Aussi, en nous arrêtant sur ce dernier point, voyons-nous que la révolution actuelle a commencé dans l’Église avant d’être dans l’État. […] Ce pas a été bientôt franchi sous les auspices du jansénisme et de la doctrine des libertés de l’Église gallicane.
Chargés de vérité et pour ainsi parler, pavoisés de couleurs d’un grand talent, dont le caractère est l’éclat, ces trois volumes, comme le vaisseau que montait l’aïeul de Cortès pour aller à la conquête d’un monde, s’en vont à la conquête des âmes, qui sont aussi des mondes et peut-être plus difficiles à conquérir… Quelle que soit leur destinée, c’est un service rendu à l’Église que d’avoir pensé à les traduire et à les publier dans cette langue française qui n’est pas seulement, comme on l’a dit, la langue de la diplomatie et de la philosophie, mais qui est plus qu’une autre la langue de la propagation et de la foi. […] Avec son seul livre de l’Essai, le marquis de Valdegamas s’est placé entre le comte de Maistre et le vicomte de Bonald, qu’on pourrait presque appeler les Pères laïques de l’Église romaine.
Allez donc faire comprendre aux âmes du Dix-neuvième Siècle les humilités de la Sainte, qui s’appelle criminelle, elle qui n’a jamais péché mortellement, selon l’Église, et qui l’est à ses yeux, parce qu’elle emprunte un peu de la lumière de Dieu, pour voir l’infinie petitesse des plus grandes vertus. […] » Et effrayée, humblement et raisonnablement effrayée, elle appelle à soi la Science, la Doctrine, la paternité du Confesseur ; elle y appellerait toute l’Église pour s’attester qu’elle ne se trompe pas ; que ses visions ne sont pas des pièges de l’orgueil.
Il ne fallut rien moins que l’intervention et la supplication d’un prêtre pour le décider à reprendre une plume qu’il avait jetée là, et qu’il reprit pour la cause de Dieu et de l’Église. […] » — Raymond Brucker, qui n’a jamais bénéficié de rien, et pour lequel l’Église, dont il fut le serviteur fidèle et héroïque jusqu’au dernier moment, n’a rien fait, et qu’elle a laissé mourir de faim ou à peu près ; Raymond Brucker, dont les grands hommes littéraires du temps où il fut littéraire comme eux, avec autant de talent qu’eux, diraient peut-être, s’ils vivaient encore : « Je ne connais pas cet homme-là », comme saint Pierre l’a dit de Jésus-Christ, aura-t-il, à propos de ses Docteurs du jour, ce bonheur d’outre-tombe, qui ne sera un bonheur que pour nous qui l’avons aimé, de quelques rumeurs flatteuses autour de son tombeau ?
De nos jours, Le Sage ne serait pas mort chétivement à Boulogne-sur-Mer, chez le chanoine, son fils, gueux comme un rat d’église qui quitte le désert de son église, où il meurt de faim, pour la desserte d’un chanoine !
On ressent, à le feuilleter, une impression complexe, et il y a certaines de ses pièces formant si bien tableau, qu’on s’arrête pour laisser passer l’image ; il faut lire les Glaneuses, les Deux Croix et le poème du Pardon : un long défilé de costumes bretons, de mendiants bariolés, de bannières flottant comme des petites voiles sur cet horizon de mer qui sert de fond à toutes les fêtes bretonnes, apparaît écumant ou calme, uni ou blanchissant, entre les menhirs gigantesques, les vieilles églises romanes, comme la poésie éternelle et l’éternelle menace de la nature.
D'ailleurs, la maniere dont il est mort, en soumettant tous ses Ecrits au jugement de l'Eglise, est une preuve convaincante de l'orthodoxie de ses sentimens.
On allait au-devant d’eux en procession avec les bannières des églises ; on chantait à leur louange des cantiques composés de passages de l’écriture sainte, cousus ensemble pour faire allusion aux actions de leurs règnes.
