Sa parole suave, ses manières sans apprêt, sa familiarité rassurante, élevaient tout de suite ceux qui l’approchaient à son niveau. […] On n’a aucun détail sur la manière dont cette liaison fut contractée jusqu’après la mort du poète. […] « Vous pouvez juger, mon cher Baldelli, de ma douleur par la manière dont je vivais avec l’incomparable ami que j’ai perdu. […] Ceux que vous avez plaints et révérés dans le malheur, vous les aimez aussi dans la prospérité ; ceux que vous avez exécrés quand ils exerçaient la tyrannie, vous les exécrez encore quand ils sont tombés… En comparant ces deux manières de fidélité, l’une aux principes, l’autre aux personnes, je remarquerai, quoi que vous en puissiez dire, que la vôtre est beaucoup plus passionnée, beaucoup plus jeune que la mienne… » XII Mme de Staël, qui était allée à Pise marier sa fille avec M. le duc de Broglie, écrivait à la comtesse des lettres empreintes du même embarras que Sismondi : « Pise, 20 décembre 1815.
On peut aussi, si l’on veut, reconnaître Henri IV dans Euric, et dans Alcidon on dans Daphnide, le duc de Bellegarde ou la duchesse de Beaufort : à coup sûr, le ton n’y est pas ; et même l’inconstant Hylas, même le féroce Polémas n’ont pas les manières ni le reste qui décidaient la marquise de Rambouillet à se retirer chez elle. […] Il n’y a pas à douter que l’œuvre de D’Urfé n’ait aidé Mme de Rambouillet à organiser la vie mondaine, lorsque, dégoûtée, nous dit-on, des manières par trop soldatesques et gasconnes de la cour du Vert Galant, elle se retira en son hôtel et y reçut ses amis272. […] Elle ne comporte ni la bonté du cœur, ni la force de l’intelligence, mais elle indique certaines manières d’avoir, ou de n’avoir pas, du cœur ou de l’intelligence. […] De là précisément l’exagération du raffinement, l’intempérance cérémonieuse des manières, l’extravagance spirituelle du langage.
Non, puisque, dans la multiplicité des romanciers indépendants qui semblent n’appartenir à aucun de ces courants, quelques-uns se sont imposés au public d’une manière irrésistible. […] Et de même, il n’est pas démontré que les auteurs aient voulu, pour rajeunir le roman, en faire une manière de compromis avec l’histoire, en substituant, de propos délibéré, à une œuvre presque uniquement fantaisiste et fictive, un travail surtout documentaire. […] Dans les romans qui caractérisent sa seconde manière et que j’ai énumérés plus haut, M. […] Mais il ne faudrait pas, comme on l’a fait, s’abuser jusqu’à voir une manière d’écrire nouvelle dans cette tendance à la clarté, à la netteté, à la limpidité d’inspiration et d’expression, qui distingue la plupart de ces conteurs.
Si cette pièce singulière, que ses enthousiastes veulent faire envisager comme une nouvelle lumière apportée aux hommes qui se piquent de penser, est écrite en quelques endroits d’une manière forte, sublime & pathétique, elle est froide dans tout le reste. […] C’est parodies que de copier, d’après quelque poëte connu, un ou plusieurs vers ; soit en n’y changeant rien ou en y faisant quelque léger changement, mais toujours en les présentant de manière qu’il en résulte un tout autre sens que celui de l’original. […] Il écrivit pour les venger de l’insulte qu’il prétendoit leur être faite en plein théâtre, à eux tous, à l’auteur intéressé, au public dont on avoit eu les acclamations, aux acteurs qui avoient joué supérieurement & dont on copioit, d’une manière bouffonne, la voix, le geste, les démarches & les mouvemens. […] Rousseau, le conseil le plus dangereux qu’on pût donner, du moins tel est mon sentiment, & mes raisons sont dans cet écrit. » Quoique ces raisons semblent ne devoir convenir qu’à la constitution de Genève, elles sont pourtant exposées très-souvent d’une manière générale.
Enfin sanctifiez votre âme comme un temple, et l’ange des nobles pensées ne dédaignera pas d’y apparaître9. » En quoi consiste cette méthode historique, que la critique moderne inaugurait d’une manière si brillante ? […] Or, il y a deux manières de sauver du naufrage des temps l’idée vitale d’un chef-d’œuvre ; l’une c’est de la transporter, par une œuvre nouvelle, dans un milieu intelligible à nos contemporains, de l’environner de leurs mœurs, de leurs croyances : c’est la tâche du poète : c’est ainsi que Virgile refait Homère, et que Racine refait Euripide. […] Il ne comprend et n’aime que sa propre manière, et fait toujours, à son insu, la théorie de son talent. […] Les articles de Geoffroy ont été recueillis d’abord dans le Manuel dramatique de Perrin, 1822 ; ensuite et d’une manière plus complète dans le Cours de littérature dramatique, 6 vol. in-8, 1825.
En aucune manière on ne saurait attribuer ce renversement des valeurs à l’instinct sinon à ce qu’on a appelé improprement l’instinct de destruction qui n’est en vérité qu’une résultante d’un état atrabilaire. […] Ils ne les vendent point, ils les donnent et ils ont la manière. […] À titre d’expérience, placez en regard de son étude sur Flaubert l’article de Sainte-Beuve sur Madame Bovary, et vous sentirez entre les deux manières l’abîme. », Fernand Vandérem, Le Miroir des lettres, 1re série (1918), Paris, Flammarion, 1919, p. 115. […] Il fait par ailleurs un éloge soutenu du roman, dont il salue le style et la délicatesse dans l’évocation de cette histoire sensuelle, manière témoignant d’un néo-réalisme conjoignant l’exactitude de l’observation au bon goût.
Roederer, qui sent volontiers de la même manière que Sieyès dans les moments décisifs, n’a pas comme lui l’invention ni la puissance de formule, il n’a que beaucoup d’esprit, de sens, une pensée énergique et diverse ; mais il y joint une plume facile, ingénieuse, et ne perd jamais de vue la pratique ; c’est un Sieyès en monnaie et en circulation, communicatif, qui a, chaque jour au réveil, une idée, une observation neuve sur n’importe quel sujet, politique, moral, littéraire, grammatical, et qui, à l’instant même, a autant besoin de dire ce qu’il pense que Sieyès avait toujours envie de le taire. […] Roederer analysant l’opinion de Sieyès, et pour mieux faire valoir quelques-unes des vues de l’auteur, avait parlé d’une manière un peu dégagée de son humeur, de ses préventions ; en un mot, il avait fait assez lestement les honneurs de sa personne. […] Devaines et Roederer lui avaient annoncé par lettres qu’ils avaient quelques objections sur sa manière d’écrire.
Il attendait, il hésitait, il espérait toujours ; il faisait et refaisait en tous sens à sa manière le monologue de Coriolan prêt à passer aux Volsques. […] La légère menace de Vincennes, en 1810, était au fond une amabilité envers Jomini ; c’était une manière de lui dire : « On ne veut à aucun prix que vous nous quittiez. […] Sur le rapport qu’il en revint faire aussitôt à l’empereur Alexandre : « Vous êtes trop vif, lui dit le monarque ; on ne prend pas les mouches avec du vinaigre : il faudra tâcher de raccommoder cela. » Rien ne se raccommoda pourtant, et l’on sut que le premier mot de Languenau à Radetzky avait été : « Il faut enterrer ce Jomini ; sinon, on lui attribuera tout ce que nous ferons de bien. » — Le mauvais vouloir de ce côté et les tracasseries à son égard furent sans trêve et se produisirent dans les moindres détails de service et de la plus mesquine manière : pour son logement, pour l’ordonnance de cavalerie qui lui était nécessaire et qu’on ne lui donnait pas, etc.
Quand je me dis combien de manières il y a de mal observer un homme qu’on croit bien connaître, de mal regarder, de mal entendre un fait qui se passe presque sous les yeux ; quand je songe combien d’arrivants béats et de Brossettes apprentis j’ai vu rôder, le calepin en poche, autour de nos quatre ou cinq poëtes ; combien d’inconstantes paroles jetées au vent pour combler l’ennui des heures et varier de fades causeries se sont probablement gravées à titre de résultats sentencieux et mémorables ; combien de lettres familières, arrachées par l’importunité à la politesse, pourront se produire un jour pour les irrécusables épanchements d’un cœur qui se confie ; quand, allant plus loin, je viens me demander ce que seraient, par rapport à la vérité, des mémoires sur eux-mêmes élaborés par certains génies qui ne s’en remettraient pas de ce soin aux autres, oh ! […] Nous avons sous les yeux une quarantaine de vers alexandrins intitulés Méditation, datés de 1802, et empreints d’une haute gravité religieuse ; Béranger les avait composés par contraste avec la manière factice de Delille dans son poëme de la Pitié. […] Le Jour des Morts, la plus grave erreur, et l’une des plus anciennes, de sa première manière, était une concession de faux respect humain à cette gaieté de rigueur qui circule à la ronde, une désobéissance dérisoire et presque sacrilège à la voix de son cœur et de son génie.
Un régulier lui disputa ce prieuré ; un procès s’ensuivit, auquel personne n’entendit rien ; et Racine ennuyé se désista, en se vengeant des juges par la comédie des Plaideurs qu’on dirait écrite par Molière, admirable farce dont la manière décèle un coin inaperçu du poëte, et fait ressouvenir qu’il lisait Rabelais, Marot, même Scarron, et tenait sa place au cabaret entre Chapelle et La Fontaine. […] Il se maria, se réconcilia avec Port-Royal, se prépara, dans la vie domestique, à ses devoirs de père ; et, comme le roi le nomma à cette époque historiographe ainsi que Boileau, il ne négligea pas non plus ses devoirs d’historien : à cet effet, il commença par faire un espèce d’extrait du traité de Lucien sur la Manière d’écrire l’histoire, et s’appliqua à la lecture de Mézerai, de Vittorio Siri et autres. […] C’est elle que je me suis surtout efforcé de bien exprimer, et ma tragédie n’est pas moins la disgrâce d’Agrippine que la mort de Britannicus. » Et malgré ce dessein formel de l’auteur, le caractère d’Agrippine n’est exprimé qu’imparfaitement : comme il fallait intéresser à sa disgrâce, ses plus odieux vices sont rejetés dans l’ombre ; elle devient un personnage peu réel, vague, inexpliqué, une manière de mère tendre et jalouse ; il n’est plus guère question de ses adultères et de ses meurtres qu’en allusion, à l’usage de ceux qui ont lu l’histoire dans Tacite.
Je vais examiner d’abord la littérature d’une manière générale dans ses rapports avec la vertu, la gloire, la liberté et le bonheur ; et s’il est impossible de ne pas reconnaître quel pouvoir elle exerce sur ces grands sentiments, premiers mobiles de l’homme, c’est avec un intérêt plus vif qu’on s’unira peut-être à moi pour suivre les progrès, et pour observer le caractère dominant des écrivains de chaque pays et de chaque siècle. […] Je me confie sans crainte à ceux qui doivent être contents du sort, à ceux qui peuvent, de quelque manière, mériter les suffrages des hommes. […] La morale pose les fondements sur lesquels la gloire peut s’élever ; et la littérature, indépendamment de son alliance avec la morale, contribue encore, d’une manière plus directe, à l’existence de cette gloire, noble encouragement de toutes les vertus publiques.
Cet ouvrage, écrit d’abord en latin, puis traduit en français par Calvin lui-même, parut pour la première fois en manière de protestation modérée, à l’occasion des premières persécutions. […] Une manière simple et naturelle de raisonner y remplace les formes captieuses et monotones de la scolastique. […] Il sentait son avantage sur les écrivains scolastiques et sur Luther lui-même, auquel il fait allusion quand il dit « que la matière a été jusqu’ici démenée confusément, sans nul ordre de droit, et par une ardeur impétueuse, plutost que par une modération et gravité judiciaire. » Dans cette phrase expressive, Calvin peint à la fois la manière de Luther et la sienne.
Mais ce que Montesquieu a vu après Bossuet, il eût pu le voir sans l’aide de Bossuet, et il y a une manière de développer les pensées d’un autre qui équivaut à les trouver. […] Les pays où Montesquieu a voyagé y ont trouvé leur compte, et dans ce sens d’Alembert a raison ; mais l’auteur de l’Esprit des lois pensait plutôt à faire servir les nations à son livre, et ses voyages n’ont été que la manière la plus agréable d’y travailler. […] Montesquieu, homme bienfaisant, le bonhomme, comme on l’appelait, par un double hommage à sa bonté et à sa manière d’être bon, Montesquieu avait cette morale dans le cœur : il n’a pas pu, chose singulière, la faire passer de son cœur dans son esprit.
Les contes d’autrefois, les fabliaux ainsi que les romans, depuis ceux de la Table ronde jusqu’à ceux qui s’étalent sous des couvertures neuves dans les vitrines des libraires, ont aussi de mille manières exploité la mine inépuisable que leur offrent des sentiments toujours les mêmes et cependant toujours nouveaux par la forme qu’ils prennent aux différentes époques. […] En même temps, dans la vie privée, elles sautent sans hésiter par-dessus les barrières accoutumées ; elles courent les rues et les grandes routes en masque, en habits de cavalier ; elles se moquent de leurs maris et du mariage ; elles ont des toilettes tapageuses, un langage gaillard, des manières hardies, des passions débridées ; on en voit qui se battent, boivent et sacrent comme des soudards. […] Je crois pourtant nécessaire de ne point passer outre sans ajouter qu’elle développe chez ceux qui s’y complaisent le goût d’une certaine simplicité de manières et de langage, la propension au ton moral et aux vertus bourgeoises, l’habitude d’exprimer ses sentiments intimes sans apprêt et sans crainte du détail terre à terre.
Mill répond qu’il ne voit dans la volonté qu’une cause physique comme une autre ; qu’elle est cause de nos actions corporelles, de la même manière que le froid est cause de la glace, et l’étincelle de l’explosion de la poudre. […] C’est aussi de la même manière que raisonnent les animaux102. » M. […] Et je soutiens qu’un être humain qui aime d’une manière désintéressée et constante ses semblables et tout ce qui tient à leur bien ; qui hait d’une haine vigoureuse ce qui tend à leur mal et agit en conséquence, est naturellement, nécessairement et raisonnablement un objet d’amour, d’admiration, de sympathie, qu’il est chéri et encouragé par le genre humain » ; que celui qui a des tendances contraires, est un objet naturel et légitime d’aversion ; et cela soit qu’ils jouissent l’un et l’autre de leur liberté ou non.
U n Prophete qui auroit fait cette prédiction : « Un temps viendra où l’on muselera les hommes, où on les chargera de coups de bâton, où on les réduira en servitude, après les avoir abrutis ; &, dans ce temps, les hommes ainsi muselés, ainsi assommés, ainsi enchaînés, diront grand’merci à ceux qui les auront traités de cette maniere, & les regarderont comme les bienfaiteurs de l’humanité ». […] Comme je ne me suis pas borné, dans mon Ouvrage, à combattre les dogmes dangereux de la Philosophie, & que j’ai montré le même zele contre les Auteurs médiocres ; ces derniers, ayant à venger leur amour-propre blessé de mes jugemens, m’ont calomnié à leur maniere. […] Quelle maniere de raisonner !
Ainsi, tandis qu’ils sont doués avec une intensité variable d’aptitudes déterminées, tandis qu’ils sont prédisposés à certaines manières de sentir, de penser et de vouloir, destinés à telle manifestation spéciale de l’activité, voici qu’ils méconnaissent ou méprisent ces aptitudes et ces tendances, et s’identifient avec un être différent. […] Or cette manière commune, et que l’on peut appeler raisonnable, de considérer la médiocrité de l’univers, n’est point le signe qu’elle est guérie, c’est le signe que ce qui était en elle le principe de la vie l’abandonne. […] Jourdain pense s’égaler aux gens de cour en adoptant leur costume, leurs manières et leur langage, en prenant des leçons de danse et de maintien, Homais se persuade qu’il participe à la dignité du savoir humain eu imitant le langage des hommes de science, en reproduisant d’une façon grossière leurs attitudes, en feignant leurs soucis.
Eux, les autres, pourtant vivent dans cette sécheresse comme dans leur élément natal… Oui vraiment, il y a surtout là, une certaine manière de demander aux gens comment ils vont, où la question est tellement et uniquement faite avec les lèvres, qu’elle est plus durement indifférente que le silence. […] J’ai pensé à un homme qui graverait le soleil à la manière noire. […] Et chose invraisemblable, ce maître de Chardin, bien certainement inconnu de notre maître français, dans un tableau d’une tout autre manière : une rue de Delft aux maisons de brique, — semble le précurseur de Decamps.
Il a voulu qu’on pût toujours reconnoître à leur maniere de penser & de parler, qu’ils étoient nés sous un autre ciel que le nôtre. […] L’essai sur l’homme du même Ecrivain, est bien supérieur à son essai sur la critique par le grand nombre d’idées neuves, élevées, hardies, exprimées d’une maniere vive & énergique, mais quelquefois trop concise, source de fatigue pour le lecteur. […] Cette apparente obscurité vient autant du sujet, que de la maniere dont il est traité.
