Moi, je ne connais les hommes que comme Horace et tous les moralistes les ont connus. […] Ces travaux d’outre-Rhin, et qui se poursuivaient avec tant de patience et d’ardeur, transpiraient peu parmi nous, et les noms de leurs auteurs n’étaient même pas connus de la majorité des hommes réputés instruits de notre pays. […] Renan en détache un seul ; et véritablement, tel qu’il me semble le connaître, je ne me figure pas qu’il l’ait espéré ni qu’il le désire3. […] Aux esprits que le surnaturel n’étonne pas et ne repousse pas, il paraîtra toujours plus facile et plus simple de croire à ce qui est transmis et enseigné par la tradition, que d’entrer dans l’explication tout historique et nécessairement laborieuse d’un passé si imparfaitement connu. […] Ceux qui ont l’honneur de connaître M.
Il eut affaire successivement à deux ministres, M. de Boynes, qui dirigea en dernier lieu la marine sous Louis xv, et à M. de Sortine, qu’il nous fait bien connaître. […] On apprend par le récit détaillé de cette intrigue à mieux connaître les mœurs du gouvernement sous Louis xvi, et cette douceur de civilisation qui suppléait souvent au manque de principes et de doctrines. […] Dans les deux ou trois années passées à Paris depuis son retour de Saint-Domingue, Malouet avait beaucoup vu de gens de lettres en renom : il connaissait d’Alembert, Diderot, Condorcet ; il se lia intimement avec l’abbé Raynal, très curieux et avide de tout ce qui intéressait le commerce et l’histoire des colonies : mieux que personne il saura nous le montrer au naturel. […] Les voyages de Malouet, même avant d’être publiés, étaient connus ; il les racontait volontiers. […] On sait la touchante histoire de Montesquieu à Marseille, délivrant, sans se faire connaître, le père du jeune batelier Robert, esclave à Tétouan : Malouet a une histoire toute pareille et à faire le pendant de celle de Montesquieu dans la Morale en action.
Et enfin Commynes, qui démêle les vraies raisons, même dans l’héroïsme, remarque que les meilleurs archers sont ceux qui n’ont rien vu, qui n’ont pas vu encore le fer de l’ennemi (nous dirions le feu), parce qu’ils ne connaissent pas le péril. […] Il en a connu des uns et des autres ; il a horreur des rois bêtes, incapables de conseil ; de ces princes « qui n’ont jamais doute ni crainte de leurs ennemis, et qui le tiendroient à honte ». […] « Entre tous ceux que j’ai jamais connus, dit Commynes, le plus sage pour se tirer d’un mauvais pas en temps d’adversité, c’étoit le roi Louis XI, notre maître, et le plus humble en paroles et en habits. » Et il nous initie au procédé de Louis XI, à sa manière de gagner les gens, de les pratiquer, de ne se point rebuter d’un premier refus. […] Ces idées de Commynes purent ne lui venir à lui-même qu’après la mort de son maître, quand il eut connu à son tour l’adversité, l’oppression, et qu’il eut pu vérifier par expérience sa maxime : « Les plus grands maux viennent volontiers des plus forts ; car les faibles ne cherchent que patience. » Mais, quelle que soit leur date dans la vie de Commynes, les idées qu’on vient de voir donnent la mesure de l’étendue de son horizon. […] Commynes justifie tout à fait pour moi le mot de Vauvenargues : « Les vrais politiques connaissent mieux les hommes que ceux qui font métier de philosophie : je veux dire qu’ils sont plus vrais philosophes. » Mais, pour cela, il faut que ce soient de vrais politiques en effet, et il en est peu qui justifient ce titre à l’égal de Commynes.
