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1301. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. de Rémusat (passé et présent, mélanges) »

Durant la dernière année, en rhétorique, il avait eu d’assez grands succès en discours français pour être le candidat le plus désigné à la couronne universitaire ; mais les événements politiques de 1814 lui firent quitter le collége avant la fin de l’année. […] Sous une ligue ennemie Les Français sont abattus :   Rassurez-vous, ma mie,   Je n’en parlerai plus. […] Il est temps d’arriver au succès public le plus brillant, au jour de triomphe et de soleil de M. de Rémusat ; je veux parler de son discours de réception à l’Académie française. […] Nos chants seraient indignes d’elles : Français, je ne chanterai plus ! […] M. de Rémusat voulut bien parler dans le Globe, en 1828, de mon premier ouvrage, le Tableau de la Poésie française au xvie siècle.

1302. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

Je ne me lasserai pas de crier à vos Français : La Vérité ! […] École française : le Romantisme. […] Le réalisme français, celui de M.  […] Le réalisme français ne le veut voir nulle part. […] Pas plus que le roman français la peinture française n’a donné à l’homme du peuple cette élévation dans la simplicité.

1303. (1857) Réalisme, numéros 3-6 pp. 33-88

Elle marche bien la réforme de la langue française ! […] Pour nous, au lieu d’appliquer ces reproches « au Français ». nous n’en chargeons qu’un certain nombre de Français, les Français perroquets. […] Il ne pouvait abjurer tout à fait l’esprit français. […] L’Angleterre déteint sur nous ; malgré ses dénégations le Français est un imitateur, un singe ; il copie les gestes, les habits, le langage, les habitudes de tous ses voisins. […] Laissons-les dans leurs écuries avec leurs grooms, avec leurs bêtes, et conservons notre langage, notre joyeuseté, notre esprit français.

1304. (1889) Les artistes littéraires : études sur le XIXe siècle

Aussi ses vers n’ont-ils jamais plus de mérite que n’en a une version anglaise ou italienne écrite par un Français, la grammaire sous ses yeux et le dictionnaire à la main186 ». […] Quand le poète fut reçu à l’Académie française, M.  […] Il traite lui-même Madame Bovary d’histoire nauséabonde291 ; il écrit à George Sand : « Peindre les bourgeois modernes et français me pue étrangement au nez… Ces minces particuliers me sont lourds à remuer ! […] Théodore de Banville l’a d’ailleurs formulée lui-même dans son Traité de Poésie française, et, tant pour ses audaces que pour ses étroitesses, pour ses qualités comme pour ses erreurs, elle vaut d’être commentée avec quelques détails. […] C’est cependant à quoi tend d’un bout à l’autre le Traité de Poésie française, et c’est à quoi il est trop bien parvenu, au grand dommage de notre développement littéraire.

1305. (1902) La politique comparée de Montesquieu, Rousseau et Voltaire

A la bataille de Rosbach, un officier français, blessé et couché sur la place, demandait à cor et cri un lavement. […] Ce sont les Tartares qui sont polis et les Français sont devenus des Scythes. […] Un Suisse protestant peut acheter en France une terre de deux millions et un Français catholique ne peut pas rester trois jours dans un canton calviniste sans la permission d’un magistrat qui est quelquefois un cabaretier. […] — Ajoutons que c’est un peu par politesse que Montesquieu établit une différence entre la Royauté française et le despotisme oriental. […] Il était mauvais encore de déclarer une religion religion de la majorité des Français.

1306. (1898) Introduction aux études historiques pp. 17-281

Enfin, le Lehrbuch ne s’adresse pas au grand public ; il reste inaccessible (et à cause de la langue et à cause de la forme) à l’immense majorité du public français. […] Combien de gens, sans avoir étudié le français et le latin du moyen âge, s’imaginent les savoir parce qu’ils entendent le latin classique et le français moderne, et se permettent d’interpréter des textes dont le sens littéral leur échappe, ou, quoique très clair, leur paraît obscur ? […] L’enseignement des « sciences auxiliaires » et des moyens techniques d’investigation n’était alors organisé que pour l’histoire (française) du moyen âge, et dans une école spéciale, l’École des chartes. […] Un Canadien français est membre de l’État britannique, de l’Église catholique, du groupe de langue française. […] Les Français, grâce à des qualités naturelles de tact, de dextérité et de justesse d’esprit, excellent en général dans cet exercice.

1307. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre II. Lois de la renaissance et de l’effacement des images » pp. 129-161

Avant sa maladie, elle avait eu l’habitude de parler français au lieu de parler anglais. Mais alors elle sembla avoir perdu toute connaissance du français ; car, lorsque son mari lui parlait dans cette langue, elle ne paraissait pas comprendre le moins du monde ce qu’il disait, quoiqu’elle pût converser en anglais sans difficulté ». […] « Un homme, dit Abercrombie, né en France, avait passé la plus grande partie de sa vie en Angleterre, et, depuis plusieurs années, avait perdu entièrement l’habitude de parler français. […] Abernethy, à la suite d’une blessure à la tête, il parlait toujours français. » En d’autres cas, la même réviviscence a été observée pour d’autres langues. « Un célèbre médecin de mes amis, dit encore le même auteur, m’apprend qu’ayant un jour la fièvre, mais sans aucun délire, il répéta de longs passages d’Homère, chose qu’il ne pouvait faire étant bien portant. » Un autre, qui, en santé, était fort mal doué pour la musique et avait presque oublié la langue gaélique, chantait, étant malade, des chansons gaéliques, et cela avec une grande précision, quoique la mélodie fût difficile et qu’auparavant il fût tout à fait incapable de les chanter. […] Bientôt il ressentit une attaque d’apoplexie légère, suivie de la perte de la mémoire des mots, puis de la langue française.

1308. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXIXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (2e partie) » pp. 5-63

Canning, il affronte courageusement l’opposition bonapartiste des Chambres françaises. […] Il en fut de même à l’époque de sa réception à l’Académie française ; j’ai lu ce discours dans lequel il loue en termes magnifiques, en commençant, le nouveau César et la nouvelle impératrice, femme, fille des Césars ; il se refusa seulement à louer le régicide ou à l’amnistier dans la personne de Chénier qu’il avait à remplacer, et à raturer quelques phrases à double sens sur Tacite. […] Aux journées de juin 1848, nous gagnâmes la bataille des trois jours dans les rues de Paris ; ce fut un triomphe douloureux, mais ce fut le premier triomphe de la République française sur la démagogie. […] » Ce qui veut dire en bon français : Je n’avais de cœur que pour moi ! […] Les Français l’en ont accusée ; voulaient-ils donc qu’elle dansât sur les cadavres de son père et de sa mère ?

1309. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mendès, Catulle (1841-1909) »

. — Ghéa, poème dramatique de Von Goldschmidt, mis en français par Catulle Mendès (1893). — L’Art d’aimer (1894). — La Maison de la Vieille, roman contemporain (1894). — Verger fleuri, roman (1894). — L’Enfant amoureux, nouvelles (1895). — La Grive des vignes, poésies (1895). — Le Chemin du cœur, contes (1895) […] — Rue des Filles-Dieu, 56, ou l’Heautonparatéroumène, nouvelle (1895). — L’Art au théâtre (1896). — Gog, roman contemporain (1896). — Chand d’habits, pantomime (1896). — Arc-en-ciel et Sourcil rouge, nouvelle (1897). — Contes choisis (1897). — L’Art au théâtre (1897). — Le Procès des roses, pantomime (1897). — Petits poèmes misses mis en vers français (1897). — L’Évangile de l’Enfance de N. […] La petite chapelle était peut-être une cellule étroite où le génie français agonisait. […] Rarement l’école française nous a donné un exemple plus complet de ce que peut l’inspiration unie à la science. […] L’auteur du Rapport sur le mouvement poétique français , ayant cru devoir, au cours de son travail, se borner à de rares mentions de ses propres ouvrages, il a paru nécessaire de reproduire ici un assez grand nombre des appréciations dont son œuvre a été l’objet.

1310. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quinzième. »

Après tant de belles peintures de l’homme en général, il restait à peindre l’individu, dans cette société qui lui donnait tant de valeur, le Français à une époque où la France a été si grande. L’esprit français, dans les monuments que je viens d’apprécier, c’est l’esprit humain sous la forme française ; il restait à le voir avec sa propre physionomie, non plus à la recherche d’un idéal littéraire, mais se prenant lui-même pour sujet unique de son étude. […] C’est la même audace dans le tour, le même imprévu dans l’expression, la même domination sur la langue française. […] Il peut n’y avoir rien de moins français qu’un écrit irréprochable pour la grammaire.

1311. (1881) La psychologie anglaise contemporaine «  M. Georges Lewes — Chapitre I : L’histoire de la philosophie »

La question de savoir si la conscience est quelque chose de supérieur à ces actes (si elle est, pour parler le langage des psychologistes français, une faculté distincte) peut être considérée comme établie, depuis Crown. […] Lewes pense de la philosophie française. […] Il fut la source du patronage philosophique, et remplit les chaires françaises de professeurs qui étaient ses adhérents ou n’osaient exposer ouvertement sa faiblesse. […] Ces mots sont en français dans le texte. […] Les derniers mots, entre guillemets, sont en français dans le texte.

1312. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur de Latouche. » pp. 474-502

M. Français (de Nantes)47. […] Le chef de bureau se plaignit et fit son rapport au directeur général, le comte Français, qui manda dans son cabinet le coupable : — Eh bien ! […] reprend vivement Français (de Nantes). […] Il avait commencé par des espèces de ballades imitées de l’anglais, de l’allemand, par des descriptions de printemps, de paysages, qui paraissaient dans les journaux littéraires d’alors, dans La Muse française ou le Mercure, et qui se recueillaient chaque année dans les Annales romantiques. […] Dans Fragoletta, en effet, l’auteur affecte d’étaler sur le premier plan les horreurs de la révolution de Naples en 1798, les cruautés et les réactions de la populace et de la cour après l’évacuation de l’armée française ; mais il se complaît beaucoup trop à décrire les royales délices qu’il prétend flétrir.

1313. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1877 » pp. 308-348

— Moâ, bien content — reprend l’Anglais qui parle très mal le français — je ne suis pas un astronome, je ne suis pas un géologue… les choses que je ne sais pas, ne me regardent pas… je suis un naturaliste… Donc, puisque la Bible dit que c’est un ruminant, et que c’est une erreur… la Bible n’est pas un livre révélé… Moâ bien content… » Et il repasse la porte là-dessus, débarrassé tout à coup de sa religiosité. […] Il disait aussi maintenant, rêver tout haut, tantôt en français, tantôt en japonais. Comme on le questionnait, et qu’on lui demandait, dans quelle langue, se formulaient ses idées, il nous avouait que les choses de droit, les choses artificielles venaient à lui, sous des formules françaises ; les choses naturelles, les choses d’amour et autres, sous des formules japonaises. […] Ce soir, au Cirque, je suis frappé de la physionomie de la jeunesse française, de son aspect concentré, triste, rogue. […] Le pas de tout ce monde sur l’asphalte, c’est le grondement d’une mer… Je n’ai jamais vu de ma vie sur les boulevards, une foule pareille… « C’est vous ici, me jette Burty d’une chaise, où il est assis au café Bignon, au milieu des rédacteurs de La République française.

1314. (1836) Portraits littéraires. Tome II pp. 1-523

Scribe est aujourd’hui la providence, faisaient tort à l’Académie française. […] Il faudra qu’il invente de nouvelles dynasties dans les cercles allemands, qu’il étudie la géographie de l’Europe, et même la langue française. […] Avant d’expirer, il récite à son fils quelques vers sur ses devoirs de roi et de chrétien, qui m’ont rappelé la chronologie française versifiée. […] Au moins ces trois grands noms dominaient la société française, parce qu’ils la comprenaient. […] Il n’y a plus aujourd’hui que les nourrices et les curés de campagne qui attribuent la révolution française à l’auteur de Candide.

1315. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre III. — Du drame comique. Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel » pp. 111-177

Les Français ont le culte de l’idéal220. […] Dans notre monde moderne et sur la scène française, comme ailleurs, ce ne sont plus les puissances morales de la Société et de la Famille, la tendresse conjugale la piété filiale, l’amour fraternel, l’amitié, le patriotisme, qui paraissent au premier plan, et par leur antagonisme divin font l’intérêt du drame : c’est la personne humaine, avec ses faiblesses et sa grandeur. […] Ce n’est pas non plus par un caprice sans raison que les tragiques français transportent volontiers leur théâtre en Chine, en Grèce, au Pérou. […] Dans les tragédies françaises, souvent tes personnages les plus élevés et les meilleurs, vus de près et à ta lumière, ne sont, à la lettre, que de mauvais imbéciles, qui ont tout au plus assez d’esprit pour se justifier par des sophismes . […] Nées de l’imitation des anciens, les figures tragiques des Français ne peuvent guère être regardées que comme de simples personnifications des passions déterminées de l’amour, de l’honneur, de la gloire de l’ambition, de la tyrannie ; etc.

1316. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre I. Principe des mœurs sous l’Ancien Régime. »

Il faut au roi une garde, infanterie, cavalerie, gardes du corps, gardes françaises, gardes suisses, Cent-Suisses, chevau-légers de la garde, gendarmes de la garde, gardes de la porte, 9 050 hommes150, coûtant chaque année 7 681 000 livres. Quatre compagnies des gardes françaises et deux des gardes suisses font tous les jours la parade dans la cour des ministres, entre les deux grilles, et le spectacle est magnifique quand le roi sort en carrosse pour aller à Paris ou à Fontainebleau. […] Les gardes suisses d’un côté, les gardes françaises de l’autre151 font la haie aussi loin qu’elle peut s’étendre. […] Il n’y aurait qu’un moyen de dégager le monarque : ce serait de refondre la noblesse française et de la transformer, d’après le modèle prussien, en un régiment laborieux de fonctionnaires utiles. […] À Fontainebleau, « dimanche et vendredi, jeu ; lundi et mercredi, concert chez la reine ; mardi et jeudi, les comédiens français ; samedi, ce sont les Italiens » : il y en a pour tous les jours de la semaine.

1317. (1864) Cours familier de littérature. XVII « Ce entretien. Benvenuto Cellini (2e partie) » pp. 233-311

Les deux Français avec qui je voyageais étaient, l’un gentilhomme, et l’autre un notaire qui se moquait de ce que nous étions descendus de cheval pour si peu de chose. […] Il parlait français au cardinal, et, se tournant vers moi, il me dit en italien : “Reposez-vous, Benvenuto, et amusez-vous pendant quelques jours. […] Il lui donna pour son laboratoire le petit hôtel de Nesle, terrain qui fut occupé plus tard par le palais du cardinal Mazarin, aujourd’hui l’Académie française. […] Je venais de donner en ce moment un coup de pied à un petit garçon français, qui m’avait fait une sottise, et qui alla se cacher dans les jambes du roi ; ce qui le fit beaucoup rire. […] Si quelqu’un de vous ici parle de ce qui vient de se passer, leur dis-je en bon français, il peut être certain de sa mort.

1318. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juin 1886. »

Pour la saison prochaine, la question d’un théâtre Wagnérien français semble avancer. […] La littérature française ne nous a point donné encore, malgré d’aimables essais, un roman de vie complète, romantique et psychologique. […] Tolstoy, et plus encore Gontcharov, ont donné à l’Art les romans de la psychologie sans nul parti-pris : mais ils ont été les aristocrates d’une race indolente ; ils ont laissé aux Français le soin de parfaire la forme du roman : et voici qu’à nos esprits, coutumiers de cette forme, la vie de leurs œuvres apparaît incomplète. […] Or le journalisme quotidien a privé la langue française de ces deux vertus. […] A côté des nombreux portraits de Wagner faits à l’étranger, celui-ci, d’un artiste français, doit tenir une des meilleures places.

1319. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — I. » pp. 325-345

C’est, on le voit, un Français qui n’est pas tout à fait du Centre ni de l’Île-de-France, mais qui se sent des frontières et qui a ses origines et ses alliances du côté des Villes libres. […] Il prenait part à tous les sujets sérieux, traités ou proposés par l’Académie de Metz, dont il était un des membres dirigeants ; il pensait à concourir pour l’Éloge de Louis XII, proposé par l’Académie française, et se prenait dès lors pour ce roi, père du peuple, de cette prédilection presque paradoxale qui, dans ses heures de loisir, dominera désormais tous ses points de vue sur l’histoire et la société française des derniers siècles. […] Mon esprit s’était fixé sur des principes absolus ; et, quand je fus dans l’Assemblée nationale, j’en poursuivis toutes les conséquences, j’en voulus toutes les applications, avec toute la rigidité d’une logique opiniâtre, qui est, je crois, une des qualités de mon esprit, et peut-être avec la roideur qui est dans mon caractère… L’année précédente (1787), il avait publié un écrit d’un intérêt plus local, ce semble, mais d’une importance toute française, concernant Le Reculement des barrières.

1320. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. (suite et fin). »

Il parlait avec tant de grâce, tant de feu, tant de majesté, souvent une heure durant, il s’énonçait en si beaux termes, tantôt latins, tantôt français, et disait de si belles choses, si curieuses, si recherchées, que les gens qui n’étaient venus qu’à dessein de le critiquer (ils étaient sans doute en grand nombre) ne pouvaient s’empêcher d’admirer son érudition et de se récrier comme les autres sur sa mémoire. […] Le rapporteur y prenait goût : « Je ne sais, nous dit-il, s’il y a un plus délicieux passe-temps que de voltiger ainsi de compagnie en compagnie, pourvu qu’elle soit triée, et d’apprendre exactement à cette source les anecdotes de son temps. » L’archevêque, qui était membre de l’Académie française, eut à un moment l’idée d’intervenir dans l’affaire de Furetière, violemment aux prises avec quelques meneurs de la Compagnie (1685), et de devenir arbitre entre des confrères. […] Jeune, « il avait appris les humanités par goût, la théologie par devoir. » Dans ses années de résidence à Rouen, il avait fort connu Brébeuf et Corneille, et c’était qui lui avait exhorté, dit-on, le grand tragique à mettre l’Imitation en vers français. À peine promu au siège de Paris, l’Académie française l’avait appelé en son sein pour y remplacer M. de Péréfixe.

1321. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.). Guerre des Barbets. — Horreurs. — Iniquités. — Impuissance. »

Le prétexte de l’intervention française, outre l’intérêt général de la religion, était, que les réformés du midi de la France, pressés par les Édits, désertaient et trouvaient un asile tout proche chez leurs frères dans les vallées du Piémont. […] Les troupes françaises, concentrées à Pignerol, attendaient elles-mêmes le signal de donner, avec impatience. « On ne parle ici que de tout exterminer et de tout détruire, de faire pendre les grands et les petits. » C’est ce qu’un officier français écrivait de Pignerol dès les premiers mois de cette année. […] La proposition des députés suisses fut faite dans une assemblée générale convoquée au Chiabas le 23 mars ; la séance s’ouvrit par une prière que prononça le pasteur Arnaud ; retenez ce nom, déjà porté avec tant d’honneur en France depuis plus de quarante ans par un illustre persécuté : ici, dans les vallées, cet Arnaud n’est pas seulement un théologien, c’est un homme pratique, un grand caractère en action ; né dans le Dauphiné et d’abord pasteur français, il était devenu pasteur Vaudois, et de pasteur il devint capitaine quand il le fallut, et plus tard, comme Josué, conducteur de peuple.

1322. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIIIe entretien. Chateaubriand, (suite) »

L’infortuné rencontre en Allemagne la vraie hospitalité ; en Italie, la bassesse, mais quelquefois des éclairs de sensibilité et de délicatesse ; en Espagne, la morgue et la lâcheté, parfois aussi de la noblesse ; le peuple français, malgré sa barbarie lorsqu’il s’assemble en masse, est le plus charitable, le plus sensible de tous envers le misérable, parce qu’il est sans contredit le moins avide d’or. […] Au reste, il est précisément le contraire du Français. […] Au fait, je ne connais point deux nations plus antipathiques de génie, de mœurs, de vices et de vertus, que les Anglais et les Français, avec cette différence que les premiers reconnaissent généreusement plusieurs qualités dans les derniers, tandis que ceux-ci refusent toute vertu aux autres. […] Les philosophes se servirent de ces idées des peuples pour sanctifier de bonnes lois par le sceau de la religion, et le polythéisme, rendu sacré par le temps, embelli du charme de la poésie et de la pompe des fêtes, favorisé par les passions du cœur et l’adresse des prêtres, atteignit, vers le siècle de Thémistocle et d’Aristide, à son plus haut point d’influence et de solidité. » XXXVI Après les deux romans d’Atala et de René, il en ébaucha un troisième : le Dernier des Abencérages ; mais, à l’exception de l’incomparable romance : Combien j’ai douce souvenance, ce roman, entièrement d’imagination, ne fut qu’un roman français sans vérité et sans succès, très-inférieur aux deux autres.

1323. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jules de Glouvet »

Elle semble se réveiller chez les poètes de la Pléiade française, mais imitée, apprise, affaiblie ; ce n’est vraiment qu’un reflet. […] Les romanciers se sont partagé la France, chacun nous peignant sa province natale ou celle qu’il connaissait le mieux ; et l’on pourrait former, en réunissant leurs tableaux, une sorte de géographie pittoresque et morale de la patrie française. […] M. de Glouvet a étudié le vieux français et a sans doute collectionné les archaïsmes usités dans sa province. […] Je sais que cet exercice est assez facile, pour l’avoir pratiqué une fois par hasard, et j’ai connu des élèves de rhétorique qui y réussissaient mieux que dans le français d’aujourd’hui.

