Un doute vous reste sur la moralité de ce châtiment : on se demande si celui qui l’inflige n’était pas justement le seul qui dût s’abstenir. […] Malheur à qui tombe dans ses froides mains, à qui lui demande ce qu’elle ne peut rendre, un sentiment vrai et sincère ! […] C’est la comparse de la troupe ; on se demande pourquoi le poète l’a choisie. […] On se demande comment ce bronze pur s’est si vite changé en papier mâché. […] L’émotion produite, on peut se demander si ce coup de foudre ne détonne pas en tombant sur un raout de cocottes.
Je marche un assez long temps derrière elle, puis ramassant tout mon courage, je la dépasse, reviens sur elle, la salue très émotionné, et, après quelques mots vagues et balbutiants, lui demande la permission de lui écrire. […] je ne vous demande pas de sacrifice. — C’est vrai, on ne demande de sacrifice qu’à ceux qu’on aime. […] Nous demandons à nos maîtresses d’être à la fois des honnêtes femmes et des coquines. […] Passy, qui avait la chambre à côté de lui, se demande si son père est devenu fou, et ce qu’il a à parler ainsi, tout haut et tout seul, de minuit à cinq heures du matin.
Je demande seulement comme une grâce à mon lecteur de demain, qu’au lieu et place de « Kistemaeckers, Bruxelles, 1884 », il veuille bien s’imaginer lire, sur la couverture du volume, le titre de la première édition : PARIS chez dumineray, éditeur , rue richelieu, 52. […] Vivant au xixe siècle, dans un temps de suffrage universel, de démocratie, de libéralisme, nous nous sommes demandé si ce qu’on appelle « les basses classes » n’avait pas droit au Roman ; si ce monde sous un monde, le peuple, devait rester sous le coup de l’interdit littéraire et des dédains d’auteurs, qui ont fait jusqu’ici le silence sur l’âme et le cœur qu’il peut avoir. Nous nous sommes demandé s’il y avait encore pour l’écrivain et pour le lecteur, en ces années d’égalité où nous sommes, des classes indignes, des malheurs trop bas, des drames trop mal embouchés, des catastrophes d’une terreur trop peu noble. […] Un jeune homme ouvre le guichet, me demande le nom, l’âge… couvre d’écritures, pendant un quart d’heure, une dizaine de feuilles de papier, qui ont en tête une image religieuse. […] » Et la mère ajoute : « L’enfant demande-t-il quelquefois après moi ?
Vers février 1795, Sieyès, qui pensait à reprendre avec un de ses amis, Duhamel, le Journal de l’instruction sociale conçu deux années auparavant en tiers avec Condorcet, avait demandé à Roederer sa collaboration pour l’économie politique, et celui-ci avait promis. […] Vous aviez grande raison en principe, mais vous étiez en erreur de fait ; car je faisais ce que vous demandiez que je fisse. » — L’article auquel Bonaparte faisait allusion, et qui était dans le Journal de Paris du 25 juillet 1796, avait pour but de signaler le grand changement survenu dans les rapports du gouvernement et des généraux. […] Bonaparte, avec ce sens direct qu’il portait à tout, dit qu’il ne croyait pas que nous dussions une seule idée aux signes, que nous avions celles que notre organisation nous procurait et pas une de plus : « Si on ne peut avoir d’idées que par les signes, demandait-il, comment a-t-on eu l’idée des signes ? […] Quand Bonaparte me demanda si je ne voyais pas de grandes difficultés à ce que la chose se fît, je répondis : « Ce que je crois difficile, même impossible, c’est qu’elle ne se fasse pas ; car elle est aux trois quarts faite. » Les moyens de l’exécution importaient beaucoup. […] — Un de mes amis me demandait ce soir (6 janvier 1802) comment je ne craignais pas de louer publiquement le premier consul et de déprimer si hautement ses ennemis.
