Comme ils écrivent et comme leurs amis écrivent aussi, le public est informé de leurs découvertes, et on lui apprend bien-tôt à quel illustre il a l’obligation des moins importantes. […] N’y dit-il pas en termes formels, qu’une difference qui est entre la geométrie et les autres arts, c’est que les autres arts ne sont utiles qu’après qu’on les peut avoir appris, mais que l’étude seule de la geométrie est d’une grande utilité, parce que rien n’est plus propre à donner de l’ouverture, de l’étenduë et de la force à l’esprit que la methode des geométres. […] La justesse avec laquelle un homme pose des principes, tire des consequences et chemine de conclusion en conclusion, dépend plus du caractere de son esprit leger ou posé, témeraire ou circonspect, que de la logique qu’il peut avoir apprise. […] La logique qu’il peut avoir apprise n’est peut-être pas à sa façon de raisonner, ce qu’est le poid d’une once ôté ou ajouté à un quintal. Cette science sert plutôt à nous apprendre comment on raisonne naturellement, qu’elle n’influë dans la pratique, qui, comme je l’ai déja dit, dépend du caractere d’esprit particulier à chaque personne.
Welcker traite avec beaucoup de mépris, et les œuvres de second ordre des littératures classiques, si elles servent moins à former le goût, offrent quelquefois plus d’intérêt philosophique et nous en apprennent plus sur l’histoire de l’esprit humain que les monuments accomplis des époques de perfection. […] De même que l’éducation chez les Chinois et les Arabes ne sera jamais d’apprendre l’arabe ou le chinois vulgaire, mais sera toujours d’apprendre l’arabe ou le chinois littéral ; de même que la Grèce moderne ne reprend quelque vie littéraire que par l’étude du grec antique ; de même l’étude de nos langues classiques, inséparables l’une de l’autre, sera toujours chez nous, par la force des choses, la base de l’éducation. […] L’éducation philologique ne saurait consister à apprendre la langue moderne, l’éducation morale et politique, à se nourrir exclusivement des idées et des institutions actuelles ; il faut remonter à la source et se mettre d’abord sur la voie du passé, pour arriver par la même route que l’humanité à la pleine intelligence du présent.
Or, la seule unité rationnelle est la strophe et le seul guide pour le poète est le rythme, non pas un rythme appris, garrotté par mille règles que d’autres inventèrent, mais un rythme personnel, qu’il doit trouver en lui-même, après avoir écarté les préjugés métaphysiques et culbuté les barrières que lui opposaient les Dictionnaires de Rimes et les Traités de Versification, les Arts poétiques et l’Autorité des Maîtres. II Cependant, lorsque les Maîtres et les Aînés vous prêchent, selon une Science suffisante et en des termes gros de discipulat, résumés par ce vers qui doit être de Boileau, que : Pour savoir son métier, il faut l’avoir appris, lorsqu’ils vous engagent à piocher les auteurs, écoutez-les — sous bénéfice d’inventaire. […] « Il y a l’École romane on l’on t’apprendrait à tisser des tapisseries avec de vieilles laines et des ors ternis, où l’on t’imposerait le respect des mythologies défraîchies — ou tu deviendrais un néo-grec douteux et un gracculus véritable. […] « Alors apprends ton métier, travaille, cherche ton rythme aux empires profonds de ton âme, avec patience, avec acharnement.
On n’étudie l’écorché, dit-on, que pour apprendre à regarder la nature ; mais il est d’expérience qu’après cette étude on a beaucoup de peine à ne pas la voir autrement qu’elle est. […] J’aimerais autant qu’au sortir de là, pour compléter l’absurdité, on envoyât les élèves apprendre la grâce chez Vestris ou Gardel, ou tel autre maître à danser qu’on voudra. […] Ce n’est pas dans l’école qu’on apprend la conspiration générale des mouvements, conspiration qui se sent, qui se voit, qui s’étend et serpente de la tête aux pieds. […] Que je vous plains, mes amis, s’il faut qu’un jour vous mettiez à la place de toutes les faussetés que vous avez apprises, la simplicité et la vérité de le Sueur ; et il le faudra bien si vous voulez être quelque chose.