1324. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon. » pp. 270-292

Lundi 13 janvier 1851 Aucune littérature n’est plus riche en mémoires que la littérature française : avec Villehardouin, à la fin du xiie  siècle, commencent les premiers mémoires que nous possédions en français. […] Saint-Simon n’appartient point à cette école française, discrète, imitatrice, esclave de la ville ou de la Cour, et qui, avant de lâcher une expression, s’informe si c’est convenable et usité. […] Si Saint-Simon n’a pu faire rendre si tard à la noblesse française une influence politique et aristocratique qui n’était point sans doute dans les conditions de notre génie national et dans nos destinées, il a fait pour elle tout ce qu’il y a de mieux après l’action, il lui a donné, en sa propre personne, le plus grand écrivain qu’elle ait jamais porté, la plume la plus fière, la plus libre, la plus honnête, la plus vigoureusement trempée et la plus éblouissante, et ce duc et pair dont on souriait alors se trouve être aujourd’hui, entre Molière et Bossuet (un peu au-dessous, je le sais, mais entre les deux certainement), une des premières gloires de la France27.

1325. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Mémoires du cardinal de Retz. (Collection Michaud et Poujoulat, édition Champollion.) 1837 » pp. 40-61

« Il y a plus de douze cents ans que la France a des rois, dit Retz ; mais ces rois n’ont pas toujours été absolus au point qu’ils le sont. » Et dans un résumé rapide et brillant, il cherche à montrer que si la monarchie française n’a jamais été réglée et limitée par des lois écrites, par des chartes, comme les royautés d’Angleterre et d’Aragon, il avait toutefois existé dans les temps anciens un sage milieu « que nos pères avoient trouvé entre la licence des rois et le libertinage des peuples ». […] Il croyait à la légèreté française par-dessus tout, et n’y soupçonnait rien de logique ni de suivi. […] Cette galerie, dont les traits cent fois répétés et reproduits depuis remplissent toutes nos histoires, est la gloire du pinceau français, et on peut dire qu’avant Saint-Simon il ne s’était rien écrit de plus vif, de plus éclatant, de plus merveilleusement animé. […] L’expression y est gaie volontiers, pittoresque en courant, toujours dans le génie français, pleine d’imagination cependant et quelquefois de magnificence.

1326. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — II. (Suite et fin.) » pp. 341-361

Courier ne sent point le besoin de ces moyens qui sont pourtant à l’usage des hommes et surtout des Français. […] J’en conclus seulement que Courier n’évitait pas les vers quand ils se présentaient dans sa prose, et qu’il les recherchait plutôt ; cela lui rendait le style plus alerte et plus sautant : Il aimait mieux, en écrivant, le pas des tirailleurs de Vincennes, que la marche plus uniforme et plus suivie de la ligne, — de la phrase française ordinaire. […] Pour traduire Hérodote, il faut unir certaines qualités de science et de simplicité : Un homme séparé des hautes classes, dit-il, un homme du peuple, un paysan sachant le grec et le français, y pourra réussir si la chose est faisable ; c’est ce qui m’a décidé à entreprendre ceci où j’emploie, comme on va voir, non la langue courtisanesque, pour user de ce mot italien, mais celle des gens avec qui je travaille à mes champs, laquelle se trouve quasi toute dans La Fontaine. […] Courier, quelle que soit l’idée qu’on se fasse de sa personne morale et de ses qualités sociales, restera dans la littérature française comme un type d’écrivain unique et rare.

1327. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DAUNOU (Cours d’Études historiques.) » pp. 273-362

Daunou a toujours été très-ironique (j’ai regret à le dire) contre l’Académie française. […] Ce qu’il savait à merveille et avec une distinction incomparable, c’était le français et le latin. Pour le français, il se resserrait encore dans ses prédilections, et, sauf une ou deux exceptions, ne faisait cas que de celui des deux derniers siècles. Quant au très-vieux français, tout éditeur de Joinville qu’il était, il ne croyait guère aux règles que M. […] Racine et Boileau, ou même Voltaire et Chénier à part, il goûtait plus, on le conçoit, la prose française que les vers.

1328. (1927) André Gide pp. 8-126

Que l’on défasse seulement l’œuvre de la Révolution française, comme M.  […] Non moins que d’une crise du français (qui ne se manifeste pas chez M.  […] Comme je n’ai pas de chance avec ceux de la Nouvelle Revue française, — et ce n’est certes pas non plus pour des raisons personnelles que je les ai défendus contre M.  […] André Gide, qui énonce cette remarque : « Il n’y avait là que ce besoin inné du Français de prendre parti, d’être d’un parti, qui se retrouve à tous les âges et du haut en bas de la société française. » Il généralise trop, et il fait un calembour. […] Pierre Louÿs était toujours premier en composition française, avant la rentrée d’André Gide, éloigné par des troubles nerveux et le vagabondage scolaire qui s’en était suivi.

1329. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « La Tolérance »

Et des journaux donnent le bulletin de l’état d’âme de la jeunesse française, comme ils donneraient, sous une monarchie, le bulletin de la santé de l’héritier présomptif. […] Le temps est venu où les questions politiques ne doivent plus être que des questions françaises ou des questions sociales.

1330. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 3, que l’impulsion du génie détermine à être peintre ou poëte, ceux qui l’ont apporté en naissant » pp. 25-34

Les peres des quatre meilleurs peintres françois du dernier siecle, Le Valentin, Le Sueur, Le Poussin et Le Brun, n’étoient pas des peintres. […] Tous les grands poëtes françois, qui font l’honneur du siecle de Louis XIV étoient éloignez par leur naissance et par leur éducation, de faire leur profession de la poësie.

1331. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 30, objection tirée des bons ouvrages que le public a paru désapprouver, comme des mauvais qu’il a loüez, et réponse à cette objection » pp. 409-421

Le public justifia bien la prédiction de l’auteur de l’art poëtique, et depuis long-temps les françois citent le Misantrope comme l’honneur de leur scéne comique. […] Quand la pucelle de Chapelain parut, elle avoit pour elle les suffrages des gens de lettre étrangers et françois.

1332. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Alaux. La Religion progressive » pp. 391-400

Il dit comme Edgar Quinet, autre philosophe moderne, qu’il faut une religion aux peuples, même après la révolution française : — la religion de la révolution française !

1333. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Madame Sand ; Octave Feuillet »

pour l’honneur de l’esprit français ? […] les Nouveaux Lundis de Sainte Beuve, la traduction de Eurêka d’Edgar Poe par Baudelaire, le Dictionnaire de Littré, cet attentat de la philosophie positive sur la langue française, le Capitaine Fracasse 43 de Théophile Gautier, et ces pauvres Mémoires, qui n’auront jamais le succès de ceux de Saint-Simon, du duc de la Rochefoucauld-Doudeauville, qui ne se rappelle pas assez que devant son nom de Doudeauville il y a le nom de La Rochefoucauld, qui oblige à être spirituel, je crois bien que vous êtes au bout du budget littéraire de cette année que je m’obstine à trouver inféconde, même en voyant ce qu’elle a fait !

1334. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — VII »

Il les introduit sous son nom dans la grande construction française.‌ […] Comment négliger de marquer que le sol d’où sortit ce maître est le même qui produisit Turenne et que l’un et l’autre représentent la discipline la plus haute de cet esprit français que des plaisantins et des irrespectueux veulent trop souvent définir par la nomenclature de nos vaudevillistes plus ou moins amusants à travers les âges ?‌

1335. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVIe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (2e partie) » pp. 417-487

Le peuple trompe presque constamment la loi française de l’égalité des partages, en privilégiant les aînés de ses enfants sur les puînés, ou les fils sur les filles. […] La révolution française, trop irritée contre les excès de la loi d’aînesse, ne s’est placée qu’au premier point de vue : l’individu. […] La révolution française, dans sa législation abstraite, a donc professé en fait autant de mensonges que de principes, en supposant l’égalité des titres de capacité, d’intelligence, de vertu filiale, c’est-à-dire de droits égaux entre les enfants. […] La révolution française, elle-même, n’a pas tardé à revenir sur ses pas dans la voie de la nature et de la vérité ; elle a modifié sa loi d’hérédité en concédant aux pères, dans leur testament, le droit de privilégier dans une certaine proportion les premiers nés ou les privilégiés de leur cœur parmi leurs enfants. […] Voilà la révolution française, voilà la sublime démocratie divine entendue comme elle peut être seulement entendue par les esprits politiques à qui la démagogie, l’esprit de radicalisme, la manie des sophisme ou la rage suicide du nivellement impossible, qui ne serait que l’extrême injustice, n’ont pas faussé le bon sens.

1336. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre IV. Le Séminaire d’Issy (1881) »

À beaucoup d’égard, nous préférons la piété amusante et spirituelle de Pierre Camus, l’ami de François de Sales, à la tenue raide et guindée qui est devenue plus tard la règle du clergé français et a fait de lui une sorte d’armée noire à part du monde et en guerre avec lui. […] La théologie y est tout, et, si la direction des études y manque de force, c’est que l’ensemble du catholicisme, surtout du catholicisme français, porte très peu aux grands travaux. […] Je ne vois jamais une vieille maison française de Seine-et-Oise ou de Seine-et Marne, avec son jardin aux palissades taillées, sans que mon imagination me représente les livres austères qu’on a lus jadis sous ces allées. […] Gottofrey, jeune prêtre de vingt-six ou vingt-huit ans, n’était, je crois, qu’à demi de race française. […] Plus tard, j’éprouvai une sorte d’agacement à voir la réputation exagérée d’Auguste Comte, érigé en grand homme de premier ordre pour avoir dit, en mauvais français, ce que tous les esprits scientifiques, depuis deux cents ans, ont vu aussi clairement que lui.

1337. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mai 1886. »

Bartholomé est Français ; mais voici deux peintres qui, à coup sûr, ne le sont point et ainsi je m’explique, par leur ignorance de Paris, qu’ils aient eu l’idée d’exposer, dans ce bazar, leurs œuvres honnêtement créées. […] Malgré elles, cette exposition donnerait une opinion désolante de l’état actuel et futur de la peinture française. […] Nous parlons de l’école Française, Allemande ou Italienne, mais l’école Anglaise, comme celles des Pays-Bas, a depuis longtemps cessé d’exister. […] C’est la marque du wagnérisme français que de chercher l’influence de la théorie esthétique du compositeur sur ce que Wyzewa appelle « la rénovation de l’art » et ce, dans tous les domaines, et pas seulement dans celui de la musique. […] Elle chanta aussi bien les opéras français que les opéras italiens et est aujourd’hui une figure quasi mythique de la soprano.

1338. (1878) La poésie scientifique au XIXe siècle. Revue des deux mondes pp. 511-537

C’est pour la seconde fois, dans l’histoire des lettres françaises, que se produit cette tentative d’une poésie scientifique. […] Delille ne fit que rimer gentiment Les Trois Règnes. » Dans l’ardeur de curiosité et d’invention poétique qui entraînait André Chénier vers ces nouveaux sujets, il avait tout prévu, même les inévitables objections qu’on ne manquerait pas de tirer de l’impuissance prétendue de la langue française à faire parler en vers Newton ou Buffon. Ô langue des Français ! […] Sa langue si pure, si habile, si nuancée, quand il reste dans les sujets antiques ou dans ceux qui n’ont pas d’âge, ceux que fournit le cœur humain, éternel dans ses douleurs, dans ses passions et ses joies, cette même langue s’embarrasse et se trouble dès qu’elle touche à des idées scientifiques ou à des pensées modernes que le vers français n’était peut-être pas encore en état de soutenir et d’exprimer. […] Ainsi, même dans les interrègnes du génie, le travail qui s’est fait dans la poésie française n’a pas été perdu pour elle : il en a étendu et varié le vocabulaire ; s’il n’a pas produit beaucoup d’idées, s’il a été stérile en grandes œuvres, il aura préparé des ressources utiles aux poètes qui viendront plus tard et que tenteront les sujets nouveaux.

1339. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Victor Hugo »

Je croyais véritablement que l’esprit de parti, la badauderie et la bassesse devant toute puissance reconnue, ces trois choses malheureusement françaises, tambourineraient, une fois de plus, avec fureur, la gloire et le génie du grand poète dont on dit : le Poète, comme on dit : le Pape. […] et, chose particulière, il n’y a pas, dans ce Quatre-vingt-treize, le grand événement de Quatre-vingt-treize, celui-là qui data la révolution française : la mort du roi, ce crime sans pareil dans les annales de la France, et qui décapita la France ! […] Évidemment ils sont sacrifiés au royaliste Lantenac, et le livre semble une Légende des Siècles de plus, — la légende du dernier siècle de l’antique et grande Monarchie française, — qu’Hugo l’ait voulu ou ne l’ait pas voulu ! […] S’ils avaient pensé à montrer dans leurs œuvres l’hydre de la Convention française, ils l’auraient ressuscitée dans une de ces journées terribles qui avaient leur monstrueuse beauté, et ils ne se seraient pas contentés de la nomenclature des noms de ses membres, avec des étiquettes tirées des mots qu’ils dirent et dont plus de moitié sont des platitudes et le reste des déclamations ! […] même son Lantenac a quelque chose d’exsangue et de métallique dans l’héroïsme qui crierait un peu à la manière des ressorts, si Hugo ne l’avait huilé et ouaté avec ces choses charmantes qu’on appelle la légèreté française : la plaisanterie devant la mort, l’élégance, le ton comme il faut de sa classe !

1340. (1880) Une maladie morale : le mal du siècle pp. 7-419

Il lui avait demandé sa collaboration pour la publication d’une bible française avec des discours. […] L’invasion française de 1798 la força à s’éloigner de la Suisse. […] l’étranger lui-même envahit alors le sol français. […] Dans ce rapprochement inattendu, l’esprit français, par quelques côtés, devenait anglais et allemand. […] Elles étaient dans des impressions du berceau ou des souvenirs de l’adolescence ; dans l’action du génie étranger sur le génie français, enfin dans la fidélité du génie français lui-même à ses anciennes traditions.

1341. (1876) Romanciers contemporains

On peut être bel esprit et prétentieux en patois comme en français. […] Il avait la raideur d’un Anglais et évitait avec soin dans son maintien les allures françaises. […] Câlinement, imagé, bousculement ne sont pas français. […] Sombrement, endormements floconnement, ne sont pas des mots français. […] Cela devrait être écrit en vieux français, mais n’a pas besoin d’être traduit en latin.

1342. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lamartine, Alphonse de (1790-1869) »

Platon accordait du moins au poète : les palmes, les fanfares et la couronne de fleurs. » [La Muse française (mai 1820), à propos des Méditations poétiques.] […] Tout ce qu’il y a de musical dans la versification française venait de subir une profonde rénovation. […] On convient que l’orateur fut et demeurera l’un des plus éloquents dont se doive honorer l’histoire de la tribune française.

1343. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface du « Roi s’amuse » (1832) »

En effet, ce qu’on a appelé la Charte-Vérité dit : « Les Français ont le droit de publier… » Remarquez que le texte ne dit pas seulement le droit d’imprimer, mais largement et grandement le droit de publier. […] Enfin, pour que tout soit net et clair, pour que les quatre ou cinq grands principes sociaux que la révolution française a coulés en bronze restent intacts sur leurs piédestaux de granit, pour qu’on ne puisse attaquer sournoisement le droit commun des Français avec ces quarante mille vieilles armes ébréchées que la rouille et la désuétude dévorent dans l’arsenal de nos lois, la charte, dans un dernier article, abolit expressément tout ce qui, dans les lois antérieures, serait contraire à son texte et à son esprit.

1344. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre II. Des livres de géographie. » pp. 5-31

C’est le plaisir de la surprise qu’on éprouve quelquefois en lisant le Voyageur françois ou la connoissance de l’ancien & du nouveau monde, à Paris chez Vincent 1765. en plusieurs volumes in-12. […] Melchisedech Thévénot, célébre voyageur françois, vit à peu-près les mêmes pays que Chardin. […] On recherche aussi le Voyage d’Afrique fait par le commandement du Roi ou les Navigations des françois en 1629.

1345. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Récamier »

Ici, Madame Récamier n’est pas remplacée, parce qu’elle n’est pas peinte, parce que la personne qui tient le dé pour elle dans ce livre de Souvenirs n’a pas plus pénétré cette femme et ne l’a pas plus reproduite que ne l’aurait fait la première venue qui sait écrire quatre lignes de narration française, dans cette société myope de regard et effacée de langage qu’on appelle la bonne compagnie ; parce qu’enfin sur cette femme, dont la supériorité fait l’originalité la plus rare et la plus exquise, on n’a eu à dire que des banalités élégantes, qui roulent sur tous les parquets depuis qu’il y a au monde des parquets ! […] « Elle avait une taille souple et élégante, des épaules de la plus admirable forme, une bouche petite et vermeille, des bras charmants… des cheveux châtains naturellement bouclés, le nez délicat et régulier mais bien français, — (comme la narration) ; — une physionomie pleine de candeur et quelquefois de malice, et que l’expression de la bonté rendait — (malgré la malice ?)  […] Nous imputons donc nettement à l’éditeur l’aridité et le sans-intérêt de son livre, et nous lui adressons ce dilemme : — S’il avait mieux que ce qu’il nous donne dans le portefeuille où il a puisé, pourquoi ne l’a-t-il pas donné de préférence, et s’il n’avait pas mieux, pourquoi s’est-il décidé à publier des choses dont la plupart sont si mortelles à la réputation de l’esprit français ?

1346. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVII. Des éloges en Italie, en Espagne, en Angleterre, en Allemagne, en Russie. »

Les Italiens modernes, quoiqu’ils descendent presque tous de Gaulois, d’Africains, de Germains, de Goths, de Lombards, d’Allemands et de Français, bien plus que des anciens Romains, aiment toujours la langue qu’on parlait autrefois au Capitole : elle leur rappelle qu’ils ont été les maîtres du monde. […] Il en est de même de la plus grande partie de l’Italie, qui, soumise à des dominations étrangères, et tour à tour envahie, subjuguée, défendue, gouvernée par des Allemands, des Espagnols ou des Français, a perdu pour ainsi dire cette espèce d’intérêt de probité pour son pays, qui développe les talents et crée les efforts en tout genre. […] Et, ce qui est un hommage rendu à notre langue, ces éloges se prononcent en français.

1347. (1900) Molière pp. -283

Molière ici se trouve, comme dans quelques autres de ses pièces, le seul auteur français à qui l’on puisse appliquer ce terme d’éloge : une manière large et qui se rapproche un peu de celle de Shakespeare. […] C’est le Clavijo de Goethe, pièce qui a fait époque dans l’histoire des mœurs, et que je pourrais presque appeler une pièce française, car elle a été découpée dans les Mémoires de Beaumarchais. […] Celle-là fut adressée en 1857 à un auditoire provençal, elle servit de leçon d’ouverture au cours de littérature française de la faculté d’Aix. […] Privilège charmant de l’esprit français de n’être le don que d’un seul peuple et de plaire à tous tandis que d’ordinaire ce qu’il y a d’original dans une nation est ce qui rebute le plus facilement les autres. […] Louer ce qu’il y a d’humain et de tolérant dans la société française, c’est faire l’éloge de l’esprit qui a tant contribué à la former.

1348. (1714) Discours sur Homère pp. 1-137

Nous en pouvons juger par nos meilleurs ouvrages françois : où ne trouveroit-on pas des fautes ? […] Je n’entends pas par expressions équivalentes, les tours et les termes françois qui paroissent le mieux répondre à de certains tours, et à de certains termes grecs ; car je suppose, comme on le doit sur le témoignage de la Gréce florissante, que les tours et les termes d’Homere sont presque toûjours les plus beaux de sa langue, au lieu que les tours et les termes françois qui y répondent, ne sont pas de même les plus beaux de la nôtre. […] Un sens peut être diffus en grec, et blesser l’esprit par ce défaut ; si de quatre termes qu’on y emploie, il s’en trouve un d’inutile ; et le même sens peut être précis en françois, et flatter l’esprit par cette beauté, s’il exige sept ou huit termes, et qu’on n’y en emploie pas davantage. […] Je ne veux pas dire qu’il ne faille avoir égard au son dans l’assemblage des mots ; c’est ce qui met de la grace et de l’harmonie dans le discours, je prétends seulement qu’on peut avoir cet égard en françois comme en grec ; et qu’il y a des écrivains durs et des écrivains gracieux en chaque langue, par rapport à ceux qui la parlent. […] Il n’y a de poëmes françois que le lutrin qui se lise ; et quoiqu’il ait sur les autres, l’avantage d’une élégance continue, je suis persuadé que c’est encor un de ses agrémens de n’avoir que six livres, dont le plus long n’a pas trois cens vers.

1349. (1926) La poésie pure. Éclaircissements pp. 9-166

Française, 1er janvier 1926.) qu’en devons-nous penser ? […] Il est comme le pivot non seulement duquel rayonna le développement de la poésie française nouvelle, mais qui unit tous les divers rayonnements passés de la poésie véritable dans toutes les littératures anciennes et modernes. […] ordinairement, je ne prie pas Dieu, écrit une de nos contemplatives françaises, je ne fais que lui adhérer… je suis réduite à m’expliquer par le mot : oui. […] (« nouvelle revue française », 1er fév. 1926.) […] Une école de spiritualité — l’école française des Bérulle et des Condren — qui a pour objet de ramener les âmes à « l’esprit d’enfance. » (cf.