Ceux qui étaient auprès du roi, ou pour faire plaisir au marquis de Villars, ou pour approcher de la vérité, estimaient que cette dépense pouvait monter à quarante ou cinquante mille livres. « Messieurs, leur dit-il, il ne m’en a pas coûté une pistole. » Le roi, surpris de la réponse, lui en demanda l’explication. « Sire, répondit Villars, pour être magnifique, il faut être économe et se servir de son esprit. » Le courtisan ne savait à quoi ce préliminaire allait conduire, lorsque Villars ajouta : « Sire, lorsque mon équipage est parti, la réforme de votre cavalerie se faisait. […] Sire, je vous demande, pour récompense de quarante-six années de service en qualité d’officier dans votre cavalerie, de vous faire informer, par M. de Villars, si ce jour-là je vous ai assez rendu de services pour mériter la grâce de me faire lieutenant-général. Comme je ne doute pas que ce brave homme ne vous dise la vérité lorsque vous lui ferez demander, j’espère, Sire, que vous aurez autant d’estime pour moi qu’il m’a prouvé d’amitié. […] Je n’ai ni brigue ni patron à la Cour, Sire ; c’est pourquoi je demande encore à Votre Majesté, avec instance, de se faire informer si j’ai bonne part à la victoire que vous avez remportée contre vos ennemis. […] On saisit bien la nuance et le degré du tort où Villars put être à l’égard de M. de Magnac ; il le nomme, il lui rend aussi, justice : mais il ne va pas sur son compte au-devant de l’entière et éclatante vérité : seulement, si on la lui demande, il la dira.
La saveur s’en augmentant pour eux avec les années, ils se demandaient s’il ne serait pas intéressant de les recueillir et d’en faire un volume à l’usage des bons esprits qui savent goûter le sobre et le fin. […] L’ayant rencontré dans une maison tierce, il lui demanda la permission de les lui porter : « Non, non, lui répondit sir Charles, je ne reçois personne chez moi, et quand vous voudrez me voir, vous me trouverez tous les jours ici de deux à quatre heures ; mais, ajouta-t-il, si je ne puis vous recevoir, je vous serai utile d’une autre manière, en vous faisant connaître le terrain sur lequel vous vous trouvez. » Et sur ce, il passa en revue avec son interlocuteur tous les botanistes anglais, lui peignant le caractère de chacun avec une exactitude que celui-ci eut bientôt l’occasion de vérifier, lui indiquant les moyens d’être bien reçu de tous et de n’en choquer aucun. […] Un jour deux de ses confrères de l’Institut, Letronne et Gail, se trouvant à proximité de son habitation, et sentant leur estomac qui parlait, eurent l’idée de le voir, de lui demander rafraîchissement et réconfort ; il fit dire qu’il n’y était pas. […] demandera-t-on. — A bien peu sans doute, à glisser une aménité au milieu d’un sujet aride, à se dérider et à sourire entre gens instruits, et qui ont leur jeu de honchets à leur manière. […] Si l’on me demandait quelle est l’œuvre marquante de M.
Je demande, très-humblement, à un grand écrivain la permission de courir un moment ici sur ses terres, et d’y recueillir, s’il se peut, quelques épaves échappées de ses mains, dans le voyage charmant où il convie ses lecteurs, à travers le xviie siècle. […] Je la trouve à chaque ligne dans une lettre adressée, en 1667, à M. de Lionne, qui, désirant ménager son retour, lui avait demandé d’écrire une sorte d’apologie qu’il pût montrer au roi. […] Il lui demande plus de vérité, de vraisemblance historique, d’observer le caractère des nations, de tenir compte du génie des lieux et des temps : peu s’en faut qu’il ne réclame en propres termes un peu de couleur locale. […] Une des pièces les plus intéressantes qu’il nous ait laissées et des plus délicates (pour employer une de ses expressions favorites), la principale peut-être aux yeux du biographe et comme offrant l’expression entière de sa nature, c’est sa lettre à l’un de ses anciens amis restés des plus affectionnés et des plus fidèles, le maréchal de Créqui, qui lui avait demandé en quelle situation était son esprit, et ce qu’il pensait de toutes choses dans sa vieillesse. […] Ses relations avec la duchesse de Mazarin demanderaient à être traitées à part et d’une plume légère.
