Il commençait par donner l’histoire de son fraisier, et chacun qui en pouvait répéter autant sur sa fenêtre, était gagné à une science si accessible. […] Quand ses descriptions sont un peu moins travaillées, moins concertées, et qu’elles restent à l’état d’esquisses rapides, elles sont aussi plus vraies, et souvent dans une perfection ravissante : je recommande à ceux qui ont le temps de refeuilleter les Études la page de l’Étude septième, qui commence ainsi : « Il n’y a que la religion qui donne à nos passions un grand caractère… », et où l’on voit la jeune Cauchoise en pleurs au bord du rivage, regardant de loin les bateaux pêcheurs partis le matin par un gros temps, et sa station consolée au pied d’un calvaire. […] Vers la dixième Étude, il commence plus directement l’exposition de ses vues et des harmonies telles qu’il les conçoit, le jeu des contrastes, des consonances, des reflets et des réverbérations en toutes choses : il y a des détails très fins, mais c’est déjà bien subtil, et dans sa vieillesse, abondant de plus en plus dans son sens, il exagérera encore tous ses défauts, que nous étale démesurément son ouvrage final des Harmonies.
On n’en dira pas autant de Richelieu : il n’est pas un capitaine, il n’a pas débuté par l’action ; il est homme d’Église avant d’être homme d’État ; il a commencé par prêcher, par être orateur dans ses sermons, dans ses harangues ; il a soutenu des thèses en Sorbonne ; la gloire de Du Perron, le grand controversiste et l’habile négociateur, l’a tenté. […] Pendant que Richelieu patiente et attend, la guerre commence dans le Midi contre les protestants qui se sont organisés en églises et ont élu pour leur chef et généralissime le duc de Rohan (1624). […] Avenel, et sans citer de son introduction historique cette conclusion qui est tout à fait à la hauteur du sujet : Richelieu, dit-il, continua Henri IV et commença Louis XIV.
Sayous, si honorablement connu comme éditeur et rédacteur fidèle des Mémoires de Mallet du Pan, continue aujourd’hui en France d’intéressantes études littéraires qu’il avait autrefois commencées à Genève. […] Il est de ceux qui, en s’éveillant le matin et en se trouvant tout remplis de douceurs et d’allégresses singulières, pouvaient dire en toute vérité : « Je me sens un peu plus amoureux des âmes qu’à l’ordinaire. » Il commence son livre de l’Introduction comme en badinant, et compare la variété avec laquelle le Saint-Esprit dispose et nuance les enseignements de dévotion et les assortit à chacun, avec l’art qu’employait à faire ses guirlandes de fleurs la bouquetière Glycera. […] Il est loin de favoriser, comme on le croirait, les excès d’oraison, les élévations et les ravissements extatiques : « Voyez-vous, Philothée, ces perfections ne sont pas vertus, ce sont plutôt des récompenses que Dieu donne pour les vertus. » Le mieux donc, selon lui, est de laisser ces perfections aux anges et de commencer simplement, humblement et humainement par les petites vertus : car il faut se garder des illusions, et il arrive quelquefois « que ceux qui pensent être des anges ne sont pas seulement bons hommes ».
Flaubert a commencé à conter un drame sur Louis XI, qu’il dit avoir fait au collège, drame, où il avait ainsi fait parler la misère des populations : « Monseigneur, nous sommes obligés d’assaisonner nos légumes avec le sel de nos larmes. » Et la phrase de ce drame rejette Tourguéneff dans les souvenirs de son enfance, dans la mémoire de la dure éducation en laquelle il a grandi, et des révoltes que l’injustice soulevait dans sa jeune âme. […] Il l’a vu ce matin, et doit commencer son traitement le lendemain. […] Dans ce pays, qu’est-ce qu’il arrive, lorsque les instincts du jeune homme sont par trop scientifiques, il se met dans une carrière satisfaisant à moitié ses goûts, à moitié son désir d’enrichissement, il devient ingénieur de chemin de fer, directeur d’usine, directeur de produits chimiques… Déjà cela commence à arriver en France, où l’École polytechnique ne fait plus de savants. » Et la conversation continuant, Berthelot ajoutait : « Que la science moderne, cette science qui n’a guère que cent ans de date, et qu’on dote d’un avenir de siècles, lui semblait presque limitée par les trente années du siècle dans lequel nous vivons.