On voudroit qu’ils apprissent à se respecter eux-mêmes, à craindre les écarts & le sort de leurs semblables ; à mieux user des dons qu’ils ont reçus de la nature ; à ne se point rendre le jouet du public. […] Il est bon que ceux qui débutent dans la littérature & dans les beaux-arts, en voyant les plus beaux génies, enviés, persécutés, malheureux, apprennent à connoître la carrière où ils entrent, & qu’ils n’oublient pas ces vers de Fontenelle : Dans la lice où tu vas courir, Songe un peu combien tu hasardes. […] Falloit-il six volumes pour commenter ces deux vers si connus d’Horace* : Non, je n’ai point appris à jurer par un maître.
Elle se bornait à faire apprendre par cœur une quantité formidable de dogmes qu’il fallait commenter à perpétuité. […] Mais ce n’était certes pas un système propre à former des écrivains, à leur apprendre la sobriété, l’art de composer un ouvrage, de choisir leurs mots, de surveiller l’expression de leurs idées. […] Elles entretiennent le cœur dans une noble haine de la tyrannie. « Et ce n’est pas assez que les jeunes gens apprennent à vivre avec le vieux Caton, à mourir avec Socrate ou Léonidas. […] Racine, élève de Port-Royal, où on lui apprend à remonter jusqu’aux originaux imités par les Romains, s’inspire d’Euripide, de Sophocle, d’Aristophane et met volontiers en scène les fables de la Grèce primitive. […] L’Oratoire commence par l’admettre dans les classes inférieures ; Port-Royal renonce à l’étrange coutume de faire apprendre à lire en latin et introduit des compositions françaises.
Supposons que α puisse être corrigé soit par α′, soit par β′ ; et que α′ puisse corriger soit α, soit β ; l’expérience nous apprend alors que β′ peut également corriger β. […] Supposons que l’expérience nous ait appris le contraire. […] Cela, c’est l’expérience qui nous l’apprend et elle seule qui pouvait nous l’apprendre. […] Tout au plus pourrait-il nous apprendre qu’il est commode de donner à l’espace géométrique trois dimensions pour qu’il en ait autant que l’espace représentatif. […] À elles seules elles ne suffiraient pas cependant ; car elles ne peuvent nous renseigner que sur les mouvements de la tête, elles ne nous apprennent rien sur les mouvements relatifs du tronc ou des membres par rapport à la tête.
Placé à l’université de Cambridge, il apprit tout ce qu’on y enseignait, le droit civil, la philosophie ; il suivit les leçons de mathématiques du savant aveugle Saunderson. […] Lord Chesterfield avait appris notre langue dans son enfance d’une femme de chambre normande qu’il avait eue près de lui. Quand il vint la dernière fois à Paris en 1741, M. de Fontenelle ayant remarqué dans sa prononciation quelque chose de l’accent de Normandie, lui en fit l’observation, et lui demanda s’il n’avait pas d’abord appris notre langue d’une personne de cette province ; ce qui était vrai en effet. […] Montesquieu, après la publication de L’Esprit des lois, écrivait à l’abbé de Guasco, qui était alors en Angleterre : « Dites à milord Chesterfield que rien ne me flatte tant que son approbation, mais que, puisqu’il me lit pour la troisième fois, il ne sera que plus en état de me dire ce qu’il y a à corriger et à rectifier dans mon ouvrage : rien ne m’instruirait mieux que ses observations et sa critique. » C’est Chesterfield qui, parlant un jour à Montesquieu de la promptitude des Français pour les révolutions et de leur impatience pour les lentes réformes, disait ce mot qui résume toute notre histoire : « Vous autres Français, vous savez faire des barricades, mais vous n’élèverez jamais de barrières. » Lord Chesterfield goûtait certes Voltaire ; il disait à propos du Siècle de Louis XIV : « Lord Bolingbroke m’avait appris comment on doit lire l’histoire, Voltaire m’apprend comment il faut l’écrire. » Mais en même temps, avec ce sens pratique qui n’abandonne guère les gens d’esprit de l’autre côté du détroit, il sentait les imprudences de Voltaire et les désapprouvait. […] À propos des femmes encore, s’il semble bien dédaigneux parfois, il leur fait ailleurs réparation, et surtout, quoi qu’il en pense, il ne permet pas à son fils d’en trop médire : Vous paraissez croire que, depuis Ève jusqu’à nos jours, elles ont fait beaucoup de mal ; pour ce qui est de cette dame-là, je vous l’abandonne ; mais, depuis son temps, l’histoire vous apprend que les hommes ont fait dans le monde beaucoup plus de mal que les femmes ; et à vrai dire, je vous conseillerais de ne vous fier ni aux uns ni aux autres qu’autant que cela est absolument nécessaire.
