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1233. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre douzième. »

L’inimitié de Colbert, le peu d’habileté de La Fontaine à faire sa cour, un talent peu fait pour être apprécié par le roi, de petites pièces qui paraissaient successivement, ne pouvaient avoir l’éclat d’un grand ouvrage, et semblaient manquer de cette importance qui frappait Louis XIV ; des contes un peu libres, dont on avait le souvenir dans une cour qui commençait à devenir dévote : toutes ces circonstances s’étaient réunies contre La Fontaine, et l’avaient fait négliger. […] N’est d’abord qu’un secret, puis devient des conquêtes. […] C’est un vieux proverbe qui devient ici plaisant, appliqué à la canonisation. […] La Fontaine a senti l’objection prise du tort que l’on ferait à la société, si le goût de la retraite devenait trop général.

1234. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 16, des pantomimes ou des acteurs qui joüoient sans parler » pp. 265-295

Combien, dit Tertullien dans son traité contre les spectacles, un pantomime est-il obligé de souffrir de maux dans son corps, afin qu’il puisse devenir un comédien ? […] En effet, les romains, comme on va le voir, devinrent fous de cette espece de spectacle. […] Si les pantomimes vouloient executer les scénes de nos opera, ils débuteroient par la derniere scéne du quatriéme acte de Roland, où ce heros devient furieux. […] Il falloit avoir recours à un expédient triste pour le gouvernement qui ne cherchoit que les moïens d’amuser le peuple en lui fournissant du pain et en lui donnant des spectacles, mais devenu necessaire ; c’étoit celui de faire sortir de Rome tous les pantomimes.

1235. (1899) Psychologie des titres (article de la Revue des Revues) pp. 595-606

Ainsi l’on disait fort bien : le Rosier des guerres, compilé par le roy Loys unziesme de ce nom, ouvrage devenu d’une extrême rareté. […] * *   * Une plus grande variété des titres s’introduisit dans la littérature lorsque, au xviiie  siècle, un genre qui, jusque-là, n’avait eu qu’un développement médiocre, le roman, prit tout à coup une extension considérable, et destinée à devenir plus vaste encore de notre temps. […] Lorsque après Richardson fut venu le tour de Laurence Sterne, le mot Sentimental devint tyranniquement à la mode. […] Là encore subsiste l’habitude des sous-titres qui autrement est devenue bien ridicule par l’abus qu’on en fit.

1236. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. —  première partie  » pp. 126-268

Contredire des opinions qui, naguère encore, n’étaient que philosophiques, mais qui, tous les jours, deviennent plus nationales, leur semblerait téméraire. […] que devient-il ? […] Dites les choses, non pas comme je les ai dites, mais comme vous auriez voulu les dire, pour qu’elles deviennent effectivement, non pas les mêmes, mais plus belles. […] Archélaüs, son disciple, fut celui par lequel la philosophie ionienne s’établit pleinement à Athènes, où il devint le maître de Socrate. […] Les chants bretons devinrent bientôt l’entretien favori et comme le rendez-vous passionné de ces deux esprits venus de bords si différents.

1237. (1882) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Deuxième série pp. 1-334

Son autobiographie nous devient un document historique. […] Fénelon devient archevêque, signe les trente-quatre articles, et part pour son diocèse. […] Une mise en liberté provisoire, du 21 mars 1703, devint définitive au commencement de 1704. […] Les Lettres sur quelques écrits de ce temps sont devenues l’Année littéraire. […] Juger des sujets, c’est sa partie, fournir des sujets aux peintres dans l’embarras, c’est devenu sa spécialité.

1238. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Appendice — Début d’un article sur l’histoire de César »

Les autres Césars, ceux du second ordre et de la seconde classe, sont au contraire pénibles, laborieux et comme fabriqués : ils ont tâché de devenir Césars, et, pour se l’être beaucoup dit, ils y sont parvenus. […] On en a vu ainsi, sans une goutte du sang héréditaire dans leurs veines, sans un seul trait primitif du génie fondateur de la race, en devenir, à force d’application, de méditation et de culte, les dignes et légitimes héritiers.

