Mais si on veut rattacher les obligations qu’on lui impose à quelque être supérieur, dieu ou société, qui l’a créé pour le servir, alors il faut dire que si l’homme ne remplit pas spontanément son office, c’est qu’il y est mal adapté, et que s’il y est mal adapté il est mauvais sans doute, mais que cela prouve surtout que celui qui l’a créé n’a pas été bon ouvrier. […] Cela permet à l’individu de la considérer comme sienne et d’y voir l’influence directe d’un dieu.
Des dieux que nous servons connais la différence !
Cet abbé, bizarrement célèbre, et qui s’était intitulé lui-même dans un de ses accès de flagornerie « l’aumônier du dieu Mars », avait été chargé, sous le titre d’ambassadeur, de prendre en main le mouvement de la nation polonaise au moment où la guerre contre la Russie se décida.
Partout, dès qu’il s’agissait des dieux, l’erreur prévalait, et, dans les divers cultes, des horreurs d’infamie et d’impureté se joignaient aux crimes.
La liberté donne des forces pour sa défense, le concours des intérêts fait découvrir toutes les ressources nécessaires, l’impulsion des siècles renverse tout ce qui veut lutter pour le passé contre l’avenir : mais l’action inhumaine sème la discorde, perpétue les combats, sépare en bandes ennemies la nation entière ; et ces fils du serpent de Cadmus, auxquels un dieu vengeur n’avait donné la vie qu’en les condamnant à se combattre jusqu’à la mort, ces fils du serpent, c’est le peuple, au milieu duquel l’injustice a longtemps régné.
Si le conte ou l’histoire n’erre, Baloardo, tombant par terre, S’écria : « Dieux !
Les Parnassiens, nous le rappelions tout à l’heure, prennent le contre-pied des grands poètes qui les ont précédés ; avec Banville, ils s’amusent à parodier le lyrisme ou ramènent d’exil les dieux et les déesses de l’Olympe ; avec Leconte de Lisle, au risque de n’atteindre qu’une petite élite d’initiés, ils refusent de troubler la sérénité de leurs vers par des plaintes oratoires et des élans de sensibilité ; avec Baudelaire, ils recherchent le paradoxe, l’étrange, l’artificiel ; avec Coppée, ils décrivent un coin de banlieue ou content les malheurs d’un petit épicier ; avec Maxime Ducamp ou Sully Prudhomme, ils chantent les miracles de l’industrie ou de la science.
Grote, par exemple : « On ne peut comprendre, dit-il, la terreur des Athéniens apprenant la mutilation des Hermès, qu’en se rappelant qu’à leurs yeux c’était un gage de sécurité d’avoir les dieux habitant leur sol. » L’association constructive dans les beaux-arts, ou imagination proprement dite, présente une particularité : c’est la présence d’un élément émotionnel dans les combinaisons.
Faites l’incrédule, retournez-les en tous sens, mettez-y le scalpel, cherchez chicane à votre plaisir, il peut s’y rencontrer quelques taches, des tons qui crient ; mais, si vous avez le sentiment poétique vrai et si vous êtes sincère, vous reconnaîtrez que le souffle est fort et puissant ; le dieu, dites si vous voulez le démon, a passé par là.
Un ouvrage de M. de Rémusat est fait de tout temps pour attirer l’attention et appeler l’intérêt de ceux qui lisent : aujourd’hui il devra trouver un accueil plus empressé encore et plus favorable auprès de tous ceux qui regrettent l’éloignement d’un si aimable et si ingénieux esprit, qui en veulent à la tourmente politique de l’avoir enveloppé dans son tourbillon, et qui trouveraient certainement des accents pour invoquer les dieux après l’orage, si ce maudit point d’honneur politique ne venait à la traverse, et si l’on ne craignait de déplaire à celui même qui serait l’objet d’un vœu si innocent.
Et quand on y songe qui ne frémirait, en effet, à cette idée de vivre peut-être au milieu d’une race de dieux implacables parmi des êtres qui lisent peut-être couramment dans notre pensée, quand la leur se cache pour nous sous une triple armure de diamant !