à plus forte raison à des officiers, qui ne doivent pas quitter leurs troupes, et moins encore des troupes de cavalerie. » — « J’ai cru, lui répondit Villars, que Votre Majesté me pardonnerait de vouloir apprendre le métier, de l’infanterie, surtout quand la cavalerie n’a rien à faire. » C’est encore à ce siège, et pour une autre action de Villars, que le roi dit de lui : « Il semble, dès que l’on tire en quelque endroit, que ce petit garçon sorte de terre pour s’y trouver. » Le maréchal de Bellefonds, ne pouvant aider son jeune parent que de ses conseils, lui donna du moins celui-ci, dont Villars profita : c’était d’apprendre le métier de partisan, et d’aller souvent faire des partis avec ceux qui passaient pour entendre le mieux ce genre d’entreprise ; car, faute d’avoir ainsi pratiqué le détail de la guerre, et de cette guerre légère de harcèlement et d’escarmouches, bien des officiers généraux, quoique braves, se trouvent ensuite fort embarrassés quand ils commandent des corps détachés dans le voisinage d’une armée ennemie. […] Et certainement rien n’est plus propre à former un véritable homme de guerre qu’un métier qui apprend à attaquer hardiment, à se retirer avec ordre et avec sagesse, et enfin qui accoutume à voir souvent l’ennemi de fort près. […] Villars, tandis qu’il sert dans la cavalerie, apprend le métier d’éclaireur : aux sièges où il est, il fait le métier de fantassin. […] — « C’est, reprit Villars, à ce que, dans le même temps que plusieurs escadrons paraissent se retirer, plusieurs autres s’avancent dans les intervalles, et appuient leur droite au ruisseau dont ils voient que vous prenez la tête, afin que vous les trouviez en bataille. » Le prince de Condé lui dit ; « Jeune homme, qui vous en a tant appris ? […] [NdA] On apprendra avec plaisir qu’une nouvelle édition des Mémoires de Villars est en préparation et doit être assez prochainement donnée par un homme de mérite, M.
« Il leur donnait des grades et des rangs, et les dégradait selon sa fantaisie. » Elle, à peine arrivée, elle se mit à se faire instruire dans la religion grecque et à apprendre le russe : les deux instruments essentiels pour réussir auprès de cette nation sur laquelle elle aspirait à régner. Elle apportait tant de zèle à cette étude du russe qu’elle se levait la nuit sur son séant, et, tandis que tout le monde dormait, elle apprenait par cœur les cahiers que son maître lui laissait. […] Sa mère quitte la Russie après la célébration du mariage : quoiqu’elle ait bien peu à se louer de cette mère tracassière et mesquine, Catherine nous dit « que son départ l’affligea sincèrement, et qu’elle pleura beaucoup. » Elle pleure de même son père dont elle apprend la mort (1746), jusqu’à ce qu’elle soit obligée, au bout de huit jours, de cacher ses larmes, l’Impératrice lui ayant signifié par ordre « d’en finir, et que son père, pour le tant pleurer, n’était pas un roi. » Elle nous dit que, cette même année, à l’entrée du grand carême, elle se sentait des dispositions réelles à la dévotion, dont la politique seule lui eût conseillé les minutieuses pratiques. […] Les Mémoires l’apprennent assez clairement. […] Je me souviens qu’un jour, à une de ces mascarades publiques, ayant appris que tout le monde se faisait faire des habits neufs, et les plus beaux du monde, désespérant de pouvoir surpasser les autres femmes, je m’avisai de mettre un corps couvert de gros de Tours blanc (j’avais alors la taille très-fine), une jupe de même sur un très-petit panier ; je fis accommoder mes cheveux de derrière la tète, qui étaient fort longs, très-épais et fort beaux ; je les fis nouer avec un ruban blanc en queue de renard ; je mis sur mes cheveux une seule rose avec son bouton et ses feuilles, qui imitait le naturel à pouvoir s’y tromper, une autre je l’attachai à mont corset ; je mis au cou une fraise de gaze fort blanche, des manchettes et un tablier de la même gaze, et je m’en allai au bal.
