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1736. (1913) La Fontaine « I. sa vie. »

Ensuite, parce que le grand ennemi de Fouquet, ce n’est pas le roi, c’est Colbert.

1737. (1913) La Fontaine « VIII. Ses fables — conclusions. »

Je vous indique en passant que le Suisse Muralt, notre ennemi Muralt, celui qui a fait des Lettres anglaises très défavorables à la France, Murait déteste toute notre littérature, qu’il trouve sans qualité morale, très désordonnée, très dévergondée, très déplorable, et qu’il ne fait exception que pour La Rochefoucauld, La Fontaine et Fénelon.

1738. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Alphonse Daudet »

… Une goutte d’originalité, c’est la goutte de vie pour nos œuvres, et c’est aussi la goutte d’acide prussique pour nos ennemis, qui tue tout net leurs raisonnements.

1739. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

Nous comprenons que les « faux dévots », et peut-être aussi quelques dévots sincères, se soient scandalisés, et que les ennemis de Molière aient exploité et traduit cette indignation. […] Il s’en prend, avec beaucoup de suite, aux divers ennemis de son œuvre ; aux pédants et aux prudes dans la Critique ; aux comédiens de l’hôtel de Bourgogne, dans l’Impromptu de Versailles ; enfin (après un intermède rempli par le Mariage forcé et par des divertissements écrits pour la cour), il s’en prend aux dévots dans Tartufe. […] Bref, il me semble qu’il y a eu, dans le fait de Molière, beaucoup plus d’instinct et beaucoup moins de réflexion ; qu’il a agi, dans tout ceci, en poète comique attentif aux ridicules et aux vices de son temps, bien plus qu’en philosophe ennemi du surnaturel. […] La preuve en est aisée par le même Aristote, qui ne veut pas qu’on en compose une d’un ennemi qui tue son ennemi, parce que, bien que cela soit fort vraisemblable, il n’excite dans l’âme des spectateurs ni pitié ni crainte, qui sont les deux passions de la tragédie ; mais il nous renvoie la choisir dans les événements extraordinaires qui se passent entre personnes proches, comme d’un père qui tue son fils, une femme son mari, un frère sa sœur ; ce qui, n’étant jamais vraisemblable, doit avoir l’autorité de l’histoire ou de l’opinion commune pour être cru ; si bien, qu’il n’est pas permis d’inventer un sujet de cette nature. […] Elle osera tout contre l’ennemie, même le crime.

1740. (1891) Impressions de théâtre. Cinquième série

Un dramaturge de nos jours n’aurait pas manqué de mettre cette tendresse maternelle en opposition avec l’autre sentiment ; il aurait supposé que Marcelle, à un moment, est obligée d’épargner son ennemi pour ne pas tuer sa propre fille ; il nous aurait fait voir Flavie languissante et mourante, comme M.  […] Sous le regard de ce Dieu, penché sur le genre humain et qui s’occupe très attentivement et très minutieusement de nos affaires, la terre est divisée en deux camps : les chrétiens, amis de Dieu, les païens, ses ennemis. […] Or, par les artifices de Prospero, une tempête jette sur le rivage Antonio et Alonzo, ses ennemis, Sébastien, frère d’Alonzo, Ferdinand, son fils, et enfin tout l’équipage. […] Le savant Prospero a les Esprits à son service ; c’est la traduction concrète de cette vérité profonde : « Savoir, c’est pouvoir. » Il pardonne à ceux qui lui ont fait du mal, et il marie sa fille au fils de son ennemi ; cela signifie que la plus haute sagesse et la plus haute puissance aboutissent à l’indulgence universelle… Ô symboles ! […] Vraiment, on n’a pas idée d’une critique aussi ondoyante et fuyante, aussi ennemie des affirmations.

1741. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

que de plus haut… Issu seulement de ce que détiennent, sous l’expression puissamment réaliste, de spiritualisme chrétien ennemi et possédé de la Chair et, tel, comme démoniaque, les Fleurs du mal, Maurice Rollinat cependant méritait mieux qu’être une victime. […] « Lutèce » a des ennemis. […] Raisonnement certes trop simpliste : les peuples ·victorieux ne se révoltent pas contre ceux qui leur ont donné le vieil orgueil de la victoire, et la Puissance qui a dompté l’ennemi ne songe qu’à se tenir prête à dompter les revanches. […] J’avais l’air, dans ce compte rendu, d’un auteur piqué et furieux, qui piétinait rageusement ses ennemis. […] Sous les pieds de l’armée ennemie, tout sauterait, et de l’armée, plus rien !