1350. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XV. La littérature et les arts » pp. 364-405

Beaumarchais déjà lançait l’aphorisme fameux : « Ce qui ne vaut pas la peine d’être dit, on le chante. » Scribe, le librettiste ordinaire de Meyerbeer, a commis des vers qui sont des péchés impardonnables contre la poésie et même contre la langue française. […] Au moyen âge, églises, châteaux, hôtels de ville représentent les trois faces principales de la société française ; ce sont les monuments d’une France chrétienne, féodale et municipale. […] Il prétend enrichir l’art français d’un talent qui a manqué, suivant lui, à l’art grec. […] Que de locutions françaises seraient inexplicables, si l’on ne remontait aux jeux qui ont tour à tour amusé nos ancêtres ! […] Les progrès de la poésie française depuis 1830 (1867).

1351. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1868 » pp. 185-249

* * * — La politesse est à la fois la fille de la grâce française et du génie jésuite. […] Elle ne périra pas par les grandes et nobles attaques de la pensée, mais tout bonnement par le bas poison, le sublimé corrosif de l’esprit français : la blague. […] Et voilà son français, à cet écrivain, un français que M.  […] 26 septembre Le restaurateur Magny nous donnait, ce soir, ce curieux détail sur la décadence de la cuisine et du palais français. […] Il est le contraire du Français, honnête comme peuple et filou comme individu.

1352. (1894) Textes critiques

Quant aux poèmes ils disent d’agréables illusions dans une forme classique — ariostique même — mais très amollie par la fréquentation des récents poètes français. […] De plus, des gens ont vu dans Ubu une œuvre « écrite en vieux français » parce qu’on s’amusa à l’imprimer avec des caractères anciens, et cru « phynance » une orthographe du XVIe siècle. […] René Ghil — Voici mon avis d’éliminer, motivé à première vue par le manque de qualité et de quantité, à la fois, d’une oeuvre littéraire sérieuse ; MM. d’Audiffret-Pasquier, de Broglie, Costa de Beauregard, de Freycinet, Gréard, Edouard Hervé, Rousse, Alfred Sorel, Thureau-Dangin, pour l’Académie Française. — Octave Mirbeau, pour l’autre.‌ […] A l’Académie française : Cherbuliez, Claretie, de Freycinet, Henry Houssaye, E. […] Pour le rendre acceptable aux Français, on le fait se dérouler en Grèce.

1353. (1874) Portraits contemporains : littérateurs, peintres, sculpteurs, artistes dramatiques

Outre mes latins décadents, j’étudiais les vieux auteurs français, Villon et Rabelais surtout, que j’ai sus par cœur, je dessinais et je m’essayais à faire des vers français ; la première pièce dont je me souvienne était le Fleuve Scamandre, inspirée sans doute par la tableau de Lancrenon, des traductions de Musée, de l’Anthologie grecque, et plus tard un poëme de l’Enlèvement d’Hélène, en vers de dix pieds. […] Émile Deschamps, la vestale de l’esprit français, qu’il ne laissa jamais éteindre, comptaient au nombre de ses plus assidus visiteurs. […] Peu à peu la conversation dériva vers la littérature, et il se plaignit de l’énorme difficulté de la langue française. […] On rencontrait des Français, et même des Parisiens dans ses rues. […] On pouvait entendre parler français sur ce boulevard qu’on appelait alors le boulevard de Gand, et qu’on nomme aujourd’hui boulevard des Italiens.

1354. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Notes et pensées » pp. 441-535

Amédée Pichot, qui était son voisin de campagne à Bellevue, et qui avait une arrière-pensée d’Académie française, reçut cette traduction tronquée des mains de M.  […] Et, en effet, toute la calamité de la poésie française, tout son dénûment d’art est dans ce mot de Fontenelle qui est bien le mot d’un Français. […] Dans la poésie française, elle n’y atteint presque jamais. […] Lysias, Xénoplion, sont des attiques : en français, Mme de Caylus, Mme de La Fayette sont des modèles d’atticisme. […] Il est aujourd’hui aux cimes de la popularité, et c’est surtout son courage que l’on admire, cette belle qualité française.

1355. (1896) Le livre des masques

Là tu vas composant ces beaux livres, honneur Du langage français et de la noble Athènes. […] Venu à Paris comme tout autre étudiant valaque ou levantin, et déjà plein d’amour pour la langue française, M.  […] Moréas aime passionnément la langue et la poésie françaises et que les deux sœurs au cœur hautain lui ont plus d’une fois souri, contentes de voir sur leurs pas un pèlerin si patient et un chevalier armé de tant de bonne volonté. […] Stuart Merrill ne s’est pas embarqué en vain, le jour qu’il voulut traverser les Atlantiques, pour venir courtiser la fière poésie française et lui planter une fleur dans les cheveux. […] Leur crime, après tout, fut de ne pas vouloir « faire comme tout le monde » et il semble qu’elles l’aient assez payé cher, elles — et toute la poésie française qui, pendant un siècle et demi, craignit vraiment trop le ridicule.

1356. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — I. » pp. 235-256

Quoi qu’il en soit, le beau monde recherchait beaucoup M. de Saint-Martin dans ce demi-incognito philosophique et divin où il vivait ; les princesses françaises et allemandes se le disputaient, dans un temps où il avait son logement au Palais-Bourbonf. […] Les horreurs dont il est témoin, et dont il s’estime préservé tout exprès par une sollicitude particulière de la Providence, ne l’émeuvent qu’assez légèrement, et n’interrompent qu’à peine le cours de ce qu’il appelle sa délicieuse carrière spirituelle : En réfléchissant, dit-il en un endroit, sur les rigueurs de la justice divine qui sont tombées sur le peuple français dans la Révolution, et qui le menacent encore, j’ai éprouvé que c’était un décret de la part de la Providence ; que tout ce que pouvaient faire dans cette circonstance les hommes de désir, c’était d’obtenir par leurs prières que ces fléaux les épargnassent, mais qu’ils ne pouvaient atteindre jusqu’à obtenir de les empêcher de tomber sur les coupables et sur les victimes. […] Il me reste à bien montrer le rôle philosophique de Saint-Martin au milieu de la Révolution française, l’explication providentielle qu’il en donne, et qui, avec moins d’inclémence et moins d’éloquence aussi, ne fait toutefois qu’annoncer et présager la solution de De Maistre. […] les princesses françaises et allemandes se le disputaient ; dans un temps il avait son logement au Palais-Bourbon.

1357. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — II » pp. 112-130

Le roman de Paméla, traduit en français, était alors dans sa nouveauté. […] Cependant voilà le malheur du Français : on prend pour médecins des gens d’imagination (Silva), et pour ministres les robins qui ont le plus fréquenté la Cour, c’est-à-dire ceux qui ont le plus perdu leur temps et qui ont le plus négligé les pauvres et la justice. […] On retrouve dans cette fin toute la verve que nous lui avons vue précédement à nous parler de son père, et cette touche qui sent sinon le vieux Romain, du moins le vieux Français. […] Sorti du ministère, voyant son frère y rester et s’y ancrer plus que jamais, il a pu lui adresser cette parole qui résume admirablement quelques-unes de ses plus habituelles pensées : J’ai dit à mon frère (1748) : « Vous avez une belle charge, vous êtes chargé de faire valoir la seule vertu qui reste aux Français, qui est la valeur ; car l’esprit n’est pas une vertu : la franchise, la bonne foi, toutes les autres vertus se sont séparées de nous. » Et ce n’est pas la misanthropie qui a dicté cette parole.

1358. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — II » pp. 454-475

L’impossible aussi pour ceux qui de nos jours posent en principe qu’on ne sait pas écrire en français, et surtout de ces choses de morale et de société, depuis Louis XIV, ce serait de leur faire reconnaître que Senac de Meilhan est un moraliste et un écrivain des plus distingués, qui a de très grandes qualités, de belles parties, et plus que de la finesse, je veux dire de la largeur, de l’élévation, de l’essor. […] Le prince de Ligne aurait voulu que M. de Meilhan, dans l’émigration, écrivît ses mémoires : Écrivez, lui disait-il, des souvenirs, des mémoires de votre jeunesse, ministériels, et de Cour et de société ; — vos brouilleries et vos raccommodements de Rheinsberg, la vie privée et militaire du prince Henri, ses valets de chambre comédiens français, ses houzards matelots, ses chambellans philosophes ; et puis les zaporogues et les évêques du prince Potemkim, et ensuite vos conversations avec le prince de Kaunitz ; — ce sera un ouvirage charmant. […] Les Français, charmés de leur indépendance, se sont livrés aux plus téméraires conceptions ; ils ont détruit, mais ils ont en même temps creusé, porté la lumière dans les routes les plus obscures ; ils en ont ouvert de nouvelles et forcé les barrières élevées par le préjugé. […] Il poursuit ses raisonnements au sujet de la perte de sa bibliothèque, et démontre par des applications sa pensée : « À mesure que l’esprit humain avance, une multitude d’ouvrages disparaît. » Le président estime que nous n’avions pas en France, à sa date, de bons historiens : Un historien ne peut avoir de gloire durable que lorsqu’il approfondit la moralité de l’homme, et développe avec sagacité et impartialité les modifications que lui ont fait subir les institutions civiles et religieuses : alors il devient intéressant pour toutes les nations et pour tous les siècles… Ce n’est pas dans nos histoires qu’on apprend à connaître les Français, mais dans un petit nombre de mémoires particuliers, et je maintiens que l’homme qui a lu attentivement Mme de Sévigné est plus instruit des mœurs du siècle de Louis XIV et de la Cour de ce monarque, que celui qui a lu cent volumes d’histoire de ce temps, et même le célèbre ouvrage de Voltaire.

1359. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Souvenirs militaires et intimes du général vicomte de Pelleport, publiés par son fils. » pp. 324-345

À la première affaire d’avant-garde qui s’engage de nuit dans les montagnes, les colonnes françaises, par un malentendu, tirent les unes sur les autres ; il s’ensuit une confusion extrême : Dans cette échauffourée, le bataillon rompit ses rangs aux premiers sifflements des balles ; je restai à ma place comme un soldat russe : c’était quelque chose pour un début. […] Je laisse aux physiologistes à expliquer cette espèce de projection et de réflexion visible de la pensée interne à l’état de mirage : une seule remarque à faire quand on est simple académicien, c’est que la dame ou la fée parlait cette nuit-là un français un peu risqué. […] C’était un spectacle vraiment instructif pour l’armée, toujours si prête à verser son sang sur les champs de bataille, que de voir des Français refuser de recevoir chez eux un officier général mourant pour la patrie. Après avoir reçu d’un épicier un verre d’eau, des gens du peuple (ils étaient restés Français), Parisiens du faubourg, enfoncèrent les portes d’un hôtel, m’introduisirent dans les salons de MM. 

1360. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Benjamin Constant. Son cours de politique constitutionnelle, ou collection de ses divers écrits et brochures avec une introduction et des notes, par M. Laboulaye »

Tout bien considéré, et jusque dans cette petite Cour de Brunswick, où il servit en qualité de gentilhomme attaché à monseigneur le duc régnant, il était pour la Révolution française : « Le genre humain, écrivait-il en 1790, est né sot et mené par des fripons, c’est la règle ; mais, entre fripons et fripons, je donne ma voix aux Mirabeau et aux Barnave plutôt qu’aux Sartine et aux Breteuil… » Voilà le point de départ du futur tribun, ne l’oublions jamais. […] Lorsque ce talent à la fois jeune et en pleine maturité s’est annoncé ici avec un si grand éclat, on a cherché à l’écarter en disant que c’était un étranger : le fait est faux ; c’est un Français rendu à la France par le décret philosophique qui réintègre les descendants des protestants réfugiés. […] Je le vois encore, sur les derniers temps de la Restauration, avec son visage fin, amaigri, de jeune vieillard, ses longs cheveux négligés et pendants, sa taille de peuplier, avec son pas traînant et son attitude délabrée, exhalant de toute sa personne je ne sais quelle senteur de musc qui rappelait l’ancien muscadin ; cherchant dans les salons du général La Fayette (moins remplis alors qu’un ou deux ans plus tard) quelqu’un avec qui causer, et ne le trouvant pas toujours, ou faisant le soir à l’Athénée une lecture déjà cent fois redite et qu’il essayait d’animer ; écrivant pour le Courrier français des séries d’articles qu’on ne lisait plus. […] Benjamin Constant ne put même être nommé de l’Académie française après juillet 1830, après le triomphe de sa cause !

1361. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Célèbre et populaire à trente-deux ans, membre de l’Institut à trente-sept et siégeant à côté de son père, nommé deux ans après (1828) directeur de l’Académie française à Rome, Horace Vernet n’était pas au bout de son bonheur, et il devait courir bien des années encore avant de l’épuiser. […] Était-il possible, je le demande, qu’Horace Vernet vivant à Rome au sein d’une splendide nature, d’une belle race, de toutes les merveilles de l’art classique, en face des magnificences de Saint-Pierre et des pompes du Vatican, n’en fût pas touché, excité à se mesurer à sa manière avec ses nouveaux modèles, à s’exercer dans un genre plus noble et a y transporter ses qualités si, françaises ? […] Je me suis fait une obligation de relire quelques-uns des jugements de la critique française contemporaine à ce sujet, notamment ce qu’en a dit, dans ses Salons de 1831 et de 1833, un écrivain fort surfait et à qui sa morgue a tenu lieu quelque temps d’autorité. […] Appliquant son examen à quatre batailles exposées par Horace Vernet à ce Salon, Iéna, Friedland, Wagram et Fontenoy, il concluait en ces termes : « Certes, il n’y a pas là la conscience d’un Holbein, la couleur d’un Titien, la grâce d’un Vinci ; ce n’est ni flamand, ni italien, ni espagnol ; mais, à coup sûr, c’est français.

1362. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier. »

Il se préoccupait dès lors de Brantôme, de Rabelais, des vieux auteurs français. […] Théophile Gautier négligea toujours et dédaigna ce qui parle le plus au public français ; il se fit un malin plaisir et un jeu de le contredire en toute rencontre, affectant de ne s’adresser qu’à quelques-uns. […] Je compte sur mes doigts : sur quarante ou trente-neuf lettrés d’élite, il n’y a certainement pas plus de huit personnes à l’Académie française qui les connaissent53. […] Sans compter que le public français (j’y reviendrai) ne peut guère porter qu’un poète nouveau à la fois, notez encore que c’est presque toujours par des côtés accessoires, étrangers à la poésie pure, qu’il l’adopte et qu’il l’épouse.

1363. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. CHARLES MAGNIN (Causeries et Méditations historiques et littéraires.) » pp. 387-414

Magnin n’a pas recueilli, dans les deux volumes qu’il nous donne, ses articles concernant les nouveautés de la scène française ; il les réserve pour un volume séparé, qui aura tout l’intérêt d’un bulletin suivi et d’une chronique très-animée. […] Ayant peu écrit dans sa première jeunesse, nourri d’études classiques, élevé au nid de la littérature française, M. […] Magnin insère, chemin faisant, dans son récit, peuvent, je crois, être considérés comme des modèles, et montrent dans quelle mesure on doit se faire littéral avec un poëte étranger, tout en se conservant français, lisible, et même élégant. […] Il remportait en 1812 le prix de discours français au concours général.

1364. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LES JOURNAUX CHEZ LES ROMAINS PAR M. JOSEPH-VICTOR LE CLERC. » pp. 442-469

La grande division qui séparerait naturellement cette histoire des journaux français en deux tomberait à 89 : histoire des journaux avant la révolution, et depuis. […] Si les Nouvelles ecclésiastiques (jansénistes), qui commencent à l’année 1728 et qui n’expirent qu’après 1800, ne donnent que la triste histoire d’une opinion, ou plutôt, à cette époque, d’une maladie opiniâtre, étroite, fanatique, et comme d’un nerf convulsif de l’esprit humain, les Mémoires de Trévoux, dont les portions qui confinent le plus au xviie  siècle offrent un fonds mélangé d’instruction et de goût, le vrai monument de la littérature des jésuites en français, et qui, ainsi qu’il sied à ce corps obéissant et dévoué à son seul esprit, n’a porté à la renommée le nom singulier d’aucun membre196. […] Cet Esprit des Journaux était une espèce de journal (disons-le sans injure) voleur et compilateur, qui prenait leurs bons articles aux divers journaux français, qui en traduisait à son tour des principaux journaux anglais et allemands, et qui en donnait aussi quelques-uns de son cru, de sa rédaction propre. […] En somme, pourtant, cette histoire des journaux français avant 89 ne serait pas infinie.

1365. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DE BARANTE. » pp. 31-61

Il avait traduit quelque chose d’Apulée, et Goujet, en sa Bibliothèque française 7, mentionne très-honorablement des observations de lui sur les prétendus fragments de Pétrone trouvés à Belgrade. […] Tel nous le montre son Discours ou Tableau de la Littérature française au xviiie  siècle, ouvrage conçu durant ces années et qui parut pour la première fois en 1809. […] Or, cette époque des xive et xve  siècles était précisément la plus riche en chroniques de toutes sortes, et déjà assez française pour qu’en changeant très-peu aux textes, on pût jouir de la saveur et de la naïveté : naïveté relative et d’autant mieux faite pour nous, qu’elle commençait à soupçonner le prix des belles paroles. […] Toute la Suisse, en effet, ne se rangeait pas alors dans un seul camp, et, avec le Bourguignon, la portion dite française fut vaincue.

1366. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Pierre Corneille »

Sa nomination à l’Académie française n’est que de 1647. […] Il retourne et déguise en prose ces phrases altières et sonores qui vont si bien à l’allure des héros, et il se demande si c’est là écrire et parler français. Il appelle grossièrement solécisme ce qu’il devrait qualifier d’idiotisme, et qui manque si complètement à la langue étroite, symétrique, écourtée, et à la française, du xviiie  siècle. […] » Corneille sentait son public français.

1367. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre II. Boileau Despréaux »

Il a défini l’épopée comme Chapelain et Scudéry, « un roman héroïque en vers, merveilleux, allégorique et moral » : par superstition d’humaniste, il a, contre Desmarets369, maintenu la mythologie dans la poésie française comme un système d’élégants symboles, sans s’apercevoir quel démenti il donnait ainsi à son vigoureux réalisme ; et par une légèreté de bourgeois indévot, il a estimé que le « diable » des chrétiens était toujours et partout un objet ridicule : ce théoricien de la poésie fermait tout bonnement la poésie au sentiment religieux. […] Mais il vaut la peine d’y faire attention pour consoler ceux qui ont cru le génie français opprimé par le culte de l’antiquité : la raison ne reçoit de loi que d’elle-même ; et, du moment que c’est la nature qu’on aime dans l’antiquité, il pourra bien arriver que parfois (comme dans l’épopée ou l’églogue) on reçoive pour vraie nature ce qui n’existera pas hors des œuvres anciennes ; mais il arrivera bien plus communément qu’on trouvera dans les œuvres anciennes la nature contemporaine, crue éternelle ; et si elle n’y est pas, on l’y trouvera cependant. […] Français), Hachette, 1892, in-16. […] (1686) ; Lutrigot, de Bonnecorse (1686) ; le Satirique français expirant, de Pradon (1689).

1368. (1890) L’avenir de la science « II »

La Révolution française est le premier essai de l’humanité pour prendre ses propres rênes et se diriger elle-même. […] Les langues maniées, tourmentées, refaites de main d’homme, comme le français, en portent l’empreinte ineffaçable dans leur manque de flexibilité, leur construction pénible, leur défaut d’harmonie. La langue française, faite par des logiciens, est mille fois moins logique que l’hébreu ou le sanscrit, créés par les instincts d’hommes primitifs. […] Le Français se révolte s’il peut soupçonner que sa misère est la conséquence d’une organisation sociale réformable.

1369. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IX. La littérature et le droit » pp. 231-249

Sans doute, tous les socialistes n’acceptaient pas, même en ce temps-là, ces doctrines si peu conformes à la tradition française  ; mais l’école qui les propageait rencontra des esprits préparés à les accueillir, parce qu’il y avait alors un véritable interrègne d’idéal ; elle profita de son accord avec les opinions ambiantes et elle put croire durant quelques années qu’elle avait triomphé, comme elle s’en vantait, « de l’illusion juridique ». […] Mais un jour vint où cette prédication aboutit, un jour où le divorce, institué par la Révolution, pratiqué par Napoléon Ier, supprimé par la Restauration, fut rétabli dans la loi française. […] Ce serait une longue et intéressante étude que celle des rapports de la pensée française avec les lois ou coutumes qui en ont régi la publication depuis le temps où l’on avait la langue percée d’un fer rouge pour un blasphème et où l’on était brûlé sur un bûcher pour une hérésie jusqu’au moment où le livre a conquis une franchise presque absolue. […] Encore aujourd’hui, moitié par la mauvaise volonté persistante des dépositaires de l’autorité, moitié par la faute des auditeurs qui savent mal écouter et supporter la contradiction, on peut dire que la parole libre est à peine entrée dans les mœurs françaises et, au moindre frisson de réaction, elle est aussitôt suspendue ou menacée.

1370. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « V »

Le grand novateur vivait très retiré, ne recevant guère qu’un couple d’aimables écrivains français (mes compagnons de voyage) et moi. […] Quelques lettres de Wagner et du roi Louis II de Bavière Voici deux volumes qui viennent de paraître, l’un en français, une petite plaquette de 54 pages : Richard Wagner et le Roi de Bavière, lettres traduites par Jacques Saini-Cère, à Paris, un franc ; c’est le recueil des lettres publiées dans le Figaro du 16 avril dernierz. […] Malgré tout, ces lettres sont furieuses ; mais il ne faut pas oublier, en les lisant, de se reporter au texte original, chaque fois que la phrase française devient suspecte. […] Quant au couple d’aimables écrivains français auquel il fait allusion, il s’agit de Judith Gautier et de son mari d’alors, Catulle Mendès.