Cependant son père Grandgousier voyait que son fils étudiait très bien, et qu’il n’en devenait que plus sot chaque jour ; il est fort étonné d’apprendre d’un de ses confrères, vice-roi de je ne sais quel pays voisin, que tel jeune homme qui n’a étudié que deux ans sous un bon maître, et par telle nouvelle méthode qui vient de se trouver, en sait plus que tous ces petits prodiges du vieux temps, livrés à des maîtres dont le savoir n’est que bêterie. […] Nous, qui rougirions d’ignorer la géographie et ses divisions principales, nous n’avons qu’à lever les yeux vers le ciel pour voir que nous ignorons à peu près tout de cette cosmographie sublime qu’il suffirait cependant de quelques soirées et d’un démonstrateur pour nous apprendre. […] Après le repas viennent les cartes, mais c’est encore pour apprendre sous ce prétexte mille petites gentillesses et inventions nouvelles, qui toutes dépendent de l’arithmétique et des nombres. […] Toutefois, rappelons-nous bien que ces méthodes nouvelles, et, avant tout, agréables, d’apprendre les sciences aux enfants, moyennant un précepteur ou gouverneur pour chacun, ne tiennent nul compte des difficultés inhérentes à l’éducation publique et de celles qui dépendent de l’ordre de la société même. […] Un philosophe du xviiie siècle, plus sensé que Jean-Jacques (Galiani), recommande deux points avant tout dans l’éducation : apprendre aux enfants à supporter l’injustice ; leur apprendre à supporter l’ennui.
En effet, plusieurs passages des écrivains de l’antiquité, entr’autres le récit que fait Aulugelle de l’avanture arrivée à un comédien nommé Polus qui joüoit le personnage d’Electre, nous apprennent que les anciens distribuoient souvent à des hommes des rôlles de femme. […] Suetone nous apprend que lorsque Neron montoit sur le théatre pour y représenter un dieu ou un heros, il portoit un masque fait d’après son visage, mais que lorsqu’il y représentoit quelque déesse ou quelque heroïne, il portoit alors un masque qui ressembloit à la femme qu’il aimoit actuellement. […] Ces masques qui étoient de bois, comme nous l’apprenons dans les vers que prudence a fait contre Symmaque, étoient propres à recevoir cette incrustation. […] Solin qui a écrit quelque temps après Pline semble nous apprendre pourquoi l’usage de cette pierre étoit à préferer à celui de l’airain dans le revêtement intérieur d’une partie des masques. […] Ils nous auroient du moins instruits de beaucoup de choses que nous ignorons, s’ils ne nous avoient pas tout appris.
J’avais la prétention d’apprendre au monde, qui n’écoute jamais que ses propres instincts, la publication inespérée des lettres de la dernière princesse de Condé, la sœur du duc d’Enghien… Et je n’appris rien à personne. […] Ce qui me fait, ce sont ces lettres où elle a laissé l’empreinte tour à tour charmante et brûlante de son âme, et ces lettres-là, je les ai, et, à elles seules, elles m’en apprennent plus que ces déchirures d’histoire qui ne sont peut-être qu’un conte. Elles m’apprennent, en effet, le secret de la vie et du malheur de Réa Delcroix, « veuve… d’un mari vivant », dit-elle quelque part, et la minceur de l’âme, tout à la fois violente et tremblante, du très pauvre homme qu’elle a aimé, et qui, transfiguré par l’amour, est placé par elle dans une gloire de lumière, — aveuglement cruel, puisqu’elle éclaire sa médiocrité… Hélas ! […] le bas-bleu est bien loin de la femme qui a écrit, par exemple, comme moi je l’écrirais : « Les femmes doivent tout ignorer pour tout apprendre, et tout sentir pour tout deviner. » Le bas-bleu est bien loin quand elle écrit, comme moi aussi je l’écrirais encore : « Le génie et le talent ne sont pas à l’usage des femmes.