En effet, il faut l’avouer tout de suite, le célèbre peintre, révolutionnaire à sa manière, a des mérites, des charmes même tellement incontestables et dont j’analyserai tout à l’heure la source, qu’il serait puéril de ne pas constater ici une lacune, une privation, un amoindrissement dans le jeu des facultés spirituelles. […] Je serai compris de tous les gens qui ont comparé entre elles les manières de dessiner des principaux maîtres en disant que le dessin de M. […] Ingres me paraît souvent être à l’antiquité ce que le bon ton, dans ses caprices transitoires, est aux bonnes manières naturelles qui viennent de la dignité et de la charité de l’individu.
En raisonnant de la même manière, on dirait aussi bien : « La digestion est liée chez nous à un estomac ; donc les êtres vivants qui ont un estomac digèrent, et les autres ne digèrent pas. » Or on se tromperait gravement, car il n’est pas nécessaire d’avoir un estomac, ni même d’avoir des organes, pour digérer : une amibe digère, quoiqu’elle ne soit qu’une masse protoplasmique à peine différenciée. […] Elle s’y prendrait précisément de cette manière. […] Ne s’arrangerait-elle pas précisément de cette manière ?
Mais l’identité du métier est bien faite pour imposer aux « compagnons », en même temps que l’identité des intérêts, celle des sentiments, des idées, des manières ; de nos jours surtout, dans l’état actuel de notre organisation économique, le métier absorbant tout le temps et toutes les forces de ceux qui l’exercent, c’est tout l’homme qu’il prend. […] D’une manière générale, le perfectionnement de l’activité sociale entraîne, en même temps que la multiplication des associations, la limitation des demandes de chacune d’elles. […] D’une manière générale, par le « roulement » même, l’attention sociale tend à se reporter des fonctions aux hommes, et leurs titres n’empêchent plus de mesurer la valeur qui leur est propre.
Le caractère et les ouvrages de ce respectable abbé ont été, dans les derniers temps, l’objet d’études approfondies qui, en l’exagérant un peu, le font très bien connaître, M. de Molinari, au point de vue des économistes, nous l’a présenté par extraits, par citations resserrées et abrégées, seule manière dont l’abbé de Saint-Pierre soit lisible, et il l’a justement rapproché de son futur parent dans l’ordre des esprits, le philosophe utilitaire Bentham. […] Il fut pris sur le fait par un observateur malin, impitoyable, qui se montra cette fois injuste, comme il le fut, et d’une manière moins pardonnable encore, dans le portrait qu’il traça de Fontenelle sous le nom de Cydias ; mais l’injustice et l’extrême sévérité n’empêchent pas un portrait d’être ressemblant : au lieu d’être peint en beau on est peint en laid, voilà tout, et chacun vous montre au doigt.
Un des derniers traducteurs de Dante, une manière de personnage politique, me faisant un jour l’honneur de m’apporter le premier volume de sa traduction, me disait d’un air dégagé : « Je l’ai traduit avec charme. » C’est là de la fatuité. […] Le poète est amoureux ; il l’est comme on l’était alors, et même un peu mieux, comme on l’est dans les époques naturelles, c’est-à-dire avec tendresse et abandon, d’une manière précise, positive, non angélique, non alambiquée, et aussi sans y mêler un sentiments étranger qui simule la passion et qui va par-delà.
Voilà le vrai ; et de plus, il est résulté de ces années d’expérience et de pratique commune que cette doctrine critique, qu’on cherchait à introduire dès l’abord, s’est formée de la manière dont ces sortes de choses se forment le mieux, c’est-à-dire lentement, insensiblement, comme il sied à des hommes d’âge déjà mûr, qui ont passé par les diverses épreuves de leur temps, et qui sont guéris des excès. […] Ceux même qui parlent ainsi, et qui se plaignent si haut, ont oublié de quelle manière leurs œuvres dernières, celles qui restaient dignes de leur talent et de la scène, ont été examinées dans cette Revue, non point avec l’enthousiasme qu’ils eussent désiré peut-être, du moins avec une bienveillance et une sincérité d’intention incontestable84.
Athénée l’a remarqué il y a longtemps, ces chefs qui mangent chez Agamemnon, et dont les manières sont si simples et souvent si crues, ne font jamais rien d’indécent. […] Un philosophe fameux de nos jours, et qui n’oubliait pas pourtant qu’il était né gentilhomme, se faisait réveiller tous les matins par son valet de chambre qui lui disait : « Monsieur le comte, vous avez de grandes choses à faire. » Pour qui lirait tous les matins une page de Thucydide ou d’Homère, cela serait dit mieux encore que par le valet de chambre, et d’une manière, j’imagine, plus persuasive.
Après quoi il reprit la suite de son Traité du lavis à l’encre de Chine (Menus-Propos d’un Peintre Genevois) et en acheva une partie assez considérable et complètement inédite, dans laquelle, remuant et discutant à sa manière les plus intéressantes questions de l’esthétique, il a écrit, nous assurent de bons juges, des pages bien neuves et les plus sérieuses qui soient sorties de sa plume. […] Topffer, on le sait, a une langue à lui ; il suit à sa manière le procédé de Montaigne, de Paul-Louis Courier.
Les poètes savaient peindre de la manière la plus frappante les objets extérieurs ; mais ils ne dessinaient jamais des caractères où la beauté morale fût conservée sans tache jusqu’à la fin du poème ou de la tragédie, parce que ces caractères n’ont point leur modèle dans la nature. […] Une nation qui encourageait de tant de manières les talents distingués, devait faire naître entre eux de grandes rivalités ; mais ces rivalités servaient à l’avancement des arts.
L’âme qui s’y livre, se rend à jamais incapable de toute autre manière d’exister ; il faut brûler tous les vaisseaux qui pourraient ramener dans un séjour tranquille, et se placer entre la conquête et la mort. […] Ce qui est grand et juste d’une manière absolue, n’est donc plus reconnu ; tout est estimé dans son rapport avec les passions du moment : les étrangers n’ont aucun moyen de connaître l’estime qu’ils doivent à une conduite que tous les témoins ont blâmée ; aucune voix même, peut-être, ne la rapportera fidèlement à la postérité.
Sa conversation est composée de parenthèses, principal objet de toutes ses phrases ; il voudrait laisser échapper ce qu’il a le plus grand besoin de dire ; il essaye de se montrer fatigué de tout ce qu’il envie ; pour se faire croire à son aise, il tombe dans les manières familières ; il s’y confirme, parce que personne ne compte assez avec lui pour les repousser, et tout ce dont il est flatté dans le monde est un composé du peu d’importance qu’on met à lui, et du soin qu’on a de ménager ses ridicules pour ne pas perdre le plaisir de s’en moquer. […] Celles à qui les distinctions de l’esprit sont à jamais interdites, trouvent mille manières de les attaquer quand c’est une femme qui les possède ; une jolie personne, en déjouant ces distinctions, se flatte de signaler ses propres avantages.
Quelle meilleure manière de le réhabiliter et de l’affranchir, que de le montrer capable des mêmes vertus et des mêmes sacrifices que l’homme libre ! […] des manières de « cléricaux. » Mais avec tout cela, il est certain que les chrétiens devaient être assez exactement, aux yeux de la société régulière des premiers siècles, ce que les plus violents révolutionnaires sont pour la nôtre.
quelle manière transparente et large de prendre et de refléter la nature ! […] Loin d’avoir changé de manière, Lamartine y réalise toute la perfection que son art pouvait promettre.
Francesco Andreini, par exemple se faisait annoncer par son valet de la manière suivante : « Tu diras que je suis le capitaine Spavente de la vallée infernale, surnommé l’endiablé prince de l’ordre de la chevalerie ; Trismégiste, très grand bravache, très grand frappeur, très grand tueur ; dompteur et dominateur de l’univers, fils du tremblement de terre et de la foudre, parent de la mort et ami très étroit du grand diable d’enfer. » Dans La Prigione d’Amore (la Prison d’Amour), de Sforza Oddi nell’academia degli Insensati detto il Forsennato (membre de l’académie des Insensés, surnommé le Furieux), comédie récitée à Pise par les étudiants, pendant le carnaval de 1590, le rôle du capitan est très développé, et se termine par le récit suivant, qui pourra servir de spécimen. […] » Et là-dessus de lui faire un cours d’horticulture comique, en lui nommant tous les outils du métier et en lui indiquant la manière de s’en servir.
Au moins elle ne sévit pas contre elles d’une manière positive ; elle n’applique aux œuvres qui s’écarteraient trop du goût et du sentiment général que les sanctions négatives de l’indifférence, de l’ignorance et du silence. […] Car en art il ne s’agit pas de se conformer à une norme ; il s’agit, pour l’artiste, d’exprimer d’une manière forte et neuve son originalité sentimentale.
. — Un homme ne peut avoir exactement la même manière de sentir la beauté qu’un autre ; de là un individualisme esthétique. — Un homme ne peut avoir exactement les mêmes intérêts qu’un autre ; de là un individualisme économique. — Un homme ne peut avoir exactement la même puissance, ni par conséquent le même droit qu’un autre ; de là un individualisme juridique ou antijuridique, comme on voudra. — Ainsi dans les différents ordres de pensée et d’activité, l’individualisme uniciste nie tout idéal collectif : idéal intellectuel, sentimental, moral, esthétique, économique, juridique, politique. […] Il est vrai que deux hommes ne voient pas de la même façon la même feuille d’arbre et qu’ils n’apprécient pas exactement de la même manière la distance entre deux arbres.
Si la vie humaine n’avait d’autre horizon que de végéter d’une façon ou d’une autre ; si la société n’était qu’une agrégation d’êtres vivant chacun pour soi et subissant invariablement les mêmes vicissitudes ; s’il ne s’agissait que de naître, de vivre et de mourir d’une manière plus ou moins semblable, le seul parti à prendre serait d’endormir l’humanité et de subir patiemment cette vulgaire monotonie. […] De même que la vie monastique, où tout est prévu et réglé dans ses moindres détails d’une manière invariable, détruit le pittoresque de la vie et efface toute originalité, de même une civilisation régulière, en traçant à l’existence un trop étroit chemin, et en imposant à la liberté individuelle de continuelles entraves, nuit plus à la spontanéité que le régime de l’arbitraire 187. « Cette liberté formaliste, a dit M.
J’avouerai que, sans être une grande beauté, je suis pourtant une des plus aimables créatures qui se voient ; que je n’ai rien dans le visage ni dans les manières qui ne plaise ni qui ne touche ; que, jusqu’au son de ma voix, tout en moi donne de l’amour, et que les gens du monde les plus opposés d’inclination et de tempérament sont d’un même avis là-dessus, et conviennent qu’on ne me peut voir sans me vouloir du bien. […] J’ai les yeux assez grands ; je ne les ai ni bleus ni bruns ; mais, entre ces deux couleurs, ils en ont une agréable et particulière ; je ne les ouvre jamais tout entiers, et quoique, dans cette manière de les tenir un peu fermés, il n’y ait aucune affectation, il est pourtant vrai que ce m’est un charme qui me rend le regard le plus doux et le plus tendre du monde.
Mais ces accusations parurent, dans la suite, très-injustes, malgré tout ce qui déposoit contr’eux ; malgré des lettres interceptées, où le langage de l’amour étoit traité de la manière la plus tendre & la plus vive ; malgré l’exposition d’une morale qui présente sans cesse à l’imagination des images indécentes, des idées de lubricité. […] De manière qu’une maison, choisie pour être un lieu de paix & de délices, alloit se changer en un séjour de discorde & de désolation.
Avec quel art il supplée aux enchantemens de la fable, par des images vraies, neuves, fortes & plus séduisantes qu’elle, par la manière frappante & naturelle dont les êtres moraux sont animés dans leurs discours & dans leurs actions ! […] On peint dans le naturel & dans le vrai, & la manière la plus simple est toujours la meilleure.
S’ils sont liés au contraire d’une manière rigoureuse à telle faculté, cette faculté doit disparaître avec eux ; par conséquent les instincts purement animaux doivent disparaître ou être plus faibles chez les mammifères inférieurs et l’intelligence rester au moins égale, puisque c’est la partie postérieure du cerveau qui disparaît, et non l’antérieure. […] Il faut remarquer toutefois que les plissements ne se font pas d’une manière arbitraire, et que les circonvolutions ont des places fixes et déterminées, ce qui a permis de les désigner par des chiffres ; mais cela ne détruit pas ce que nous venons de dire de la continuité et de l’homogénéité de l’organe cérébral.
Puisqu’on s’appuyait ainsi sur un axiome cartésien, on n’aurait pas dû oublier que, suivant Descartes, ce ne sont pas seulement les attributs humains, c’est en général tout ce qui est doué d’un certain degré de perfection, c’est-à-dire de réalité, qui doit être conçu en Dieu d’une manière absolue. […] C’est ce que firent à la fois en Allemagne et en France deux grands penseurs, Fichte et Biran, le premier plus porté au spéculatif suivant le goût et le génie de sa nation, le second plus psychologue, plus observateur, — le premier liant la métaphysique à la politique, passionné pour les idées du xviiie siècle et de la révolution, le second royaliste dans la pratique, assez indifférent pour ces sortes de recherches et occupé d’une manière tout abstraite à l’étude de la vie intérieure, — tous deux enfin, par une rencontre singulière et selon toute apparence par des raisons analogues, ayant terminé leur carrière par le mysticisme, mais le premier par un mysticisme inclinant au panthéisme, le second par le mysticisme chrétien.
On se plaint du péché originel ; mais que l’on pousse donc plus loin l’objection, et que l’on se plaigne du mal en général et de la manière inique dont il est réparti parmi les hommes. […] Quant à cette manière de nier les miracles qui consiste à en contester l’authenticité historique, ce n’est qu’une attaque indirecte et détournée qui implique l’autre.
Cette manière d’envisager les choses va nous permettre de pénétrer plus avant dans la théorie de la Relativité. […] Mais comment expliquer, d’une manière générale, ce rapprochement entre le temps et la ligne de lumière ?
ne voit-on pas dans Homère un Conseil des héros, βουλή, où l’on délibérait de vive voix sur les lois, et un Conseil du peuple, ἀγορά, où on les publiait de la même manière. […] On sent ce qu’ont de sérieux ces communications entre les premiers peuples, qui, à peine sortis de l’état sauvage, vivaient ignorés même de leurs voisins, et n’avaient connaissance les uns des autres qu’autant que la guerre ou le commerce leur en donnait l’occasion.Ce que nous disons de l’isolement des premiers peuples s’applique particulièrement aux Hébreux. — Lactance assure que Pythagore n’a pu être disciple d’Isaïe. — Un passage de Josèphe prouve que les Hébreux, au temps d’Homère et de Pythagore, vivaient inconnus à leurs voisins de l’intérieur des terres, et à plus forte raison aux nations éloignées dont la mer les séparait. — Ptolémée Philadelphe s’étonnant qu’aucun poète, aucun historien n’eût fait mention des lois de Moïse, le juif Démétrius lui répondit que ceux qui avaient tenté de les faire connaître aux Gentils, avaient été punis miraculeusement, tels que Théopompe qui en perdit le sens, et Théodecte qui fut privé de la vue. — Aussi Josèphe ne craint point d’avouer cette longue obscurité des Juifs, et il l’explique de la manière suivante : Nous n’habitons point les rivages ; nous n’aimons point à faire le négoce et à commercer avec les étrangers.
Il affecte de rappeler à Janin le temps où celui-ci logeait rue Madame dans la même maison que Harel et mademoiselle Georges (espèce de ménage établi), et venait en tiers sans troubler l’harmonie parfaite et par manière d’accompagnement.
Mais c’est que toutes les facultés de ce rare talent se font équilibre et se tiennent d’une étroite manière ; et, même à l’occasion de ces feuilles légères des Memoranda, c’est ce talent tout entier qu’il convient d’évoquer… Quoi qu’il en soit des causes dont ces habitudes ont été l’effet visible, il est certain que, pareil à ce lord Byron qu’il aime tant, M. d’Aurevilly aura vécu dans notre dix-neuvième siècle à l’état de révolte permanente et de protestation continue… M. d’Aurevilly est, au plus beau et au plus exact sens de ce mot, un poète, — un créateur ; même sa poésie est aussi voisine de celle des Anglais que sa Normandie est voisine de l’Angleterre.
Il n’est pas tant de manières d’éjouir le sexe, et vous semblez bon drille à le chatouiller.
Duclos à la Bruyere, soit par la maniere, soit par le fond, il est cependant peu d’Ecrivains parmi nos Littérateurs, & sur-tout nos Littérateurs Philosophes, qui aient su racheter leurs défauts par autant de mérite.
Traduire avec autant de force que d’exactitude les Auteurs Grecs & Latins, analyser avec clarté & précision les Peres de l’Eglise, présenter avec une simplicité éloquente la substance des décisions des Conciles, raconter les événemens, ou plutôt les peindre de manière que le Lecteur croit en être témoin ; tel est le résultat du travail de M. l’Abbé Fleury.
La maniere dont il a composé les Eloges de quelques Membres de l'Académie qui l'avoit choisi pour son Secrétaire, & à l'établissement de laquelle il avoit eu beaucoup de part, obtiendra ceux de quiconque les lira comme Philosophe & comme Littérateur.