1371. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Biographie de Camille Desmoulins, par M. Éd. Fleury. (1850.) » pp. 98-122

vive Louis XVI, restaurateur de la Liberté française ! […] Target avait demandé un sursis pour l’abolition du droit de pêche, et il reçoit une adresse de remerciements de la part des anguilles de Melun : « Français, s’écrie là-dessus Camille Desmoulins, vous êtes toujours le même peuple, gai, aimable et fin-moqueur. […]  » Dans sa célébration de la nuit du 4 août, Camille entonne une sorte d’hymne où il commence par parodier les hymnes d’Église, et où il finit par se souvenir de la veillée de Vénus : Haec nox est… C’est cette nuit, Français, devez-vous dire, bien mieux que de celle du Samedi saint, que nous sommes sortis de la misérable servitude d’Égypte. […] André Chénier avait publié, en août 1790, un Avis aux Français sur leurs véritables ennemis, dans lequel il essayait, avec la modération et la fermeté qui distinguent sa noble plume, de tracer la ligne de séparation entre le vrai patriotisme et la fausse exaltation qui poussait aux abîmes.

1372. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame Necker. » pp. 240-263

Ses défauts sont de ceux qui choquent le plus aisément en France, ce ne sont pas des défauts français ; et ses qualités sont de celles qui ne viennent trop souvent dans le monde qu’après les choses de tact et de goût, car elles tiennent à l’âme et au caractère. […] Ayant perdu vers ce temps son père vénéré, et restant seule avec sa mère sans fortune, elle intéressa vivement toutes les personnes qui la connaissaient ; et comme, dans ce pays de la Suisse française, il règne un grand goût pour l’enseignement et l’éducation, on imagina de lui faire donner quelques leçons sur les langues et les choses savantes qu’elle avait apprises dans le presbytère paternel. […] Il y met parfaitement en lumière les deux traits essentiels qui se croisaient en elle et qui la caractérisent, la complication de l’esprit et la rectitude du cœur : Étrangère aux mœurs de Paris, Mme Necker n’avait aucun des agréments d’une jeune Française. […] Mme Necker se propose dans cet écrit, qu’elle traçait d’une main déjà défaillante, de combattre la loi française du divorce et d’en montrer les contradictions avec les principales fins de la nature en société et de la morale.

1373. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Le Prince » pp. 206-220

On n’a d’autre intérêt à les regarder que celui qu’on prend à l’accoutrement bizarre d’un étranger qui passe dans la rue ou qui se montre pour la première fois au palais-royal ou aux tuileries ; quelque bien ajustées que soient vos figures, si elles l’étaient à la française, on les passerait avec dédain. […] Substituez aux figures de Le Prince des français ajustés à la mode de leur pays, et vous verrez combien les mêmes tableaux exécutés de la même manière perdront de leur prix, n’étant plus soutenus par des détails, des accessoires aussi favorables à l’artiste et à l’art. à la jolie petite femme du concert substituez une de nos élégantes avec ses rubans, ses pompons, ses falbalas, sa coëffure ; et vous verrez le Bel effet que cela produira, combien ce tableau deviendra pauvre et de petite manière. […] En effet quoi de plus mesquin, de plus barbare, de plus mauvais goût que notre accoutrement français et les robes de nos femmes ? […] Il n’y a point de tableau de grand maître qu’on ne dégradât en habillant les personnages, en les coëffant à la française, quelque bien peint, quelque bien composé qu’il fût d’ailleurs.

1374. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Nisard » pp. 81-110

Désiré Nisard, une politesse athénienne et française, et qui, comme notre littérature, est le résultat de deux ou trois civilisations. […] Nisard n’a jamais fait fléchir devant aucune nécessité de douceur et de politesse — et on voit maintenant si ces nécessités sont dans ses goûts naturels — une seule des religions de sa vie : soit l’autorité de l’enseignement, soit la pureté du goût, soit l’amour de la langue française, soit la morale chrétienne qui comprend tout, même en littérature. […] Trelawney, attendait encore son traducteur, français, mais, s’il n’avait pas été traduit à Paris, il y était interprété et discuté, et ceux qui s’occupent de choses littéraires parlaient de cette singulière publication faite sur deux grands poètes par un corsaire retiré. […] X Du reste, ce triste livre, sans esprit, sans critique, sans moralité, mais écrit en anglais contre l’un des plus beaux génies de l’Angleterre, nous en a rappelé un autre, mais écrit en français, celui-là, qui nous montre un Byron plus vrai.

1375. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « X. M. Nettement » pp. 239-265

Histoire de la Littérature française sous le Gouvernement de Juillet [Le Pays, 11 mai 1855.] […] Alfred Nettement publia son Histoire de la Littérature française sous le Gouvernement de Juillet. […] Dans ce tableau, qui devrait être complet et qui ne l’est pas, de toutes les forces de la littérature française sous le gouvernement de juillet, il n’y a d’exagéré ou de grandi que les hommes vivants qui peuvent être pris par la reconnaissance, et de diminué ou d’oublié que les hommes morts qui ne peuvent témoigner la leur. […] VI Nous avons dit maintenant à peu près ce qu’il y avait à dire de cette Histoire de la Littérature française sous le Gouvernement de Juillet.

1376. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pommier. L’Enfer, — Colifichets. Jeux de rimes. »

Hugo, l’Immortel de volonté poétique sur la tombe de la poésie morte, — personne n’a conduit la langue française et la langue poétique aussi loin que M.  […] Mais aujourd’hui il s’est comme un peu détourné de lui-même ; il a plus songé à l’honneur de l’expression qu’à l’honneur de la pensée, ce vieux penseur, virtuose de l’expression aussi, et il a voulu montrer ce que la langue française, notre adorable langue française, insultée par des prosateurs qui l’appellent une gueuse fière parce qu’ils sont indigents, eux, et par des étrangers qui ne la savent pas, pouvait devenir dans les mains d’un homme qui la sait et qui l’aime. […] Amédée Pommier est une orgie de langue française, mais une orgie où l’ébriété qui se permet tout ne cesse pas un instant d’être gracieuse et toute-puissante.

1377. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1870 » pp. 3-176

Un homme n’a pas cette influence sur un peuple, et si le peuple français n’avait pas été très mal portant, très malade, la médiocrité de l’Empereur n’eut pas empêché la victoire. […] » Il reprend : « Mais est-ce curieux que le courage, la valeur, cette chose qui semblait un produit si français, n’est-ce pas ? […] Et à travers les jours et les manques du travail non fini, dans la trajectoire des obus français, un admirable coucher de soleil. […] Son apitoiement sur les centaines de milliers de Français qui vont mourir de faim : ça ressemble au jésuitisme d’un Attila. […] Au fond, la Révolution française a tué la discipline de la nation, a tué l’abnégation de l’individu, entretenues par la religion et quelques autres sentiments idéaux.

1378. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Études sur Blaise Pascal par M. A. Vinet. »

Le docteur Reuchlin dans son ouvrage sur Port-Royal, l’Académie française en proposant l’Éloge de l’auteur des Pensées, M.  […] Les moralistes français y sont l’objet d’un examen approfondi, et l’on pourra reconnaître dans le critique qui les juge le coup d’œil de leur égal et de leur pareil.

1379. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. Mignet : Histoire de la Révolution française, depuis 1789 jusqu’en 1814. 3e édition. »

Mignet : Histoire de la Révolution française, depuis 1789 jusqu’en 1814. […] Appliquée à la Révolution française, la manière de M. 

1380. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre I. Les travaux contemporains »

Ce grand physiologiste, qui représente aujourd’hui avec tant d’éclat la science française, ce noble esprit, qui unit avec tant d’aisance le bon sens et la profondeur, est désormais le maître et le guide de tous ceux qui veulent pénétrer dans les replis de ce labyrinthe obscur que l’on appelle le système nerveux ; mais ce sont là de trop grandes profondeurs pour notre ignorance. […] Traduction française par M. 

1381. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 7, nouvelles preuves que la declamation théatrale des anciens étoit composée, et qu’elle s’écrivoit en notes. Preuve tirée de ce que l’acteur qui la recitoit, étoit accompagné par des instrumens » pp. 112-126

Voilà, pour le dire en passant, ce qui fait que la voix des musiciens italiens se fait mieux entendre que celle des musiciens françois. Les musiciens italiens forment entierement avec les cartilages voisins du gozier plusieurs sons que les musiciens françois n’achevent de former qu’avec le secours des jouës interieures.

1382. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « IV »

Notre auteur ne « spécifiant pas », comment un écrivain français tel que Chateaubriand peut passer pour un écrivain étranger, « on ne sait que dire ». […] Albalat n’arrivera-t-il jamais à comprendre que La Bruyère, écrivain français, n’a pu, au sens réel et péjoratif du mot, imiter Théophraste, écrivain grec16.

1383. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Gabrille d’Estrées et Henri IV »

Gabrille d’Estrées et Henri IV39 I Il y a quelque temps que Capefigue, l’historien religieux de la monarchie et de la politique françaises, aborda tout à coup une singulière spécialité historique, et deux livres, l’un sur madame du Barry, l’autre sur madame de Pompadour, dirent fort expressivement alors quelle était cette spécialité… Ce fut un scandale, mais un scandale gai. […] Et je doute qu’après ce portrait, si peu chargé et si peu fidèle, de cet heureux de la gloire, on continue de nous donner ce triple Gascon, qui gasconnait avec ses amis, avec les femmes, avec Dieu même, pour le modèle des rois français.

1384. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Edmond About » pp. 63-72

C’est un vrai Français. Dans sa peur de paraître dupe, la seule peur qui soit française et dont les crânes de ce pays de Murats intellectuels ne rougissent jamais, il va jusqu’à nous dire (toujours légèrement !)

1385. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Hebel »

Cela ne lui réussit pas toujours, mais, quand il réussit, son œuvre est parfaite. » Ôtez, pour les comprendre en français, toute cette phraséologie allemande d’abstractions et d’images, toutes ces bandelettes de momie dans lesquelles les Allemands cerclent leurs plus vivantes pensées, et vous trouverez, quand vous lirez Hebel, que Goethe et Jean-Paul ont dit vrai. […] Buchon, et puisque selon nous il n’y a pas plus moyen de transfuser la poésie dans une langue étrangère que le sang d’un être vivant dans les veines taries d’un homme mort, nous aurions mieux aimé le mot à mot français plaqué tout uniment sur le texte allemand que tous les à peu près du traducteur-poète, de ce lutteur contre un Protée, qui veut saisir et reproduire le rhythme par le rhythme, le tour parle tour.

1386. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Belmontet »

, Napoléon, par les événements de son règne, devra influer sur cette tête française qu’on a dit n’être pas épique pendant si longtemps et avec tant de vérité. […] Poésies de l’Empire Français (Pays, 15 septembre 1853).

1387. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1867 » pp. 99-182

Et il arrive presque aussitôt, accompagné de l’ami chez lequel il demeure, un vieux Français, échoué à Rome depuis 1826, marié à une grosse femme qui nous a ouvert, et qui me semble avoir eu sa carrière d’artiste, sa patrie, sa langue, enfin tout, dévoré par cette femme. […] Le Français parle bas, parce qu’il se sait compris de tous, et parler la langue universelle. […] Le Français dans l’ivresse n’est point bêtement heureux d’être ivre comme les autres peuples. […] Une batterie française, aux portes de Paris, avait devant elle du brouillard ; et des formes à peine visibles se montraient, un instant, dans ce brouillard, tiraient et disparaissaient, en se jetant à plat ventre au milieu de broussailles. […] Cela agaçait les Français, quand le capitaine s’adressant au meilleur pointeur, lui dit : « Tâche de toucher ce bougre ! 

1388. (1895) La science et la religion. Réponse à quelques objections

C’est pour ce motif et dans ce sens que Nous avons dit aux catholiques français : « Acceptez la République, c’est-à-dire le pouvoir constitué et existant parmi vous ; respectez-le ; soyez-lui soumis comme représentant le pouvoir venu de Dieu ». […] Jean Jaurès une belle matière de discours français. […] Un député français, M.  […] Il y a ici, dans les traductions françaises : « Sous réserve des droits acquis », ce qui me semble une traduction trop libre et quelque peu abusive du latin Salva justitia. […] Il a été traduit récemment en français, et il fait partie de la Collection d’auteurs étrangers contemporains que publie l’éditeur Guillaumin.

1389. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 257-320

Demidoff, le père, qui vivait alors à Florence dans une opulence sans limites, entretenait dans son palais une troupe de comédiens français très distingués, et un orchestre italien réunissait, une fois par semaine, chez lui, tout ce que la cour, la ville et le corps diplomatique renfermaient de spectateurs. […] Fils de M. de Bombelles, émigré français rentré avec le roi et devenu, depuis la mort de sa femme, évêque d’Amiens, il était resté au service de l’empereur François. C’était un homme d’un esprit très expert et d’un caractère très agréable, mais d’autant plus hostile à la France que, étant lui-même Français d’origine, il avait plus à cœur de paraître servir son souverain allemand par une opposition innée à tout ce qui pouvait rappeler la constitution semi-révolutionnaire dans le gouvernement de Louis XVIII. […] La duchesse de Parme, Marie-Louise, que j’avais vue en passant à Parme, m’avait paru charmante et bien éloignée de l’affreuse image que les libéraux et les bonapartistes français avaient faite d’elle à Paris. […] Le chagrin qu’il nourrissait et les larmes qu’il ne cessait pas de répandre en pensant à sa pauvre belle femme morte, finirent par lui rétrécir le cœur et par le rendre aveugle, comme le voilà ; il ne pouvait presque plus travailler aux zampognes ; d’ailleurs on n’en commandait guère depuis que les Français dominaient à Rome et à Lucques ; les pifferari, joueurs de musette, ne sortaient plus des Abruzzes, et les Madones, aux coins des rues, n’entendaient plus de sérénades ni de litanies la nuit, aux pieds de leurs niches abandonnées.

1390. (1870) La science et la conscience « Chapitre II : La psychologie expérimentale »

Nous ne voyons pas que la psychologie française puisse citer des études de cette valeur. […] Il y aurait à faire tout un livre d’analyse et de critique sur l’ensemble des travaux psychologiques dans les deux pays ; on y pourrait rechercher qui a la meilleur part, de l’esprit anglais ou de l’esprit français, dans la constitution, l’organisation et les progrès de la science de l’homme ; qui a le plus fait pour cette science, des profondes et larges descriptions des philosophes français, ou des ingénieuses observations, des subtiles analyses des philosophes anglais. […] Un jeune philosophe de l’école expérimentale, qui porte dans les recherches de ce genre la netteté d’intuition, la vigueur d’analyse, la précision de langage propres à l’esprit français, M.  […] Aux écoles française, anglaise, écossaise, qui toutes pratiquent la méthode expérimentale avec un esprit différent, il oppose le sentiment immédiat, direct, intime, qui fait le caractère propre de l’observation de conscience ; à la recherche plus ou moins laborieuse des lois, il substitue l’intuition des causes ; en face des révélations de l’expérience proprement dite qui ne peuvent passer les limites d’une science tout extérieure de l’homme, il fait jaillir du fond même de la nature humaine une lumière qui l’éclairé dans ses profondeurs.

1391. (1908) Après le naturalisme

D’importation étrangère il contrariait le clair génie français. […] Le malaise général dont souffre le bas peuple français et le haut avec lui, est le signe d’une anarchie, d’un désordre, d’une vicissitude plus graves encore. […] Le génie français y croit, doit y croire, ne pourra pas un jour ne plus y croire. Le génie français, c’est l’exercice du meilleur cerveau. […] Ajoutons à ce propos que l’âme française suit l’évolution de l’esprit.

1392. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre VI. La parole intérieure et la pensée. — Second problème leurs différences aux points de vue de l’essence et de l’intensité »

Dans ces derniers cas, comme, en français, pour les mots tête et cœur [ch. […] Brachet (Dictionnaire étymologique de la langue française, p. lxv) ; elle ne comprend que les onomatopées véritablement françaises, c’est-à-dire les mots nouveaux formés directement par l’instinct populaire à l’imitation de bruits naturels ou humains ; M. Brachet range avec raison parmi les mots dérivés du latin les onomatopées latines qui se sont transformées en mots français. […] Du latin up-up-a est venu le français huppe, (oiseau).

1393. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 novembre 1885. »

Le père de l’enfant, Gamuret, a été tué dans un combat, et Douloureuse (c’est le nom français dont Herzêleide est la traduction libre) ne veut pas que son fils unique ait le même sort. […] En effet, l’intérêt du public français pour les œuvres de R. […] On n’en trouve aucune trace ni dans les Perceval français, ni dans le Parcival de Wolfram d’Eschenbach. […] Edouard Schuré (1841-1929) est un philosophe et musicologue français, figure majeure du wagnérisme et de l’ésotérisme fin de siècle. […] Camille Chevillard, (1859-1923) est un chef d’orchestre français qui succède à Charles Lamoureux (dont il est le beau-fils) en 1897 à la tête des concerts qui portent le même nom, et défend les compositeurs allemands.

1394. (1870) La science et la conscience « Chapitre III : L’histoire »

L’histoire de notre pays avait été, jusqu’à notre siècle, à peu près réduite à l’histoire de la monarchie française, avec sa cour et sa noblesse ; le peuple y était oublié, n’ayant aucun rôle, pas même celui du chœur antique qui pouvait au moins mêler ses plaintes à l’action des personnages. […] Jusqu’à notre siècle, les historiens, fidèles en cela à la méthode de l’antiquité, n’avaient vu dans l’avènement de la nation française que l’œuvre toute personnelle de quelques individualités militaires, comme Clovis, Charlemagne, Hugues-Capet, Philippe-Auguste. […] « Jamais le caractère français n’éclata d’une manière plus touchante dans sa sensibilité facile, sa vivacité, son entraînement généreux. […] La doctrine de la moralité du succès n’est pas française, on peut le dire, malgré de très-rares exceptions. […] Le moraliste qui voit par quels moyens un roi comme Louis XI travaille à l’établissement de la monarchie et à la constitution de la patrie française ne peut être que saisi d’horreur et de dégoût.

1395. (1904) En lisant Nietzsche pp. 1-362

. — Un Français ne peut pas se figurer très nettement ce que c’est que cette diathèse. Le romantisme français a été français. […] La Révolution française tient tout entière, comme on sait, dans ces deux mots : égalité, souveraineté nationale. […] L’Empire laissait dans la littérature française, non sa force, mais la trépidation qui suit un arrêt brusque. […] Il a adoré la clarté grecque et la clarté française.

1396. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — II. (Fin.) » pp. 296-311

Faut-il maintenant s’étonner qu’à la mort de Buffon, l’Académie française, ou plutôt la société parisienne tout entière qui allait entendre les éloges de Vieq d’Azyr comme elle allait applaudir au Lycée les leçons de La Harpe, aient désigné d’une commune voix l’éloquent médecin pour succéder au roi des naturalistes et pour le célébrer ? Ce jour, pour Vicq d’Azyr, fut peut-être le plus beau de sa vie, et ce fut une des dernières fêtes brillantes de l’ancienne société française. […] L’Académie française, comme toutes les sociétés savantes, était menacée d’une prochaine suppression.

1397. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) «  Œuvres et correspondance inédites de M. de Tocqueville — II » pp. 107-121

Lisant plus tard les Mémoires de Marmont, il l’appelle « un de ces aventuriers (fort bien élevés d’ailleurs), que la Révolution française a fait percer ». — « Je m’étonne toujours, dit-il, qu’on ait pris part à de si grandes choses, touché à de si grandes affaires et vécu en telle compagnie, et qu’on n’ait que cela à dire ? […] Cet ancien régime allemand est multiple, il diffère d’État à État, il a peu de rapports avec l’Ancien Régime français. […] Quoi qu’il en soit de ces excursions où j’aimerais à le suivre dans le champ de la littérature sérieuse, M. de Tocqueville, membre assidu et actif de l’Académie des sciences morales et politiques, venait assez peu à l’Académie française, au sein de laquelle il va être si magnifiquement célébré.

1398. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Lettres de Madame de Sévigné »

Nulle, parmi les femmes françaises, n’a possédé à ce degré l’imagination et l’esprit. […] Il est abondant, débordant (exundans), irrégulier ; mais quand on est à ce degré chez soi, dans le plein de la langue et de la veine françaises, on peut tout oser et se permettre, on peut hardiment écrire comme on parle et comme on sent, on n’est pas hasardé. […] Mais on est heureux, avec une personne aussi pure, aussi morale et d’une vie au-dessus de tout soupçon, de trouver la belle et bonne qualité française de nos mères, la franchise du ton, la rondeur des termes, le contraire de tout raffinement et de toute hypocrisie. et, avec tant de délicatesse et de fleur, l’éclat du rire, la fraîcheur au teint, la santé florissante de l’esprit.

