Si je note ce détail, ce n’est pas pour indiquer à l’avenir une de mes demeures. […] » Cette phrase contient comme une vague aperception prophétique que l’avenir réalisa, hélas ! […] Souvent il faisait avec nous des projets d’avenir. […] Hugel, riche seigneur prussien, Marilhat comprit sa vocation, et l’avenir de son talent fut décidé. […] L’exécution, excellente chez tous deux, l’emporte en finesse chez le peintre enlevé si jeune à sa gloire et au long avenir qui semblait devoir l’attendre.
L’avenir démontrera que quoique vraies, elles sont à peu près des illusions néanmoins ; qu’elles ne sont des réalités qu’au bénéfice d’un ou deux favoris de la fortune, qu’elles sont des réalités exceptionnelles ; mais l’avenir n’est pas venu, et, à titre de faits récents, ces choses ont un empire immense sur les imaginations. — Elles sont profondément corruptrices. […] Cependant, de l’état démocratique lui-même ne peut-il point sortir des organismes aristocratiques qui seront les classes et les castes de l’avenir ? […] Illusoire, parce que ce chef de travail n’est pas plus sûr que le simple travailleur de la valeur du travail, quelque bien informé qu’il puisse être, cette valeur étant toujours dans les ténèbres de l’avenir. […] Passe encore, quoique cette situation soit inquiétante pour l’avenir des races et qu’il ne soit jamais bon de ne demander aux générations successives d’une certaine classe sociale aucun exercice de l’intelligence et de l’invention ; mais ces hommes, en devenant des machines, ont été convertis en esclaves. […] Les hommes se divisent surtout en deux catégories, ceux qui croient que l’avenir peut être meilleur que le présent, ceux qui croient qu’il ne peut que lui être semblable.
Et pourtant, s’il fallait voir s’abîmer l’Italie avec son passé ou l’Amérique avec son avenir, laquelle laisserait le plus grand vide au cœur de l’humanité ? […] Son talent fait de mysticisme et d’obscénité n’accroîtra pas dans l’avenir le nombre de ses admirateurs, et il paraîtra bien petit à côté de maîtres comme Victor Hugo, Lamartine, Musset et… Pierre Dupont. […] On peut présumer qu’une fortune à peu près identique sera réservée par l’avenir à MM. de Goncourt. […] On ne peut sur ceci avancer que des hypothèses, et il sera donné à l’avenir seul de juger en dernier ressort. […] C’est que je devine l’avenir, moi ; c’est que sans cesse l’antithèse se dresse devant mes yeux.
Et c’est pourquoi je crois que l’œuvre de Laforgue, devant laquelle s’inclinent les meilleurs d’entre nous, n’a pas à craindre de l’avenir… [Introduction à l’Étude sur Jules Laforgue, par Camille Mauclair (1896).]
Quant à l’auteur de ce drame, sûr de l’avenir qui est au progrès, certain qu’à défaut de talent sa persévérance lui sera comptée un jour, il attache un regard serein, confiant et tranquille sur la foule qui, chaque soir, entoure cette œuvre si incomplète de tant de curiosité, d’anxiété et d’attention.
Ce qu’ils sçavent du passé, ce qu’ils prévoïent de l’avenir, les empêche de s’étonner de ce qu’ils voïent.
Cela importe non seulement au point de vue du passé, mais au point de vue du présent et de l’avenir. […] La lassitude publique, la crainte de l’avenir doublée par les souvenirs du passé, le désenchantement succédant aux espérances évanouies, ont préparé la voie à une nouvelle phase. […] C’est la bohème dorée qui s’attablait dans les antichambres de la renommée en attendant la gloire, et menait une joyeuse vie qu’elle escomptait sur les succès de l’avenir. […] Il y a dix ans qu’il a fait ce tableau, et déjà la jeune littérature qui lui apparaissait comme pleine d’avenir sonne le vide et sent le vieux. […] Pour épargner un ennui à la belle Marguerite, il sacrifie les droits, il joue l’avenir de sa sœur.
