Tantôt, entraîné par cette gageure, il brouille le peu de notions qui nous restent, il confond les âges si divers du monde qu’il prétend reconstruire, il invente ce qu’il ignorera toujours, il décrit ce qui n’a jamais pu vivre, il donne la même valeur aux conjectures plausibles et aux imaginations hasardées, il noie quelques débris de vérités dans un océan d’erreurs, et, tâchant de tromper le lecteur, il finit par se tromper lui-même ; tantôt, dans cette lutte contre un sujet qui sans cesse lui échappe, il s’emporte, il s’enivre de sa parole, de ses images, de ses héros, de ses dieux, de ses monstruosités de toute espèce, il se livre au Dévorateur et devient comme un prêtre de Moloch. […] Flaubert ; qu’est-ce que cela toutefois au milieu de ce gigantesque amas de fictions ou d’erreurs ? […] Rompra-t-il avec son passé ou s’obstinera-t-il dans une erreur funeste ?
Le poëte continue : « Pour la gloire méritée de ton nom, pour la juste vengeance de ton peuple, pour les gémissements de tant de malheureux, tourne ton bras redoutable contre celui qui s’indigne d’être homme… et, trois et quatre fois, frappe d’un châtiment rigoureux ton ennemi : et que l’injure faite à ton nom soit l’erreur fatale de sa vie ! […] C’est là ce qui manque trop à l’amour mystique, par une erreur que ne prévient pas le génie même de sainte Thérèse. […] De là ces erreurs de goût, cette fausse poésie et ces faux jugements d’un siècle, parfois si puissant par le naturel et la vigueur qu’il portait dans la philosophie, la critique savante, la controverse, l’histoire.
Erreur ! […] De là ses illusions d’optique, ses erreurs de trop près ou de lointain, ses éblouissements volontaires en de capricieux mirages, puis ses désabusements et ses mécomptes : mais non ; peut-on dire que M. de Lamartine éprouve des mécomptes ou qu’il soit désabusé ? […] Je m’étais trompé, et je m’en accuse ; mais mon erreur, Dieu merci ! […] C’est que madame de Chevreuse est femme et qu’il n’en faut pas davantage pour qu’on lui pardonne ses erreurs, pour qu’on l’excuse surtout de s’être laissé diriger par son imagination et par son cœur plutôt que par sa raison. […] Leurs fautes mêmes et leurs faiblesses n’empêchent pas qu’on les aime, surtout dans le passé, parce qu’elles s’y dégagent du côté vulgaire et mesquin, inséparable des erreurs humaines.
Dans la deuxième le ton s’élève, l’enthousiasme se montre ; aussi les erreurs deviennent plus graves ; c’est là qu’on trouve des phrases éloquentes, à l’occasion d’une croix grecque gravée sur la pierre qui recouvrait la boîte.
Plusieurs auteurs n’ont pas voulu fournir leur article ; de-là des omissions & des erreurs.
De ce nombre sont l’Oracle des nouveaux Philosophes, par l’Abbé Guion, les Erreurs de V.
L’erreur dans laquelle ils jettent ainsi le public sur un nouvel ouvrage, est long-temps à se dissiper.
C’est une grave erreur ; car un livre peut nous irriter par son bavardage, et en même temps nous empêcher de le fermer, parce qu’il est intéressant et qu’entre deux bavardages on peut s’attendre à quelque chose de très fin qu’il serait fâcheux d’avoir perdu.
A la vérité, s’il a persisté dans cette erreur de jugement, il ne s’est point entêté dans l’erreur plus forte qui consistait, n’entendant rien à la poésie, à en faire. […] C’est une erreur. […] L’idée peut être une erreur ; mais elle n’est pas une nouveauté. […] Il y a beaucoup à parier que c’est une noble erreur. […] Voltaire a dans son personnalisme cette source d’erreurs.
Ces vrais besoins des peuples étaient-ils de remettre Dieu dans la loi, le prêtre, magistrat de la foi, dans la dépendance du magistrat civil, le magistrat civil dans la dépendance du prêtre, le fidèle dans le citoyen, le citoyen dans le fidèle, une partie de la religion dans la loi, une autre partie hors la loi, et de rebâtir ainsi, au profit, non de la religion des peuples, mais à l’usage et au profit de la souveraineté civile, cette Babel de foi et de loi, de Dieu et de l’homme, de servitude et de révolte, de tolérance de l’erreur et d’intolérance de la vérité, qu’on appelle un concordat ? […] « Ainsi la Révolution, dit-il, dans ce retour rapide sur elle-même, devait venir à la face du ciel confesser ses erreurs, l’une après l’autre, et se donner d’éclatants démentis ! […] « Mais qu’importent quelques erreurs passagères, à côté des vérités immortelles qu’au prix de son sang elle a léguées au genre humain ! Ses erreurs mêmes contenaient encore d’utiles et graves leçons, données au monde avec une incomparable grandeur.