L’unprend conscience de soi-même dans le multipleet l’état de connaissance, mascarade prestigieuse où la vie se délasse, se fonde sur le mensonge d’un être qui, par manière de jeu, se conçoit autre qu’il n’est.
Saint Grégoire s’exprime d’une manière remarquable : Vidi sæpiùs inscriptionis imaginem, et sine lacrymis transire non potui, cùm tam efficaciter ob oculos poneret historiam 124 ; c’était un tableau représentant le sacrifice d’Abraham.
Mais il faut convenir que La Bruyère, qui imite volontiers Pascal163, affaiblit quelquefois les preuves, et la manière de ce grand génie.
À cette première cause de l’infériorité de nos historiens, tirée du fond même des sujets, il en faut joindre une seconde, qui tient à la manière dont les anciens ont écrit l’histoire ; ils ont épuisé toutes les couleurs ; et si le christianisme n’avait pas fourni un caractère nouveau de réflexions et de pensées, l’histoire demeurerait à jamais fermée aux modernes.
Rien n’est plus difficile que d’allier ce soin, ces détails avec ce qu’on appelle la manière large.
Au milieu l’on voit le monument d’une jeune fille morte à la fleur de son âge : c’est ce qu’on connoît par la statuë de cette fille couchée sur le tombeau à la maniere des anciens.
Afin d’établir cette vérité d’une manière inébranlable selon le cours naturel des choses humaines, Dieu permit qu’un nouvel ordre de choses naquît parmi les nations.
Comme Herder, il apercevait partout l’âme divine ; pour lui, comme pour le poète allemand, le murmure des forêts et la voix des fleuves exprimaient à leur manière un moment de la pensée suprême. […] Elle prend sur Henriette l’autorité des nourrices de la tragédie antique, et la sermonne à sa manière. […] Le dernier ouvrage d’Alfred de Vigny, Stello, marque dans son talent une manière inattendue et nouvelle. […] Il a usé de son droit, et si je le juge sévèrement, ce n’est pas pour sa résolution, mais bien pour la manière dont il l’a réalisée. […] Je ne blâme pas cette manière d’agrandir la pensée en la métamorphosant.
En vérité, elle est jalouse de son fils précisément de la même manière que Louisette, et comme s’il s’agissait de la même espèce de « partage ». […] Ou bien, sont-ce les manières, le caractère et l’humeur de son mari qui l’offensent, même hors de l’alcôve ? […] La confession de Frédégonde n’en est pas une, et ne saurait, par conséquent, lier en aucune manière le confesseur. […] Le quatrième acte de Frédégonde a réussi, mais pour les mêmes raisons et de la même manière que le plus grossier mélodrame. […] La critique est un peu une gendarmerie intellectuelle et beaucoup une manière d’apostolat.
Ressusciter pour lui les jours qui ne sont plus, n’est-ce pas une manière nouvelle de lui montrer que nous sommes à lui sans réserve ? […] Je ne vois qu’une seule manière de répondre à cette question : c’est d’admettre la sincérité parfaite du narrateur. […] C’est une étrange manière de se justifier. […] Étrange manière de se défendre ! […] Hugo ; et ce recueil n’est que l’ébauche d’une manière que l’auteur n’a pas complétée.
Il y a dans Le Rouge et le Noir une scène où se trouve dépeint d’une manière prodigieuse l’état de somnambulisme dans lequel nous plongent certains accès d’enthousiasme intérieur. […] En regard de cette manière de sentir si intimement féminine, il serait intéressant de montrer les points par où en différent les réactions d’un homme supérieur. […] Les peser dans les balances applicables à la pensée pure serait commettre à leur endroit une manière de contre-sens. […] Là où d’autres eussent échoué dans une excentricité irrémédiable, il avait une manière tout à lui de rejoindre un de ses centres rien que par l’approfondissement de l’excentricité elle-même. […] Le livre est un beau cas d’un phénomène assez peu fréquent, celui de la haine intellectuelle à l’état pur, et sa pureté réside en ceci qu’elle a pour unique objet une certaine manière de penser et de sentir.
Le Voyage d’Urien est une fantaisie symbolique dans la manière de Novalis, dont nous avons déjà dépisté l’influence ; Paludes est un livret d’égotisme humoristique. […] Dans le faire même de ce beau récit, des grâces piquantes et des ironies légères rappellent un peu par instants la manière d’Anatole France. […] L’auteur ne se prononce pas expressément : ce n’est pas sa manière. […] Et Flaubert était bien essentiellement intellectualiste — ce qui ne contredisait en aucune manière son romantisme également congénital. […] Car « la manière dont le monde des apparences s’impose à nous et dont nous tentons d’imposer au monde extérieur notre interprétation particulière fait le drame de notre vie ».
Champfleury, celle où sa pénétration psychologique est allée le plus loin et le plus au fond, pour caractériser sa manière de procéder dans le récit. […] Il n’y a plus qu’un Satan raisonneur et subtil, bas et rusant sans cesse, avec des manières de procureur qui exhale de mauvaises odeurs et des sophismes piteux. […] L’heure venue, de quelle triomphante manière il défend les droits de son cœur ! […] Mais sans doute, fit-il par manière de conclusion, que les vers retranchés n’étaient pas dans l’esprit de la Revue. […] Féval et sa manière d’entendre la caractéristique des talents.
Mais, pour un même moment, le peintre et le décorateur ne peuvent de la même manière associer la nature à des actes humains. […] Si des personnes pensaient différemment, il faudrait, au préalable, qu’elles cherchassent d’autres mots qui correspondissent à leurs manières de voir. […] On se heurte en quelque sorte à des impossibilités, car on n’a pas la faculté de donner à ses figurants la jeunesse, la beauté et la distinction des manières. […] En tout cas, il ne peut y avoir plusieurs manières également bonnes d’opérer cette division. […] Or, l’accord entre les manières de voir n’est autre chose que la possession commune d’une image générale identique.
Un petit cahier de mazurkas composées dans mon enfance portait en manière de dédicace : “À mes ancêtres”. […] Ses manières étaient graves, son humeur égale ; et là-dessous il cachait une flamme de passion qui par moments éclatait. […] On a raconté sa vie, énuméré le détail de ses habitudes et de ses manières. […] — Je les ai publiés pour m’en débarrasser, pour m’alléger de cette vieille manière. […] Mais on ne saurait imaginer deux manières plus différentes de faire cet aveu.
Et d’abord, il s’est présenté lui-même, tel qu’il est, avec son propre accent, avec ses sentiments et ses doctrines ; il n’a pas emprunté aux traditions académiques les exordes tant de fois renouvelés : il a parlé à sa manière, modestement, honnêtement, traçant de l’homme de lettres et du poète le caractère et le rôle qu’il conçoit, et s’y peignant lui-même avec cette sincérité élevée qui vient du cœur : on a senti dès ses premières paroles quelqu’un qui ne se mettait ni au-dessus ni au-dessous de ce qu’il devait être.
Véron, ancien directeur de l’Opéra, ancien fondateur de la Revue de Paris ; c’est une manière de financier artistique et littéraire.
Voici de ce volume une des jolies pièces, une de celles qui se peuvent citer (car toutes à beaucoup près ne sont pas dans ce cas) ; le poëte qui l’a intitulée Fatuité ne fait qu’y exprimer bien sincèrement sa manière d’être le plus habituelle, sa façon de vivre, de porter la tête et de respirer ; on y sent déborder à chaque mot l’orgueil de la vie.
Sa manière d’être dans cette soirée : Osez !
La question des climats n’est pas neuve : Hippocrate dans l’antiquité l’a traitée comme une question d’hygiène ; Montesquieu, dans les temps modernes, l’a envisagée dans son rapport avec le gouvernement, et, par la manière paradoxale et brillante dont il l’a présentée, il l’a remise en problème et en a provoqué une discussion nouvelle.
Cette société, dans ses rapports avec les directeurs de théâtre, fonctionne et procède de la manière la plus régulière.
Le Beau est partout comme Dieu : il y a dans Aubanel réaliste à sa manière et quand sa pensée l’exige, un merveilleux poète de la nature.
Cette société faisait cause commune avec la cour contre le mauvais langage et les mauvaises manières, et eut peut-être la plus grande part à leur réprobation ; mais elle faisait cause commune avec les bonnes mœurs de sa préciosité contre la licence de la cour et contre celle des écrivains nouveaux et elle eut la plus grande part à leur défaite.
Il a voulu réhabiliter ce Poëte, mais il l’a traduit de maniere à n’en montrer que les défauts, sans en faire connoître le mérite.
Ménage prononçoit l’Italien d’une maniere ridicule, parce qu’il l’avoit appris sans maître & qu’il n’avoit jamais été en Italie ; il a pourtant fait des Vers Italiens qui, de l’aveu de tout le monde, n’auroient pas été désavoués par les meilleurs Poëtes d’Italie, & que M. de Voltaire * lui-même trouve fort supérieurs aux Vers François que nous avons de cet Auteur.
A ce défaut près, ses observations sont profondes, la plupart de ses pensées sont neuves & exprimées d'une maniere plus neuve encore.
Le chœur devint partie intéressée dans l’action, quoique d’une manière plus éloignée que les personnages qui y concouraient.
Dans la comédie de caractère, l’auteur dispose son plan de manière que les situations mettent en évidence le caractère qu’il veut peindre : expressions, sentiments, actions, incidents, épisodes, tout doit se rapporter à cet unique but.
Le principe de nos amitiés n’est point dans ce monde : deux êtres qui s’aiment ici-bas sont seulement dans la route du Ciel, où ils arriveront ensemble, si la vertu les dirige ; de manière que cette forte expression des poètes, exhaler son âme dans celle de son ami, est littéralement vraie pour deux chrétiens.
En vérité, ces exagérations d’économistes rappellent, à leur manière, les exagérations d’un autre genre dont on s’est tant moqué, quand les hommes de la fin du xviiie siècle, hébétés par le matérialisme, proclamaient que la Révolution française était toute dans le déficit financier.
De cette manière l’étude du développement de la civilisation humaine, prête une certitude nouvelle aux calculs de la chronologie.
De cette manière, le sommeil devient graduellement de plus en plus profond, jusqu’à ce que, après un temps assez court, il ait atteint son maximum. […] Cette exécution a lieu de deux manières. […] L’enregistrement des suggestions à échéance, qui tourmente si fort aujourd’hui les psychologues, nous paraît se faire d’une manière analogue. […] — En somme, loin d’être un phénomène exclusivement mécanique, l’hypnotisme est essentiellement une attitude mentale, une manière d’être anormale de la volonté, qu’on a plongée à tâtons dans une nuit artificielle, en ne lui laissant pour guide que la lueur de telle ou telle idée. […] Pierre Janet, change les images prédominantes, sans créer des sensibilités absolument nouvelles ; il relève de leur effacement certaines images particulières, il en fait un centre nouveau autour duquel la pensée « s’oriente d’une manière différente ».
Ernest Feydeau accentua la manière. […] Zola, en présentant au public des faits de pure invention, s’imagine avoir démontré, d’une manière irréfutable, que pour la classe ouvrière, l’alcoolisme est l’attraction finale. […] Les signes frappants de l’hérédité, c’est la ressemblance des traits, la similitude de l’esprit et des manières d’être. […] Concevoir l’idéal, c’est avoir la faculté d’abstraire des choses et des êtres les qualités supérieures, de les grouper sur un seul sujet et de cette manière approcher le plus possible de la perfection. […] A la manière des maîtres, dignes de ce nom, il trace ses personnages à grands traits, il en fait ressortir les caractères distinctifs, il en constitue l’ensemble par de larges touches afin de frapper plus immédiatement son lecteur.
Tout ce qu’on peut demander, c’est que chacun fasse cette appréciation à sa manière, et l’expose rigoureusement, comme un corps de doctrine, sans déranger le cours de ses déductions pour répondre à des raisonnements isolés, venus de divers côtés, et qui porteraient sur de petits faits de détail. […] C’est seulement de cette manière que j’entendrais répondre, s’il y avait lieu. […] Élevés autour du foyer, dans le sein d’une famille régulière, leur raison naissait en quelque manière avant leur imagination, et, moins attirés par les spectacles extérieurs, ils se repliaient davantage sur eux-mêmes. […] Il y a deux manières de finir pour l’écrivain. Il y a la manière commune, qui est lorsque l’esprit et le corps finissent ensemble, et que l’écrivain subit le sort de tous ; il y a ensuite la manière morale, qui est lorsque l’esprit finit avant le corps, soit par une stérilité soudaine, soit par une fécondité sans progrès, où l’auteur perd de sa gloire en proportion de ce qu’il ajoute à son bagage.
Nous n’avons plus cette liberté de sentir et de goûter ceci ou cela dans un morceau de musique, d’être ému de telle ou telle manière, selon nos dispositions personnelles. […] Elle exerce d’abord une continuelle influence sur sa manière de composer. […] Cette manière d’entrer en campagne en déployant une curiosité naïve, presque enfantine, est bien à lui. […] À une époque où la production littéraire est presque toujours un travail pénible, une telle manière de travailler ne suffit-elle pas à constituer une petite originalité ? […] Mais, à cela près, je ne sache pas de points importants sur lesquels il y ait divergence entre ma manière de voir actuelle et celle que j’avais à vingt ans.
Cœur délicat sans doute et reconnaissant, on le voit empressé de payer sa bienvenue à chacun des membres ; lui aussi il se sent riche à sa manière, il veut rendre et donner. […] Nous irons peut-être jusque fort près du sanctuaire… » Naudé célébrait à sa manière, dans cette petite orgie de Gentilly, sub rosa, la prochaine dédicace de ce temple de Minerve et des Muses dont il tenait les clefs, quand, le lendemain ou le jour même de la fête, la Fronde éclata248. […] Il réitère et développe cette pensée avec une rare énergie au chapitre IV de ses Coups d’État : « … Ses plus belles parties (de la populace) sont d’être inconstante et variable, approuver et improuver quelque chose en même temps, courir toujours d’un contraire à l’autre, croire de léger, se mutiner promptement, toujours gronder et murmurer ; bref, tout ce qu’elle pense n’est que vanité, tout ce qu’elle dit est faux et absurde, ce qu’elle improuve est bon, ce qu’elle approuve mauvais, ce qu’elle loue infâme, et tout ce qu’elle fait et entreprend n’est que pure folie. » Ce sont de telles manières de voir, avec leur accompagnement politique et religieux, qui faisaient dire plaisamment à Guy Patin que son ami Naudé était un grand puritain ; il entendait par là fort épuré des idées ordinaires. […] Naudé faisait un peu à sa manière comme ces paysans bas-normands qui, dans les discussions d’intérêt, à force de bégayer, d’ânonner, de faire le niais, vous arrachent d’impatience la concession à laquelle ils visent. […] Dans une page du Mascurat (190), on voit trop bien en quel sens Naudé est catholique et soumis à l’Église ; c’est de la même manière et dans le même esprit que Montaigne se déclarait contre les huguenots lorsqu’ils interprétaient les Écritures.
Arrivé là, il me semble voir clairement que chaque art demande, dès qu’il est aux limites de sa puissance, à donner la main à l’art voisin ; et en vue de son idéal, je trouvai un vif intérêt à suivre cette tendance dans chaque art particulier ; il me parut que je pouvais la démontrer de la manière la plus frappante dans les rapports de la poésie à la musique, en présence surtout de l’importance extraordinaire qu’a prise la musique moderne. […] Le petit nocturne à deux voix, traité dans la manière de Gounod : Ô nuit sereine, ô nuit profonde, a certainement de la grâce, de même que la cavatine du ténor qui suit : Si dans tes bras, exauçant mon désir. […] Tour la première fois, une des créations de la seconde manière de Wagner était traduite en français et représentée par des chanteurs français : quelle physionomie prendrait la pièce ? […] Le drame des Maîtres Chanteurs est le seul de la dernière manière de Wagner que M. de Wolzogen n’ait pas analysé thématiquement : M. […] Lindau, voulu humoriste, a pour maître intellectuel son corréligionnaire Henri Heine : tout de son mieux, il imite sa manière.
Il rapporte les causes historiques ou fabuleuses de toutes les fêtes ou féries de chaque mois, le lever, & le coucher de chaque constellation, d’une maniere à faire regretter la perte des six derniers Livres qu’il avoit, dit-on, composés pour faire l’année complette. […] Ce trait piqua vivement notre Poëte burlesque ; & voici de quelle maniere il s’en plaint dans la rélation de ses aventures qu’il publia lui-même d’un style très-bouffon : “Ah ! […] Il sent tout ce qu’il dit, & le dit toujours de la maniere dont il faut le dire. […] L’Abbé de Marolles & Brébeuf, dans le dernier siécle, ont essayé de traduire Lucain, & l’ont tous deux défiguré, mais chacun à sa maniere & très différemment. […] Nous avons de cet auteur un Poëme latin intitulé, la Callipédie, ou la maniere d’avoir de beaux enfans, qui parut en 1656.