Ces lectures, dans lesquelles devait entrer le moins de critique possible, le strict nécessaire seulement en fait de commentaires, et où l’on devait surtout éviter de paraître professer, avaient pour objet de répandre le goût des choses de l’esprit, de faire connaître par extraits les chefs-d’œuvre de notre littérature, et d’instruire insensiblement les auditeurs en les amusant. […] On ne peut tout lire, sans doute, de chaque auteur ; il n’est besoin que d’en lire assez pour bien marquer le sens de sa manière et donner, à l’auditeur qui sort de là, l’envie d’en savoir plus en recourant à l’original : mais il faut, à la rigueur, lui en avoir déjà offert et servi un assez ample choix, pour que, même sans aller s’informer au-delà, il en garde un souvenir propre, et qu’il attache à chaque nom connu une idée précisé. […] J’analysais et je donnais les principales scènes, de manière à pouvoir faire connaître, chaque fois, toute une pièce. — L’effet a toujours été très grand. […] Les personnes qui ont le mieux connu Napoléon ont remarqué que, dans cette éducation littéraire rapide qu’il dut s’improviser à lui-même quand il eut pris possession de la puissance, il commença par préférer hautement Corneille ; il n’en vint que plus tard à goûter Racine, mais il y vint. […] Les Vies de Plutarque fourniraient également un moyen de faire connaître de l’Antiquité ce qui est indispensable.
Franklin savait le français depuis longtemps ; il s’était mis à l’apprendre dès 1733, et lisait très bien les livres écrits en notre langue ; mais il la parlait avec difficulté, et ç’avait été un obstacle à ce qu’il connût mieux la société française dans ses voyages de 1767 et de 1769. […] Il est probable qu’il connaissait assez peu Voltaire dans toutes ses œuvres, et qu’il le prenait seulement comme un apôtre et un propagateur de la tolérance. […] Ses amis plus particuliers étaient, parmi les personnages connus, Turgot, le bon duc de La Rochefoucauld, Lavoisier, le monde de Mme Helvétius à Auteuil, l’abbé Morellet, Cabanis, etc. […] Par l’argument qu’il contient contre une Providence particulière, quoique vous accordiez une Providence générale) vous sapez les fondements de toute religion : car, sans la croyance à une Providence qui connaît, surveille et guide, et peut favoriser quelques-uns en particulier, il n’y a aucun motif pour adorer une Divinité, pour craindre de lui déplaire ou pour implorer sa protection. […] La dernière pensée de Franklin en eût été couverte d’un voile funèbre, et son âme sereine, avant de renaître selon son espérance, eût connu dans un jour toute l’amertume.
Parmi les plantes cultivées, chacune des rares variétés connues, qui portent régulièrement des fleurs ou des fruits de formes différentes, est due à une modification soudaine. […] Il arrive même souvent qu’une forme est considérée comme variété d’une autre, non parce que les liens intermédiaires sont actuellement connus, mais parce que l’analogie conduit l’observateur à supposer, ou qu’ils existent quelque part, ou qu’ils peuvent avoir existé jadis : une large porte s’ouvre alors aux doutes et aux conjectures. […] Il faut même, en beaucoup de cas, décider à la pluralité des voix entre les avis opposés ; car il est peu de variétés bien marquées et bien connues qui n’aient été rangées au nombre des espèces au moins par quelques juges compétents. […] Cependant, il faut reconnaître que c’est dans les contrées les mieux connues qu’elles se trouvent en plus grand nombre. […] Nous le reproduirons ici comme renseignements : « Plusieurs variétés bien distinctes ou espèces douteuses méritent une attention particulière ; car c’est en vain qu’on a voulu arguer tour à tour de leur distribution géographique, des analogies de leurs variations ou de leur caractère hybride pour déterminer leur rang ; J’en citerai ici un seul exemple ; celui bien connu de la Primevère et du Coucou (Primula vulgaris et verts).
Arsène Houssaye, l’auteur des Parisiennes et des Grandes Dames, un livre qui eut, l’honneur d’être loué au Constitutionnel par Nestor Roqueplan, le difficile dandy, qui se connaissait également en choses de talent et de monde. […] Houssaye connût celles de l’Empire, une figure de la réalité et de l’idéal tout ensemble de la Mathilde de Rouge et Noir, cette grande demoiselle de la Restauration. […] La manière rapide, mouvementée, colorée, très chaude et très connue de Fervaques, y domine. […] Au xviiie siècle, Duclos, madame du Deffand, Walpole, le prince de Ligne, faisaient les mémoires de leurs personnalités connues bien plus que les mémoires de leur temps. […] Fervaques, ce nouveau venu, avec son demi-masque, n’est pas connu.
qu’il les connaît bien, M. […] Je ne connais pas d’homme meilleur, ni plus charmant. […] … Moi qui te parle, mon vieux, j’ai connu la Barucci ! […] … Tu ne l’as pas connu ? […] je connais depuis longtemps cette opinion.