1239. (1875) Premiers lundis. Tome III « De l’audience accordée à M. Victor Hugo »

Au théâtre, elle devenait volontiers une clameur ; on pouvait en craindre l’éclat faute d’issues naturelles et suffisantes, et l’applaudissement montait assez haut pour sembler une explosion. […] Ce que l’histoire consacre, ce qu’elle imprime dans ses livres, professe dans les chaires, et invoque à tous moments dans les discussions de l’une et l’autre Chambre ; ce que les journaux répètent et portent à la fois sur tous les points du pays, cela même deviendrait-il dangereux au théâtre, sous un point de vue tout impartial, et à travers le prisme purificateur de l’art ?

1240. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Objections d’un moraliste contre l’exposition de 1900. » pp. 162-167

La foule exige de plus en plus le chatouillement direct, devient incapable de tout plaisir qui n’est pas celui-là, et celui-là tout cru… Les divertissements qui veulent un effort de réflexion sont trop relevés et trop laborieux pour elle. […] Que deviennent alors ces malheureuses ?

1241. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — XII. L’homme touffu »

Quand Daouda reprit ses sens et qu’il s’aperçut de la disparition de sa sœur, il devint à moitié fou de rage. […] Il était devenu tout à fait sauvage ; des arbustes, des herbes poussaient sur sa tête.

1242. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Eugène Chapus »

Chapus est un de ces rares esprits distingués par tant de tournure et une aristocratie si naturelle qu’ils doivent longtemps manquer le succès dans une société positive comme la nôtre, enragée d’égalité et d’envie, et chez qui, en fait d’appréciation des choses de goût, tout est devenu gros de ce qui était fin autrefois. […] Il est savant, renseigné, détaillé, plein de faits qui, sous la plume pittoresque de l’auteur, deviennent des peintures : paysages ici, portraits là.

1243. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. » pp. 124-157

Antoine et Jacques Desbordes devinrent libraires à Amsterdam, libraires très-riches, très-considérés ; ce sont eux qui ont donné ces éditions bien connues de Voltaire (1733-1738). […] Revenue au nid, et encore toute brisée de l’orage, elle trouva la famille plus pauvre Son excellent père cependant était devenu inspecteur des prisons à Douai, et elle aimait à lui être une auxiliaire bienfaisante, dans l’exercice de ses fonctions. […] « (14 janvier 1843)… L’aînée de mes filles est toujours en Angleterre, à ma grande affliction, car cette absence commence à me devenir insupportable. […] On ne peut plus trouver un grenier qu’au prix de douze ou quatorze cents francs… La terre où nous sommes a le vertige58 « … Ce bon M. de J… lui-même, qu’est-il devenu ? […] Ce fils parfait, digne en tout d’une telle mère, et qui ne lui a donné que des consolations, est devenu l’un des plus utiles et des plus méritants employés du ministère de l’instruction publique.

1244. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE RÉMUSAT » pp. 458-491

M. de Rémusat devint préfet du palais. […] A cet âge, elle est ordinairement mère ; depuis longtemps l’expérience est devenue sa véritable sauvegarde. […] Les sacrifices dictés par la raison ont cet avantage, que l’effort qu’ils ont coûté en devient toujours la récompense. […] Par eux, elles deviennent plus courageuses d’esprit. […] Que deviendrai-je quand vous me reprocherez de m’être enorgueillie de ma félicité, et d’avoir été fière quelquefois d’être si heureuse fille, si heureuse femme et si heureuse mère ?

1245. (1875) Premiers lundis. Tome III « Les poètes français »

Un de nos maîtres38 l’a dit : « Ce qui était chez nous au moyen âge comme l’héritage commun de tout un peuple, est devenu (en passant surtout chez les Italiens, chez Boccace et ses continuateurs) la propriété de quelques noms restés célèbres. » Qu’importe ? […] On veut faire, je le sais, de la farce de Patelin quelque chose de beaucoup plus ancien ; mais c’est au XVe siècle que la représentation de Patelin a dû devenir fréquente et populaire. […] S’étant mis en opposition déclarée avec Malherbe, et s’étant fait le défenseur des vieux poètes, il est devenu le premier nom auquel s’est rattaché volontiers le mouvement moderne quand on est allé rechercher ces vieux chefs par-dessus la tête de Malherbe. […] Tout coup porte ; ce sont à tout moment des vers nés proverbes, et qui, s’ils ne l’étaient déjà, le sont aussitôt devenus ; le texte en est semé. […] répondez moi, qu’est-elle devenue ?