Il ne s’était jamais adressé qu’au roi pour tout ce qu’il avait obtenu de lui, et avait pris sur son esprit un ascendant qui le faisait réussir dans tout ce qu’il lui demandait, et qui même l’en faisait craindre. […] Lemonnier, que je vis, me dit qu’il espérait, comme tout le monde, que la fièvre du roi cesserait dans la nuit, mais que son affaissement lui faisait craindre que non, et qu’alors le lendemain matin il lui demanderait du secours et de choisir un renfort de médecins. […] Lemonnier, suivant son projet de la veille, avait demandé au roi du secours, et l’avait prié de choisir ceux des médecins qu’il désirait appeler en consultation. […] J’étais le plus jeune, et, outre le peu de désir que j’avais de parler, ma jeunesse m’interdisait de donner mon avis sans qu’on me le demandât. […] On parlait déjà, quoique vaguement, des sacrements dans tout le château ; on disait que le roi, qui avait tant de religion, allait les demander dès qu’il se verrait bien malade, ce qui ne pourrait pas manquer d’arriver bientôt.
Un chevalier toutes les nuits vient regarder la dame accoudée à sa fenêtre : elle a un vieux mari qui s’inquiète, et lui demande ce qu’elle fait ainsi ; elle répond qu’elle vient entendre le chant du rossignol, et le brutal fait tuer le doux chanteur : la dame envoie le petit corps de l’oiseau à son ami, qui le garde dans une boite d’or : et c’est tout. […] Ce sont là quelques-uns des lais que nous dit Marie de France54, de sa voix grêle, si simplement, si placidement, qu’on peut se demander si elle se doutait de l’originale impression qu’elle nous fait ressentir. […] Tristan était venu demander la main d’Yseult pour son oncle le roi March, et ramenait la blonde fiancée, quand une funeste erreur leur fait boire à tous deux le philtre que la prudente mère d’Yseult avait préparé pour attacher à jamais le roi March à sa fille. […] Ne lui demandez pas ce que c’est que ces pays d’où l’on ne revient pas, ces ponts tranchants comme l’épée, ces chevaliers qui emmènent les femmes ou les filles, et retiennent tous ceux qui entrent en leurs châteaux, cette loi de ces étranges lieux, que si l’un une fois en sort, tout le monde en sort ; ce sont terres féodales et coutumes singulières ; s’il ne croit pas à leur réalité — comme il se peut faire. — ce sont fictions pures, dont il s’amuse et nous veut amuser. […] Or, un jour, Perceval voyait dans un château un roi blessé, une épée sanglante, et un plat, ou Graal : s’il avait demandé ce qu’étaient l’épée et le plat, le roi blessé était guéri — et nous saurions si Chrétien attachait un sens aux fantastiques images qu’il nous présente.
Ceux qui demandent à l’historien la science universelle, veulent une histoire pour leurs prétentions plutôt que pour leurs besoins. […] Je suppose un lecteur qui connaît en gros les principaux traits de cette époque : l’œuvre de Richelieu attaquée et près de périr ; un parlement qui veut régir l’État et ne rend pas la justice ; un Condé, un Turenne menant les armées étrangères contre la France ; des finances mises au pillage ; un premier réparateur, l’Italien Mazarin, plus Français que les Français de la Fronde, mais qui se paye de ses services par des mains qui prennent tout ; que va-t-il demander à l’historien de cette époque ? Ce que Voltaire s’est demandé à lui-même, avant d’écrire son chapitre : Comment la France s’en tirera-t-elle ? […] Je me suis demandé pourquoi nous aimons tant ces friandises que d’autres ont mangées ; le motif nous fait honneur : c’est notre tendresse à la louange et notre désir de la mériter. […] Il est poussé sur une pente si glissante, et s’y retenir demande tant de vertu !
