Telle fut la triste et mémorable occasion qui fit connaître au jeune Étienne celui qui, deux ans après, devait l’admettre au nombre de ses élèves. […] On savait d’ailleurs qu’il devait entrer dans l’école, où l’on était disposé à le bien recevoir, et on saisit une occasion opportune pour lui prouver qu’on l’y regardait déjà comme admis. […] Agé de dix-sept ans lorsqu’il fut admis chez David, il en avait à peine vingt-six quand il est mort, en 1806. […] C’était parmi les élèves un grand sujet de curiosité que de savoir à quel point en était l’ouvrage du maître, et chacun briguait la faveur d’être admis à le voir. […] Mme de Noailles et les dames de Bellegarde furent précisément admises à voir l’ouvrage du grand artiste au moment où cette difficulté l’arrêtait.
Le principe une fois admis, que tout est matière, et rien que matière en nous, cette conséquence est naturelle. […] « Il ne s’agit donc pas ici d’une simple dispute de mots, comme il semble à quelques esprits aveugles ou distraits ; sous le voile des mots, la question est posée sur des substances : ici, substance matérielle, qu’admettent également les deux doctrines ; là, substance d’une autre nature, et d’une nature supérieure, dont la matière n’est que le support. […] XXVI Il s’est formé parmi les savants une nouvelle école qui affecte, comme des sourds et muets, de n’admettre que ce qu’ils touchent et de traiter l’existence et le gouvernement du Créateur avec la plus dédaigneuse indifférence, affectant de tout expliquer sans Dieu et sans mystère. […] Mais cela suffit-il à la science, qui n’admet aucun effet sans cause, et qui voit l’effet universel, le Cosmos, se désintéressant de la plus grande des causes, son Créateur et son Dieu ?
Il faudrait donc admettre que Marceline aurait conservé, après son mariage, des relations avec son amant et qu’elle l’aurait fait entrer dans l’intimité de son mari. […] « Admettez-vous que Marceline Desbordes se soit donnée à un homme marié ? […] Les jeunes maîtresses étaient admises à ces réunions. […] « Ne fais pas attention au pluriel rimant avec un singulier ; c’est une licence que la douceur de la température nous fait admettre.
Il était encore à Hartwell quand M. de Talleyrand lui envoyait un personnage de l’ancienne Cour, celui-là même qui avait répondu à Louis XVI le jour de la prise de la Bastille : « Ce n’est pas une révolte, sire, c’est une révolution. » Ce personnage (M. de La Rochefoucauld-Liancourt) envoyé à Louis XVIII pour s’entretenir avec lui de la situation et l’éclairer de vive voix sur les difficultés, ne parvient pas à être reçu par le roi qui avait contre lui un ancien grief personnel ; il n’est reçu que par le favori (M. de Blacas) et revient sans avoir pu être admis. […] Je sais qu’il faut faire la part du tâtonnement nécessaire, de l’apprentissage en tout régime qui recommence ; et pour ce qui est des Chambres particulièrement, pour l’éloquence et la discussion parlementaire, j’admets toute l’inexpérience première sans qu’il y ait lieu de s’en étonner.
— Lui, c’était avec éclat que tout se produisait, avec une sincérité du moment qui ressemblait à de l’enthousiasme, et qui, une fois qu’on était averti et aguerri, admettait une part de comique, mais du comique du plus haut caractère. […] Ainsi, dans la note qui est à la page 123 du tome VIII, et dans laquelle je remarquais que depuis quelque temps on en est venu en littérature à faire de l’exagération une vertu et à instituer une théorie en l’honneur des génies outrés, une des phrases doit être rectifiée comme il suit : « C’était aussi la théorie déclarée de Balzac, qui n’admettait pas que Pascal pût demander à l’âme des grands hommes l’équilibre et l’entre-deux entre deux vertus ou qualités extrêmes et contraires.
