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42. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre sixième »

Il est vrai que faire rire à la scène, en dût-on le succès à de bons acteurs, ce n’est pas si peu, puisque c’est la gloire. […] Le succès ne fit pas défaut aux pièces de Destouches. […] Il n’est pas jusqu’à Fréron qui n’ait constaté le succès de la première pièce, et peut-être en avait-il pris sa part. […] Plus d’un succès bruyant et lucratif l’a mise en crédit. […] La préface de sa pièce rendit publique sa jalousie que le succès n’avait pas désarmée.

43. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre VI, « Le Mariage de Figaro » »

Dans cette vertigineuse existence, les succès littéraires sont de courts épisodes. […] Devant cet auditoire, tous les mots de la pièce portèrent : ce fut un succès insolent, gonflé de scandale. L’auteur fouettait énergiquement et succès et scandale : il faisait servir la bienfaisance au succès de sa comédie, qu’il poussait vers la centième, mettant en avant aujourd’hui les pauvres mères nourrices, demain une veuve d’ouvrier du port Saint-Nicolas. […] De là l’enthousiasme universel qui l’accueillit, et pour achever de donner sa signification à ce succès unique, les privilégiés eux-mêmes, qui remplissaient la salle le 27 avril 1784, furent les plus bruyants, les plus forcenés dans leurs applaudissements. […] Après le succès du Mariage, il est mis pour quelques jours à Saint-Lazare, sans raison sérieuse, et relâché de même.

44. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Conclusion »

Consultée méthodiquement, tant par la déduction psychologique que par l’induction historique, la sociologie a livré sa réponse : c’est que les formes sociales, propres à la civilisation occidentale sont aussi les plus favorables au succès des idées égalitaires. […] Des conditions proprement sociologiques nous ont fourni une explication, au moins partielle, du phénomène qui, après les essais d’explications anthropologiques ou idéologiques, demeurait mystérieux : l’expansion de l’idée de l’égalité des hommes dans certaines sociétés déterminées n’est plus pour nous une sorte de miracle incompréhensible, s’il est vrai qu’entre les formes de ces sociétés et le succès de cette idée il y a un rapport de condition à conséquence. […] Si la force ne prime pas le droit, les raisons de la valeur d’une tendance demeurent distinctes des conditions de son succès. […] Toutefois, il est au moins une chose dont cette connaissance rend compte : elle montre quelles conditions seraient nécessaires pour qu’une réaction pareille eût quelque chance de succès. […] En découvrant les conditions sociologiques du succès des idées égalitaires, nous n’avons pas encore prouvé que ces idées sont justes ; mais nous avons donné, du moins, la mesure de leur puissance.

45. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Il obtient moins de succès à Nantes. — 1650. […] Grand succès des Précieuses. — 1660. […] Succès d’Amphitryon. […] Succès de mademoiselle Beauval dans cette pièce. […] Son succès.

46. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SCRIBE (Le Verre d’eau.) » pp. 118-145

Bonnet, l’honorable tuteur, se crut autorisé par le succès à laisser courir les choses et le nom. […] Cela devint surtout visible dans la comédie ; les plus spirituels et les plus inventifs allèrent ailleurs, aux succès faciles ; mais ils s’y éparpillèrent. […] Janin, a semblé depuis quel-temps déclarer une guerre si vive à ce genre de comédie, que c’est pour elle encore un succès. […] Nous ne savons que les succès ; mais il y en a une quantité qui sont tombées, et quelques-unes à tort, dit-il. […] Mais le succès est décidé par les quatre premiers actes, et le cinquième roule de lui-même en vertu de l’impulsion donnée.

47. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Madame de Krüdner et ce qu’en aurait dit Saint-Évremond. Vie de madame de Krüdner, par M. Charles Eynard »

Elle n’a pas alors moins de trente-sept ans ; elle les déguise avec art sous une grâce divine que les femmes mêmes sont forcées d’admirer ; mais elle sent que le moment est venu d’appeler à son aide les succès de l’esprit et de prolonger la jeunesse par la renommée. […] Liée avec Mme de Staël, avec Chateaubriand, qui venait de donner Atala, no négligeant point pour cela son vieil ami Saint-Pierre, accueillant les poëtes et n’oubliant pas les journalistes, elle dresse ses batteries pour atteindre du premier coup à un grand succès. […] Mais elle ne voulait pas y revenir comme une simple mortelle, et puisqu’elle avait été forcée de le quitter au moment d’obtenir son succès littéraire, elle voulait que le retard servît du moins à rendre le retour plus éclatant. […] Tes succès ne t’appellent-ils pas à Paris ? […] Remarquez que dès lors elle entrait dans sa seconde veine ; elle commençait à voir partout le doigt de Dieu ; et, même après avoir monté de la sorte ce-succès de Valérie, elle est toute disposée après coup à s’en émerveiller et à y dénoncer un miracle : « Le succès de Valérie, écrivait-elle à Mme Armand, est complet et inouï, et l’on me disait encore l’autre jour : Il y a quelque chose de surnaturel dans ce succès.

48. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXX » pp. 126-128

peu de succès de la reprise de lucrèce. […] Le recueil des feuilletons de madame de Girardin a un certain succès. […] C'est assurément un succès, c’est un hommage du moins à la position que s’est faite l’auteur par son grand esprit.

49. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DISCOURS DE RÉCEPTION A L’ACADÉMIE FRANÇAISE, Prononcé le 27 février 1845, en venant prendre séance à la place de M. Casimir Delavigne. » pp. 169-192

Elles coururent d’abord manuscrites, puis parurent en public avec un succès prodigieux. […] De spirituels modernes, grands lyriques à leur manière, ont trouvé moyen de surprendre, de ressaisir le même succès par la chanson : Casimir Delavigne venait de ravir le sien par ses Messéniennes. […] Casimir Delavigne resta toujours, à bien des égards, et sauf une certaine fougue qu’il lui prête, le Victor de ses Comédiens, adouci et non amolli par le succès. […] Le chiffre le plus approchant, dans les modernes succès, est celui de Sylla. […] Jusque-là il avait eu, moyennant ses consciencieux efforts, un succès plein, facile, succès du jour et du lendemain, un applaudissement sans réserve ; il avait gagné à chaque pas, il s’était étendu et avait donné de lui-même de variés et croissants témoignages.

50. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVI. De l’éloquence et de la philosophie des Anglais » pp. 324-337

Enfin la philosophie anglaise, à la fin du dix-septième siècle, prit son véritable caractère, et l’a soutenu depuis cent ans toujours avec de nouveaux succès. […] Mirabeau, et quelques autres après lui, ont un talent plus entraînant, plus dramatique que celui des Anglais ; l’habitude des affaires s’y montre moins, et le besoin des succès de l’esprit beaucoup davantage. […] Les orateurs anglais, de même que Cicéron, répètent souvent des idées déjà comprises ; ils reviennent quelquefois aux mouvements, aux effets d’éloquence déjà employés avec succès. […] Elle favorise aussi quelquefois, d’une manière funeste, le succès des plus absurdes assertions. […] La dialectique des Anglais se prête beaucoup moins que la nôtre au succès des sophismes.

51. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rostand, Edmond (1868-1918) »

Francisque Sarcey Un poète nous est né, et ce qui me charme encore davantage, c’est que ce poète est un homme de théâtre… Cyrano de Bergerac est une très belle œuvre, et le succès d’enthousiasme en a été si prodigieux, que, pour trouver quelque chose de pareil, il faut remonter jusqu’aux récits que nous ont faits, des premières représentations de Victor Hugo, les témoins oculaires. […] Je vois à l’énormité de son succès deux causes, dont l’une (la plus forte) est son excellence, et dont l’autre est, sans doute, une lassitude du public et comme un rassasiement, après tant d’études psychologiques, tant d’historiettes d’adultères parisiens, tant de pièces féministes, socialistes, scandinaves ; toutes œuvres dont je ne pense, à priori, aucun mal, et parmi lesquelles il y en a peut-être qui contiennent autant de substance morale que ce radieux Cyrano, mais moins délectables à coup sûr, et dont on nous avait accablés ces derniers temps. […] L’Aiglon, qui est un triomphe, est encore et avant tout un grand succès poétique. […] Ne nous y trompons point : si le succès de M.  […] Et, timide, hésitant devant la grande bataille littéraire, doutant du succès et doutant de soi-même, il se demandait, poète de vingt ans, en ses heures d’angoisses, s’il n’était pas, comme tant de pauvres diables partis pour la conquête des Toisons d’or et rentrés au logis, trempés par la pluie, crottés par la bouc, Colletets de la triste Bohème, un impuissant lui aussi, un demi-poète, un songe creux, un raté !

52. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Émile Augier, Louis Bouilhet, Reboul »

II Parmi les tard venus à cette place, il en est un pour lequel le succès est partout venu vite, et qui pourrait s’appeler, comme Masséna, l’enfant chéri de la Victoire. […] … Telle est la question que nous ne craignons pas de poser devant sa jeune gloire… Comme les diverses manifestations de l’esprit n’en changent jamais la nature, la place d’Augier dans la poésie lyrique et élégiaque nous semble devoir être identiquement la même que dans la poésie dramatique, — moins les retentissements d’un succès, toujours plus sonores à la scène qu’ailleurs ! […] Faire accepter la poésie en l’abaissant, voilà le secret du succès d’Émile Augier ! de ce succès qui sera éphémère. […] Lui aussi, comme Émile Augier, n’a pas attendu son succès, et peut-être, lui aussi, qui sait ?

53. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « IX » pp. 33-36

causes du succès de lucrèce. […] Ce serait une grave et grossière erreur que de voir dans le succès de Lucrèce un second pas dans cette réaction. […] Mais la jeunesse a lu, mais ceux qui ont fait le succès étaient au courant de ces travaux et disposés à accueillir ce style transporté à la scène, enfin, avec pureté et sans trop d’enflure.

54. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Haraucourt, Edmond (1857-1941) »

Nombre des pièces du volume purent reparaître dans l’Âme nue publiée deux ans plus tard avec un très vif succès et qui, en affirmant les qualités de force, de couleur et de pensée de M.  […] Haraucourt soit un succès d’argent ou un succès seulement littéraire, comme il paraît plus probable, il faut féliciter l’Odéon d’avoir donné une œuvre de belle tenue et écrite par un poète de grand mérite.

55. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

Le succès d’une pièce nouvelle a promptement besoin d’être rajeuni par un succès nouveau. […] Expilly, Jules Cauvain, Saint-Yves ; voici surtout Xavier de Montépin, Ernest Capendu, Henry de Kock, qui pourraient dire : Nous aussi, nous avons le succès, le succès populaire ! […] À l’apparition du Caprice, une grande part du succès appartenait à la mode. […] Et cependant les grands succès, les curieuses entreprises de la comédie moderne étaient ailleurs. […] Puis enfin le succès se déplace.

56. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « APPENDICE. — CASIMIR DELAVIGNE, page 192. » pp. 470-486

Il faut avouer que la pâleur de ses dernières productions n’en justifie que trop le peu de succès. […] Nous les lui adressons sincèrement dans l’intérêt de l’art, dans le sien propre, et par conséquent dans le nôtre aussi, à nous tous jeunes gens qui nous sommes associés plus d’une fois à ses succès avec orgueil et avec amour. […] Voilà tout à l’heure vingt ans que l’auteur des Messéniennes a débuté par un succès éclatant et populaire. […] Delavigne, dans les pièces qu’il a données au théâtre pendant ces huit dernières années, tentait avec habileté et convenance une conciliation qui lui fait honneur, qu’on accepte chez lui, mais qui est demeurée insuffisante après chaque succès. […] Le succès sans nuage de la Popularité n’indique pas moins une disposition facile à tous les genres d’impartialité.

57. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Maurice Rollinat »

Les Névroses avaient paru devant moi sous deux formes qu’elles ne pouvaient pas garder malheureusement, et qui devaient donner à ce livre une poussée formidable pour atteindre au succès qu’il a le droit d’ambitionner. […] Il recommencerait le succès de Thomas Moore, au commencement du siècle, quand il chantait dans les salons de Londres ses touchantes Mélodies irlandaises. […] Je tenais à expliquer leur genre de succès. Nerveux aussi, retentissant, violent, orageux, emporté et déchiré à deux courants contraires, ce succès a été ce qu’il devait être. […] Il ne pouvait pas être un succès uni comme le plat de la main, facile à enlever comme un ballon dans lequel il n’y a personne, fluant, sans rencontrer d’obstacle, comme une inondation de bêtise satisfaite rappelant, par exemple, le grand succès de feu Ponsard, dont la Lucrèce fut d’abord un succès de lecture dans je ne sais plus quel salon et qui devint célèbre du soir au matin, tant cet adorable médiocre de Ponsard était délicieusement en accord parfait avec la médiocrité universelle, qui décide de tout dans un pays où la majorité fait loi.

58. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur de Latouche. » pp. 474-502

Émile Deschamps, donnait au théâtre Favart (1818) Selmours, comédie en trois actes et en vers, qui eut un succès honnête, et Le Tour de faveur à Favart d’abord, puis à l’Odéon (1818), un seul acte en vers qui eut un succès de vogue, jusqu’à cent représentations. […] Le succès rapide et assez éphémère de ces lettres du pape et de Carlin excita l’auteur plus qu’il ne le satisfit. M. de Latouche, pendant toute la Restauration, chercha vainement ce grand succès littéraire, né du génie et de l’occasion, et qui fait tomber sur un front la couronne. […] Il avait l’amour des lettres, de la poésie ; lui qui a dit tant de mal des succès intimes et dont on jouit entre amis, il s’y était livré d’abord avec complaisance, avec prédilection : Mais des succès d’amitié (il nous l’avoue quelque part en se confessant lui-même) vous font rêver la gloire, c’est-à-dire le suffrage des indifférents. […] Il levait les épaules et la jetait dans le feu, c’est vrai… La patience minutieuse au travail était portée chez lui à un excès fatal à sa santé comme à ses succès.

59. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Les Mémoires d’une femme de chambre » pp. 309-321

Les Mémoires d’une femme de chambre I Il faut donc en parler malgré nous, de ce petit livre que le doux Jules Janin appelait, l’autre jour, bête et ennuyeux, et qui n’a pas moins son succès, je ne dirai pas comme s’il était spirituel, car ce n’est plus là une raison ! […] Le succès du livre s’est fait sans moi. Le succès de bruit, entendons-nous bien ! qui est, du reste, le vrai succès pour la vanité, quand on n’a ni fierté, ni délicatesse ; et par cela seul me voilà obligé de parler. […] Jules Janin, et en fait de vices je voudrais vraiment qu’on m’en servit d’un peu moins bêtes, — n’ennuient pas et ne dégoûtent point la masse des lecteurs, comme le prouve le succès de bruit dont je me plaignais au commencement de ce chapitre.

60. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVII. Des panégyriques ou éloges adressés à Louis XIII, au cardinal de Richelieu, et au cardinal Mazarin. »

Au milieu des succès, il fut malheureux. […] Il y montra la plus grande valeur, et cette intrépidité froide, qui dans les dangers honorerait tout autre même qu’un prince ; mais il fut plus aisé à Louis XIII d’avoir des succès que de la réputation. Loué par une foule d’orateurs, chanté par Malherbe, célébré à sa mort par Lingendes, placé par la nature entre Richelieu et Corneille, il prouva que le caractère seul peut donner du prix aux actions, aux vertus, aux succès même, et que les panégyristes, malgré leurs talents, ne donnent pas toujours le ton à la renommée. […] Lorsque dans une monarchie il s’élève un sujet qui, par les circonstances ou ses talents, obtient un grand pouvoir, aussitôt les hommages et les regards se tournent de ce côté ; tout ce qui est faible est porté, par sa faiblesse même, à admirer ce qui est puissant ; mais si ce sujet qui commande, a une grandeur altière qui en impose, si par son caractère il entraîne tout, s’il se sent nécessaire à son maître en le servant, si à cette grandeur empruntée qu’il avait d’abord, il en substitue une autre presque indépendante, et qui, par la force de son génie, lui soit personnelle ; si, de plus, il a des succès, et que la fortune paraisse lui obéir comme les hommes, alors la louange n’a plus de bornes. […] Si on leur objecte la difficulté, ils répondent par l’exemple de Henri IV, qui, affermi sur le trône, suivit ce plan, et le suivit avec succès

61. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Préface »

Le succès est venu d’abord aux écrivains nationaux qui se réclamaient de modèles étrangers. […] Il faut donc admettre qu’une cause particulière détermine le succès de ces livres, le succès des révolutions littéraires qu’ils ont provoquées.

62. (1825) Racine et Shaskpeare, n° II pp. -103

Je crois inutile de parler du succès d’un tel morceau en un tel lieu. […] Voyez le vol que prend depuis quatre ans le succès du Tartuffe. […] Vous auriez eu d’abord un succès de satire comme Alfieri en Italie. […] De là, son immense succès. […] Par exemple, quel serait, suivant vous, le point extrême du succès du genre romantique ?

63. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre IX et dernier. Conclusion » pp. 586-601

Comment donc forcer l’esprit humain à rétrograder, et lors même qu’on aurait obtenu ce triste succès, comment prévenir toutes les circonstances qui pourront donner aux facultés morales une impulsion nouvelle ? […] Ce n’est que par la servitude et l’avilissement le plus absolu, qu’on peut les combattre avec succès. […] Ces vérités sont un mobile d’émulation indépendant des circonstances, un but qui console des revers, et ne soumet pas le bonheur au succès. […] Vainement les goûts se modifient, les inclinations changent ainsi que le caractère ; il faut rester la même puisqu’on vous croit la même ; il faut tâcher d’avoir quelques succès nouveaux puisqu’on vous hait encore pour les succès passés ; il faut traîner cette chaîne des souvenirs de vos premières années, des jugements qu’on a portés sur vous, de l’existence enfin telle qu’on vous la suppose, telle qu’on croit que vous la voulez.

64. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XV. Les jeunes maîtres du roman : Paul Hervieu, Alfred Capus, Jules Renard » pp. 181-195

Le suicide, précédé ou non de tricherie au jeu, est une solution dont le succès va croissant. […] Dès ses premiers livres, le succès lui a souri, et jusqu’ici il n’a pas trop souri au succès. […] S’il n’en va plus de même, du moins le succès, après il est vrai plus d’œuvres accumulées, continue de récompenser assez les plus valeureux. […] Et si L’Armature qui parut depuis et qui, ironie, est le premier gros succès de M. 

65. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « A. P. Floquet »

Cependant, la Vie de l’Aigle de Meaux, tout oppressive qu’elle fût pour le faible talent de Bausset, eut un succès réel quand elle parut, et ce succès s’immobilisa dans l’espèce de considération qu’elle a gardée, mais dont les causes ne sauraient échapper qu’à une critique sans pénétration et sans regard. […] Que sont les succès de collège ? […] Mais les succès de Bossuet à Navarre furent assez grands pour préoccuper les plus hautes compagnies d’une des plus hautes époques qui planent dans l’histoire. […] Après ses succès du collège de Navarre et en Sorbonne, Bossuet, prêtre et déjà prédicateur célèbre, se retira tout à coup à Metz, traînant après lui tous les regards de la France.

66. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Ch. Bataille et M. E. Rasetti » pp. 281-294

Rasetti28 I Quelques personnes ont prétendu que sans les Misérables, qui ont, tout ce temps, absorbé l’attention publique, ce livre d’Antoine Quérard aurait recommencé le succès de Madame Bovary. […] Elle est plus fine que les alouettes… Les grands succès vrais, — car il y a les grands succès faux, comme celui des Misérables, tenant à des circonstances extérieures au livre, — les grands succès vrais sont toujours des impressions fraîches. […] Charles Bataille, n’est que la notion du satyriasis, revêtue d’une expression pourprée, pléthorique, qui veut être lyrique à toute force, et qui, sous son lyrisme artificiel, ne cache pas pour nous la honte de la chose, car l’auteur, lui, ne la connaît pas, et, quand il rougit, ce n’est pas de cela… Un tel livre, que l’expression et le bouillonnement empêchent d’être un livre à la de Sade, aurait un succès fou chez les singes, si ces messieurs lisaient des romans ; mais ce n’est pas là une raison décisive pour en avoir un parmi nous… III J’ai dit que je prendrais mes précautions pour raconter le livre de MM. 

67. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Caractères de La Bruyère. Par M. Adrien Destailleur. »

L’audace lui est venue avec le succès ; il mettra double et triple charge ; il chargera à balle forcée la carabine. […] On conçoit qu’un moraliste satirique et souvent personnel comme il l’était, se fût fait une nuée d’ennemis que l’incroyable succès de son livre excitait sans cesse. […] On essaya de nier le succès et de retourner l’opinion. […] Il montre très bien que le complément nécessaire de tout succès est la fureur des médiocres et des jaloux. […] Je ne sais si vous y trouverez votre compte ; mais, en cas de succès, le produit sera pour ma petite amie. » Le libraire accepta.

68. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LEBRUN (Reprise de Marie Stuart.) » pp. 146-189

Il y eut dans cette espèce de renaissance qui en est à son troisième hiver, des succès qui, par leur fraîcheur, leur ensemble et leur plénitude, semblèrent dater d’aujourd’hui. […] Lebrun est un succès de parti, une victoire des lumières sur les préjugés. […] Schlegel, est allé en porter la nouvelle à la Diète assemblée… » Ceci, pour commencer, n’était pas tout à fait juste ; le succès de M. Lebrun, malgré l’origine de l’imitation, ne pouvait être dit un succès allemand, mais bien français. […] Depuis son succès de 1820, sa place y semblait marquée avec certitude ; seulement son poëme sur la Mort de Napoléon l’avait fort retardé.

69. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Pierre Corneille »

Celui-ci la trouva une assez jolie farce, et le jeune avocat de vingt-trois ans partit de Rouen pour Paris, en 1629, pour assister au succès de sa pièce. […] Nous ne le suivrons pas dans les divers succès qui marquèrent sa carrière durant ses quinze plus belles années. […] Ce fut pourtant peu après ces triomphes, qu’en 1653, affligé du mauvais succès de Pertharite, et touché peut-être de sentiments et de remords chrétiens, Corneille résolut de renoncer au théâtre. […] Il semblait que les succès de Quinault et de Racine l’entraînassent sur ce terrain, et qu’il voulût en remontrer à ces doucereux, comme il les appelait. […] Les succès de ses jeunes rivaux l’importunaient ; il s’en montrait affligé et noblement jaloux, comme un taureau vaincu ou un vieil athlète.

70. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 296-302

Il n’a pas eu le même succès lorsqu’il a voulu écrire en François ; ses différentes Traductions, ainsi que ses Vies des Poëtes Grecs, sont d’un style pesant, inexact, & trop sec. […] Les Gens de Lettres peuvent apprendre, par son exemple, à se respecter mutuellement dans les succès & dans les malheurs. […] Nous avons aujourd’hui un homme de Lettres du même nom, Auteur d’une Tragédie, intitulée Zuma, qui, malgré le succès qu’elle a eu au Théatre, ne figurera jamais que parmi les Pieces médiocres.

71. (1809) Tableau de la littérature française au dix-huitième siècle

Telle est sans doute la cause de ses succès et de ses erreurs. […] Ce travail ne fut pas récompensé par le succès. […] Cependant son premier essai fut heureux et mérite le succès qu’il a obtenu. […] La comédie fut aussi cultivée avec succès par quelques auteurs de ce moment, et même avec un succès plus durable ; mais elle avait tout à fait changé de caractère. […] Peu d’écrivains ont obtenu plus de succès.

72. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

L’imagination continuant son travail, au bout de trois jours le succès se change en triomphe. […] Respecte religieusement la pudeur de ton œuvre, vierge de toutes les hontes dont souillent leurs ouvrages les industriels du succès. […] mais c’est, après le succès immédiat, avant ce succès, pour mieux dire, la plus heureuse fortune que puisse rêver un auteur ! […] Un bon ouvrage est une chose, le succès en est une autre. […] Retirée subitement en plein succès, la pièce ne fut jamais reprise. — Le Cyrano de Bergerac, de M. 

73. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Ernest Feydeau » pp. 106-143

S’il est mérité, il oblige à un succès plus grand, sous peine de tomber de la hauteur qu’il vous a faite. […] C’est avec Daniel qu’il va payer son succès de Fanny, et je crois qu’il le paiera cher. C’est qu’aussi le succès de Fanny a été par trop grand ! […] Tel fut le succès de Fanny. […] Ce sont des succès de plaqué.

74. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VIII. Quelques étrangères »

Et, en effet, ce misérable poursuit le succès avec une âpreté qui ne recule devant aucun moyen. […] Une fièvre de succès, de plaisir et de domination aussi ardente que celle d’Annunzio ne va pas sans délire de cruauté. […] Le succès d’Annunzio, plagiaire impuissant à ordonner ses vols en construction solide, d’Annunzio, lyrique écumant de toutes les démences aphrodisiaques et destructives, est une des grandes hontes de notre temps. […] Son succès immédiat n’en eût peut-être pas été diminué : beaucoup de parodies inconscientes sont vues des contemporains aussi favorablement que du poète. […] Flaubert a réussi et doit périr pour les mêmes raisons qui expliquent le succès et la ruine de l’épistolier Jean-Louis Guez de Balzac : leur conception n’est pas de force à porter leur phrase.

75. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Prosper Mérimée. » pp. 323-336

Mérimée, avec des reflets de littérature étrangère transportés avec art et surtout avec ménagement, obtint dans la littérature de son pays une originalité relative, et ce succès de nouveauté qui est au succès du talent ce qu’est à un cerf-volant brillant et bien construit le fort coup de vent qui l’emporte. […] Mérimée a été une raison de plus dans ce vieux succès sur lequel il vit toujours et qui ne lui a jamais été marchandé. Une autre raison encore de ce succès chez le peuple de vaudevillistes, que nous avons le bonheur d’être, c’est la simplicité de la donnée de ces petits romans, tout en action extérieure, d’un sentiment brutal ou sinistre, et racontés avec cette impassibilité de roué qui aura toujours, en France, pays de vanité, un immense empire. […] Tous deux ont fait prendre pour de la richesse une pauvreté de leur esprit, et de petits critiques à la suite… de tout succès ont dégagé une poétique de ce qui n’était qu’une indigence.

76. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre III. Poëtes françois. » pp. 142-215

in-12. a eu peu de succès, parce qu’il y a beaucoup plus de choses ennuyeuses que de traits curieux. […] Son succès fut éclatant, & on ne s’en lassera jamais au théatre & à la lecture. […] La plûpart ont eu du succès à la représentation. […] Le premier eut le plus grand succès ; il le méritoit. […] Depuis Rousseau, aucun Poëte n’avoit touché la lyre avec plus de succès.

77. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Sur la reprise de Bérénice au Théâtre-Français »

La pièce se donna pour la première fois sur le théâtre de l’hôtel de Bourgogne, le 21 novembre 1670 ; elle eut d’abord plus de trente représentations, un succès de larmes, des brochures critiques pour et contre, des parodies bouffonnes au Théâtre-Italien, enfin tout ce qui constitue les honneurs de la vogue. […] Mais indépendamment des circonstances particulières qui favorisèrent le premier succès, et sur lesquelles nous reviendrons, il faut reconnaître que Racine a su tirer d’un sujet si simple une pièce d’un intérêt durable, puisque toutes les fois, dit Voltaire, qu’il s’est rencontré un acteur et une actrice dignes de ces rôles de Titus et de Bérénice, le public a retrouvé les applaudissements et les larmes. […] Les chiffres conservés des recettes ne répondent pas tout à fait à cette haute renommée de succès. Il faut croire à ce succès pourtant, d’après l’impression qui en est restée ; La Harpe, dans le chapitre de son Cours de Littérature où il juge l’œuvre, se plaît à rappeler le nom de Gaussin comme inséparable de celui de Bérénice. […] L’Année littéraire (1783, tome I, page 137) constate un certain succès et en parle comme nous le ferions nous-même, en l’opposant aux succès plus bruyants du jour.

78. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXIII. Des éloges ou panégyriques adressés à Louis XIV. Jugement sur ce prince. »

Toujours les rois sont jugés par les succès, et le contraste de la misère présente obscurcit même l’ancienne grandeur. […] On fut trop ébloui de ses succès : on est trop frappé de ses fautes. […] Il ne prévit point assez que dans la constitution économique des états, de longues victoires ressemblent presque à des défaites ; que tout ce qui est violent, s’use par sa violence même ; que de grandes puissances, unies pour résister, doivent à proportion s’affaiblir beaucoup moins qu’une grande puissance armée pour attaquer ; que les grands hommes qui, à la tête de ses armées, étaient fiers de le servir, devaient, par leur exemple, faire naître d’autres grands hommes pour le combattre ; que toutes les fois qu’on fait de grands efforts, il ne peut y avoir de succès que ceux qui sont rapides, parce que les moyens extrêmes tendent toujours à s’affaiblir. […] Ainsi, de quelque côté qu’on jette les yeux on voit des succès et des malheurs ; on voit de grandes vues et de grandes fautes ; on voit le génie, mais tel qu’il est chez les hommes, et surtout dans les objets de gouvernement, toujours limité ou par les passions, ou par les erreurs, ou par les bornes inévitables que la nature a assignées à toutes les choses humaines. […] Dans ces moments où tout fuit, mais où la vertu reste ; où les flatteries et les éloges de cinquante années se taisent pour laisser élever la voix de la conscience et de la vérité qui ne meurt pas, où l’âme tranquille et courageuse pèse dans un calme terrible tout ce qui a été, et seule avec elle-même, apprécie les crimes, les succès, les victoires, et toutes ces tristes grandeurs humaines qui vont la quitter ; dans ces moments il se reprocha d’avoir sacrifié à un vain désir de gloire la félicité des peuples.

79. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 493-499

Tout ce qu’on peut dire avec les Panégyristes de M. de la Chaussée, c’est qu’il est le premier qui ait présenté avec succès ce genre bâtard sur notre Théatre. […] Il fait juger des choses par les principes, & non par les succès ; il se rappelle, dans ces momens de délire général, que les alimens les plus contraires sont quelquefois agréables aux estomacs dépravés, que la disette ou l’amour de la nouveauté donne du prix à la médiocrité, au vice même ; & connoissant tout à la fois les sources de la bizarrerie dominante, de la nature des objets qui l’entretiennent, le génie de la Nation qui l’encense, il attend, & pourroit prédire avec certitude, le moment de la révolution qui doit guérir de cette frénésie. […] Ce seroit avilir le Cothurne, ce seroit manquer à la fois l’objet de la Tragédie & de la Comédie ; ce seroit une espece bâtarde, un monstre né de l’impuissance de faire une Comédie & une Tragédie véritable. » Quoique M. de Voltaire ne fasse pas loi dans le genre comique, par le peu de succès de toutes ses Comédies, il grossit donc la foule de tous nos bons Littérateurs qui se sont élevés contre ces esprits médiocres, qui s’efforcent de rembrunir la Scène, ne pouvant l’égayer.

80. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Eugène Chapus »

Chapus est un de ces rares esprits distingués par tant de tournure et une aristocratie si naturelle qu’ils doivent longtemps manquer le succès dans une société positive comme la nôtre, enragée d’égalité et d’envie, et chez qui, en fait d’appréciation des choses de goût, tout est devenu gros de ce qui était fin autrefois. […] ils manquent le succès pendant longtemps, et c’est leur gloire. […] Avec tout ce que nous savions de l’auteur, nous pouvions craindre que ces livres, d’une spécialité si restreinte et d’une technologie presque savante, pensés par un talent très fin, très particulier, très genuine, — comme ils disent si bien en Angleterre, — lequel ajoutait son originalité native à tous les schibboleth d’une société très élevée qui a aussi son genre de langage, ne franchît pas les limites de cette société et y concentrât son succès.

81. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite et fin.) »

Le prompt succès de cette première partie décida l’auteur à se remettre aux lettres plus résolument que jamais. […] je vous en garde un pour la bonne bouche, qui sera le parfait et le superfin dans ce genre d’aventures. » Il ne s’apercevait pas en parlant ainsi, que par son gai succès de Don Quichotte il allait rendre son succès sérieux impossible ; il tirait d’avance sur son futur roman, et Persilès et Sigismonde n’avait plus lieu de naître. […] Je n’ai plus qu’à esquisser l’historique du succès de Don Quichotte parmi nous, et de sa fortune en deçà des Pyrénées, en France. […] Les diverses raisons qu’on pourrait trouver à ce succès si prompt et si universel de Don Quichotte seraient encore insuffisantes, et il faudrait y ajouter je ne sais quelle bonne étoile qui ne s’explique pas. […] Quoi de plus naturel, en effet, et de plus indiqué, ce semble, que de rapprocher ce succès de Don Quichotte en Espagne ou en France du grand succès qu’avait eu le Cid, d’opposer l’un à l’autre, de mettre en contraste les points de vue, de voir dans l’une de ces créations une contre-partie de la création rivale, une revanche ?

82. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Balzac. » pp. 443-463

La clef de son immense succès était tout entière dans ce premier petit chef-d’œuvre32. […] Si rapide et si grand qu’ait été le succès de M. de Balzac en France, il fut peut-être plus grand encore et plus incontesté en Europe. […] Oui, M. de Balzac a peint les mœurs de son temps, et son succès même en serait une des plus curieuses peintures. […] À cette distance, la portion légèrement fantastique qui s’y mêle à la réalité, et qui de près en compromettait le plein succès auprès des esprits difficiles, disparaissait ou même n’était qu’un attrait de plus. […] M. de Balzac parle encore quelque part de ces artistes qui ont « un succès fou, un succès à écraser les gens qui n’ont pas des épaules et des reins pour le porter ; ce qui, par parenthèse, dit-il, arrive souvent ».

83. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame Sophie Gay. » pp. 64-83

La mère de Mme Émile de Girardin présida longtemps aux succès et à la renommée poétique de sa fille ; elle en reçut des reflets qui la réjouirent, qui la rajeunirent, et qui ne l’éclipsèrent pas. […] Cette date est d’ordinaire celle de notre jeunesse, de notre première ivresse et de nos premiers succès : il se fait là au fond de nous-mêmes un mélange chéri, que rien plus tard n’égalera. […] Au milieu des mille choses qu’une jeune femme, lancée dans le monde comme elle l’était, avait droit d’aimer à cette époque et à cet âge, il en était une que Mme Gay mit dès l’abord sans hésiter au premier rang, je veux dire l’esprit, les talents, la louange et le succès qui en découlent. […] Elle s’était de tout temps beaucoup occupée de théâtre, et plusieurs de ses pièces, soit à l’Opéra-Comique, soit au Théâtre-Français, furent représentées avec un certain succès. […] Sa vanité n’était point pour elle ni pour ses ouvrages ; elle ne la mettait que dans le succès de ses proches, de ses entours ; quant à elle-même, qui avait tant produit, elle n’avait point d’amour-propre d’auteur : ce n’était qu’un amateur qui avait beaucoup écrit.

84. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Appendice » pp. 511-516

L’attention de la commission s’est portée d’abord sur les pièces jouées au Théâtre-Français, soit “en cinq ou quatre actes”, a soit “en moins de quatre actes”, et qui, ayant obtenu un succès, pouvaient de plus prétendre avoir satisfait, selon les termes de l’arrêté, “à toutes les conditions désirables d’un but honnête et d’une exécution brillante.” Après s’être occupé quelque temps, et non sans trouver à y louer de deux pièces, l’une80 d’une exécution assez vigoureuse, atteignant à des effets dramatiques assez émouvants, mais trop pénible de combinaison et d’une moralité un peu forcée ; l’autre81 délicate et gracieuse, toute morale d’intention sans doute, mais bien légère de tissu et d’un dessin trop arrangé, la commission s’est sentie particulièrement attirée vers un ouvrage qui lui était signalé par un succès vif, dû à un agréable entrain, à une facilité de bonne veine, à beaucoup de gaieté et de naturel, qualités excellentes et qui deviennent rares. […] Parmi les pièces représentées sur un autre théâtre que le Théâtre-Français, la commission, même après un premier choix, avait à en examiner plusieurs de mérite inégal et de genre fort divers ; mais elle ne pouvait ne point se préoccuper, avant tout, d’un ouvrage qui lui était désigné par le plus brillant succès, par la jeunesse et la maturité du talent, et qui est, sans contredit, la plus remarquable des pièces représentées pendant l’année. […] Reprenant alors le texte même de l’arrêté du 12 octobre 1851, on n’a eu qu’à relire l’article 4, ainsi conçu : “Une prime de cinq mille francs pourra être accordée chaque année à l’auteur d’un ouvrage en cinq ou en quatre actes, en vers ou en prose, représenté avec succès à Paris, pendant le cours de l’année, sur tout autre théâtre que le Théâtre-Français…, et qui serait de nature à servir et à l’enseignement des classes laborieuses par la propagation d’idées saines et le spectacle de bons exemples.

85. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section III. Des ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre III. De l’étude. »

L’étude offre un but qui cède toujours en proportion des efforts, vers lequel les progrès sont certains, dont la route présente de la variété sans crainte de vicissitudes, dont les succès ne peuvent être suivis de revers. […] Plusieurs écrivains se sont servis des raisonnements les plus intellectuels pour prouver le matérialisme ; mais l’instinct moral est contre cet effort, et celui qui attaque avec toutes les ressources de la pensée la spiritualité de l’âme, rencontre toujours quelques instants où ses succès même le font douter de ce qu’il affirme. […] Il faut une grande puissance de caractère pour se déterminer aux premiers essais, mais les succès qu’ils assurent deviennent une sorte d’habitude, qui amortit lentement les peines de l’âme. […] Le plus grand chagrin qu’on puisse éprouver c’est l’obstacle de quelques difficultés qui ajoutent au plaisir du succès.

86. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XIX. M. Cousin » pp. 427-462

Cousin, sur la duchesse de Longueville, a un succès incontestable. Mais la Critique, sous peine d’être incomplète, sous peine de ne voir que la moitié des choses, a droit de regard sur le succès autant que sur les compositions qui l’obtiennent — si souvent sans le mériter. […] c’est là justement ce qu’il importe de dire, nous croyons que le succès de Mme de Longueville, succès qui, du reste, vaut le livre, peut s’expliquer très bien par des raisons qui ne sont nullement les mérites de M.  […] Un tel succès ne peut durer. […] Cousin ne sera rien en comparaison de celle que sera obligé de se donner son biographe à lui, s’il en a un jamais, pour retrouver, dans quelques années, les traces de son éphémère succès d’aujourd’hui !

87. (1902) Le chemin de velours. Nouvelles dissociations d’idées

Max Nordau a dessiné le plan machiavélique d’une école du succès. […] Ce serait le succès. Le succès a quelque chose de précis qui calme et qui nourrit. […] C’est absurde ; mais tout succès a une cause. […] La foule crée le succès ; la caste crée la beauté.

88. (1878) La poésie scientifique au XIXe siècle. Revue des deux mondes pp. 511-537

Il est vrai de dire que c’est précisément parce que tout cela fait défaut que des esprits industrieux et courts tentent d’y substituer les surprises d’un vers à effet, et visent aux petits succès, aux petites merveilles du détail, funestes au grand art. […] Cette question demanderait à être tranchée par un grand exemple, quelque poème achevé et d’un succès décisif. […] Un succès, même incomplet, cherché et obtenu à cette hauteur, honore un talent, mesure un courage et provoque, avec la plus sérieuse sympathie, un examen approfondi. Depuis longtemps déjà, non content d’un succès rapide qui eût enivré tant d’autres et qui avait mis quelques-uns de ses vers dans bien des mémoires et des cœurs émus, M.  […] Pourquoi donc, malgré tant d’efforts et de mérites, le succès est-il resté douteux ?

89. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1887 » pp. 165-228

Tous les éléments d’un grand succès. […] Mais le public est empoigné au second acte, et le succès va grandissant, et tourne au triomphe à la fin de la pièce. […] Je croyais à un incontesté succès de Numa Roumestan, et voici qu’en dépit des applaudissements d’hier, de la critique élogieuse de ce matin, Ganderax qui, certes, n’est pas hostile à Daudet, me fait part de l’attitude un peu réservée de la salle, des causeries des corridors, du mauvais effet produit par le jeu dramatique de Mounet, et estime que le succès se bornera à une trentaine de représentations. […] Un succès au théâtre, ne vaut pas les embêtements, et l’émotion qu’avait, ce soir, Hennique ! […] Et sait-on d’où vient le succès de cette pièce, effet que je n’avais pas prévu à la lecture ?

90. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LX » pp. 231-236

. — succès malsain de cour d’assises. — prétendue découverte du cœur de saint louis. — polémique entre m. letronne et m. le prevost. […] Le succès des Mystères de Paris est du même ordre que celui de madame Lafarge. […] Se peut-il que ce soit au lendemain d’un succès d’Antigone que l’on coure à Donon-Cadot ?

91. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre III. De la comédie grecque » pp. 113-119

C’est à l’homme que vous vous adressez dans la tragédie ; mais c’est une telle époque, c’est un tel peuple, ce sont de telles mœurs, qu’il faut connaître pour obtenir dans la comédie un succès populaire : les pleurs sont pris dans la nature, et la plaisanterie dans les habitudes. […] Ces portraits des hommes vivants, ces épigrammes sur les faits contemporains, sont des plaisanteries de famille et des succès d’un jour, qui doivent ennuyer les nations et les siècles ; le mérite de tels ouvrages peut disparaître même d’une année à l’autre. […] C’est un écueil pour les pièces de théâtre des peuples libres, que les succès qu’on obtient, en mettant en scène des allusions aux affaires publiques.

92. (1912) Enquête sur le théâtre et le livre (Les Marges)

Ce qui fait que le goût du théâtre ne peut pas être un indice de développement intellectuel, c’est que le genre théâtre est condamné au succès, au succès immédiat. […] C’est si vrai qu’Antoine, fidèle à lui-même, essaie de le réouvrir en son vaste Odéon où nous voyons avec joie le succès récompenser enfin son inlassable effort, et que M.  […] Spéculez sur la larme à l’œil, la chair de poule ou la chair de p… Hormis cela, n’attendez nul succès. […] Mais est-ce qu’on ne publie pas une quantité de romans détestables, qui obtiennent les plus grands succès ? […] Mais la passion de la lecture aussi : témoin, le succès des nombreuses collections de romans à prix réduit, la multiplication incessante des magasins littéraires.

93. (1828) Préface des Études françaises et étrangères pp. -

Quelque chose de moqueur et d’impatient agite et caractérise la population de nos salons ; ce qui est naïf et grand, y est traité d’ennuyeux ou de ridicule, et les bougies n’éclairent que les succès du bel esprit et des grâces fardées. […] De temps à autre de nouvelles combinaisons de plaisirs, de nouvelles conditions de succès deviennent nécessaires. […] combien eu est-il qui ont survécu à leur succès ! […] Le Paria est l’ouvrage de M. de la Vigne qui a eu le moins de succès, et qui lui fera le plus d’honneur. Une autre traduction de Schiller, qui rappellerait sans aucun doute le succès de Marie Stuart, c’est le Guillaume Tell que Pichat a laissé.

94. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Discours préliminaire » pp. 25-70

J’ai essayé de rendre compte de la marche lente, mais continuelle, de l’esprit humain dans la philosophie, et de ses succès rapides, mais interrompus, dans les arts. […] Si les Français cherchaient à obtenir de nouveau des succès dans la carrière littéraire et philosophique, ce serait un premier pas vers la morale ; le plaisir même, causé par les succès de l’amour-propre, formerait quelques liens entre les hommes. […] Elle n’a plus d’intérêt commun avec leurs succès ; ils ne lui font éprouver que le sentiment de l’envie. […] Les sciences et les arts sont une partie très importante des travaux intellectuels ; mais leurs découvertes, mais leurs succès n’exercent point une influence immédiate sur cette opinion publique qui décide de la destinée des nations. […] Ce qui frappe l’imagination, c’est la décision de la fortune, c’est le succès de la valeur.

95. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Le président Hénault. Ses Mémoires écrits par lui-même, recueillis et mis en ordre par son arrière-neveu M. le baron de Vigan. » pp. 215-235

Il cultivait avec succès la musique, la poésie et la littérature légère. […] Il ne se pique ni de naissance ni de titres illustres ; mais il est assez riche pour n’avoir besoin de personne… On trouve dans ce portrait sorti d’une plume amie tout ce qui peut expliquer les succès et la réputation du président dans le monde et en son bon temps. […] Hénault, sur son siège, pouvait sourire et jouir à bon droit du succès de sa pièce : elle avait mieux réussi cette fois que Cornélie, et les acteurs étaient de première qualité. […] Et ce qui ne laisse pas d’être assez joli, le discours de M. de Morville eut beaucoup plus de succès que celui du président et l’effaça même dans l’opinion du jour. […] Son Nouvel Abrégé chronologique de l’histoire de France parut pour la première fois en 1744, et, grâce à la position sociale de l’auteur, obtint à l’instant beaucoup de succès et un succès mérité : Hénault, fameux par vos soupés Et par votre chronologie, etc.

96. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — I. » pp. 279-295

Il représente une phase nouvelle et un progrès social dans la science qu’il cultivait avec succès ; il contribua plus que personne en son moment à la rendre facile, accessible, même élégante de forme, en la laissant sérieuse et solide ; à la tirer des écoles, sans la rendre pour cela frivole et sans la profaner. […] En 1772, il entra en licence à la faculté de Paris, et, tout en amassant des connaissances, non moins avide de les répandre et de les voir se réfléchir en autrui, il ouvrit des cours qui eurent beaucoup de succès. […] Deux grosses passions avaient en lui subjugué toutes les autresi : l’une était celle de s’instruire, et l’autre de se distinguer… Vicq d’Azyr avait gardé, même au milieu de ses succès académiques, un vif sentiment de ces premiers cours qu’il avait professés dans sa jeunesse et dans lesquels il s’était épanoui tout entier : « C’est un bel art, disait-il, que celui de l’enseignement. […] Une jeune fille, nièce de Mme Daubenton, ayant été saisie d’un évanouissement près d’une salle d’étude où était Vicq d’Azyr, celui-ci accourut, prodigua ses soins à la jeune malade, et lui inspira un soudain intérêt qui se consacra bientôt par un mariage : ce mariage dura peu, et la mort de la jeune femme laissa Vicq d’Azyr veuf, et libre de nouveau, ce qui ne nuisit pas à ses succès dans le monde : mais il avait acquis l’amitié de Daubenton et les moyens, grâce à lui, d’étendre ses recherches d’anatomie sur les animaux étrangers. […] À les lire aujourd’hui, on a besoin, pour en comprendre tout le succès, de se replacer en scène, au vrai point de vue, et de se représenter cet auditoire mobile, sensible aux moindres allusions, avide de connaissances faciles, riche d’espérances en tout genre, des plus complaisants à l’admiration, et qui savait très bien s’éprendre d’une correction ornée à défaut d’une plus haute éloquence.

97. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre V. Mme George Sand jugée par elle-même »

— Il est vrai qu’elle est le succès le plus curieux, le plus grand et le plus facile de tout le dix-neuvième siècle, et le succès a toujours de très humbles et très obéissants serviteurs qui, comme des laquais, se galonnent de respect sur toutes les coutures ; mais, après tout, elle n’est pas pour cela inviolable, et même elle ne voudrait pas l’être, cette fille de la Libre-Pensée ! […] Je l’ai dit plus haut, son succès obtenu, soutenu et maintenu trente ans, est un vrai phénomène ! […] je touche ici à une chose profonde ; je touche à l’explication du succès immense de Mme Sand. […] Thiers est, en effet, la seule personne du siècle à qui le succès ait été aussi facile qu’à Mme Sand. À talents faciles, succès faciles !

98. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — II » pp. 161-173

Loin d’être enivré du succès, il ne voit que les difficultés surgissantes, et il se méfie de la Fortune « qui aime, dit-il, à changer de parti ». […] C’est le plus admirable lieutenant, le plus parfait élève qui vient de gagner l’estime, l’amitié du maître, et à qui Bonaparte, dès le lendemain (le 15), écrit : « Je vous apprends avec plaisir, mon cher général, que le général Augereau a attaqué hier l’ennemi, lui a pris quelques hommes, douze pièces de canon, lui a brûlé ses ponts, etc. » Joubert, enfin, chargé seul de poursuivre et d’achever Alvinzi dans cette journée du 15, écrit à Bonaparte, le soir même : J’ai parfaitement suivi vos dispositions pour l’attaque de la Corona ; le succès a été au-delà des espérances : trois pièces de canon, quatre ou cinq mille prisonniers ; Alvinzi lui-même, précipité dans les rochers et se sauvant comme un éclaireur sur l’Adige et sans soldats : tel est en abrégé le résultat de cette affaire. […] Joubert se voit chargé encore de tirer les conséquences dernières du succès de Rivoli, c’est-à-dire d’envahir le Tyrol italien jusqu’à Trente. […] Je signale notamment celle du 17 février 1797, écrite pendant les négociations de Tolentino, et quand Joubert, après son succès, était à Trente. […] Il apportait le poids de ses succès dans la balance de la paix glorieuse qui s’agitait encore et qui se réglait huit jours après.

99. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Gustave Flaubert » pp. 61-75

Gustave Flaubert a eu un succès éclatant et rapide, et ce succès n’est pas épuisé. […] La Vogue, cette badaude et cette sotte, n’avait rien à voir dans ce succès franc et mérité. […] Flaubert. — Selon nous, jamais succès ne fut plus juste. […] Il a peut-être un superbe avenir9, mais son succès d’aujourd’hui force la Critique à plus de rigueur dans la vérité.

100. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Appendice. [Rapport sur les primes à donner aux ouvrages dramatiques.] » pp. 497-502

Le premier article de l’arrêté ministériel propose une prime de cinq mille francs « à l’auteur d’un ouvrage dramatique en cinq ou quatre actes, en vers ou en prose, représenté avec succès pendant le cours de l’année sur le Théâtre-Français, et qui sera jugé avoir le mieux satisfait à toutes les conditions désirables d’un but moral et d’une exécution brillante ». Le second article du même arrêté propose une prime de trois mille francs « à l’auteur d’un ouvrage en moins de quatre actes, en vers ou en prose, également représenté avec succès pendant le cours de l’année sur le Théâtre-Français, et qui, dans des proportions différentes, serait jugé avoir rempli au plus haut degré les mêmes conditions ». […] C’était moins encore l’auteur de la comédie L’Honneur et l’Argent, qui envoyait sa pièce au concours, que la voix publique et l’acclamation d’un grand succès qui semblaient la désigner dès l’abord au choix de la Commission. […] Ponsard, il ne resterait plus à décerner qu’une prime de trois mille francs destinée « à l’auteur de l’ouvrage en moins de quatre actes, en vers ou en prose, représenté avec succès pendant le cours de l’année, à Paris ou dans les départements, sur quelque théâtre que ce soit, autre que le Théâtre-Français », et qui satisferait d’ailleurs aux conditions morales du concours.

101. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Corneille, et le cardinal de Richelieu. » pp. 237-252

Là, sans que mes amis prêchent leurs sentimens, J’arrache quelquefois leurs applaudissemens ; Là, content du succès que le mérite donne, Par d’illustres avis je n’éblouis personne. […] Quelque succès qu’eussent eu Mélite, Clitandre, la Veuve, la Galerie du palais, la Suivante, la Place royale, Médée, s’il en fût resté là, jamais la scène Françoise n’eût égalé la scène Grecque. […] Un succès si prodigieux ne faisoit qu’augmenter le dépit secret du cardinal. […] L’amour développa ses talens pour le genre dramatique, & le dégoûta de sa première profession, qu’il avoit exercée sans succès.

102. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Louis Bouilhet. Festons et Astragales. »

Il n’a pas attendu son succès. […] Avoir du talent, mais se garder de l’invention comme de la peste, n’avoir pas surtout l’insolent privilège de l’originalité qui choque tant les esprits vulgaires et viole trop cette chère loi de l’égalité ; avoir du talent et même s’en permettre beaucoup si on peut, mais sous la condition expresse que ce sera sur un mode connu, accepté, qui ne dérangera rien dans les habitudes intellectuelles et ne sera point, pour ceux qui se comparent, une différence par trop cruelle, telle est la meilleure et la plus prudente combinaison qu’il y ait pour se faire un succès, qui suffit à la vie et même à la fatuité dans la vie et pour se passer très bien de la gloire, — ce morceau de pain toujours inutile, gagné en mourant de faim par ces imbéciles d’inventeurs qui ne le mangent pas ! […] Ils doivent leur succès aux mêmes causes. […] Louis Bouilhet n’est présentement aux yeux de la Critique, qui ne croit pas à la solidité des succès que les bourgeois bâtissent, rien de plus que la cinquième roue au char du romantisme qui dételle… Je sais bien qu’il ne nous croira pas, ni pour le romantisme ni pour lui… Il ne croira jamais, parce que nous le lui disons, qu’il n’est qu’un Victor Hugo de dixième venue, un enfant robuste qui n’a pas craint de toucher au cor de ce Roland qui a sonné dans Les Contemplations, son Roncevaux littéraire, et s’est mis à en sonner comme s’il était Roland lui-même, devant crever au bout, non de désespoir, mais de l’entreprise, quoiqu’il ait eu foi, comme un enfant, en sa trompette !

103. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Deltuf » pp. 203-214

Succès à faux ! […] … Le succès à faux finit par avoir l’air si bête que tôt ou tard l’esprit et la justice sont vengés de cette mortelle impertinence. […] Qui peut dédommager un homme de talent, surtout quand il commence à naître et qu’il a besoin d’un peu de succès pour se développer ; qui peut le dédommager de l’inattention, du silence, de l’oubli, de toutes ces horribles choses qui viennent s’entasser autour de son livre et l’intercepter au public, qui le lirait, si la Critique, vigie infidèle, avait dit le mot qu’elle doit dire et avait averti ? […] Pourquoi le succès du Don Juan ?

104. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome II

c’était là le fruit des méditations profondes d’un jeune homme de vingt-sept ans, auteur de deux tragédies qui avaient eu du succès ? […] Je crois que c’est dans ce seul genre qu’un auteur peut se frayer une route nouvelle et obtenir de grands succès. […] Il chanta sur le même théâtre plusieurs jours de suite, et ne négligea point pour son succès les précautions aujourd’hui si fort usitées. […] Cependant la déclaration d’Hippolyte a toujours un grand succès au théâtre, à cause du contraste de ses mœurs sauvages avec cet acte galant. […] Le grand succès d’Esther, dit madame de Caylus, avait mis Racine en goût.

105. (1769) Les deux âges du goût et du génie français sous Louis XIV et sous Louis XV pp. -532

Je l’avoue, lui dit le Poëte moderne, & vous savez quel en fut le succès. […] Plusieurs de ses Odes ont mérité leur succès. […] La Gouvernante a mérité son succès. […] Il a eu des succès brillans & mérités dans le genre établi. […] Harny à chercher de nouveaux succès.

106. (1875) Premiers lundis. Tome III « Émile Augier : Un Homme de bien »

Émile Augier, déjà connu par le succès qu’avait obtenu son gracieux essai de l’année dernière, la Ciguë, une espèce de petit proverbe athénien. […] On a beau s’autoriser de ces anciens exemples si célèbres dans l’histoire de la comédie de caractère, le Méchant, le Métromane, le Glorieux ; il y a toujours eu quelque à-propos de circonstance et de société, plus ou moins fugitif, dans ces grands succès d’autrefois qui nous paraissent de loin avoir porté sur des caractères un peu abstraits. […] — N’oublions pourtant pas d’ajouter que l’oncle Bridaine, si bien joué par Provost, et qui rentre dans les anciennes données comiques, est excellent : il prête aux meilleures scènes de l’ouvrage, et le second acte lui a dû son espèce de succès.

107. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XII. Mort d’Edmond de Goncourt » pp. 157-163

M. de Goncourt ne connut jamais les succès de grand public. […] Un livre d’art ne peut avoir le succès fou que par une méprise du public. […] Vainement il tentait de se confirmer par des succès de théâtre son illusoire puissance sur les foules : toutes ses pièces firent bâiller.

108. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre VI. Recherche des effets produits par une œuvre littéraire » pp. 76-80

On arrive sans trop de peine à savoir si elle a réussi auprès des contemporains et en quelle mesure, si elle a obtenu un succès lent ou rapide, disputé ou presque unanime, éphémère ou durable. […] On peut même mesurer approximativement jusqu’à quel point le succès d’une œuvre s’est étendu dans le temps et dans l’espace. […] On n’a pas encore oublié quelle quantité de petits René, quelles contrefaçons de Don Juan les succès de Chateaubriand et de Byron firent éclore au commencement de notre siècle.

109. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 12, qu’un ouvrage nous interesse en deux manieres : comme étant un homme en general, et comme étant un certain homme en particulier » pp. 73-80

C’est trop hazarder que de vouloir nous faire aimer des personnages qui nous sont pleinement indifferens, avec assez d’affection, pour être émus de tous leurs succès et de toutes leurs traverses. […] Ma seconde reflexion sera sur l’injustice des jugemens temeraires qu’on porte quelquefois en taxant de mensonge ce que disent les anciens du succès prodigieux de certains ouvrages, et cela parce qu’on ne fait pas attention à l’interêt particulier que prenoient à ces ouvrages ceux qui leur ont tant applaudi. […] Qu’ils ne s’en rapportent pas même uniquement à leur propre discernement, en une décision tellement importante au succès de leurs ouvrages.

110. (1857) Causeries du samedi. Deuxième série des Causeries littéraires pp. 1-402

Il y eut, pour forcer le succès de ce roman et le surfaire, une de ces prises d’armes de la réclame sur lesquelles on était alors moins blasé et moins désabusé qu’aujourd’hui. […] Mercadet seul a eu du succès ; succès posthume, qui ne prouve absolument rien pour le génie dramatique de l’auteur ; car c’était déjà la réaction qui commençait, et, pour rendre la pièce jouable, il avait fallu la refaire. […] les succès de M.  […] Hugo est bien libre de s’arranger toujours pour être de l’opinion qu’il croit la plus favorable à ses succès. […] Les brillants succès remportés au dehors ont fait aisément oublier ou absoudre la dureté déployée dans le gouvernement intérieur du royaume.

111. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article »

] Cinq ou six petites Comédies mêlées d’ariettes, parmi lesquelles le Maître en Droit & le Cadi dupé sont les seules qui aient eu un succès durable, annoncent dans lui des talens pour ce nouveau genre de spectacle. Ne mettons pas, au reste, ces sortes de succès au rang des titres qui peuvent assurer une gloire solide dans quelque état que l’on soit, & encore moins dans les Lettres.

112. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 279

Sa Tragédie de Brutus eut le plus grand succès, & mérite d’être distinguée de cette foule de Pieces qu’on ne joue plus. […] Sa liaison avec M. de Fontenelle a bien pu contribuer autant au succès de sa réputation, qu’au développement de son esprit.

113. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Alexandre Dumas. Mademoiselle de Belle-Isle. »

Entre tant de gens de talent qui se fourvoient, et qui semblent, à chacune de leurs œuvres nouvelles, vouloir réaliser sur eux-mêmes la décadence dont parle le vieux Nestor à l’égard des générations successives, c’est un vrai plaisir qu’un succès soudain, brillant, facile, qui, pour l’un d’eux, remet toutes choses sur le bon pied, et montre qu’une veine heureuse n’est point du tout tarie. […] Le succès de l’air tout entier dépendait de la manière dont on prendrait l’intonation. […] Quoi qu’il en soit de toutes ces remarques du lendemain, la soirée de Mademoiselle de Belle-Isle a été brillante ; succès facile, amusant et mérité d’un talent spirituel et chaleureux, qui a d’heureux coups de main à la scène, qui égale quelquefois ses imprudences par ses ressources, et qui, dans ses quinzaines bigarrées, s’il compromet aisément un triomphe par des échecs, peut réparer ceux-ci non moins lestement par des revanches. […] Le succès de Mademoiselle de Belle-Isle semble assez l’indiquer à M. 

114. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — George Sand. Cosima. »

Elle ne le paraissait pas davantage, certainement, aux auteurs dramatiques de toute école et de toute nuance, qui n’aiment jamais à entrer en partage, surtout quand le nouveau venu est suspect de griffe de lion, et, sans mettre le cœur humain au pis, on peut supposer que ces auteurs de tous bords qui surveillent une première représentation, n’auraient pas voté à pensée ouverte pour un succès non marchandé. […] On oublie trop, dans le cas particulier, ce que c’est qu’un talent actif, généreux, dont le plaisir est surtout d’aller, de tenter, qui ne compte pas un à un les pas accomplis, qui n’est point à une œuvre ni à un succès près, qui se sent comme plein de lendemains ; un talent au-dessus des glorioles, et qui ne marchande pas la gloire. […] Au lieu de cela, Geffroy l’a débitée comme la chose du monde la plus simple et la plus facile à penser et à dire, et le succès du passage en a été troublé. […] Quand le succès d’une pièce est contesté, c’est d’ordinaire au moment où l’acteur parvient à nommer l’auteur, que l’explosion du conflit est la plus forte.

115. (1682) Préface à l’édition des œuvres de Molière de 1682

Le succès de ses études fut tel qu’on pouvait l’attendre d’un génie aussi heureux que le sien. […] Il tâcha dans ses premières années de s’établir à Paris avec plusieurs enfants de famille, qui par son exemple, s’engagèrent comme lui dans le parti de la Comédie sous le titre de l’Illustre Théâtre ; mais ce dessein ayant manqué de succès (ce qui arrive à beaucoup de nouveautés) il fut obligé de courir par les Provinces du Royaume, où il commença de s’acquérir une fort grande réputation. […] Elle eut un succès qui passa ses espérances : Comme ce n’était qu’une pièce d’un seul Acte qu’on représentait après une autre de cinq, il la fit jouer le premier jour au prix ordinaire, mais le peuple y vint en telle affluence, et les applaudissements qu’on lui donna furent si extraordinaires, qu’on redoubla le prix dans la suite ; ce qui réussit parfaitement à la gloire de l’Auteur, et au profit de la Troupe. L’année suivante il fit Le Cocu imaginaire, qui eut un succès pareil à celui des Précieuses.

116. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XVII. Morale, Livres de Caractéres. » pp. 353-369

Les bons livres de morale ont toujours beaucoup de succès ; c’est ce qui a si fort multiplié le nombre des mauvais ; c’est ce qui a fait tant d’imitateurs de la Bruyere, dont aucun n’a égalé ce célébre écrivain. […] Son livre n’a pas laissé d’avoir du succès, surtout en province, parce que dans le grand nombre de pensées qu’il a compilées, il y en a quelques-unes de solides & d’ingénieuses. […] Certains portraits satyriques, & un caractère de galant homme & d’homme du monde, ont fait le succès de ce livre. […] Le prodigieux succès des Lettres Persanes encouragea l’Imitatorum pecus.

117. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. CHARLES MAGNIN (Causeries et Méditations historiques et littéraires.) » pp. 387-414

Mais quand il s’attaquait au faux classique, aux vieilleries modernes, à ces usurpations de succès qui tranchaient du légitime, oh ! […] Je disais tout à l’heure que, pour la question littéraire, la révolution de 1830 avait coupé court et changé les conditions de succès ; je ne me suis pas assez expliqué peut-être. […] Les écrivains polémiques et les pamphlétaires l’ont bien senti : ceux qui ont eu du succès en dernier lieu l’ont pris sur un autre ton, et ce ton, en général, était plus aisé en ce qu’il a plutôt grossi. […] Tel fut Courier ; lors même qu’il obtint des succès de parti, c’étaient encore des succès de muse. Nous ne disons rien ici, d’ailleurs, pour protester contre un succès plus populaire et qui a voulu l’être.

118. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article »

Il a cultivé la Poésie Françoise & Latine, & n’a eu de succès durables que dans cette derniere Langue. […] Ses fils & ses petits-fils cultiverent avec succès, les uns les Sciences, les autres l’Erudition, plusieurs la belle Littérature & la Poésie.

119. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre III. Le roman » pp. 135-201

Quo Vadis et Aphrodite ont été les derniers succès de librairie. […] Ce succès reste à la louange de l’auteur qui aura dédaigné les procédés trompeurs, et du public qui aura aimé la beauté véritable. […] Elle l’a tenté avec succès. […] Le succès est venu à lui, — et c’est justice. […] Nul ne pouvait croire qu’il atteindrait au succès près du grand public.

120. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Étienne, ou une émeute littéraire sous l’Empire. » pp. 474-493

C’est à ce moment que le succès éclatant de la comédie des Deux Gendres vint le désigner, d’autre part, comme un successeur presque direct de Molière. […] Le succès de M.  […] Étienne à l’Institut, et assez jaloux, par position comme par nature, de ses succès. […] Après ce grand succès des Deux Gendres et l’éclat qui s’en était suivi, M.  […] Les paroles qu’il prononça à cette occasion le 15 janvier 1844 devant le public, par une journée glaciale et en pleine rue Richelieu, furent son dernier succès.

121. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Michelet »

Sans le ridicule abondant en beaucoup de détails de cette production incroyable, et le comique grotesque de certains enthousiasmes et de certaines attitudes de l’auteur, le livre peut-être aurait un succès. […] que les femmes, par qui vient tout succès en France, soient, au fond, extrêmement flattées de la définition que fait d’elles Michelet : d’éternelles convalescentes entre deux blessures. […] Je n’entends pas se faire le bruit distinct et montant d’un succès. […] Si au lieu de l’appeler l’Oiseau, Michelet avait appelé son livre « l’Air », eût-il eu un succès égal ?… Grave question, qui fait du succès une risée… Tout ce qui a deux serins dans une cage, sur sa fenêtre, entre deux pots de réséda, devait s’intéresser au livre de Michelet.

122. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » p. 444

Le Poëme de Philotanusn’eut de succès que par les circonstances, & de succès que par les circonstances, & parce que la malignité humaine est toujours avide de ce qui la flatte.

123. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XIX. Réflexions morales sur la maladie du journal » pp. 232-240

II Toutes les mœurs naissent, croissent, imprévues et rapides : vous diriez le succès d’un paradoxe. […] On l’acheta quelques mois, mais son succès ne se maintint pas longtemps : on se lasse des pires ordures. […] Non, car on n’y lit que les pamphlets d’Henri : ainsi le succès va au journaliste et pas au journal, qui mourrait demain si Henri mourait.

124. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 25, du jugement des gens du métier » pp. 366-374

En effet, on voit tous les jours des personnes qui jugeroient très-sainement si elles jugeoient d’un ouvrage par voïe de sentiment, se méprendre en prédisant le succès d’une piece dramatique, parce qu’elles ont formé leur prognostic par voïe de discussion. […] Qui ne croira qu’après s’être encore éclairez réciproquement, ils ne dussent porter des jugemens infaillibles, du moins sur le succès de chaque scéne prise en particulier ? Cependant Monsieur Despreaux avoüoit que très-souvent il étoit arrivé que les jugemens qu’ils portoient après une discussion methodique son ami et lui, sur les divers succès que devoient avoir differentes scénes des tragédies de cet ami, avoient été démentis par l’évenement, et qu’ils avoient même reconnu toujours après l’expérience, que le public avoit eu raison de juger autrement qu’eux.

125. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Émile Augier »

Est-il épuisé, ce succès dont le meilleur claqueur fut le scandale ? […] ce sont eux, les partis vaincus, qui ont fait le succès d’Augier, avec leurs misérables cris d’écorchés sitôt qu’on les touche ; ce sont ceux auxquels il a consacré sa pièce. […] Très inférieur à Scribe, il n’en procède pas moins de ce maître du vaudeville français : il se sert du procédé de cet homme qui savait le secret du succès, secret honteux qui consiste en ceci, au théâtre : plus une plaisanterie est connue, plus elle réussit.

126. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVII. Des éloges en Italie, en Espagne, en Angleterre, en Allemagne, en Russie. »

La musique, pour laquelle les Italiens sont si passionnés, et qu’ils ont cultivée avec tant de succès, est de tous les arts celui qui parle aux sens avec le plus d’empire. […] Florence, séjour et berceau de tous les arts, cultiva, dans les orages de sa liberté, l’éloquence et les lettres avec succès ; mais depuis que la Toscane n’est plus gouvernée par ses lois, Florence a plutôt conservé le goût des arts que leur génie ; elle honore la mémoire de ses grands hommes, et n’en produit pas de nouveaux. […] Ce philosophe, né avec plus d’imagination que de profondeur, et qui peut-être avait plus d’esprit que de lumières ; qui s’agita toute sa vie pour être en spectacle, mais à qui il fut plus facile d’être singulier que d’être grand ; qui courut après la renommée avec l’inquiétude d’un homme qui n’est pas sûr de la trouver ; qui quitta sa patrie, parce qu’il n’était pas le premier dans sa patrie, qui s’ennuya loin d’elle, parce qu’il n’avait trouvé que le repos, et qu’il avait perdu le mouvement et des spectateurs ; qui, trop jaloux peut-être des succès des sociétés, perdit la gloire en cherchant la considération ; frappé de bonne heure de la grande célébrité de Fontenelle, avait cru devenir aussi célèbre que lui en l’imitant. […] Les Russes ont un esprit facile et souple ; leur langue est, après l’italien, la langue la plus douce de l’Europe ; et si une législation nouvelle élevant les esprits, fait disparaître enfin les longues traces du despotisme et de la servitude ; si elle donne au corps même de la nation une sorte d’activité qui n’a été jusqu’à présent que dans les souverains et la noblesse ; si de grands succès continuent à frapper, à réveiller les imaginations, et que l’idée de la gloire nationale fasse naître pour les particuliers l’idée d’une gloire personnelle, alors le génie qu’on y a vu plus d’une fois sur le trône, descendra peu à peu sur l’empire ; et les arts même d’imagination, transplantés dans ces climats, pourront peut-être y prendre racine, et être un jour cultivés avec succès, 82.

127. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 368

De vingt-deux Pieces de Théatre qu’il a composées, on ne se souvient plus que de Judith & de Jephté, deux Tragédies qui eurent du succès, mais qu’on ne joua plus dès que celles de Corneille & de Racine eurent paru. […] Cet exemple nous rappelle que plusieurs bonnes Pieces ont dû leur chute à la même cause, comme beaucoup de mauvaises lui ont dû leur succès passager.

128. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

Mais, de plus, je prévis qu’elle aurait un vrai succès, un succès prolongé. […] Son succès auprès d’un public populaire ne m’étonne pas du tout. […] du succès et de l’oreille du public. […] Ce fut un succès honorable. […] Il ne connut ni les grands succès ni les grandes chutes.

129. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « II »

Le premier acte, et la scène finale avaient été chantés, en allemand, en 1877, par la troupe de l’Opéra allemand de Rotterdam, avec un médiocre succès ; depuis, M.  […] — Mais, en somme, quel a été, à la Monnaie, le succès de La Walküre ? […] Alfred Ernst le dira : un succès décisif, un succès qui établit, sans conteste possible, le drame wagnérien sur la scène française. […] Ces traductions, par suite, ont obtenu beaucoup de succès auprès du public, qui ne fait plus désormais de différence entre le poème des Maîtres Chanteurs et celui du Trouvère ! […] Les wagnériens de toute opinion ont soutenu la bataille ; voici que le succès enfin leur arrive, voici que des œuvres de vérité vont enfin être représentées sur nos scènes.

130. (1809) Quelques réflexions sur la tragédie de Wallstein et sur le théâtre allemand

L’esprit militaire ne peut exister que lorsque l’état de la société est propre à le faire naître, c’est-à-dire lorsqu’il y a un très-grand nombre d’hommes que le besoin, l’inquiétude, l’absence de sécurité, l’espoir et la possibilité du succès, l’habitude de l’agitation, ont jetés hors de leur assiette naturelle. […] Les tragédies qui ont eu le plus de succès en France sont ou purement d’invention, parce qu’alors elles n’exigent que très-peu de notions préalables, ou tirées soit de la mythologie grecque, soit de l’histoire romaine, parce que l’étude de cette mythologie et de cette histoire fait partie de notre première éducation. […] L’introduction des chœurs dans la tragédie n’a point eu cependant de succès en Allemagne. […] En interdisant à nos poëtes des moyens de succès trop faciles, on les force à tirer un meilleur parti des ressources qui leur restent et qui sont bien supérieures, le développement des caractères, la lutte des passions, la connaissance, en un mot, du cœur humain. […] Mais je me suis proposé, à l’exemple de Schiller, de peindre Wallstein à peu près tel qu’il était, ambitieux à la vérité, mais en même temps superstitieux, inquiet, incertain, jaloux des succès des étrangers dans sa patrie, lors même que leurs succès favorisaient ses propres entreprises, et marchant souvent contre son but, en se laissant entraîner par son caractère.

131. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Michelet » pp. 167-205

Son livre sur la Femme, un de ses avant-derniers, n’a pas recommencé le succès, qui fut un scandale, de son autre livre sur l’Amour. […] La Femme, c’est encore l’Amour, comme l’Amour, c’était déjà la Femme, et c’est précisément pour cela, c’est à cause de cette ressemblance, qui est presque une identité, que le succès de l’un n’a pas été le succès de l’autre. […] Aux yeux de qui sait reconnaître le fond et la forme d’un livre qui n’est que les variations d’un autre, exécutées avec plus ou moins de talent, l’ouvrage en dernier publié de Michelet a été bien plus inspiré par le souvenir d’un succès que par une idée nouvelle ou une vigoureuse fécondation d’une idée ancienne. À ces yeux-là, il est donc démontré que Michelet, par amour d’un succès qu’il a trouvé diablement bon, a voulu remonter sur l’idée qui le lui avait valu, et, postillon infortuné, qu’il a éreinté son idée, raté son succès, et tué, du même coup, ses deux bêtes. […] Là sera le succès de Nos Fils, de ce livre sans consistance et sans valeur pour les têtes solides, qui peut-être ne l’achèveront pas… Petite berquinade, livre de parti mis sous le couvert de la famille, où il n’est parlé que de seins, de lait, de tendresses, de girons !

132. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La diplomatie au xviie  siècle »

Mais il est l’expression de tout un système de livres dont on peut craindre l’encombrement, et même le succès ! […] Ce n’est pas moi qui ai remarqué le premier le succès infaillible des choses ennuyeuses parmi nous. Pensez, par exemple, au succès toujours subsistant, toujours verdissant, toujours florissant, des séances de l’Académie, et à celui de la Revue des Deux Mondes. […] On ne peut guères mesurer, en France, l’étendue du succès, quand à l’ennui se joint la gravité : combinaison puissante !

133. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Mgr Rudesindo Salvado »

En effet, depuis son établissement jusqu’aux temps actuels, l’Église, au milieu des changements, des progrès et des révolutions qui bouleversent et renouvellent toutes choses, l’Église a toujours procédé de la même manière dans son évangélisation sublime, et toujours avec le même succès. […] Pour expliquer le miracle permanent de son influence sur le monde, et de ce pétrissage des cœurs dans sa main qu’on appelle ses prédications, la pensée humaine, déconcertée par les spectacles que lui offre l’Église, invente aussitôt, pour se remettre, des raisons légitimantes et vulgairement logiques d’accepter un succès si certain toujours, et si prodigieux. […] — du succès de la Mission Bénédictine. […] Mais, si le succès était une justice, ils auraient, nous n’en doutons pas, un retentissement pour le moins égal à celui du fameux roman de madame Beecher-Stowe.

134. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXI. Des oraisons funèbres de Bourdaloue, de La Rue et de Massillon. »

Tout homme qui le premier s’applique avec succès à un genre, le choisit et l’adopte, parce qu’il est analogue à son esprit et à son âme ; c’est lui qui fait le genre et en constitue le caractère. […] Lors donc qu’un genre a été traité par quelques grands hommes dans un pays ou dans un siècle, pour exciter un nouvel intérêt, et avoir des succès nouveaux, il faut attendre que les idées prennent un autre cours, par des changements dans le moral, dans le physique, et peut-être par des révolutions et des bouleversements. […] « Il souffrait, dit l’orateur, du peu de succès de nos armes… Le siège de Mons ayant fait naître l’occasion d’une nouvelle bataille, il fut encore prêt à marcher. […] Mais ses succès en ce genre ne soutinrent pas sa réputation.

135. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXVII » pp. 306-312

Le succès est complet et il a surpassé encore l’attente. […] Soumet, mort ces jours derniers, appartenait par son talent et par ses succès à une école qu’on est encore accoutumé d’appeler l’école moderne. […] — Il y a eu le samedi 5 avril, au Théâtre-Français, un succès de tragédie nouvelle : Virginie, par M.

136. (1921) Esquisses critiques. Première série

Mésaventure cruelle, onéreuse rançon du succès. […] Sacha Guitry deviendrait jamais l’auteur à grands succès qu’on le voit aujourd’hui. […] Succès d’estime, c’est la salle demi-vide, froide, rétive et qui bâille aux beautés qu’elle ne comprend pas. […] Les œuvres de MM. de Flers et Caillavet sont fort loin d’obtenir ce hautain succès. […] Ils semblent s’inspirer du succès d’autrui et s’employer à le vulgariser.

137. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 364

Les Pieces de Théatre de Boursault n’ont pas eu toutes du succès ; plusieurs même ne sont pas supportables ; mais le Mercure Galant ou la Comédie sans titre, & Esope à la Cour, se sont constamment soutenus, & le Public ne se lasse pas de les voir représenter. […] & parmi toutes leurs Comédies, peut-on en nommer deux qui se soient sauvées du naufrage, pour jouir d’un succès durable ?

138. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 299

Plusieurs de ses Comédies ont été jouées avec succès. […] Ce Journal eut peu de succès, peut-être parce qu’il avoit le mérite rare de l’impartialité.

139. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Charles-Quint après son abdication, au monastère de Saint-Just »

Après donc avoir donné ses soins à réparer ses affaires, à les régler une dernière fois et à les remettre sur un pied suffisant, il se retirait en prudent et en sage sur un dernier bon semblant de fortune, sur un succès modeste, sans pousser plus avant les chances, sans trop demander au sort, et, sans se soucier d’ailleurs des discours et propos, mêlés de sourire, qu’en tiendraient immanquablement entre eux les ennemis et les jaloux. Car il savait bien qu’on imputerait, malgré tout, sa résolution à faiblesse, et que tous ses succès anciens, éclipsés pour un temps, seraient méconnus,, attribués uniquement et comme jetés à la fortune. […] Un ambassadeur vénitien écrivait peu après, en terminant une dépêche où il résumait tout le règne et le caractère de Charles-Quint : « Mais la fuite d’Inspruck, le mauvais succès de l’entreprise de Metz ont traversé le cours de cette gloire et sont venus remettre en mémoire les autres mauvais succès, comme ceux de Provence, d’Alger et de Castelnuovo ; la trêve désavantageuse conclue avec Sa Majesté très chrétienne, la renonciation aux États, le départ pour l’Espagne et l’entrée dans un monastère, tout cela lui a fait perdre presque toute sa réputation, je dis presque toute, parce qu’il lui en reste autant qu’il reste d’impulsion à une galère qui a été fortement poussée par les rames et le vent, et qui, l’un et l’autre cessant, fait pourtant encore un peu de chemin ; chacun concluant de là que c’est par le souffle favorable de la fortune qu’a été guidé l’immense navire des États, royaumes et pires de Sa Majesté. » Mais, patience ! […] S’il fait de temps en temps et par exception acte de maître, il sait pourtant trop bien au fond qu’il ne l’est plus : aussi se montre-t-il des plus sensibles à la déférence qu’on a à l’étranger pour ses désirs ; et le roi de Portugal ayant paru céder, dans une négociation de famille où il s’était montré jusqu’alors inébranlable, aux instances particulières de Charles-Quint, celui-ci en éprouva une joie telle qu’il n’en avait pas eu une semblable au temps de sa puissance pour ses succès les plus éclatants. C’est que le succès ici était tout personnel et ne pouvait se rapporter qu’à l’homme même.

140. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. » pp. 103-122

La Harpe était galant, et il eut des succès presque autant que des prétentions. […] Son premier ouvrage dans ce genre fut un succès. […] L’amour-propre de M. de La Harpe en sera peut-être mortifié, mais je l’assure qu’il n’a point d’ennemis ; je n’en veux d’autre preuve que le succès de sa tragédie. La Harpe n’eut point le bon esprit de ne se point choquer des critiques modérées, ni de fermer les yeux sur les injures et les méchants procédés que l’envie oppose à tout succès, à toute célébrité naissante ; et sa vie dès lors se composa de deux parties qui se mêlèrent sans cesse, et dans la confusion desquelles sa dignité d’homme et d’écrivain reçut de cruelles et irréparables blessures. […] Il eut dans son temps des succès ou des demi-succès mérités.

141. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Saint François de Sales. Son portrait littéraire au tome Ier de l’Histoire de la littérature française à l’étranger par M. Sayous. 1853. » pp. 266-286

Sa première entreprise fut couronnée d’un plein succès ; pendant un travail de plusieurs années, il reconquit les bailliages rebelles, reconstitua les débris de l’Église qu’il était appelé à régir, et rendit à l’humble Savoie sa vieille unité. […] Mais aujourd’hui je ne puis insister que sur le grand succès littéraire et moral par lequel il se rattache à la langue française de son temps, je veux parler de son Introduction à la vie dévote, qui parut d’abord en 1608, et dont l’effet fut soudain et universel. Ce fut un succès mondain, religieux, sentimental, tout de cœur et d’imagination, qui n’est comparable pour nous qu’à certains succès que nous avons vus dans notre jeunesse, et par exemple à celui des Méditations poétiques de M. de Lamartine. […] Le succès rapide de la première édition de ce livret, comme il l’appelle, l’obligea à retoucher la seconde : « J’ai ajouté, disait-il, beaucoup de petites chosettes, selon les désirs que plusieurs dignes juges m’ont témoigné d’en avoir, et toujours regardant les gens qui vivent en la presse du monde. » C’est cette appropriation parfaite de ce premier ouvrage de saint François de Sales aux gens du monde, qui en fait le cachet. […] On conçoit, dans le temps, le succès d’un tel livre qui prenait les cœurs par la tendresse, attirait l’esprit par les belles images, et satisfaisait la raison par le fruit moral qu’on en recueillait34.

142. (1824) Discours sur le romantisme pp. 3-28

Mais faut-il donc attendre que la secte du Romantisme (car c’est ainsi qu’on l’appelle), entraînée elle-même au-delà du but où elle tend, si toutefois elle se propose un but, en vienne jusque-là, qu’elle mette en problème toutes nos règles, insulte à tous nos chefs-d’œuvre, et pervertisse, par d’illégitimes succès, cette masse flottante d’opinions dont toujours la fortune dispose ? […] Les Allemands s’empressèrent d’abord de l’imiter ; mais ils le firent sans grâce et sans succès. […] Ces chefs-d’œuvre, composés dans chacune des villes savantes, des huit ou dix Athènes de l’Allemagne, par le Sophocle du lieu, et joués, pour ainsi dire, en famille, devant le Périclès du Margraviat ou de la Principauté, obtinrent un succès prodigieux ; et nos bons voisins purent croire qu’ils avaient enfin un théâtre national. J’ai dit rapidement l’origine, la marche, les succès du romantisme en Allemagne. […] Tantôt guidés par d’illustres devanciers, tantôt dirigés par un heureux instinct, nos grands écrivains ont, en chaque genre, ouvert ou suivi le chemin qui conduit à la perfection ; marcher sur leurs traces, ce serait affronter, sans gloire, le danger de ne pas les atteindre : on croit y échapper, en essayant de se frayer des routes nouvelles : louable ambition, si elle pouvait être couronnée du succès ; témérité malheureuse, lorsqu’il n’y a qu’une bonne route, hors de laquelle tout est sentiers perdus ou précipices inévitables.

143. (1892) L’anarchie littéraire pp. 5-32

Comme bien on le pense, ces poètes n’ont jamais eu qu’un succès d’hilarité. […] Celui-ci n’est pas l’homme des luttes héroïques, c’est un malin qui va volontiers vers les succès faciles et dont les idées sont assez élastiques pour s’adapter successivement à des genres tout à fait opposés. […] Doué d’une rare puissance d’imitation, il pastiche quand il veut, avec succès, les écrivains les plus différents, les plus personnels. […] Je serais bien étonné s’il avait plus de succès que feu le Symbolisme. […] De nombreux écrivains l’ont déjà compris et toute une légion de poètes latents est prête à affirmer avec eux l’existence de l’école socialiste. » Mais si le succès du socialisme semble assuré pour l’avenir, on ne peut pas dire que cela soit vrai pour l’heure présente.

144. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « X » pp. 37-38

Molènes a écrit sa note précautionnée et amphigourique sous le sourcil jaloux de Buloz, le commissaire royal des Français, le directeur rival opposé aux succès de l’Odéon. […] Portelance, citée par Molènes, n’a aucun rapport ici, puisque Lucrèce a un succès prodigieux à la représentation, et que l’Antipater n’a jamais réussi.

145. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XI » pp. 39-46

C'est la poésie des recueils sur le théâtre ; » voulant faire entendre que le succès de Lucrèce est d’avoir fait connaître à tous sur la scène, en fait de beautés de style, ce qui auparavant s’imprimait un peu à la sourdine et n’était lu que des gens du métier. […] — Madame Dorval disait l’autre jour à l’auteur assez tranquille et qui a la voix plus douce que son succès : « Remuez-vous donc, vous avez l’air d’une poule qui aurait couvé un œuf d’aigle. » — Mais assez de ces bribes, je passe à l’autre intérêt réel de la quinzaine, car chaque quinzaine ici a son changement de direction et son unité. […] Exemple : un jésuite prédicateur est envoyé de Paris dans un diocèse ; il prêche, il a du succès, on vient à lui pour la confession.

146. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le voltairianisme contemporain »

— nous voulons, du moins, parler de son succès, s’il en a un, comme dit la musette, et l’expliquer par Voltaire lui-même, qui suffit tout seul pour l’expliquer. […] quand on sait embrasser d’un trait Voltaire et le xixe  siècle, que la grandeur de son succès étonne ! […] malgré les livres idolâtres, les livres écrits d’à genoux, la tête dans la poussière, ou dans la position d’Alberoni devant Vendôme, c’est la petitesse de ce succès !

147. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre II. Vérification de la loi par l’examen de la littérature française » pp. 34-154

L’intérêt que tout drame à thèse offre aux contemporains ne suffit pas à expliquer de pareils succès ; il y a autre chose : le goût du théâtre. […] combien grande sa valeur relative, et surtout quel succès auprès du public ! […] Quant au succès de ces romans, on l’a déjà relevé à l’occasion, mais d’une façon insuffisante. […] On comprendrait aisément une préférence personnelle de Mme de Sévigné pour le vieux Corneille ; on comprendrait à la rigueur un succès passager de Pradon ; mais cette opposition presque générale ? […] le succès de Quinault, de Pradon, de Campistron, de Crébillon ?

148. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 322-323

Gresset, sont également ingénieuses & sages, toujours imaginées avec élévation, toujours écrites avec élégance, respirant par-tout la raison, la décence, l’agrément, & toujours couronnées par de brillans succès ». […] Son fils a débuté dans les Lettres avec quelques succès.

149. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 434-435

Son zele lui inspira cet artifice, pour dégoûter des lecteurs dangereuses ; exemple suivi de nos jours par un Pere Marin, Minime, à qui on eût souhaité, pour le succès de la bonne œuvre, plus de connoissance du monde & moins de prolixité, quoiqu’on doive lui savoir un très-grand gré de ses bonnes intentions. Les Romans spirituels de l’Evêque de Belley eurent un succès qui tenoit à la fureur.

150. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 525-526

Il est certain que le Spectacle de la Nature jouit encore du succès qu’il mérite. Ce succès se soutiendra, selon toute apparence, puisque les Ouvrages de M. de Buffon ne l’ont point fait oublier, malgré la supériorité de cet Ecrivain sur son Prédécesseur.

151. (1837) Lettres sur les écrivains français pp. -167

Soulié disait alors à ses amis qu’il fallait faire un succès à l’Histoire de la Marine de M.  […] L’allégorie a eu peu de succès. […] Alphonse Brot a ici un second titre littéraire que nous ne connaissons pas ; il s’occupe avec succès de pièces de théâtre. […] Les réimpressions de Casimir Delavigne ont du succès chez nous, et son théâtre qui est sage et sévère, nous plaît à lire. […] Le livre était fort bien ; il eut un très grand succès.

152. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Richepin, Jean (1849-1926) »

Émile Faguet Loin de moi la pensée de protester contre le beau succès que le public n’a point marchandé à M.  […] Marcel Fouquier La Chanson des gueux fut un succès. […] Romain Coolus Si, pour mon humble part, je n’aime guère le Chemineau dont le romantisme conventionnel, le touranisme d’imagerie et les paradoxes ruraux me déconcertent, je ne puis m’empêcher d’être joyeux du succès qu’il a obtenu, parce que les pires erreurs de Richepin sont encore des erreurs de poète, d’emballé, d’homme capable de se passionner pour un tas de choses indifférentes à un tas de gens ; et cela est extrêmement sympathique. […] C’est une œuvre considérable… Le Chemineau a obtenu le premier jour un succès étourdissant… J’ai rarement vu une salle plus emballée.

153. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre IV. Mme Émile de Girardin »

Un matin, lassée de son esprit d’auteur, elle que sa beauté même a lassée, elle voulut respirer de tous ses succès de bel esprit, de Muse de salon, de femme de lettres, et elle prit ce masque de jeune homme à la mode que son magnifique front a fini par crever et qui, bien loin d’étouffer son frais et moqueur éclat de rire, le fit, je crois, vibrer plus haut ! […] Madame Émile de Girardin, au faîte de ses succès, — du succès littéraire et du succès du monde, — eut le désir de l’incognito qui tourmente tout ce qui règne, ce caprice de reine ennuyée.

154. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Chamfort »

Ses succès du monde, plus chers à sa vanité que ses succès littéraires, ne voilèrent de leur éclat ni pour les autres ni pour lui la plaie secrète, cette suppuration d’orgueil et d’envie qu’on sent en lui malgré les soins de sa double toilette, — malgré le musc et les opinions de son temps. […] Il leur donne de l’appétit, en effet, contre les institutions sociales, ce livre de bâtard… et voilà le secret de son succès ! […] Quand les 1848 avortent, on peut, pour faire un succès à Chamfort, spéculer sur les cent mille bâtards à Paris, qui renverseraient fort bien, si on les laissait faire, la marmite française, comme les janissaires la renversaient à Constantinople.

155. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Édouard Fournier »

Il faut être d’aplomb (pensions-nous) pour oser se faire le policeman de l’histoire, et l’audace ne nous déplaît pas… Une seule chose nous tenait en défiance, c’était le succès de Fournier. Le succès n’avait pas été contesté, — non ! […] Nous les avons ouverts pour, à notre tour, en rendre compte dans ce feuilleton, consacré à la littérature contemporaine, et, après les avoir lus, tout nous a été expliqué du succès facile de Fournier et du jeu sur le velours de ce novateur innocent et non scandaleux, qui ne fera, dans aucun sens, de révolution dans l’histoire. […] … Pour ma part, je n’ai pas très bien vu ce que l’information pure et simple a gagné au livre de Fournier ; je n’ai pas vu quelles modifications importantes en sont résultées dans l’ordre des connaissances, ordinaires ou vulgaires, — et, excepté le divertissement qui vient de toute nouveauté pour la masse des esprits ennuyés et superficiels, heureux et surpris de trouver un passe-temps dans des études qui devraient toujours rester sévères, excepté le divertissement des enfants et des femmes qui a fait son succès, je ne vois rien en l’Esprit dans l’histoire qui le recommande aux esprits seulement curieux.

156. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Alexis de Tocqueville »

Aucun des hommes de ce temps à qui le succès fut facile, n’en eut un plus rapide et plus grand que le sien. Ce fut moins un succès qu’un triomphe. […] Et quand le règne de Louis-Philippe, venu par l’émeute, s’en retourna par l’émeute, le succès de Tocqueville, l’un des ornements de ce règne, ne s’en alla point avec le fiacre qui emporta la monarchie constitutionnelle. […] Ou le vit à la Constituante et quelque temps après au ministère… Puis, quand, plus tard, il retomba dans la vie privée, il repartit d’un second livre, qui eut un succès moins éclatant que le premier, mais très retentissant encore.

157. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « MM. Delondre et Caro. Feuchtersleben et ses critiques. — L’Hygiène de l’âme » pp. 329-343

Et pourtant, malgré tous ces motifs de sécurité, je ne trouve pas le caractère germanique à ce livre de l’Hygiène de l’âme, à ce petit traité, gros comme rien et clair comme un verre d’eau, dont le succès, en France, ne m’étonnerait pas, — car, en France, on aime tant la clarté, qu’on aime même celle des verres vides ! — mais ce succès m’étonne en Allemagne, où, d’ordinaire, on préfère à tous les genres de livres les livres lourds. Nulle idéale lourdeur ne pourrait y avoir, en effet, un succès plus grand que cette mince chose transparente, à travers laquelle on voit si bien… ce qui n’y est pas, et qui nous donnerait presque à croire que les Allemands, à force de sauter par les fenêtres pour se faire vifs, ont enfin réussi à devenir légers. […] La raison du succès de Feuchtersleben en Allemagne, je ne m’en occupe pas et je n’ai point à m’en occuper.

158. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse sociologique »

— Nous avons dit que le succès d’un livre et en général d’une œuvre d’art est le résultat d’une concordance entre les facultés de l’auteur, les facultés exprimées dans l’œuvre, et celles d’une partie du public qui doit être considérable pour que le succès le soit ; cette concordance est variable par suite des variations du public, et ainsi se trouvent expliquées les fluctuations et la fortune des genres, des styles, des arts, des auteurs, à travers le temps et l’espacedu. […] Or, il se trouve que des livres et des œuvres ainsi distinctes obtiennent du succès, des succès égaux, dans un même milieu. […] L’histoire littéraire et artistique d’un peuple, pourvu qu’on ait soin d’en éliminer les œuvres dont le succès fut nul et d’y considérer chaque auteur dans la mesure de sa célébrité, présente la série des organisations mentales types d’une nation, c’est-à-dire des évolutions psychologiques de celle-ci. […] Georges Ohnet (1848-1918), romancier et dramaturge, connut en grand succès avec sa série romanesque des « Batailles de la vie » (Serge Panine, Le Maître de forges, etc.). […] Henri Becque (1837-1899), dramaturge à succès, est notamment l’auteur des Corbeaux (1882) et de La Parisienne (1885).

159. (1870) La science et la conscience « Chapitre III : L’histoire »

Chose curieuse et qui a l’air d’un paradoxe, cette apothéose du succès, cette philosophie du droit de la force tant goûtée de la noble et poétique Allemagne, n’a jamais pu s’acclimater en France, ce pays des plus grands triomphes de la force. […] Renan, on n’y rencontre guère d’adorateurs du succès, du moins dans les hautes régions de la pensée. Il faut dire pourtant que la théorie du succès a passé le Rhin, et qu’elle a trouvé pour organe en pleine Sorbonne la voix la plus éclatante de l’enseignement universitaire. […] On garda de la nouvelle méthode historique ce qu’elle a de bon et de fécond ; on continua d’expliquer les faits en faisant la part des causes indépendantes de la volonté et de la personnalité humaine, mais sans vouloir les justifier en leur appliquant la mesure du succès. […] La doctrine de la moralité du succès n’est pas française, on peut le dire, malgré de très-rares exceptions.

160. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. » pp. 31-51

Après le succès de Madame Bovary, après tout le bruit qu’avait fait ce remarquable roman et les éloges mêlés d’objections qu’il avait excités, il semblait que tout le monde fût d’accord et unanime pour demander à M.  […] On disait cela à l’auteur de Madame Bovary ; on le pressait de recommencer sans précisément récidiver, d’assurer son précédent succès par un autre un peu différent, mais sur ce même terrain encore de la réalité et de la vie moderne. […] De pareilles questions théoriques sont insolubles, interminables : il n’y a rien de tel que des œuvres, — et non pas les anciennes, les froides ou refroidies, mais des œuvres présentes et palpitantes, — pour apporter dans le débat leur exemple sensible à tous, un succès décisif et triomphant. […] On se le demandait, et bientôt on sut qu’en artiste ironique et fier, qui prétend ne pas dépendre du public ni de son propre succès, résistant à tout conseil et à toute insinuation, opiniâtre et inflexible, il laissait de côté pour un temps le roman moderne où il avait, une première fois, presque excellé, et qu’il se transportait ailleurs avec ses goûts, ses prédilections, ses ambitions secrètes ; voyageur en Orient, il voulait revoir quelques-unes des contrées qu’il avait traversées et les étudier de nouveau pour les mieux peindre ; antiquaire, il s’éprenait d’une civilisation perdue, anéantie, et ne visait à rien moins qu’à la ressusciter, à la recréer tout entière. […] Malgré ses premiers succès, Hamilcar s’étant joint avec Hannon, puis avec le général qui succédait à ce dernier, reperdit ses avantages et la supériorité qu’il avait d’abord acquise sur les ennemis.

161. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Dans tout succès un peu vif, il y a de ces contrastes et de ces à-propos. […] Hugo venait de donner les Burgraves dont le succès avait été lourd et difficile à décider. […] Après la première représentation, le général en chef dépêcha l’un de ses jeunes aides de camp à un dessinateur de ses amis2, pour lui dire qu’il ne serait pas mal d’envoyer encore un renfort, une recrue de jeunes gens, de ceux qui sont tout dévoués sans tant de façons au succès d’une œuvre colossale et forte. […] Aussi, le lendemain, je veux dire à peu de semaines de là, Lucrèce pouvait réussir avec l’éclat de succès qu’on a vu, tant à cause d’elle-même et de ses mérites qu’à cause du contraste. […] Feuillet un auteur qui s’est livré à cette veine de réhabilitation des bons ménages et des mœurs provinciales honnêtes par impuissance d’en comprendre et d’en peindre d’autres, ou, dans un autre sens, de faire de lui un auteur tout à fait dégagé, qui n’aurait choisi ce motif et ce thème de talent que comme le plus neuf et le plus opportun pour le quart d’heure, le plus susceptible de succès.

162. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre VII. De l’esprit de parti. »

L’intégrité du dogme importe davantage encore que les succès de la cause. […] Il faut de l’esprit de parti pour lutter efficacement contre un autre esprit de parti contraire, et tout ce que la raison trouve absurde est précisément ce qui doit réussir contre un ennemi qui prendra aussi des mesures absurdes : ce qui est au dernier terme de l’exagération, transporte sur le terrain où il faut combattre, et donne des armes égales à celles de ses adversaires ; mais ce n’est point par calcul que l’esprit de parti prend ainsi des moyens extrêmes, et leur succès n’est point une preuve des lumières de ceux qui les emploient ; il faut que les chefs, comme les soldats, marchent en aveugles pour arriver ; et celui qui raisonnerait l’extravagance, n’aurait jamais à cet égard l’avantage d’un véritable fou. […] C’est sans doute à l’instinct secret de l’empire que doit avoir le vrai sur les événements définitifs, du pouvoir que doit prendre la raison dans les temps calmes, c’est à cet instinct qu’est dû l’horreur des combattants pour les partisans des opinions modérées : les deux factions opposées les considèrent comme leurs plus grands ennemis, comme ceux qui doivent recueillir les avantages de la lutte sans s’être mêlés du combat ; comme ceux, enfin, qui ne peuvent acquérir que des succès durables, alors qu’ils commencent à en obtenir. Les Jacobins, les Aristocrates, craignent moins leurs succès réciproques, parce qu’ils les croient passagers, et se connaissent des défauts semblables qui donnent toujours autant d’avantage au vaincu qu’au vainqueur. […] Mais quand l’esprit de parti, dans toute sa bonne foi, rendrait indifférent aux succès de l’ambition personnelle, jamais cette passion, considérée d’une manière générale, n’est complètement satisfaite par aucun résultat durable ; et si jamais elle pouvait l’être, si elle atteignait jamais ce qu’elle appelle son but, il n’est point d’espoir qui fut plus détrompé, qui cessa plus sûrement au moment de la jouissance ; car il n’en est point dont les illusions aient moins de rapport avec la réalité ; il y a quelque chose de vrai dans les satisfactions que donnent la puissance, la gloire, mais lorsque l’esprit de parti triomphe, par cela même il est détruit.

163. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVIII et dernier. Du genre actuel des éloges parmi nous ; si l’éloquence leur convient, et quel genre d’éloquence. »

On a vu des siècles où c’était le seul genre ; et ces siècles étaient ceux de l’oppression ou des succès, ceux de la tyrannie ou de la grandeur d’un maître. […] Depuis un demi-siècle, il s’est fait parmi nous une espèce de révolution ; on apprécie mieux la gloire ; on juge mieux les hommes ; on distingue les talents des succès ; on sépare ce qui est utile de ce qui est éclatant et dangereux ; on ne pardonne pas le génie sans la vertu ; on respecte quelquefois la vertu sans la grandeur ; on perce enfin à travers les dignités pour aller jusqu’à l’homme. […] L’effet de cette éloquence, on ne peut se le dissimuler, est donc plus difficile, et le succès plus incertain. […] Si donc, en célébrant les grands hommes, vous voulez être mis au rang des orateurs, il faut avoir parcouru une surface étendue de connaissances ; il faut avoir étudié et dans les livres et dans votre propre pensée, quelles sont les fonctions d’un général, d’un législateur, d’un ministre, d’un prince ; quelles sont les qualités qui constituent ou un grand philosophe ou un grand poète ; quels sont les intérêts et la situation politique des peuples ; le caractère ou les lumières des siècles ; l’état des arts, des sciences, des lois, du gouvernement ; leur objet et leurs principes ; les révolutions qu’ils ont éprouvées dans chaque pays ; les pas qui ont été faits dans chaque carrière ; les idées ou opposées ou semblables de plusieurs grands hommes ; ce qui n’est que système, et ce qui a été confirmé par l’expérience et le succès ; enfin tout ce qui manque à la perfection de ces grands objets, qui embrassent le plan et le système universel de la société. […] Faites agir ou penser les grands hommes ; vous verrez naître vos idées en foule ; vous les verrez s’arranger, se combiner, se réfléchir les unes sur les autres ; vous verrez les principes marcher devant les actions, les actions éclairer les principes, les idées se fondre avec les faits, les réflexions générales sortir ou des succès, ou des obstacles, ou des moyens ; vous verrez l’histoire, la politique, la morale, les arts et les sciences, tout ce système de connaissances liées dans votre tête, féconder à chaque pas votre imagination, et joindre partout, aux idées principales, une foule d’idées accessoires.

164. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 74-75

Ses Bagatelles Morales ont eu d’abord le plus grand succès, mais l’examen a bientôt fait connoître que ce n’étoient que des bagatelles. […] Il n’a changé ni de style ni de caractere dans ses Voyages d’Italie & de Hollande, celui de ses Ouvrages qui a eu le moins de succès, quoique ce soit le plus amusant.

165. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 437-439

Gérard ont successivement remplie avec tant de distinction & de succès. […] Il y a aujourd’hui un Auteur du même nom, né à Montpellier, qui s’est également exercé dans l’Art de la Comédie, mais qui n’a eu aucune espece de succès, & qui n’annonce aucun talent.

166. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SUE (Jean Cavalier). » pp. 87-117

Le genre qu’il importait chez nous fut à l’instant suivi et pratiqué avec succès par plusieurs ; les juges compétents paraissent reconnaître que, de nos romanciers de mer, le plus exact à la manœuvre est M. […] Sue ne nie pas les bons sentiments, mais plutôt leur chance de succès ici-bas. […] Le résultat de ce succès a été de faire d’un romancier aristocratique ou visant à l’être, et ironiquement sceptique, un auteur populaire et asservi désormais à son public : de là le Juif Errant et les passions qu’il flatte. […] Nous avons regret de clore avec un homme d’esprit, et si peu entêté de son succès, par un post-scriptum qui peut paraître sévère ; mais lui-même, s’il disait son secret et son jeu, et tout ce qu’il sait de la gobe-moucherie humanitaire (la plus gobe-mouches de toutes), que ne dirait-il pas ?  […] Eugène Sue est antérieure à son grand succès ; elle ne comprend que la première moitié de son œuvre.

167. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Guiraud, Alexandre (1788-1847) »

Alexandre Soumet obtenait ainsi beaucoup de succès. […] Jules Janin Le prêtre, le cloitre, la chapelle, la première communion, le refuge, la semaine sainte, émotions du moment mêlées d’une façon intime aux émotions toutes personnelles, vous les retrouvez à peu près les mêmes dans tous les recueils de cette époque, mais jamais elles n’ont été plus vraies que dans les vers d’Alexandre Guiraud… À tout prendre, la vie de ce poète, si calme dans son travail, si recueilli dans son succès, si modeste dans son triomphe, fut une vie heureuse, facile, abondante, entourée d’estime, de bienveillance, d’amitié.

168. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 298-300

Cet Auteur que nous avions, par erreur, annoncé pour mort, dans les précédentes éditions de cet Ouvrage, est depuis long-temps établi en Allemagne, où il cultive avec succès la Littérature Françoise. […] Il est aisé de juger du succès que dut avoir un Ouvrage si propre à soulever contre lui les Erudits & tous les bons Littérateurs.

169. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — IV » pp. 103-122

  La campagne de 1707 au-delà du Rhin a laissé des souvenirs ; mais bien qu’ils se rattachent à des succès, ils ne sont peut-être pas des plus glorieux pour Villars. Ces succès furent rendus faciles par la mort du prince de Bade. […] Il suffira de dire qu’il s’acquitta de sa mission sans trop d’échecs et avec des succès partagés. […] Tel fut l’effet merveilleux de cette contremarche habile et soudaine que couronna le succès de Denain. […] L’année suivante, 1713, l’empereur hésitant encore à signer sa paix particulière, Villars fut envoyé à l’armée d’Allemagne, et, poussant sa veine, il n’y eut que des succès.

170. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Il eut du succès dans les Expositions. […] Après ses premiers succès à l’Opéra-Comique, des difficultés matérielles et l’intérêt de son père la contraignirent à sacrifier l’avenir au présent et à accepter un engagement pour Bruxelles, où elle tint l’emploi des jeunes premières dans la comédie, et des jeunes Dugazons dans l’opéra. […] Elle eut beaucoup de succès dans le rôle de Mme Milville, de l’Habitant de la Guadeloupe, par Mercier ; dans Clary, du Déserteur ; dans Cécile, de l’Honnête criminel, et surtout dans Eulalie, de Misanthropie et Repentir. Elle y faisait verser d’abondantes larmes, et il arriva un jour qu’un mauvais plaisant qui avait entendu parler de ce succès larmoyant irrésistible et qui l’attribuait à l’engouement du parterre, vint solennellement se placer au balcon, étalant sur le rebord une couple de mouchoirs blancs pour étancher les flots de pleurs qui allaient couler. […] de Sophie Arnould, un auteur manqué qui n’avait jamais eu que des moitiés ou des quarts de succès, un candidat-lauréat perpétuel à l’Académie, mais qui, à travers ses ridicules, n’était point dépourvu de connaissances, ni d’esprit, ni même d’un certain goût, s’était pris d’affection pour la jeune actrice, et il tenait à lui donner des conseils.

171. (1890) La fin d’un art. Conclusions esthétiques sur le théâtre pp. 7-26

Il n’est que d’acquérir le tour de main qui force sûrement la grimace du rire ou du pleur, pour tenir la recette à tout faire : farces et mélos, le procédé élastique, la formule-caoutchouc des succès imperméables. […] Chaque semaine nous voyons éclore ces pièces dont la valeur, commerciale, ne saurait être expertisée à la répétition générale, et dont le succès fou ou le four noir dépend de la moyenne des digestions des spectateurs de la première. […] L’équilibre de la cité grecque, avant son succès contre l’invasion perse, n’était pas encore stable. […] La Folle Journée et la folle soirée de son succès montrent la dernière œuvre dramatique comme le dernier public de l’ancien régime : c’était la ruine prochaine que la pièce présageait et que la société acclamait. […] Or leur succès va croissant ; dans les statistiques honorables des théâtres, ils figurent pour des chiffres chaque année plus considérables.

172. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XX. La fin du théâtre » pp. 241-268

Il n’est que d’acquérir le tour de main qui force sûrement la grimace du rire ou du pleur, pour tenir la recette à tout faire : farces et mélos, le procédé élastique, la formule-caoutchouc des succès imperméables. […] Chaque semaine nous voyons éclore ces pièces dont la valeur commerciale ne saurait être expertisée à la répétition générale, et dont le succès fou ou le four noir dépend de la moyenne des digestions des spectateurs de la première. […] L’équilibre de la cité grecque, avant son succès contre l’invasion perse, n’était pas encore stable. […] La Folle Journée et la folle soirée de son succès montrent la dernière œuvre dramatique comme le dernier public de l’ancien régime : c’était la ruine prochaine que la société acclamait. […] Or leur succès va croissant ; dans les statistiques honorables des théâtres, ils figurent pour des chiffres chaque année plus considérables.

173. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Notice historique sur M. Raynouard, par M. Walckenaer. » pp. 1-22

Après avoir fait avec succès ses études au petit séminaire d’Aix et pris ses grades à l’école de droit de cette ville, Raynouard vint à Paris vers 1784 ; il ne fit que tâter le terrain et n’y resta pas. […] Mais le grand et incomparable succès de Raynouard fut au Théâtre-Français, quand on donna, le 14 mai 1805, sa tragédie des Templiers. En relisant aujourd’hui cette pièce, on se demande à quoi a tenu un tel succès, et on sent le besoin de se l’expliquer. […] » Après le succès des Templiers, Raynouard crut avoir trouvé un genre, et n’avoir plus qu’à en diversifier les exemples et les applications. […] C’est que le succès prolongé au théâtre n’appartient point à tel ou tel genre qu’on croit neuf, mais au talent seul qui anime et fertilise les genres et les sujets.

174. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Alfred de Musset » pp. 364-375

Tous ces brillants couplets et ces jets de verve que leur succès même a usés depuis, mais qui dans la poésie française étaient alors si nouveaux : Amour, fléau du monde, exécrable folie, etc.  […] Une préoccupation lui vint presque en même temps que son premier succès. […] Cependant le succès du théâtre était venu se joindre pour lui à la faveur du monde. […] Le succès qu’obtint à la Comédie-Française cette jolie chose poétique prouva qu’il y avait lieu encore, dans le public, à de l’émotion littéraire délicate quand on la savait éveiller.

175. (1874) Premiers lundis. Tome I « Alexandre Duval de l’Académie Française : Charles II, ou le Labyrinthe de Woodstock »

Si cette lecture obtenait du succès, tous les seigneurs, tous les riches financiers briguaient l’avantage de faire connaître le nouvel ouvrage à leurs sociétés. […] Tel auteur tragique qui, vers 1821, se faisait quatre ou cinq mille francs de revenu par ses pièces, a vu cette source diminuer successivement et tarir ; il en est réduit maintenant, pour s’acheter une ombre de succès, à débourser en billets donnés aux premières représentations des avances dont le public ne lui tient pas compte. […] Il suffirait d’invoquer le succès de tant de livres où s’est réfugié le drame, banni de la scène, et dans lesquels le public accueille avec faveur et reconnaissance une image anticipée de ce qu’il espère. […] Comédie politique de Népomucène Lemercier, qui eut un grand succès en 1800.

176. (1874) Premiers lundis. Tome II « Chronique littéraire »

La tournure ferme, judicieuse et précise de son talent ne lui eût pas permis de chercher dans un faux éclat et des aperçus hasardés un succès qu’il ne voulait devoir qu’aux sérieuses études dont sa première vie l’avait distrait, et auxquelles il s’était remis avec toute sa vigueur. […] Mais ç’a été un beau et véritable succès, un succès invincible dont l’étreinte dramatique n’a épargné personne là présent. […] Un succès dramatique que nous enregistrons avec plaisir est celui des Malheurs d’un amant heureux, comédie-vaudeville qui rappelle le meilleur temps du Gymnase et la meilleure manière de M. 

177. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Le Sahara algérien et le Grand Désert »

Il est vrai que le sujet, unique et varié, de ces diverses œuvres, était la question d’histoire contemporaine qui nous passait le plus près du cœur, puisque c’était l’histoire de la France en Afrique et la destinée de sa conquête ; mais, il faut être juste, ce n’est pas le prodigieux intérêt d’un pareil sujet qui fut exclusivement la cause du succès du général Daumas. […] La bavarderie de l’art pour l’art lui est inconnue… L’étonnement qu’on eut donc quand le général Daumas donna ses livres au public fut un sentiment qui tenait à beaucoup d’ignorance, de superficialité et d’injustice, mais, bien loin de nuire à son succès, il en augmenta la rapidité. […] Il ne fallait rien moins que notre armée d’Afrique, cette palpitation même des entrailles de la France, il ne fallait rien moins que cette armée et ses succès recommencés cent fois, payés cher toujours, mais jamais trop achetés, pour que nous pussions, nous, société française, résister à tous les énervements de ces vingt-cinq dernières années24, aux idées de paix à tout prix, au voltairianisme anti-national, à la mollesse croissante des mœurs, et enfin à la philanthropie, cette maladie qui ronge la moelle des peuples vieux et épuisés, ce tabes dorsal des nations ! […] Elle maintenait sa place dans le sentiment de l’Europe, pour le jour où, en Europe, la guerre éclaterait, c’est-à-dire que par son prestige elle combattait et vainquait déjà, puisque les succès à la guerre ne sont qu’une affaire d’opinion.

178. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Guizot » pp. 201-215

On l’avait oublié, mais je ne connais pas de pays où le coup de pistolet du succès éveille plus de prétentions qu’en France. […] Guizot, qui a bien d’autres motifs d’être heureux et tranquille, semblait depuis longtemps l’avoir aussi oublié que le public, quand le succès, très vif et très mérité, de François-Victor Hugo a réveillé tout à coup cette antique prétention de traduction et de critique, qu’on croyait morte et qui n’était qu’endormie. Le Succès, qui n’est pas toujours le Jugement dernier, en a probablement la trompette. […] Mais nous, et Guizot avec nous, qui maintenons l’originalité profonde et même incomparablement profonde de Shakespeare ; nous qui ne voulons pas qu’il soit seulement une perle dans une coquille d’huître, et qui ne nous sentons aucun respect pour cette huître où elle s’est formée ; nous qui ne croyons pas, comme Emerson, que le mérite inadéquate de Shakespeare ait été d’être à l’unisson de son temps et de son pays, car son pays et son temps n’ont pas dit un mot du succès de ses pièces et n’ont pas classé son génie, — ce qui prouve qu’ils ne le sentaient pas ; — nous disons, nous, que « le biographe de Shakespeare n’est pas Shakespeare », si on entend par là son œuvre.

179. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Achille du Clésieux »

L’autre jour, un critique, d’un sentiment très ému sur ce poème d’Armelle, Pontmartin, se demandait, et, disait-il, avec mélancolie, ce qu’aurait été le succès d’Achille du Clésieux si son poème d’aujourd’hui avait été publié dans les beaux jours du romantisme, dans cette période de seize années, qui va des Premières Méditations à Jocelyn. […] Le vieux Villon, quand il est poète, est aussi jeune que Lamartine ; et s’il n’y a pas succès quand il y a poète, c’est une raison pour que la Critique soit plus méprisante contre l’opinion qui ne pense pas comme elle, et qui en jugeant usurpe sa place, et pour que le poète soit plus fier. […] Mais quant à ce qu’on appelle un succès littéraire, — un violent retentissement de publicité, — j’en suis moins sûr que d’un succès intime, avec l’abaissement universel de nos esprits et de nos mœurs.

180. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XIV. De la plaisanterie anglaise » pp. 296-306

Quoique la plaisanterie ne puisse se passer aussi facilement qu’un ouvrage philosophique d’un succès national, elle est soumise comme tout ce qui tient à l’esprit, au jugement du bon goût universel. […] Pour que le génie comique se développe, il faut vivre beaucoup en société, attacher beaucoup d’importance aux succès de société, et se connaître, et se rapprocher par cette multitude d’intérêts de vanité, qui donnent lieu à tous les ridicules, comme à toutes les combinaisons de l’amour-propre. […] La gaieté et l’éloquence ne sont point les simples résultats des combinaisons de l’esprit ; il faut être ébranlé, modifié par l’émotion qui fait naître l’une ou l’autre, pour obtenir les succès du talent dans ces deux genres.

181. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre X. Zola embêté par les jeunes » pp. 136-144

Il subsisterait que vous répugnent assez pour vous désintéresser complètement les trois tares que vous déplorez dans cette œuvre : la fécondité uniforme de sa production ; l’esthétique dont elle s’étaie ; l’aloi de son succès. […] Le succès, enfin, de M.  […] Puisque vous avez, mon cher confrère, finalement invoqué la Postérité, et puisque vous admettez audacieusement qu’elle est équitable, je crois que sa clairvoyance lui fera comprendre Zola autrement que les rastaquouères, mais je crois qu’elle l’admirera. — Ce succès à faux, quoique mérité, ne tourmente que les désireux de vente, inquiets de voir la clientèle riche se dépenser en volumineuses acquisitions.

182. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 33, de la poësie du stile dans laquelle les mots sont regardez en tant que les signes de nos idées, que c’est la poësie du stile qui fait la destinée des poëmes » pp. 275-287

Section 33, de la poësie du stile dans laquelle les mots sont regardez en tant que les signes de nos idées, que c’est la poësie du stile qui fait la destinée des poëmes Ainsi la beauté de chaque partie du poëme, je veux dire la maniere dont chaque scene est traitée, et la maniere dont s’expliquent les personnes, contribuent plus au succès d’un ouvrage que la justesse du plan et que sa regularité ; c’est-à-dire, que l’union et la dépendance de toutes les differentes parties qui composent un poëme. […] Le caractere de la poësie du stile a toujours decidé du bon ou du mauvais succès des poëmes, même de ceux qui par leur étenduë semblent dépendre le plus de l’oeconomie du plan, de la distribution de l’action et de la décence des moeurs. […] Chacun sçait le succès de ces poëmes épiques, qu’on ne sçauroit imputer qu’au défaut de la poësie du stile.

183. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Madame Sand ; Octave Feuillet »

Si tant est, comme le croient les grands vaniteux, qui ressemblent beaucoup aux grands imbécilles, que le bruit soit le succès, Ernest Renan est assurément le plus grand succès de l’année ; car le tapage qu’il a fait a couvert tous les autres bruits. […] les Nouveaux Lundis de Sainte Beuve, la traduction de Eurêka d’Edgar Poe par Baudelaire, le Dictionnaire de Littré, cet attentat de la philosophie positive sur la langue française, le Capitaine Fracasse 43 de Théophile Gautier, et ces pauvres Mémoires, qui n’auront jamais le succès de ceux de Saint-Simon, du duc de la Rochefoucauld-Doudeauville, qui ne se rappelle pas assez que devant son nom de Doudeauville il y a le nom de La Rochefoucauld, qui oblige à être spirituel, je crois bien que vous êtes au bout du budget littéraire de cette année que je m’obstine à trouver inféconde, même en voyant ce qu’elle a fait !

184. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

Il explique assez franchement les causes du succès de Zaïre. […] Voltaire, en écrivant cela, comptait sur le succès de sa conspiration contre Corneille. […] On s’était servi autrefois avec succès de cette sultane pour opposer Crébillon à Voltaire. […] Le Cresphonte d’Euripide se jouait encore avec un grand succès du temps de Plutarque, plus de cinq cents ans après la mort de son auteur. […] C’est comme si on disait : Le poète n’a jamais tort de réussir ; mais il y a succès et succès : tous ne sont pas honorables ; et, si l’auteur n’a jamais tort d’intéresser, le spectateur a souvent tort de pleurer.

185. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XV » pp. 61-63

Il croit que ce succès le regarde ; lui, il n’a ni goût, ni littérature, — rien. […] Lucrèce a été un succès sincère, noble, simple, élevé ; rien de tel dans ce qui s’est agité dès le lendemain à l’entour.

186. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 260-261

Si, pour seconder sa verve vraiment tragique, il eût eu soin d'étudier plus à fond les regles de la Tragédie, de s'attacher à la vraisemblance, de ne point forcer les caracteres, il se seroit procuré des succès mieux mérités & plus solides. […] La Comédie du Persifleur mériteroit aussi des reproches du côté de l'intrigue & de l'action ; mais la finesse avec laquelle l'Auteur a saisi ce caractere si délié dans ses nuances, l'agrément des détails, la gaieté & la vérité des tableaux, la peinture des travers de nos mœurs, & surtout l'aisance de la versification, lui obtiendront grace aux yeux des connoisseurs, & justifieront le succès dont cette Piece a joui.

187. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « III »

Le succès de concert est forcément restreint à un public limité ; les succès wagnériens de MM.  […] Le Wagner-Museum est une chose absolument intéressante et utile, et destinée au meilleur succès. […] C’est un succès qui dépasse tous ceux dont on enregistre le souvenir au théâtre de la Monnaie. […] Ce Concert Wagnérien a obtenu un énorme succès. […] Ce concert Wagnérien a obtenu un énorme succès.

188. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — IV. La Poësie dramatique. » pp. 354-420

Quoiqu’elle ait tout récemment été mise sur le théâtre sans amour, quoique la pièce annonçât des talens, & qu’elle ait eu un grand succès, Euripide a perdu. […] Le succès de cette pièce n’a pas été bien décidé. […] Cet écrivain a beaucoup travaillé pour les différens théâtres de Paris, &, dans tous, il a eu des succès. […] Dans la clôture de leur théâtre, en 1735, un d’eux prononça ces vers : Les grands succès enflent de trop de gloire. […] Sa persuasion, à cet égard, fut poussée si loin, qu’il osa se présager publiquement des succès plus grands que tous ceux qu’avoit jamais eus Corneille.

189. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 115-117

Le succès dont jouissent Heureusement, & la Matinée à la mode, ne prouve autre chose, sinon que la fureur de l'épigramme & des petites gentillesses absorbe tout, & qu'aujourd'hui l'esprit & quelques saillies tiennent lieu de talent. […] Ne vaudroit-il pas mieux se guérir de la démangeaison du Théatre, si on est sans talent, ou, si l'on en est pourvu, se borner à ne produire dans tout le cours de sa vie qu'une ou deux bonnes Pieces, que d'amuser le Public par des bagatelles qui passent bientôt de vogue, sans avoir le mérite de reparoître une seconde fois avec succès ?

190. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1860 » pp. 303-358

… Et dire que jamais, même quand l’œuvre réussit, jamais ce n’est le succès que vous avez voulu, qui vous vient ! N’est-ce pas les côtés vaudeville de Madame Bovary qui lui ont valu son succès. Oui, le succès est toujours à côté… La forme, ah ! […] Le soir, nous vaguons sur les boulevards, supputant les chances de duel, les chances de succès, regardant les étalages avec une certaine excitation nerveuse que nous ne pouvons maîtriser. […] Il envoyait aussitôt à Pélissier l’ordre de tenter l’assaut sur un endroit qu’il lui indiquait, toutefois sans pouvoir lui mander sur quoi il fondait la certitude de son succès.

191. (1893) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Première série

Aucun succès, quelque éclatant qu’il soit, ne donne droit aux loisirs d’écrivain honoraire. […] Le positif, ici, c’est le succès du jour ; le très problématique, c’est l’immortalité du lendemain. […] L’étonnant succès d’Œdipe roi au Théâtre-Français prouve à quel point ce chef-d’œuvre est resté vivant. […] — Le succès vient toujours à ceux qui le méritent.. […] Une de ses bonnes malices est de substituer un succès de rencontre à celui que visaient patiemment nos efforts.

192. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Millevoye, Charles (1782-1816) »

Bernard Jullien Millevoye, poète digne à plusieurs égards de l’attention de la postérité, s’est exercé assez souvent dans la narration poétique, et malheureusement il l’a toujours fait sans le moindre succès ; tellement que si l’on voulait juger de son mérite par ses travaux dans ce genre, on le mettrait avec raison au rang de ceux dont le nom est devenu ridicule. […] Charles Nodier Cette persévérance dans ce qu’on appelait la voie classique, cette servilité d’imitation que l’on apprenait au collège, une prétention plus déplorable encore, et c’était, à la vérité, la seule dont ce brillant esprit se fût jamais avisé, celle de surprendre, par des riens cadencés comme on en rimait alors, le suffrage routinier d’un auditoire académique, empêchèrent Millevoye de parvenir à tous les succès auxquels il pouvait prétendre.

193. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 421-423

Sans parler des Canevas & des Opéra Comiques qu’il a donnés aux Italiens, où ces bagatelles ont été accueillies du Public, trois de ses Comédies, le Tuteur dupé, le Mariage interrompu, & les Etrennes de l’Amour, ont eu du succès sur le Théatre de la Nation. […] Si celle-ci n’a pas eu un grand succès, elle ne laisse pas d’être supérieure à la plupart des Comédies de nos jours que le Public a accueillies.

194. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 210-213

Un goût universel pour les Beaux-Arts, des talens pour les cultiver avec succès, doivent le faire regarder comme un de ces génies heureux, propres à faire admirer les richesses de la Nature. […] On a encore de lui des Amusemens sérieux & comiques, qui eurent dans le temps beaucoup de succès, & qui peuvent encore amuser aujourd’hui.

195. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires de Marmontel. » pp. 515-538

il eut des succès. […] Aussi brusquement laissé qu’il avait été pris, il nous fait ensuite assister à ses peines, à sa désolation et à sa consolation, qui ne tarda guère ; elle lui vint de la part de la célèbre actrice Mlle Clairon, qui était de son âge et qui sentit au théâtre ses succès. […] Ces dissipations, celles qu’il trouvait à Passy où il était allé loger chez son ami et Mécène M. de La Popelinière, cette vie de soupers et de plaisirs, arrêtèrent les premiers succès de Marmontel et nuisirent à son essor tragique, en supposant qu’il eût été de force à se pousser dans cette voie. […] Ainsi, sur cinq pièces représentées, deux grands succès, deux demi-chutes et une déroute complète, voilà sa carrière tragique. […] Marmontel fut heureux, même dans ses mésaventures ; quand il se vit envoyé à la Bastille pour avoir offensé ce plat duc d’Aumont, ce fut pour lui un succès : il n’y resta que onze jours, traité avec toute sorte de considération, et il en sortit avec un relief nouveau.

196. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre I. La critique » pp. 45-80

La faute en est aux auteurs qui confondent le succès moral et la vente d’un livre. […] Inversement à l’opinion générale la vente d’un livre est en raison directe de son succès moral. […] Ces succès sont éphémères et ne portent que sur un seul titre, non sur un auteur. […] Pourquoi les vrais écrivains leur envieraient-ils ces succès. […] À son propos quand on a parlé de l’influence nietzschéenne, il a fait remarquer très justement que Nietzsche n’aurait pas eu tant de succès, si sa pensée n’avait été pensée par des esprits orientés déjà comme le sien, si Zarathoustra n’avait été la traduction de la pensée d’une génération… L’anarchisme souriant, la logique rigoureuse, le bon goût sceptique de M. 

197. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « TABLE » pp. 340-348

. — Causes du succès de Lucrèce      33 X. — Articles sur Lucrèce. […] Patin, etc     117 XXX. — Peu de succès de la reprise de Lucrèce. […] Thiers au roi. — L'Ultramontanisme, par Quinet. — Les Actes des Apôtres, par Génin. — Pascal. — L'abbé Flottes     227 LX. — Procès Lacoste. — Madame Lafarge. — Succès malsain de cour d’assises. — Prétendue découverte du cœur de saint Louis. — Polémique entre MM.

198. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVIII. Pourquoi la nation française était-elle la nation de l’Europe qui avait le plus de grâce, de goût et de gaieté » pp. 366-378

Lorsque le gouvernement est assez modéré pour qu’on n’ait rien de cruel à en redouter, assez arbitraire pour que toutes les jouissances du pouvoir et de la fortune dépendent uniquement de sa faveur, tous ceux qui y prétendent doivent avoir assez de calme dans l’esprit pour être aimables, assez d’habileté pour faire servir ce charme frivole à des succès importants. […] La flatterie qui sert à l’ambition exige beaucoup plus d’esprit et d’art que celle qui ne s’adresse qu’aux femmes : ce sont toutes les passions des hommes et tous leurs genres de vanité qu’il faut savoir ménager, lorsque la combinaison du gouvernement et des mœurs est telle, que les succès des hommes entre eux dépendent de leur talent mutuel de se plaire, et que ce talent est le seul moyen d’obtenir les places éminentes du pouvoir. […] Il faut soigner les apparences lorsqu’on ne peut faire juger que ses manières, et l’on était même excusable de souhaiter en France des succès de société, puisqu’il n’existait pas une autre arène pour faire connaître ses talents, et s’indiquer aux regards du pouvoir.

199. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préfaces de « Han d’Islande » (1823-1833) — Préface d’avril 1823 »

Son ami lui conseilla de la remplacer tout simplement par une manière d’avant-propos des éditeurs, dans lequel il pourrait se faire dire très décemment, par ces messieurs, toutes les douceurs qui chatouillent si voluptueusement l’oreille d’un auteur ; il lui en présenta même plusieurs modèles empruntés à quelques ouvrages très en faveur, les uns commençant par ces mots : Le succès immense et populaire de cet ouvrage, etc. […] Il a donc fallu que l’auteur renonçât pour cause d’incapacité à ce genre d’aimables moqueries, dont nous avons déjà de si désespérants classiques, et dont les conséquences ont été tirées avec tant de vigueur et de succès par messieurs de Robespierre, Barrère, Couthon et compagnie. […] Il lui reste à remercier les huit où dix personnes qui ont eu la bonté de lire son ouvrage en entier, comme le constate le succès vraiment prodigieux qu’il a obtenu ; il témoigne également toute sa gratitude à celles de ses jolies lectrices qui, lui assure-t-on, ont bien voulu se faire d’après son livre un certain idéal de l’auteur de Han d’Islande ; il est infiniment flatté qu’elles veuillent bien lui accorder des cheveux rouges, une barbe crépue et des yeux hagards ; il est confus qu’elles daignent lui faire l’honneur de croire qu’il ne coupe jamais ses ongles ; mais il les supplie à genoux d’être bien convaincues qu’il ne pousse pas encore la férocité jusqu’à dévorer les petits enfants vivants ; du reste, tous ces faits seront fixés lorsque sa renommée sera montée jusqu’au niveau de celles des auteurs de Lolotte et Fanfan ou de Monsieur Botte, hommes transcendants, jumeaux de génie et de goût, Arcades ambo ; et qu’on placera en tête de ses œuvres son portrait, terribiles visu formæ , et sa biographie, domestica facta .

200. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Topffer »

Topffer, ont été édités avec un luxe de dessin et de typographie qui dit à quel point on comptait sur le succès du livre, et on avait raison. […] Il n’est ni assez profond, ni assez élevé, ni assez original, — cette cause d’isolement parmi les hommes, — pour dépayser cette moyenne des esprits et des âmes qui font les succès immédiats et travaillent à la gloire d’un homme comme les ouvriers des Gobelins à leur morceau de tapisserie, — sans voir ce qu’ils font. […] À nos yeux, c’est dans ce contraste que gît tout le charme de Topffer et le secret de son succès.

201. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Chamfort. » pp. 539-566

Chamfort fut ainsi précepteur dans deux maisons ; mais bientôt sa jolie figure et son peu de timidité lui valaient des succès qui dérangeaient le bon ordre domestique. […] Son grand succès, ou du moins son grand effort littéraire, l’année suivante, fut sa tragédie de Mustapha et Zéangir. […] Quand, l’hiver suivant, la tragédie de Mustapha fut représentée à la ville, à la Comédie-Française, elle n’y obtint qu’un succès plus froid. […] Le lendemain de cette première représentation de Paris, elle dit devant tous les ambassadeurs qu’elle avait été la veille dans des transes, « dans l’état du métromane, jusqu’au moment où elle avait appris le succès ». […] Proudhon, je les estimerai, je les respecterai, dussé-je ne pas croire à leur succès possible d’ici à longtemps, à bien longtemps !

202. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 440-443

Ses plus grands succès ont été précisément dans le genre qu’il auroit dû s’interdire. […] La Grange, de Montpellier, mort à Paris en 1769, Auteur d’une douzaine de Comédies, dont quelques-unes eurent du succès dans leur nouveauté.

203. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 465-468

Le Parnasse réformé, & la Guerre des Auteurs, qui en est la suite, eurent beaucoup de succès dans leur nouveauté, & seroient encore aujourd’hui des Ouvrages piquans, si la plaisanterie & l’ironie qui y dominent étoient d’un meilleur goût. […] Pour avoir un succès durable, il eût fallu que Gueret eût su mieux modérer ses saillies, & qu’il eût attaqué ce travers de son Siecle avec des armes plus propres à en faire sentir le ridicule & les dangereux effets.

204. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIe entretien. Littérature politique. Machiavel » pp. 241-320

Machiavel, voulant donner à Laurent de Médicis, prince nouveau, des leçons de la politique du succès (fausse mais séduisante politique), prit son texte dans la vie de César Borgia, auprès de qui il avait résidé si intimement comme ambassadeur de Florence. […] Artiste en succès, voilà le vrai nom de Machiavel : ne lui en cherchez pas un autre ; c’est bien assez pour le flétrir dans cette œuvre trop équivoque de son génie, car le succès en politique est trop souvent la récompense du crime. […] C’est ce qui la prosterne aux pieds du succès. […] Il devient de plus en plus évident, à quelques pages de là, qu’il raconte le succès du crime, mais qu’il ne le glorifie pas. Lisez cette phrase : « Les cruautés, dit-il, sont bien employées (si toutefois le mot bien peut être jamais appliqué à ce qui est mal) quand on les commet d’un seul coup et en masse, etc. » Vous voyez, par la parenthèse, qu’il parlait du succès, et non de l’innocence des cruautés.

205. (1914) Boulevard et coulisses

Et les auteurs les faisaient sans broncher, et elles étaient bonnes, ou du moins elles avaient du succès, ce qui était l’essentiel pour Koning. […] Nous nous figurions que nous avions du succès lorsqu’un des maîtres du journalisme, Aurélien Scholl ou Henry Fouquier, nous complimentait légèrement. […] Il sortait de l’École de médecine, après quoi il avait été secrétaire d’un préfet, et maintenant il écrivait au Gil Blas une série d’articles intitulés les Gaietés de la Semaine, qui ne furent d’abord qu’un succès de boulevard, mais qui, au bout de quelques mois, devinrent un succès presque universel, et non seulement à Paris, mais en province. […] Les origines littéraires de son talent n’importent guère, non plus que les mystérieux rapports qui existent entre le talent et le succès ; c’est le succès seul qui excitera la curiosité, le succès avec ce qu’il a de sportif et de pittoresque, avec ses bénéfices, ses rivalités, sa bataille, le déchaînement des jalousies, les applaudissements frénétiques, le dénigrement forcené, cet aspect de lutte et de course que nous voulons à tous les spectacles. […] Maintenant, elle va errer de théâtre en théâtre, jusqu’au succès ou jusqu’à la culbute.

206. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « V » pp. 19-21

Le vendredi 7 avril, le soir, chez madame Récamier. mademoiselle Rachel a récité : 1° quelques scènes de Bérénice ; 2° le premier acte presque entier de Judith ; — Bérénice assez bien, mais pour Judith, succès complet d’actrice et d’acteur. […] Succès complet et vrai.

207. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXXIV » pp. 141-143

— Le directeur de l’Odéon essaye de retrouver et de contrefaire son succès de Lucrèce. […] Félix) qui ne fasse débuter ses autres enfants, encore mineurs, à l’Odéon, espérant retrouver les succès et les profits de l’aînée. — On dit que l’esprit humain est inventif ; ce qui me frappe plutôt, c’est combien il l’est peu, et combien on se traîne sur les mêmes traces et l’on épuise les mêmes moyens à satiété, jusqu’à ce que vienne quelqu’un qui redonne du coude, comme on dit, et qui vous retourne d’un autre côté.

208. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 7-11

Cette Piece fut reçue avec les plus grands applaudissemens, & les Connoisseurs n’improuveront son succès, que parce qu’elle excite les larmes, & qu’elle étoit annoncée sous le titre de Comédie. […] Nous ne doutons pas que les quatre dont nous venons de parler, n’eussent le plus grand succès, avec les corrections que M.

209. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 364-367

MORAND, [Pierre de] Avocat au Parlement d’Aix, né à Arles en 1701, mort à Paris en 1757, exerça ses talens poétiques sur les trois Théatres de la Capitale, & eut quelques succès dans le genre tragique & comique. […] C’est à ces deux défauts qu’on doit attribuer, sans doute, le peu de succès de Childéric, Tragédie du même Auteur, la mieux combinée, sans contredit, de toutes celles qu’on connoît sur notre Théatre, si l’on en excepte l’Héraclius de Corneille.

210. (1730) Discours sur la tragédie pp. 1-458

Nous sentons toûjours nôtre impuissance de tant de côtez, que si nous étions raisonnables, nous serions encore modestes au milieu des plus grands succès. […] Est-il raisonnable de se donner plus de difficultés à vaincre, qu’il n’y a de succès à espérer ? […] Voilà sans doute une des causes du succès de ma tragedie. […] Le poëte se propose d’abord quelques beautés principales sur lesquelles il fonde son succès. […] Le novateur, enhardi par son succès, ne s’en tint pas là.

211. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

En général, au théâtre, M. de Vigny tâtonna jusqu’à ce qu’il eût obtenu son succès enfin, un succès des plus vifs et des plus saisissants, par son Chatterton, représenté le 12 février 1835. […] Je constate la vogue et le succès : ce n’est pas le moment de discuter ici la théorie. […] Bien que fort contredit dans cette réponse du directeur, il ne crut pas sans doute qu’elle pût nuire à son succès. […] Il y a dans tout succès dramatique (et ce fut un succès dramatique que celui du discours de M.  […] Le discours de M. de Vigny, avec les circonstances du débit, fut la principale causé du succès de l’orateur rival, devenu tout d’un coup adversaire.

212. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Delille »

Sa personne, son agrément de conversation, son débit, ne sauraient se séparer du succès de ses vers. […] Il se distingua par les plus brillants succès universitaires, et, dans sa seconde année de rhétorique principalement, il obtint tous les premiers prix. […] Le succès alla aux nues. […] Lorsqu’il débuta dans le monde, on ne songeait qu’à des morceaux, et tout dépendait du succès d’une lecture. […] Fiévée à Bonaparte (avril 1803) le frémissement de colère qu’excitait autour du Consul un succès impossible à réprimer.

213. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — I » pp. 236-253

Ayant quitté Paris après ses premiers succès dans la chaire, il fut attaché successivement par ses fonctions à diverses églises du Midi, et ne resta pas moins de dix-sept ou dix-huit ans sans revenir dans la capitale ; toutefois, après une si longue absence, il avait dessein d’y revenir, mais pour s’y ensevelir dans la retraite : il avait fait vœu de se faire Chartreux, et ce n’était point une ferveur de jeune homme, puisqu’alors Charron n’avait pas moins de quarante-sept à quarante-huit ans. […] Ce livre de controverse par un catholique royaliste eut du succès : l’évêque de Cahors, entre autres, messire Antoine Hébrard de Saint-Sulpicel, sur la seule lecture de la première édition, voulut en rapprocher de lui et en posséder l’auteur ; il n’eut point de cesse qu’il n’eût établi Charron dans sa maison épiscopale avec charge et fonction de prêcher en son église les dimanches et fêtes. […] Ainsi donc, à les prendre pour ce qu’ils sont, les ouvrages de controverse et de théologie de Charron, antérieurs à sa Sagesse, et qui ne sont pas si en contradiction avec elle qu’ils le paraissent, purent obtenir dans leur temps un succès assez remarquable, et ils avaient leur à-propos. […] C’est là son but, et, à quelques égards, ce fut son succès. […] Mourin, il s’en levait bientôt vingt autres prêts à continuer leur œuvre avec la même violence et le même succès. « Charron un énergumène !

214. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

Pour Béranger, les passions en jeu étaient autrement vivaces ; toutes les anciennes rancunes ont profité de cette impatience du public (je ne dis pas du peuple, qui lui est resté fidèle) et se sont réveillées : rancunes légitimistes, rancunes religieuses, rancunes littéraires, et celles-ci très-vives, de la part des raffinés, qui méprisent sur toute chose le bourgeois et les succès qu’il consacre. […] » La poésie sérieusement l’occupe : « Elle est pour moi maintenant une occupation douce, qui ne me nourrit point d’idées chimériques, mais qui n’en charme pas moins tous mes instants. » Cette poésie, comme il l’entendait, était pourtant alors à ses yeux très distincte encore de ses chansons ; il rêvait un succès par quelque poëme d’un genre élevé et régulier, tel que le lui avait conseillé Lucien Bonaparte, son protecteur, tel que la littérature impériale classique le prescrivait à tout jeune auteur qui briguait la palme. […] Je n’avais jamais eu un auditoire aussi redoutable ; aussi ai-je chanté assez mal… » Il a eu peur, c’est bon signe : de ce côté, l’amour-propre lui est venu désormais, et si bien qu’après ce premier succès, de peur de le compromettre, il refuse le dimanche suivant de rester à dîner chez M.  […] « Encore dix mois, mon ami, écrit-il à Quenescourt en janvier 1812, et je m’embarquerai au milieu des écueils du goût, de la satire, de l’envie et du succès. » Cependant il chassait, comme on dit, deux lièvres à la fois ; il voit que ses chansons ont réussi devant desaristarques en renom, et dorénavant il s’y applique ; il sent lui-même qu’il s’y applique trop : « Je fais toujours des chansons, mais moins pour mon plaisir que par une sorte de calcul. […] L’homme de lettres, s’il avait été un moment primé par l’homme de passion et de combat, se réveilla alors en lui avec toutes ses inquiétudes, et il essaya de donner un dernier témoignage de soi, de ses idées et de son talent dans une production suprême ; il y réussit en 1833 par quelques pièces fort belles du Recueil qu’il publia, et qui, moins populaire que les précédents, eut un succès poétique et littéraire.

215. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. le Cte Alfred de Vigny à l’Académie française. M. Étienne. »

Le succès prodigieux de l’opéra-féerie de Cendrillon tenait encore la curiosité en éveil, lorsqu’on annonça quelques mois après (août 1810) la représentation des Deux Gendres, l’une de ces pièces en cinq actes et en vers qui, à cette époque propice, étaient des solennités attendues et faisaient les beaux jours du Théâtre-Français. […] Reçu à l’Académie française en novembre 1811, à l’âge de trente-trois ans ; dans l’intime faveur des ministres Bassano et Rovigo ; rédacteur en chef officiel du Journal de l’Empire, remplissant la scène française et celle de l’Opéra-Comique par la variété de ses succès, connu d’ailleurs encore par les joyeux soupers du Caveau et par des habitudes légèrement épicuriennes, on se demandait quel était l’avenir de ce jeune homme brillant, au front reposé, au teint vermeil ; s’il n’était (comme quelques-uns le disaient) que le plus fécond et le plus facile des paresseux, un enfant de Favart ; s’il ne faisait que préluder à des œuvres dramatiques plus mûres, et où il s’arrêterait dans ces routes diverses qu’il semblait parcourir sans effort. […] Lebrun-Tossa, son ami alors et son collaborateur en perspective, non pas un projet de canevas, mais une véritable pièce en trois actes et en vers, presque semblable en tout à celle qui est imprimée sous le titre de Conaxa, et qu’il en tira, comme c’est le droit et l’usage de tout poëte dramatique admis à reprendre son bien où il le trouve, une comédie en cinq actes et en vers, appropriée aux mœurs et au goût de 1810, marquée à neuf par les caractères de l’ambitieux et du philanthrope, et qui mérita son succès. […] Ses Lettres sur Paris eurent un grand, un rapide succès ; ce fut son dernier feu de talent et de jeunesse ; depuis ce temps, M.  […] Arrivant à l’éloge même du récipiendaire, et en se plaisant à reconnaître tout l’éclat de ses succès, le directeur a cru devoir excuser ou du moins expliquer les retards que l’Académie mettait dans certains choix, et l’espèce de quarantaine que paraissaient subir au seuil certaines renommées.

216. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Alfred de Vigny »

Éloa, cette sublimité dans le délicat et le pur, avait eu le succès qui convenait, — un succès chaste, comme elle, plus profond que sonore ; mais trois ans après, jour pour jour, Vigny, qui voulait mettre une fleur de prose à côté de cette fleur de poésie qui était sortie de sa pensée, calice de parfum et de blancheur, comme le nénuphar sort d’une eau limpide, Vigny publia Cinq-Mars, un roman historique bien plus inspiré, selon moi, par Walter Scott, alors régnant, qu’il n’est produit par une fantaisie vraiment libre ou une combinaison irréfléchie. […] Le Cinq-Mars de Vigny fut un livre navrant pour ceux qui croyaient que le jeune poète portait, en sa tête blonde, tout une sainte famille de poèmes comme Éloa ; car le succès de Cinq-Mars, ce succès à quatorze éditions et qui n’est pas épuisé encore, devait entraîner son auteur vers la prose, du train terrible de ces quatorze éditions, — deux de plus que les douze chevaux de la voiture du roi ! […] Aussi Stello, qui vint après Cinq-Mars, Stello, qui est l’effort puissant et couronné du poète devenu enfin un grand artiste en prose, n’eut pas le succès colossal de Cinq-Mars, et vraiment ne pouvait pas l’avoir !

217. (1899) Les industriels du roman populaire, suivi de : L’état actuel du roman populaire (enquête) [articles de la Revue des Revues] pp. 1-403

Si, au surplus, pour faire vibrer, comme il convient, la note sentimentale, vous adjoignez à des types de forbans implacables le contraste de créatures angéliques, exposées aux pires infortunes et rachetées du mal par la grâce de leur innocence même, alors votre succès est assuré. […] Mais jamais ne se seront affichées aussi impudemment que de nos jours les pratiques d’un compagnonnage mercantile, — l’un des associés assumant, pour une bouchée de pain, la totalité de la besogne, l’autre se réservant, pour l’avoir regardé faire tout, le succès et la recette. […] Multiplié par la presse à un sou, il a continué, de concert avec les congrégations et l’alcool, à déprimer, à vicier une démocratie que l’école primaire et les « intellectuels » s’efforcent héroïquement, sinon avec succès, de relever, de purifier, d’exalter. […] Je souhaite à l’initiative de la Revue des Revues le succès qu’elle mérite et je suis persuadé qu’elle sera féconde, même, je le répète, si les apparences n’en témoignent pas tout d’abord. […] Pour cela, il ne peut prendre que les moyens qui sont à sa disposition : I. — Le théâtre, s’il a le tempérament dramatique ; cela fait quelques milliers de spectateurs, quelques dizaines de mille s’il obtient un grand succès.

218. (1879) À propos de « l’Assommoir »

Il essaya d’abord son talent sur les instruments de cuivre, mais sans aucun succès. […] Il s’en tenait à des vaudevilles, que l’on représentait avec assez de succès aux Variétés au Palais-Royal, ou aux Folies-Marigny. […] Il s’est aussi donné beaucoup de peine, et peut prendre sa part au succès. […] Son seul succès a été son roman : Monsieur et Madame Fernel, une peinture de la vie de province assez exacte. […] A la première, il a risqué de compromettre le succès de la pièce.

219. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXVIII » pp. 266-276

Le succès de l’Histoire du Consulat et de l’Empire ne saurait être moindre : on peut même dire que ce succès est décidé et comme tout fait à l’avance, quel que soit le mérite de l’ouvrage : on ne jugera qu’après, on dévorera et on admirera d’abord. […] L'Odéon, alléché par son succès d’Antigone de l’an dernier, vient de donner les Nuées d’Aristophane.

220. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 8-23

Le grand Corneille sembloit avoir fixé sur lui tous les suffrages, & épuisé l’admiration par la force, la hauteur & la fécondité de son génie, qui, comme un souffle impétueux, avoit tout fait plier devant lui ; Racine ne craignit pas de paroître sur la Scène, &, prenant une autre route, il se montra bientôt digne de le remplacer : la tendresse, l’harmonie, une connoissance profonde du cœur humain, furent les nouveaux ressorts de sa Muse tragique, & le conduisirent rapidement aux mêmes succès. […] On dira peut-être que l’amour sur la Scène tragique, conduisant aux malheurs, aux crimes, & aux remords, cesse d’être dangereux, & devient un principe fécond pour développer avec succès les différentes impressions dont l’ame humaine est susceptible. […] On voit qu’il n’a tenu qu’à lui de joindre les lauriers de Thalie à ceux de Melpomene ; aucun Poëte tragique ne s’est exercé dans la Comédie avec tant de succès.

221. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Racine, et Pradon. » pp. 334-348

Il débuta, dans le monde, par une ode sur le mariage du roi ; elle lui valut une gratification : ce succès le détermina à la poësie. […] Enchantée de voir le peu de succès de la Phédre de Racine, elle fit, au sortir de la première représentation, ce fameux sonnet : Dans un fauteuil doré, Phédre tremblante & blême, Dit des vers où d’abord personne n’entend rien, &c. […] C’est ce même esprit qui fut cause du peu de succès d’Athalie, un des chefs-d’œuvre de la scène Françoise.

222. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 18, reflexions sur les avantages et sur les inconveniens qui resultoient de la déclamation composée des anciens » pp. 309-323

On sçait avec quel succès la Chanmeslé recita le rolle de Phédre, dont Racine lui avoit enseigné la declamation vers par vers. […] Jusques ici, je l’ai déja dit, le veritable mouvement d’une composition n’a pû se conserver que par tradition, pour parler ainsi, car les instrumens inventez pour tacher d’avoir par le moïen de l’horlogerie, le mouvement juste que les compositeurs avoient donné à leurs airs et à leurs chants, afin de le conserver avec précision, n’ont point eu jusques ici un grand succès. […] Cette objection contre l’usage de composer et d’écrire en note la déclamation, auroit pû paroître considerable avant qu’on connût les opera, mais le succès de ce spectacle, où l’acteur est astreint, comme nous venons de le dire, à suivre la note et la mesure, rend l’objection frivole.

223. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Lettres portugaises » pp. 41-51

Qui donc était intéressé à ce succès ? […] Depuis Pascal et madame de Sévigné, il fut encore des succès faciles et des livres dont on peut expliquer la tranquille possession d’état parmi les œuvres qu’on ne discute plus, sans avoir recours au phénomène du génie. […] Mais la Religieuse portugaise, si ses lettres ne valent pas le bien qu’on en dit… comment expliquer son succès, tout à la fois instantané et durable ?

224. (1854) Causeries littéraires pp. 1-353

Préoccupé comme moi du succès de M.  […] Ponsard : Un grand succès, un succès légitime, un succès honnête, vient de remettre en lumière tout ce que ses derniers ouvrages avaient remis en question. […] Il fallait donc, il fallait absolument un grand succès à M.  […] Ce succès, il vient de l’obtenir. […] Tout lui souriait, la poésie, l’avenir, le succès, l’amitié, l’espérance !

225. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « César Cantu »

En France, le succès se décide bien souvent aussi, comme partout, hélas ! […] parmi les causes désolantes du succès des mauvais livres, l’esprit de parti a le droit d’être bien bête sans aucun danger, mais il est bête en répétant la même bêtise, en poussant son lecteur ou en le frappant à la même place, en se faisant une espèce de logique avec les passions ou les lieux communs de son parti.

226. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juillet 1885. »

Quoi qu’il en soit, si le succès de l’œuvre devait se confirmer à Paris, avec le même éclat qu’à Bruxelles, on ne pourrait qu’en féliciter les auteurs, car elle sort incontestablement de la moyenne habituelle. Mais que prouve le mot « succès » ? Manque-t-il d’ouvrages ayant eu du succès, et beaucoup, qu’on a définitivement oubliés ? […] Car, si l’on y songe, les auteurs de Sigurd ont pris une responsabilité assez lourde pour que le succès auquel ils s’attendent ne parvienne pas à les justifier. […] Quant au succès, il fut chaque année, plus marqué.