Nous avons commis une erreur, faute d’avoir ici le Moniteur sous les yeux, en attribuant au gouvernement du général Cavaignac la première pensée de l’intervention armée à Rome. […] Je retire donc loyalement mon erreur, et je me fais un devoir de restituer au général Cavaignac et à son ministre M. […] Monsieur, Je viens de lire dans votre cinquante-troisième Entretien, pages 336 et 337, le passage suivant, dans lequel se trouvent quelques erreurs que je suis, à mon grand regret, forcé de vous signaler. […] Il y a donc erreur matérielle à dire que le gouvernement du général ait renversé la république romaine : c’est comme si on reprochait au comité de salut public d’avoir signé le traité de Campo-Formio.
Il attribue ces maladies de l’âme à la mauvaise éducation qui nous nourrit de préjugés et de superstitions avec le lait de nos nourrices ; il les attribue aux fausses idées du grand nombre (le vulgaire), imbu lui-même d’idées fausses sur la gloire et sur le bonheur, et qui nous fait vivre ainsi dans une atmosphère de mensonge, d’erreur et de corruption. […] « Pour nous guérir de cette erreur et de tant d’autres, recourons à la philosophie. […] « J’attribue cette erreur à ce que les ignorants ne peuvent, au travers des ténèbres qui les aveuglent, pénétrer dans l’antiquité la plus reculée, pour y voir que les premiers fondateurs des sociétés humaines ont été des philosophes. […] Il n’y garde aucune mesure avec les erreurs officielles ; il est déjà hors de la vie publique, il est âgé, il voit s’approcher pour lui la liberté de la mort à côté de la servitude de son pays ; il veut laisser sa profession de foi à la terre avant de la quitter ; il se retire seul dans sa petite maison de Pouzzoles, entre les bois et les flots de Naples, et il écrit ce livre de la Divination.
Grâce à cette erreur populaire, j’arrivai à Naples sans obstacle, la nuit du jour où les Calabrais, l’armée insurrectionnelle et le général Pepe, qui avait pris le rôle de Lafayette napolitain dans le pays et dans l’armée, entraient dans cette capitale. […] ne sont rien à ses yeux Qu’un fantôme impuissant que l’erreur fait éclore, Rêves plus ou moins purs qu’un vain délire adore, Et dont par ses clartés la superbe oraison, Siècle après siècle, enfin délivre l’horizon. […] Fidèle à ce principe, M. de Lamartine n’a jamais répondu aux critiques littéraires que par le silence ; mais il repousse avec raison des opinions et des sentiments que l’erreur seule peut lui imputer. […] Hâtons-nous d’ajouter cependant que la plupart des personnes qui sont tombées dans cette erreur ne connaissaient de l’ouvrage que ce seul passage, et que, le lisant séparé de l’ensemble qui l’explique, et le croyant placé dans la bouche du poète lui-même, l’accusation pouvait leur paraître plus plausible.
Dans les hommes comme Richelieu, il y a en effet pour la faim et la soif ; pour la faim, de l’admiration ; et pour la soif, de la calomnie ; car tout involontaire qu’elle soit, l’erreur est encore une calomnie : seulement c’est celle des honnêtes gens ! […] Glissant comme une chose matérielle sur le plan incliné de l’erreur, boule de neige de toutes les doctrines fausses, niaises ou perverses qu’elle a ramassées en traversant la fange et le sang de la Révolution française, cette tête ardente et faible, dans laquelle beaucoup de talent n’a pu rien sauver, vient de descendre, en ces deux volumes récemment publiés, les dernières marches qui mènent à l’abîme… aussi peu libre de s’arrêter dans sa descente que les têtes coupées de ce temps, dont M. […] Ainsi rationalisme impuissant et pédantesque, scepticisme lâche ou détraqué, néo-christianisme hérétique et blasphématoire, fatalisme qui peut se passer de tout, car il est le mutisme du Matérialisme devant les faits, nous avions répercuté dans l’histoire de la Révolution française toutes les faces de cette Erreur multiple, qui se décompose comme la lumière, en tombant dans les esprits brisés de ce temps. […] Michelet, l’erreur profonde dans laquelle il s’enfonce sur leur destinée et sur leurs vertus.