Son livre ne commence pas, comme celui de de Maistre, par un chapitre historique sur l’infaillibilité, mais par une définition de l’existence et de l’être. […] Cette loi sublime, il la montre et la suit dans tous les phénomènes qu’ils appellent, eux, le mal de la vie : la faim, — tout commence par la faim, dit-il, — le travail, l’esclavage, les infirmités des organes, les maladies, la vieillesse, — dont il donne la raison divine, la raison suprême et rayonnante, — et enfin la mort, qui commence la grande vie.
ce qui me frappe d’abord et ce qui frappera tout le monde, c’est cette unité de pensée qui commence, et qui, sortie des abîmes de l’homme et de son être, va prendre l’homme tout entier et s’asservir sa vie. […] Déjà, dès cette époque, l’idée de l’émancipation commençait à sourdre dans la tête d’Alexandre, ce jeune Louis XVI russe, à la beauté de Louis XIV, et dont le peuple, plus docile et plus facile à mener que celui de Louis XIV, l’eût sauvé de la ressemblance de destinée avec l’autre émancipateur s’il avait poussé un peu plus loin ses velléités généreuses. […] IX En effet, dans ces quelques pages qui n’omettent rien en leur brièveté pleine, Joseph de Maistre commence, il est vrai, par s’opposer à l’émancipation en principe, mais il ne répugne pas à la préparer, historien que le métaphysicien n’infirme jamais : « Quand on lit l’Histoire, il faut savoir la lire », dit-il quelque part ; et l’Histoire, dont il parcourt les annales avec les trois pas homériques de Bossuet, « montre » (ajoute-t-il), « avec la dernière évidence, que le genre humain n’est susceptible de liberté qu’à, mesure qu’il est pénétré et conduit par le Christianisme.
Tel est le morceau suivant, digne d’un géomètre par sa force et sa justesse6 : De même que la notion d’une étendue limitée nous suggère la notion d’un espace sans bornes, qui n’a pas pu commencer, qui ne pourrait pas finir, et qui demeure immobile, tandis que les corps s’y meuvent en tous sens ; de même la notion d’une durée limitée nous suggère la notion d’une durée sans bornes qui n’a pas pu commencer, qui ne pourrait pas finir, et qui se serait écoulée uniformément, quand aucun événement ne l’aurait remplie. […] Royer-Collard se mit en campagne, le 4 décembre 1811, et le spiritualisme commença.
Ce grand homme mérita sans doute que cet usage commençât par lui. […] La collection des oraisons funèbres que nous avons dans notre langue, commence à peu près en 1547, c’est-à-dire, à la mort de François Ier. […] Les hommes de lettres et les savants, qui commençaient en France à s’emparer de l’opinion et dirigeaient déjà la renommée, durent célébrer à l’envi le prince qui les honorait.
Commencer une addition par 2 et 2 font 5, c’est se condamner à un total faux. […] Et d’abord, commençons par traduire ce terme de Crédit intellectuel. […] Mais notre devoir commence plus haut et va plus loin. […] C’est avec les Conventionnels que le mythe va commencer. […] Cette conséquence, les plus aveugles parmi nos maximalistes commencent à l’entrevoir.
En montrant que les écoles qui se contredisent et s’excluent réciproquement ont chacune leur part légitime dans l’œuvre commune des sciences morales, que la contradiction entre leurs diverses conclusions ne commence que du moment où elles dépassent la mesure de leur compétence propre, affirmant ou niant ce qu’elles n’ont pas pour objet de constater.