Cela malheureusement ne suffit pas, et il faut des hypothèses complémentaires ; il faut admettre que les corps en mouvement subissent une contraction uniforme dans le sens du mouvement. […] Et de pareils signaux sont-ils inconcevables, si l’on admet avec Laplace que la gravitation universelle se transmet un million de fois plus vite que la lumière ?
Il faudrait admettre que Bossuet, s’il était né en Chine, aurait composé les mêmes sermons qu’en France à la cour du grand roi. […] On connaît le mot de Joubert : « Le talent de Racine est dans son œuvre ; il n’y est pas lui-même. » Admettons que ce soit une boutade, excessive comme le sont souvent les boutades ; il n’en est pas moins vrai que l’homme tout entier n’est jamais dans ses discours et ses écrits, et que parfois l’homme réel n’y est qu’à demi.
Tout cela est nécessaire chez un peuple où les mœurs ont admis les femmes dans la société en parfaite parité avec les hommes. Admises à partager le plaisir de la conversation, elles l’étaient par cela même à en disputer l’empire, et elles ne devaient pas rester en arrière de cette vocation ; et l’empire de la convention, qui devait leur en assurer un plus étendu, a contribué à étendre le domaine de la conversation elle-même.
Et cette opinion, de plus en plus admise, s’est confirmée en nous, que tout, dans l’univers, est vibration, combinaisons de vibrations, formes de mouvement, nombre et séries, associations de rythmes ; que le monde entier n’est qu’une vaste orchestration de rythmes ; que nous-mêmes sommes un rythme dans le rythme intégral ou accomplissement universel, et que le rythme inhérent au verbe humain, le rythme, dans l’œuvre du poète, est le mouvement même de l’inspiration. […] Mais pour nous, qui n’en sommes plus à croire que l’âme humaine, à travers les âges, reste imperturbablement égale à elle-même ; qui la concevons en perpétuel devenir, formée par toutes les capitalisations du passé et de l’hérédité, par toutes les acquisitions et par toutes les influences du savoir et des milieux, il est difficile d’admettre que le poète se doive complaire indéfiniment dans la contemplation de deux ou trois phénomènes généraux de la nature, signalés, d’ailleurs, depuis fort longtemps sous toutes les latitudes.
Je comprends qu’on soit le disciple d’un homme, mais le disciple de plusieurs sociétés n’est pas aussi aisé à admettre, et quand il ajoute, pour être plus clair et pour n’arriver qu’à être plus vague : « de la partie de ce siècle sur laquelle les Apôtres eux-mêmes ont exercé leur direction », je ne comprends plus du tout, ou plutôt je comprends que le protestant Gasparin n’est que le disciple de lui-même, et que sa foi religieuse ne relève que de sa critique, de la partie du siècle dont il se dit le disciple, et de sa propre interprétation… La personnalité protestante du comte de Gasparin est si large, si forte et si absorbante, qu’il n’admet que celle de Dieu vis-à-vis de la sienne.
Mais c’est ici que je me sens un peu embarrassé, je l’avoue… Goethe, cet homme dont on a fait le plus grand poète et le plus grand inventeur de notre temps, ne m’a jamais, à moi, paru si grand que cela, et j’ai dit ailleurs24 la mesure exacte dans laquelle je reconnais son génie et admets sa sincérité… Or, c’est au milieu de ce travail que le livre de Paul de Saint-Victor m’est tombé sur la tête comme une tuile. […] Paul de Saint-Victor a cet avantage pour le public d’avoir sur Goethe les opinions admises en Europe, et son livre est plus qu’un jugement littéraire sur le talent ou le génie de Goethe.