Ces coureurs voulaient qu’il leur ouvrît l’église, disant qu’il y avait caché les biens du logis. […] On peut croire l’épouvante que je pris à cette nouvelle, ayant laissé plus de sept mille pistoles enterrées en cette église. […] Ce sont les logements des gens d’Église, des régents et des étudiants qui vivent des rentes de ce lieu sacré. […] Ils sont autrement faits que les lampes des églises. […] Lisez κανδηλαναφτης, kandilanaphtis (allumeur de chandelles) ; c’est un mot grec moderne et un titre des fonctionnaires dans les grandes églises.
Rossi lui a répondu avec une justesse, une vérité, une finesse railleuse qui ont enlevé tous les suffrages ; on retrouvait dans le pair de France, devenu en ce moment l’organe de toute la Chambre, l’homme des États romains qui a vu de près l’Église et qui en a pratiqué l’histoire.
La premiere de ces Vérités est, qu’il n’y a qu’un Dieu & qu’une vraie Religion ; la seconde, que de toutes les Religions, la Chrétienne est la seule qui soit divine ; la troisieme, que de toutes les Communions du Christianisme, il n’y a que la Catholique Romaine qui soit la véritable Eglise.
Son Histoire de l’Eglise a de la noblesse & de la simplicité, mais n’est pas exempte du défaut que nous venons de lui reprocher.
l’intérieur de la nouvelle église de la Magdeleine de la Ville-L’évêque . du même.
L’Église aussi profitait des avantages de cette « convivialité » universelle dont je viens de tracer le tableau. […] Le temps de la confession, la Pâque, la Pentecôte, étaient encore, pour l’Église et le peuple, autant d’occasions périodiques de réjouissances communes. […] Vers la fin de son règne, Henri VIII interdit à l’Église ces représentations qui, dans l’incertitude de sa croyance, déplaisent au roi et l’offensent tantôt comme catholique, tantôt comme protestant. […] Shakespeare fut enterré dans l’église de Stratford, où subsiste encore son tombeau. […] Littéralement bière d’église ; mais la bière était si intimement unie aux fêtes populaires que le mot ale était devenu synonyme de fête.
Une scène des plus atroces s’était passée le jour de Pâques 1791 à la porte de l’église de Sainte-Claire. Le matin, au sortir de la messe de six heures, une troupe d’énergumènes, armés de fouets de cordes, s’étaient précipités sur les femmes à mesure qu’elles franchissaient le seuil de l’église, et celles auxquelles ils s’étaient acharnés, ils ne les avaient laissées que sanglantes, demi-mortes, après leur avoir infligé les derniers affronts. […] Tout plein de ces scandales criants et le cœur gros de ces iniquités, Camille Jordan écrivit une sorte de pamphlet, signé le citoyen Simon, et qui avait titre la Loi et la Religion vengées des violences commises aux portes des églises catholiques de Lyon. […] Quantité de communes réclamaient leur église, leur presbytère, leurs cloches, les signes extérieurs du culte. […] Il s’est fait catholique et me paraît dans la plus haute exaltation religieuse. — J’ai vu aussi M. de Chabot, ami de Matthieu, un jeune homme aimable et bon, passant aussi sa vie dans les églises.
Brumoy s’est exercé aussi dans l’Histoire, & nous croyons pouvoir assurer, d’après la lecture des onzieme & douzieme volumes de l’Histoire de l’Eglise Gallicane & de quelques autres morceaux historiques de sa façon, que ce n’étoit pas là son talent le plus décidé.
Il est hostile et volontiers méprisant à l’Église, et il croit à sa propre petite Église qu’il voit déjà en idée dominante et universelle. […] Cette hostilité à l’Église établie et déjà persécutée, cet orgueilleux sentiment rival qu’on ne s’attendrait guère à trouver chez un homme de paix et d’humilité, se désarmera un peu vers la fin de sa carrière.
L’élément, l’intérêt démocratique, celui des communes, ou de ce qui devait un jour s’appeler de ce nom, dominait en général ; la monarchie et l’Église avaient un peu le dessous. […] M. de Saint-Priest se sera dit qu’il y avait là un sujet tout neuf : retrouver les vieux titres de nos races monarchiques et ceux aussi de l’Église à ces époques. […] En Grèce, en Italie, telle bourgade, telle petite ville, étaient déjà chrétiennes ; la foule se rendait dans les basiliques transformées en églises ; les préaux, les chemins, étaient semés de croix ; pourtant, au fond du bois, au détour d’un angle caché par les chênes verts, sur le bord du ruisseau ou du lac, on voyait se mirer paisiblement dans l’eau la grotte des Nymphes, grande et grosse roche, ronde par le dehors, au dedans de laquelle se cachaient quelques statuettes en pierre de Naïades ou de Napées, les bras nus,… les cheveux épars sans tresses,… le visage riant et la contenance telle comme si elles eussent ballé ensemble 6.