1742. (1911) L’attitude du lyrisme contemporain pp. 5-466

On ne perçoit que des écoles éparpillées et s’insultant, et nul ne songe à relever les trois ou quatre idées directrices qui commandent indistinctement ces fractions ennemies d’un même idéal d’art.

1743. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

De concert, elles affaiblissent l’autorité religieuse, qui donnait une même impulsion à des peuples divers et parfois ennemis, un même but à tous les efforts, une même direction à tous les esprits, pour favoriser le sens propre et l’initiative des États et des individus. […] Boileau fut sévère, parce qu’il avait vu flâner dans Paris plus d’un poète crotté, comme Maillet, l’ennemi de Saint-Amant. […] Mais on voit bien que tous ces hommes ont les mêmes griefs et qu’ils sont les éclaireurs d’un ennemi qui plus tard fera campagne ouvertement contre l’idéalisme. […] Le confident a repris sa dignité, il est animé de ses sentiments propres ; il devient l’antagoniste de son ancien maître, et même parfois l’ennemi des intérêts qu’on lui confiait jadis. […] Ajoutez qu’il a « besoin de repos et de sommeil pour réparer ses forces épuisées » ; de plus, « il est obligé d’écouter un général qui se plaint d’un passe-droit, les prières d’habitants effarés qui craignent de se voir abandonnés, le rapport d’un officier envoyé pour faire la reconnaissance du terrain, en contradiction complète avec le précédent rapport, tandis que l’espion, le prisonnier et un autre général viennent lui décrire la position de l’ennemi ».

1744. (1898) XIII Idylles diaboliques pp. 1-243

Ils ont à peu près tout le monde contre eux : leurs ennemis, hyènes qui les mordent, les outragent et les calomnient, et leurs amis, bons ours qui ne trouvent jamais assez de pavés à leur jeter à la figure. […] C’est pourquoi les ennemis que me valent ma perspicacité sans cesse en éveil aussi bien que les jugements contradictoires portés sur moi par nos contemporains sont largement compensés par les progrès du rythme de destruction dont je suis un des promoteurs. […] En contraste il aura les sains : Tranquille, Protée et le bon Jacques ennemis des simulacres. — Comme il va prêter l’oreille !

1745. (1896) Études et portraits littéraires

Et c’est autrement poignant, et ce corps à corps, dont on suit les alternatives, avec un ennemi concret, individuel, si j’ose dire, émeut d’autre façon que les plus puissantes généralités. […] Zola, qu’il faut bien compter, lui aussi, parmi les poètes, et dont le symbolisme brutal crée tant de monstres, a trouvé celui-là tout vivant, et il l’a choisi pour le complice, puis pour l’ennemi d’un de ses héros19. […]   En tout, à vrai dire, la règle, l’ordre leur est ennemi. […] J’imagine d’ailleurs qu’il s’est fait des ennemis, beaucoup ont dû se déchirer à ses aspérités de surface.

1746. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME GUIZOT (NEE PAULINE DE MEULAN) » pp. 214-248

Mme Guizot, qui, en toutes choses, était une nature opposée au vague et au tour d’esprit rêveur, l’ennemie de ce qui n’aboutit pas et de tout fantôme, eut un souci dès qu’elle fut mère, et elle alla droit à la difficulté qui se posait.

1747. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre II. Le public en France. »

D’abord il comprend presque tout le monde ; ensuite il désigne les gens qui se déclarent ennemis du papisme, mais qui, pour la plupart, ont pour objet le renversement de toute religion. » — Ces savants, je leur demande pardon, ces philosophes sont insupportables, superficiels, arrogants et fanatiques.

1748. (1834) Des destinées de la poésie pp. 4-75

Ma conviction est que nous sommes à une de ces grandes époques de reconstruction, de rénovation sociale ; il ne s’agit pas seulement de savoir si le pouvoir passera de telles mains royales dans telles mains populaires ; si ce sera la noblesse, le sacerdoce ou la bourgeoisie qui prendront les rênes des gouvernements nouveaux, si nous nous appellerons empires ou républiques : il s’agit de plus ; il s’agit de décider si l’idée de morale, de religion, de charité évangélique sera substituée à l’idée d’égoïsme dans la politique ; si Dieu dans son acception la plus pratique descendra enfin dans nos lois ; si tous les hommes consentiront à voir enfin dans tous les autres hommes des frères, ou continueront à y voir des ennemis ou des esclaves.