1399. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. (Suite et fin.) »

Bignon, esprit net, positif, français de race, bonapartiste de sentiment, agent exact et fidèle, d’un esprit classique et orné, mais qui ne se perdait pas à découvrir de ces doubles et triples horizons. […] Bignon, dans ses Souvenirs, a un avantage sur M. de Senfft dont il ne prévoyait pas les sévérités : il le réfute de la manière la plus propre à faire impression sur des lecteurs impartiaux ; il parle avec justice, et dans une parfaite mesure, de celui qui en a manqué à son égard : « M. de Sentit, dit-il, était en 1811 et est resté jusqu’à la fin de 1812 zélé partisan du système français (on le croyait, et il paraissait tel sans l’être au fond). […] Un Français, un ancien ecclésiastique, d’abord attaché au maréchal Davout et qui se trouvait à cette époque à Varsovie, l’abbé Gley, en prenant spontanément la défense de M. 

1400. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La civilisation et la démocratie française. Deux conférences par M. Ch. Duveyrier »

La civilisation et la démocratie française. […] La nature étudiée, attaquée par tous les points, poursuivie dans ses détails, embrassée dans ses ensembles, décrite, dépeinte, admirée, connue ; — ce qui reste de barbarie cerné de toutes parts ; — les antiques civilisations rendues de jour en jour plus intelligibles, plus accessibles ; — le contact des religions considérables amenant l’estime, l’explication et jusqu’à un certain point la justification du passé, et tendant à amortir, à neutraliser dorénavant les fanatismes ; — une tolérance vraie, non plus la tolérance qui supporte en méprisant et qui se contente de ne plus condamner au feu, mais celle qui se rend compte véritablement, qui ménage et qui respecte ; — au dedans, au sein de notre civilisation européenne et française, un adoucissement sensible dans les rapports des classes entre elles, un désarmement des méfiances et des colères ; un souci, une entente croissante des questions économiques et des intérêts, ou, ce qui revient au même, des droits de chacun ; le prolétaire en voie de s’affranchir par degrés et sans trop de secousse, la femme trouvant d’éloquents avocats pour sa faiblesse comme pour sa capacité et ses mérites divers ; les sentiments affectueux, généreux, se réfléchissant et se traduisant dans des essais d’art populaire ou dans des chants d’une musique universelle : — tous ces grands et bons résultats en partie obtenus, en partie entrevus, les transportent ; ils croient pouvoir tirer de cet ordre actuel ou prochain, de cette conquête pacifique future, un idéal qui, pour ne pas ressembler à l’ancien, n’en sera ni moins inspirant, ni moins fécond. […] Napoléon s’y suppose en idée maître et roi durant dix ans, et il en ressuscite toutes les merveilles, étendues, agrandies, multipliées, selon les données incomparables du génie moderne ; je ne me refuserai pas à rappeler les principaux traits du tableau : « Mais à quel degré de prospérité, s’écrie tout à coup l’historien conquérant, pourrait arriver ce beau pays, s’il était assez heureux pour jouir, pendant dix ans de paix, des bienfaits de l’administration française !

1401. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mémoires de madame de Staal-Delaunay publiés par M. Barrière »

On vit de longues séries complètes de Mémoires sur le xviiie  siècle et sur la Révolution française ; M.  […] On reviendra, si je ne me trompe, à ces femmes du xvie  siècle, à ces contemporaines des trois Marguerite, et qui savaient si bien mener de front les affaires, la conversation et les plaisirs : « J’ai souvent entendu des femmes du premier rang parler, disserter avec aisance, avec élégance, des matières les plus graves, de morale, de politique, de physique. » C’est là le témoignage que déjà rendait aux femmes françaises un Allemand tout émerveillé, qui a écrit son itinéraire en latin, et à une date (1616) où l’hôtel Rambouillet ne pouvait avoir encore produit ses résultats253. […] A quoi bon m’aller inquiéter de Grimm et de ses à-peu-près, lorsque, dans les volumes de la plus délicate et de la plus délicieuse littérature qu’ait jamais produite la Critique française, nous possédons le jugement et la définition qu’a donnée M. 

1402. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre X. La commedia dell’arte en France pendant la jeunesse de Molière » pp. 160-190

Richer en a donné une description dans le quatrième tome du Mercure français (1615) : « Elle est, dit-il, de dix-huit toises de longueur sur huit de largeur ; au haut de laquelle il y a encore un demi-rond de sept toises de profondeur sur huit toises et demie de large, le tout en voûte semée de fleurs de lys. […] Ce nom, inventé sans doute pour la scène française, ne resta pas au théâtre, et le souvenir s’en effaça en même temps que disparut l’acteur qui l’avait porté. […] Imprimé à Paris en novembre 1645. » Dans l’extrait du privilège pour l’impression de ce programme, il est marqué : « qu’il est permis au sieur Jacomo Torelli da Fano de faire imprimer en français l’explication des décorations du théâtre, ensemble les arguments de la Folle supposée, faits en Italie par ledit sieur Torelli. » 33.

1403. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Le symbolisme ésotérique » pp. 91-110

Issu d’une vieille famille noble, d’origine germanique, introduite en Italie à la suite de Charlemagne et devenue française à l’époque du premier empire, il portait en lui une longue hérédité d’agitations, de fièvres, de rêves éthérés et de sang lourd. […] La librairie Chacornac réédite les textes anciens, publie des traductions françaises des vieux traités d’alchimie, remet en circulation les œuvres de Paracelse, d’Albert le Grand, de Roger Bacon, de Raymond Lulle, d’Arnauld de Villeneuve. […] René Martineau : Un vivant et deux morts (Biblioth. des Lettres françaises), Paris, 1914.

1404. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Poésies nouvelles de M. Alfred de Musset. (Bibliothèque Charpentier, 1850.) » pp. 294-310

De l’esprit, des nudités et des crudités, du lyrisme, une grâce et une finesse par moments adorable, de la plus haute poésie à propos de botte, la débauche étalée en face de l’idéal, tout à coup des bouffées de lilas qui ramènent la fraîcheur, par-ci par-là un reste de chic (pour parler comme dans l’atelier), tout cela se mêle et compose en soi la plus étrange chose, et la plus inouïe assurément, qu’eut encore produite jusqu’alors la poésie française, cette honnête fille qui avait jadis épousé M. de Malherbe, étant elle-même déjà sur le retour. […] C’est le même Byron qui disait : « Je suis comme le tigre (en poésie) : si je manque le premier bond, je m’en retourne grommelant dans mon antre. » En général, nos poètes français modernes, Béranger à part, n’ont visé qu’à la poésie de premier bond, et ce qu’ils n’ont pas atteint d’abord, ils l’ont manqué. […] Le public français ne laisse pas d’être singulier quelquefois dans ses jugements sur la poésie.

1405. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie-Antoinette. (Notice du comte de La Marck.) » pp. 330-346

Bien qu’elle ne vît jamais toute l’étendue de ces inconvénients, elle en aperçut pourtant quelque chose ; elle sentait que là où elle cherchait le repos et le délassement du rang suprême, elle retrouvait encore une obsession intéressée, et quand on lui faisait remarquer qu’elle témoignait souvent trop de préférence à des étrangers de distinction qui passaient en France, et que cela pouvait lui nuire auprès des Français : « Vous avez raison, répondait-elle avec tristesse, mais ceux-là du moins ne me demandent rien. » Quelques-uns des hommes qui, admis dans cette intimité et cette faveur de la reine, étaient obligés à plus de reconnaissance et de respect, furent les premiers à parler d’elle avec légèreté, parce qu’ils ne la trouvaient pas assez docile à leurs vues. […] Le prince de Ligne en ce temps-là venait souvent en France, et c’était un de ces étrangers tout français et tout aimables avec lesquels se plaisait particulièrement la reine. […] Je ne crois pas qu’il puisse exister de monument d’une stupidité plus atroce, plus ignominieuse pour notre espèce, que le procès de Marie-Antoinette tel qu’on le peut lire officiellement reproduit au tome XXIXme de l’Histoire parlementaire de la Révolution française.

1406. (1890) Derniers essais de littérature et d’esthétique

Mais, venant d’un critique français, cette assertion semble déceler une étrange méconnaissance d’un des éléments les plus importants de la fiction française. […] Ils n’ont point la vivacité d’intelligence des Français. […] C’est une forme du jeu français de triomphe. […] L’Essai sur le français tel que le parlent ceux qui ne parlent pas français est aussi écrit d’une façon très fine d’ailleurs. […] Les Catholiques français n’ont point jugé à propos de garder les Huguenots chez eux, et ils ont révoqué l’Édit de Nantes.

1407. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre IV. Addison. »

La débauche passait pour française et de bel air ; c’est pourquoi Addison proscrit par surcroît toutes les frivolités françaises. […] La conversation et les manières des Français travaillent à rendre le sexe plus frivole ou (comme il leur plaît de l’appeler) plus éveillé que ne le permettent la vertu et la discrétion. […] Après six lignes de cette morale, un Français irait prendre l’air dans la rue. […] Comme franc-tenancier anglais, je n’hésiterais pas à prendre le pas sur un marquis français, et quand je vois un de mes compatriotes s’amuser dans son petit jardin à choux, je le regarde instinctivement comme un plus grand personnage que le propriétaire du plus riche vignoble en Champagne… Il y a un plaisir indicible à appeler une chose sa propriété. […] VI Encore faut-il songer que nous sommes ici en Angleterre, et que bien des choses n’y sont point agréables à un Français.

1408. (1890) Dramaturges et romanciers

Voilà le type du jeune Français moderne quand il est réellement moral et bien doué ; jugez un peu de ce qu’il doit être quand il est immoral et sans esprit. […] La France est un vieux pays, mais la société française moderne est très jeune ; elle date de soixante-dix ans à peine. […] Qu’y a-t-il au fond de notre littérature romantique française, sinon une question de critique ? […] À Genève, comme dans une grotte à double écho, viennent se répercuter tous les bruits de la pensée allemande et de la pensée française. […] La donnée de ce roman est par trop française, et l’on dirait qu’en l’écrivant M. 

1409. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Appendice. — Un cas de pédanterie. (Se rapporte à l’article Vaugelas, page 394). »

Le critique, un docteur Joulin, que ses amis appellent un homme d’esprit, me dénonçait pour ce discours comme faisant honte à l’Académie française, comme ne sachant pas un mot de français, sinon à la réflexion et à tête reposée, comme ne pouvant écrire couramment deux lignes sans pataquès ; et il notait dans ce seul discours jusqu’à cinquante-trois fautes de langue et de goût.

1410. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Vigny, Alfred de (1797-1863) »

[La Muse française (1824).] […] Il commença le mouvement romantique avec Soumet, Guiraud et Deschamps dans la Muse française ; il peut être mis au nombre des précurseurs ; M. 

1411. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XII. Lo Ipocrito et Le Tartuffe » pp. 209-224

Il s’en empara à son tour, après d’autres écrivains français ; et l’on sait avec quelle puissance et quelle hardiesse il transforma un sujet devenu banal. […] Revenons maintenant à la commedia dell’arte, et voyons ce qu’elle fut à côté de Molière pendant la période la plus éclatante de la comédie française.

1412. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre IV » pp. 38-47

Voltaire a dit avec justice de Balzac, que la langue française lui avait de grandes obligations : « Homme éloquent, dit-il, qui donna le premier du nombre et de l’harmonie à la prose. » Chapelain était un mauvais poète, mais il était homme d’honneur et de probité ; il possédait une érudition profonde et judicieuse ; il eut, le premier, l’idée du Dictionnaire de l’Académie française.

1413. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XI » pp. 89-99

Dirai-je que la mort de Voiture, arrivée dans la même année 1648, cette mort pour laquelle l’Académie française avait pris le deuil, fit aussi un vide dans l’hôtel de Rambouillet ? […] Les étrangers y admiraient cette naïveté, cette aisance, cette délicatesse si naturelle aux Français, jointes à une modestie, à une candeur digne des premiers temps.

1414. (1913) Le bovarysme « Quatrième partie : Le Réel — V »

Tandis que le philosophe, dupe de la croyance en. une vérité objective, se fonde, pour maintenir la suppression du culte, sur ce fait que la religion catholique, comme toute autre forme religieuse, est fausse et constitue une superstition, l’esprit clairvoyant du politique sachant que la superstition, le préjugé, la croyance sont l’étoffe et l’unique tissu du réel, se préoccupe uniquement de rechercher quelle forme du préjugé est utile à la réalité française dont il identifie avec le sien l’intérêt. […] Il existe encore jusque dans l’organisation sociale française des vestiges de la réalité romaine.

1415. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVI. Mme de Saman »

Mais l’horrible clarté dont il brille va nous servir au moins à quelque chose, en nous montrant ce que les femmes de l’ancienne société française sont en train de devenir dans la transformation actuelle de nos mœurs, et, ma parole d’honneur, c’est à faire trembler ! […] Mais une femme de l’ancienne société française qui se vante après l’amour, comme les lâches après la guerre !

1416. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’insurrection normande en 1793 »

Ils ne sont pas de ces Mémoires si chers en tout temps à la vanité française, mais plus que jamais à une époque d’importance personnelle où chaque circonférence se croit centre et où l’amour-propre vous prend familièrement le genou en vous disant : « Écoutez-moi !  […] L’application de cette théorie, — qui supprimait la famille chrétienne en faisant égaux en droit le père et le fils, renversait le foyer domestique et son crédit, donnait une prime aux turbulents, toujours prêts, contre les pacifiques, toujours promptement dégoûtés de ces orgies, et tout cela pour se terminer irrévocablement par des réactions que la force des choses veut et que le législateur devrait prévoir, ne fût-ce que pour organiser, — telle est, sans phrases, girondines ou autres, sans déclamation et sans haine, la Révolution française.

1417. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Philippe II »

C’est un esprit d’après la Révolution française, sans hostilité (du moins montrée) contre le catholicisme, mais parfaitement indifférent à sa destinée et trouvant même bon, dans les intérêts de la civilisation comme il la comprend, qu’il ait perdu la partie au temps de Philippe II ; car, il faut bien le dire, nous, les vaincus, il l’a perdue ! […] Henri IV n’a pas le fanatisme religieux qui fut la plus honorable passion du XVIe siècle, et pour cette raison, qui n’est pas la seule, du reste, mais qui est la plus puissante, il est peut-être la seule figure de son histoire qui soit entièrement sympathique à Forneron, l’écrivain politique de ce temps, qui, au temps de Henri IV, se serait certainement rangé dans le parti des politiques, qui mirent fin à la guerre civile et tirèrent de la vieille Constitution de la monarchie catholique, qui avait été la monarchie française, une monarchie d’un autre ordre, — la monarchie des temps modernes.

1418. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Napoléon »

Pour nous, l’auteur n’est pas seulement un Blackstone français, — qui a la science, le coup d’œil, la raison dernière de telle disposition de loi politique et civile, et qui, contrairement au Blackstone anglais, bref et complet, atteste ainsi le génie de la langue qu’il parle et le génie de la législation qu’il commente, — il est de plus historien sans qu’il y pense et sans qu’il veuille l’être, et voilà pourquoi nous en parlons. […] Elle oubliait qu’au sortir de la Révolution française Napoléon ne s’était pas contenté de relever l’autorité, sans laquelle nul gouvernement n’est possible, mais que ce grand passager du pouvoir et de la gloire avait créé tout un ensemble d’institutions, et que c’est par là, justement, qu’il ne passerait pas, et qu’au contraire il confondrait sa destinée avec l’avenir de la France !

1419. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pierre Dupont. Poésies et Chansons, — Études littéraires. »

Voilà comment il a préféré à la cornemuse de Robert Burns, qu’en français nous n’avions jamais entendue, une clarinette de barrière, et que, de poète sous les poutres enfumées de la ferme, à la veillée des filandières, il est devenu un artiste interlope de café chantant ! […] Burns en germe reste sous l’écorce de Béranger, et encore d’un Béranger sans finesse, sans esprit dans le sens français du mot, d’un Béranger au gros sel, — pas plus gai que son maître, car Béranger n’est pas franchement gai, — mais qui croit l’être — (voir le buste), — parce qu’il crie plus fort !

1420. (1824) Épître aux muses sur les romantiques

Je commence par toi, superbe Calliope, Muse de l’épopée, et qui, jusqu’à ce jour, N’as trouvé qu’un Français digne de ton amour. […] Je n’attaque en rien le mérite de Madame de Staël, je rends hommage à son génie ; j’honore sa mémoire, et ne la considère ici que comme une des plus ardentes instigatrices d’un genre de littérature que repousse la sévérité du goût français.

1421. (1887) Essais sur l’école romantique

N’est-ce pas la même folie, ou même mauvaise foi, je vous prie, de voir dans tout cela la fin de la langue française, comme d’y voir la fin même de la France ? […] Victor Hugo à l’Académie française. […] Victor Hugo, à peine âgé de quinze ans, concourut pour le grand prix de poésie à l’Académie française. […] Victor Hugo ne nous paraît pas avoir été doué naturellement de ces deux facultés si nécessaires à l’écrivain français, il en a érigé le mépris en système. […] La langue française n’a pas de plus belles odes que les deux ou trois plus belles de M. 

1422. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Fauteuil de Molière à la Comédie française. […] On les transporte, en 1799, au musée des monuments français, puis au cimetière du Père-Lachaise en 1817. […] Les édits de Henri IV, de Louis XIII, de Louis XIV, n’avaient pu détourner les Français de s’égorger pour un mot équivoque, ou même de se charger de la vengeance d’un tiers. […] Le plus souvent ils ne s’exprimaient qu’en latin ; quand ils daignaient se servir de la langue française, ils la défiguraient par des tournures scolastiques qui la rendaient presque inintelligible. […] Outre les reproches adressés par le Théophraste français à ce rôle, on lui a encore fait celui d’être odieux, et par conséquent presque insupportable à la scène.

1423. (1884) La légende du Parnasse contemporain

Nous fûmes, pendant un temps, les Jocrisses, les Callinos et les Guibollards de la poésie française. […] Que sera la poésie française dans un avenir lointain que nous ne verrons pas ? […] Il avait eu tort : le vers français ne traduit pas. […] Et alors triomphaient à la fois la tristesse et la gaieté française ! […] Je n’ai pas pleinement l’honneur d’avoir rendu un tel service à la poésie française.

1424. (1892) Portraits d’écrivains. Première série pp. -328

Le proverbe français dit le contraire. […] Il en voulait à l’Académie française. […] Discours de réception à l’Académie française. […] Scribe : Discours de réception à l’Académie française. […] Discours de réception à l’Académie française.

1425. (1884) L’art de la mise en scène. Essai d’esthétique théâtrale

Le théâtre français lui-même n’échappe pas au même phénomène. […] Ce drame, pathétique et humain, rajeunira de lui-même à mesure que la société française vieillira. […] Cela n’empêche pas d’ailleurs que la tragédie grecque et la tragédie française n’obéissent au même principe essentiel, qui est la caractéristique du théâtre grec et du théâtre français, à savoir la prédominance constante de l’idée sur le fait et du développement moral sur l’acte matériel. […] Cependant pendant longtemps les Figurants ont déparé la tragédie française. […] Toutefois, la règle des trois unités, qui a fait couler des flots d’encre, n’a jamais été respectée que chez les Français.

1426. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

Hugues est revenu au roman français. […] » Les seuls mots français qu’il ait pu retenir, croiriez-vous, ou presque. […] C’est de l’esprit français, toujours. […] Voir L’Observateur français, du 10 avril. […] Un pseudonyme qui cache je ne sais qui, mais point un Français, à coup sûr.

1427. (1856) Le réalisme : discussions esthétiques pp. 3-105

Toutes les fois que j’entends un pétaud critiquer le français d’un livre quelconque, je ne manque pas de lui demander si lui, le premier, connaît bien ce français dont il fait un épouvantail. […] Ce mot n’est pas français. Et moi je dis qu’il est français, car tu m’as compris : si vous ne voulez pas de mon expression, moi je ne veux pas de la vôtre. […] Champfleury, esprit essentiellement français, les contemplent bien quelquefois, mais sans que l’auteur perde jamais l’appui solide de la réalité. […] Pierre Dupont, Louis XVI, laissez se grouper en convention nationale toutes ces mélancolies, toutes ces protestations, tous ces hurlements populaires, et nous verrons si le 21 janvier de la versification française se fait beaucoup attendre.

1428. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVe entretien. Alfred de Vigny (2e partie) » pp. 321-411

Il le chercha, et il le trouva dans notre civilisation française de la dernière année de nos révolutions. […] Cette loi du caractère français ne vient qu’après, si elle peut venir. […] C’est ce que le bon sens français a merveilleusement compris en 1793, en 1830, en 1848 surtout. […] Mais, en homme d’État français, il finit par se prononcer comme moi pour le dévouement, c’est-à-dire pour l’armée. […] Il en reçut la récompense en 1845, par sa nomination à l’Académie française.

1429. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Shakespeare »

Pichot et Guizot, lesquels la rendirent plus correcte, plus propre, plus claire au sens français et plus littéraire au sens universitaire de ce mot. […] Écrite dans la langue colorée, pittoresque, expressive de la tradition romantique, elle permettra enfin de juger Shakespeare dans son originalité, pour les Français qui ne savent pas l’anglais, presque entièrement inconnue. […] je me contenterais du souci de ce service rendu à la langue et à la littérature françaises ; car l’un des plus purs et des plus nobles, c’est d’emménager une magnifique et difficile œuvre étrangère dans la langue et la littérature d’un pays. […] enfin, pour n’avoir pas laissé l’admiration de Shakespeare tuer en soi le sentiment français ! […] que trente mille chevaliers français sont tombés massacrés sous les haches d’une poignée d’Anglais, Henri V dit ces grandes paroles, aussi peu anglaises que le génie de Shakespeare qui les lui met sur les lèvres : « Ô Dieu !