Ses Salons, parmi beaucoup de critiques justes et piquantes, ont le défaut de confondre les limites des arts, et de demander à la palette et au ciseau ce qu’il faut laisser à la plume. […] Type du décousu, de la témérité, se permettant tout, même la raison et la vérité, agité de tous les souffles du temps, sans lest, point incapable du bien, pourvu qu’il n’y fallût que le premier mouvement, faisant le mal avec l’étourderie de l’enfant qui lapide une statue, il y aurait autant de duperie à l’admirer qu’à lui demander, comme la Harpe, au nom de la religion, de la morale et du goût, un compte pédantesque de tous ses paradoxes. […] J’aurais été de ceux qui demandaient à l’auteur, au temps de la grande faveur de Paul et Virginie, s’il était vrai que ce couple charmant eût fait une si cruelle fin. Je le demande encore, et, vraie ou non, je ne suis pas près de m’en consoler. […] Bien lui a pris de la demander à un petit livre moins ambitieux, où il n’a rien mis de ses systèmes où, ce qu’il a rêvé est si supérieur à ce qu’il a pensé.
je vous le demande, qu’est-ce que cela nous faisait à tous que ces hommes vécussent ? […] Le supplicié, se voyant seul sur l’échafaud, s’était redressé sur la planche, et là, debout, effroyable, ruisselant de sang, soutenant sa tête à demi coupée qui pendait sur son épaule, il demandait avec de faibles cris qu’on vînt le détacher. […] Que les gens du roi ne viennent donc plus nous demander des têtes, à nous jurés, à nous hommes, en nous adjurant d’une voix caressante au nom de la société à protéger, de la vindicte publique à assurer, des exemples à faire. […] Nous ne demandons cependant pas pour le moment une brusque et complète abolition de la peine de mort, comme celle où s’était si étourdiment engagée la Chambre des députés. […] Mais, indépendamment des abolitions partielles pour le cas de fausse monnaie, d’incendie, de vols qualifiés, etc., nous demandons que dès à présent, dans toutes les affaires capitales, le président soit tenu de poser au jury cette question : L’accusé a-t-il agi par passion ou par intérêt ?
Sans doute, je me suis demandé ce matin : Que sera-t-il de moi lorsqu’une nouvelle année viendra remplacer celle-ci ? […] Un jeune gradé, chargé en novembre 1914, de l’instruction des Marie-Louise, normands et bretons, à la caserne de Saint-Lô, leur demande de faire la page d’écriture habituelle. […] Une minute encore ; jamais nous n’aurons de ces jeunes morts trop d’esquisses, recueillons de celui-ci huit lignes rapides, un portrait moral, que je demande qu’à l’étranger on retienne comme le portrait type du jeune Français. […] Une heure grave arrive… il faudra marcher à la baïonnette… Si j’y reste, je demande une chose, c’est que le peu de forces consacrées qui était en moi puisse rejaillir sur ceux que j’ai aimés et qui m’ont aimé, sur tous mes compagnons d’idéal et de labeur. […] La fille du Juge dans l’Écriture disait : « Nous vous demandons quinze jours pour pleurer notre jeunesse ».
Ils demandèrent seulement connubia patrum, c’est-à-dire la faculté de contracter les mariages solennels, tels que ceux des pères. […] Demander le droit des mariages, c’était donc demander le droit de cité, dont ils étaient le principe naturel ; cela est si vrai, que le jurisconsulte Modestinus définit le mariage de la manière suivante : omnis divini et humani juris communicatio . […] Jusqu’à son temps74, les voyageurs qui se rencontraient sur terre ou sur mer, se demandaient réciproquement s’ils n’étaient point des brigands ou des pirates, en prenant sans doute ce mot dans le sens d’étrangers. […] Achille est-il juste quand Hector lui demande la sépulture en cas qu’il périsse, et que, sans réfléchir au sort commun de l’humanité, il répond durement : Quel accord entre l’homme et le lion, entre le loup et l’agneau ? […] En lisant l’histoire romaine, un lecteur raisonnable doit se demander avec étonnement que pouvait être cette vertu si vantée des Romains avec un orgueil si tyrannique ?