On peut admettre au contraire qu’à l’heure actuelle, si les spéculations de l’intelligence ne sont pas décidément vouées à l’atrophie et à la mort, elles devront résister au souffle égalitaire qui courbe sous un large niveau de médiocrité les démocraties modernes. […] Faut-il en conclure que l’auteur, retournant à la vieille théologie du moyen âge, admettait l’existence matérielle d’un être malfaisant en rébellion permanente contre Dieu et ses anges ? […] Ce qui semble plus sérieux, — et nous l’avons admis par avance, — c’est le dédain, inconscient ou voulu, dont le maître ne s’est guère départi vis-à-vis des pensées, des passions, des aspirations humaines, vis-à-vis de l’humanité, en un mot. […] Chez l’auteur de Madame Bovary, en particulier, pour qui les documents abondent, il est difficile de ne pas admettre une corrélation étroite entre sa situation pathologique et sa personnalité morale d’écrivain. […] — Si l’on porte même le débat sur la question des sujets choisis dans le monde moderne, — ce qui est en somme d’une bien mesquine importance, — ne les avait-il pas implicitement admis en publiant Claude Gueux, le Dernier Jour d’un Condamné, et plus tard les Misérables ?
Tout le monde admet, en effet, que les images actuellement présentes à notre perception ne sont pas le tout de la matière. […] Mais ces deux conditions admettent des degrés, et on conçoit que, nécessaires l’une et l’autre, elles soient inégalement remplies. […] Plutôt que d’admettre la présence, dans tous les cas, des deux éléments mêlés dans des proportions diverses, il aime mieux dissocier ces deux éléments, et attribuer ainsi aux objets extérieurs d’une part, aux états internes de l’autre, deux modes d’existence radicalement différents, caractérisés chacun par la présence exclusive de la condition qu’il faudrait déclarer simplement prépondérante. […] Bien plus : admettons un instant que le passé se survive à l’état de souvenir emmagasiné dans le cerveau. […] Notre répugnance à admettre la survivance intégrale du passé tient donc à l’orientation même de notre vie psychologique, véritable déroulement d’états où nous avons intérêt à regarder ce qui se déroule, et non pas ce qui est entièrement déroulé.
C’était le monde retourné, la subversion de tous les principes admis jusque-là. […] Sous le voile du mythe, les mages de la Perse avec leur antinomie d’Ormuzd et d’Ahriman, les philosophes grecs qui, comme Empédocle, admettent le dualisme primordial de l’Amour et de la Haine, les théologiens du christianisme qui opposent le royaume de Dieu au royaume de Satan, — tous aboutissent en somme au même point que les savants modernes avec leur double principe d’évolution et de dissolution : l’un qui tend à ramener les choses à l’homogénéité primitive, l’autre qui s’efforce au contraire vers la différenciation en créant de véritables hiérarchies d’individus de plus en plus dissemblables. […] Il n’admet pas que nous n’écrivions que pour nous seuls, que nous nous considérions comme en dehors de sa sphère. […] Le catholicisme lui-même n’admet pas la vie bienheureuse de l’âme sans la participation de son corps glorieux. […] Il faut croire qu’il y a une Idée de la Patrie au-dessus du temps et de l’espace, comme les théologiens admettent qu’il y a une Idée de l’Église.
Or, la logique du corps n’admet pas les sous-entendus. […] Admettons pourtant qu’il ait ses raisons pour en choisir une : comment ce même mot, prononcé par une nouvelle personne, ira-t-il rejoindre un souvenir dont il diffère ? […] Admettons donc qu’il y ait des souvenirs auditifs modèles, figurés par certains dispositifs intra-cérébraux, et attendant au passage les impressions sonores : ces impressions passeront sans être reconnues. […] Mais le fait s’éclaircira si l’on admet avec nous que les souvenirs, pour s’actualiser, ont besoin d’un adjuvant moteur, et qu’ils exigent, pour être rappelés, une espèce d’attitude mentale insérée elle-même dans une attitude corporelle. […] Admettons un instant, pour simplifier l’exposition, que des excitations venues du dehors donnent naissance, soit dans l’écorce cérébrale soit dans d’autres centres, à des sensations élémentaires.
Ceci admis, rien de plus intéressant que de saisir Manzoni nous livrant ainsi le secret de ses scrupules et de ses anxiétés d’écrivain.
Donnay gagnerait en intérêt si les spectateurs étaient admis (prix à débattre, nécessairement) à jouer un rôle actif.