1430. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Appendices » pp. 235-309

Lorsque les Italiens de la Renaissance pillent les auteurs grecs et latins, ou lorsque les Français du xvie  siècle pillent les Italiens, il n’y a pas démarquage, il y a adaptation voulue, il y a conquête, et approbation tacite de tout le public lettré. […] Selon les goûts, on fait ainsi bénéficier toute la tragédie française du génie de Corneille et de Racine, ou l’on ridiculise au contraire Corneille et Racine par les œuvres de Campistron et de Crébillon. […] Le xviie  siècle français ne fut point, selon moi, une époque dramatique, c’est-à-dire de crise morale et sociale. […] Les Époques du théâtre français, p. 71. […] Les Époques du théâtre français, p. 68-69.

1431. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. BALLANCHE. » pp. 1-51

Ballanche avait lu, dès cette époque, les Considérations sur la Révolution française, par de Maistre, et, tout en ignorant le nom de l’écrivain, il citait des passages de cet opuscule étonnant. […] Oui, lorsqu’aux premiers orages de la Révolution française, qui ont grondé sur vous à votre insu, car vous n’étiez qu’un enfant, je voyais tous les liens de la société se dissoudre, toutes les institutions nager dans le sang, ah ! […] Il alla voir tout aussitôt M. de Chateaubriand dont le Génie du Christianisme avait paru, et il lui proposa de donner une Bible française avec des discours. Les discours devaient être de M. de Chateaubriand, et dans le texte français, qui aurait été en gros celui de M. de Saci. […] Il ne connaissait aucune des littératures étrangères, excepté les poëtes italiens et le philosophe Vico ; mais sa familiarité avec toutes les délicatesses et les finesses de la littérature française était complète, et le ton de sa conversation avait la saveur que donnent l’habitude et la contemplation du beau et du parfait dans l’art.

1432. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juillet 1885. »

Lohengrin et les œuvres de Wagner à Paris ; les opéras et les drames de Wagner On a annoncé que Lohengrin serait donné, cet hiver, en français, d’abord, à l’Opéra-Comique, puis, en italien, au Théâtre-Italien de l’Opéra. […]   Notre littérature française, qui, depuis cent ans, a demeuré toujours, si étrangement, la même, s’est, en revanche, divertie à vêtir, sans cesse, les plus contraires appellations. […] Reyer à celui de Wagner, probablement dans le but d’être agréable au musicien français. […] C’est pourtant la stricte vérité : ainsi que l’on considère le réveil de Brunnhilde, l’une des meilleures scènes de la partition française, comme musique et comme livret, et celle sur laquelle elle semble avoir été calquée, c’est-à-dire cette resplendissante scène dernière de Siegfried ! […] En revanche, il est question de monter la Valkyrie, traduite en français par M. 

1433. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VI »

Le plus grand de nos musiciens français, le maître avec Wagner de toute musique contemporaine (j’entends celui dont l’influence prédomine originellement et incontestablement avec celle de Wagner sur nos compositeurs depuis vingt ans), M.  […] Par quelle suite de phénomènes psychologiques s’accomplit cette éclosion, je ne le chercherai pas dans une étude consacrée à un art, non à un artiste ; je reproduirai seulement quelques alinéas d’une étude que j’ai publiée, il y a un an, dans la Revue de Genève, sur Wagner et la poésie française contemporaine, où j’analysais, en me servant du livre de Wagner intitulé Beethoven, comment après les œuvres anti-musicale de sa jeunesse, Wagner avait pu arriver à ces œuvres de pure musique qui couronnent sa vie. […] Jules Pasdeloup enseigna aux Français Rienzi, je me contentais, tout occupé à de moins hautes querelles, des chansons que je chantais et qu’ils chantaient, mes petits camarades rouennais. […] Et j’eus le bonheur d’un professeur admirable en ces trois ans à propager l’unique méthode d’institution littéraire, le commerce des trois ou quatre maîtres de style français, gens du dix-septième siècle. […] La Favorite est un opéra en quatre actes de Gaetano Donizetti sur un livret en langue française d’Alphonse Royer et Gustave Vaëz créé à l’Opéra de Paris le 2 décembre 1840.

1434. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1860 » pp. 303-358

Un rendez-vous de la force moderne, depuis l’athlète de la lutte à main plate et l’hercule du Nord, jusqu’au gymnaste de l’« Adresse française ». […] À tout moment, il les pose devant moi, en s’appuyant dessus, prêt à tomber ; et ses yeux s’ouvrant de plus en plus, le vieux soldat de Blücher, de cette voix qui semble sortir d’un trou, de cette voix de son passé, un murmure comme un cri de dessous la neige, me bredouille en français : « Entré à Paris !  […] Ainsi on y disait : « Si tel jour on avait attaqué Sébastopol à tel endroit, il était pris. » Et encore : « Il n’y a qu’un point à attaquer (et qu’on désignait) et tout est perdu, mais tant que les Français ne l’auront pas trouvé, il n’y a rien à craindre. » Le gouvernement français achetait le voleur qui interceptait la correspondance au profit du ministre, et l’empereur Napoléon avait communication des lettres révélatrices. […] L’État surtout, depuis 1789, a été diantrement absorbant, a joliment entamé au profit de tous, les droits d’un chacun, et je me demande si l’avenir ne nous réserve pas, sous le nom du gouvernement absolu de l’État, servi par le despotisme d’une bureaucratie française, une tyrannie bien autre que celle d’un Louis XIV. […] Là-dessus nous allons visiter l’ancienne salle de garde, décorée par les peintres, amis des internes, par Baron qui a représenté les Amours malades, reprenant et rebandant leurs arcs, à la sortie de l’hôpital ; par Doré, qui a composé une sorte de jugement dernier de tous les médecins passés et présents aux pieds d’Hippocrate ; par Français, etc., etc.

1435. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Charles Labitte »

Suivre les phases diverses de la chaire à travers la Ligue, c’est comme qui dirait écrire l’histoire des clubs ou des journaux pendant la Révolution française, c’est à chaque moment tâter le pouls à cette révolution le long de sa plus brûlante artère. […] Le bon sens d’Érasme, la probité de L’Hospital, ce fut là le double programme de ces politiques d’abord raillés par tout le monde, de ce tiers-parti « auquel, dit d’Aubigné, les réformés croyoient aussi peu qu’au troisième lieu, qui est le purgatoire. » Mais laissez faire le temps, laissez les passions s’amortir, laissez l’esprit français, avec sa logique droite, se retrouver dans ce pêle-mêle, et ce parti grandira, et on saura les noms des magistrats intègres qui l’appuient : Tronson, Édouard Molé, de Thou, Pasquier, Le Maistre, Gay Coquille, Pithou, Loisel, Montholon, l’Estoile, de La Guesle, Harlay, Séguier, Du Vair, Nicolaï ; on devinera les auteurs de la Ménippée, Pierre Le Roy, Passerat, Gillot, Rapin, Florent Chrestien, Gilles Durant, honnêtes représentans de la bourgeoisie parisienne. […] En général, l’éditeur des Procès-verbaux de 1593 accordait à l’assemblée des États de la Ligue un caractère national et incontesté , fait pour surprendre ceux qui avaient été nourris de la vieille tradition française. […] Et puis il s’agit de la Ménippée, du roi des pamphlets , comme on l’a nommée ; il s’agit de savoir si ce brillant exploit de l’esprit français a usurpé son renom et sa victoire. […] Le Manant est un ergoteur, un procureur fanatique comme Crucé ; ce Manant n’a rien du véritable esprit français, rien de notre paysan, de notre Jacques Bonhomme , ni de notre badaud de Paris malin et mobile.

1436. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre V. Le Séminaire Saint-Sulpice (1882) »

Dans cette voie pleine d’imprévu et, si l’on veut, de périls, Saint-Sulpice n’a été représenté que par un seul homme, mais cet homme fut certainement le sujet le plus remarquable que le clergé français ait produit de nos jours : je veux parler de M.  […] Sa théologie était presque tout entière empruntée à l’école catholique allemande, à la fois plus avancée et moins raisonnable que notre vieille scolastique française. […] Je n’avais à cet égard aucune préparation ; à Saint-Nicolas, mon éducation avait été toute latine et française. […] En dehors de la rigoureuse orthodoxie, je ne voyais que la libre pensée à la façon de l’école française du xviiie  siècle. […] C’est là une faute de français ; le mot « monseigneur » ne doit s’employer qu’au vocatif ou devant un nom de dignité.

1437. (1856) Cours familier de littérature. I « Digression » pp. 98-160

IV On nous dit à l’auberge, à notre réveil, que deux dames françaises, une mère et sa fille, arrivées aussi la veille, mais plus tard que nous, venaient de monter en voiture pour aller visiter les cascades de Terni. […] Le courrier me connaissait parce que j’avais signé souvent son passeport pour les villes d’Italie ; il me dit que ses voyageuses s’appelaient madame Gay et mademoiselle Delphine Gay, sa fille ; que ces dames avaient regretté de ne pas me rencontrer à Florence ; qu’elles avaient des lettres de recommandation pour moi, et qu’elles espéraient me rencontrer à Rome ; puis, montant aussitôt sur son cheval tout sellé à la porte de l’auberge, il galopa sur la route des Cascades pour aller prévenir les deux Françaises que j’étais à Terni, et que j’allais bientôt les rejoindre à la chute du Vellino. […] Ce temps de cataclysme où elle avait vécu seyait à son caractère ; elle était Romaine plus que Française. […] Beaucoup de ces pages pourraient être signées par les premiers noms de la poésie française. […] Oui, de la vérité rallumant le flambeau, J’enflammerai les cœurs de mon noble délire ; On verra l’imposteur trembler devant ma lyre ; L’opprimé, qu’oubliait la justice des lois, Viendra me réclamer pour défendre ses droits ; Le héros, me cherchant au jour de sa victoire, Si je ne l’ai chanté doutera de sa gloire ; Les autels retiendront mes cantiques sacrés, Et fiers, après ma mort, de mes chants inspirés, Les Français, me pleurant comme une sœur chérie, M’appelleront un jour Muse de la patrie ! 

1438. (1913) La Fontaine « VIII. Ses fables — conclusions. »

Les hommes de 1660 sont en réaction contre le premier romantisme français, qui est, non pas de 1830, mais de 1630 ; ils sont en réaction contre l’école de la fantaisie, de l’imagination libre et un peu désordonnée, aussi de la littérature burlesque, c’est-à-dire de la littérature qui pousse l’imagination et la fantaisie jusqu’à cet extrême désordre et cet extrême abandonnement… Et qu’est-ce qu’ils sont en eux-mêmes ? […] Sa place, non plus dans la littérature du dix-septième siècle, mais sa place dans la littérature française est celle-ci. […] Si j’avais le temps, je vous ferais une dissertation très savante sur la différence de l’humour anglais et de l’humour français. […] Il y a encore une raison : c’est que Lessing faisait tous ses efforts et, il faut le reconnaître, il avait raison, pour déshabituer les Allemands de l’idolâtrie de la littérature française, et, fondant la littérature allemande, il disait que, dans tout pays, il faut vouloir être soi-même et donner sa mesure, et ne jamais imiter personne, surtout ne jamais être engoué de personne. […] Mais, d’un autre côté, si l’on cherchait les définitions du réalisme, si l’on énumérait, comme je le faisais tout à l’heure pour le romantisme, toutes ses définitions, on trouverait que La Fontaine, par sa soumission à l’objet, par sa fidélité absolue à l’observation de la nature telle quelle est, par les soins infinis qu’il prend pour être toujours, pardonnez-moi l’expression, adéquat, et pour mieux parler, ajusté à son objet, c’est-à-dire à la nature qu’il considère ; si l’on fait toutes ces considérations, on trouve qu’il n’y a pas de réaliste plus réaliste que La Fontaine dans tout le dix septième siècle, et peut-être dans toute la littérature française.

1439. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — II » pp. 57-80

Il sait comment on relève de sa langueur et comment on électrise le Français. Louis XIV, en lui donnant l’ordre de partir, lui a dit expressément « qu’il voudrait bien inspirer à ce qui est à la tête des armées l’audace naturelle à quiconque mène des Français » ; et ce mot-là a plus que suffi pour l’électriser lui-même. […] Sans compter les marques de satisfaction publique, la première fois qu’il reverra Villars, deux ou trois mois après, il lui dira ces belles paroles : Je suis autant Français que roi ; ce qui ternit la gloire de la nation m’est plus sensible que tout autre intérêt. […] Il prenait tout le premier sa part à la peine en ne quittant presque pas la tranchée. « Il n’est pas nécessaire, lui disaient les ingénieurs, qu’un maréchal de France y soit si souvent. » — « Non, répondait-il, mais avouez que cela ne fait pas mal. » Je passe avec eux (avec les soldats) une partie de la nuit, écrivait-il au ministre ; nous buvons un peu de brandevin ensemble : je leur fais des contes, je leur dis qu’il n’y a que les Français qui sachent prendre les villes l’hiver.

1440. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

En 1838, au mois d’août, un entrepreneur de théâtre eut l’idée d’engager quelques acteurs français pour jouer à l’époque du sacre de l’empereur Ferdinand (à titre de roi de Lombardie), qui devait se faire à Milan et y attirer une foule d’étrangers. […] Lorsque M. de Montmorency fut nommé membre de l’Académie française (1825), il eut la noble idée de céder son traitement à un homme de lettres dans le besoin, ce qu’avait fait précédemment Lucien Bonaparte, qui, l’on s’en souvient, avait cédé sa pension de l’Institut à Béranger commençant. […] Il est impossible que la Vierge, qui a présidé à notre naissance dans la rue Notre-Dame, l’ait oublié : oui, Félix, c’est impossible, Elle aime en toi le fils du père des pauvres, et te donne aujourd’hui pour protecteur ceux qui les jugent et se consacrent à eux… « … Mais la politique empoisonne les esprits. — Moi qui pleurais de joie et de respect en traversant enfin Genève, patrie de notre grand-père paternel, on m’y a poursuivie avec ma petite famille en criant contre nous : “À bas les Français !” […] L’irritation patriotique contre notre nation que l’on confondait avec son gouvernement était extrême : c’était un mauvais signe, en arrivant dans une ville, que d’être Français.

1441. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « PENSÉES FRAGMENTS ET LETTRES DE BLAISE PASCAL, Publiés pour la première fois conformément aux manuscrits, par M. Prosper Faugère. (1844). » pp. 193-224

Durant cette phase, qui est la seconde de la critique française, et qui se produit par madame de Staël, Benjamin Constant et leur école, le caractère de la critique, tout en gardant son but de théorie et son idée, devient déjà historique, elle s’enquiert et tient compte des circonstances dans lesquelles sont nées les œuvres. […] Que ce soit le même homme de qui, il y a vingt-cinq ans, partit l’impulsion philosophique, qui vienne aujourd’hui secouer si vivement, exciter si à l’improviste une branche réputée assez ingrate de la critique française, il n’y a rien là qui puisse étonner ceux qui connaissent cet infatigable esprit de verve en tous sens et d’initiative. […] Cousin sa grande et brillante part d’initiative dans ce mouvement de philologie française qu’il a provoqué en partie et proclamé, dans cette levée de boucliers d’éditions classiques qui passent ainsi de la librairie proprement dite à la littérature ; nous le devions d’autant plus que, dans ce cas particulier de Pascal, nos conclusions pourront différer quelquefois des siennes, de même que sur certains détails le présent éditeur n’est point toujours d’accord avec lui. […] Faugère en son Introduction, nous croyons avoir surmonté ces difficultés autant qu’il était possible de le faire ; du moins nous y avons travaillé, non-seulement avec patience, c’eût été trop peu pour une pareille tâche, mais avec l’infatigable passion qu’inspire aisément la mémoire d’un écrivain en qui se rencontrent dans une merveilleuse alliance la beauté de l’âme et la grandeur du génie. » Connu déjà par l’Éloge de Gerson et par celui de Pascal que l’Académie française avait tous deux couronnés, M.

1442. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Du génie critique et de Bayle »

En tête d’une des lettres de sa Critique générale, Bayle nous dit avoir remarqué, dès ses jeunes ans, une chose qui lui parut bien jolie et bien imitable, dans l’Histoire de l’Académie française de Pelisson : c’est que celui-ci avait toujours plus cherché, en lisant un livre, l’esprit et le génie de l’auteur que le sujet même qu’on y traitait. […] L’excellent Bayle n’a, je crois, jamais fait un vers français en sa jeunesse, de même qu’il n’a jamais rêvé aux champs, ce qui n’était guère de son temps encore, ou qu’il n’a jamais été amoureux, passionnément amoureux d’une femme, ce qui est davantage de tous les temps. […] Hermant, docteur de Sorbonne, qui a composé en françois les Vies de quatre Pères de l’Église grecque, vient de publier celle de saint Ambroise, l’un des Pères de l’Église latine. […] Ferrier, bon poëte françois, vient de faire imprimer les Préceptes galants : c’est une espèce de traité semblable à l’Art d’aimer d’Ovide. » Et quelques lignes plus bas : « On fait beaucoup de cas de la Princesse de Clèves.

1443. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre IV. La fin de l’âge classique — Chapitre II. La Bruyère et Fénelon »

Son vocabulaire est extrêmement riche : il a sous la main toute sorte d’archaïsmes, de néologismes, de mots délicats ou populaires, techniques, scientifiques, termes de métier, d’art, de chasse ou de guerre ; en sorte qu’on a pu dire que son livre était un inventaire des richesses de la langue française. […] Il écrit au moment où l’esprit français vient d’acquérir la domination sur le monde civilisé, où la langue française devient universelle : on le sent, à la préoccupation qu’il a de rendre notre langue plus accessible aux étrangers par la simplification de la grammaire. […] Prévost-Paradol, Moralistes français.

1444. (1895) La musique et les lettres pp. 1-84

Déplacement avantageux Comme ce devient difficile au Français, perplexe en son cas, de juger les choses à l’étranger ! […] J’insiste sur le mot du passé — il aide à se dégager, avec soupir, d’une leçon, majestueuse comme un chœur ; qui ne se taira — ni l’intonation d’un Fellow disert toujours, avec aptitude, sur des sujets français, fins, littéraires pour peu qu’il en reste — indéniablement, à cette date du printemps en cent ans, et plus ! […] Toute nation, où brilla l’écrit (à défaut de fondations au pieux ciment que j’admirai), possède une somme, pas dénommable autrement que son « Fonds » littéraire : nous, Français. […] Surtout la métrique française, délicate, serait d’emploi intermittent : maintenant, grâce à des repos balbutiants, voici que de nouveau peut s’élever, d’après une intonation parfaite, le vers de toujours, fluide, restauré, avec des compléments peut-être suprêmes.

1445. (1890) L’avenir de la science « XVIII »

La Révolution française n’est pas légitime parce qu’elle s’est accomplie : mais elle s’est accomplie parce qu’elle était légitime. […] Nous autres, Français, qui avons l’esprit absolu et exclusif, nous tombons ici en d’étranges illusions et nous faisons fort souvent ce raisonnement, qui sent encore sa scolastique : « Tel système d’institution serait intolérable chez nous, au point où nous en sommes : donc il doit l’être partout, et il a dû l’être toujours. » Les simples portent cela jusqu’à des naïvetés adorables. […] Cabet eût pu réussir il y a deux cents ans ; de nos jours, et surtout avec des Français, c’était une folie. […] La mort d’un Français est un événement dans le monde moral ; celle d’un Cosaque n’est guère qu’un fait physiologique : une machine fonctionnait qui ne fonctionne plus.

1446. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Malesherbes. » pp. 512-538

Dans un recueil des Discours et rapports lus aux séances de l’Académie française (1840-1849), qui vient de paraître, je retrouve un excellent morceau de M.  […] M. de Malesherbes était membre de l’Académie française ; il y avait été reçu par acclamation en 1775. […] Comme premier président de la Cour des aides, la carrière de Malesherbes demanderait tout un chapitre ; il suivit la ligne de conduite des hommes les plus courageux et les plus indépendants de l’antique magistrature française, se signala par des remontrances énergiques et qui touchaient aux grands intérêts de la nation, ne rechercha en tout que la droite équité, et, s’il rencontra la popularité dans cette voie, du moins il n’y sacrifia jamais. […] Pompignan, reçu à l’Académie française à la place de Maupertuis, y avait prononcé un discours de parti qui avait irrité tout le coté philosophique.

1447. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chateaubriand homme d’État et politique. » pp. 539-564

Par exemple, dans ses Mémoires, il a l’air de dire qu’il ne comptait pas en 1814 sur l’étranger ; qu’il espérait toujours en un mouvement national qui eût dispensé les Alliés d’entrer à Paris et qui eût délivré les Français par leurs propres mains. […] Ouvrez la frénétique brochure De Buonaparte et des Bourbons, et lisez-y ces paroles : Et quel Français aussi pourrait oublier ce qu’il doit au prince régent d’Angleterre, au noble peuple qui a tant contribué à nous affranchir ? […] Dans les Mémoires, il se donne comme navré de l’entrée des Alliés à Paris : « Je les vis défiler sur les boulevards, stupéfait et anéanti au-dedans de moi, comme si l’on m’arrachait mon nom de Français, pour y substituer le numéro par lequel je devais désormais être connu dans les mines de la Sibérie… » Ce sont là de ces douleurs ressenties et racontées après coup. […] « Avec le caractère français, avait écrit M. de Chateaubriand en 1814, l’opposition est plus à craindre que l’influence ministérielle. » Il se chargea de le prouver en mainte occasion, et surtout à partir de 1824.