Œuvre bourgeoise, on devine ce que lui fournira la matière de la parodie : la noblesse et l’Église. […] L’Église n’est pas plus ménagée, ni la religion : Bernart l’âne est archiprêtre ; Primaut le loup, ivre du vin que Renart lui a fait boire, revêt l’étole, sonne les saints, et chante l’office à tue-tête devant l’autel ; Rosnel le mâtin joue le corps saint sur lequel on doit jurer, et machine un miracle, en promet faut de ressusciter au bon moment pour happer le parjure. Et voici tout le service funèbre de Renart (qui du reste n’est pas mort) : d’abord on chante auprès du corps les leçons, répons et versets des vigiles des morts ; puis le lendemain on sonne les sains, on porte le corps à l’église, on le dépose devant l’autel, et l’office commence.
Dans la pièce d’où sont tirés les vers qui précèdent Christine la Bergerette, c’est la primitive Église ; Simonne, c’est l’Église romaine. […] Cette belle, c’est Christine la Bergerette, la primitive Église, dont Marot fait l’histoire allégorique dans une ballade, opuscule ix.
Passons, pour la dernière fois, la revue des femmes de la société polie, des hommes de cour et hommes du monde, des hommes de lettres et des hommes d’église qui en faisaient partie. […] Savoir les êtres de la chapelle… savoir où l’on est vu et où l’on n’est pas vu, rêver dans l’église à Dieu et à ses affaires… voilà le plus bel effort de la dévotion du temps. […] On ne tardera pas à voir le dévot de la capitale, évitant les églises désertes et solitaires, « fréquenter les temples où il se fait un grand concours ; on n’y manque point son coup : on y est vu… Au lieu de la messe du roi, on verra de beaux saluts à Paris.
Un jour de tristesse, un soir, il est entré dans l’église de Saint-Étienne-du-Mont. Il n’y entrait que par désœuvrement d’abord, pour regarder et admirer comme d’autres curieux les merveilles d’architecture élégante et fine qu’offre cette jolie église : Et la rougeur au front je l’avouerai moi-même… Dans le temple au hasard j’aventurais mes pas, Et j’effleurais l’autel et je ne priais pas. […] Sous cette impression intérieure, sous le rayon de cette ferveur retrouvée, le poète, agenouillé devant le tombeau de Racine (qui se trouve dans cette église), fait un vœu.
Puis, se tournant à ceux qui sont sur la terre, à l’Église militante, il les invite ; en ces termes, à prendre part aux transports de la sainte et triomphante Jérusalem. « Réjouissez-vous, dit-il avec elle, ô vous qui l’aimez ! […] Il ira, cet ignorant dans l’art de bien dire, avec cette locution rude, avec cette phrase qui sent l’étranger, il ira en cette Grèce polie, la mère des philosophes et des orateurs ; et, malgré la résistance du monde, il y établira plus d’églises que Platon n’y a gagné de disciples par cette éloquence qu’on a crue divine. […] Quelques empereurs iconoclastes avaient permis de dessiner des fleurs et des oiseaux sur les murs des églises de Constantinople.
C’était cette perspective qui me faisait endurer cette longue pénitence de l’église, sans bouger et sans rien dire. […] Confinant à la chapelle, il semblait avoir formé, jadis, une église plus vaste, dans laquelle on avait disposé des compartiments, pour différents usages. […] De l’autre côté c’était l’église, avec le maître-autel en face de la grille. Je m’aperçus bientôt que cette petite église était publique : les gens du dehors y venaient, et, par cela elle prenait pour moi un intérêt extrême. […] Il n’avait pas besoin pour cela de pénétrer dans le couvent : le confessionnal était, comme l’église, partagé en deux par une grille et il ne communiquait pas autrement.