Un mois après, nous voyons Bossuet demander les maisons adjacentes aux temples : le succès l’enhardissait… Pas plus que les auteurs, dont je viens d’invoquer le témoignage, je ne sais si Bossuet fit partie du « conseil de conscience » qui prépara la Révocation : mais il existe un autre fait qui prouve d’une manière irrécusable jusqu’à quel point il était partisan de cette mesure d’expulsion. […] Écoutez plutôt : « L’autorité royale est absolue… Les princes sont des espèces de dieux, suivant le langage de l’Écriture, et participent eu quelque façon à l’indépendance divine… Au caractère royal est inhérente une sainteté qui ne peut être effacée par aucun crime, même chez les princes infidèles… » Bossuet en déifiant le prince, quelqu’il soit et de quelque manière qu’il ait été établi, en le marquant d’un caractère de sainteté qu’aucun forfait ne peut effacer, n’est plus qu’un adorateur du fait brutal, de la force pure, et il rétrograde ainsi par-delà le moyen âge et jusqu’aux Césars byzantins… » Je ferai la même observation que pour l’alinéa précédent. […] L’un parle une langue humaine et vivante, le second s’exprime d’une manière artificielle et ampoulée. […] A la Révocation de l’édit de Nantes il répondit, le même mois, par l’édit de Postdam où il disait notamment : « Comme les persécutions et les rigoureuses procédures qu’on exerce depuis quelque temps en France contre ceux de la religion réformée ont obligé plusieurs familles de sortir de ce royaume et de chercher à s’établir dans les pays étrangers, nous avons bien voulu, touché de la juste compassion que nous devons avoir pour ceux qui souffrent pour l’Évangile et pour la pureté de la foi que nous confessons avec eux, par le présent édit, signé de notre main, offrir aux dits Français une retraite sûre et libre dans toutes les terres et provinces de notre domination ; et leur déclarer en même temps de quels droits, franchises et avantages, nous prétendons les y faire jouir, pour les soulager, et pour subvenir en quelque manière aux calamités avec lesquelles la Providence divine a trouvé bon de frapper une partie si considérable de son église. » La réponse à cet appel ne se fit pas longtemps attendre. […] Rétablis par la Prusse, ils sont le plus solide appui de la puissance prussienne dans les provinces annexées… La puissance militaire de la Prusse remonte à cette époque, elle vient du développement de ce premier noyau… Une bonne partie de la classe dirigeante de la Prusse descend d’une manière directe ou par les femmes de ces réfugiés et surtout des officiers protestants.
Malgré l’obscurité qui en résulte, malgré l’emploi continuel d’une terminologie bizarre que l’auteur néglige souvent d’expliquer, il y a dans l’ensemble du système, présenté de cette manière, une grandeur imposante, et une sombre poésie qui fait penser à celle de Dante. […] Dieu dans sa pure intelligence, crée les êtres par cela qu’il les connaît ; les premiers hommes, puissants de leur ignorance, créaient à leur manière par la force d’une imagination, si je puis le dire, toute matérielle. […] Répondre sur le droit, ce n’était pour eux autre chose que précautionner les consultants, et les préparer à circonstancier devant les tribunaux le cas contesté, de manière que les formules d’actions s’y rapportassent de point en point, et que le préteur ne pût refuser de les appliquer. — Imitées des formules religieuses, les formules légales de l’âge héroïque furent enveloppées des mêmes mystères : le secret, l’attachement aux choses établies sont l’âme des républiques aristocratiques. […] Fondées sur la protection des faibles, les monarchies doivent être gouvernées d’une manière populaire. […] Francesco Solla, 1729), il attaque la réforme cartésienne, et l’esprit du xviiie siècle, souvent avec humeur, mais toujours d’une manière éloquente. — Deux morceaux sur Dante ne sont pas moins curieux.
Il créa une comédie à peine comique, toute spirituelle, qui était la peinture, non la satire ni la charge, de la société précieuse : il y introduisait des honnêtes gens sans ridicules, qui avaient le ton, les manières, les idées du monde ; il montrait avec un goût curieux de réalité certains lieux connus de Paris, la galerie du Palais avec ses marchands, ses boutiques, son va-et-vient d’acheteurs et d’oisifs. […] La délicatesse est dans le mécanisme intellectuel et à la surface des manières : le tempérament reste robuste, ardent, grossier, largement, rudement jovial, d’une gaieté sans mièvrerie, où la sensation physique et même animale a encore une forte part. […] Le peuple honnête, rude en ses manières, cru en son langage, solidement loyal et bon, est représenté par les servantes. […] Voici la noblesse provinciale : les Sottenville, fiers du nom et de la race, gourmés, solennels, insolents pour tout ce qui n’est pas né ; leur fille Angélique, une coquette de province qui n’est qu’une coquine ; M. de Pourceaugnac, vaniteux, lourd et sot ; la comtesse d’Escarbagnas, folle du bel air, et qui singe grotesquement les manières de la cour et de Paris.
Ils s’engagent à examiner leurs propres ouvrages, le sujet, la manière de le traiter, les arguments, le style, le nombre et chaque mot en particulier. […] Malgré tout ce soin pour n’admettre que des mots en quelque sorte légitimes, Vaugelas ne laissait pas d’avoir encore des scrupules, non sur l’usage, mais sur la manière dont il en avait expliqué les décisions. […] La Grammaire générale et raisonnée comprend la nature ou le matériel des signes, leur signification, la manière dont les hommes s’en servent pour exprimer leurs pensées. […] L’Académie française et Port-Royal ont été en quelque manière, et avec des différences propres à chaque institution, les précepteurs du dix-septième siècle.
Et il y en a un aussi de décourager notre sympathie au moment précis où elle pourrait s’offrir, de telle manière que la situation, même sérieuse, ne soit pas prise au sérieux. […] Je parle d’un détachement naturel, inné à la structure du sens ou de la conscience, et qui se manifeste tout de suite par une manière virginale, en quelque sorte, de voir, d’entendre ou de penser. […] Cette différence essentielle entre la tragédie et la comédie, l’une s’attachant à des individus et l’autre à des genres, se traduit d’une autre manière encore. […] En appuyant plus loin dans la même direction, on trouverait qu’il y a aussi une logique professionnelle, c’est-à-dire des manières de raisonner dont on fait l’apprentissage dans certains milieux, et qui sont vraies pour le milieu, fausses pour le reste du monde.
Voyez la manière dont Hérodote raconte et explique les grands événements qui font la matière de son histoire. […] On a fait à tort à Bossuet l’honneur de le considérer comme le créateur de la philosophie de l’histoire dans ce grand Discours sur l’histoire universelle, qui ne serait que le magnifique développement d’un lieu-commun de théologie, si la science historique de l’antiquité ne s’y retrouvait souvent avec cette haute manière de dire les choses qui n’appartient qu’à Bossuet. […] Guizot, n’est propre ni à l’historien ni à sa manière d’expliquer plutôt que de raconter l’histoire. […] « Jamais le caractère français n’éclata d’une manière plus touchante dans sa sensibilité facile, sa vivacité, son entraînement généreux.
Duclos avait un caractère, ou du moins une nature primitive très caractérisée, une manière d’être à lui, qu’il imposa partout où il fut. […] Il appartient, ainsi que la plupart des grammairiens philosophes de son temps, à cette école qui considérait avant tout une langue en elle-même et d’une manière absolue, comme étant et devant être l’expression logique et raisonnable d’une idée et d’un jugement ; il la dépouillait volontiers de ses autres qualités sensibles ; il ne l’envisageait pas assez comme une végétation lente, une production historique composée, résultant de mille accidents fortuits et du génie persistant d’une race, et qui a eu souvent, à travers les âges, plus d’une récolte et d’une riche saison ; il ne remontait point à la souche antique, et ne se représentait point les divers rameaux nés d’une racine plus ou moins commune.
On commence à voir de quelle manière ce paysage se diversifie d’avec les précédents, et comment ces continuelles courses de montagnes ne se ressemblent point toutefois et admettent les accidents, les variétés les plus sensibles. […] Ramond n’a rien de cette mollesse et de cette fadeur de teinte que nous avons souvent remarquée chez quelques écrivains de l’époque finissante de Louis XVI ; il a plutôt quelque chose de l’apprêt et de la roideur qui s’attacheront aux nobles tentatives de l’art régénéré, et auxquels Chateaubriand à sa manière n’échappe pas plus que David.
Cela bien entendu, elle veut le vrai dans l’éducation dès le bas âge : « Point de contes aux enfants, point en faire accroire ; leur donner les choses pour ce qu’elles sont. » — « Ne leur faire jamais d’histoires dont il faille les désabuser quand elles ont de la raison, mais leur donner le vrai comme vrai, le faux comme faux. » — « Il faut parler à une fille de sept ans aussi raisonnablement qu’à une de vingt ans. » — « Il faut entrer dans les divertissements des enfants, mais il ne faut jamais s’accommoder à eux par un langage enfantin, ni par des manières puériles ; on doit, au contraire, les élever à soi en leur parlant toujours raisonnablement ; en un mot, on ne peut être ni trop ni trop tôt raisonnable. » — « Il n’y a que les moyens raisonnables qui réussissent. » — Elle le redit en cent façons : « Il ne leur faut donner que ce qui leur sera toujours bon, religion, raison, vérité. » Dans un siècle où sa jeunesse pauvre et souriante avait vu se jouer tant de folies, tant de passions et d’aventures, suivies d’éclatants désastres et de repentirs ; où les romans des Scudéry avaient occupé tous les loisirs et raffiné les sentiments, où les héros chevaleresques de Corneille avaient monté bien des têtes ; où les plus ravissantes beautés avaient fait leur idéal des guerres civiles, et où les plus sages rêvaient un parfait amour ; dans cet âge des Longueville, des La Vallière et des La Fayette (celle-ci, la plus raisonnable de toutes, créant sa Princesse de Clèves), Mme de Maintenon avait constamment résisté à ces embellissements de la vérité et à ces enchantements de la vie ; elle avait gardé son cœur net, sa raison saine, ou elle l’avait aussitôt purgée des influences passagères : il ne s’était point logé dans cette tête excellente un coin de roman. « Il faut leur apprendre à aimer raisonnablement, disait-elle de ses filles adoptives, comme on leur apprend autre chose. » Et de plus, cette ancienne amie de Ninon savait le mal et la corruption facile de la nature ; elle avait vu de bien près, dans un temps, ce qu’elle n’avait point partagé ; ou si elle avait été effleurée un moment, peu nous importe, elle n’en était restée que mieux avertie et plus sévère. […] Fagon de ce qu’il parle de médecine d’une manière si simple et si intelligible qu’on croit voir les choses qu’il explique : un médecin de village veut parler grec. » Dans le texte actuel des lettres de Mme de Maintenon telles que nous les possédons enfin, sans les altérations de La Beaumelle, il nous est permis, à notre tour, de juger avec plus d’assurance de sa façon de dire et d’écrire.
C’est un problème qui se déplace, qui se pose à chaque instant en des termes nouveaux ; et chaque fois il s’improvise, dans la tête militaire la plus inventive qui ait jamais été, une manière de solution nouvelle. […] Après le combat de Brienne, qui n’est qu’une entrée en matière, la plus acharnée des reconnaissances, une manière de tâter vigoureusement l’une des deux armées de la coalition, on a la bataille de la Rothière livrée par les coalisés réunis, acceptée par Napoléon, qui, cette fois, n’attaque plus, mais résiste, résiste avec 32000 hommes contre 170000, dont 100000 engagés.
Noble but, noble effort, et par lequel il réalisait un des vœux de sa première jeunesse, lorsqu’après le récit d’une de ses courses opiniâtres à travers les montagnes de la Sicile, il s’écriait en finissant : « Pour moi, je ne demande à Dieu qu’une grâce : qu’il m’accorde de me retrouver un jour voulant de la même manière une chose qui en vaille la peine ! […] J’admirais autant que personne, tout en m’étonnant un peu de cette éloquence disproportionnée au sujet ; et, comme j’aime aussi la liberté à ma manière, je fus tenté de demander s’il y avait désormais une orthodoxie académique établie sur M.
Si nous osions donner un conseil à nos orateurs, c’est de le fréquenter un peu. » Ce voisin, ce jour-là, n’est ni plus ni moins que La Bruyère en personne ; et pour chaque député qui paraît à la tribune, dans le jugement et la définition de sa manière et de son caractère, c’est toujours un mot emprunté à La Bruyère qui fournit le dernier trait. […] ; et le sonnet qui suit, écrit au bord de la mer, et où le poète dit énergiquement à sa manière : « Je suis soûl des hommes. » Je ne conclus pas.
— Quel était son régime, quelle était sa manière journalière de vivre ? […] De même qu’on peut changer d’opinion bien des fois dans sa vie, mais qu’on garde son caractère, de même on peut changer de genre sans modifier essentiellement sa manière.
Cette manière de n’avoir égard à rien l’a poussé hors d’Angleterre et l’aurait, avec le temps, poussé aussi hors de l’Europe. […] Ce sont, hommes et femmes, des marionnettes incapables de vivre ; elles ont des proportions habilement conçues, mais, sur leur charpente de bois ou d’acier, ces poupées n’ont absolument que du rembourrage ; l’auteur les fait manœuvrer sans pitié, les tourne et les disloque dans les positions les plus bizarres, les torture, les fustige, déchire leur âme et leur corps, et met sans pitié en pièces et en morceaux ce qui, il est vrai, n’a aucune chair véritable : — et tout cela est l’œuvre d’un homme qui montre de grandes qualités d’historien éloquent, et auquel on ne peut refuser une vive puissance d’imagination, sans laquelle il lui serait impossible de produire de pareilles abominations. » — Vous qui parlez sans cesse de liberté, qui la voulez dans l’art et en tout, soyez conséquents ; sachez admettre et supporter les manières de sentir, même les plus opposées à la vôtre, quand elles sont sincères.
Ainsi en mesure et en règle à ses propres yeux, il le faisait bien vite payer aux autres ; il en est quitte pour se rattraper sur autrui : et, par exemple, le pauvre avocat, Me Doitot, qui, à son refus, accepte la défense de Mme de Lamotte, se voit drapé par lui de la belle manière. […] Tout n’est pas du même ton d’ailleurs, et on distinguerait, jusque dans la manière de dire, la trace des époques différentes.
En regard de ces misérables billets écrits en zigzag après boire, et signés Tourlourirette, mettez donc le portrait de cette Louise-Bénédicte, dont Mlle de Launay, qui ne la flatte pas, disait : « Personne n’a jamais parlé avec plus de justesse, de netteté et de rapidité, ni d’une manière plus noble et plus naturelle… Sa plaisanterie est noble, vive et légère. » — Et sans remonter aux autres petites Cours d’une date antérieure, si l’on compare seulement Berny à ses rivales contemporaines, à la Cour du prince de Conti à l’Isle-Adam, à celle du duc d’Orléans à Villers-Cotterets, quelle différence encore, quelle distance ! […] Quoi qu’il en soit, et de quelque manière qu’ils s’y amusassent (ce qui ne regardait qu’eux), on aurait peine à se figurer, si les faits notaient présents, que c’eût été après dix années d’une existence voluptueuse et casanière, ainsi menée au grand jour, que le ministère fût allé faire choix du comte de Clermont pour le créer général en chef d’une armée dispersée en pays ennemi et qui avait déjà usé deux maréchaux.
Le goût du jeu s’est répandu d’une manière même importune dans la société. […] Une manière sentencieuse, une politesse froide, un air d’examen, voilà ce qui formait une défense autour de lui dans son rôle diplomatique. » Mais dans l’intérieur et l’intimité le masque tombait ou avait l’air de tomber tout à fait : il était alors charmant, familier, d’une grâce caressante, aux petits soins pour plaire, « se faisant amusant pour être amusé. » Son goût le plus vif semblait être celui de la conversation avec des esprits faits pour l’entendre, et il aimait à la prolonger jusque bien avant dans la nuit.
Parmi les poëtes les plus en vue d’alors, il est juste de noter ses affinités d’abord décelées pour l’élégante et chaste manière de la muse d’Éloa. […] Ce cadre heureux fourni par la réalité, le poëte l’a simplement et largement rempli ; il est ici dans sa première manière et s’abandonne avec moins d’art à une sensibilité plus facile et plus courante.
Si l’on savait mourir, on pourrait encore se risquer à l’espérance d’une si heureuse destinée, mais l’on abandonne son âme à des sentiments, qui décolorent le reste de l’existence ; on éprouve, pendant quelques instants, un bonheur sans aucun rapport avec l’état habituel de la vie, et l’on veut survivre à sa perte ; l’instinct de la conservation l’emporte sur le mouvement du désespoir, et l’on existe, sans qu’il puisse s’offrir dans l’avenir une chance de retrouver le passé, une raison même de ne pas cesser de souffrir, dans la carrière des passions, dans celle surtout d’un sentiment qui, prenant sa source dans tout ce qui est vrai, ne peut être consolé par la réflexion même : il n’y a que les hommes capables de la résolution de se tuer3, qui puissent, avec quelque ombre de sagesse, tenter cette grande route de bonheur : mais qui veut vivre et s’expose à rétrograder ; mais qui veut vivre et renonce, d’une manière quelconque à l’empire de soi-même, se voue comme un insensé au plus cruel des malheurs. […] Il n’est pas vrai, malheureusement, qu’on ne soit jamais entraîné que par les qualités qui promettent une ressemblance certaine entre les caractères et les sentiments : l’attrait d’une figure séduisante, cette espèce d’avantage qui permet à l’imagination de supposer à tous les traits qui la captivent, l’expression qu’elle souhaite, agit fortement sur un attachement, qui ne peut se passer d’enthousiasme ; la grâce des manières, de l’esprit, de la parole, la grâce, enfin, comme plus indéfinissable que tout autre charme, inspire ce sentiment qui, d’abord, ne se rendant pas compte de lui-même, naît souvent de ce qu’il ne peut s’expliquer.