On les négligera, pour rechercher les moins connues, les plus rares, les plus curieuses. […] Il ne sait pas grand’chose là-dessus ; il ne connaît guère que le bruit public. […] La lettre de Pline était connue. […] En un mot, l’homme connaît qu’il est misérable, puisqu’il l’est ; mais il est bien grand, puisqu’il le connaît. […] Ainsi, il est non seulement juste, mais utile pour nous, que Dieu soit caché en partie, et découvert en partie, puisqu’il est également dangereux à l’homme de connaître Dieu sans connaître sa misère, et de connaître sa misère sans connaître Dieu.
Elle les connaissait, elle les sentait dans les autres. […] — Je connais peu de ces mots-là, dit Julie. […] Alors que le poète nous est connu, le poème nous est expliqué. […] Grâce à lui, nulle époque antérieure ne sera connue de l’avenir comme la nôtre. […] Je l’avais connu enjoué et brillant à l’habitude, chagrin et soucieux par accès.
Cooper est allé se perfectionnant de jour en jour ; il a mieux connu son talent, à force de le mettre à l’œuvre ; sa manière, d‘abord timide et douteuse, est devenue plus ferme, plus large, plus originale ; il a osé avoir ses qualités et ses défauts propres ; en un mot, sans jamais cesser d’appartenir à la famille du romancier écossais, il a suivi sa route à part, et le colon s’est émancipé. […] On ne peut oublier, une fois qu’on les a connus, Œil-de-Faucon et Tom Coffin. […] Elle fait pendant à l’édition connue de Walter Scott.
Ce livre est peu connu, il ne mérite pas de l’être davantage. […] Il enfla son énorme recueil de plus de six cens articles de ministres luthériens, de professeurs calvinistes, de commentateurs allemands que personne ne connoît, ni ne veut connoître. […] Quoique ces deux ouvrages rentrent l’un dans l’autre, on les a lus avec plaisir, parce que les anecdotes dont ils sont semés servent à faire connoître le cœur humain.
Lyell et le Dr Hooker, qui connaissaient mes travaux, me firent l’honneur de penser qu’il était bon d’éditer, en même temps que l’excellent mémoire de M. […] Dans le chapitre suivant, je discuterai les lois complexes et peu connues de variation et de corrélation de croissance. […] Encore bien moins connaissons-nous les relations réciproques des innombrables populations terrestres qui ont vécu pendant toutes les époques géologiques écoulées.
major è longinquo reverentia, dit Tacite ; il est plus facile de nous inspirer de la veneration pour des hommes qui ne nous sont connus que par ce qu’on lit d’eux dans l’histoire, que pour ceux qui ont vêcu dans des tems si peu éloignez du nôtre, qu’une tradition encore recente nous instruit exactement des particularitez de leur vie. […] Je souscris volontiers au livre qui a dit : que les plus grands ennemis de la gloire des heros, étoient leurs valets de chambre : les heros gagnent toujours à n’être connus que par le recit des historiens ; la plûpart se plaisent à rapporter ces traits naïfs et ces petits faits anecdotes qui font encore admirer davantage les hommes illustres, mais ils taisent volontiers tout ce qui feroit un effet contraire. […] Il est vrai que les défauts qui resultent de cet embarras ne sont remarquez que par un petit nombre de personnes assez instruites pour les connoître ; mais il arrive que, pour faire valoir leur érudition, elles exagerent souvent l’importance des défauts, et il ne se trouve que trop de gens qui se plaisent à repeter leur critique.
Ainsi deux ou trois années suffisent bien au public pour connoître si le poëme nouveau est bon ou s’il est médiocre, mais il lui faut peut-être un siecle pour en connoître tout le mérite, supposé qu’il soit un ouvrage du premier ordre dans son espece. […] Le mérite de comparaison consiste à toucher autant ou plus que certains auteurs dont le rang est déja connu.