C’est alors qu’il s’écriait : France, ô belle contrée, ô terre généreuse, Que les dieux complaisants firent pour être heureuse… alors qu’il déroulait, à la suite de cet exorde, toutes les richesses de notre sol, depuis le blé jusqu’à la vigne, tous les utiles ornements de nos contrées, depuis les forêts jusqu’aux fleuves, tous ces dons visibles, tous ces biens manifestes que l’Abondance, comme la nymphe antique, lui semblait verser d’une main sans lassitude et d’une coupe inépuisable.
Le génie timide de notre langue ne permettait pas d’employer cette image, toute animée et toute noble qu’elle est ; un de nos grands poètes y a substitué ces deux beaux vers : Ils n’ont pu supporter, faibles et furieux, Le fardeau de la vie impose par les dieux.
D’une part, la cathédrale est vue sous l’angle de la Divinité, d’autre part sous l’angle du soleil, car pour l’un, le soleil mystique c’est Dieu, pour l’autre, le dieu réel c’est le soleil, dispensateur de la vie.
Halluciné par ce qu’il devinait non d’inexprimable, mais d’inexprimé, il lutta d’un courage inflexible et doux, mal récompensé, contre la page blanche, son tourment et son dieu. […] Mon crime c’est d’avoir gai de vaincre ces peurs Traîtresses, divisé la touffe échevelée De baisers que les dieux gardaient si bien mêlée. […] Les poètes français, à la fin, s’habituèrent à ce que fumât sur leur ciel, dans l’île poétique, l’atelier du dieu.
Wagner est leur dieu. […] Je me les répétais en venant : c’est la parole des chrétiens pressés de présenter l’encens aux autels des Dieux de Romes… Non possumus ! […] De tout méditer du point de vue de cet Absolu, a surgi en son Œuvre cette particulière cruauté philosophique qui est comme du dieu qui danse dans sa destruction, et qui est le génie de Villiers de L’Isle-Adam. […] Il disait de Moréas : « Il est nourri de nos vieux romans de chevalerie, et il semble ne vouloir connaître les dieux de la Grèce antique que sous les formes affinées qu’ils prirent sur les rives de la Seine et de la Loire, au temps où brillait la Pléiade. […] Moréas, prôné comme un dieu, écrit Augustin Hamon, le notoire traducteur, depuis, du grand Bernard Shaw : les auteurs des articles en question sapent l’Idole et lui caressent peu agréablement l’épiderme.
Il faut vénérer Thémis, reine des dieux et des hommes. […] Il composait Les Dieux ont soif : « Cela ne va plus, me dit-il, je suis bloqué. » Je souris : France arrêté par une difficulté littéraire, cela me semblait impossible. « Oui, poursuivit-il, bloqué ! […] Le docteur Moreau, c’est le dieu de la Genèse qui dicte aux animaux changés par lui en hommes un décalogue impératif, les réduisant en esclavage. […] L’animalité reprend le dessus : et les animaux veulent dévorer leur dieu. […] Sole Invicto, le dieu de la légion romaine qui campait à Héliopolis.
Sur tes religions, dieux, enfers, paradis. […] C’est cette perfection du mal qui a fait pencher parfois de grands esprits vers la croyance au dieu double, vers le redoutable bi-frons des manichéens127. » On voit ici formellement exprimée la tentation manichéenne d’Hugo. […] Le dieu de Victor Hugo n’est « l’abîme des gnostiques » qu’en tant qu’il est inconnaissable ; mais, en réalité, il est le Dieu de la conscience, le Dieu bon et juste.