Il voyait aussi le monde philosophique proprement dit, il était initié au groupe d’Auteuil, et commençait à cultiver Mme de Condorcet. […] « Quoique pressé par d’autres travaux, j’avais commencé un deuxième extrait que M. […] J’y croyais aussi beaucoup moins quand j’ai commencé à l’étudier sérieusement, et j’imagine qu’alors j’aurais nié et traité de chimère ce qu’on m’aurait dit à ce sujet. […] Ampère fut sensible ; il contribua à développer en cette vive nature l’instinct qui la tournait vers les origines littéraires, à commencer par celles des Scandinaves. […] Fauriel, pour commencer, réclamait tout le butin d’un seul coup, et avec un ensemble de moyens, avec une hardiesse de sagacité tout à fait déconcertante « M.
Non ; Molière commença comme tout commence, comme Shakespeare lui-même, par balbutier, tâtonner, hésiter ; puis il suivit laborieusement et pas à pas, tantôt heureux, tantôt malheureux dans sa conception, le goût de son siècle et l’ornière des événements de sa vie, jusqu’ici triomphe où la mort jalouse le prit et l’enleva pour l’immortalité. […] Ses malheurs commencèrent avec sa fortune. […] Le petit Baron était en pension à Villejuif ; un oncle et une tante, ses tuteurs avaient déjà mangé la plus grande et la meilleure partie du bien que sa mère lui avait laissé ; et lui en restant peu qu’ils pussent consommer, ils commençaient à être embarrassés de sa personne. […] Nous ne l’analyserons pas, tout le monde la connaît, nous nous bornerons à citer pour tout commentaire les passages les plus saillants de ce langage poétique où il commençait à exceller. […] À commencer du Cocu imaginaire, ses vers peuvent être regardés comme un modèle de style comique.
. — Ère féodale et catholique : des origines à 1520 environ C’est une nécessité vraiment malencontreuse que de commencer une démonstration par la période toujours obscure des origines. […] Commençons par nous débarrasser de l’épopée au sens étroit de ce mot, du genre de La Pucelle d’Orléans. […] Ronsard avait commencé avec La Franciade ; d’autres suivirent, de plus en plus nombreux ; Chapelain promit le chef-d’œuvre ; n’était-il pas très savant ? […] En France, c’est Napoléon III, auquel on commence à rendre justice ; puis les débuts de la troisième République, difficiles et héroïques ; un travail immense, que la guerre de 1870 semble scinder en deux par une catastrophe ; et si c’était une nécessité heureuse ? […] Le règne de la science commence.
Robinet, dont la destinée est d'être Continuateur, a augmenté de 6 volumes l'Analyse de Bayle, commencée par l'Abbé de Marsy.
En France, où s’est passé le fort du débat, on commence à le dater de Desmarets de Saint-Sorlin, vers 1670 ; les manifestes de cet esprit un peu extravagant, et qui mêlait quelques bonnes idées à beaucoup de chimères, devancier de Chateaubriand en théorie et qui faisait mieux que pressentir la veine de poésie propre au christianisme, se prolongèrent jusqu’en 1675. […] Là commence proprement le sujet de M.
On commençait par la dresser 1169 ; puis on y attachait le patient, en lui enfonçant des clous dans les mains ; les pieds étaient souvent cloués, quelquefois seulement liés avec des cordes 1170. […] À mesure que la vie du corps s’éteignait, son âme se rassérénait et revenait peu à peu à sa céleste origine. 11 retrouva le sentiment de sa mission ; il vit dans sa mort le salut du monde ; il perdit de vue le spectacle hideux qui se déroulait à ses pieds, et, profondément uni à son Père, il commença sur le gibet la vie divine qu’il allait mener dans le cœur de l’humanité pour des siècles infinis.