Vous aimez Fénelon, vous chérissez ses grâces, son insinuation noble et fine, ses chastes élégances ; vous lui passeriez même aisément ce qu’on appelle ses erreurs : et Bossuet les a combattues, ces erreurs, non seulement avec, force, mais à outrance, mais avec une sorte de dureté.
Pour préface, on lit simplement dans l’édition première : « Voici les erreurs, les infortunes des cœurs sensibles ; lis, Âme froide, et condamne. » Mais, dans un exemplaire augmenté des notes de l’auteur, je trouve cet autre projet de préface ou d’avertissement : En composant cet ouvrage, j’ai connu ou je n’ai pas connu les unités. […] Que l’humanité soit conduite à la conquête de la terre par la colonne de nuages ou par la colonne de feu, elle marche : bénissons la Cause directrice qui assortit les moyens à l’état de nos sociétés, et que notre courte sagesse s’incline devant la Sagesse profonde qui dirige au même but ce que nous appelons l’erreur et ce que nous appelons la vérité !
Despréaux me l’a dit ainsi, l’ayant appris du curé d’Auteuil, qui l’assista à la mort ; car elle est morte à Auteuil, dans la maison d’un maître à danser, où elle étoit venue prendre l’air. » On a besoin de croire, pour excuser ce ton de sécheresse, que Racine voulait faire indirectement la leçon à son fils, et condamner ses propres erreurs dans la personne de celle qui en avait été l’objet. […] C’était une offrande avec plainte, Comme Abraham en sut offrir ; C’était une dernière étreinte Pour l’enfant qu’on a vu nourrir ; C’était un retour sur lui-même, Pécheur relevé d’anathème, Et sur les erreurs du passé ; Un cri vers le Juge sublime, Pour qu’en faveur de la victime Tout le reste fût effacé.
C’est aussi une mine très riche que les « erreurs de l’opinion ». Quelqu’un qui piocherait la classification de ces erreurs telle que Bacon l’a établie, et qui s’efforcerait de trouver, pour chaque catégorie, quelques cas particuliers, arriverait sans trop de peine à un résultat dont il se saurait beaucoup de gré.
Pour ce qui touche à la question des prix, l’Académie a commis quelques erreurs grossières, qui font peu d’honneur à son goût. […] L’une et l’autre peuvent encourager certains jeunes, mais — sauf erreur — des jeunes de tout repos.
Quelquefois les erreurs mêmes mènent à la vérité ou s’y mêlent jusqu’à ce que l’alliage en ait été séparé. Ce qu’il y a de plus étonnant encore, c’est que la vérité repose souvent au fond de l’erreur comme le germe d’un fruit délicat est protégé par la dure enveloppe du noyau.
Je pense seulement que le livre sera bon si le lecteur, en le fermant, a senti plus vivement le danger, personnel ou social, de la faute ou de l’erreur que l’auteur a décrite, ou s’il a plus clairement compris la grandeur et la nécessité de la loi morale à laquelle il est, comme homme, obligé d’obéir. […] J’espère avoir établi que la formule du roman pour toutes les mains est celle tout simplement d’une erreur littéraire.
La même erreur lui a fait prendre des textes pour des peintures. […] Le premier, il a eu la patience de déchiffrer l’indéchiffrable manuscrit de Pascal, de deviner les abréviations, les renvois, les mots demi-effacés, demi-formés, de comparer mot à mot le texte vrai avec les éditions publiées, de noter ligne par ligne toutes les erreurs, tous les contre-sens, toutes les fautes de goût des éditeurs, de montrer le plan de l’ouvrage, d’en marquer l’esprit, et de ranimer enfin la figure souffrante, passionnée et sublime de Pascal.
Cette erreur n’est pas très honorable. […] Erreur ! […] Ce n’est peut-être qu’une inévitable erreur de termes de la part d’une femme, que de demander le bonheur. […] Quelle erreur ! […] Le beau naturel de Lamartine perce à travers toutes ses erreurs.
Là, sauf erreur, elle a pondu et couvé. […] Vous devinez qu’une inévitable erreur d’enveloppe dirigera vers le fiancé l’épître destinée à l’amant. […] Vincent relève des erreurs nombreuses et graves […] Il enseigne la chasteté : « Nous ne devons pas engendrer ; c’est, selon moi, une erreur qui s’est transmise de génération en génération ». […] Je crie son erreur, par amour de la vérité, sans espoir d’être entendu.