Quinze ans plus tard (1576), exposant encore les demandes diverses des huguenots et de plusieurs catholiques confédérés, il se complaira à développer celles du vicomte de Ventadour, « tout à fait généreuses, dit-il, et qui n’avaient pour but que le bien public dont tous les autres ne parlaient point. […] On sait la célèbre réponse du premier président Achille de Harlay au duc de Guise, qui lui vient demander son concours dès le soir même du triomphe des Barricades : « C’est grand pitié quand le valet chasse le maître, etc. » Faisant quelque mention de cette réponse, Mézeray ajoute : Toutefois ceux-là sont plus croyables qui racontent que ce sage magistrat, usant d’un procédé plus convenable à un temps si dangereux, écouta patiemment ses excuses et les offres qu’il lui fit pour le maintien de la justice, le remercia de la bonne intention qu’il lui témoignait de ne s’éloigner jamais du service du roi, et l’exhorta de la confirmer par de bons effets, afin de rejeter tout le blâme de cette journée sur le front de ses ennemis. […] C’est ainsi qu’après l’assassinat de Blois, Mézeray paraît douter que Henri III, du moment que Guise est par terre, « soit sorti de son cabinet l’épée à la main comme victorieux, qu’il lui ait mis le pied sur le front ; que, revenant par deux ou trois fois et faisant lever la couverture pour voir s’il ne respirait point encore, il ait demandé aux uns et aux autres s’il était mort. […] » On demanda la suppression de cet étrange axiome plus digne d’une Chambre royale de justice que de l’Académie. […] Il avait demandé à ce ministre de quoi subvenir aux frais de réimpression de son Histoire ou de l’Abrégé qu’il en voulait faire ; Mazarin le lui avait promis, et de plus l’avait fait porter sur l’état de la maison du roi pour une pension de douze cents livres.
Beyle, au fond, est un esprit aristocratique : un jour, à la vue des élections, il s’était demandé si cette habitude électorale n’allait pas nous obliger à faire la cour aux dernières classes comme en Amérique : « En ce cas, s’écrie-t-il, je deviens bien vite aristocrate. […] Il se demandait s’il pourrait intituler ce recueil : « Historiettes romaines, fidèlement traduites des récits écrits par les contemporains, de 1400 à 1650. » Son scrupule (car il en avait comme puriste) était de savoir si l’on pouvait dire historiette d’un récit tragique. […] S’il fallait discuter la vraisemblance de l’action dans le roman, on pourrait se demander comment il se fait que cet accident de grande route ait une si singulière influence sur la destinée future de Fabrice ; on demanderait pourquoi celui-ci, ami (ou qui peut se croire tel) du prince de Parme et de son Premier ministre, coadjuteur et très en crédit dans ce petit État, prend la fuite comme un malfaiteur, parce qu’il lui est arrivé de tuer devant témoins, en se défendant, un comédien de bas étage qui l’a menacé et attaqué le premier. […] Quand on a lu cela, on revient tout naturellement, ce me semble, en fait de compositions romanesques, au genre français, ou du moins à un genre qui soit large et plein dans sa veine ; on demande une part de raison, d’émotion saine, et une simplicité véritable telle que l’offrent l’histoire des Fiancés de Manzoni, tout bon roman de Walter Scott, ou une adorable et vraiment simple nouvelle de Xavier de Maistre.