Il en est de même des anatomistes, des navigateurs, des botanistes et de tous ceux qui professent des sciences dont le mérite consiste plus à sçavoir qu’à inventer, à connoître qu’à produire. […] Cesar auroit appris en moins de six mois tout ce que nous sçavons, et dès qu’il auroit eu connu nos armes, dès qu’il auroit eu connu, pour s’expliquer ainsi, la nature de nos traits et celle de nos boucliers, son génie en sçauroit faire des usages dont peut-être nous ne nous avisons point.
de Thou, avec des Remarques, qu’il est le plus connu dans la Littérature. […] Les Comédiens peuvent y puiser des leçons utiles, capables de perfectionner leurs talens ; les Auteurs qui travaillent pour eux ne doivent pas non plus négliger les regles qu’il donne, pour acquérir le naturel, la justesse, le costume, & la vérité, si peu connus de la plupart de nos Poëtes dramatiques.
Je connaissais l’inflexibilité de la loi et je me préparais à m’exécuter coûte que coûte. […] C’est là, monsieur, tout ce que nous connaissons de vous. […] Je vais lui écrire sans savoir son nom ; je lui demanderai s’il connaît M. de Lamartine, que nous avons l’intention d’aller visiter, et s’il pourrait nous dire que nous le trouverions à Saint-Point ou à Milly ? […] — Vous le connaissez donc ? […] On voyait de là les chèvres et les moutons paissant sur les bruyères de la montagne de Craz dont vous connaissiez toutes les touffes.
Pour connaître donc et déterminer la destinée de l’espèce ; il suffit de bien connaître et de bien déterminer la destinée de l’individu ; et pour bien connaître la destinée de l’individu, c’est-à-dire ce qu’il est, d’où il vient, où il va, ou, en d’autres termes, sa nature, son origine et sa fin ; il faut l’observer en lui-même et directement, le soumettre à la méthode expérimentale de Bacon transportée dans les faits de conscience. […] Ce sont là des symptômes variables, des accidents nerveux qui doivent se produire beaucoup moins fréquemment aujourd’hui que la nature en est mieux connue ; car, on le sait, une des conditions principales pour que ces accidents se produisent, c’est qu’on en ignore la nature. […] Vous supposez dès le début que l’homme est condamné à chercher ici-bas la vérité, seul, par lui-même, à la sueur de son front ; et tout cet effort infatigable de l’humanité pendant des siècles, ce sang, ces larmes répandues à travers ses diverses servitudes, ces joies quand elle se repose et se développe harmonieusement, ces religions qui fondent, ces philosophies qui préparent ou détruisent, cette loi de perfectibilité infinie et d’association croissante, tout cela n’aura abouti pour vous qu’à la conception mélancolique et glacée d’un ensemble d’êtres rationnels avant tout, destinés à s’observer, à se connaître, s’ils en ont la capacité et le loisir, à chercher concurremment ce qu’aucun ne sait, ce qu’aucun ne saura ; honnêtes gens tristes et solitaires, sortis d’un christianisme philosophique d’où la foi et la vie ont disparu, ayant besoin d’espérer, s’essayant à croire, oubliant et rapprenant la psychologie tous les ans, pour s’assurer qu’ils ne se sont pas trompés, et pour vérifier sans cesse les résultats probables de leur observation personnelle.
Nous atteignons celui-ci par contrecoup, comme un arpenteur qui, voulant mesurer la distance d’un objet inaccessible, mesure une base et deux angles, et connaît la première quantité par les trois secondes. — Toutes les conceptions mathématiques sont formées par cette voie. […] Faire une construction pour démontrer un théorème, c’est substituer certaines lignes et angles connus à d’autres lignes et angles qu’il s’agit de connaître. […] Quand nous apprécions une distance, il faut bien qu’elles soient présentes ; et pourtant nous ne les démêlons plus, quelque envie que nous en ayons ; elles sont pour nous comme si elles n’étaient pas ; il nous semble que nous connaissons, directement et sans leur entremise, la position que seules elles dénotent ; si parfois elles nous frappent, c’est en s’exagérant, par exemple lorsque, obligés de lire de trop près ou de trop loin, nous éprouvons dans les muscles de l’œil une fatigue notable ; hors de ces cas, elles sont invisibles et comme évanouies. — Pareillement, un compositeur qui vient de lire un air d’opéra ne se souvient pas des croches, des blanches, des clefs, des portées, et de tout le barbouillage noir sur lequel ses yeux se sont promenés, mais seulement de la série des accords qu’intérieurement il a entendus ; les signes se sont effacés, les sons seuls surnagent. — Quand il s’agit de mots, nous pouvons marquer les divers degrés de cet effacement. […] Il s’agit maintenant de connaître cet autre.