N’auras-tu pas toujours la paix de la conscience, les louanges des hommes et l’amour des Dieux ? […] Ballanche, cette pensée éternelle d’un hymen à la fois accordé et impossible, cette initiation au vrai et au bien par la chasteté et par la douleur : « La douleur, dit Orphée, sera le second génie qui m’expliquera les destinées humaines. » Chaque page nous offre des pensées de tous les temps, dans la magnificence de leur expression : « Souvenez-vous que les Dieux immortels couvrent de leurs regards l’homme voyageur, comme le ciel inonde la nature de sa bienfaisante lumière. » Et encore : « Toutes les pensées d’avenir se tiennent ; pour croire à la vie qui doit suivre celle-ci, il faut commencer par croire à cette vie elle-même, à cette vie passagère. » Enfin, les approches de la mort d’Orphée, les troubles et l’agonie orageuse de cette grande âme qui, comme toutes les âmes divines au terme, se croit un moment délaissée, ont une sublimité égale aux plus belles scènes des épopées modernes.
Mais quelle n’a pas dû être l’impression de cette femme idolâtrée sur les yeux de la France et de l’Europe, quand elle apparut, à seize ans, au milieu de Paris encore souillé de sang et muet de terreur, comme une Iris messagère des dieux apaisés, venant rapporter leur sourire à la terre ? […] La piété, l’adoration étaient obligées ; la froideur même dans le culte aurait paru un blasphème contre le dieu des femmes.
Non : du sceptique Harold le doute est la doctrine, Le croissant ni la croix ne couvrent sa poitrine ; Jupiter, Mahomet, héros, grands hommes, dieux, (Ô Christ, pardonne-lui !) […] Le dieu qu’adore Harold est cet agent suprême, Ce Pan mystérieux, insoluble problème, Grand, borné, bon, mauvais, que ce vaste univers Révèle à ses regards sous mille aspects divers : Être sans attributs, force sans providence, Exerçant au hasard une aveugle puissance ; Vrai Saturne, enfantant, dévorant tour à tour ; Faisant le mal sans haine et le bien sans amour ; N’ayant pour tout dessein qu’un éternel caprice ; Ne commandant ni foi, ni loi, ni sacrifice ; Livrant le faible au fort et le juste au trépas, Et dont la raison dit : « Est-il ?
Les Dieux d’autrefois, 6 planches. […] Le numéro 7 d’août 1885 de la revue présente une lithographie, un tiré à part représentant Brunnhilde pour illustrer l’article de Dujardin sur le dernier acte du Crépuscule des Dieux.
Le théâtre est un spectacle de vie su fictif par les spectateurs qui le contemplent et conséquemment d’une sensation moins éparse, plus homogène, plus intense que le spectacle de la vie réelle ; le théâtre est le premier degré de l’art parmi la vie… Après dix ans de luttes et de souffrances lointaines, voilà que las et triomphant de ses armes rouillées de sangs, le roi-guerrier revient à la couche de son épouse, et l’attend l’adultère, et le trappe, qui un jour par le vouloir d’Atè et l’acte filial sera puni ; telle, dans l’amplitude sereine et introublée des portiques, entre les colonnades haut ornées des figures de dieux, l’action humaine apparaissait, et libre de soucis étrangers, toute drue d’elle-même, la sensation des divinités implacables aux Atréides surgissait, véhémente plus que d’aucune réalité, terrifiante et sûre, art, dans les âmes spectatrices. […] Dans les seules scènes se rapportant directement à Wotan, la parole apparaît de nouveau et évoque devant nous la vision du dieu… mais, pour le reste, Wagner sur le poème a construit la symphonie la plus grandiose — peut-être — que jamais il ait écrite… Au fond, il n’y a qu’une chose ici : la musique… On sait qu’à la fin du drame il y avait des vers résumant l’idée poétique du Ring, et que Wagner, lorsqu’il vint à parachever la musique, les supprima ; il les a supprimés, nous dit-il, « parce que c’eût été essayer de substituer à l’impression musicale une autre impression », et « parce que le sens de ces vers est exprimé par la musique avec la plus exquise précision… » Ainsi apparaît décisif ce couronnement du tétraptyque wagnérien par l’unique et glorieuse musique.
La nature lui en avait donné à la fois les vices et les vertus : un orgueil de dieu et un commandement de roi. […] Tu vois nos pressants dangers : Donne à ton nom la victoire ; Ne souffre point que ta gloire Passe à des dieux étrangers.