Cette manière de ne considérer qu’un seul côté dans tous les objets, et de les présenter toujours dans le même sens, est ce que l’on peut imaginer de plus fatigant, dès qu’on n’est pas susceptible de l’esprit de parti ; et l’homme le plus impartial, témoin d’une révolution, finit par ne plus savoir comment retrouver le vrai, au milieu des tableaux imaginaires où chaque parti croit montrer la vérité avec évidence. […] Mais quand l’esprit de parti, dans toute sa bonne foi, rendrait indifférent aux succès de l’ambition personnelle, jamais cette passion, considérée d’une manière générale, n’est complètement satisfaite par aucun résultat durable ; et si jamais elle pouvait l’être, si elle atteignait jamais ce qu’elle appelle son but, il n’est point d’espoir qui fut plus détrompé, qui cessa plus sûrement au moment de la jouissance ; car il n’en est point dont les illusions aient moins de rapport avec la réalité ; il y a quelque chose de vrai dans les satisfactions que donnent la puissance, la gloire, mais lorsque l’esprit de parti triomphe, par cela même il est détruit.
Il faut donc que le lecteur veuille bien examiner et vérifier lui-même les théories présentées ici sur les illusions naturelles de la conscience, sur les signes et la substitution, sur les images et leurs réducteurs, sur les sensations totales et élémentaires, sur les formes rudimentaires de la sensation, sur l’échelonnement des centres sensitifs, sur les lobes cérébraux considérés comme répétiteurs et multiplicateurs, sur le mécanisme cérébral de la persistance, de l’association et de la réviviscence des images, sur la sensation et le mouvement moléculaire des cellules considérés comme un seul événement à double aspect, sur les facultés, les forces et les substances considérées comme des illusions métaphysiques2, sur le mécanisme général de la connaissance, sur la perception extérieure envisagée comme une hallucination véridique, sur la mémoire envisagée comme une illusion véridique, sur la conscience envisagée comme le second moment d’une illusion réprimée, sur la manière dont se forme la notion du moi, sur la construction et l’emploi des cadres préalables, sur la nature et la valeur des axiomes, sur les caractères et la position de l’intermédiaire explicatif, sur la valeur et la portée de l’axiome de raison explicative. — En de pareils sujets, une théorie, surtout lorsqu’elle est fort éloignée des doctrines régnantes, ne devient claire que par des exemples ; je les ai donnés nombreux et détaillés ; que le lecteur prenne la peine de les peser un à un ; peut-être alors ce qu’au premier regard il trouvait obscur et paradoxal lui semblera clair ou même prouvé. […] On apprendrait de lui la façon dont les figures se forment dans son esprit, sa manière de voir mentalement les objets imaginaires, l’ordre dans lequel ils lui apparaissent, si c’est par saccades involontaires ou grâce à un procédé constant, etc.
On plaisante ces deux maisons sur leurs manières cérémonieuses et bourgeoises. […] De tous côtés, par exemple, on s’étonne et l’on se scandalise des manières autoritaires et du ton solennel qui caractérisent M.
Si nous supposons deux peintres maîtres de leur art, usant de la même technique — car il ne s’agit pas ici de la « manière » — et placés devant le même site ou devant le même groupe de personnages, ils en restitueront également les proportions et dans leurs tableaux les rapports des tons lumineux, les « valeurs » seront identiques ; mais les deux œuvres différeront par les qualités du trait et par le coloris. […] Au point de vue de la plastique, je citerais vingt pièces de ce genre, et davantage, dans les Sites, les Sonnets et dans les parties de Tel qu’en Songe où M. de Régnier s’est rappelé sa première manière.
La commedia dell’arte au temps de Molière (à partir de 1662) Les Italiens revinrent à Paris en 1662, et cette fois s’y établirent d’une manière permanente. […] Aussi éprouvèrent-ils le besoin de modifier leur manière pour soutenir la lutte avec leurs rivaux.
Là encore il faut retourner l’œuvre de mille manières pour la considérer sous toutes ses faces ; et, pour résumer le travail qu’il sied d’accomplir, disons que l’analyse doit porter sur la nature, la variété, la complexité, la vraisemblance, l’intensité des aspirations ou des visions idéales de l’œuvre qu’on étudie. […] Je parle de ses romans première manière.
En quoi donc la manière de procéder de M. […] La théorie nouvelle, au contraire, montre que les divers procédés de l’intelligence ne sont que les formes diverses d’une loi unique ; qu’imaginer, déduire, induire, percevoir, etc., c’est combiner des idées d’une manière déterminée ; et que les différences de facultés ne sont que des différences d’association.
« C’est une manière, disait-elle, de mettre du passé devant l’amitié. » Sa liaison avec Mme de Staël, avec Mme de Moreau, avec les blessés et les vaincus, la jeta de bonne heure dans l’opposition à l’Empire, mais il y eut un moment où elle n’avait pas pris encore de couleur. […] C’est ainsi qu’une femme, sans sortir de sa sphère, fait œuvre de civilisation au plus haut degré, et qu’Eurydice remplit à sa manière le rôle d’Orphée.
Pour qu’on ne pût s’y méprendre, il se donna du premier jour un masque, un costume de fantaisie, une manière ; il se déguisa à l’espagnole et à l’italienne sans avoir vu encore l’Espagne et l’Italie : de là des inconvénients qui se sont prolongés. […] Cette première manière, dans laquelle on suivrait à la piste la veine des affectations et la trace des réminiscences, se couronne par deux poèmes (si l’on peut appeler poèmes ce qui n’est nullement composé), par deux divagations merveilleuses, Namouna et Rolla, dans lesquelles, sous prétexte d’avoir à conter une histoire qu’il oublie sans cesse, le poète exhale tous ses rêves, ses fantaisies, et se livre à tous ses essors.
Il en conclut que le ministère était encore moins à son goût qu’à sa portée : « Je ne sais si je fais mon apologie en vous parlant ainsi, écrivait-il en s’adressant à Mme de Caumartin ; je ne crois pas au moins vous faire mon éloge. » Cette gloire, ce point d’honneur dont Retz nous parle toujours, et qu’il ressentait à sa manière, c’était une certaine réputation populaire, la faveur et l’amour du public, c’était d’être fidèle aux engagements envers ses amis, de ne point paraître céder à un intérêt purement direct ; vers la fin, toute sa doctrine de résistance semble n’avoir plus guère été qu’une gageure d’honneur contre le Mazarin. […] Il s’était fait à cette manière de vivre déréglée et libertine.
On chargeoit Bussi de plusieurs griefs : il avoit fait un petit livre, relié proprement, en manière d’heures. […] Tant de ridicules essuyés à la fois plongèrent Cotin dans une affreuse mélancolie ; de manière que plusieurs années avant sa mort, il tomba dans une espèce d’enfance.
Ainsi ma manière de voir et de sentir n’aura d’autorité que la candeur et la simplicité avec lesquelles je tâcherai de m’exprimer. […] Chaque peuple, comme nous le dirons bientôt, a une mission à remplir dans les vues de la Providence, et toujours elle lui est révélée, d’une manière intime, par des moyens inconnus.
On s’était battu dans une chambre avec la furie irlandaise, et le père de Sterne fut cloué au mur par l’épée de son adversaire, qui perça le mur et s’y enfonça…, si bien qu’embroché de cette rude manière, il demanda le plus poliment du monde à celui qui l’avait embroché, d’ôter le plâtre attaché à l’épée avant de le débrocher… Histoire réelle, qui enfile — comme l’épée enfila son père — toutes les histoires inventées par Sterne et racontées par l’oncle Toby et le caporal Trim dans le Shandy ! […] Hédouin, avait le projet d’écrire ses Mémoires « d’une manière plus ingénieuse et plus systématique que dans Tristram Shandy », et, quoique nous connaissions trop la nature de l’esprit de Sterne pour croire qu’il voulût chausser au pied rose et aérien de sa Fantaisie, de sa libre et vagabonde Fancy, l’affreux sabot d’un système quelconque, nous ne répugnons nullement à admettre qu’il eut l’idée de ces Mémoires ; car très certainement un homme comme lui, un observateur de sa merveilleuse supériorité, qui voyait dans l’âme et dans la vie tant de nuances encore lorsque les autres hommes n’y voyaient plus rien, ne s’était pas épuisé dans le Tristram et le Voyage sentimental.
Mais par la manière dont vous présentez les faits, dont vous les développez, dont vous les rapprochez les uns des autres, par les grandes actions comparées aux grands obstacles, par l’influence d’un homme sur sa nation, par les traits énergiques et mâles avec lesquels vous peignez ses vertus, par les traits touchants sous lesquels vous montrez la reconnaissance ou des particuliers ou des peuples, par le mépris et l’horreur que vous répandez sur ses ennemis, enfin, par les retours que vous faites sur votre siècle, sur ses besoins, sur ses faiblesses, sur les services qu’un grand homme pourrait rendre, et qu’on attend sans espérer, vous excitez les âmes, vous les réveillez de leur léthargie, vous contribuez du moins à entretenir encore dans un petit nombre l’enthousiasme des choses honnêtes et grandes. […] Toutes les manières pathétiques et fortes, dont les gens à passions s’expriment, ont été rangées sous une nomenclature aride de figures.
En effet, comme les capitalistes qui ont acheté et payé des prix fous les œuvres de Chateaubriand et de Lamartine ne savent de quelle manière y trouver leur compte par les voies d’écoulement ordinaires, ils sont obligés de recourir à des moyens insolites, et le plus insolite de ces moyens est assurément de revendre en sous-main, de sous-louer, en quelque sorte, ces œuvres pour qu’elles paraissent d’abord en feuilletons.
L'effet de cette immense production et consommation quotidienne commence à se faire sentir d’une manière fâcheuse sur la librairie.
Désespéré d’un si injurieux éloge et d’une si insultante excuse, le noble auteur s’est vite empressé de s’en absoudre ; il a tout gardé dans sa manière, hors les inversions qu’il a courageusement sacrifiées ; il s’est condamné à être moins bizarre, de peur de paraître raisonnable : certes, M. d’Arlincourt n’est pas heureux, même quand il se corrige.
Chacun arrange et rêve un entretien à sa manière.
N’est-ce pas se jouer en quelque manière de la sensibilité de notre ame, que de vouloir lui faire éprouver les contrariétés les plus choquantes, que de la tourmenter par des mouvemens forcés & pénibles, auxquels elle ne cede que malgré elle, & toujours pour un moment, parce qu’elle tend d’elle-même à l’ordre & à la liberté ?
Sa maniere d’enseigner cette Langue, contribua beaucoup à la renaissance des Lettres, & n’est pas le seul service qu’il leur rendit.
Nous pouvions trancher la question d’une manière simple et péremptoire ; car, fût-il certain, comme il est douteux, que le christianisme ne pût fournir un merveilleux aussi riche que celui de la fable, encore est-il vrai qu’il y a une certaine poésie de l’âme, une sorte d’imagination du cœur, dont on ne trouve aucune trace dans la mythologie.
Voilà une maniere de cent, par lesquelles une bonne piece à qui le public auroit fait injustice dans le temps de sa nouveauté, pourroit se faire rétablir dans le rang qui lui seroit dû.
Qu’il ait toujours présent à l’esprit que les manières de penser auxquelles il est le plus fait sont plutôt contraires que favorables à l’étude scientifique des phénomènes sociaux et, par conséquent, qu’il se mette en garde contre ses premières impressions.
Tout ce que nous voulons dire, c’est qu’il y avait trois manières d’en parler et que Nerval les a manquées toutes les trois.
Chapus s’est placé plus haut que la spécialité et la manière.
La Bruyère, qui retrouve la grande nature humaine sous le grand costume du xviie siècle, La Bruyère nous fait comprendre son temps autant par son genre de talent, sa manière à lui, que par la peinture qu’il en trace.
Tel était son tempérament : nous souffrons de ses limites, mais tout de même acceptons avec reconnaissance une manière de voir dont il a tiré une méthode si propre à nous former.
De cette manière, Homère composa l’Iliade dans sa jeunesse, c’est-à-dire dans celle de la Grèce.
. — Manières diverses de survivre. […] Mais nous aurons travaillé à avancer la manière d’envisager les choses, nous aurons conduit l’avenir à n’avoir pas besoin de nous lire… Notre immortalité consiste à insérer dans le mouvement de l’esprit un élément qui ne périra pas. […] Si l’art est à sa manière une religion, comme la science, il faut qu’il soit capable, lui aussi, d’esprit de corps et de dévouement. […] Il faut bien reconnaître, d’une manière générale, que cela est dans l’ordre, et que la spécialisation est destinée à devenir de plus en plus la condition nécessaire de la distinction. […] Cette manière de voir n’a pas seulement pour elle la hauteur morale qui la recommande aux âmes fières ; il faut reconnaître qu’elle a, en somme, bien de quoi contenter aussi la raison.
Mais, comme il les aimait, il pensait pour elles, et de la manière qu’elles voulaient. […] Il est poète à sa manière, poète sans délicatesse et sans grâce, mais non sans audace et sans énergie. […] La Révolution contraria vivement le chevalier de Florian, qui l’avait comprise d’une tout autre manière. […] Aussi verrons-nous qu’il resta peu de temps au service et fut loin de s’y conduire d’une manière irréprochable. […] Guy de Maupassant, mais amplifié, grossi d’une manière absurde, étalé jusqu’à l’écœurement.
Sa théorie, si je l’ai bien entendue, revient à ceci : il y a toute sorte de manières de faire de bons romans ; mais il n’y a qu’une seule manière de les estimer. […] N’est-elle pas, à sa manière, une œuvre d’art ? […] Je reconnais du premier coup d’œil un vrai bibliophile à la manière dont il touche un livre. […] C’est la pire manière qu’il y ait d’écrire. […] Ce n’est point proprement la manière de Gyp.
Elles montent plus haut… Je tâche d’y monter… » On aura remarqué la manière dont elle parle de Mme Tastu, avec quel sentiment pénétré, quel respect pour ses qualités régulières et pour ce mérite de femme qui a eu dans sa jeunesse quelques notes poétiques si justes et si pures. […] Il entreprit de l’en avertir, d’abord d’une manière générale, à la fin de son très gracieux article de la Revue de Paris (18 décembre 1836), ensuite plus en détail par lettres. […] Dans une lettre à son fils, l’année d’après, Mme Valmore dépeignait cette même vie provinciale et rurale à sa manière : « (Octobre 1852)… Hier avec Langlais, nous avons fait le tour de la ville (je crois qu’ils disent la ville).
Il y a des jours où, sans le vouloir, nous repassons en esprit un morceau de notre vie, telle journée de voyage, telle soirée d’opéra, telle conversation intéressante ; nous nous sentons ramenés d’une manière fixe à l’ancien état ; les idées qui essayent de se jeter à la traverse sont mal venues ; elles sont chassées, ou s’arrêtent sur le seuil ; si au premier moment quelque lacune se rencontre dans notre souvenir, elle finit le plus souvent par se combler d’elle-même ; un détail oublié surgit à l’improviste. — Je me rappelle en ce moment une soirée passée à Laveno, sur le lac Majeur, et, à mesure que j’insiste, je revois mon dîner d’auberge, la grosse nappe toute blanche, la jolie servante effarée ; puis, un peu après, le sentier tortueux parmi les thyms et les lavandes, le lac d’un gris bleuâtre sous une enveloppe moite de vapeur, les plaques de lumière, les traînées scintillantes, les broderies d’argent qu’un rayon égaré semait çà et là sur la nappe unie, le bruissement imperceptible des petits flots qui venaient mourir sur la grève, et les clochettes des vaches qui tintaient çà et là dans le silence. […] Quelques mois après, elle fut reprise d’un profond sommeil, et, quand elle s’éveilla, elle se retrouva telle qu’elle était avant son premier sommeil, ayant toutes ses connaissances et tous ses souvenirs de jeunesse, par contre, ayant complètement oublié ce qui s’était passé entre ses deux accès. » Pendant quatre années et au-delà, elle a passé périodiquement d’un état à l’autre, toujours à la suite d’un long et profond sommeil… « Sa première manière d’être, elle l’appelle maintenant l’ancien état, et sa seconde, le nouvel état. […] Si un monsieur ou une dame lui sont présentés dans un des deux états, cela ne suffit pas ; elle doit, pour les connaître d’une manière suffisante, prendre connaissance d’eux dans les deux états.