1246. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXVIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 385-448

À cette confidence, Hyeronimo, sans rien dire, devint plus rouge et plus resplendissant de colère contenue, que quand il s’était jeté, sa hachette à la main, seul contre dix hommes armés. Fior d’Aliza ne le vit pas, mais elle devint pâle comme un linge et se colla convulsivement contre le sein de sa mère. […] Qu’allions-nous devenir avec de l’eau au lieu de lait pour assaisonner nos châtaignes sèches et nos figues coriaces ? […] monsieur, qu’est-ce que je devins ? […] et que je sentais mon pauvre cœur devenir petit dans ma poitrine !

1247. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre I. Polémistes et orateurs, 1815-1851 »

« L’esprit particulier de la classe moyenne, écrit M. de Tocqueville697, devint l’esprit général du gouvernement ; il domina la politique extérieure aussi bien que les affaires du dedans : esprit actif, industrieux, souvent déshonnête, généralement rangé, téméraire quelquefois par vanité et par égoïsme, timide par tempérament, modéré en toute chose, excepté dans le goût du bien-être, et médiocre… » L’éloquence se ressentit, ainsi que le gouvernement, de cet esprit étroit et positif. […] Les cours d’histoire, de philosophie et de littérature sont des occasions d’éloquence : là peut-être se font jour les manifestations les plus puissantes de l’esprit libéral, et trois professeurs, Guizot, Cousin, Villemain, deviennent, par leurs brûlantes leçons, les chefs de l’opposition d’aujourd’hui, les ministres du gouvernement de demain. […] Simon, il changea de fièvre : il devint le philosophe de la bourgeoisie, gardien sévère des convenances morales, de la religion et de la propriété. […] I, 1813, in-8 (devenu en 1852 Corneille et son temps, in-8). […] En 1832, il devint secrétaire perpétuel de l’Académie française, dont il était depuis 1821.Éditions : Cours de littérature française (Tableau de la litt.

1248. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XVII, l’Orestie. — les Euménides. »

Médecin des corps, Apollon devient bientôt le médecin des âmes qu’il tranquillise et réconcilie. […] » — Leurs invectives deviennent menaçantes ; elles crient à l’impiété et au sacrilège : on dirait qu’elles veulent mettre en interdit, par leurs anathèmes, le temple profané par son propre dieu. […] Les serpents mêmes de leur chevelure, devenus d’inoffensifs ornements, s’enroulent à leur front comme les torsades d’un diadème, ou se nouent en bracelets à leurs bras. […] De vagabonde qu’elle était, leur vindicte de grands chemins devient une magistrature assise, consacrée par le domicile d’un sanctuaire. […] Les épopées de l’Orient révélées, Homère mieux compris, Dante glorifié, Shakespeare découvert, Rabelais promu de la bouffonnerie la plus basse à la pensée la plus haute, et comme devenu Pan de simple Satyre qu’il était : ce sont là ses œuvres.

1249. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Edgar Allan Poe  »

Ce minutieux détaillement descriptif des choses et des personnes, appliqué à la représentation d’un état d’âme, devient la plus subtile analyse. […] Sous les mains du poète, toutes ces âmes, issues de la sienne, deviennent métalliques et machinales. […] Devenues, par ces propriétés extra-littéraires, inquiétantes et dures à lire, balancées exactement en leurs proportions, elles prennent le contour géométrique parfait d’un dessin linéaire. […] Dans A Hélen, que Poe adressa à Mme Whitman sur le point de devenir sa femme, la ferveur d’une adoration extasiée s’altère du récit d’une hallucination aussi étrange et cruelle que celle dans Bérénice, écrit treize ans auparavant. […] Les aptitudes rationnelles, réglant les autres, les empêchent de devenir chez leur auteur même des sources d’émotion.

1250. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre IV. Shakespeare l’ancien »

C’est là que la fourmilière du Pirée vient se faire Athènes ; c’est là que la multitude devient le public, en attendant que le public devienne le peuple. […] Eschyle devint sacré. […] Elle devient vraie et reste démesurée. […] Le papyrus, étant très cher, devint très rare. […] Essayez de l’ôter de la civilisation, vous devenez Égypte.