Daru, j’ai cherché à me bien rendre compte et de la nature et du détail même de certaines de ses fonctions, soit dans leur partie obéissante et passive, de pure exactitude, soit dans leur portion mobile et indéterminée où l’exécution même demandait un degré d’initiative et des combinaisons qui se renouvelaient sans cesse : je voulais ensuite rendre à mes lecteurs, dans une page générale et pourtant précise, l’impression que j’aurais reçue de cette analyse première. […] Ces multitudes d’hommes dévoués, qui ont fait d’avance à leur pays le sacrifice de leur sang et de leur vie, ne lui demandent que leurs besoins physiques, mais ils les demandent impérieusement. […] Daru prescrivait aux intendants sous ses ordres d’envoyer au Jardin des plantes de Paris les catalogues du Jardin de Berlin et des plantes de la Poméranie, avec des échantillons de graines ; il en adressait aussi qui lui avaient été demandés pour le parc de la Malmaison, et, dans une lettre à l’impératrice Joséphine, il terminait cet envoi par des vers gracieux : L’humble ruisseau de Malmaison Roulait paisiblement ses ondes fortunées, Lorsque de belles mains, au sceptre destinées, Prirent soin d’embellir son modeste vallon, etc. […] au moment où je vais commencer une scène, une danseuse vient me demander un pantalon, des souliers brodés ou une jupe de crêpe, quoique nos règlements proscrivent le crêpe ; un chanteur me fait dire qu’il est enrhumé, et il faut aller le flatter ou le menacer, si je ne veux pas que Paris manque d’opéra.
Et M. de Rémusat, mûr dès la jeunesse, et Ampère, mobile d’humeur,« changeant comme avril » et Albert Stapfer, l’élève de Guizot, passé plus tard à Carrel ; et Sautelet au visage jeune, au front dépouillé qui attendait la balle mortelle ; et Duvergier de Hauranne, esprit net, perçant, ardent alors à toute question littéraire (je suis toujours tenté de lui demander grâce en politique au nom des amitiés de ce temps-là) ; et Artaud, jeune professeur destitué et promettant un littérateur ; et Guizard plus intelligent et plus discutant que disert, et Vitet dont le nom dit tout, et l’ironique et bon Dittmer, le demi-auteur des Soirées de Neuilly, si supérieur à Cavé ; et Dubois, du Globe si excité, si excitant, qui a commencé tant d’idées et qui, en causant, n’a jamais su finir une phrase ; et Paul-Louis Courier, aux cheveux négligés, qui apparaissait par instants comme un Grec sauvage et un chevrier de l’Attique, — large rire, rictus de satyre, et qui avait du miel aux lèvres ; — et Mérimée, dont M. […] Il appelait l’alexandrin un cache-sottise ; il demandait pourquoi le vers français se vante de n’admettre que le tiers des mots de la langue, tandis que les vers anglais peuvent tout dire. […] Étienne avait quarante-deux ans, il n’était pas marié ; il se demandait s’il ne se marierait pas. […] Il n’oubliait dans tout cela qu’une seule chose, de se demander si Mlle Amélie voudrait bien. […] Il se faisait à lui-même les demandes et les réponses.
J’ai bien regretté cependant de ne pouvoir y transporter l’Ombre terrible qui expose le crime et demande vengeance. […] Ne lui en demandez pas davantage. […] J’ai affaire à une nation qui demande bien des ménagements quand on veut la conduire par les routes sanglantes de la terreur. […] Ce genre de tableau demande les pinceaux de Racine, et que je suis loin de ce grand écrivain ! […] On a le droit de se le demander quand on a vu de près les tourments et les défaillances de ce futur instituteur du genre humain.
