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645. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre cinquième »

Lors à toi (à Ronsard) revenant, et croyant que la peine De t’oser imiter ne seroit pas si vaine Je te pris pour patron mais je pus moins encor Avec mes vers de cuivre égaler les tiens d’or…117 En effet, les œuvres de jeunesse de Bertaut sont imitées de Desportes ; celles de son âge mûr le sont de la partie sérieuse et savante des poésies de Ronsard. […] Son caractère, son âge, son tour d’esprit convenaient admirablement à l’espèce de dictature qu’il exerça pendant vingt ans. […] Il fit ses plus belles pièces ayant passé l’âge mûr, alors que l’imagination n’a plus de fumées, la raison plus d’illusions, le goût plus d’incertitude : c’est l’âge où Bossuet écrivait l’oraison funèbre du prince de Condé.

646. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre VI. Premiers pas hors de Saint-Sulpice  (1882) »

Il fit la carrière scientifique de son fils en lui permettant de se livrer, jusqu’à l’âge de plus de trente ans, à ses recherches spéculatives, sans fonction, ni concours, ni école, ni travail rémunérateur. […] Dans l’ordre des idées critiques, je cédai également le moins possible, et c’est ce qui fait que, tout en étant rationaliste sans réserve, j’ai néanmoins plus d’une fois paru un conservateur dans les discussions relatives à l’âge et à l’authenticité des textes. […] Dans mes Origines du Christianisme, au contraire, cette réserve m’a bien guidé ; car, dans ce travail, je me suis trouvé en présence d’une école exagérée, celle des protestants de Tubingue, esprits sans tact littéraire et sans mesure, auxquels, par la faute des catholiques, les études sur Jésus et l’âge apostolique se sont trouvées presque exclusivement abandonnées. […] IV Quatre vertus me semblent résumer l’enseignement moral que me donnèrent, surtout par leurs exemples, les pieux directeurs qui m’entourèrent de leurs soins jusqu’à l’âge de vingt-trois ans : le désintéressement ou la pauvreté, la modestie, la politesse et la règle des mœurs.

647. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Chamfort. » pp. 539-566

» Quand l’ancienne société applaudissait à ces épigrammes, et quand Chamfort lui-même en semait son petit acte, on peut assurer que les spectateurs ni lui n’y entendaient pas tant de malice : M. de Chamfort est jeune, disait le plus fin critique de ce temps-là (Grimm), d’une jolie figure, ayant l’élégance recherchée de son âge et de son métier. Je ne le connais pas d’ailleurs ; mais s’il fallait deviner son caractère d’après sa petite comédie, je parierais qu’il est petit-maître, bon enfant au fond, mais vain, pétri de petits airs, de petites manières, ignorant et confiant à proportion ; en un mot, de cette pâte mêlée dont il résulte des enfants de vingt à vingt-cinq ans assez déplaisants, mais qui mûrissent cependant, et deviennent, à l’âge de trente à quarante ans, des hommes de mérite. […] Le malheur de Chamfort, dès avant l’âge de quarante ans, fut dans son inaction et dans sa stérilité79. […] L’homme arrive novice à chaque âge de la vie.

648. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1856 » pp. 121-159

Nous avons déjeuné avec Paul Mantz, un petit brun, au clignement d’œil intelligent, à la parole monosyllabique ; avec Dussieux, professeur à Saint-Cyr, qui a quelque chose d’universitaire dans la tournure et de militaire dans la voix, et un coup d’œil scrutateur de commissaire de police dans le regard qu’il vous jette par-dessus ses lunettes bleues ; avec Eudore Soulié, aux traits sans âge, à la figure en chair d’un gibbon, à la chevelure pyramidale, ébouriffée et jouant la perruque, à la gaieté et à l’espièglerie gamines riant dans une voix de fausset. […] * * * — Ces jours-ci, la mère de notre ami Pouthier, reprochant à son fils de n’avoir encore ni une situation, ni une carrière, ni un gagne-pain, terminait son sermon maternel par cette phrase admirable : « À ton âge, j’étais déjà mère !  […] — Quel âge avez-vous ? […] Thiers a tant débagoulé, le vieux Delécluze, contait à Vignères, que lui et sa sœur avaient été élevés jusqu’à l’âge de quatorze ans, dans une chambre où il y avait aux murs : les « Quatre Parties du jour » de Baudouin, sans que jamais ces images leur eussent fait songer à mal.