Mais, d’un autre côté, ce sont les poètes qui donnent aux langues l’éclat, le mouvement et la vie ; ce sont eux qui, étudiant la marche passionnée des idées, apprennent aux signes des idées à se passionner de même. […] Cicéron, qui nous apprend tous ces détails, se plaignait même que ces éloges eussent jeté de l’embarras et de l’obscurité dans l’histoire9. […] Ce paysan d’Arpinum, qui parvint sept fois à la première place du monde, n’était pas sans doute un modèle de vertus pour Cicéron ; mais un Romain devait louer en lui les talents et les victoires, et un républicain pouvait louer ce caractère altier qui osa braver tous les grands de Rome, qui leur reprochait avec audace leur corruption et leur mollesse, qui se vantait de son obscurité, comme les grands se vantaient de leurs aïeux ; qui, dans un siècle poli, consentait à passer pour ignorant, et avouait qu’il n’avait appris qu’à combattre et à vaincre ; qui opposait ses triomphes en Afrique, et les quatre cent mille Teutons ou Cimbres qu’il avait exterminés en Italie ou dans les Gaules, aux tables, aux cuisiniers et au faste des patriciens dans Rome ; il faut observer d’ailleurs que cet éloge fut composé avant les guerres civiles de Marius, et Cicéron était alors dans l’âge où l’énergie du caractère est ce qui frappe le plus, et où l’on mesure les hommes plus par les grands effets, que par les grands motifs. […] Tacite nous apprend que Cicéron dans cet éloge élevait Caton jusqu’au ciel12. […] Tous ceux qui verront ce monument, ceux même qui apprendront que nous l’avons élevé, parleront de vous avec reconnaissance.
De quelle façon nos ouvrages ont fait réfléchir certaines gens, on va nous l’apprendre. […] De quelle façon nos ouvrages ont fait réfléchir certaines gens, on va nous l’apprendre. […] Albalat affirme que, dans le style, il y a une partie de métier à apprendre, une partie de procédés à savoir, tout un côté positif, réel. A ces affirmations la seconde école substitue des doutes, « parce que le doute est libérateur », et nie qu’on puisse apprendre quelque chose sans imiter, en ajoutant que « l’imitateur est un invertébré ».
Le moindre livre de voyage écrit… même par un grimaud, peut être instructif et piquant pour les sociétés sédentaires ; mais pour celles qui passent leur vie à se déverser les unes dans les autres, il faut, sous peine de ne rien apprendre et de ne pas intéresser, que les livres de voyage soient écrits par des esprits d’un ordre élevé et d’une vue perçante, qui voient ce qu’il est difficile de voir en tout état de cause, soit qu’on reste au logis, soit qu’on s’en aille au bout du monde, — je veux dire : l’âme et l’esprit des choses. […] Le sien, qu’il appelle une promenade, avec une modestie bien légère, — car une promenade de deux volumes in-8°, de quatre cents pages19, fait l’effet d’une assez longue route, — le sien nous apprend-il sur l’Amérique des choses intimes et profondes jusque-là inaperçues ou mal observées ? Nous apprend-il enfin ce que nous ne savions pas, à nous autres qui restons chez nous ? […] Il montre l’Amérique ; il ne nous l’apprend pas.
« Et sa mère Sigelint apprit aussi cette nouvelle. […] Je l’ai laissé hors de tout péril, voilà ce que je voulais vous apprendre. […] Il fallait que Gunther l’apprît et tous ses hommes aussi. […] Dites-moi aussi ce qu’a dit Hagene, quand il a appris la nouvelle ? […] Quant à tous ceux qui les suivront, je n’ai pu l’apprendre.
Ils vous apprendront mieux que tous les enseignements à discerner le bien et le mal, le faux et le vrai, le néant et la grandeur dans les travaux de l’esprit humain. […] La description la plus détaillée de la Vénus de Médicis en apprend moins qu’un seul regard jeté sur la statue. […] Ne convient-il pas, lorsque je me hasarde à vous entretenir de l’art de la parole, de chercher avant tout s’il est possible de l’enseigner, et s’il est utile de l’apprendre. […] Comment peut-on apprendre à bien parler ! […] « C’est qu’en tout, pour savoir, il faut avoir appris.