Je demandai au messager si Sa Majesté Chinoise lui avait remis quelque chose pour mes frais de voyage. […] Ma santé n’est pas assez bonne pour entreprendre un si long voyage, sans compter qu’outre que je suis malade je suis fort dépourvu d’argent, et, empereur pour empereur, et monarque pour monarque, j’ai à Naples le grand comte de Lemos qui, sans me parler de tous ces jolis petits titres de collèges et de rectorats, pourvoit à ma subsistance et me fait plus de grâces que je n’ose moi-même en demander. »10 Il annonçait, à son noble patron, en finissant, la prochaine publication d’un ouvrage auquel il était en train de mettre la dernière main, son roman de Persilès et Sigismonde, « qui doit être, disait-il, ou le plus mauvais ou le meilleur livre qui ait jamais été composé dans notre langue, j’entends de ceux de pur amusement. […] Est-il, je le demande, en tout Don Quichotte, un récit plus vif, une page qui soit mieux enlevée que celle-là ? […] Boileau, pendant un séjour aux eaux de Bourbon, où il cherchait à se guérir d’une extinction de voix, écrivait à Racine (9 août 1687) : « Je m’efforce de traîner ici ma misérable vie du mieux que je puis, avec un abbé très-honnête homme qui est trésorier d’une sainte chapelle, mon médecin et mon apothicaire : je passe le temps avec eux à peu près comme Don Quichotte le passait en un lugar de la Mancha, avec son curé, son barbier et le bachelier Samson Carrasco ; j’ai aussi une servante : il me manque une nièce ; mais de tous ces gens-là, celui qui joue le mieux son personnage, c’est moi qui suis presque aussi fou que lui… » Les poëtes français du grand siècle, en s’écrivant avec une bonhomie qui a certes bien son prix, n’ont aucune vue critique, aucun de ces aperçus littéraires qu’on serait tenté de leur demander. […] On a pu faire, en 1791, une brochure sur l’autorité de Rabelais dans la Révolution présente et demander des vérités hardies, des armes de circonstance à son Pantagruel et à son Gargantua.
. — La reine, en ces commencements du règne, prise à partie par son frère Joseph qui ne demandait qu’à la conseiller, et questionnée par lui sur les qualités et défauts de son époux, lui répondait (27 juin 1774) : « Vous voulez, pour m’en dire davantage, que j’entre dans des détails particuliers et confidentiels, et à cœur ouvert, sur le caractère du roi : c’est quelque chose de bien délicat à écrire. […] Elle est ici à mes côtés qui ne demanderait qu’à me tendre ses petits bras et à me sourire. […] Necker refusa et devait refuser ; touché des avances et des instances de l’ambassadeur, il lui répondait très sensément : « L’animadversion est au comble, et je vous demanderais comme mon ami de me retenir, si le désir de me rapprocher de Leurs Majestés et de travailler au bien public me rendait faible un moment ; car je serais sans force et sans moyens si j’étais associé avec une personne malheureusement perdue dans l’opinion, et à qui l’on croit encore néanmoins le plus grand crédit. » Dès ce moment, c’est la reine qui semble tenir le gouvernail, ce n’est plus le personnage d’au-dessus dont elle parlait tout à l’heure, ce n’est plus Louis XVI, qui n’a plus pour rôle que de céder sans cesse et qui se fait prophète de malheur en cédant. […] Et puis toutes les grandes dames de ce temps, les plus honnêtes et les plus vertueuses, avaient dans leur bibliothèque ces livres en vogue, ces romans à la mode qui nous paraissent aujourd’hui scandaleux et qui alors ne produisaient pas cet effet. » — De son côté, le bibliophile Paul Lacroix, qui a publié le catalogue des livres du Petit-Trianon, et qui a mis en tête une préface sous forme de lettre adressée à Jules Janin, ne dit pas autre chose : « Car pour être reine, on n’en est pas moins femme, et les femmes, avant la Révolution, ne lisaient guère que des romans, des poésies et des pièces de théâtre. » Si tout le monde est à peu près d’accord, on se demande pourquoi donc tout ce bruit et cette querelle. C’est ce qu’on pourrait souvent se demander six mois après bien des querelles. — Et puis (car il faut tout voir) on s’est peut-être fait après coup un peu plus inoffensif d’intention et plus candide qu’on ne l’était dans le principe.