1749. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre deuxième »

Ses ennemis, faisant allusion à cette solitude, le traitaient de Tennebrio et de Lucifuga.

1750. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre III. Les immoralités de la morale » pp. 81-134

Ce n’est pas trois êtres, c’est une infinité d’êtres dont elle veut ne faire qu’un être, des êtres qui, par cela seul qu’ils existent, sont ennemis et se combattent dans notre société entière, et jusque dans l’intimité du moi de chacun de nous.

1751. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 novembre 1886. »

Le plus grand nombre est allemand, mais il y a quantité de spectateurs venus de toutes les parties du monde, des Russes d’abord, et aussi beaucoup d’Américains, force Anglais et quelques Français, plus que notre renommée d’ennemis des voyages ne le ferait supposer. — Mais c’est encore là une vieille observation que tous répètent sans la vérifier, et, défait, les Français sont devenus, depuis la guerre, un des peuples les plus cosmopolites qui soient. — Les costumes les plus variés se rencontrent dans cette vaste salle de restaurant où les délices de la bière et du tabac alternent avec ceux de la musique.

1752. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre II, grandeur et décadence de Bacchus. »

Pan, entouré de ses chiens hurleurs, que ses Aegipans tiennent en laisse, est le tacticien de l’armée : il l’a divisée en phalanges, il a inventé l’aile droite et l’aile gauche qui se rabattront sur l’ennemi comme l’envergure d’un oiseau de proie.

1753. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre I. Du comique en général »

Le rire n’a pas de plus grand ennemi que l’émotion.

1754. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 11-15754

César après avoir défait l’armée de ses ennemis, &c. imperante Coesare Augusto, deleto exercitu, sont des ablatifs qu’on appelle communément absolus, parce qu’ils ne paroissent pas être le régime d’aucun autre mot de la proposition. […] redeat superato miles ab hoste ; que le soldat revienne après avoir vaincu l’ennemi. […] sub ipso hostis recessu, impatientes soli, in aquas suas resiluerunt : sub ipso hostis recessu veut dire, peu de tems après que l’ennemi se fût retiré ; à peine l’ennemi s’étoit-il retiré. […] Baillet, & généralement tous les Studieux qui sont ordinairement les plus grands ennemis des abregés, prétendent que la coûtume de les faire ne s’est introduite que long-tems après ces siecles heureux où fleurissoient les Belles-Lettres & les Sciences parmi les Grecs & les Romains. […] Le verbe est à la voix passive, lorsqu’il signifie que le sujet de la proposition est le patient, c’est-à-dire, qu’il est le terme de l’action ou du sentiment d’un autre : les méchans sont punis, vous serez pris par les ennemis ; sont punis, serez pris, sont de la forme passive.

1755. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Troisième série

Peu philosophe, du reste, il n’a pas su ramener ses tendances à un système ; mais s’il l’avait fait, il aurait trouvé en lui un sceptique, puis un contempteur et un ennemi de toute morale, estimant que l’humanité est menée par ceux qui sont forts et qui la méprisent et que cela n’est pas mauvais Sainte-Beuve, plus profondément sceptique encore, ne désigne à l’humanité aucune espèce d’idéal et non pas même celui qui consiste dans le règne de la force. […] C’est vanité, c’est orgueil ; mais c’est quelque chose de plus fort que vanité, de plus furieux qu’orgueil ; c’est passion de révolte et manie d’antipathie : « Nos parents et nos maîtres, a-t-il dit plus tard, sont nos ennemis naturels quand nous entrons dans le monde. » Ils ont été les siens, à son sentiment, depuis son berceau. […] S’il a tant détesté les Français, c’est que la sociabilité, et ce qui s’ensuit, et ce qu’elle impose, c’est à savoir les convenances, sont les plus forts ennemis et de la violence et de la volupté. […] Stendhal est un libéral de 1820, admirateur de la révolution de 1789, moitié bonapartiste, moitié orléaniste, partisan « des deux chambres et de la liberté de la presse », furieux ennemi des papes, des jésuites et des prêtres. […] Se montrer l’ennemi non seulement des religions mais de l’idée de Dieu, c’était déplaire aux esprits religieux d’abord, et ensuite, et peut-être plus encore, comme les compromettant, aux bourgeois libéraux et aux « jacobins » restés déistes, qui étaient les deux groupes auxquels Proudhon tenait particulièrement à être odieux.