227. (1857) Cours familier de littérature. III « XIIIe entretien. Racine. — Athalie » pp. 5-80

Les solitaires de Port-Royal furent plus alarmés que flattés de ce succès de leur élève. […] Ils se hâtèrent d’éloigner le jeune Racine de la scène de ses premiers succès, de peur qu’il ne prît goût à ces vaines gloires, et de l’envoyer chez un de ses oncles, chanoine à Uzès, nommé le père Sionin. […] L’élégance de la versification et les allusions adulatrices à Louis XIV, héros toujours réel de ces pièces héroïques, donnèrent à l’ouvrage un succès qu’il était loin de mériter par lui-même. […] C’était Molière qui avait fait représenter les premières tragédies de son ami sur son propre théâtre, en répondant, pour ainsi dire, au public, de la chute ou du succès de ces tragédies. […] Elle eut un si grand succès, que le souvenir n’en est pas encore effacé.

228. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 avril 1886. »

A en juger d’après l’impression du public, il ne paraît pas que ces transpositions du drame Wagnérien dans une salle de concert soient bien fâcheuses : aux quatre auditions du premier acte de la Walküre, public nombreux, attentif, ému, finalement enthousiaste ; succès sans conteste. […] La dernière séance, organisée par l’Association Wagnérienne Universelle, dans l’atelier du peintre Constantin Meunier, a eu un très vif succès. […] Le bruit court qu’en vue du succès complet de la propagande wagnérienne à New-York, M.  […] Pinelli, rémittent artiste qui propage avec autant d’intelligence que de succès, dans le public italien, le goût de la musique wagnérienne, ainsi que le sentiment de l’art classique, et auquel est dû un véritable réveil musical. […] Le Succès du 6.

229. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 septembre 1886. »

Enfui, dans le rôle d’Isolde, nous devons rappeler le beau succès de Madame Sucher. […] Bien que l’éminent chef d’orchestre n’ait d’autre souci que de faire œuvre d’art et que toute idée de spéculation lui soit étrangère, on conçoit aisément qu’il ait voulu mettre de son côté toutes les chances de succès. C’était d’autant plus nécessaire que les répétitions commenceront dès le mois de janvier ; ce ne sera pas trop de trois mois d’études pour arriver à une perfection dans l’exécution égale à celle qui a valu tant de succès aux concerts de M.  […] Scheidemantel a chanté pour la première fois, avec un grand succès, le Hollandais Volant, LONDRES. — Nous recevons de M.  […] De ces drames, le hollandais fut représenté l’année dernière, avec éclat et succès, à l’opéra américain ; Siegfried, si je ne me trompe, n’a jamais été présenté au public de New York.

230. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre X »

Alexandre Dumas alle stelle du succès. […] Les défauts échappaient, dans le bruit et le rayonnement du premier succès, et il fallait de l’attention pour les découvrir. […] Il n’y a là ni passion qui trouble, ni drame qui entraîne, ni émotion qui aveugle : nous sommes en affaires, et les bons comptes font les bons succès. […] C’est un succès oratoire plus encore qu’un succès dramatique. La parole couvre l’action dans la Question d’argent, elle la double, elle la remplace, et — succès unique !

231. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — II » pp. 57-80

Il fallait bien qu’il eût dans son amour-propre, et dans la manière dont il le portait, quelque chose qui choquait et offensait l’amour-propre des autres, pour qu’il ait excité, aux heures de ses succès militaires et de ses plus grands services, un déchaînement d’envie et une irritation telle qu’on en connaît peu d’exemples. « Mon fils, lui avait dit sa spirituelle mère quand il entra dans le monde, parlez toujours de vous au roi, et jamais aux autres. » Villars, a-t-on remarqué, ne suivit que la première moitié du conseil : il parlait constamment de lui devant tous et se citait en exemple dans les grandes comme dans les petites choses. — Après la paix de Riswick, le roi jugea à propos de l’envoyer à Vienne comme ambassadeur (1699-1701) ; le poste était important à cause de la question pendante de la succession d’Espagne, qui pouvait à tout moment s’ouvrir ; il s’agissait de négocier par précaution un traité de partage avec l’empereur, ce traité dût-il ne pas s’exécuter ensuite. […] Si vous vous trouvez à portée de faire quelque entreprise, n’appréhendez point que je vous rende garant du succès ; je prends sur moi tous les événements, et vous donne un plein pouvoir d’attaquer les ennemis et de les combattre forts ou faibles, lorsque vous les trouverez, en cas que vous le jugiez à propos ; tout ce que j’appréhende, c’est que vous ne vous retiriez en les laissant maîtres de l’Alsace et de la Sarre. […] Mais que ne va-t-on pas dire à Versailles, à cette nouvelle du succès de l’heureux Villars ? […] La France a eu un succès ; la victoire revient sous nos drapeaux, elle console le cœur d’un roi qui, en cela du moins, est patriote : que leur importe ! […] Et au ministre Chamillart il écrivait d’un ton moins léger : Ceux qui publient que je ne veux pas joindre M. l’électeur de Bavière, et que j’ai repassé le Rhin pour voir Mme de Villars, qui ne m’a pourtant pas beaucoup occupé pendant mon siège de Kehl, ne songent sans doute pas que j’ai dû me conserver de la subsistance pour repasser le Rhin ; qu’il y a un esprit de prévoyance dans la guerre de campagne pour ménager un pays qui doit nous servir dans les nécessités urgentes, et que de ces ménagements dépend quelquefois le succès d’une campagne.

232. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. Le théâtre romantique »

Puis ce fut la grande journée du 25 février 1830, la bataille d’Hernani : la censure laissant passer la pièce pour faire exécuter le romantisme par le public, tant elle estimait impossible le succès d’une telle extravagance ! […] Il faut désormais du spectacle, de l’action extérieure, du pittoresque, des détails locaux et individuels : il n’y a plus de succès que par l’emploi plus ou moins large des moyens romantiques. […] J’en pourrais presque dire autant de Ponsard807, dont le succès sembla donner le coup mortel au théâtre de la nouvelle école. […] Le xviiie  siècle avait connu une sorte de comédie historique on sait le succès qu’obtint Collé avec son ennuyeuse Partie de chasse de Henri IV. […] Cette morale est de la plus vulgaire médiocrité : partout l’argent, la position, la carrière, la fortune ; le plus bas idéal de succès positif et d’aise matérielle, voilà ce que Scribe et son public appellent la raison.

233. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — I. » pp. 234-253

Le 17 mai 1757, il vit pour la première fois les postes avancés ; il entendit siffler les premières balles : « J’étais heureux comme un roi. » Son impatience s’accommode assez peu en tout temps de la lenteur méthodique du maréchal Daun ; on chante, après chaque succès, des Te Deum qui font perdre le temps. […] Ce qui me frappe, c’est que Grimm, vers cette date, dit à peu près la même chose ; parlant de la lettre adressée par le prince à Jean-Jacques Rousseau en 1770, lettre dans laquelle il lui offrait un asile contre la persécution et une retraite à Belœil, comme M. de Girardin la lui fit accepter plus tard à Ermenonville, Grimm ajoute : « Cette lettre n’a pas eu de succès à Paris, parce qu’on n’y a pas trouvé assez de naturel, et que la prétention à l’esprit est une maladie dont on ne relève pas en ce pays. » Il y a sur ceci deux points à remarquer : d’abord, c’est que les personnes, déjà en crédit et en possession, qui vous voient à vos débuts, ont peine à vous admettre : elles vous comparent à d’autres qui tiennent déjà un rang ; les places sont prises dans leur esprit, les hauteurs sont occupées. […] Vous vous croyez au dernier degré ; mais le prince de Ligne qui ne se contente pas à peu de frais, et qui porte dans cette grâce et dans cette félicité sociale quelque chose de ce feu, de cette poésie vivifiante que nous lui avons vu mettre dans les entreprises de guerre, dira en complétant son modèle et en nous laissant par là même son portrait : Si, ajouté encore à cela, on inspire l’envie de se revoir, si l’on y fait trouver un charme continuel, si l’on a une grande occupation des autres, un grand détachement de soi-même, une envie de plaire, d’obliger, de prendre part aux succès d’autrui, de faire valoir tout le monde ; si l’on sait écouter ; si l’on a de la sensibilité, de l’élévation, de la bonne foi, de la sûreté, et un cœur excellent ; oh ! alors on porte le bonheur dans la société où l’on vit, et l’on est sûr d’un succès général. Vous remarquerez que, pour l’achever et la couronner, il a cru essentiel de mêler à son idée de l’homme aimable un sentiment d’humanité, d’affection, et presque de détachement sincère au milieu du succès : c’est qu’il sait bien que l’écueil de ce qu’on appelle ordinairement l’amabilité dans le monde et de l’usage exclusif de l’esprit, c’est la sécheresse et la personnalité.

234. (1889) Émile Augier (dossier nécrologique du Gaulois) pp. 1-2

Émile Augier débuta au théâtre en 1840, avec la Ciguë, comédie en deux actes en vers, représentée avec un grand succès sur la scène de l’Odéon, après que la Comédie-Française l’eût refusée. […] Buloz ne revint de son erreur visuelle que quelques mois plus tard, en assistant, à l’Odéon, au grand succès de la Ciguë. […] Malgré le grand succès de toutes ses pièces en prose, Émile Augier revient aux vers avec la Jeunesse, donnée, en 1859, à l’Odéon ; mais c’est là à peu près son avant-dernière tentative de versification dramatique. […] Rappeler le nom de chacune des œuvres qui suivent, c’est enregistrer un succès : Vaudeville (1859) : les Lionnes pauvres, en collaboration avec Foussier ; Gymnase (1859) : Un beau Mariage ; Comédie-Française (1861) : les Effrontés ; Comédie-Française (1863) : Maître Guérin ; Comédie-Française (1866) : Lions et Renards ; Odéon (1869) : la Contagion, avec Got, de la Comédie-Française, dans le principal rôle ; Vaudeville (1876) : Madame Caverlet ; Comédie-Française (1878) : les Fourchambault, qui furent la dernière œuvre d’Émile Augier et qu’il retoucha, il y a quelques années quand elle fut reprise avec un succès que l’on n’a pas oublié.

235. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre IV. L’unification des sociétés »

Rappelons d’abord qu’en tout état de cause l’unification des sociétés n’est nullement à nos yeux la raison suffisante de leurs tendances égalitaires, mais une des conditions, entre beaucoup d’autres, qui favorisent le succès de ces tendances. […] De ce point de vue, l’unification, augmentant le nombre des sociétés dont un individu peut faire partie, augmente la complication sociale. — Si donc nous avons pu démontrer antérieurement de la complication, de l’homogénéité et de la densité sociales, qu’elles contribuent au succès de l’égalitarisme, nous l’avons prouvé indirectement de leur unification. […] Et peut-être le succès de cette notion, qui avait pris « la consistance et la chaleur d’une passion politique », s’explique-t-il par le spectacle de la centralisation croissante au milieu de laquelle on vivait. — Ainsi l’unification des sociétés aurait en elle de quoi incliner les esprits vers ce rationalisme, épris des idées générales et des règles universelles, qui conduit à l’égalitarisme. Pour toutes ces raisons, on comprend que l’unification sociale est directement contraire à cette distribution des individus en classes nettement tranchées, qui elle-même est contraire au succès de l’idée de l’égalité. […] La psychologie nous a montré qu’elles peuvent conspirer, et l’histoire qu’elles conspirent, en fait, pour le succès des idées égalitaires.

236. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVI. Des oraisons funèbres et des éloges dans les premiers temps de la littérature française, depuis François Ier jusqu’à la fin du règne de Henri IV. »

Henri II, estimable à plusieurs égards, dut être célébré, et surtout dans l’époque de ses succès. […] Ce fut lui qui défendit Metz contre Charles-Quint, qui rendit Calais à la France, et combattit avec succès l’Espagne, l’Angleterre et l’Empire. […] Quoi qu’il en soit, Duperron prononça cette oraison funèbre, qui eut alors beaucoup de succès, et qu’on ne peut plus lire. […] La mort d’une femme et d’une reine sur l’échafaud, tant de beauté jointe à tant d’infortune, la pitié si naturelle pour le malheur, l’attachement des Français pour une princesse élevée parmi eux, et qui avait été l’épouse d’un de leurs rois ; l’intérêt qu’on prend peut-être malgré soi à des malheurs causés par l’amour ; le nom même de la religion, car elle fut mêlée à ce grand événement ; et l’Europe, agitée alors de fanatisme, regardait presque la querelle de deux reines rivales, comme la querelle des catholiques contre les protestants : tout contribua au grand succès de cet éloge funèbre. […] Celle d’Auguste fut la bonté d’un politique qui n’a plus d’intérêts à commettre des crimes ; celle de Vespasien fut souillée par l’avarice et par des meurtres ; celle de Titus est plus connue par un mot à jamais célèbre, que par des actions ; celle des Antonins fut sublime et tendre, mais une certaine austérité de philosophie qui s’y mêlait, lui ôta peut-être ces grâces si douces auxquelles on aime à la reconnaître ; parmi nous, celle de Louis XII, à jamais respectée, manque pourtant un peu de la dignité des talents et des grandes actions : car, il faut en convenir, nous sommes bien plus touchés de la bonté d’un grand homme que de celle d’un prince qui a de mauvais succès et des fautes à se faire pardonner.

237. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Madame Paul de Molènes »

Elle a cru mieux, comme cela, pêcher au succès… Mais moi qui me soucie peu du succès, et qui ne vois dans une œuvre que la puissance qu’elle atteste et que le talent qu’on y a mis, j’aurais aimé à retrouver ici tout entier, dans des proportions plus larges et avec des touches plus profondes, l’esprit qui a écrit tant de pages adorables de hardiesse réussie et trouvé ce trio charmant de Mathilde, Anna et Satin de la Vie Parisienne ! […] C’est délicieux et au fond poignant ; c’est du pathétique et du génie là où il n’y en a presque jamais : c’est du pathétique et du génie dans la finesse… IV Il faut lire… Mais à cela près des connaisseurs, qui font pour moi le seul succès dont on puisse avoir la fatuité, la supériorité d’un talent comme celui de madame de Molènes sera-t-elle sentie ? […] Madame Ange Bénigne, dont le nom véritable sera dit un jour (nous l’espérons bien) en plein théâtre et en plein succès, aura-t-elle à la scène la valeur de talent qu’elle a dans ce livre que nous avons le droit d’appeler aussi : Un spectacle dans un fauteuil ?

238. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Conclusions » pp. 169-178

Si sensible que je sois aux qualités d’Edmond Rostand, je ne m’illusionne guère sur la portée du succès de Cyrano. […] Ce succès fut un coup de surprise qui ne devait pas se renouveler. Cyrano prouve si peu une disposition du public à mordre au lyrisme, que les autres drames de Rostand qui sont loin de lui être inférieurs n’ont obtenu que des succès contestés.

239. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Notre critique et la leur »

Il y eut aussi du succès, et ce fut ce succès immobilisé, passé à l’état de pagode, qui donna à la Revue Contemporaine l’envie naturelle d’exister et de s’établir sur un plan qui avait si bien réussi. […] Le succès de Janin, individuel comme son époque, a tenté toutes les individualités d’esprit qui sont les moutons de Dindenaut en France.

240. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Tourgueneff »

Charrière regarde les Mémoires d’un seigneur russe et l’avenir de leur succès ! […] il ne s’agit que de vérité littéraire… Or, très certainement, on n’avait pas besoin de s’adresser au sentiment public, blessé en ce moment par la Russie, pour provoquer un succès qui se serait naturellement fait tout seul. […] Lui qui devrait plus que personne apprécier les qualités de l’artiste russe qu’il a si habilement reproduites, il ne voit pas que le livre de Tourgueneff ne saurait avoir, quoi qu’on fasse, le genre de succès de l’Oncle Tom, et justement en raison même de son incontestable supériorité.

241. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « APPENDICE. — M. SCRIBE, page 118. » pp. 494-496

Le Théâtre-Français a eu son succès brillant dans la nouvelle comédie de M. […] Mais n’allons pas nous montrer trop exigeants, et à propos d’un légitime succès, envers notre seul auteur comique d’aujourd’hui.

242. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Courteline, Georges (1858-1929) »

Le volume est trop dans toutes les mains pour que nous y insistions davantage ; mais ce n’est pas un mal qu’il n’y ait besoin que d’une indication rapide au courant de la plume, et que le livre ait obtenu le plus vif succès. […] Les Femmes d’amis (1888) n’eurent pas un moindre succès.

243. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Roumanille, Joseph (1818-1891) »

Roumanille obtint ce succès du premier coup ; et comme, en toute occasion, il continua de chanter, ici un conte joyeux, là une élégie, comme il joignait d’ailleurs à cette œuvre de rénovation poétique un apostolat social et défendait les vieilles mœurs au milieu des fièvres de 1848, il devint bientôt le chef d’un travail d’esprit qui fut un véritable événement, pour la Provence, durant plusieurs années. […] C’est lui qui, avec Mistral, rallia les poètes, renouvela la langue et publia L’Armana prouvençau, dont le succès annuel ne s’épuise point.

244. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

Lucrèce (1843) venait d’avoir un beau succès. […] Le succès d’argent de Claudie est moins beau que le succès littéraire. […] Ce ne sont pas de très grands éléments de succès ici. […] » — Je n’ai pas besoin de vous dire que le mot a eu du succès. […] Ce n’était pas facile, et donc c’est un grand succès.

245. (1936) Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours pp. -564

Quand ils parurent ils ne furent pas un succès et ils l’ont été de moins en moins. […] Delphine et Corinne eurent un succès, une popularité immenses. […] Elles eurent bientôt autant de succès chez les dames que les prédicateurs de Louis XIV en avaient eu chez leurs grands-mères. […] Pour le romantisme le succès n’a été complet, la voie n’a été libre que dans deux genres littéraires, la poésie lyrique et le roman. […] Ruy Blas joué à la Renaissance en 1838, connaît cependant un grand succès, reste en somme le seul drame en vers de Hugo qui ait réussi.

246. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. Ponsard » pp. 301-305

Son succès sur l’auditoire a été complet. […] Ponsard, par les sources où son talent s’inspire ; il a montré comment le succès de cette chaste et sobre Lucrèce, qui est une date littéraire, était préparé d’avance et vaguement désiré, par suite des fatigues et des ennuis dus aux excès d’un genre plus turbulent.

247. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Aubanel, Théodore (1829-1886) »

Jules Lemaître Le Théâtre-Libre a donné, avec un grand succès, le Pain du péché, de Théodore Aubanel. […] C’est un beau succès pour Aubanel, et pour son brillant traducteur, M. 

248. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 223-229

un Roman enfin, dont le scandale a fait le succès passager, dont il n’y a que les premiers chapitres qui soient soutenables, & dont tout le reste fait tomber le Livre des mains du Lecteur, tantôt ennuyé, tantôt révolté ! […] Nous voudrions bien pouvoir applaudir également aux succès du zele de M.

249. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 381-387

De là, le peu de succès qu’il a eu sur le Théatre. Inès de Castro est la seule de ses Tragédies ; le Magnifique, la seule de ses Comédies qui soient restées au Théatre : Inès même ne doit son succès qu’à quelques situations intéressantes.

250. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 51-56

Or, c’est ainsi que les Rapin, les Vaniere, les Cossart, les Sautel, les Fraguier, les Huet, les Santeuil, les Jouvenci, les Desbillons, les Brotier, &c. sont parvenus à se rendre la Langue Latine familiere, à se pénétrer de son génie, & à acquérir la facilité de l’écrire avec succès. […] Après s’être exercé dans la Littérature ; ce Jésuite s’appliquoit, avec un égal succès, aux Ouvrages de piété.

251. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre troisième. Histoire. — Chapitre IV. Pourquoi les Français n’ont que des mémoires. »

Le repos de l’âme est nécessaire à quiconque veut écrire sagement sur les hommes ; or, nos gens de lettres, vivant la plupart sans famille, ou hors de leur famille, portant dans le monde des passions inquiètes et des jours misérablement consacrés à des succès d’amour-propre, sont, par leurs habitudes, en contradiction directe avec le sérieux de l’histoire. […] Concluons donc que c’est au changement des affaires humaines, à un autre ordre de choses et de temps, à la difficulté de trouver des routes nouvelles en morale, en politique et en philosophie, que l’on doit attribuer le peu de succès des modernes en histoire ; et, quant aux Français, s’ils n’ont en général que de bons mémoires, c’est dans leur propre caractère qu’il faut chercher le motif de cette singularité.

252. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — George Sand, Indiana (1832) »

Indiana n’est pas seulement un livre de vogue ; son succès n’est pas en grande partie dû à une surprise longtemps ménagée, à une complaisante duperie du public, à l’appât d’un nom gonflé de faveur, aux amorces habiles d’un titre bizarre ou mystérieux, promené, six mois à l’avance, de l’élégant catalogue en vélin aux couvertures beurre frais des nouveaux chefs-d’œuvre : la veille du jour où Indiana a paru, personne ne s’en inquiétait par le monde ; d’insinuantes annonces n’avaient pas encore prévenu les amateurs de se hâter pour avoir, les premiers, un jugement à mettre en circulation ; la seconde édition n’était probablement pas toute satinée et brochée avant la première ; bref, Indiana a fait son premier pas naïvement, simplement, sous un nom d’auteur peu connu jusqu’ici et suspect même d’en cacher un autre moins connu encore. […] La vanité, le caprice, les sens, le besoin de succès et de plaisir à tout prix, deviennent en ces sortes d’âmes des passions moins nobles, mais non moins acharnées, qui gravent aussi leurs rides au front et en arrachent les cheveux. […] Le succès d’Indiana va mettre son auteur à une rude épreuve ; nous voudrions qu’il y prît garde ; les libraires, les éditeurs de livres et de journaux doivent déjà l’investir et lui demander nouvelles et romans coup sur coup, sans relâche.

253. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVIII » pp. 305-318

— Cette pièce n’a pas de succès. — Des commentateurs modernes qui ont pris sur eux de faire des applicatifs de cette pièce à la société de Rambouillet. — Exemples curieux et récents de méprises à l’égard de mesdames de Sévigné, de La Fayette et Deshoulières. — L’indignation de La Bruyère sur les clefs des Caractères. […] Cette dégradation des femmes savantes sauvait Molière du danger d’essayer le ridicule contre des personnages sur lesquels le ridicule ne mordait point, et du danger des inimitiés puissantes, mais il n’allait point au but, qui était d’affaiblir la considération des gens du monde, dont le poids était incommode pour la cour et dangereux pour le spectacle de Molière ; et d’ailleurs il avait peu de succès à attendre d’un ouvrage qui reproduisait la préciosité au moment où elle venait de rassasier le public, et où, par l’influence du théâtre même, elle cessait d’exister dans le monde. Le ridicule des précieuses était usé et ne se rajeunissait pas par son alliance avec le savantisme, qui ne pouvait être reproché qu’à un nombre infiniment petit de personnes opulentes ; il n’y avait pas là de quoi assurer le succès des Femmes savantes, aussi n’en eurent-elles point.

254. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 24-41

Son Poëme de la Réligion est un monument où le talent s’est prêté avec succès aux impressions du zele. […] De plus, on a vu des Poëmes dans presque toutes les Langues, avoir un succès général, quoique l’intelligence n’en fût réservée qu’à un très-petit nombre de Connoisseurs. […] Nous répondrons, premiérement, qu’il est très-possible de parler de la plupart de ces choses, sans se servir précisément de ces mêmes mots, comme l’a souvent fait avec succès M. l’Abbé Delille, dans sa Traduction des Géorgiques.

255. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 9, des obstacles qui retardent le progrès des jeunes artisans » pp. 93-109

Enfin, comme le succès ne sçauroit répondre toujours à la précipitation d’un jeune peintre, il peut bien se dégoûter de temps en temps d’un travail laborieux, dont il ne voit pas naître un fruit qui le satisfasse. […] En effet, le succès de notre travail dépend presque autant de la disposition dans laquelle nous sommes lorsque nous nous appliquons, il dépend presque autant de ce que nous faisions avant que de commencer notre travail, et de ce que nous avons projetté de faire après que nous l’aurons quitté, que de la durée même de ce travail. […] Il reçut les complimens de ses amis sur le succès de son poëme dans ses jardins enrichis de marbre : mais un seul exemple ne conclut pas.

256. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre III. Mme Sophie Gay »

Prenez-les toutes, si vous voulez, celles qu’on ne lit plus, depuis Mlle de Scudéry, qui écrivait des romans, jusqu’à Mme Barbié du Bocage, qui écrivit un poëme épique, les femmes, même avec de l’esprit et du talent, n’arrivent jamais à des succès qui durent, et c’est une justice de la destinée, car les femmes n’ont pas été mises dans le monde pour y faire ce que nous y faisons… Quand l’homme y fait l’ange, il y fait la bête, dit ce brutal de Pascal, mais lorsque la femme y fait l’homme, cela suffit, à ce qu’il paraît, pour arriver au même résultat. […] Donner à causer (on causait alors), lire ses romans à ses intimes, recevoir dans sa loge à l’Opéra les littérateurs qui, à Paris, sont toujours un peu femmes et qui aiment à se montrer à leur public ; un soir exhiber dans son salon le jeune Victor Hugo, l’enfant du génie, qui a commencé (ce qui n’est ni très poétique, ni très sauvage) par des succès de société, comme M.  […] Elle écrivit ces feuilletons charmants du vicomte de Launay, chef-d’œuvre de la légèreté féminine, qui est pour le dix-neuvième siècle ce que les lettres de Mme de Sévigné sont pour le dix-septième, mais Mme Sophie Gay n’eut pas un pareil bonheur… Mme Sophie Gay, qui a fait une montagne de romans que je ne conseillerai à, personne de gravir, et dans lesquels je retrouve, ensemble ou tour à tour, les influences, déteintes ou mélangées, de Picard, de Droz, de Sénancourt, et surtout de Mme de Genlis, non pour la raison, que Mme de Genlis avait, mais pour l’agrément, que Mme de Genlis n’avait pas, Mme Sophie Gay a, comme sa fille, voulu une fois faire son livre de femme, — un livre dans lequel la prétention virile et l’imitation des littérateurs de son temps qui avaient eu du succès, — ces deux choses qui constituent le bas-bleuisme, — pouvaient n’être absolument pour rien, et ce livre, dont le titre frappe au milieu des autres titres de ses œuvres (la Physiologie du Ridicule), prouve au contraire combien chez Mme Gay, le bas-bleu avait rongé la femme, et combien elle était peu propre à traiter un sujet qui demandait plus qu’aucun autre les qualités naturelles à la femme, c’est-à-dire de la grâce sincère et, à force de finesse de la profondeur.

257. (1856) Jonathan Swift, sa vie et ses œuvres pp. 5-62

Rien ne relevait sa situation parmi ses condisciples, et les succès classiques qui l’eussent rendue meilleure et plus douce, lui firent complètement défaut. […] La mort de Guillaume et l’avènement d’Anne Stuart, en 1702, concoururent avec le mouvement de l’opinion à favoriser le succès des Whigs. […] L’apparition de cet ouvrage et son prodigieux succès eurent sur la vie de Swift une influence décisive et irréparable. […] En 1711, Harley, ravi du succès de l’Examiner, avait envoyé à Swift un billet de banque33. […] Mais au milieu de ces succès et de ces familiarités royales, Swift fut rappelé en Irlande par les plus tristes nouvelles de la santé de Stella.

258. (1853) Propos de ville et propos de théâtre

Michel Carré et son ami Jules Barbier ont entrepris avec succès le rajeunissement de ce vieil Eson dramatique qu’on appelle un poëme d’opéra-comique. […] Ce solo de médisance, varié avec une verve qui sentait l’étude des vieux maîtres Gaulois, obtint un grand succès. […] Les artistes qui ont contribué au succès de l’œuvre, vont se visiter dans leur loge et se font mutuellement cadeau d’un petit piédestal. […] Lumley un de ces succès— qui coulent un homme, — mais pas en bronze. […] Ces tentatives, qui d’ailleurs manquaient de franchise, ne furent point toutes heureuses au point de vue du succès banal.

259. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « I » pp. 1-20

Il a vingt-quatre ans, il écrit à Mme de Bernières, sa grande amie d’alors ; il fait des rêves de retraite délicieuse avec elle dans sa maison de La Rivière-Bourdet, et dès ce temps-là il s’occupe de sa fortune avec M. de Bernières, qui paraît avoir eu le goût des spéculations et des entreprises : Pour moi, madame, qui ne sais point de compagnie plus aimable que la vôtre et qui la préfère même à celle des Indes, quoique j’y aie une bonne partie de mon bien, je vous assure que je songe bien plutôt au plaisir d’aller vivre avec vous à votre campagne, que je ne suis occupé du succès de l’affaire que nous entreprenons. […] Cependant, au milieu de ses succès, et tout en travaillant à ses tragédies, à son poème épique, Voltaire songe à ses affaires de fortune. […] Ces messieurs se moquent du monde de s’imaginer que le succès de l’affaire dépende de me voir arriver à Paris le 15 plutôt que le 20 ; quelques jours de plus ou de moins ne gâteront rien à nos arrangements. […] Le succès même a toujours quelque chose d’avilissant par le soin qu’on a d’encourager je ne sais quels bateleurs d’Italie à tourner le sérieux en ridicule et à gâter le goût dans le comique (allusion aux parodies qu’on faisait de ses pièces)… J’ai toujours été indigné pour vous et pour moi, que des travaux si difficiles et si utiles fussent payés de tant d’ingratitude ; mais à présent mon indignation est changée en découragement. […] Séduisante Thalie, laissez-moi ma tranquillité ; je vous serai toujours aussi attaché que si je devais à vos soins le succès de deux pièces par an.

260. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Réminiscences, par M. Coulmann. Ancien Maître des requêtes, ancien Député. »

Toujours à Sainte-Barbe, il eut des succès dans les hautes caisses ; il en eut même à la lingerie, ce qu’il nous apprend d’une manière assez peu voilée. […] C’était pour lui l’enluminure et, par conséquent, l’altération de la vérité ; c’était la pompe et la vanité, substituées à la raison et à la logique ; c’était le succès de la cause, sacrifié au succès de l’orateur ; enfin, la déplorable phrase, au lieu du mouvement du cœur et de l’esprit. […] « Jeune, avec du cœur, de l’âme, de l’esprit, de l’instruction, et ce qu’il faut de fortune pour vivre indépendant », il va dans le monde ; il y a des succès et y est aimé. […] Après le départ de Mme Récamier, je réfléchissais aux jugements de ce monde : il a souvent accusé cette jolie femme de coquetterie, de légèreté, et je la voyais livrée à un sentiment si profond de regret, elle exprimait en si peu de mots et avec tant de douceur ses plaintes, que j’ai plus d’une fois pensé que tous les succès de Mme de Staël ne valaient point une semblable amitié.

261. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Campagnes de la Révolution Française. Dans les Pyrénées-Orientales (1793-1795) »

Puycerda, évacué par les troupes ennemies, reçoit avec joie les Français : « Pour reconnaître ce bon accueil, pour discréditer, autant que possible, les calomnies que les moines espagnols ne cessaient d’exhaler contre nous, et donner en même temps aux Catalans un gage de notre respect pour le culte catholique, le premier soin du représentant fut d’aller, accompagné du général d’Arbonneau, à l’église principale, rendre grâces à Dieu du succès de nos armes. » Honneur à ce représentant Cassanyes pour cet acte de civilisation et de bon sens ! […] Peu après, l’anarchie régnait dans l’armée principale, réunie et acculée sous Perpignan, le général en chef Barbantane ayant résigné ses fonctions, le peuple appelle à grands cris à la tête des troupes le seul général populaire par ses succès, le vainqueur de la Cerdagne, et l’on expédie sur-le-champ à Dagobert l’ordre de redescendre dans la plaine avec l’élite de sa division. […] Quand il arrive pour prendre en main le commandement qui lui est déféré, les dispositions de crainte et d’alarme qui l’avaient fait paraître nécessaire sont déjà changées par suite d’un grand succès obtenu devant Perpignan, la victoire de Peyrestortes, remportée d’élan et comme de hasard, par un enthousiasme héroïque. […]  » Arrivé à l’armée des Pyrénées, il parlait sans cesse de son commandant d’artillerie de Toulon, et imprimait de lui la plus haute idée dans l’esprit des généraux et officiers qui, depuis, passèrent de l’armée d’Espagne à celle d’Italie ; « de Perpignan, il lui envoyait des courriers à Nice lorsqu’il remportait des succès.

262. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires du comte Beugnot »

Réunis aujourd’hui en volumes par les soins du comte Albert Beugnot, fils du précédent, ces Mémoires ont eu un complet succès et bien mérité. […] Beugnot raconte avec bien de la finesse les misères, les gueuseries, les roueries, les incroyables succès, les fabuleuses audaces de celle dont il put bien être le confident, mais non pas la dupe, et dont il sut éviter d’être dévoré. […] Beugnot tenait fort à ces arbres, qu’il avait plantés en des temps plus heureux et qui faisaient la joie des habitants : il réussit à les sauver moyennant distribution de bois qu’il fit faire aux troupes, au double de ce qui était nécessaire, et il nous raconte comme il suit son succès : « Tel est, nous dit-il, l’excès de notre prévention pour ce qui est notre ouvrage, que j’étais dans le ravissement pour avoir préservé un jardin que, deux jours après, je devais quitter, peut-être pour ne jamais le revoir, mais à coup sûr pour ne plus le posséder. […] Louis XVIII n’en voulut pas même entendre de sa bouche la lecture avant la séance royale ; l’heure pressait : « Nous avons confiance en vous, lui dit le roi, et je sais que vous êtes passé maître en ce point. » Cet auguste préambule de la Charte fut encore un des succès anonymes ou pseudonymes de celui qui en eut plus d’un de cette nature en 1814.

263. (1759) Observations sur l’art de traduire en général, et sur cet essai de traduction en particulier

Ceux de nos bons écrivains qui se sont exercés avec succès dans l’art de traduire, auraient plus de droit de s’ériger en législateurs ; mais ils ont mieux fait que de transcrire des règles, ils ont donné des exemples. […] Les Anglais ont assez bien traduit quelques tragédies de Racine ; je doute qu’ils traduisissent avec le même succès les fables de La Fontaine, l’ouvrage peut-être le plus original que la langue française ait produit ; l’Aminte, pastorale pleine de ces détails de galanterie, et de ces riens agréables que la langue italienne est si propre à rendre, et qu’il faut lui laisser ; enfin les Lettres de madame de Sévigné, si frivoles pour le fond, et si séduisantes par la négligence même du style. […] Qu’on interroge ceux de nos grands poètes qui ont fait passer avec succès en notre langue quelques beaux endroits de Virgile ou d’Homère : combien de fois ont-ils été forcés de substituer aux idées qu’ils ne pouvaient rendre, des idées également heureuses et prises dans leur propre fonds, de suppléer aux vers d’image par des vers de sentiment, à l’énergie de l’expression par la vivacité des tours, à la pompe de l’harmonie par des vers pensés ? […] Le précepte si sage d’Horace, d’abandonner ce qu’on ne peut traiter avec succès, n’est-il donc pas pour les traductions comme pour les autres genres d’écrire ?

264. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre III. La Déformation de l’Idéal classique (1720-1801) » pp. 278-387

Comment donc et pourquoi le succès en a-t-il été si vif en son temps, si considérable, européen autant que français ; et nous-mêmes, qu’en aimons-nous ou qu’en admirons-nous encore ? […] N’est-ce pas comme si nous disions qu’aussitôt qu’il a repris les traces de Regnard et de Molière, ou plutôt de la tradition, Beaumarchais a trouvé le succès qu’il avait en vain demandé à l’imitation de Sedaine et de Diderot ? […] Moraliste sensible, et sincère, quoique d’ailleurs égoïste, homme a projets, homme à succès, dont les galanteries sont mêlées d’un onctueux et déplaisant patelinage, c’est un admirable écrivain que Bernardin de Saint-Pierre ; et on ne sait pas assez de quel agrément et de quel éclat de coloris, dans ses Études de la nature, ou de quelle délicatesse et de quelle infinie variété de nuances il a diversifié la langue de la description : on aurait envie de dire : « la palette ». […] Correspondance, sous la date de 1713-1714, et les Lettres historiques et galantes de Mme Dunoyer]. — Ses premières pièces satiriques. — Premier exil à Tulle, puis à Sully-sur-Loire, 1716. — Son retour à Paris ; — on lui attribue deux nouvelles satires ; — et on le met à la Bastille pour la première fois [mai 1717-avril 1718]. — La première représentation d’Œdipe [novembre 1718] et le premier grand succès d’Arouet ; — qui prend à cette occasion le nom de Voltaire. — De l’importance d’un succès de théâtre à cette époque ; — et des liaisons que son Œdipe vaut à Voltaire ; — liaisons d’honneur [les Villars, les Richelieu, la Dsse du Maine] ; — et liaisons d’utilité [le banquier Hogguers et les frères Pâris]. — L’homme d’affaires s’éveille dans Voltaire ; — ses intrigues auprès de Dubois pour entrer dans la diplomatie ; — et son goût pour les missions secrètes. — Second voyage de Voltaire en Hollande. — L’Épître à Uranie, 1722 ; — et pourquoi il importe d’en retenir la date. — La première publication de la Henriade, 1723 ; — Marianne, 1724. — Succès de Voltaire auprès de la marquise de Prie. — L’affaire du chevalier de Rohan [décembre 1725] ; — le second embastillement [avril 1726] ; — et l’exil en Angleterre [2 mai 1726]. […] II ; Grimm, Correspondance littéraire, février 1761] ; — et succès du roman dans le public [Cf. 

265. (1890) Dramaturges et romanciers

Et sa fortune dramatique ressemble à son talent : il marche de chute en succès et de succès en chute ; il tombe, se relève, retombe encore. […] D’abord celui qu’il cherchait depuis longtemps, un succès populaire. […] Il plaît toujours, et c’est la véritable raison du légitime succès qu’il a obtenu. […] Enfin, qualité exquise autant que rare, il n’a jamais aimé que les succès de bon aloi. […] Augier se trouvait engagé par le succès qu’il venait d’obtenir.

266. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Augier, Émile (1820-1889) »

Vous êtes poète, j’ai voulu surtout marquer votre place, à ce titre, dans la grande littérature, honorer en vous cette constance qui vous porte à chercher les succès difficiles, et vous inviter à marcher résolument dans ce véritable domaine de l’art, que les auteurs comme le public semblent tentés d’abandonner : non que je porte à la comédie en vers une préférence académique et que je lui croie plus de dignité qu’à la comédie en prose ; une grande comédie en prose est assurément une œuvre très littéraire, surtout si elle est l’œuvre d’un seul auteur ; mais la comédie en vers a cet avantage d’une langue particulière qui parle à la mémoire, et d’un art choisi, précis, délicat, et d’autant plus difficile que les esprits auxquels il s’adresse sont plus cultivés. […] François Coppée Depuis la Ciguë, pure œuvre d’art qui résume toute la grâce antique, comme une statuette sortie, intacte et exquise, des fouilles d’Olympie ou de Tanagra, depuis la Ciguë jusqu’à cet émouvant et robuste drame des Fourchambault, qui naguère encore secouait tous les cœurs, Émile Augier n’a compté que d’éclatants succès.

267. (1855) Louis David, son école et son temps. Souvenirs pp. -447

Cet acte de sa volonté, couronné par un succès inattendu, lui fit faire de nouveaux efforts. […] Pendant le cours de ses études académiques, il avait obtenu un double succès fort rare. […] Ce succès eut d’autant plus d’éclat qu’il se liait avec celui que venait d’obtenir l’année précédente le jeune élève de David, J. […] Le succès de ce tableau fut brillant, sans égaler toutefois celui des Horaces. […] Ils critiquèrent donc avec assez de succès la composition des Sabines, la partie la plus vulnérable en effet de l’ouvrage.

268. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre IV. Chateaubriand »

Il servit la cause des Bourbons avec désintéressement ; mais il appartient à Chateaubriand d’avoir le désintéressement égoïste : il sert pour l’honneur, ce qui revient, dans la pratique, à se détacher du succès de la cause, à se satisfaire des actes ou des gestes qui dégagent son honneur. […] Il y a dans cette lutte, même quand elle se termine par notre succès, de durs moments pour l’amour-propre ; la victoire est toujours partielle et passagère : elle coûte à l’orgueil et ne le satisfait guère. […] Il développa fantastiquement les contretemps, les disgrâces de sa vie, les succès aussi et les prospérités : dans toute la première partie des Mémoires, une disposition artistique fait alterner la lumière et l’ombre, l’éclat du présent et la tristesse du passé. […] Il n’appartient guère, fût-ce à un livre de génie, de créer de pareils courants : et, comme je l’ai dit de la Satire Ménippée, ces ouvrages qui paraissent avoir brusquement retourné l’opinion, doivent leur succès même à ce que l’opinion est déjà, plus ou moins secrètement, changée. […] Je n’aime guère l’épisode de René qui eut tant de succès : c’est une amplification sentimentale, la pire des amplifications.

269. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « I »

Lamoureux, un beau succès d’argent. On a déploré toutefois que cet heureux succès ait été acheté par une malheureuse concession. […] Ce n’est pas être bien hardi que de prophétiser le succès de La Walküre à Bruxelles, le triomphe de Lohengrin à Paris. […] Nous les félicitons et leur souhaitons le meilleur succès. […] Le succès a couronné ses efforts, le Wagner qui est aujourd’hui offert au public wagnérien, est enfin le vrai Wagner auquel nous devons tant d’admirables jouissances.

270. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1877 » pp. 308-348

Je suis chez Charpentier à faire mes envois, au milieu de commis qui passent, à tout moment, la tête par la porte, et jettent : « C’est X… qui en a demandé 50, et qui en veut 100… Peut-on, en donner 13, à Y… Marpon réclame qu’on lui complète son 1 000… Il veut, si le livre est saisi, les avoir dans sa cachette. » Et dans l’activité, le bruit, le tohu-bohu de ce départ fiévreux, j’écris les dédicaces, j’écris plein de l’émotion d’un joueur qui masse toute sa fortune sur un coup, me demandant, si ce succès, qui se dessine d’une manière si inattendue, va être tout à coup tué par une poursuite ministérielle, me demandant, si cette reconnaissance de mon talent, arrivant avant ma mort, ne va pas être encore une fois éloignée par cette malechance, qui nous a poursuivis, mon frère et moi, toute la vie. […] * * * — Il n’y a vraiment que moi, pour avoir des succès pareils, à celui d’Henriette Maréchal, à celui de La Fille Élisa, des succès où toute la joie légitime de la réussite, du bruit, si l’on veut de l’œuvre, est empoisonnée par les sifflets ou la menace d’une poursuite. C’est ravivant et exaltant tout de même le succès brut, l’exposition insolente de son livre, de son livre auprès duquel, on sent que les autres n’existent pas. […] Il continue, par un certain orgueil d’artiste, par l’amour du beau qui est en lui, de faire le mieux qu’il peut, mais le coup de fouet du succès n’a plus d’aiguillon pour lui. […] le succès, si le public voyait dans l’intimité les triomphateurs, il n’aurait pas la jalousie de leurs triomphes.

271. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Octave Feuillet »

dans les horizons de l’esprit de Feuillet, cette idée qu’il n’a su étreindre ni même atteindre, il l’aurait prise avec la force souveraine qu’elle exigeait qu’il n’aurait pas eu de succès, d’abord dans son roman, dont tout le monde a parlé, et ensuite dans la comédie qu’il tirera sans doute de son roman et qui obtiendra au Gymnase, ce premier théâtre français, ou au Théâtre-Français, ce second Gymnase, la centaine de représentations devant laquelle les plus courageux sont à genoux. […] Or, c’est à ce genre d’esprits femelles qu’appartient le succès dans tous les genres. […] Aussi a-t-il été dès sa première œuvre le bébé du succès, et il en sera certainement un jour, car il est jeune encore, le barbon… Depuis le public qui le trouve charmant, jusqu’aux critiques eux-mêmes, lâches avec le public comme les tribuns avec le peuple, il est convenu que l’auteur de Dalila et du Cheveu blanc est un talent dont le caractère est la grâce, — la grâce décente. […] Mais là est le succès. […] Son livre des Amours de Philippe bercera doucement les imaginations, sans compromettre le cœur de personne ; et il ira rejoindre dans le succès momentané et dans l’oubli sa sœur Sybille, déjà oubliée par la raison qu’il n’y a que l’originalité qui cramponne les livres dans la mémoire des hommes.

272. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre II. La tragédie »

Crébillon, qui eut un immense succès, est un homme d’imagination-active, sans cesse occupée à emmêler et à démêler les fils d’une action romanesque. […] Le succès de la traduction de Letourneur et des adaptations de Ducis le fit éclater de rage477. […] Ils en firent alors le succès, en leur donnant une brûlante actualité.

273. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Catulle Mendès »

Son livre, ce roman de La Vie et la mort d’un clown, très frappant, mais trop frappé, aura-t-il le succès qu’obtiennent tout à l’heure des œuvres de moindre effort et de tendance moins haute ? […] Mais qu’il ait du succès ou qu’il n’en ait pas, que le livre périsse par les défauts que j’ai signalés ou par ses qualités, parfois plus dangereuses que les défauts quand on vise le succès pour l’atteindre, ce livre n’en sera pas moins la preuve faite, avec une précision qu’on n’avait jamais vue, de cette chose très curieuse et très rare parmi tant d’imitations impuissantes : — c’est qu’un fragment de la personnalité d’un homme soit entré et se soit incrusté si profondément dans la personnalité d’un autre homme… Chemise de Nessus qui ne l’a pas fait souffrir !

274. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

Le succès fut immense. […] Le succès lui vint, et la gloire, et, sinon la fortune, du moins l’aisance. […] François le Champi y fut joué en 1849 avec un succès éclatant. […] L’entreprise était énorme, et le succès a été incomplet ; mais George Sand dit très vrai. […] Le succès de la pièce a été très vif.

275. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DE BARANTE. » pp. 31-61

Expression fidèle de la pensée de l’auteur, ils étaient seulement redevables à M. de Barante de ces soins de révision et de correction, dont le plus vrai succès consiste à ne laisser aucune trace d’eux-mêmes. […] L’Histoire des Ducs de Bourgogne, publiée de 1824 à 1827, obtint un succès prodigieux qui s’est depuis soutenu, et elle portait avec elle un système qui a été controversé dès l’origine. […] Toute la gloire du succès et l’éblouissement d’une journée immortelle ne sauraient atténuer à l’œil impartial ces faits antérieurs et les témoignages qui les éclairent. […] Après le succès éclatant de son histoire, M. de Barante dut concevoir quelques autres projets que son talent vif et facile lui eût permis sans doute de mener à fin ; la révolution de Juillet est venue les interrompre, en le jetant encore une fois dans la vie politique active. […] Employé bientôt dans une plus lointaine ambassade, et passé de Turin à Pétersbourg, si brillant et si flatteur que fût le succès personnel qu’il y obtint, M. de Barante n’a pas été sans éprouver durant quelques années cette tristesse de voir finir les saisons loin de son pays, loin des relations contemporaines qui furent chères et qu’on ne remplace plus.

276. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Le comte de Ségur »

Ce succès fut, en quelque sorte, personnel à M. de Ségur, qui, dans ses Mémoires et dans ses divers écrits, a pu s’en montrer fier à bon droit. […] Or M. de Ségur, chargé d’une mission délicate qui était en bonne voie, tenait apparemment à y réussir sans qu’on pût attribuer son succès à une habileté trop en dehors de la politique. […] Le succès de ses Mémoires fut grand et dut le tenter à une continuation que tous désiraient : ce fut peut-être bon goût à lui de laisser les lecteurs sur ce regret et d’en rester pour son compte aux années brillantes et sans mélange. […] Mémoires tirés des papiers d’un Homme d’État, t. 1, p. 180-194. — Un adversaire et sans aucun doute un ennemi personnel du comte de Ségur, Senac de Meilhan, a écrit, à ce sujet, cette page peu connue : « … La présomption que l’homme est porté à avoir de ses talents et de son esprit faisait croire à plusieurs jeunes gens qu’ils joueraient (en 1789) un rôle éclatent ; mais la Révolution, en mettant en quelque sorte l’homme à nu, faisait évanouir promptement cette illusion, qu’il était aisé de se faire à l’homme de cour, à celui du grand monde, qui se flattait d’obtenir dans l’Assemblée les mêmes succès que dans la société. […] Les succès qu’il avait eus dans la société avaient enflé son ambition, il crut avoir dans la Révolution une occasion de s’élever promptement, et se flattant, d’être l’oracle de l’Assemblée, il quitta une Cour (la Cour de Russie) où quelques agréments dans l’esprit et des connaissances en littérature lui avaient obtenu un accueil flatteur.

277. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Rivarol. » pp. 62-84

Ce remarquable Discours, qui dépassait de bien loin par le style et par la pensée la plupart des ouvrages académiques, valut à Rivarol l’estime de Frédéric le Grand et obtint un vrai succès en France et en Europe. […] Il n’y trouvait aucune peine, aucune fatigue de pensée, et sa paresse s’accommodait de ce genre de succès, qui n’était pour lui qu’un exercice de sybarite délicat et qu’une jouissance. […] En émigrant, j’ai échappé à quelques jacobins de mon Almanach des grands hommes. » Rivarol, dès 1782, s’était attaqué à l’abbé Delille, alors dans tout son succès. Dans un écrit anonyme, mais qu’on savait de lui, il avait critiqué le poème des Jardins, nouvellement imprimé : Il vient enfin de franchir le pas, disait Rivarol de ce poème ; il quitte un petit monde indulgent, dont il faisait les délices depuis tant d’années, pour paraître aux regards sévères du grand monde, qui va lui demander compte de ses succès : enfant gâté, qui passe des mains des femmes à celles des hommes, et pour qui on prépare une éducation plus rigoureuse, il sera traité comme tous les petits prodiges. […] Parlant de la déclaration du roi dans la séance royale du 23 juin, il se demande pourquoi cette déclaration qui, un peu modifiée, pouvait devenir la Grande Charte du peuple français, eut un si mauvais succès ; et la première raison qu’il en trouve, c’est qu’elle vint trop tard : Les opérations des hommes ont leur saison, dit-il, comme celles de la nature ; six mois plus tôt, cette déclaration aurait été reçue et proclamée comme le plus grand bienfait qu’aucun roi eût jamais accordé à ses peuples ; elle eût fait perdre jusqu’à l’idée, jusqu’au désir d’avoir des États généraux.

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