1251. (1830) Cours de philosophie positive : première et deuxième leçons « Deuxième leçon »

Elle consiste dans le défaut d’homogénéité qui a toujours existé jusqu’à ces derniers temps entre les différentes parties du système intellectuel, les unes étant successivement devenues positives, tandis que les autres restaient théologiques ou métaphysiques. […] Il était bien sensible néanmoins, pour quiconque eût bien connu la véritable situation de l’esprit humain, qu’une telle entreprise était prématurée, et qu’elle ne pourrait être tentée avec succès que lorsque toutes nos conceptions principales seraient devenues positives. (3) Cette condition fondamentale pouvant maintenant être regardée comme remplie, d’après les explications données dans la leçon précédente, il est dès lors possible de procéder à une disposition vraiment rationnelle et durable d’un système dont toutes les parties sont enfin devenues homogènes. […] Mais à mesure que la science fait des progrès, l’ordre historique d’exposition devient de plus en plus impraticable, par la trop longue suite d’intermédiaires qu’il obligerait l’esprit à parcourir ; tandis que l’ordre dogmatique devient de plus en plus possible, en même temps que nécessaire, parce que de nouvelles conceptions permettent de présenter les découvertes antérieures sous un point de vue plus direct. […] La partie concrète est nécessairement fondée sur la partie abstraite, et devient à son tour la base directe de toute la philosophie naturelle, en considérant, autant que possible, tous les phénomènes de l’univers comme géométriques ou comme mécaniques.

1252. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Première partie. De la parole et de la société » pp. 194-242

Je pense donc que l’homme aurait été arrêté d’abord par la création du substantif ; mais je ne crois pas, comme Smith, qu’il eût pu y suppléer par l’adjectif : le signe abstrait serait bientôt devenu le signe concret : le système de Smith ne fait donc que reculer la difficulté. […] Je vois comment Lutetia Parisiorum a pu devenir Paris, mais je ne vois pas comment existe le mot Lutetia. Je suis dans la même ignorance à l’égard de Lugdunum, et je ne comprends pas trop, en outre, comment Lugdunum a pu devenir Lyon. […] Quoique la Judée fût devenue une province romaine, les Romains négligèrent les livres des Juifs. Lorsque la langue grecque s’introduisit chez ces maîtres impitoyables du monde pour les polir, ils voulurent d’abord la repousser, parce qu’il leur eût mieux convenu de rester barbares : lorsque, plus tard, cette langue leur fut devenue familière, ils ne voulurent y puiser que les doctrines philosophiques.

1253. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Balzac » pp. 17-61

Ces pâles vampires des tables vertes de Windsor, qui ne suçaient pas le sang mais l’or qui devait entretenir leur luxe grandiose, élégants jusqu’à la chimère, cessèrent d’être hommes et devinrent des poupées terribles ; car elles avaient l’ironie, le sang-froid, l’audace, et un esprit mystificateur et cruel. […] Un ami du grand artiste qui n’est plus, par admiration pour son génie, par piété envers sa mémoire, est devenu l’éditeur de cette œuvre inachevée. […] Balzac, qui est devenu si sérieux, qui s’est épuré en montant, qui est devenu le calme et l’impartial observateur de La Comédie humaine et cette grande tête d’ordre et d’autorité que les désordonnés d’esprit nient encore comme ils nient l’ordre dans la nature, Balzac avait dans le sang, et plus que personne puisqu’il était un génie français, cette goutte de lait maternel, cette propension au rire, à la comédie, à la gaîté qui touche aux larmes, tant sa force épuise vite la nature humaine ! […] Les éditions, les éditions correctes, soignées dans le texte et hors le texte, deviennent aussi rares que les livres. […] Certainement, il y aura un moment où la lumière, entassée, deviendra fixe et complète.

1254. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

Qu’est-ce que tu deviendrais donc pour un malheur véritable ? […] D’acte en acte, on se sentait devenir meilleur. […] En un mot, Scapin est devenu Géronte. […] Il devient presque impossible d’être sombre ou méchant. […] Il prend un domestique voleur ; le domestique devient honnête.

1255. (1949) La vie littéraire. Cinquième série

il peut le devenir. […] Ils s’aigrissent, ils deviennent violents, injurieux. […] Et qui sait si Paul Verlaine, sous la bure, ne serait pas devenu un grand saint, comme il est devenu parmi nous un grand poète. […] C’est un prêtre qui veut devenir un dieu. […] Ce chartreux était devenu un doux jacobin.

1256. (1930) Les livres du Temps. Troisième série pp. 1-288

Dumas père devient le modèle des historiens et des critiques. […] Les fées devinrent l’interprétation animiste du hasard et du destin. […] C’est lorsqu’il ne le fait pas exprès qu’il devient dangereux. […] « Elle veut, elle croit devenir ton épouse !  […] Ils devinrent de très chers amis.

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