Le maréchal de Noailles, commandant à la frontière du Nord, a obtenu du roi la liberté de lui écrire directement sur les affaires militaires : il lui demande la même permission pour la politique en général : « Il est presque impossible, écrit-il au roi, de former aucun plan particulier avec solidité, sans embrasser le tout. […] Je garderai le secret que vous m’en demandez ; mais le tout est déjà public, et peut-être même plus enflé qu’il n’est, car vous savez qu’en ce pays l’on y va fort vite, soit d’une façon, soit d’une autre. […] Il demande un acte de sévérité contre le maréchal et contre son frère, l’abbé de Broglie, qui ne fait qu’un avec lui ; il a grand’peine à arracher du roi un léger exil. […] Et encore, à la date du 16 août : « Je sens bien l’impossibilité de rien entreprendre de cette campagne, vu notre faiblesse ; mais je vous réponds que j’apporterai tous mes soins pour que tout soit réparé de bonne heure, et que je puisse avoir la consolation de réjouir de bonne heure (au printemps prochain) les dames de Mons… » Ne demandons pas à la plume de Louis XV l’élégance ; il se rencontre ici du moins une petite vivacité. […] Ce sont des dictons, des proverbes : Nécessité n’a pas de loi… Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée… À la bonne heure lui prit la pluie… On se demande où ce jeune homme né sur le trône a pris cette quantité de locutions populaires, vulgaires, même surannées (du depuis pour depuis) ; on sent qu’il a dû beaucoup commérer avec sa domesticité et avec les gens de service.
Demandez à M. et à Mme de Noailles, en l’exigeant même, sur tous les cas, ce que, comme étrangère et voulant absolument plaire à la nation, vous devrez faire, et qu’ils vous disent sincèrement s’il y a quelque chose à corriger dans votre maintien, dans vos discours, ou autres points. […] Dans mes États et dans l’Empire vous ne sauriez vous refuser à accepter des placets, mais vous les donnerez tous à Starhemberg… Depuis Strasbourg vous n’accepterez plus rien, sans en demander l’avis de M. ou de Mme de Noailles, et vous renverrez à eux tous ceux qui vous parleront de vos affaires, on leur disant honnêtement qu’étant vous-même étrangère, vous ne sauriez vous charger de recommander quelqu’un au roi. Si vous voulez, vous pouvez ajouter, pour rendre la chose plus énergique : « L’impératrice, ma mère, m’a expressément défendu de me charger d’aucune recommandation. » N’ayez point de honte de demander conseil à tout le monde et ne faites rien de votre propre tête… » Et en ce qui est des correspondances que peut entretenir la dauphine et des précautions à y apporter, les conseils ne sont pas moins sages, pleins de réserve et de restrictions. […] A un moment, l’abbé demande à M. de Mercy d’être relevé de sa résidence habituelle à la suite de la Cour ; il allègue ses ennuis, ses dégoûts, et paraît résolu à se retirer (14 août 1773) : « Je suis devenu inutile à Mme la dauphine. […] Ainsi, en juin 1777 : « Hier au moment où j’ai quitté la reine, elle m’a demandé quand je reviendrais ; j’ai répondu : « Environ dans un mois, selon mes affaires et ma santé. » S.
Je ferai donc de lui, sans plus de façon, une espèce de Camille Desmoulins du romantisme (ne demandez à ma comparaison qu’un à-peu-près), hasardeux, téméraire, immodéré à plaisir et même dévergondé de plume comme l’autre, — dévergondé de sang-froid, j’en ai peur, affectant comme par gageure plus d’un terme sans-culotte, mais extrêmement spirituel, et qui plus est (tous l’affirment) très-bon compagnon. […] La Remontrance du poëte captif au conseiller du parlement M. de Vertamont, qui était son juge, appelle l’intérêt par la situation et par quelques tons de fraîcheur ; il décrit à ce magistrat le retour du printemps deviné à travers ses barreaux, et il demande la clef des champs, que la nature en cette saison accorde à toute créature ; aujourd’hui, dit-il : Que l’oiseau, de qui les glaçons Avoient enfermé les chansons Dans la poitrine refroidie, Trouve la clef de son gosier Et promène sa mélodie Sur le myrte et sur le rosier… Cela fait ressouvenir de ces autres vers d’un poëte prisonnier : Soleil si doux au déclin de l’automne, Arbres jaunis, je viens vous voir encor ! […] Je demande si c’est là offrir une pièce dans sa teneur, si ce n’est pas la composer en partie. […] En ce qui est de Malherbe, on se demande comment M. […] Je n’ose demander à M.