S’il est favorablement disposé à votre égard, il n’y a pas de meilleur moyen pour éprouver ses intentions que de me livrer moi-même entre ses mains ; c’est, j’ose le dire, la seule manière de nous procurer une paix honorable. […] Elle est extrêmement dévouée à vos intérêts et parle de vous avec la plus grande estime : elle m’a avoué même qu’elle avait le projet d’aller vous voir à Florence ; ainsi préparez-vous à la recevoir d’une manière digne de son mérite. » Mais Cassandra s’était mariée, comme la Laure de Pétrarque, et avait déjà plusieurs enfants. […] Il exprimait d’une manière très-positive son opinion sur ce point : « Celui, disait-il, qui n’a pas l’espoir d’une autre vie est mort même dès celle-ci. » XIV Un autre religieux d’un caractère enthousiaste, fanatique et populaire à la fois, véritable Masaniello du cloître, Savonarole, avait conquis en ce temps-là l’oreille de Florence.
Ils nous refuseraient volontiers le droit dont ils usent, et ne consentiraient point à dire qu’après tout chaque peuple a des sentiments qui lui sont propres, sa manière de concevoir le beau et de reconnaître la nature. […] Nous avons donc, les faits le prouvent, une autre manière de sentir, un goût plus difficile, plus superbe, puisque nos antagonistes ne veulent pas qu’on dise plus exercé et plus sûr. […] Parmi les diverses manières de poser la question entre le classique et le romantique, il en est une qui n’appartenait qu’au génie, c’était de faire Agamemnon et Jane Shore.
Cette idée, voici comment, pour être clair, je la formulerais sous la forme d’un axiome : « La Justice absolue est, par sa nature même, essentiellement idéale et divine ; la Justice humaine ne peut et ne doit agir que d’une manière relative, et sans tenir compte de ce qui jetterait le trouble dans ses indispensables règles, car la société doit songer avant tout à sa conservation… » Telle est à peu près la situation de Valentin ; il a de toute façon et sous toutes les formes offensé les hommes et le devoir humain ; c’est Dieu seul qu’il a quelquefois essayé de satisfaire ; aussi est-ce seulement à Dieu qu’il peut demander la pitié, qui, dans l’ordre divin est la même chose que la justice. […] Il aima à la fois la rudesse des temps barbares, la civilisation affinée de l’antique Grèce et la gracieuse décadence de Paris ; son intelligence et ses sens vibrèrent à toutes les beautés, et s’il nous est cher, c’est parce qu’il ne se confina pas en une manière, parce qu’il fut toujours un artiste sincère et bien vivant. […] C’est l’œuf célèbre… Il y a une autre manière d’être original, c’est d’écrire bien.
Ensuite, sans Dieu, on ne saurait avoir Satan ; et, sans Satan, il impossible d’être satanique, ce qui est essentiellement la manière d’être du décadent. — On connaît trop ses manières charmantes, dit un habitué du café de Floupette en parlant du diable. […] Ensuite sans Dieu, on ne saurait avoir Satan ; et, sans Satan, il est impossible d’être satanique, ce qui est essentiellement de la manière d’être du décadent. » Que M.
La conviction rend vibrante la parole du poète et nous ne tardons pas à vibrer avec elle, ce qui est la plus haute et la plus complète manière d’admirer78. […] On sait de quelle manière, un peu déclamatoire, ce problème est posé dans le Désespoir : Héritiers des douleurs, victimes de la vie, Non, non, n’espérez pas que sa rage assouvie Endorme le malheur, Jusqu’à ce que la mort, ouvrant son aile immense, Engloutisse à jamais dans l’éternel silence L’éternelle douleur. […] Beaucoup de réflexions profondes sont jetées en passant par le poète. « Ce serait faire du bien aux hommes que de leur donner la manière de jouir des idées et de jouer avec elles, au lieu de jouer avec les actions, qui froissent toujours les autres.Un mandarin ne fait de mal à personne, jouit d’une idée et d’une tasse de thé « Ailleurs, l’hégélianisme se traduit en belles formules : « Chaque homme n’est qu’une image de l’esprit général. — L’humanité fait un interminable discours dont chaque homme illustre est une idée. » Vigny a des remarques fines et profondes sur les défauts de l’esprit français : « Parler de ses opinions, de ses admirations avec un demi-sourire, comme de peu de chose, qu’on est tout près d’abandonner pour dire le contraire : vice français. » 88.
Mais le ridicule qui est quelque part, il faut l’y voir, l’en tirer avec grâce et d’une manière qui plaise et qui instruise. » Il disait aussi, et l’on croirait entendre Molière, mais un Molière plus correct et plus châtié : « Le philosophe consume sa vie à observer les hommes, et il use son esprit à en démêler les vices et les ridicules. […] Moïse, Homère, Platon, Virgile, Horace ne sont au-dessus des autres écrivains que par leurs expressions et par leurs images : il faut exprimer le vrai pour écrire naturellement, fortement, délicatement. » Il disait encore :« Amas d’épithètes, mauvaises louanges ; ce sont les faits qui louent et la manière de les raconter. » Et la manière de les raconter ; quelle admirable place il laisse en fin de compte, à la critique et à l’histoire !
Il a réussi, non pas personnellement, mais littérairement, par le joli, qui est bien en France la plus sûre manière de réussir. […] Renan, un homme plus tendre que gai, de nature ; car, quoique le Dieu incertain auquel il ne croit pas lui ait donné un visage qui n’est pas plus fait pour l’amour que celui de Turenne, il est tendre pourtant, à sa manière, comme Turenne était amoureux à la sienne, et c’est cette tendresse jusqu’aux larmes de « l’âme divinement bonne » de Marc-Aurèle, qui l’a enlevé et qui l’a entraîné à écrire sa biographie. […] Renan, et toujours du même diable, — d’un diable que nous avons vu tracassant de la queue et des cornes dans trop de livres, et toujours trop de la même manière, pour qu’il ne soit pas devenu un diable ennuyeux, d’amusant que tout diable doit être sous peine de n’être plus qu’un simple magot d’institut.
Par le jeu naturel de l’association des idées, l’identité, non pas seulement des pensées, mais celle des manières, celle même des physionomies de deux individus nous fait « préjuger » leur égalité. […] En effet, si nous n’entretenons de relations réglées qu’avec des reflets de nous-mêmes, avec des frères qui nous ressemblent tant par le corps que par l’âme, tant par les manières que par les croyances, c’est à l’ensemble de tous ces caractères que se trouvera liée pour nous l’idée même du droit — nous ne reconnaîtrons d’existence juridique qu’à ceux qui nous représenteront cet ensemble. […] S’agit-il non plus seulement des habits ou des usages, mais des arts, on remarquera que les arts n’ont presque plus de patrie, qu’un peintre italien peint comme un belge, que les styles s’universalisent, — et d’autre part que chacun veut sa manière, qu’il n’y a plus d’écoles, que les artistes, divisés sur tout, n’ont plus qu’un parti pris commun, celui de l’individualisme148.
Un système est une explication de l’ensemble, et indique une œuvre faite ; une méthode est une manière de travailler et indique une œuvre à faire. […] Il dit aussi qu’il y a un grand concours de gens auprès de Nayler, lesquels, pour la plupart, s’agenouillent devant lui à la manière susdite. […] Est-il probable qu’avec cette manière d’écrire il se fasse entendre de l’ouvrier qui sort de sa fabrique, ou qui pour se reposer ouvre un livre sur son établi ? […] Ne vous souvient-il pas que Balzac avait inventé des théories chimiques, une réforme de l’administration, une doctrine philosophique, une explication de l’autre monde, trois cents manières défaire fortune, les ananas à quinze sous pièce, et la manière de gouverner l’État ? […] Ici les émotions sont aussi délicates que la manière de les dire ; on reconnaît le tact exquis d’une femme et d’une femme de haut rang.
Je préfère avoir de mauvaises manières et n’avoir pas l’auriculaire comme une queue de rat empoisonné. […] Inventions futures ; manières de voyager. […] Et l’histoire finit de la manière la plus banale du monde. […] Il sera nié, discuté, refait de mille manières ; moi, je le crois, non bien fait, mais ressemblant. […] C’est une manière de remercier de l’hospitalité qu’ils ont reçue.
. — On voit qu’avec un peu d’aide, quelque chose d’analogue à la Sainte Ampoule pouvait nous être rendu ; et, à l’heure qu’il est, il y a des gens qui ne me pardonnent pas d’y avoir mis obstacle. » On a là un échantillon de la manière piquante et incisive de M.
Les indifférents, les connaissances intimes mêmes, vous représentent, par leurs manières avec vous, le tableau raccourci de vos infortunes : à chaque instant, les mots, les expressions les plus simples, vous apprennent de nouveau ce que vous savez déjà, mais ce qui frappe à chaque fois comme inattendu ; si vous faites des projets, ils retombent toujours sur la peine dominante ; elle est partout, il semble qu’elle rende impraticable les résolutions mêmes qui doivent y avoir le moins de rapport ; c’est contre cette peine alors qu’on dirige ses efforts, on adopte des plans insensés pour la surmonter, et l’impossibilité de chacun d’eux, démontrée par la réflexion, est un nouveau revers au-dedans de soi.
Pierre Quillard M. de Bouhélier a le droit d’écrire, sans nous suggérer d’ironie, « Dieu et le brin de paille », parce que rien ne s’offre à lui que sous les espèces du pathétique ; il sait fort bien reconnaître dans le paysan qui jette le blé au sillon une manière de héros, et telles pages, Le Départ après les moissons, indiquent simplement et sûrement la très ancienne tragédie des adieux sans retour.
Dans les Eloges de Fontenelle, tous les genres de savoir se réunissent, & sont traités d’une maniere [Omission] « également mis sur les rangs pour m’injurier ; & c’est dans une Lettre théologique de près de cent pages d’impression, qu’il m’a lâché sa bordée.
Sa maniere de traiter les matieres les plus abstraites a cela de particulier, qu’elle est à la portée de tous les esprits.
Ainsi Moliere, en offrant aux hommes, d’une maniere adroite, le miroir fidele de leurs inconséquences, a trouvé le moyen de piquer leur curiosité sans rebuter leur amour-propre, & de se servir ensuite de l’amour-propre, pour les changer & les rendre plus raisonnables.
Il seroit à souhaiter qu'on pût louer le sujet de toutes ses Epigrammes, comme on admire la maniere dont il l'a traité ; mais on ne doit pas oublier qu'il s'est reproché ces écarts ; & en ne considérant ces petites Pieces que du côté de la poésie, qui n'applaudira à la simplicité, à la briéveté, à la justesse & à l'énergie de l'expression, au sel piquant, au tour original, qui le rendent un Auteur presque unique en ce genre, sans excepter Martial, lequel, à beaucoup près, n'est ni aussi précis, ni aussi nerveux, ni aussi agréable que lui ?
Il y a deux manières de passionner la foule au théâtre : par le grand et par le vrai.
Il les justifie encore sur leur familiarité avec les auteurs Latins, dont ils prennent insensiblement le ton, les manières & le stile injurieux ; sur l’indépendance attachée à la profession d’homme de lettres ; sur le goût du public pour la satyre ; plaisantes raisons pour dispenser un sçavant de la première science dont tout homme doit se piquer, celle de sçavoir vivre.
Combien de morceaux historiques qui n’ont jamais été traités, ou ce qui revient au même, qui l’ont été d’une maniere dégoûtante.
Ce livre est fait avec impartialité & écrit d’une maniere ingénieuse ; ce sera un jour un recueil aussi curieux qu’utile à consulter.
L’homme, pour qui les attraits du jeu sont sans amorce, est-il touché de l’affliction d’une personne qui vient de faire des pertes considerables, à moins qu’il ne prenne pour elle de ces interêts particuliers qui font partager tous les sentimens d’une autre personne, de maniere qu’on s’afflige de ce qu’elle est affligée.
Le contour particulier du trait avec lequel chaque homme forme les vingt-quatre lettres de l’alphabet, les liaisons de ces caracteres, la figure des lignes, leur distance, la perseverance plus ou moins longue de celui qui a écrit à ne point précipiter, pour ainsidire, sa plume dans la chaleur du mouvement, comme font presque tous ceux qui écrivent, lesquels forment plus exactement les caracteres des premieres lignes que ceux des autres lignes, enfin la maniere dont il a tenu la plume, tout cela, dis-je, donne plus de prise pour faire le discernement des écritures que des coups de pinceau n’en peuvent donner.
ma foi non, c’est trop bête, à la fin, ce que je dis… J’aime encore mieux la manière de Champfleury : en un mot, ça y est-il ?
C’était bien un vieillard du Galése à sa manière, aussi assidu quoique moins laborieux et aussi sage.
Le physicien les met tous sur le même plan, les appelle du même nom, les traite de la même manière.
L’onomatopée est un signe excellent si l’objet qu’elle désigne est purement sonore, un signe médiocre si cet objet est visible et tangible autant que sonore, un signe très défectueux si l’objet est visible et tangible d’une manière permanente, sonore seulement par intervalles. […] Le langage métaphorique est incompatible avec une pensée nette et sûre d’elle-même ; car alors, la pensée suscitant un signe pour s’exprimer d’une manière adéquate, le signe qui répond à son appel ne vient pas sans des idées différentes qui se confondent avec elle et troublent sa limpidité par un mélange hétérogène [ch. […] En définitive, le signe est toujours l’état le plus intense d’un groupe donné ; quelles que soient, envisagées d’une manière absolue, les intensités des deux termes qui s’opposent, plus leur différence est frappante, plus est évident le rôle significatif du terme le plus intense. […] Ce phénomène, bien connu des linguistes, et qui explique le renouvellement périodique des mots dans une même langue, a été généralement désigné d’une manière inexacte : on parle à tort de l’usure des mots ; ce qui s’use, ce sont les idées, quand le mot qui les éveille est trop fréquemment employé. […] Ce qu’alors l’esprit fait, avec méthode et réflexion, il nous semble qu’il le fait à chaque instant d’une manière instinctive dans l’interprétation de la parole intérieure ou extérieure, c’est-à-dire dans la succession de nos pensées.
Je ne démêle pas bien dans sa manière ce qui mécontente M. […] Du moins il l’est en quelque façon et de quelque manière. […] Il aime l’art à sa manière, je l’aime à ma façon. […] Et puis, il y a tant de manières de dire ce qu’on pense ! […] Et, comme il était pieux à sa manière, il y reconnut un signe céleste.
Il leur suffisait pour cela de se brosser les cheveux, chaque matin, d’une certaine manière. […] La génération actuelle a sans doute sa manière à elle de sentir et de comprendre, d’aimer et de vouloir. […] ne sommes-nous pas tous géomètres en quelque manière ? […] Cette Vita nuova, du moins par sa subtilité, peut, à la rigueur, donner quelque idée de la manière de M. […] Et la vérité est que cette manière oubliée qui, dans notre vieille littérature s’appelait le burlesque, il l’a renouvelée, transformée, embellie, faite sienne de toutes les manières, si bien qu’on peut dire qu’il a créé un genre.
Mademoiselle Pauline de Meulan, qui devint madame Guizot, disait d’une manière piquante : « Un mot spirituel n’a de mérite pour nous que lorsqu’il nous présente une idée que nous n’avions pas encore conçue ; et un mot de sensibilité, que lorsqu’il nous retrace un sentiment que nous avons éprouvé. […] Les anciens seuls ont le don de leur plaire : le texte de la loi des Douze Tables leur semble dicté par les Muses. — D’une manière analogue, Beyle Stendhal, dans sa haine pour l’emphase contemporaine, disait que l’idéal du style, pour lui, c’était le Code civil. […] Cette tragi-comédie de Lygdamon et Lydias est dans la manière de presque toutes celles de ce temps-là. […] Ce drame commence de la manière la plus intéressante. […] Je les ai suivis sur la manière de sa mort, mais j’ai cru plus à propos d’en attribuer la cause à un excès de colère qu’à un excès d’intempérance. » Etc.
Quinton, semblant adopter cette manière de voir, pose le principe non plus de l’accommodation au milieu, mais de la réaction contre le milieu. […] A vrai dire, cette manière de considérer l’homme était d’origine religieuse, bien plutôt que scientifique. […] On ne s’imaginait pas que l’on pût jamais trouver l’urée d’une autre manière, quand Woehler raconta son accident. […] Cela n’en saurait avoir davantage sur notre manière de considérer les crimes et les divers manquements à la loi et aux coutumes morales. […] C’est une manière de se consoler qui n’est pas sans élégance.
Il serait illégitime de le prendre en considération avant d’en avoir vérifié l’authenticité, si l’authenticité n’en a pas été déjà établie d’une manière définitive. […] On s’attache à former des familles de documents, de la même manière que l’on forme des familles de manuscrits. […] Si B et C ont abrégé la source commune de deux manières différentes, ces copies partielles sont sûrement indépendantes. […] Beaucoup de bibliothécaires rédigeaient jadis leurs catalogues de cette manière, qui est aujourd’hui condamnée. […] Ils n’ont pas toujours conçu, ils ne conçoivent pas tous de la même manière le but de l’œuvre historique, ni, par suite, la nature des faits qu’ils choisissent, la façon de diviser le sujet, c’est-à-dire d’ordonner les faits, la façon de les présenter, la façon de les prouver. — Ce serait ici le lieu de marquer comment « la manière d’écrire l’histoire » a évolué depuis les origines.