1756. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

Et, ma foi, je les estime moins que les naturalistes ; ce ne sont ni des amis, ni des ennemis : ils ignorent jusqu’au sens de la poésie. […] Polémiste extraordinairement vigoureux, il s’est fait autant d’ennemis par la crâne et impétueuse énergie de ses attaques, qu’il s’est attaché d’amis sûrs par la belle générosité de ses plaidoiries en faveur de talents méconnus. […] Joseph Garaguel n’a pas d’ennemis, ayant toujours repoussé les occasions de réclame, et, de parti-pris, décliné les avantages et les douteux honneurs des enrégimentements. […] Gustave Guiches a débuté, il y a peu d’années par deux romans, Céleste Prudhommat et l’Ennemi, qui le firent remarquer parmi l’un des plus brillants disciples de l’École naturaliste. […] À ce moment-là j’ai fait aussi mon enquête, en appelant à la Revue tous les littérateurs sans distinction d’écoles contre l’ennemi commun ; un bien petit nombre de ces jeunes, si prompts à se combattre les uns les autres, a répondu : ils sont si déférents auprès des nullités importantes, dispensatrices de la réclame !

1757. (1874) Histoire du romantisme pp. -399

Après avoir essuyé le feu de la redoute, la main sur la hampe du drapeau ennemi, il se tint debout un instant dans la fumée du combat, et redescendit tranquillement au bas de la muraille conquise, sans plus se soucier de son triomphe. […] et n’est-il pas convenable qu’un jeune rapin à cœur de lion se fasse le chevalier du Rouge et vienne secouer le flamboiement de la couleur odieuse aux grisâtres, sur ce tas de classiques également ennemis des splendeurs de la poésie ? […] L’impassibilité de sa figure régulière et pâle et le sang-froid avec lequel il regardait les honnêtes gens des loges démontraient à quel degré d’abomination et de désolation le théâtre était tombé. » Oui, nous les regardâmes avec un sang-froid parfait toutes ces larves du passé et de la routine, tous ces ennemis de l’art, de l’idéal, de la liberté et de la poésie, qui cherchaient de leurs débiles mains tremblotantes à tenir fermée la porte de l’avenir ; et nous sentions dans notre cœur un sauvage désir de lever leur scalp avec notre tomahawk pour en orner notre ceinture ; mais à cette lutte, nous eussions couru le risque de cueillir moins de chevelures que de perruques ; car si elle raillait l’école moderne sur ses cheveux, l’école classique, en revanche, étalait au balcon et à la galerie du Théâtre-Français une collection de têtes chauves pareille au chapelet de crânes de la déesse Dourga. […] Un jour les romantiques enlevaient une tirade que l’ennemi reprenait le lendemain, et dont il fallait le déloger. […] Il en avait contracté un certain goût d’archaïsme, un style figuré contrastant fort avec les habitudes modernes ; de là aussi son absence de symétrie dans le rythme, ses enjambements et ses suspensions de césure, qui le rendaient plus propre que tout autre à mettre en musique les vers des novateurs, rendus également ennemis des périodes carrées par la lecture des anciens et de Ronsard.

1758. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Notes et pensées » pp. 441-535

Campredon les écouta et dit : « C’est très beau en effet, mais il a une manière de gagner les batailles qui finira par lui en faire perdre, et de sérieuses, et qui amèneront sa ruine. » On s’étonne, et il dit ses raisons : « Son plan était des plus téméraires, et il a fallu un concours singulier de circonstances et de fautes de la part de l’ennemi pour qu’il réussît. […] Il a le goût du naturel, dit-il, dès le ventre de sa mère, et l’âge n’a fait que l’y confirmer : « Quand je suis venu à Paris, j’étais bien pauvre, plus pauvre que je ne puis dire ; j’allai au Constitutionnel où Étienne, sur la recommandation de Manuel, me plaça, me fit faire des articles ; mon premier article fit quelque bruit ; le lendemain on m’appointa, on me donna plus qu’aux autres ; ce qui me fit là bien des ennemis.

1759. (1899) La parade littéraire (articles de La Plume, 1898-1899) pp. 300-117

C’est alors qu’on imagina de les présenter comme une bande d’ambitieux sans vergogne, eux qui avaient négligé les plus élémentaires moyens de parvenir et qui s’étaient fait tant d’ennemis par leur fière intransigeance. […] Deux camps ennemis se formeraient bientôt.

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