sauf cette veine d’enthousiasme, d’inspiration quand même, de chevalerie monastique à outrance, qu’il est impossible d’en retrancher ou d’en abstraire, et qui en fait la perpétuelle singularité, il y a quantité de vues morales, fines, délicates, exprimées à ravir, et bien des conseils appropriés, — les conditions toujours étant admises et le cadre accordé ; positis ponendis, comme on disait dans l’École. […] On peut voir notamment la lettre très-belle, très-juste, sur l’éducation domestique d’un petit monsieur gâté dans sa famille, « une sorte de petite momie enfermée dans un vase de soie et qui finit par se croire un petit dieu » (pages 125-128) ; cette lettre, qui est de la fin de 1850, présageait les talents que le Père Lacordaire ne se savait pas encore pour l’éducation de la jeunesse et qu’il a développés dans la dernière partie de sa carrière.

970. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens, par M. Le Play, Conseiller d’État. »

À cette fin il visita une fois le Danemark, une fois la Suède et la Norvège, trois fois la Russie, six fois l’Angleterre, deux fois l’Espagne, trois fois l’Italie, une fois la Moravie, la Hongrie, la Turquie d’Europe ; il fit un grand voyage en Carinthie, dans le Tyrol ; il traversa nombre de fois l’Allemagne : bref, la Scandinavie exceptée, il a visité à peu près trois fois en moyenne chaque partie de l’Europe. […] Doué d’un esprit de suite, de teneur et de patience incroyable, obstiné et même acharné à mener son idée à fin et à la pousser aussi loin que possible, M.  […] Ces idées qu’il jetait à l’état de questions, à la fin de son premier ouvrage, montraient que le second était déjà en germe dans son esprit.

971. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Frochot, Préfet de la Seine, histoire administrative, par M. Louis Passy. »

Mais, Napoléon apprécia jusqu’à la fin cette sage, pure et paternelle administration du préfet qu’il tenait dans ses mains, qu’il inspirait de son souffle et de sa volonté ; et quand il jugea l’instant venu d’élever son traitement à un chiffre considérable, il répondait à Frochot qui l’en remerciait : « Il faut bien que je pense à vous, puisque vous ne pensez qu’à moi. » Pourquoi faut-il qu’un jour, une heure de malencontre et de faiblesse ait tout gâté ! […] La mort d’un fils, en qui il revivait et sur la tête duquel il reportait l’avenir, hâta sa fin. […] L’intérêt que tu as la générosité de me conserver te fait sur cela illusion ; mais moi qui, à la fin, ai eu le temps, depuis que je suis à terre, de me remettre de l’étourdissement que la chute m’a causé, je sens toutes mes contusions.

972. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. Rodolphe Topffer »

Aussi, malgré ses souffrances des derniers temps, malgré les douleurs si légitimes et si inconsolables qu’il laisse en des cœurs fidèles, pourrait-on se risquer à trouver que cette fin même est heureuse, et que sa destinée tranchée avant l’heure a pourtant été complète, si un père octogénaire ne lui survivait : les funérailles des fils, on l’a dit, sont toujours contre la nature quand les parents y assistent. […] Les horribles douleurs qu’il endurait n’altéraient en rien son égalité d’humeur, et, entre deux plaintes sur ce qu’il souffrait, il laissait échapper une de ces adorables saillies qui en faisaient un homme tout à fait à part. » La fin du séjour à Vichy fut triste, le retour fut lamentable : après quelques jours pourtant, il sembla que le mal avait un peu cédé, et l’ardeur du malade pour le travail aurait pu même donner à croire qu’il était guéri. […] Vers la fin de l’hiver il dut renoncer à son pensionnat, dont le fardeau lui avait jusque-là été si léger.

973. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — II »

Pour connaître donc et déterminer la destinée de l’espèce ; il suffit de bien connaître et de bien déterminer la destinée de l’individu ; et pour bien connaître la destinée de l’individu, c’est-à-dire ce qu’il est, d’où il vient, où il va, ou, en d’autres termes, sa nature, son origine et sa fin ; il faut l’observer en lui-même et directement, le soumettre à la méthode expérimentale de Bacon transportée dans les faits de conscience. […] Jouffroy au reste ne se pose pas la question dans ce sens ; il entend surtout par destinée de l’individu, la fin pour laquelle le moi a été placé sur la terre, eu égard à ce qu’il était avant cette vie et à ce qu’il deviendra après la mort. […] C’était donc pour que l’humanité eût un jour le loisir de s’observer et de s’analyser de la sorte qu’elle s’est tant remuée autrefois ; c’est à cette fin que la nature aura été domptée et civilisée, que l’esclavage et la guerre auront été réprimés sous toutes les formes, et que l’émancipation du plus grand nombre se sera poursuivie par degrés jusqu’à ce jour, quoique trop imparfaitement encore ; enfin ce sera là le prix, le terme glorieux, le caput mortuum de la perfectibilité humaine !

974. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre II. L’homme »

Soyez sûr qu’il y a bien plutôt gagné d’agréables rêves, L’agréable, voilà son affaire ; à regarder ses fines lèvres sensuelles, on devine qu’il n’a rien pris au tragique. […] Il atteignait ainsi la fin de la semaine, puis du mois, puis de l’année. […] Il a erré parmi des milliers de sentiments fins, gais et tendres ; son coeur lui a fourni une fête, la plus piquante, la plus gracieuse, toute nuancée de rêveries voluptueuses, de sourires malins, d’adorations fugitives.

975. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre VII. Induction et déduction. — Diverses causes des faux raisonnements »

Les esprits fins, pour parler le langage de Pascal, ont ici l’avantage sur les esprits géométriques. […] L’esprit se tient satisfait, en général, si l’on appuie les vérités dont on fait usage sur les vérités dont elles dépendent immédiatement, sans exiger qu’on cherche le fondement de celles-ci, qui serait en d’autres vérités, qu’on aurait ensuite à fonder ; et l’on irait ainsi à l’infini, sans fin et sans repos. […] Outre que cela assure l’exactitude des conséquences qu’on tire, cela mène à en tirer de plus fines et de plus lointaines, et rien peut-être n’a tant servi Pascal que celle attention à conserver toujours les définitions présentes à son esprit : il apercevait toujours, d’une vue claire et distincte, les choses sous les mois, qui lui rendaient ainsi plus qu’à nul autre.

976. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre V. Subordination et proportion des parties. — Choix et succession des idées »

Il n’y a point de beauté ou d’esprit qui tienne : le premier mérite, le mérite fondamental de toute partie, de la plus petite comme de la plus grande, c’est de servir à soutenir le tout ; la grâce, le piquant, le plaisant, le sublime s’ajouteront par surcroît : il faut d’abord que la chose contribue à prouver ou à peindre, à pousser l’œuvre vers la fin qui lui est assignée. […] Justifiant une plaisanterie d’une de ses comédies, qu’on ne trouvait guère fine, il disait qu’elle n’était plaisante que par réflexion au personnage : « l’auteur n’a pas mis cela pour être de soi un bon mot, mais seulement pour une chose qui caractérise l’homme, et peint d’autant mieux son extravagance ». […] Tout au plus pourra : t-on, dans certains cas, annoncer au début la marche qu’on se propose de suivre, refaire à la fin dans un résumé rapide tout le travail qu’on a fait pour atteindre la conclusion.

977. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIII. Dernière semaine de Jésus. »

Jésus prit enfin la parole, et, ne leur cachant plus ses pressentiments, il les entretint de sa fin prochaine 1041. […] Vers la fin du repas, le secret qui pesait sur le cœur de Jésus faillit lui échapper : « En vérité, dit-il, je vous le dis, un de vous me trahira 1076. » Ce fut pour ces hommes naïfs un moment d’angoisse ; ils se regardèrent les uns les autres, et chacun s’interrogea. […] Il semble que, vers la fin de la soirée, les pressentiments de Jésus gagnèrent les disciples.

978. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXV » pp. 259-278

Nous touchons à la fin de cette guerre élevée entre la politesse sociale où la société polie, et le dévergondage de la société corrompue, et les affectations de la société précieuse. […] Entre les femmes honnêtes, spirituel les et polies, que nous avons remarquées à la fin de la période précédente, une doit faire la gloire des autres et assurer leur triomphe. […] Il leur impose la durée malgré le temps qui hâte toujours leur fin.

979. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Journal de la campagne de Russie en 1812, par M. de Fezensac, lieutenant général. (1849.) » pp. 260-274

L’héroïsme, jusqu’à la fin, a beau jeter d’admirables éclairs, on peut trop voir à quoi tient cette flamme elle-même, et qu’elle va périr faute d’aliment. […] Malgré le zèle des chefs, dans un pays qui prêtait si peu aux ressources, « cette immense administration fut presque inutile dès le commencement de la campagne, et devint nuisible à la fin ». […] Ce sont pourtant les restes de ce corps, joints à quelques autres débris, qui reçoivent l’ordre de faire l’arrière-garde jusqu’à la fin, et de défendre tant qu’ils le pourront le pont de Kowno, pour donner au gros de la déroute le temps de s’écouler.

980. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Ce que tout le monde sait sur l’expression, et quelque chose que tout le monde ne sait pas » pp. 39-53

Je vous en atteste vous, mon ami, et vous, fin et délicat Suard ; vous, chaud et bouillant Arnaud ; vous, original, savant, profond et plaisant Galiani. […] Combien de choses plus fines encore sur l’expression ! […] Les cheveux blonds s’accorderont mieux avec la langueur, la paresse, la nonchalance, les peaux transparentes et fines, les yeux humides, tendres et bleus.

981. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XV. M. Dargaud » pp. 323-339

Dargaud, car il fallait beaucoup de talent et le charme d’une grande bonne foi dans le talent pour nous faire accepter jusqu’à la fin d’un récit, au bout duquel on retrouve enfin son sang-froid, cette exagération éblouissante, et nous faire traiter avec elle, pendant la durée de l’histoire, comme si c’était une vérité ! […] — et peut-être y mettra-t-elle fin, à cette admiration tout à la fois inconséquente et impie. […] Mais l’Académie Française, qui en est la fin, a donné à M. 

982. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVII. Des éloges en Italie, en Espagne, en Angleterre, en Allemagne, en Russie. »

Comme cet ouvrage est peu connu parmi nous, qu’il me soit permis d’en citer la fin. […] Les muses reconnaissantes avaient un tel protecteur ; mais leur noble fierté rejette avec dédain les secours fastueux que leur offre quelquefois la main insultante de la vanité. » Et à la fin : « Pardonne, ombre immortelle ! […] Lorsque, il y a cent ans, la Russie était à peine connue, que les descendants des anciens Scythes étaient encore à demi sauvages, et que le lieu où est aujourd’hui située leur capitale, n’était qu’un désert, on ne s’attendait pas alors qu’avant la fin du siècle, l’éloquence dût y être cultivée, et qu’un Scythe, au fond du golfe de Finlande, et à quinze degrés au-delà du Pont-Euxin, prononcerait un tel panégyrique dans une académie de Pétersbourg.

983. (1923) Paul Valéry

La fin du tableau doit défaire et restituer, d’une façon ou d’une autre, ce tableau au mouvement universel. […] Je m’inquiète comment la nature a su enfermer dans cette fille si frêle et si fine un tel monstre de force et de promptitude. […] Cette vie de fleur pure, élémentaire et vierge, « cette rose sans prix », il faut que la mort la respire pour une fin ténébreuse. […] C’est elle qu’il reprend dans Palme où éclatent triomphalement, comme en une fin de symphonie, les thèmes essayés dans Aurore. […] La philosophie est une continuité de philosophes qui, en Occident, mènent, sur les questions d’origine et le fin, un dialogue qui dure depuis vingt-cinq siècles.

984. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIe entretien. Balzac et ses œuvres (1re partie) » pp. 273-352

« Cette conviction, que chacun entretenait, le rendait heureux et le consola dans les revers de fortune qui l’atteignirent à la fin de sa vie. […] « Ses fines remarques lui firent plus d’une fois prédire les succès ou les désastres de gens qu’on appréciait bien autrement qu’il ne les jugeait ; le temps lui donna souvent raison dans ses prophéties ! […] À la fin de 1814, le père de Balzac fut nommé directeur des vivres à Paris. […] Cette fin est probable, et de tristes exemples ne la justifient que trop : le docteur n’a-t-il pas dit que la folie est toujours à la porte des grandes intelligences qui fonctionnent trop ? […] (Fin de) Les Chouans.

985. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre V. Jean-Jacques Rousseau »

La cause et la fin de ce travail par lequel l’être s’embellit au dedans, c’est Dieu, le Dieu qui juge et récompense. […] La société, les sociétés sont des associations pour la conservation et la protection des membres qui les composent : d’où il suit que jamais gouvernement n’est légitime, s’il ne prend le bien public pour sa fonction et sa fin uniques. […] Il a paru bien bizarre que Rousseau attendit si tard pour parler de Dieu à son élève, tout à la fin de l’éducation. […] Ainsi la représentation du monde sensible devient la fin immédiate du travail littéraire, de préférence au monde intelligible, qui s’exprimera lui-même à travers le premier, et en relation avec lui. […] Les moyens s’approprient à la fin ; le style algébrique n’est plus de mise, il faut que par-dessus les valeurs intelligibles il recharge les valeurs sensibles : on s’achemine ainsi à une révolution dans la langue.

986. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1857 » pp. 163-222

À la fin, agacé par l’air princesse d’une de ces rosses régnantes, que je reconnais sous le masque, je lui ai touché l’épaule en lui disant : « Là, vois-tu, un de ces jours, on te marquera d’un phallus au fer chaud !  […] lui disait un visiteur. — Allons, ne jouez pas au fin avec moi ; vous avez bien compris que c’était Bacciocchi !  […] * * * — Été à la foire aux pains d’épices, barrière du Trône, où j’ai vu dans un tableau vivant, représentant la superbe Descente de croix d’après la toile de Rubens, j’ai vu à la fin le Christ se levant de son linceul pour venir saluer le public. […] L’énorme bouquet d’arbres où, à chaque instant, la brise fait courir de longs frissons, est tout albescent de petites fleurs d’un blanc jaunâtre, d’où descend la fine, moelleuse et pénétrante senteur d’un arome sucré et tiède. […] Ce garçon-là est un svelte Hercule, surmonté d’une petite tête de Faustine, et c’est merveille de voir cette fine et délicate tête au milieu des coups de pied et des coups de poing, toujours souriante d’un rire retroussé, avec les petites rages et toutes les perfidies nerveusement féroces d’une physionomie de femme en colère.

987. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre onzième. La littérature des décadents et des déséquilibrés ; son caractère généralement insociable. Rôle moral et social de l’art. »

quelle sera ma fin ?  […] La fin de l’amour lui paraît absolument disproportionnée avec la passion qu’elle excite : c’est à ses yeux un trouble énorme, un vrai bouleversement dans tout cela l’organisme ; pour peu de chose. […] A quoi bon nous perdre dans l’enchevêtrement est la chaîne sans fin qui l’unit aux grands rouages de la société humaine et de l’univers. […] En plaçant ainsi la fin de l’art en dehors du fond même de l’art (nous ne disons pas seulement de sa forme), on le rabaisse, on l’altère, on le fait dégénérer. […] En cela, pour le sociologiste, consiste la moralité de l’art, moralité tout intrinsèque et immanente, qui n’est pas le résultat d’un calcul, mais qui se produit en dehors de tout calcul et de toute recherche des fins.

988. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Conclusions »

La réduction à l’absurde d’une théorie réaliste extrême de ce genre serait facile ; elle a été faite excellemment dans un traité d’esthétique malheureusement trop peu connu, la Nature of fine Arts de Parker et, en quelques pages définitives, M.  […] Tourguénef fut, jusqu’à la fin de sa vie, le conteur charmant et l’esprit libre qu’il avait été à ses débuts. […] Je veux sur un rythme soyeux, Comme une soie où le jour glisse, Dire les satins précieux, Et ta peau plus fine et plus lisse. […] Ce qu’il a accepté de Heine et de ses semblables, c’est non son ironie, sa mélancolie, sa préciosité, mais, sous bénéfice d’inventaire, son esprit gracieux et fin, sa gaîté poétique, son amusante mobilité d’âme, c’est-à-dire en somme les côtés ou se marque encore, mais se marque le moins violemment l’instabilité caractéristique de son humeur. […] Fin 12.

989. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre II. Les génies »

Son poëme, dont le texte arabe est perdu, était écrit en vers ; cela du moins est certain à partir du verset 3 du chapitre ni jusqu’à la fin. […] L’amour, inassouvi et mécontent, se change à la fin de la vie en un sinistre dégorgement de chimères. […] Le rieur est fin, acéré, poli, délicat, presque galant, et courrait même le risque quelquefois de se rapetisser dans toutes ces coquetteries s’il n’avait le profond sens poétique de la renaissance. […] Homère marque en civilisation la fin de l’Asie et le commencement de l’Europe ; Shakespeare marque la fin du moyen âge. […] Eschyle, espèce de génie hors de tour, digne de marquer un commencement ou une fin dans l’humanité, n’a pas l’air d’être à sa date dans la série, et, comme nous l’avons dit, semble un aîné d’Homère.

990. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — III. Le Poëme épique, ou l’Épopée. » pp. 275-353

Il donna des scènes de fanatisme sur la fin de sa vie, qui l’ont plus fait connoître que tous ses ouvrages. […] Pas d’autre que celle d’en donner au public la liste, de ne point se permettre la moindre injure par représailles ; de donner l’exemple d’une dissertation modérée, fine & délicate. […] Tels sont les sentimens du plus grand nombre des critiques, &, en particulier, de celui qui porte cette décision sur Virgile : Mais il s’épuise avec Didon, Et rate à la fin Lavinie. […] Le Juvénal François, jeune alors, mais d’un goût fin, & d’un jugement formé, sentit allumer sa bile : il en vomit des torrens. […] Un roman, disoit-on, peut être bien fait & bien écrit ; ne blesser en rien l’honnêteté des mœurs ; n’avoir point une fade galanterie pour objet ; mais renfermer une morale fine en action, ou qui réjouisse le lecteur par des images plaisantes, & des saillies spirituelles & comiques.

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