Il finit par s’y habituer et à la fin ne s’en aperçoit plus ; cependant, dès qu’il y fait attention, il voit la sensation aussitôt reparaître, et souvent il sent d’une manière très distincte ses orteils, ses doigts, la plante du pied, la main. » En plusieurs cas, après sept ans, douze ans et même vingt ans, la sensation était aussi nette qu’au premier jour. — On voit que, pour provoquer la sensation, l’action du nerf lui-même est accessoire ; il n’est qu’un intermédiaire ; si le mouvement moléculaire qui se propage sur tout son trajet est efficace, c’est parce qu’il provoque un autre mouvement moléculaire dans les centres nerveux ; pareillement l’action électrique qui court le long du fil du télégraphe n’a d’importance que parce qu’arrivée à son terme elle déplace l’aiguille du cadran. […] Les tubercules quadrijumeaux fournissent donc par leur action la condition suffisante et nécessaire des sensations visuelles, et seulement des sensations visuelles. — Quant aux sensations de l’odorat, on n’a point d’expériences nettes pour déterminer la portion de l’encéphale dont l’action est leur condition nécessaire et suffisante ; mais toutes les analogies anatomiques et physiologiques portent à croire que, pour elles comme pour les quatre autres espèces de sensations, il y a un centre distinct des lobes cérébraux eux-mêmes. — Provoquées par l’action des nerfs sensitifs, les cellules de ces centres fonctionnent d’une manière inconnue, et ce mouvement moléculaire spécial, sans lequel il n’y a pas de sensation, suffit par lui-même pour éveiller la sensation. […] L’oubli complet de quelque langue étrangère est un des effets les plus ordinaires de la commotion… Les malades ne se souviennent jamais de la manière dont leur accident leur est survenu ; s’ils sont tombés de cheval, ils se souviennent bien qu’ils sont montés et descendus, mais ils ne se rappellent pas les circonstances de leur chute. […] Ainsi, par une autre action réflexe du bulbe, le contact d’un aliment et en général d’un corps quelconque avec les parois du pharynx fait contracter tour à tour, et toujours de la même manière, d’abord les muscles constricteurs du pharynx et les glosso-pharyngiens, puis les muscles circulaires et longitudinaux de l’œsophage, ce qui opère la déglutition. […] Dans le rat auquel Vulpian avait ôté tout l’encéphale moins la protubérance, le sursaut provoqué par un souffle brusque et strident comme celui des chats en colère était aussi une réaction instituée par l’expérience. — Aussi, lorsque, dans le tronçon postérieur de grenouille, le pied gauche postérieur vient frotter le point irrité du dos, le ganglion de la moelle qui gouverne cette opération compliquée y est adapté de deux manières, d’abord par sa structure innée, ensuite par ses modifications acquises.
Ce n’étoit pas le seul avantage qu’ils en tiroient : ils trouvoient encore chez les Grecs des modèles en tout genre, de sorte qu’écrire & parler attiquement, c’étoit écrire & parler de la manière la plus pure. […] On n’étoit encore que savant, & l’on ne connoissoit ni l’art de l’Orateur, ni la manière d’écrire avec goût, ni le goût même. […] Sa manière de voir, différente en tout de celle de Molière, ne lui présentoit jamais les objets du côté comique ou plaisant. […] Si cette manière de peindre les passions n’a rien de révoltant, elle n’a rien non plus qui serve à nous en corriger ; & ce n’étoit pas sans doute le but de de l’Auteur de Mélanide. […] Paroît-il en effet un seul Drame, qui ne soit accompagné d’une Poëtique nouvelle, où l’Auteur, eût-il été sifflé, ne fasse le plus grand éloge de sa pièce, ne justifie sa manière sur les principes qu’il s’est formés, & ne cherche à persuader qu’il en sait plus qu’Aristote & Horace ?
Son élève Pline le Jeune, à son tour, la méconnaît d’une manière étrange en décrivant minutieusement un des faits où elle apparaît le mieux, la composition littéraire silencieuse, dans l’obscurité ou pendant une promenade13. […] D’une manière générale, le goût de Bonald pour les antithèses (symboles, à ses yeux, des harmonies des choses) l’a empêché de reconnaître la prééminence de la parole intérieure sur toutes les images visuelles, soit analogiques ou symboliques, soit phonétiques. […] Quel est celui dont l’imagination est assez puissante pour, en l’absence d’un ami, se représenter sa figure d’une manière aussi exacte que s’il était présent, bien qu’il ne passe pas un seul jour sans le voir ? Choisissons un exemple plus simple encore : qui peut se représenter une couleur d’une manière aussi distincte que lorsqu’elle est sons les yeux ? […] Sans doute, l’âme s’est habituée à penser avec l’aide des mots, parce que cette manière de penser lui a semblé la plus commode ; mais, l’habitude une fois prise et invétérée, l’âme continue à parler, malgré elle, sans but et contre toute raison ; elle ne peut plus se taire, alors même que la parole intérieure n’est plus pour elle qu’un bruit inutile ou importun auquel le cœur et la pensée préféreraient des séries d’images visuelles ou la suspension momentanée de toute imagination.
Pour moi, qui, dans les camps nourri dès mon enfance, Laissai toujours aux cieux le soin de leur vengeance, je vous avoue que je ne suis pas trop informé de quelle manière il plaît à Dieu d’exercer sa justice, quoique, à vous dire vrai, il me semble, en réfléchissant sur ce qui se passe dans le monde, que, s’il punit dès cette vie, au moins il ne se presse pas. […] Croyez-vous que l’examen d’une question intéressante n’occupât pas le temps d’un repas d’une manière plus utile et plus agréable même que les discours légers ou répréhensibles qui animent les nôtres ? […] Certainement elle ne pouvait lui venir que des anciennes traditions asiatiques qu’il avait recueillies dans ses études théurgiques, et les livres sacrés des Indiens présentent un bon commentaire de ce texte, puisqu’on y lit que, sept jeunes vierges s’étant rassemblées pour célébrer la venue de Chrîschna, qui est l’Apollon indien, le dieu apparut tout à coup au milieu d’elles et leur proposa de danser ; mais que, ces vierges s’étant excusées sur ce qu’elles manquaient de danseurs, le dieu y pourvut en se divisant lui-même, de manière que chaque fille eut son Chrîschna. […] Si elle ne se marie pas, son mérite intrinsèque, qui est toujours le même, ne laisse pas aussi que d’être utile autour d’elle d’une manière ou d’une autre.
Chaque sujet a sa manière d’être traité ; la méthode géométrique serait trop sèche pour les matières d’agrément, et nos langues sont trop imparfaites pour s’y prêter, les acceptions des mots trop vagues, trop indéterminées pour comporter cette rigueur. […] De la manière d’étudier les langues anciennes ou modernes. Si je ne suis pas d’accord avec l’usage sur le temps de l’enseignement des langues anciennes, je ne le suis pas davantage avec les philosophes, tels que Dumarsais et d’autres qui ont porté l’esprit de la logique dans la grammaire, sur la manière de les étudier toutes. […] Cet ouvrage est de Bernoulli (Jacques), mais il est précédé du traité d’Huygens : Sur la manière de raisonner dans les jeux de hasard.
Sont-ce des intrigues : il faut qu’elles ne sortent que les unes des autres, et que rarement le hasard s’y mêle d’une manière trop fortuite et trop brusque. […] Là, l’auteur ne reprend que l’affectation des manières et du jargon à la mode, que les simagrées et le ton des provinciales qui singent le beau monde. […] une façon d’être différente des manières généralement reçues de la nation chez laquelle on vit. […] Les manières et l’industrie du chevalier, objet des admirations de M. […] Les frappants exemples que nous avons tirés de ses comédies nous éclairent assez sur la manière d’exposer philosophiquement au théâtre les quatre principales espèces du ridicule.
Brun, l’Ours, ne se montre pas content de la manière un peu légère dont le Lion a parlé. […] La fable, conçue d’une manière épique, existait bien avant lui dans notre littérature ; elle s’est brisée en chemin et ne lui est revenue que comme du temps d’Ésope, toute coupée et morcelée.
Son originalité (nous ne l’avons jamais mieux compris) est toute dans la manière et non dans la matière. — Mais n’admirez-vous pas comme les horizons littéraires s’étendent, comme les points de vue changent et se déplacent ? Pour donner à La Fontaine son vrai rang, il ne faudrait plus aujourd’hui le louer comme du temps de Chamfort, mais il convient de l’apprécier en se souvenant du Moyen Âge qu’il n’a connu d’ailleurs que par ses derniers héritiers et qu’il n’a fait, sans s’en douter, qu’égaler à sa manière.
Il n’apprit point le latin. » Ce qui ne veut pas dire que Bailly n’en ait appris plus tard ce qui lui était nécessaire pour comprendre les livres de science écrits en cette langue, et pour choisir à ses divers ouvrages des épigraphes bien appropriées ; mais il manqua d’un premier fonds classique régulier et sévère, et ce défaut, qui qualifie en général son époque, contribua à donner ou à laisser quelque mollesse à sa manière, d’ailleurs agréable et pure. […] Sans l’y suivre en détail, il est impossible de ne pas noter le tour piquant, la manière vive et tout à fait légère dont il se gouverne en ces graves sujets.
À Lucerne, le général de Pfyffer, à qui l’on doit un magnifique Relief de la Suisse, l’avait honoré de ses conseils, et, connaissant sa manière de voyager, ne l’avait pas jugé indigne d’affronter les hautes Alpes : il lui traça un itinéraire que le jeune homme prit plaisir à suivre et dont le pays de Hasly était la première station. […] Ses manières sont négligées, mais une sorte de grâce, qui réside moins dans l’arrangement des formes que dans leur simplicité et dans l’à-propos du geste, les rend tout à fait séduisantes.
Et toutefois, après qu’on a bien envié ce bonheur d’une étude libre, ornée, active et oisive, ayant à elle une belle galerie bâtie tout exprès, remplie de livres, décorée de tableaux, de statues, et en vue d’un lac magnifique, on reconnaît tout bas, à la manière même dont il a usé de ses dons et de ses avantages, qu’il y a autre chose à faire encore qu’à jouir ainsi ; que, si noble et utile qu’ait été son exemple parmi ses compatriotes et pour ceux, qui le consultaient de près, il n’a pas donné tout ce qu’il aurait pu, et qu’un peu de contrainte, un peu de nécessité ne nuit pas ; que c’est sous ces rudes conditions seulement que l’homme, moitié de bon gré, moitié à son corps défendant, tire de lui-même, de son foyer et de ses couches intérieures, tout l’art, toute l’industrie dont il est capable, et le peu d’or qu’il doit à tous. […] ii, p. 119), une lettre ou dissertation sur un vers de Catulle dans la pièce de La Chevelure de Bérénice, laquelle chevelure, coupée des mains de la belle reine en manière d’ex-voto pour son époux, était censée avoir été enlevée au ciel pour y devenir une constellation.
A-t-il voulu faire entendre qu’entre la première manière de comprendre l’Être divin et toutes les autres il y a précisément toute la distance de la vérité à la fiction, et qu’un seul et même voile d’illusion, sauf la juste différence du plus au moins, s’étendra indistinctement sur tout ce qui sera vu dans le songe ? A-t-il voulu simplement marquer que la nature humaine et l’esprit humain ne comportent la première manière de voir que chez un petit nombre d’individus, et que l’histoire n’admet point le triomphe de la philosophie pure ?
Telle manière d’être et de croire, qui pouvait être une force pour gouverner du temps de saint Louis, devenait manifestement une entrave et une complication à cette entrée du xviiie siècle. […] Michelet a très bien senti, très spirituellement exprimé et concentré à sa manière ce que j’ai, dans tout ce qui précède, étendu et développé à la mienne : « Fénelon n’eut le duc de Bourgogne qu’à sept ans.
Que quelques fautes inévitables dans un si vaste travail, et inséparables de la manière même adoptée par l’historien ; des redites ou ce qui semble tel, et qui tient à un besoin extrême de clarté ; quelques inexactitudes sur des points accessoires et qu’on pouvait fort bien laisser de côté, pures inadvertances, sans effet sur l’ensemble, et qui tiennent encore à l’excellente habitude de ne parler qu’avec des données positives et avec des faits, non avec des phrases ; le tout si réparable dans une seconde édition : que ces taches légères n’aillent pas obscurcir dans notre esprit, quand nous jugeons de tout le monument, la grandeur du dessin, la noblesse et l’aisance de la distribution, la lucidité des exposés, la lumière des tableaux, l’ouverture et la largeur des horizons. […] Il est très vrai que la manière d’écrire de M.
la pauvre Salammbô éprouve, à sa manière, le même sentiment de vague aspiration et d’accablant désir. […] Et enfin, fût-elle en pure perte, cette insistance de la critique, même lorsqu’elle n’approuve pas, est encore une manière d’hommage rendu à un livre d’un ordre élevé, et dont il restera des fragments.
Un jeune homme de mérite, pauvre, cherchait du travail dans les journaux ; il s’adressa à Mercier qui dirigeait alors les Annales patriotiques et littéraires (1795), et dont le langage philanthropique lui avait inspiré confiance : « Je lui communiquai, nous dit le jeune homme, quelques morceaux que j’avais écrits : il parut enchanté de ma manière ; il y trouva tout réuni, force de style, imagination, philosophie. […] On ne le saurait pas d’ailleurs, on devinerait vite, à la manière dont M.
Veyrat, à sa manière, se montra des plus vifs ; le satirique se déclara, et c’est ainsi qu’il se vit compromis dans les manifestations, auxquelles donnèrent lieu, au commencement de 1832, les prédications d’un missionnaire, l’abbé Guyon. […] Il était depuis cinq années à Paris, et à bout de voie dans tous les sens (1838), lorsque tout d’un coup une grande révolution s’opéra un matin dans sa manière de voir et de sentir : son âme tout entière se retourna.
Il avait pour l’accompagner deux officiers de distinction de son régiment de Champagne : c’était une manière de Mentor en deux personnes. […] Frédéric, dans une lettre à l’abbé de Prades, avait dit peu de jours après son arrivée à Berlin : « Écrivez en lettres d’or qu’il est arrivé ici un jeune seigneur français, rempli d’esprit, de bon sens et de politesse. » À son départ pour la Suède, c’était le prince Henri qui écrivait à M. de Gisors en manière d’adieu : « Unir à la jeunesse le caractère et les talents, c’est être né avec des qualités rares ; les perfectionner, les embellir et les rendre utiles, mérite l’admiration de tout le monde.
Les Discours en vers de Millevoye, ses Dialogues rimés d’après Lucien, ses tragédies, ses traductions de l’Iliade ou des Églogues selon la manière de l’abbé Delille, nous semblent, chez lui, des thèmes plus ou moins étrangers, que la circonstance académique ou le goût du temps lui imposa, et dont il s’occupait sans ennui, se laissant dire peut-être que la gloire sérieuse était de ce côté. […] La postérité n’est pas du tout ainsi ; il lui est parfaitement indifférent, à elle, qu’on ait cultivé d’une manière estimable, et dans de justes dimensions, les genres en honneur.
Ce serait une forte objection contre le système de progression dans les lumières, qu’un si long cours d’années, qu’une portion si considérable des temps qui nous sont connus, pendant lesquels le grand œuvre de la perfectibilité semblerait avoir reculé ; mais cette objection, que je regarderais comme toute puissante si elle était fondée, peut se réfuter d’une manière simple. […] Sans doute, si les facultés développées dans ce genre de travail n’avaient point été depuis dirigées sur d’autres objets, il n’en fût résulté que du malheur pour le genre humain ; mais quand on voit, à la renaissance des lettres, la pensée prendre tout à coup un si grand essor, les sciences avancer en peu de temps d’une manière si étonnante, on est conduit à croire que, même en faisant fausse route, l’esprit acquérait des forces qui ont hâté ses pas dans la véritable carrière de la raison et de la philosophie.
Les moyens de réussir à ce jeu, il ne serait pas impossible, je crois, de les formuler, et ce serait même un joli sujet pour un chroniqueur, qui intitulerait cela : La Rochefoucauld dévoilé ou les principales manières d’écrire des pensées sans en avoir. […] C’est là, je pense, la plus étonnante nouveauté de sa manière : elle met dans ses rôles, non seulement toute son âme, tout son esprit et toute sa grâce physique, mais encore tout son sexe.
La vue, moins grandiose qu’à Nazareth, s’étend sur toute la plaine et est bornée de la manière la plus pittoresque par les montagnes de Nazareth et les collines de Séphoris. […] Jésus seul, néanmoins, dit la chose d’une manière efficace.
Celui-ci, dès l’abord, à la manière dont il saisit Louise qui s’est enfuie, et dont il l’introduit sous son toit, laisse deviner ce qui adviendra un jour. […] Je prendrai une image que je crois fidèle pour rendre la manière dont le xviiie siècle apparaît à travers le dernier roman de M.
En venant un peu tard et après tous les autres organes de la publicité pour rendre, à notre manière, hommage à une haute vertu et à une immense infortune, nous n’aurons qu’à répéter plus ou moins ce qui a été dit et senti par tous. […] Tout change, tout meurt ou se renouvelle ; les races les plus antiques et les plus révérées ont leur fin ; les nations elles-mêmes, avant de tomber et de finir, ont leurs manières d’être successives et revêtent des formes diverses de gouvernement dans leurs divers âges ; ce qui était religion et fidélité dans un temps n’est plus que monument et commémoration du passé dans un autre ; mais à travers tout, tant que la dépravation n’est pas venue, il y a quelque chose qui reste : l’humanité et les sentiments naturels qui la distinguent, le respect pour la vertu, pour le malheur, surtout immérité et innocent, la pitié qui elle-même n’est que le nom de la piété envers Dieu en tant qu’elle se retourne vers les infortunes humaines.