L’honneur de Nodier dans l’avenir consistera, quoi qu’il en soit, à représenter à merveille cette époque convulsive où il fut jeté, cette génération littéraire, adolescente au Consulat, coupée par l’Empire, assez jeune encore au début de la Restauration, mais qui eut toujours pour devise une sorte de contre-temps historique : ou trop tôt ou trop tard ! […] Mais que devinrent les éclaireurs avancés, les enfants perdus de nos générations encore lointaines, lorsque, s’ébattant aux dernières soirées du Directoire, essayant leur premier essor aux jeunes soleils du Consulat, et croyant déjà à la plénitude de leur printemps, ils furent pris par l’Empire, séparés par lui de leur avenir espéré, et enfermés de toutes parts un matin en un horizon de fer comme dans le cercle de Popilius ? […] Ces années ne furent donc pas absolument malheureuses, les sentiments consolants de la jeunesse les embellissaient, et de fréquentes tournées au village de Quintigny, qui recélait pour son cœur une espérance charmante, lui décoraient l’avenir. […] Nodier, revenu en France, avait trente ans passés ; il doit être mûr ; le voilà au centre ; une nouvelle vie mieux assise et plus en vue de l’avenir pourrait-elle commencer ?
Cette horreur du pouvoir capable, cette folie de l’envie, cette médiocrité des présidents, cette vulgarité des élus dans le congrès et dans les chambres, jointes à une ambition de grandir sans morale et à une vanité de supériorité sans fondement, faisaient prévoir depuis longtemps aux esprits sains de l’Europe et même à Jefferson une catastrophe telle que Rome elle-même n’en avait pas présenté au monde dans ses craquements, une leçon aux peuples trop démocratiques, donnée par Dieu lui-même pour leur apprendre qu’il n’y a point d’avenir pour les nations qui croient à la seule force du nombre et à la brutalité de la conquête ! […] Une fois cette main mise sur cette clef de l’Amérique du Sud, qui ne les voit s’avancer sans obstacle sur les Californies, ces sources de l’or ; sur l’Amérique centrale, sur les États de race latine, sur tous les territoires espagnols, devenus des républiques en fusion, Venezuela, la Nouvelle-Grenade, l’Équateur, le Pérou, plus riche encore en or que le Mexique, le Brésil illimité en étendue et en avenir ; sur ses annexes, le Paraguay, l’Uruguay, la Bolivie, la Confédération de la Plata, Guayaquil, jusqu’au cap Horn plus tempétueux que le cap des Tempêtes, et jusqu’à l’océan Austral, cette route d’un cinquième continent, la mystérieuse Australie ? […] La pensée de la position à prendre par nous au Mexique est une pensée grandiose, une pensée incomprise (je dirai tout à l’heure pourquoi), une pensée juste comme la nécessité, vaste comme l’Océan, neuve comme l’à-propos, une pensée d’homme d’État, féconde comme l’avenir, une pensée de salut pour l’Amérique et pour le monde. […] Ces chimères caressèrent mon imagination, et je sentis mon courage redoubler, mon avenir s’agrandir.
Il croit que tous les essais d’unification fondés sur l’action de l’esprit, sur l’influence des religions et des morales sont insuffisants, superficiels et sans avenir. […] Draghicesco, l’unité ethnique, l’unité nationale est encore une trop grande concession à la diversité ; il faut s’en tenir à l’unité humaine, à la fusion non seulement des individus au sein d’une même race ou d’une même nation, mais de tous les peuples au sein d’une même humanité socialisée sinon dans le passé, sinon même dans le présent, du moins dans l’avenir, grâce aux progrès de l’éducation et de la morale. […] Il les reconnaît sans doute pour le passé, mais il les nie pour l’avenir. […] Ce savant finit par parler de la science en sceptique et se console des incertitudes de l’esprit humain en matière de science par un acte de foi en l’avenir de la fraternité.