Cette imitation servile des poetes qui ont composé en des langues étrangeres, est le sort des écrivains qui travaillent, quand leur nation commence à vouloir sortir de la barbarie. […] Ainsi, soit que le stile dans lequel nos bons auteurs du temps de Louis XIV ont écrit, demeure toujours le stile à la mode, je veux dire le stile dans lequel nos poetes et nos orateurs tâchent de composer, soit que ce stile ait le sort du stile en usage sous le regne des deux premiers Cesars qui commença de se corrompre dès le regne de Claudius, sous qui les beaux esprits se donnerent la liberté d’introduire l’excès des figures en voulant suppléer par le brillant de l’expression à la force du sens et à l’élegance simple où leur génie ne pouvoit pas atteindre ; je tiens que les poetes illustres du siecle de Louis XIV seront comme Virgile et comme l’Arioste, immortels sans vieillir.
Cet auteur raconte encore que Domitius Afer, orateur célebre dans l’histoire romaine, et qui pouvoit avoir commencé de plaider environ trente ans après la mort de Ciceron, appelloit la nouvelle mode de déclamer la perte de l’éloquence. […] Le petit Moliere avoit à peine montré par deux ou trois airs qu’il étoit possible de faire mieux, quand Lulli parut, et quand il commença de composer pour les ballets de ces airs qu’on appelle des airs de vitesse.
L’analyse esthétique, par laquelle il convient de commencer, portera sur les moyens employés et les émotions produites. […] Mais une fois le génie né, développé, productif, commence un jeu d’attractions et de répulsions qui nous est accessible.
Et nous avons commencé par le poëte cette étude sur Mme de Girardin (voir le 3e volume des Œuvres et des Hommes, les poëtes, 1re série). Nous avons commencé par le poëte, parce que le poëte c’était le fond de sa nature, qu’elle a faussée, mais qui a toujours protesté ; — parce qu’où le poëte existe il est toujours l’axe du talent quelconque, qui roule, en brillant, par-dessus !
Si, à défaut d’une identité impossible, continuation implique ressemblance ; si finir un livre commencé est, de rigueur, se substituer plus ou moins à l’auteur dans l’esprit et la manière de son ouvrage, l’honneur qu’on fit à Renée dut tout d’abord lui causer beaucoup d’embarras. […] Seulement, commencé par l’ivresse de l’espérance, ce livre, qui n’embrasse qu’un si petit nombre d’années, finit bientôt par le jugement du désespoir.
Depuis que les abeilles de saint Benoît avaient commencé la ruche française, l’épiscopat n’avait jamais manqué de précédents ni de traditions. […] dressa la chevalerie à la guerre chrétienne, acheva par les cathédrales le mouvement commencé par les châteaux forts, et enfin mit ses cent bras de Briarée partout, jusque dans les décisions de l’Église, qui établirent la Trêve de Dieu, mais qui l’établirent… avec des lances !
Il a commencé de s’y distinguer par des articles spirituels, écrits pour un journal fameux qui n’est plus, mais dans lesquels il imitait trop, selon moi, son rédacteur en chef, dont le talent, très admiré, à juste titre, de ceux qui l’entouraient, leur imposait à tous des formes… originales pour lui seul. […] Il prouve admirablement, au contraire, qu’au xvie siècle les novateurs, à commencer par Luther lui-même, ne surent d’abord où aller, voulant une réforme des mœurs, mais tenus en respect par le dogme et l’opinion des peuples qui aimaient encore la « Sainte mère l’Église ».
Cousin continua dans la philosophie ce que madame de Staël avait commencé dans la littérature. […] Caro, professeur de philosophie, s’escrimait contre les moulins à vent de la pensée de Gœthe comme s’ils commençaient à tourner, et dans un gros livre, de forte prétention, intitulé La philosophie de Gœthe, il recherchait péniblement quelle avait dû être cette philosophie et ne le trouvait pas.