1448. (1856) Les lettres et l’homme de lettres au XIXe siècle pp. -30

Jacques Demogeot, professeur de l’Université, connu par une histoire élégante de la littérature française, et par des études d’art et de poésie. […] Au début du xviie  siècle le lettré français se rapproche du monde qui se polit. […] Voici l’Académie française ; voici Versailles. […] Tout cela peut se traduire en français du xixe  siècle : Vous, Pouvoirs publics, qui désirez protéger les lettres, ce luxe impérial des grandes nations, aidez les écrivains à gagner l’indépendance.

1449. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre III. La complication des sociétés »

En France, après 1870, des maisons de commerce avaient, dit-on, inscrit sur leurs devantures : « On ne vend pas aux Allemands » ; et il paraît que les Américains, pour se venger de l’attitude prise par la presse française lors de la guerre de Cuba, se sont proposé de « boycotter » notre commerce. […] Giraud, Droit français au moyen âge, p. 190. — Flach, Origines de l’ancienne France, II, p. 35. […] Pandectes françaises, nouveau répertoire, IX, p. 424 sqq. […] Ceci était écrit avant la nouvelle législation française sur les associations.

1450. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — I » pp. 1-17

Les éditeurs se sont beaucoup servis, et avec raison, du charmant Éloge de Dangeau par Fontenelle ; car Dangeau, qui était de la Cour et de tant de choses, y compris l’Académie française, était aussi membre honoraire de l’Académie des sciences. […] Lui et son frère l’abbé, qui fut également de l’Académie française et très bon grammairien, ils étaient au fond et par le cœur des gens de lettres plus qu’il ne semblerait2. Dangeau fut constamment l’organe et l’introducteur ou maître des cérémonies de l’Académie française auprès du roi ; il ne perdit aucune occasion de la servir et de lui montrer qu’il tenait à honneur d’en être.

1451. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. (Tome XII) » pp. 157-172

Il ignore que partout où sont mes armées, ce sont des conseils de guerre français qui jugent les assassinats commis sur mes troupes… Il veut être aimé des Espagnols, il veut leur faire croire à son amour. […] Je n’ai pas besoin de ma famille ; je n’ai point de famille, si elle n’est française ! […] On lit dans une lettre de Napoléon à Berthier, du 19 septembre 1810 : Mon cousin, faites partir demain un officier porteur d’une lettre pour le prince d’Essling, dans laquelle vous lui ferez connaître que mon intention est qu’il attaque et culbute les Anglais ; que lord Wellington n’a pas plus de 18000 hommes dont seulement 15000 d’infanterie, et le reste de cavalerie et d’artillerie ; que le général Hill n’a pas plus de 6000 hommes d’infanterie et de cavalerie ; qu’il serait ridicule que 25000 Anglais tinssent en balance 60000 Français, etc.

1452. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — III » pp. 476-491

Pendant ce temps-là, quelques vieilles femmes assises dans leur chambre parlent le français à ravir, familièrement, crûment, comme chez elles, sans demander la permission à personne, et tout à fait comme des vieilles d’Athènes. […] L’atticisme, c’est-à-dire le pur langage naturel français, reposé, coulant de source, et jaillissant des lèvres avant toute coloration factice, est-il donc fini à jamais, et doit-il être rejeté en arrière parmi les antiquités abolies qu’on ne reverra plus ? […] … La société française des derniers jours de Louis XV et du commencement du règne suivant, dit-elle encore dans une page d’une apologie séduisante, est, à mon avis, la combinaison la plus exquise de tous les perfectionnements de l’esprit, et surtout du goût.

1453. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — I » pp. 107-125

Il a composé des traductions sans nombre ; il a mis en français, en prose ou en vers, Lucain, Virgile, Ovide, et indistinctement tous les poètes latins, le Nouveau Testament, etc. ; en assemblant toutes les éditions et réimpressions qu’il en a faites, cela irait bien à 60 ou 70 volumes, dont plusieurs imprimés avec luxe. […] Élevé par une mère indulgente et tendre, il apprenait tant bien que mal le latin au logis sous un précepteur ; il aimait surtout à lire d’anciens romans français et les autres livres qui se rencontraient alors dans une bibliothèque de campagne assez bien garnie. […] Parmi les pères chartreux du Liget qui étaient assez proches voisins, il y avait un dom Marc Durant qui avait fait un poème français sur Sainte Madeleine intitulé : La Magdaliade.

1454. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance de Voltaire avec la duchesse de Saxe-Golha et autres lettres de lui inédites, publiées par MM. Évariste, Bavoux et Alphonse François. Œuvres et correspondance inédites de J-J. Rousseau, publiées par M. G. Streckeisen-Moultou. — II » pp. 231-245

Un homme d’esprit dont j’entretenais assez récemment nos lecteurs, l’auteur de la Littérature française à l’étranger, M.  […] S’il ne haïssait point la vie à laquelle cependant il imputait tant de maux, il ne haïssait pas non plus la France, sa vraie patrie, celle qui était la plus faite pour le goûter et le comprendre ; il écrivait : Les Français ne me haïssent point, mon cœur me dit que cela ne peut pas être. […] Les vrais Français n’écrivent point de ce ton-là, surtout contre des infortunés ; ils m’ont maltraité sans doute, mais ils l’ont fait à regret.

1455. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire de mon temps. Par M. Guizot. »

Mais ma confiance dans ces conquêtes est pleine et tranquille, et je ne me crois point obligé, pour servir leur cause, de considérer la maison de Bourbon, la noblesse française et le clergé catholique comme des ennemis. » Ses ennemis, il les verra plutôt en bas, comme il dit, du côté de la démocratie. […] J’ai pu avoir alors mes impressions personnelles, mes passions même à un certain moment : je les avais étouffées ; j’ai su apprécier les douceurs de ce régime de dix-huit ans, ses facilités pour l’esprit et pour l’étude, pour tous les développements pacifiques, son humanité, les plaisirs d’amateur que causaient, même à ceux qui n’avaient pas l’honneur d’être censitaires, des luttes merveilleuses de talent et d’éloquents spectacles de tribune, et aussi les éclairs de satisfaction que donnaient à tous les cœurs restés français de brillants épisodes militaires. […] La Bruyère a remarqué que « le caractère des Français demande du sérieux dans le souverain. » Louis-Philippe n’a pas tout le sérieux voulu.

1456. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourg, par M. Michelet. (suite.) »

Je n’ai pas tout dit de cette éducation inventive et agréable où « la conversation, les amusements, la table, tout, par les soins et l’habileté du maître, devenait leçon pour l’élève, et rien ne paraissait l’être. » Je n’ai rien dit du Télémaque, ce cours de thèmes comme il n’y en a jamais eu, qui n’est, a le bien voir, que la plus longue des fables de Fénelon, l’allégorie développée, devenue épique, et où l’auteur, abordant par les douces pentes de l’Odyssée la grandeur d’Homère, de cet Homère qui, « d’un seul trait met la nature toute nue devant les yeux », n’a fait, en le réduisant un peu, que lui donner la mesure et comme la modulation virgilienne, et le ramener en même temps aux convenances françaises, telles crue les entendaient les lecteurs de Racine. […] Il composait avec La Fontaine pour des fables, et le bonhomme lui disait : « Vous avez le prix. » C’était bien de la bonté, en effet ; car les vers français qu’on a de lui sont d’un écolier, et une fable qui s’est conservée, en prose, n’est que médiocre. […] Défendrez-vous l’Opéra, la Comédie (française) et les autres spectacles ? 

1457. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Sainte-Hélène, par M. Thiers »

Bien des rois, empereurs ou chefs d’État se sont vus prisonniers de l’ennemi après des pertes de batailles : qui ne s’est intéressé aux captivités toutes françaises de saint Louis, du roi Jean et de François Ier ? […] S’il était vrai, la Révolution française, qui a cependant inauguré les plus généreux principes, n’aurait fait de nous tous, nobles, bourgeois, peuple, qu’une troupe de misérables. […] … Ce sont là des pages élevées, fermes, vigoureuses de ton, philosophiques de fond, irréprochables, à offrir aux amis comme aux ennemis ; je n’en sais pas en français de plus belles.

1458. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc »

La mobilité française, qu’on croit toujours vaincue et qui reparaît toujours, a fait de nouveau ses preuves. […] Fils d’un père qui avait goûté l’un des premiers la vieille poésie française, ou ce que l’on appelait alors de ce nom, la poésie de la Renaissance, il devait être tenté de remonter au-delà et de s’assurer dans un autre ordre, à sa manière, du mérite des œuvres et des maîtres du vieux temps. […] Viollet-Le-Duc se sépare des architectes classiques proprement dits, à le suivre dans les fines et savantes explications qu’il a données de l’architecture française des XIIe et XIIIe siècles, sa grande et principale étude, son vrai domaine royal, si je puis ainsi parler, et à y reconnaître avec lui, sous des formes si différentes à l’œil, et si grandioses à leur tour ou si charmantes, quelque chose de ces mêmes principes et de ce libre génie dont l’art s’est inspiré et s’inspira toujours aux époques d’invention heureuse et de florissante originalité ; tellement qu’à ne voir que l’esprit, il y a plus de rapport véritable entre les grands artistes de la Grèce et nos vieux maîtres laïques bâtisseurs de cathédrales, qu’entre ces mêmes Phidias ou Ictinus d’immortelle mémoire et les disciples savants, réguliers, formalistes, qui croient les continuer aujourd’hui.

1459. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite.) »

Il a traduit en français cette continuation6, déjà connue par une traduction plus libre de Le Sage, et il s’est attaché à montrer qu’elle n’est ni si mauvaise qu’on l’a dit et répété, ni si indigne de la première partie du Don Quichotte à laquelle elle prétendait s’adjoindre et succéder. […] » Tout traducteur est admis, je le sais, à faire valoir les bons côtés de son auteur ; mais il y a lieu de s’étonner que l’écrivain français n’ait pas mieux ressenti l’insulte que ce continuateur pseudonyme faisait, dès les premières lignes, à celui dont il allait suivre si pesamment et dont il eût dû baiser les traces, insulte malheureuse qui est la seule chose de lui qui restera pour qualifier son procédé et dénoncer son âme à défaut de son nom. […] J’ai sous les yeux une ingénieuse brochure sans nom d’auteur, imprimée à Porto en 1858, écrite en français et qui a pour titre : Don Quichotte expliqué par Gœtz de Berlichingen.

1460. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « APPENDICE. — CASIMIR DELAVIGNE, page 192. » pp. 470-486

A l’occasion de la Popularité, j’écrivais dans la Revue des Deux Mondes (15 décembre 1838) l’article suivant : — La Comédie Française est en veine heureuse : un jeune talent lui rend ses anciens chefs-d’œuvre ; et son poëte moderne, qui l’a accoutumée à des succès légitimes et sûrs, vient d’en obtenir un nouveau. […] Il nous a donné une comédie qui est une sœur tout à fait digne des Comédiens, une comédie un peu née de l’épître, et qui continue avec honneur, en le rajeunissant par les sujets, ce genre de la Métromanie et du Méchant, toujours cher dans sa modération et son élégance à la scène française. […] Un exemple éclatant140, sur la scène française, montre assez qu’en fait de goût littéraire le public n’a pas de parti pris.

1461. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre VIII. De l’invasion des peuples du Nord, de l’établissement de la religion chrétienne, et de la renaissance des lettres » pp. 188-214

Avant d’analyser encore quelques autres avantages de la religion chrétienne, qu’il me soit permis de m’arrêter ici pour faire sentir un rapport qui m’a frappée entre cette époque et la révolution française. […] La religion des peuples du Nord leur inspirait de tout temps, il est vrai, une disposition à quelques égards semblable ; mais c’est au christianisme que les orateurs français sont redevables des idées fortes et sombres qui ont agrandi leur éloquence. […] Les connaissances politiques avaient fait de grands progrès dans les premières années de la révolution française, parce qu’elles servaient l’ambition de plusieurs, et agitaient la vie de tous.

1462. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre X. De la littérature italienne et espagnole » pp. 228-255

Il composa les contes les plus indécents ; et la plupart des comédies italiennes sont infiniment plus libres qu’aucune pièce française. […] Ils n’ont point de romans, comme les Anglais et les Français, parce que l’amour qu’ils conçoivent n’étant point une passion de l’âme, ne peut être susceptible de longs développements. […] Leurs comédies ont beaucoup de cette gaieté bouffonne qui tient à l’exagération des vices et des ridicules ; mais on n’y trouve point, si l’on en excepte quelques pièces de Goldoni, la peinture frappante et vraie des vices du cœur humain, comme dans les comédies françaises.

1463. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Conclusion. »

Et vous, Français, vous guerriers invincibles, vous, leurs chefs, vous, qui les avez dirigés et soutenus par vos intrépides ressources, c’est à vous tous à qui l’on doit les triomphes de la victoire ; c’est à vous qu’il appartient de proclamer la générosité ! […] Fox, plaidant pour la paix devant le parlement d’Angleterre, j’ai dit : si l’on ne fait pas la paix avec les Français cette année, qui sait au centre de quel empire ils la refuseront l’année prochaine . (« Réflexions sur la paix ».) […] On pourrait, avec le même degré de certitude, présager quels seraient les résultats des étonnantes victoires des Français, s’ils en abusaient, s’ils adoptaient à cet égard un système révolutionnaire.

1464. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXe Entretien. Souvenirs de jeunesse. La marquise de Raigecourt »

Dupanloup, aujourd’hui évêque si éloquent d’Orléans et membre de l’Académie française, étaient en relation avec le duc de Rohan. […] En 1829, l’Académie française daigna me choisir. […] Il devint le modèle de l’aristocratie française.

1465. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre III. Trois ouvriers du classicisme »

Balzac : un artiste en phrase française. […] Voilà pourquoi il écrit en français, non pas en latin : le bon sens n’est pas le privilège des savants qui, au contraire, sont souvent en ces matières plus aveuglés que les autres par un faux respect des anciens. […] Les Méditations sont traduites en français par le duc de Luynes, un fervent janséniste ; et l’on verra qu’il ne faut pas opposer, comme on fait souvent, l’esprit de Pascal à l’esprit de Descartes.

1466. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre I. La lutte philosophique »

Le parti philosophique s’est organisé, discipliné ; il a ses chefs, ses mots d’ordre, il manœuvre d’ensemble, docilement ; opposant intolérance à intolérance, fanatisme à fanatisme, exclusif, étroit, violent, comme les adversaires qu’il combat, il a pris pied à l’Académie française avec Dalembert, qui peu à peu l’y installe, et la lui asservit. […] Les jugements sont des équations, et les termes qu’on assemble sont des objets abstraits, idéaux : nulle part on n’aperçoit mieux que chez Condillac pourquoi l’esprit français au xviiie  siècle élimine de sa pensée toute réalité concrète, les formes par conséquent de la vie et la matière de l’art, et pourquoi la poésie ne peut plus être qu’un jeu intellectuel, réglé par des conventions arbitraires. […] Paris, 1857. — À consulter : Prévost-Paradol, les Moralistes français, Vinet, ouvr. cité, t. 

1467. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre IX. Inquiets et mystiques » pp. 111-135

Cette rhétorique modulera sur le thème sonore de l’altruisme, qu’on choisira comme principe, fond et unité de la vie, et qu’on imposera ensuite au voisin conformément aux habitudes d’influence si parlementaires et si françaises. […] En vérité, pour caractériser cet esprit fort, quel besoin d’un terme vague et savant, quand il en est un si français et qui le formule si bien ? […] L’article du Mercure où il est louangé et qui s’intitulait d’original « D’un avenir possible pour cette chère littérature française », cet article et la préface du nouveau recueil notifient la dernière pensée de M. 

1468. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame la duchesse d’Angoulême. » pp. 85-102

Une fièvre contagieuse s’était déclarée parmi les prisonniers français amenés à Mittau par suite des événements de la guerre. […] À propos de la guerre d’Espagne, quand elle apprit la délivrance du roi Ferdinand par l’armée française, elle s’écria : « Il est donc prouvé qu’on peut sauver un roi malheureux ! » Dans son dernier exil à Frohsdorf, visitée en décembre 1848 par un voyageur français (M. 

1469. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Les regrets. » pp. 397-413

J’aurais grand besoin cette fois qu’un moraliste fin, discret, adroit et prudent, un Addison, me prêtât son pinceau sans mollesse et sans amertume : car c’est d’un mal moral que je voudrais traiter, et d’un mal présent ; j’ai en vue de décrire la maladie d’une partie notable de la société française (de la fleur et non pas du fond de cette société), et, en la décrivant au naturel, de faire sentir à de belles et fines intelligences qu’elles ont tort de loger et d’entretenir si soigneusement en elles un hôte malin qui, à la longue, est de nature à porter atteinte à la santé même de l’esprit. […] Si dans les hommes irrités dont je parle, il en est qui aient gardé le culte des purs sentiments libéraux, de la vieille liberté entendue comme en 89 ou en 1819, qui aient aimé cette liberté de la même manière avant et pendant le pouvoir, qui n’aient jamais senti, alors qu’ils étaient les maîtres, qu’il fallait faire fléchir les principes eux-mêmes devant les nécessités publiques et les périls imminents, s’il est de tels hommes qui aient conservé chastement en eux ce premier idéal de la nature humaine et de la nature française gouvernable, à ceux-là je leur accorde tout ; de tels modèles sont beaux de temps en temps à contempler à distance dans l’histoire. […] On m’assure qu’il y a pour le moment des protestants français qui croient à la révocation de l’édit de Nantes ; il y a des universitaires qui croient ou qui crient à l’invasion du Moyen Âge : eh bien !

1470. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre III : La science — Chapitre I : De la méthode en général »

La révolution française a été une expérience tentée pour construire un état conformément aux lois de la raison. […] Il est inutile de mentionner les livres si connus de Descartes16, de Pascal17, de Newton18; mais je rappellerai quelques ouvrages du xviiie  siècle, peu lus aujourd’hui, et où nos logiciens pourront trouver des détails intéressants : par exemple, la Logique 19 de Mariotte, le célèbre et ingénieux physicien, le premier ouvrage français de ce genre où la méthode expérimentale ait pris la place qui lui appartient (encore n’y est-elle pas très-nettement distinguée de la méthode géométrique) ; le Traité de l’expérience, du docteur Zimmermann, célèbre médecin du xviiie  siècle, né en Suisse et connu surtout par son beau livre sur la Solitude ; l’Essai sur l’art d’observer, de Jean Sénebier, ministre protestant de Genève, traducteur de Spallanzani, et lui-même naturaliste distingué de cette grande école de Genève qui a produit les Réaumur, les Trembley, les Bonnet, les de Saussure, les de Gandolle et tant d’autres hommes supérieurs ; les Fragments de Lesage, de Genève20, personnage original, doué d’un esprit méditatif et profond, connu surtout comme l’auteur d’une hypothèse sur la cause mécanique de la gravitation ; enfin le Discours sur l’étude de la philosophie naturelle, de W. […] Il a écrit contre lui un livre très-curieux, récemment traduit en français par M. de Tschitchahef, où il accuse Bacon de plagiat, d’ignorance, d’impuissance scientifique.

1471. (1912) L’art de lire « Chapitre IV. Les pièces de théâtre »

Quelquefois même le théâtre français a quelque chose de cela, non point ou presque jamais dans Racine, mais dans Corneille. […] La tragédie française n’en est pas un ; mais parce qu’elle ne laisse pas d’être inspirée de la tragédie grecque, et surtout parce qu’elle a en elle l’esprit même de la tragédie, il lui arrive, du moins par le souci des groupements à la fois savants et naturels, aussi par les morceaux lyriques qu’elle admet, d’avoir avec l’opéra des analogies qui ne sont pas douteuses et qui sont très loin d’être une dégradation ou de marquer une déchéance. […] Mais le maître en ce genre, maître incomparable, du moins à considérer tous les auteurs français, et pour les autres je sens mon incompétence, c’est Molière, qui trace un caractère par le style même du personnage dès les premières répliques qu’il prononce, qui met des nuances de style sensibles entre des personnages à peu près semblables, et par exemple entre Philaminte, Armande et Bélise, peut-être et je le crois, entre Mademoiselle Cathos et Mademoiselle Madelon ; qui indique par des styles différents les différents âges, même, d’un même personnage ; car on sait parfaitement que Don Juan n’a pas le même âge au cinquième acte qu’au premier, malgré l’apparente observation de la règle des vingt-quatre heures, et qu’il change de caractère du commencement à la fin de la pièce ; or, observez le style, et vous verrez que de ces différences dans le caractère et de ces différences d’âge, le style même vous avertit.

1472. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre V. Mme George Sand jugée par elle-même »

Qu’est-ce que cela lui fait, des fautes de français ? […] Thiers a pour lui les moyennes ; — le centre de l’opinion française, comme il a pour lui le centre de la Chambre, quand il y parle. […] Je les y trouve entassés, nombreux, à toute page, sans mélange et tellement, qu’il est impossible que le porte-plume quelconque qui s’exprime en ces termes ; qui n’a à son service, exclusivement, que ces métaphores épuisées, traînées et fourbues, puisse jamais s’appeler du nom de grand écrivain, déjà lourd à porter partout ; à plus forte raison du premier des grands écrivains français au dix-neuvième siècle, comme on l’a dit de Mme George Sand, et qui l’écrase — net !