Elle devient elle-même militante, agissante ; elle travaille à la refonte des codes et à la destruction des abus ; elle essaie d’apporter sa part à l’élaboration de l’avenir. […] Discours, pamphlets, brochures, articles de polémique éclosent avec une formidable abondance ; et, après ces ouvrages inspirés par les circonstances, animés par les passions du jour, adressés aux contemporains et peu soucieux de la postérité, il en apparaît bientôt d’autres plus médités, plus apaisés, plus froids en apparence, mais où il n’est pas difficile de retrouver le feu couvant sous la cendre ; j’entends les mémoires et les histoires qui prétendent transmettre à l’avenir et déjà juger les événements de la veille. […] Elle tâtonne et trébuche toujours ; elle est retenue sur la route de l’avenir par les liens mal rompus qui l’attachent au passé. […] § 6. — Mais quittons l’avenir pour retourner au passé !
Aussi le danger est-il que maîtres et élèves s’endorment en cheminant doucement dans l’ornière commode de la routine ; que le passé, cristallisé dans certaines règles et dans certaines théories, devienne un obstacle aux progrès de l’avenir. […] Les Académies ont par suite le respect de la tradition, le culte du passé, elles incarnent la coutume ; les cénacles professent des idées neuves et révolutionnaires, ils s’élancent de toutes leurs aspirations vers l’avenir ; ils sont les agents de la mode. […] En même temps que ce dédain du passé le plus voisin d’eux, les cénacles ont une confiance extrême en l’avenir, en leur avenir ; ce n’est au fond qu’une autre face du même sentiment.
C’était sans doute, disais-je, l’effet acquis des précédentes pauvres et non stériles années : tandis que, banni des cités, il menait dans les exils le désespoir des vieux efforts chutés, l’espoir des avenirs, — oui, dans la solitaire méditation, libre des lois reçues, dans la méditation tout grandissante et terrifiée de se voir grandir, dans la méditation obstinée de l’esprit qui veut le plus loin. — Richard Wagner comprit que la musique (ainsi dit M. […] Mais échauffé des plus nobles chimères, il a rêvé un art complexe de toutes les puissances de l’art ; j’ai dit que c’était l’époque de l’Œuvre d’art de l’avenir, de Drame et Opéra ; le jeune artiste, avant de comprendre que l’œuvre de Beethoven réside majeurement en ses quatuors de cordes, a vu dans le hasard d’un chœur concluant la neuvième symphonie le commencement d’un art nouveau ; il a calculé, le jeune artiste, que l’émotion de ses musiques se doublerait de l’émotion de ses poèmes et se triplerait de l’émotion de ses spectacles ; et — ne serait-ce pas le profond de la vérité ? — encore au début de sa rénovation, il continue le joug de l’opéra et les usages des théâtres d’opéra ; et voilà qu’il restitue, lui-même l’affirme, un art correspondant à l’art antique, et il oublie qu’antique signifie antique, et il appelle cela l’art de l’avenir. […] Ce texte est un résumé des textes théoriques de Wagner L’œuvre d’art de l’avenir, Opéra et drame, en particulier.
. — Le Passé dans l’ombre bénissant, par-dessus le Présent éclairé, l’Avenir éblouissant. […] Je suis étranger à ce qui vient, à ce qui est, comme à ces boulevards nouveaux sans tournant, sans aventures de perspective, implacables de ligne droite, qui ne sentent plus le monde de Balzac, qui font penser à quelque Babylone américaine de l’avenir. […] L’État surtout, depuis 1789, a été diantrement absorbant, a joliment entamé au profit de tous, les droits d’un chacun, et je me demande si l’avenir ne nous réserve pas, sous le nom du gouvernement absolu de l’État, servi par le despotisme d’une bureaucratie française, une tyrannie bien autre que celle d’un Louis XIV. […] les religions de l’avenir auront de la peine à créer de tels dévouements.
à laquelle on pendait les aristocrates, et que les Mystiques de l’Anarchie voudraient bien nous faire prendre encore pour le soleil de l’Avenir ! […] Pour lui, la grande faiblesse de Robespierre et le reproche que l’avenir élèvera contre sa mémoire, c’est d’avoir de lui-même rappelé au peuple, qui n’y pensait plus, ce vieux Dieu déchu et vaincu qui avait asservi l’univers. […] Mais le philosophisme, c’est la religion de Diderot et de Danton, c’est l’athéisme, c’est la Nature, voilà la chose sacrée, la vraie religion des penseurs de l’avenir, voilà le progrès ! […] Que seront et que doivent être les femmes dans la société de l’avenir ?