649. (1913) La Fontaine « II. Son caractère. »

Seulement dans la société, et surtout quand vous êtes ce que vous êtes, on jouit du plaisir de plaire à tout le monde ; et dans la solitude, on jouit du plaisir de vivre avec soi-même, et cela est une affaire d’âge et de condition. […] Causeur charmant, aimable jusqu’à l’âge, vous le voyez, de soixante-cinq ou six ans, parlant de toute chose, laissant aller son imagination et sa douce fantaisie à travers tous les sujets, papillon non seulement du Parnasse, mais en quelque sorte de l’univers, aimant la discussion, et puis enfin, peut-être un peu brusquement s’échappant, mon Dieu, parce qu’il peut en avoir assez de la société dans laquelle il est, ou plutôt, et j’en suis sûr, plutôt parce qu’une pensée particulièrement chère lui est venue, une pensée favorite, en quelque sorte, qu’il veut suivre dans cette solitude si féconde qu’il aime tant. […] Vous savez qu’en vers  mais, en vers, c’est moins fort peut-être qu’en prose  vous savez qu’en vers il a dit souvent au moins un peu de mal des enfants : Certain enfant qui sentait son collège, Doublement sot et doublement fripon Par le jeune âge… Et il ajoute qu’il a été gâté aussi par l’éducation. Vous savez son fameux mot : Mais un fripon d’enfant (cet âge est sans pitié…) Etc.

650. (1897) Un peintre écrivain : Fromentin pp. 1-37

Quel monde de héros s’est ainsi, d’âge en âge, superposé au monde des vivants et des morts ! […] Un collégien, dont l’enfance orpheline s’est écoulée à la campagne, s’éprend, à l’âge des premiers discours français, de la cousine d’un de ses amis, Madeleine d’Orsel. […] À peine, çà et là, voit-on mentionnée une écharpe de gaze, dont il est évident qu’il aimait l’étoffe transparente, presque fluide, et si bien destinée à accompagner le visage féminin qu’elle n’a pas d’âge dans l’histoire du costume.

651. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 293

A l’âge de près de soixante ans, il commença à se douter qu’il pouvoit devenir Auteur ; exemple rare dans un siecle, où l’on n’attend pas si long-temps à se croire en droit d’assommer le Public par ses Ecrits.

652. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Appendice — Mémoires du comte d’Alton-Shée »

Élevé par une mère distinguée, d’un esprit philosophique et d’une grande tendresse, il la perd à l’âge de douze ans, et dès lors son éducation qui commençait sous de doux et heureux auspices est brisée. […] Dès l’âge de la première communion, il regimbait à ce qu’on lui enseignait d’histoire ou de morale évangélique.

653. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — George Sand, Valentine (1832) »

Il semblait que le succès de son aîné l’eût fait pousser et se produire à la hâte, comme un enfant précoce qui devance l’âge d’être homme, séduit et perdu qu’il est par l’exemple de son grand frère. […] Nous sommes donc dans la famille Lhéry, bons fermiers enrichis, dont la fille est une demoiselle et s’appelle Athénaïs : elle a passé deux ans dans un pensionnat d’Orléans ; on la destine à Bénédict, son cousin germain, jeune homme orphelin et pauvre que son bon oncle et sa bonne tante Lhéry ont recueilli chez eux en bas âge et ont, plus tard, envoyé étudier à Paris.

654. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « BRIZEUX et AUGUSTE BARBIER, Marie. — Iambes. » pp. 222-234

Les plus vrais tableaux, les plus vives réalités qu’il nous offre, ont encore un parfum antique qui trahit une instinctive familiarité avec les maîtres de l’âge d’élégance, avec les poëtes du Musée et de l’Anthologie. […] Tout homme de notre âge, dont la vie n’a pas été celle d’une jeune fille de province, tout homme que ses passions ou les circonstances ont mêlé aux diverses classes de notre civilisation si vantée, et qui ne les a pas envisagées, comme trop souvent, avec des yeux cupides et un cœur endurci, celui-là sait fort bien ce qu’il y a de trop misérablement vrai au fond de cette lie où M.