Nous l’avertirons que ce n’est pas assez de savoir coudre les lambeaux étrangers à son Ouvrage, & dont on reconnoît d’abord la friperie ; de pousser de grandes exclamations sur le mérite de Voltaire ; d’avoir été admis à compulser les Archives du Mercure ; de nous reprocher habilement d’avoir omis quantité d’Ouvrages qui étoient sous presse, & qu’il ne nous étoit pas possible de connoître.
En tout cas, elle va vers un but, « même lorsque l’animal est privé de son encéphale », et cela si parfaitement, que divers physiologistes ont admis une âme, ou du moins « un centre perceptif et psychique » dans le tronçon de moelle ainsi séparé. — « Chez ce triton, on a, par une section transversale, enlevé la tête et la partie antérieure du corps avec les deux membres correspondants. […] On doit donc admettre que son action éveille partout des événements moraux d’espèce voisine ; et puisque d’ailleurs, même dans la protubérance et les lobes, la majeure partie de ces événements n’apparaît pas à la conscience, rien n’empêche que, dans la moelle, son action n’éveille aussi des événements moraux analogues à la sensation, situés, cette fois, non par accident, mais par nature, hors des prises de la conscience. — Il y aurait ainsi trois degrés dans la sensation. […] Cela s’explique, si l’on admet que la danse correspondante se répète de cellule semblable en cellule semblable, et subsiste par cette répétition en s’éloignant de plus en plus de son point de départ. […] Cela admis, on comprend en quoi consiste le souvenir, surtout le souvenir d’un événement ancien, notamment le souvenir qui semble avoir péri et qui ressuscite tout d’un coup, précis et complet, après dix ou vingt ans d’intervalle. […] « J’admets avec M.
Quelle que fût sa langue, latine, ou franque, ou romane, le peuple n’a pas cessé de chanter ; il est impossible, de par les lois psychologiques et de par l’expérience, d’admettre un seul instant un silence séculaire ; au contraire, la nouvelle religion, le nouvel état politique et social devaient provoquer une nouvelle poésie. […] Étant donné cet élément clérical, on a peine à comprendre comment les clercs, qui nous ont conservé Saint-Alexis, ne nous auraient pas conservé au moins deux ou trois de ces anciens et nombreux poèmes admis par hypothèse, où les preux mettaient leur épée au service de l’Église et couronnaient leur vie héroïque par un édifiant moniage. Cet élément clérical, Joseph Bédier vient de le prouver et de l’expliquer d’une façon lumineuse et rigoureuse, et j’estime qu’après ses travaux l’hypothèse d’une épopée antérieure à la fin du xie siècle est définitivement écartée. — Reste donc à admettre pour la première période une floraison lyrique. […] Cependant des témoignages divers nous forcent à admettre un répertoire plus riche, sérieux et surtout comique ; répertoire disparu, parce que sans forme littéraire ; il s’agissait sans doute de scénarios, remplacés par des textes à l’époque suivante qui sera celle du drame. […] Le fait s’explique sans trop de peine pour quiconque admet les idées qui précèdent.
Il leur apprit à douter, c’est-à-dire, à se détacher des sens, à se défier de leurs idées, à suspendre leur jugement, à n’admettre, en un mot, dans la Philosophie, que ce qui porte avec soi le caractere de l’évidence.
On put mesurer plus aisément encore que dans les dernières années de la décadence grecque et romaine le degré de réalité qu’il admettait. […] Il en est des simples détails comme des épisodes : l’art du Moyen-Âge les admet tous sans distinction. […] La réalité présente seule admise par le réalisme didactique ; Proudhon. — Courbet. — M. […] La première édition du Dictionnaire de l’Académie refusa d’admettre les termes de métier. […] Ceux-ci n’admettent rien au-delà, rien au-dessus de la présente existence.
Au milieu de distinctions fines et de bien nobles sentiments de spiritualisme que nous y reconnaissons, il nous est impossible, pour notre compte, d’en admettre le procédé, ni beaucoup des résultats.
On penchoit à l’admettre, quand cet Apologue de M.