La prophétie y coudoie l’histoire, et souvent, dans la même phrase, l’auteur raconte à la fois l’avenir et le passé. […] Dieu, par un conseil de justice et de miséricorde, la châtie ainsi dans le présent, en la réservant à l’avenir. […] Il ne se contente pas de signaler dans l’avenir le prolongement des grandes lignes dont il a saisi la direction ; il arrive aux questions de détail, qui sont l’écueil des raisons les plus hautes, et alors il se trompe. […] c’est le roi qui avait fait la plus triste et la plus éclatante expérience de cette vérité14, qui l’a exprimée pour l’instruction de l’avenir. […] La réaction d’idées qui a eu Chateaubriand pour poëte, de Maistre pour publiciste, Bonald pour métaphysicien, a confié au sol les germes d’une moisson que l’avenir verra lever.
Ainsi nous enchante l’avenir, où nous sommes les maîtres d’un bel arrangement. […] L’avenir, mieux garanti que nous contre ses duperies, changera parmi nos contemporains l’ordre des valeurs. […] On put croire qu’une nouvelle poésie était née, qu’elle florirait abondamment et serait la poésie de l’avenir. […] Puis, en l’honneur des vieux livres, leur ami n’a-t-il pas cédé à la gracieuse envie de leur immoler l’avenir ? […] Je suis si malheureuse vraiment que je perds courage et espoir pour l’avenir.
. — Un autre chapitre, jeté dans le même moule, et à la Montesquieu, est encore celui où l’auteur semble prophétiser sur l’Amérique : « Si l’on découvrait une vaste contrée dont le sol neuf et fertile n’attendît que les plus légers travaux, etc. » Les derniers chapitres du livre, ceux surtout qui ont été ajoutés dans la seconde édition, en 1789, à la veille des États généraux, contiennent des idées d’avenir, notamment sur la milice, sur le tirage au sort de tous les citoyens. […] Il nous peint en 1787 une société polie, oisive, factice, à bout de satisfactions et de douceurs ; et tout en la trouvant agréable, en nous la montrant riante, il semble craindre pour elle un avenir prochain où elle ne saura plus comment diversifier ses loisirs, relever même la langueur de ses conversations, et donner du relief à son apathique bonheur.
En général, Mme de Créqui, excellent type de fin de société, ne devine pas l’avenir et ne pressent pas l’esprit nouveau. […] Je n’en veux pour exemple que M. de Montyon, qui, en obéissant à des mobiles dont quelques-uns au moins étaient nobles, a su se rendre utile jusque dans l’avenir et perpétuer honorablement sa mémoire.
Ce grand et violent esprit, qui ne se pouvait reposer que dans des solutions extrêmes, après avoir tenté l’union publique du catholicisme et de la démocratie, et l’avoir prêchée dans son journal d’un ton de prophète, s’était vu forcé de suspendre la publication de L’Avenir. […] Mais s’il devait s’affranchir par l’intelligence, il appartenait bien radicalement à ce monde de La Chênaie par la sensibilité, par les impressions profondes, par les premiers et sincères témoignages du talent : tellement que, dans la perspective littéraire du passé, il s’y vient placer comme une figure dans son cadre, en s’en détachant ; il en est et en demeurera dans l’avenir le paysagiste, le peintre, le véritable poète.