Et, si j’avais la place de le faire, je m’amuserais à vous citer ici, en manière d’exemple, l’appréciation du critique apprécié d’un grand journal, qui consacrait son article à déclarer détestable, en l’attribuant à M. […] Les auteurs classiques les moins préoccupés de cadences verbales, sont harmonieux à leur manière.
Je crois fermement qu’il y a une manière chaste de dire les choses qui ne le sont pas, et cela sans fausse pudeur et sans fausse précaution. […] Oublions pour un instant la manière dont sont lus la plupart des romans, prêtés un jour, rendus le lendemain, dévorés par des yeux souvent jolis, mais qui ne savent pas lire, qui ne savent que suivre un héros à travers les pages d’un livre, comme un passant qui s’éloigne sur le sable d’une promenade.
L’intransigeance, d’une manière ou d’une autre, est toujours un défaut de compréhension. […] Toutes ces œuvres, pour n’être pas rimées, n’en ont pas moins une poésie charmante, si, par ce nom, l’on entend le don d’exprimer d’une manière rare des idées, ou de décrire des paysages au moyen d’images choisies ; et aussi, selon la belle expression de Diderot : tout ce qu’il y a d’élevé, de touchant dans une œuvre d’art, dans le caractère ou la beauté d’une personne ou même dans une production naturelle.
La substance est le tout, les qualités sont les parties ; ôtez toutes les qualités d’un objet, toutes ses manières d’être, tous les points de vue par lesquels on peut le considérer, il ne restera rien. […] Or, nous observons par la conscience une substance qui est nous-mêmes et des qualités qui sont nos manières d’être.
La manière de voir de M. de Gingins n’y est pas accueillie, bien que Michelet en tienne compte.
Il y a dans ce rapprochement de famille de quoi faire naître plus d’une idée, et sur la différence des époques, et en particulier sur la différence des manières littéraires.
L’amour et la mort sont deux grandes muses ; grâce à leur inspiration réunie, la manière trop attique d’André Chénier était devenue du pathétique.
Sa philosophie, c’est-à-dire sa manière de concevoir la vie et d’expliquer ce monde, ne doit rien non plus aux étrangers.
C’est là un ensemble si complexe qu’en voulant le considérer dans toutes ses manières d’être on risque de négliger toujours quelque chose d’important.
La même méprise, qui fait imputer à l’hôtel de Rambouillet la préciosité des manières et du langage, fait méconnaître les services qu’il a rendus aux mœurs, à la langue même et à la littérature, et lui dérobe une gloire qui lui appartient.
Les critiques s’accroupissent sur sa mémoire ; on refait sa biographie de vingt manières ; on la surcharge de notes ; on étudie à la loupe ce qu’il a écrit ; on dissèque ses vers, et de cette autopsie sortent des rapports mesquins, des procès-verbaux ingénieux et froids. — Il était pris de la maladie de son siècle, dit-on ; — il était irréligieux, irrité ; — on le plaint un peu ; on l’excuse un instant sur ses torts. — Il fut atteint de la petite vérole courante de son temps, a dit de Moreau un critique officiel.
Albert Pinard, Madame X… qui est l’histoire de deux êtres dont aucun ne peut subjuguer l’autre en un aveu, d’autres œuvres encore affirment une nouvelle manière d’envisager les relations passionnelles qui diffèrent de celles des anciens romans en ce que la femme n’est plus l’être asservissant et dominateur que présentent les de Goncourt et Zola.
« Toutefois, il avait soixante-trois manières d’en trouver tousjours à son besoin, dont la plus honorable et la plus commune étoit par façon de larrecin furtivement faict ; malfaisant, pipeur, buveur, batteur de pavez, ribleur s’il en étoit à Paris ; au demeurant le meilleur fils du monde et toujours machinoit quelque chose contre les sergeants et contre le guet. » Et après ce portrait sommaire, viennent à la débandade, les mille aventures drolatiques où ce véritable héros de Rabelais se dessine à gros traits, menant à Paris le train bouffon de l’écolier de l’époque, puis partant pour les pays de la fable contre le roi des Dipsodes, puis s’embarrassant dans cette épineuse question du mariage, et parcourant pour s’amuser dans son dessein tout l’archipel d’îles peuplées à souhait des innombrables êtres allégoriques dont Rabelais tenait à rire ; en somme la plus durable et la plus humaine des caricatures énormes qui s’étalent dans le bréviaire des « beuveurs très illustres et et vérolez très prétieux ».
Personne n’écrit de cette manière aisée & piquante.
Enfin un bon poëte sçait disposer de maniere les peintures qu’il fait des vices et des passions, que ses lecteurs en aiment davantage la sagesse et la vertu.
Nous avons dit que pour Bouniol l’idée passait avant l’image ; mais il ne faut pas croire pourtant qu’il ne soit pas peintre à sa manière.
Nous parlions plus haut de l’énorme place qu’occupe déjà le roman dans la littérature moderne et de la difficulté de l’écrire d’une manière nouvelle et piquante.
Quel était son régime, quelle était sa manière journalière de vivre ?
Les caractères poétiques, qui sont l’essence des fables, naquirent d’une impuissance naturelle des premiers hommes, incapables d’abstraire du sujet ses formes et ses propriétés ; en conséquence, nous trouvons dans ces caractères une manière de penser commandée par la nature aux nations entières, à l’époque de leur plus profonde barbarie. — C’est le propre des barbares d’agrandir et d’étendre toujours les idées particulières.
C’est la manière de Racine. […] L’une d’elles traite de manière émouvante les péripéties mêmes du Bajazet de Racine. […] On dit que de cette manière le savant Wolf lui-même devenait tout à coup raisonnable. […] De quelle manière saura-t-il animer son personnage, par la diction et par le geste ? […] Il laisse le théâtre presque vide, et il se contente d’un récit tronqué de ce qui s’était passé… La manière anglaise est donc au-dessus de la manière française !
Éduquer un enfant, c’est le diriger, mais de quelle manière et d’abord comment le connaître ? […] Il n’était en aucune manière un orateur, et j’imagine que l’éloquence lui répugnait comme un artifice peu conciliable avec cette vérité stricte dont il gardait la religion. […] Ces peintures allégoriques sont encore traitées dans la manière religieuse. […] Un dictateur est nommé d’abord, à la manière romaine, le syndic Buonaguida Lucari. […] S’il croit en eux lui-même, au point de vous forcer d’y croire, c’est qu’il est l’un d’eux, qu’il a leurs mœurs, leurs manières de sentir et de penser, leur origine.
Arrivé tard à Paris, fortement marqué du cachet de sa province, Piron ne le perdit pas ; il n’eut jamais le ton, les belles manières d’un homme à la mode, ni même les simples façons d’un homme du monde : où les aurait-il apprises ? […] Une particularité de composition, chez Piron, et qui lui est commune avec d’autres poëtes, mais qu’il poussait plus loin qu’aucun, c’est qu’il travaillait de mémoire ; il avait non pas lu, mais récité ses Fils ingrats à l’assemblée des comédiens, de manière que la pièce avait été reçue avant que l’auteur en eût écrit un seul vers. […] Aussi, lorsque dans le recueil des Poésies diverses de Piron (Londres, 1779) on a mis les Trois Manières de Voltaire, et autres contes de la même veine, on a fait un contre-sens. […] Il fit imprimer, par manière d’amende honorable, sa traduction du De profondis, qui parut dans le Mercure avec une lettre de lui (avril 1765). […] Dans une de ces lettres, du 7 août 1766, il donne, à sa manière, tout un résumé pittoresque de l’histoire littéraire du siècle et de l’invasion voltairienne.
Je dirai qu’il y a, non pas une, mais vingt manières d’écrire l’histoire, qu’on peut l’écrire comme Thucydide, Xénophon, Polybe, Tite-Live, Salluste, César, Tacite, Commines, Guichardin, Machiavel, Saint-Simon, Frédéric le Grand, Napoléon, et qu’elle est ainsi supérieurement écrite, quoique très diversement. […] De quelque manière qu’ils fassent, je le répète, ils ont bien fait. […] En effet, avec ce que je nomme l’intelligence on démêle bien le vrai du faux, on ne se laisse pas tromper par les vaines traditions ou les faux bruits de l’histoire ; on a de la critique ; on saisit bien le caractère des hommes et des temps, on n’exagère rien, on ne fait rien de trop grand ou trop petit, on donne à chaque personnage ses traits véritables ; on écarte le fard, de tous les ornements le plus malséant en histoire, on peint juste ; on entre dans les secrets ressorts des choses, on comprend et on fait comprendre comment elles se sont accomplies ; diplomatie, administration, guerre, marine, on met ces objets si divers à la portée de la plupart des esprits, parce qu’on a su les saisir dans leur généralité intelligible à tous ; et, quand on est arrivé ainsi à s’emparer des nombreux éléments dont un vaste récit doit se composer, l’ordre dans lequel il faut les présenter, on le trouve dans l’enchaînement même des événements ; car celui qui a su saisir le lien mystérieux qui les unit, la manière dont ils se sont engendrés les uns les autres, a découvert l’ordre de narration le plus beau, parce que c’est le plus naturel ; et si, de plus, il n’est pas de glace devant les grandes scènes de la vie des nations, il mêle fortement le tout ensemble, le fait succéder avec aisance et vivacité ; il laisse au fleuve du temps sa fluidité, sa puissance, sa grâce même, en ne forçant aucun de ses mouvements, en n’altérant aucun de ses heureux contours ; enfin, dernière et suprême condition, il est équitable, parce que rien ne calme, n’abat les passions comme la connaissance profonde des hommes. […] Le portrait de Joséphine, quoique très négligé de style, donnera un exemple de la manière de M. […] Cette manière de pénétrer dans sa famille, d’en exciter les agitations en s’y mêlant, déplaisait singulièrement au premier Consul ; il le témoignait souvent, et, quand il avait quelque communication à faire aux siens, il en chargeait son collègue Cambacérès, qui, avec sa prudence accoutumée, entendait tout, ne disait rien que ce qu’on lui ordonnait de dire, et s’acquittait de ce genre de commission avec autant de ménagement que d’exactitude. » XXIII Deux chefs-d’œuvre de narration, l’un diplomatique, l’autre militaire, les négociations de Lunéville et la victoire de Hohenlinden par Moreau, enfin le traité de Lunéville, remplissent le septième livre, tour à tour d’un conseil de cabinet et d’un champ de bataille.
Je ne vous en dirai donc point : je ne ferai que vous répéter à ma manière ce que j’ai lu dans le simple et éloquent rapport de M. […] Ces gens, que vous voulez aider sont souvent très différents de vous par l’éducation, par les manières, par tout le détail de la vie extérieure. […] C’est enfin la préoccupation de ne point laisser décroître, par notre faute, la somme de vertus indispensable à la vie de l’humanité, et de sauver de ce trésor fragile et nécessaire tout ce qui peut encore en être sauvé ; c’est le désir de rechercher s’il ne subsiste pas, chez ces êtres accablés, humiliés et ulcérés par leur triste destinée, quelques germes de noblesse et de dignité morale, de préserver ces germes et de les faire fructifier ; bref, d’« élever » les malheureux par la manière dont on leur tend la main. […] Il reste que je « juge », si j’ose encore m’exprimer ainsi, les cinq dernières productions de notre art dramatique d’une manière toute subjective et sur le plaisir qu’elles m’ont fait. […] Et, sans doute, je loue en quelque manière la véracité des auteurs, et j’accorde que, ayant voulu peindre le monde des coulisses d’un bouiboui, ils ne pouvaient guère le peindre autrement.
— Il est difficile de répondre d’une manière explicite. […] Détaillons : Musset charma mon adolescence de 15 à 18 ans ; Lamartine eut son tour et fut remplacé par Vigny (le Vigny des poèmes philosophiques s’entend) ; Mallarmé, première manière, vint ensuite. […] — Je trouve que cette question ne peut être résolue que d’une manière générale. […] Je vous répondrais : J’aime Vigny, Hugo, Lamartine, Musset, Baudelaire, Banville, Leconte de Lisle, Verlaine, le Mallarmé du Parnasse, chacun pour ses qualités, sa manière particulière de réagir au spectacle des choses. […] Mais pour l’aube qui se lève, c’est pénible et trouble que la manière dont la manifestation prochaine a été fomentée comme par des acteurs qui cherchent leurs gestes — et des gestes qui plaisent aux « maîtres ».
Ses manières sont engageantes, ont je ne sais quel charme à s’insinuer dans les cœurs. […] J’ai cru que ma femme devait assujettir ses manières à sa vertu et à mes intentions ; et je sens bien que dans la situation où elle est, elle eût encore été plus malheureuse que je ne le suis, si elle l’avait fait. […] Une charge à la manière noire. […] Il était illustre de plusieurs manières, et sa réputation peut égaler celle du fameux Roscius, ce grand comédien si renommé dans l’antiquité et qui mérita du Prince des Orateurs cette belle harangue qu’il récita dans le sénat pour ses intérêts. […] Il nous en a fait répandre de joie, versons-en de douleur auprès de son tombeau ; honorons-le de toutes manières.
Jules Sandeau a eu bien des succès : celui de l’autre jour les lui résumait tous, ce nous semble, et les lui réfléchissait d’une manière sensible et bien touchante, qui a dû lui aller au cœur.
lui dis-je en l’abordant D’une manière sérieuse.
Mais lisez madame du Hausset, et elle vous apprendra quels ministres étaient bien ou mal avec madame, et pourquoi ; ce que c’était que le petit abbé de Bernis, qui menait de front une poésie légère, une intrigue d’amour, une partie de chasse et une guerre désastreuse ; ce que c’était que M. de Choiseul qui le supplanta, grand seigneur, de fort bonne mine, si ami de madame qu’on le disait doublement ministre du roi, et de quelle honnête manière il décachetait les lettres avec un gobelet d’eau tiède et une boule de mercure ; vous y verrez comment Machault fut ingrat envers sa bienfaitrice qui avait payé ses dettes, et comment elle brisa cette créature infidèle ; vous y remarquerez surtout la disgrâce de d’Argenson, ministre ennemi de la marquise : ce jour-là, il y eut des évanouissements et des sanglots ; la femme de chambre apporta des gouttes d’Hoffmann ; le roi lui-même arrangea la potion avec du sucre, et la présenta de Voir le plus gracieux à madame.
A part ce que l’écrivain allemand a de plus vif dans la manière, et aussi de plus sautillant, de plus décousu, c’est bien chez lui la même espèce d’opinions démocratiques, la même curiosité active et honnête, la même promptitude à juger, quelque chose de rapide dans le discernement, et de moins profond qu’on ne désirerait.
Et, avec le costume, le chapeau, l’épée, les traditions, l’argot spécial, ce sont les brimades, en quelque manière, qui la font auguste.
Maurice Rollinat n’ait une manière de talent et de sincérité.
Karr et d’Aubryet, sa manière fut jugée violemment réaliste.
L’Auteur pense & fait penser son Lecteur ; les détails les plus arides, les matieres les plus abstraites deviennent intéressantes sous sa plume, par la maniere agréable dont il les présente, & par l’air d’originalité qu’il leur donne.
D’après cette maniere austere de penser, que lui donnoit le sentiment de sa propre force, il avoit de la peine à regarder Quinault comme un grand Poëte, & en cela il étoit conséquent* ».
Ces défauts de la scène étoient inséparables de l’imagination étonnante du poëte, de l’élévation & de la fierté de son ame, de sa manière de concevoir & de rendre fortement & vivement les choses.
L’âge philosophique de l’antiquité ne changea rien à cette manière.
Il semble qu’il ait renoncé à sa couleur, à sa sévérité, à son caractère, pour prendre la touche et la manière de son confrère.
La nature a donc pris le parti de nous construire de maniere que l’agitation de tout ce qui nous approche eut un puissant empire sur nous, afin que ceux qui ont besoin de notre indulgence ou de notre secours pussent nous ébranler avec facilité.
Par exemple, quand la tragédie nous dépeint Médée qui se vange par le meurtre de ses propres enfans, elle dispose son tableau, de maniere que nous prenions en horreur la passion de la vengeance, laquelle est capable de porter à des excès si funestes.
Suivant que cette bordure étoit dessinée, suivant qu’elle avoit dans sa partie basse un ventre configuré d’une certaine maniere, on donnoit un nom different à ces instrumens, dont les uns s’appelloient testudines, et les autres citharae, c’est-à-dire lyres ou harpes.
Je ne parle ici que des écrivains qu’on eut voulu flétrir du sobriquet de Décadents et que d’après Jean Moréas il faudrait appeler Symbolistes ; comme ces écrivains sont très divers de manière et de talent je ne perçois pas, pour ma part, la nécessité d’une autre raison sociale à leur fortuite congrégation, que celle de Poètes.