I À première vue, il est heureux pour un poète d’avoir fait un jour un sonnet, une pièce d’anthologie, que tout le monde connaît et récite. […] Mais il peut arriver aussi que le choix du « chef-d’œuvre » unique auquel reste attaché le nom d’un poète ait été arbitraire et maladroit et que la pièce trop connue fasse tort à d’autres qu’elle dispense de lire et qui valent quelquefois mieux. […] Comme les choses les plus connues le sont toujours moins qu’on ne croit, et que, dans tous les cas, il peut se trouver d’honnêtes gens qui ne sachent point par cœur ce morceau fameux, on me laissera le remettre sous les yeux du lecteur. […] si depuis ce jour où je tombai novice A l’école, en quittant le sein de ma nourrice, J’avais su déchiffrer l’hiéroglyphe saint Qui, de la corne d’or multipliant l’hélice, Fait sourdre un million sous le nombre succinct, Je n’aurais pas connu, Misère, ton supplice. […] Vous connaissez cet autre thème éternel et grandiose : l’impassibilité de la nature opposée à la douleur et à la fugacité de l’homme.
Enfin la beauté des costumes, la perfection des décors et des feintes ou machines, la musique employée dans les intermèdes et parfois dans les pièces, tout cela faisait connaître à la France un art savant et raffiné qu’elle devait être encore longtemps à atteindre elle-même. […] On connaît assez bien, grâce à nos matamores français, le genre de plaisanteries propres à ce rôle du capitan. […] Arlecchino, de même, ressemble beaucoup au type populaire que l’on connaît, au moins pour la balourdise éveillée et malicieuse de son caractère. […] Elle était doublée par Ricciolina (Maria Antonazzoni) et par Olivetta, dont le nom réel n’est pas connu. […] Callot l’a dessiné en face d’un autre mime plus célèbre encore, Pietro Maria Cecchini, connu sous le nom de Gian-Fritello ou Fritellino, qui eut un succès extraordinaire à la cour de Mathias, empereur d’Allemagne, et qui fut anobli par cet empereur.
S’il est une vérité que nous croyons connaître par intuition directe, c’est bien celle-là. […] Longtemps les objets dont s’occupent les mathématiciens étaient pour la plupart mal définis ; on croyait les connaître, parce qu’on se les représentait avec les sens ou l’imagination ; mais on n’en avait qu’une image grossière et non une idée précise sur laquelle le raisonnement pût avoir prise. […] disent les philosophes, il reste encore à montrer que l’objet qui répond à cette définition est bien le même que l’intuition vous a fait connaître ; ou bien encore que tel objet réel et concret dont vous croyiez reconnaître immédiatement la conformité avec votre idée intuitive, répond bien à votre définition nouvelle. […] La façon dont ces cellules sont agencées et d’où résulte l’unité de l’individu, n’est-elle pas aussi une réalité, beaucoup plus intéressante que celle des éléments isolés, et un naturaliste, qui n’aurait jamais étudié l’éléphant qu’au microscope, croirait-il connaître suffisamment cet animal ? […] Il n’y a là, il est vrai, que de la silice, mais, ce qui est intéressant, c’est la forme qu’a prise cette silice, et nous ne pouvons la comprendre si nous ne connaissons pas l’éponge vivante qui lui a précisément imprimé cette forme.
Pour avoir une idée juste de madame de Maintenon, j’ai commencé par mettre en oubli tout ce que j’avais lu ou entendu sur son compte, les histoires de La Beaumelle, de Laus de Boissy, de madame de Genlis, de madame Suard, d’Auger, de Voltaire même, et jusqu’à la biographie écrite par le biographe le plus exact que je connaisse, M. […] D’Aubigné était d’ancienne noblesse et connu pour tel76. […] Sa femme en attira une meilleure encore, se fit aimer et admirer par des personnes du premier rang, qui l’attirèrent dans leur maison, notamment le maréchal d’Albret ; il était devenu amoureux d’elle n’étant encore que comte de Miossens ; il la fit connaître à la maréchale, dont elle gagna la confiance et la tendre estime. […] Ce fut dans cette situation qu’elle connut par expérience ce que vaut la considération. […] Elle alla faire ses adieux à madame de Montespan, qu’elle avait connue chez la maréchale d’Albret, parente de la marquise.