Soldat, aventurier, esclave algérien, employé de finance, prisonnier, romancier, c’est un Gil Blas, mais un Gil Blas assombri, et qui n’est pas destiné à s’écrier comme l’autre dans sa jolie maison de Lirias : Inveni portum… » C’est étrangement rabaisser Cervantes (toujours d’après notre auteur), que de soutenir qu’il a employé la fleur de son génie à combattre l’influence de quelques romans de mauvais goût, dont le succès retardait sur les mœurs du siècle et n’avait plus aucune racine dans la société d’alors : « Ce que je crois plutôt, s’écrie le nouveau commentateur, qui a lu son Don Quichotte comme d’autres leur Bible ou leur Homère, et qui y a tout vu, c’est que le chevaleresque Cervantes, qui s’était précipité dans ce qui, à la fin du xvie siècle, restait de mouvement héroïque, dut se sentir abattre par le désenchantement d’un croyant plein de ferveur qui n’a pas trouvé à fournir carrière pleine, qui dans l’exagération de son idéal s’est heurté et blessé contre les réalités, et qui, après avoir été contraint d’abdiquer l’action, s’est condamné à une retraite douloureuse, s’est réfugié dans ses rêves, et en dernier lieu, dans un testament immortel, lance à son siècle une satire qui n’était pas destinée à être comprise de ce siècle et dont l’avenir seul était chargé de trouver la clé. » Et nous adjurant à la fin dans un sentiment de tendre admiration, essayant de nous entraîner dans son vœu d’une réhabilitation désirée, l’écrivain, que je regrette de ne pas connaître, élève son paradoxe jusqu’aux accents de l’éloquence : « Ah ! […] La haute admiration de l’avenir n’est qu’à ce prix.
Tandis que mon œil vous contemple, L’avenir tout à coup a refermé son temple, Et dans la vie enfin je rentre avec effort : Mais nul impunément ne voit de tels mystères ; Le jour me rend en vain ses clartés salutaires, Je suis sous le sceau de la mort ! […] On en pourrait détacher quelques paroles éloquentes et tristes sur l’état moral de la France à cette époque, état moral agité et fébrile, suspendu entre des fautes et des excès contraires, donnant d’un extrême à l’autre sans trêve ni raison, et que nous avons vu se renouveler tant de fois depuis : un mal à désespérer les sensés et les clairvoyants, à faire douter de l’avenir et du bon génie de la France, et qui est devenu proprement le mal français périodique.
Quinet dont nous parlerons tout à l’heure, appartient comme lui à cette génération infatigable et généreuse, pure, avide d’espérance, insatiable de beaux désirs, de laquelle lui-même il a dit en un endroit : Toute une nation puissante qui s’éprend Pour le bien, pour le bon, pour le beau, pour le grand ; Et toute une jeunesse ardente et sérieuse, Qui pâlit de travail, et, les larmes aux yeux, Cherchant son avenir, au plus profond des cieux Suit l’étoile mystérieuse. […] Quinet a donné carrière à ses sympathies de moyen âge, en les relevant et les rachetant par ses vues philosophiques sur l’avenir du monde, sur la guerre dont il voit en Napoléon le dernier grand représentant, et sur la démocratie dont il le considère également comme le héros : « La poésie, dit-il, n’a pas seulement pour but de représenter Napoléon tel qu’il s’est montré aux contemporains.
Tantôt, flottant entre un passé gigantesque et un éblouissant avenir, égarée comme une harpe sous la main de Dieu, l’âme du prophète exhalera les gémissements d’une époque qui finit, d’une loi qui s’éteint, et saluera avec amour la venue triomphale d’une loi meilleure et le char vivant d’Emmanuel ; tantôt, à des époques moins hautes, mais belles encore et plus purement humaines, quand les rois sont héros ou fils de héros, quand les demi-dieux ne sont morts que d’hier, quand la force et la vertu ne sont toujours qu’une même chose, et que le plus adroit à la lutte, le plus rapide à la course, est aussi le plus pieux, le plus sage et le plus vaillant, le chantre lyrique, véritable prêtre comme le statuaire, décernera au milieu d’une solennelle harmonie les louanges des vainqueurs ; il dira les noms des coursiers et s’ils sont de race généreuse ; il parlera des aïeux et des fondateurs de villes, et réclamera les couronnes, les coupes ciselées et les trépieds d’or. […] Ce qu’il y avait de plus clair, c’est que l’ordre ancien dépérissait, que la religion était en péril, et qu’on se précipitait dans un avenir mauvais et fatal.