655. (1874) Premiers lundis. Tome I « Espoir et vœu du mouvement littéraire et poétique après la Révolution de 1830. »

Ballanche, le jeune homme, qui, plein de nobles et de sincères affections, repousse d’abord le temps présent, comme incomplet et aride, qui résiste aux destinées sociales encore incertaines, et se réfugie de désespoir dans un passé chimérique ; ce jeune homme, type fidèle de bien des âmes tendres de notre âge, finit par se réconcilier avec cette société nouvelle mieux comprise, et par reconnaître, à la voix du vieillard initiateur, c’est-à-dire à la voix de la philosophie et de l’expérience, que nous sommes dans une ère de crise et de renouvellement, que ce présent qui le choque, c’est une démolition qui s’achève, une ruine qui devient plus ruine encore ; que le passé finit de mourir, et que cette harmonie qu’il regrette dans les idées et dans les choses ne peut se retrouver qu’en avançant. […] La mission, l’œuvre de l’art aujourd’hui, c’est vraiment l’épopée humaine ; c’est de traduire sous mille formes, et dans le drame, et dans l’ode, et dans le roman, et dans l’élégie, — oui, même dans l’élégie redevenue solennelle et primitive au milieu de ses propres et personnelles émotions, — c’est de réfléchir et de rayonner sans cesse en mille couleurs le sentiment de l’humanité progressive, de la retrouver telle déjà, dans sa lenteur, au fond des spectacles philosophiques du passé, de l’atteindre et de la suivre à travers les âges, de l’encadrer avec ses passions dans une nature harmonique et animée, de lui donner pour dôme un ciel souverain, vaste, intelligent, où la lumière s’aperçoive toujours dans les intervalles des ombres.

656. (1875) Premiers lundis. Tome III « Instructions sur les recherches littéraires concernant le Moyen Âge »

Vous en donneriez des indications et traits qui permissent d’en déterminer l’âge. […] On ne devra pas non plus omettre les poèmes latins de ces âges.

657. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIII » pp. 237-250

Ce fut chez la maréchale d’Albret que madame de Montespan, mariée en 1663, à l’âge de 22 ans, fit connaissance avec madame Scarron. […] Mariée à l’âge de 17 ans avec un homme riche, spirituel et fort répandu ; belle, spirituelle elle-même et bien élevée, sa société fut bientôt recherchée.

658. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — La synthèse »

Ce corps eut une enfance, une jeunesse, un âge mûr souvent, une vieillesse parfois ; il fut un homme, lit partie d’une famille, naquit et vécut dans une patrie, eut tels parents, tels amis, tels contemporains ; la carrière de cet être fut mêlée d’infortunes et de joies, de hasards et d’habitudes ; il subit et exerça des influences spirituelles ; il reprit l’œuvre artistique à un point donné et en porta le progrès à tel autre point ; cette entité intellectuelle dont on a désigné d’abord la configuration totale et générale, avec toutes ses acquisitions et toute son innéité, eut une évolution, fut jetée dans le compromis de résistances et d’adaptations qu’est la vie, fut fait d’originalité et d’imitation comme tout individu vivant, mêla sa tâche de redites et de trouvailles. […] Cette époque se perçoit comme un « âge critique », et non plus « créateur ».

659. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Quitard »

c’est là un nom usurpé en tout temps, si ce n’est pas une ironie, mais ce l’est particulièrement quand les nations sont dans l’enfance, dans cet âge où pour l’homme lui-même, et le plus exceptionnel des hommes, hormis le petit Joas d’Athalie, la sagesse n’existe pas. […] Si, comme je le crois, l’histoire des patois, ces langues roulantes qui ont précédé les langues assises et sont à ces dernières ce que sont les tentes et les quatre piquets des premiers âges aux palais des civilisations, si l’histoire des patois est un magnifique sujet à traiter en philologie, il en est un plus beau encore, c’est l’histoire des proverbes, car les patois ont été créés plus particulièrement par les besoins généraux des hommes, et les proverbes par l’intelligence individuelle de l’humanité !

660. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « César Daly »

César Daly, avec ses opinions philosophiques, le tour indépendant de son esprit et toute la vie de son impatiente originalité, interpréterait-il bien l’idée chrétienne d’un monument qui remontait à un autre âge, à un âge dont il a dit parfois que les inspirations étaient finies ?

661. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Lettres d’une mère à son fils » pp. 157-170

… On dirait que le sexe de la femme est de son côté… Adrien est à l’âge de la vie où la première instruction acquise, l’éducation, est surtout nécessaire pour donner le fini à la moralité d’un homme. […] Elle lui aurait appris que le nécessaire intellectuel et moral de l’homme doit être prêt et complet avant cet âge décisif et funeste, et que la conscience ne s’improvisait pas en quelques leçons, au bout de l’enseignement du collège, comme l’art de danser ou de tenir la bride de son cheval !

662. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Lamartine »

Il est le Virgile de notre âge, et bien plus grand que Virgile encore, comme nous, modernes et sortis du Christianisme, nous sommes, en âme, bien plus que n’étaient les Romains. […] Parce qu’il était élevé, les esprits bas, qui sont si fins, le disaient niais, et Chateaubriand, Chateaubriand lui-même, le Méprisé des Naturalistes de notre âge, un jour l’appela « un grand dadais », parce qu’il voyait beau et grand, cet homme qui, en la regardant, grandissait la nature, mais qui ne la méconnaissait pas !

663. (1887) George Sand

C’est ainsi qu’elle prélude à ce songe d’âge d’or, à ce mirage d’innocence champêtre qui la prit dès l’enfance et la suivit jusque dans l’âge mûr. […] Le plus grave esprit de notre âge, celui qu’on se figurait, surtout dans les dernières années de sa vie, comme naturellement absorbé dans les plus hautes méditations philosophiques ou religieuses, M.  […] Sauf cet épisode assez court, c’est à Nohant qu’elle avait destiné de mourir, et c’est là, en effet, qu’elle mourut, à l’âge de soixante-douze ans, le 8 février 1876. […] « À l’âge que tu as, j’aimerais te voir moins irrité, moins occupé de la bêtise des autres. […] C’est contre cette école que George Sand use les dernières armes de sa dialectique toujours jeune malgré l’âge.

664. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

On ne trouverait, semble-t-il, rien de tel — ou peu de chose — dans notre âge classique. […] Il savait dans son âge mûr où était sa véritable vocation. […] En somme, depuis l’âge de quinze ans, il a vécu en état de rupture morale avec les siens, et il prévoit le moment où cette rupture deviendra complète. […] Son héros perd sa mère et son père en bas âge, et c’est tout. […] Madeleine est à l’âge où l’on se marie, Dominique est à l’âge où l’on fait ses études.

665. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — N — Nadaud, Gustave (1820-1893) »

Alexandre Nous avons rêvé souvent des chansons nouvelles pour notre temps nouveau, des chansons agitées des grandes inquiétudes et des grands désirs comme les âmes de notre âge.

666. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 433-434

Ses talens singuliers pour la Poésie auroient pu être perfectionnés par le temps, si la mort ne l'eût enlevée aux Muses à la fleur de son âge.

667. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

Cet état d’esprit apparaissait alors libre et discipliné tout ensemble, cohérent et diffus, dans une réunion de deux cents personnes de toute condition et de tout âge. […] Il est passé l’âge de la révolte contre le xviie  siècle ! […] Renan juge les idées, on dirait qu’il raconte l’âge des chimères après qu’il est fini. […] Était-il possible à un ecclésiastique qui avait déjà plus qu’atteint l’âge des pensées sérieuses, de raconter légèrement une telle histoire et de la raconter honnêtement ? […] Il fait son entrée à Versailles en 1692, à l’âge de dix-sept ans.

668. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. de Rémusat (passé et présent, mélanges) »

Il parcourt sa vie passée et note déjà ce qu’il appelle ses âges . […] Ce que je sais, c’est que nous étions trois d’abord, M. de Serre, Camille Jordan et moi. » Sans remonter si haut, sans nous reporter à cet âge presque mythologique du parti doctrinaire, nous trouvons, au moment où M. de Rémusat y fit son entrée, que la tête du groupe se composait exactement de M.  […] Tout en conservant des liens intimes avec les doctrinaires, il suivit plus hardiment la pente de son âge et de ses opinions qui l’inclinaient vers la gauche. […] Le lieu qu’il tient est au premier rang parmi les esprits de cet âge ; il l’étend chaque jour, et, pour l’agrandir encore, il n’a qu’à le faire tout à fait égal à son mérite. […] « Dans une région sociale différente, des hommes du même âge, etc., etc.

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