1473. (1900) Le lecteur de romans pp. 141-164

Elle l’est encore parce qu’elle se trouve posée avec une vivacité et une fréquence notables dans la vie, et qu’elle influe sur l’éducation française. […] Il ne pourra s’empêcher de remarquer que le talent de composition a été inégalement réparti, non seulement entre les hommes, mais entre les nations ; que le roman d’un Français est composé autrement que celui d’un Russe, d’un Anglais, d’un Allemand. […] Il a écrit trop d’œuvres d’une immoralité grossière, mais il avait le génie de la langue, et toute la tradition française se reconnaît dans la composition et dans le décor de ses nouvelles.

1474. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VIII : M. Cousin érudit et philologue »

D’abord une biographie composée par Gilberte, et qui conduit Jacqueline depuis sa première enfance jusqu’au moment où elle entre à Port-Royal ; ensuite, dans les Mémoires de Marguerite Périer, plusieurs paragraphes consacrés à sa tante, qui développent et achèvent la première biographie… Nous rétablissons ici le vrai texte d’après deux excellents manuscrits, l’un de la Bibliothèque royale de Paris, Supplément français, n° 1485 ; et l’autre de la bibliothèque de Troyes, n° 2203. » Là-dessus suit un volume de textes, terminé, dit la table, « par la description du manuscrit de l’Oratoire, du manuscrit 1485, du manuscrit 2281, du manuscrit 397, etc., par une lettre de Pascal à la reine de Suède, et par un fragment d’un écrit sur la conversion du pécheur, avec les variantes des manuscrits. » — L’Histoire du P. […] Il acheva ses études avec gloire, et fut dès lors considéré comme une des espérances du clergé français. […] Au reste, le jeune homme suivit tous les pas de son maître ; il fut comme lui théologien et philosophe ; il voulut comme lui allier la raison et la foi ; il accabla de superbes paroles les matérialistes qui commençaient à lever la tête ; il aima la liberté pour lui-même, et défendit contre Rome les privilèges français, qui étaient les siens.

1475. (1874) Premiers lundis. Tome II « Thomas Jefferson. Mélanges politiques et philosophiques, extraits de ses Mémoires et de sa correspondance, avec une introduction par M. Conseil — II »

Il jugeait l’usurpateur de brumaire au point de vue des républicains et idéologues français, comme un grand capitaine peut-être, mais comme un dévastateur au civil, comme un ignorant et audacieux pirate des libertés, dénué de tout sens moral de droit et de justice. […] La morale et la religion de Jefferson offrent un ensemble simple, harmonieux et paisible qui contraste assez visiblement avec les opinions plus acerbes et plus hostiles des philosophes français du même temps sur ce sujet.

1476. (1874) Premiers lundis. Tome II « Loève-Veimars. Le Népenthès, contes, nouvelles et critiques »

Dites que notre littérature s’est gâté le style, qu’elle s’est chargée d’abstractions genevoises et doctrinaires, de métaphores allemandes, de phraséologie drôlatique ou à la Ronsard ; et quatre ou cinq noms qu’à l’instant tout le monde trouvera, vous rappelleront les écrivains les plus vifs, les plus sveltes et dégagés, qui aient jamais dévidé une phrase française. […] Sachant bien plusieurs langues, rompu aux littératures étrangères dont, le premier, il a produit parmi nous de fantastiques chefs-d’œuvre, habile à se souvenir et à démasquer les larcins, s’inspirant lui-même de ses lectures et l’avouant, laborieux au logis, ingénieux et facile à tout dire, propre à tout, ne se faisant guère d’illusion, croyant peu, capable d’admirer le passé, quoique d’une érudition trop spirituelle pour être constamment révérente, et avec cela toujours maître de sa plume, l’arrêtant, la dirigeant à volonté, un peu recherché et joli par endroits, comme quand l’esprit domine, il a gardé quelque chose de très français à travers son premier bagage d’outre-Rhin et a aiguisé sa finesse au milieu des génies allemands qui avaient ou n’avaient pas de fil : qu’on se souvienne en effet qu’il a passé par Vandervelde avant de donner la main à M. 

1477. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre onzième. »

Il s’amusait à traduire en français l’Anti-Lucrèce du cardinal de Polignac, pendant la dernière année du règne de Louis XIV. Madame la duchesse du Maine, occupée d’idées plus ambitieuses, lui disait : Vous apprendrez au premier moment que M. le duc d’Orléans est le maître du royaume, et vous de l’académie française.

1478. (1767) Salon de 1767 « Les deux académies » pp. 340-345

Voilà l’histoire de la honte de l’académie française, et voici l’histoire de la honte de l’académie de peinture. […] Si ce Brutus-là, qui juge son fils si sévèrement, qui estime le talent de Pigalle, mais qui n’aime pas l’homme, avait été présent à la séance de l’académie française, lorsqu’on y prononça sur les prix !

1479. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Tourgueneff »

Ernest Charrière, le traducteur français, a changé, de son autorité privée, en : Mémoires d’un seigneur, ou Tableau de la situation actuelle des nobles et des paysans dans les provinces russes, — ce qui est, on en conviendra, un peu différent. […] Tourgueneff sont charmantes, et son traducteur a montré un tel talent d’expression qu’on dirait le livre écrit primitivement en français, tant on y sent bien l’originalité de l’auteur.

1480. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — epigraph »

Je défendrai toujours la pureté de la langue française.

1481. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Melvil, Francis »

[Anthologie des poètes français du xixe  siècle (1887-1888).]

1482. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bernès, Henri (1861-1941) »

[Anthologie des poètes français du xixe  siècle (1887-1888).]

1483. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Billaud, Victor (1852-1936) »

[Anthologie des poètes français du xixe  siècle (1887-1888).]

1484. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Canivet, Charles (1839-1911) »

[Anthologie des poètes français du xixe  siècle (1887-1888).]

1485. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Carrara, Jules »

[Anthologie des poètes français du xixe  siècle (1887-1888).]

1486. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Collière, Marcel »

[Anthologie des poètes français du xixe  siècle (1887-1888).]

1487. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gourdon, Georges (1852-1915) »

[Anthologie des poètes français du xixe  siècle (1887).]

1488. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Routier, Gaston (1868-19..) »

Il a, en effet, le vers très lucide, très vif et très français.

1489. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dodillon, Émile (1848-1914) »

[Anthologie des poètes français du xixe  siècle (1887).]

1490. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Godet, Philippe (1850-1922) »

[Anthologie des poètes français du xixe  siècle (1887-1888).]

1491. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Monneron, Frédéric (1813-1837) »

[Anthologie des poètes français du xixe  siècle (1887-1888).]

1492. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pittié, Victor »

[Anthologie des poètes français du xixe  siècle (1887-1888).]

1493. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 11-15754

Science de l’homme, Logique, Art de communiquer, Gramm.) caractere ou figure de la premiere lettre de l’Alphabet, en latin, en françois, & en presque toutes les Langues de l’Europe. […] A n’est pas non plus une simple particule qui marque le datif ; parce qu’en françois nous n’avons ni déclinaison, ni cas, ni par conséquent de datif. […] Mais comme en françois l’effet que les terminaisons latines produisent dans l’esprit y est excité d’une autre maniere que par les terminaisons, il ne faut pas donner à la maniere françoise les noms de la maniere latine. […] Anomalie signifie irrégularité dans la conjugaison des verbes, comme fero, fers, fert, & en françois aller, &c. […] Les Latins ont fait de leur préposition de le même usage que nous faisons de notre de ; or si en latin de est toûjours préposition, le de françois doit l’être aussi toûjours.

1494. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Godin, Eugène (1856-1942) »

[Anthologie des poètes français du xixe  siècle (1887-1888).]

1495. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Chevé, Émile (1804-1864) »

[Anthologie des poètes français du xixe  siècle (1887-1888).]

1496. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Demeny, Paul (1844-1918) »

[Anthologie des poètes français du xixe  siècle (1887-1888).]

1497. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Franck, Félix = Frank, Félix (1837-1895) »

[Anthologie des poètes français du xixe  siècle (1887-1888).]

1498. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — I — Icres, Fernand (1856-1888) »

[Anthologie des poètes français du xixe  siècle (1887-1888).]

1499. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Germain-Lacour, Alphonse-Marie-Joseph (1860-19..) »

[Anthologie des poètes français du xixe  siècle (1887-1888).]

1500. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Le Lasseur de Ranzay, Louis (1856-1918) »

[Anthologie des poètes français du xixe  siècle (1887-1888).]

1501. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Marmier, Xavier (1808-1892) »

[Anthologie des poètes français du xixe  siècle (18871888).]

1502. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — N — Nardin, Georges »

[Anthologie des poètes français du xixe  siècle (1888).]

1503. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Raimes, Gaston de (1859-19..) »

[Anthologie des poètes français du xixe  siècle (1887-1888).]

1504. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Sutter-Laumann (1852-1892) »

[Anthologie des poètes français du xixe  siècle (1887-1888).]

1505. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — W — Warnery, Henri (1859-1902) »

[Anthologie des poètes français du xixe  siècle (1887-1888).]

1506. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Barracand, Léon (1844-1920) »

[Anthologie des poètes français du xixe  siècle (1887-1888).]

1507. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Guaïta, Stanislas de (1861-1897) »

[Anthologie des poètes français du XIXe siècle (1887-1888).]

1508. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Luzel, François-Marie (1821-1895) »

Luzel, François-Marie (1821-1895) [Bibliographie] Bepred Breizad (Toujours Breton), poésies bretonnes avec traduction française (1865).

1509. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Macaigne, Camille (1843-1877) »

[Anthologie des poètes français du xixe  siècle (1887-1888).]

1510. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mesureur, Amélie (1854-1926) »

[Anthologie des poètes français du xixe  siècle (1887-1888).]

1511. (1891) Lettres de Marie Bashkirtseff

Je parle à peine allemand, je parle une nouvelle langue en ajoutant irt à tous les mots français. […] À la frontière française, j’ai respiré pour la première fois depuis que je suis sortie de France. […] Les mots en italique sont en français dans le texte anglais original. […] Les mots en italique sont en français dans le texte anglais. […] La fin de la lettre est en français, on la trouve à la suite de la traduction ci-dessous.

1512. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Forget, Jules (1859-19..) »

[Anthologie des poètes français du xixe  siècle (1887-1888).]

1513. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Guiard, Théodore (1814-1855) »

. — Théâtre complet de Sophocle, traduction en vers français (1852).

1514. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lepelletier, Edmond Adolphe de Bouhelier (1846-1913) »

[Anthologie des poètes français du xixe  siècle (1887-1888).]

1515. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pittié, Francis (1829-1886) »

[Anthologie des poètes français du xixe  siècle (1887).]

1516. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Richard, Maurice (18..-19.. ; auteur dramatique) »

Richard, dans un poème liminaire, prie le critique d’être indulgent ; on n’a besoin que d’être juste avec un poète qui sut trouver ces très beaux vers français (il s’agit d’un lion) : Les larges gouttes d’or qui forment ses prunelles Semblent vouloir saisir et renfermer en elles L’image du soleil à son dernier rayon et une délicieuse ballade latine où je note ceci : Vita fugacior rosâ Quae floret mysteriosa In valle Tempe frondosâ.

1517. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Vernier, Valery (1828-18..?) »

[Anthologie des poètes français du xixe  siècle (1887-1888).]

1518. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers, Tome xix. (L’île d’Elbe, — L’acte additionnel. — Le champ de mai.) » pp. 275-284

un peu trop prodigués, deux ou trois images de convention (lauriers, cyprès, par exemple) qui sont comme égarées dans ce style simple, ne sauraient faire oublier, je ne dis pas à l’homme impartial et sensé, mais à l’homme de goût, tant de pages vives, courantes, du français le plus net, le plus heureux, d’une langue fine, légère, déliée, éminemment spirituelle, voisine de la pensée et capable d’en égaler toutes les vitesses. […] Les deux livres qui exposent les immenses travaux de Napoléon pour régénérer l’intérieur et réorganiser la guerre, quoique le désastre (on le sait trop bien) soit au bout, laissent une impression tout autre et bien plus consolante au cœur de tout bon Français qu’on ne l’avait d’après les derniers historiens.

1519. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Les poëtes français. Recueil des chefs-d’œuvre de la poésie française »

Les poëtes français. Recueil des chefs-d’œuvre de la poésie française Depuis les origines jusqu’à nos jours Publié sous la direction de M. 

1520. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Virgile et Constantin le Grand par M. J.-P. Rossignol. »

Par exemple, il débutera par se poser et par traiter les trois questions suivantes : 1° Pourquoi les Bucoliques de Virgile ont-elles été si souvent traduites en vers français, et pourquoi ne peuvent-elles pas l’être d’une manière satisfaisante ? […] Esprit tout à fait français pour la netteté et la fermeté, M. 

1521. (1874) Premiers lundis. Tome I « J. Fiévée : Causes et conséquences des événements du mois de Juillet 1830 »

Il est plus sage de s’en tenir à la monarchie française, de lire notre histoire, d’admettre sincèrement l’autorité des faits ; et alors on conviendra que notre ancienne monarchie a toujours porté en elle deux inconvénients si graves qu’ils en balançaient tous les avantages : la vieillesse des rois et leur minorité. […] Cette réflexion m’avait frappé avant même qu’on eût proclamé que l’arrivée d’un Bourbon ne nous apportait qu’un Français de plus ; elle a dominé mes pensées dans tous les écrits que j’ai publiés, elle est la seule explication des motifs qui m’ont toujours porté du côté de l’opposition ; aucun parti arrivé au pouvoir n’ayant jamais compris que le salut de la royauté et de nos libertés était dans l’exécution de la Charte, dans le renversement sans pitié d’une administration formée pour l’empire.

1522. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XI. De la littérature du Nord » pp. 256-269

Les Grecs, les Latins, les Italiens, les Espagnols et les Français du siècle de Louis XIV, appartiennent au genre de littérature que j’appellerai la littérature du Midi. […] Les émotions causées par les poésies ossianiques, peuvent se reproduire dans toutes les nations, parce que leurs moyens d’émouvoir sont tous pris dans la nature ; mais il faut un talent prodigieux pour introduire, sans affectation, la mythologie grecque dans la poésie française.

1523. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dumas, Alexandre (1802-1870) »

Par suite de cette même habitude d’improvisation, son style, semblable à ces plantes éphémères qui naissent à la surface du sol, n’a ni couleur ni caractère… [Histoire de la littérature française sous la Restauration (1853).] […] [Précis historique et critique de la littérature française (1895).]

1524. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Régnier, Henri de (1864-1936) »

Des éléments très contraires s’y mêlent harmonieusement ou dominent en certaines périodes d’une manière presque exclusive ; il a, pour parler par métaphore, un gout double et contradictoire pour les ordonnances symétriques des jardins à la française ^ et pour la beauté romanesque des parcs anglais ; et en réalité, malgré l’élection qu’il fit surtout d’époques antiques ou médiévales, ses vraies parentés, à les résumer en deux noms, seraient, par exemple, Racine et Tennyson ; il hésite presque toujours entre la régularité stricte jusqu’à une sorte d’austérité et la fantaisie plus libre de la pensée et du rythme. […] Henri de Régnier a collaboré à presque toutes les « petites revues » tant françaises que belges, que suscita le mouvement dit « symboliste », et l’on trouvera en fin de ces lignes l’état à peu près complet de cette collaboration.

1525. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVIII » pp. 305-318

Voici d’autres exemples fort remarquables de fausses applications, dans Les Femmes savantes : Charpentier, directeur perpétuel de l’Académie française, et l’un des fondateurs de l’Académie des inscriptions, le même que Louis XIV avait chargé des inscriptions à mettre sous les peintures de Versailles, et de la composition des médailles de son règne, le même que Boileau appelle le gros Charpentier, s’avisa de dire un jour, ou du moins le Carpenteriana lui fait dire que la marquise de Rambouillet s’était indignée de l’impertinence de Molière, qui avait joué les femmes de sa société et elle-même dans Les Femmes savantes, et que Ménage, à qui elle demandait vengeance, avait eu le courage de déclarer la pièce un ouvrage parfaitement beau, au-dessus de tout reproche et de toute critique. […] La Bruyère, dans la préface qui précède son discours de réception à l’Académie française, s’élève contre ces gens « qui, au lieu de prendre pour eux les divers traits semés dans un ouvrage, s’appliquent à découvrir lesquels et donnent au public de longues listes ou clefs des originaux auxquels ils ont jugé à propos de les appliquer.

1526. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Quatrième faculté d’une Université. Faculté de théologie » pp. 511-518

Nous avons en français, les Bibles de Calmet et de l’abbé de Vence, 2e édition, 17 vol. in-4° ; de Chais, ministre de Genève ; en latin, Cornélius a Lapide, Estius, Menochius, Grocius et la Synopse des critiques104. […] Mosheim’s Ecclesiastical history, traduite en latin par Maclainc et en français par Eidous ; Yverdun, 1770. 6 vol. in-8°.

1527. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 12, des siecles illustres et de la part que les causes morales ont au progrès des arts » pp. 128-144

Croit-on qu’un peintre françois, qui auroit pris son essort au commencement des trente-cinq années de guerre qui désolerent la France jusqu’à la paix de Vervins, eût eu les mêmes occasions de se perfectionner, qu’il eût reçû les mêmes encouragemens qu’il auroit reçus, s’il eût pris son essort en mil six cens soixante. […] Cette surprise fut égale à l’étonnement que les italiens conçurent quand ils virent la maniere dont les françois faisoient la guerre lors de l’expedition de notre roi Charles VIII au roïaume de Naples.

1528. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Le cardinal Ximénès »

Léopold Ranke, un Français de Berlin pour le vif sentiment de la réalité historique, nous donnait dans une histoire, au fond protestante, une étude magnifique sur Ignace de Loyola, le fondateur de l’ordre le plus impopulaire, et qui contraignait les plus insolents à baisser les yeux devant la beauté morale de ce chevalier qui fut un saint. […] Il fallait rabaissement de la littérature française dans les dernières années du xviiie  siècle et le prestige de madame de Staël, pour nous faire croire, autant qu’on y croyait en France, à la grande originalité des Allemands.

1529. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Camille Desmoulins » pp. 31-44

La Révolution française a donné à tout ce qu’elle toucha une résonnance trop formidable pour que les vibrations n’en oscillent pas à nos oreilles encore longtemps… et ce bruit, communiqué par elle aux choses qui ont perdu, le leur et qui, sans elle, seraient devenues muettes, dure toujours. […] — le monde et les mois de la Révolution française dans le monde d’Athènes et de Rome, ce que Chateaubriand fît aussi dans son Essai sur les Révolutions et ce qui devint chez Desmoulins un procédé presque monotone, tout cela suffit-il pour mériter réellement ce nom glorieux de grand artiste qu’on lui prodigue ?

1530. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Armand Hayem »

Mais l’Académie, qui a retiré de ses programmes futurs la question posée par elle dans ce brumeux français qui la distingue, l’a comblé de compliments par l’organe de son rapporteur, Baudrillart, très compétent, comme on sait, en matière d’analyses morales, pour les avoir étudiées dans le Faste funéraire et les Fêtes publiques sous l’ancienne monarchie. […] L’Académie, tout idéologue qu’elle puisse être, ne l’a pas été au point de croire à l’abstraction d’une société qui ne serait pas la société française.

1531. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Gérard de Nerval  »

C’est à Gérard de Nerval que nous avons dû, nous autres Français, de connaître Heine. Il a pu rendre cette grâce fluide et rayonnante dans la précision de la langue française : chose difficile !

1532. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Henri Murger. Œuvres complètes. »

S’il redevient obscur, il n’aura pas du moins vécu obscur… La Vie de Bohême, quand elle parut, cette suite de pochades écrites en un style qui est plus de l’argot que du français, sur des tables de brasserie et de café, entre beaucoup de pipes et de petits verres, parut une délicieuse fantaisie à beaucoup d’esprits et même à la Critique, qui devait pourtant s’y connaître. […] Et même la gaieté française, que M. 

1533. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Feuillet de Gonches »

Excepté peut-être la Trempe miraculeuse, l’un des plus réussis du recueil, français d’origine, celui-là, et net de tout ce que le prince de Ligne appelait « l’allemanderie » , tous ces contes ont une physionomie commune. […] Il a voulu aussi les instruire, et il a jeté dans leurs mémoires, aussi grand ouvertes que leurs yeux, des tournures de langue oubliées, de charmantes choses tombées en désuétude, des mots divins que La Fontaine, qui n’était pas fier, ramassait, et qu’il faut rapprendre à l’enfance, si on ne veut pas qu’elle périsse, l’ancienne langue française, exténuée dans les maigreurs du xviiie  siècle.

1534. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Deuxième série

La clarté et la vivacité françaises ne leur agréent jamais qu’à moitié. […] Avant d’aller en Allemagne, notre lyonnais était bien déjà le plus Allemand des Français. […] La Révolution française, ç’a été la recherche fiévreuse de la révolution à faire. […] C’est l’erreur capitale de la Révolution française. […] Il y a dans la Révolution française, n’est-ce pas, du Luther et du Grégoire VII ?

1535. (1881) Le roman expérimental

Ernest Renan à l’Académie française. […] Et c’est au mélodiste que l’Académie française a ouvert ses portes. […] Que la jeunesse française m’entende, le patriotisme est là. […] Il est le maître actuel de notre scène française. […] On a repris dernièrement, à la Comédie Française, Le Fils naturel, de M. 

1536. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « [Note de l’éditeur] »

Sainte-Beuve l’a laissée) à celui qui doit très prochainement prononcer son Éloge à l’Académie française, à M. 

1537. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Brahm, Alcanter de (1868-1942) »

[Le Courrier français (1896).]

1538. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Caze, Robert (1853-1886) »

[Anthologie des poètes français du xixe  siècle (1887-1888).]

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