Puis, les Mémoires du cardinal de Bernis, qui, du moins, en dehors de la diplomatie, nous ont appris une chose qu’on ne savait pas : c’est que cette Babet la Bouquetière était, sous ses bouquets, un homme d’État, impossible, il est vrai, dans une monarchie impossible et qui frappait tout de son impossibilité. […] que nous apprendraient-ils, en restant dans leur diplomatie ? […] II Et c’étaient cependant de mâles esprits, et on le voit même dans cette Correspondance de si peu d’intérêt par elle-même et qui n’apprend rien à l’Histoire ! […] L’avant-propos de cette correspondance tronquée, dont Adhémar d’Antioche a publié les tronçons, nous apprend que, de 1836 à 1843, le comte Raczynski avait publié, en plusieurs volumes, un grand livre intitulé : l’Art moderne en Allemagne.
Je ne le sais point et son livre ne me l’apprend pas. Mais je dis que, tel qu’il soit au fond, s’il a un fond, il paraît cultivé à la surface, renseigné, orné de connaissances, fort bien appris dans les matières qu’il traite. […] Je dis bien appris, sachant, aux termes des règlements et des programmes, ce qui convient pour être professeur. […] De tels livres, du reste, sont la preuve de ce que l’éducation toute seule peut donner en fait d’hommes, car je ne vois dans ce livre (exécuté avec des choses purement apprises) que ce que l’éducation y a créé et y a mis.
Il faut que tu apprennes à connaître toutes choses et le fond réel de la vérité persuasive, et les opinions des mortels qui reposent non sur une foi véridique, mais sur l’erreur ; et tu connaîtras ainsi, comment il faut marcher prudemment à travers le tout, en faisant l’épreuve de toute chose. » En tête de cette philosophie poétique dont la Grèce allait recueillir les leçons, il reste à placer le personnage demi-fabuleux de Pythagore. […] Empédocle, en effet, né dans Agrigente, avait, nous apprend Aristote, rem porté le prix de la course équestre dans les jeux de la soixante-onzième olympiade. […] Tu l’apprendras, puisque pour toi je garde en dépôt de tels secrets. […] Et toi, Muse aux mille souvenirs, vierge aux bras blancs, je sollicite de toi ce qu’il est permis d’apprendre dans cette vie passagère. […] Si tu le cherches avec ardeur, il te sera donné d’apprendre jusqu’où peut s’élever la pensée mortelle. » Cette révélation ainsi promise n’était autre que celle d’un Dieu suprême, l’espérance de s’unir à lui et la menace des peines réservées aux méchants.
Il était né, dit-on, vers la fin du xvie siècle ou au commencement du xviie ; mais je ne crois pas qu’il soit d’avant 1610, car il servait encore activement en 1664, et il ne mourut qu’en 1685, comme on l’apprend par hasard d’un mot échappé à la plume de Dangeau. […] Il est vrai cependant que le chevalier avoit quelque génie extraordinaire pour les mathématiques, et j’ai appris de M. des Billettes, ami de M. […] Ils sont souvent si libertins qu’ils échappent et qu’on ne les a pas comme on veut : « Le meilleur expédient, poursuit-il, pour apprendre une chose en peu de temps et sans maître, c’est de s’imaginer qu’on n’a que cette seule voie pour obtenir ce qu’on souhaite le plus. […] Quelques jours après, je fis ces observations, où je ne voulus pas insulter ; je me contentai d’apprendre à ces dames que je n’étois pas chimérique et que je n’imposois à personne. […] Le chevalier oublie ici un de ses préceptes les plus essentiels, car il a dit : « Un jeune homme, pour apprendre à chanter, à danser, à monter à cheval, à voltiger ou à faire des armes, peut choisir de ces maîtres qui ne cachent pas leur science, parce que, s’ils excellent dans leur métier, ils s’en peuvent louer hardiment et sans rougir.
Où en serions-nous, si pour apprendre l’histoire ou la géographie, nous en étions réduits aux faits épars que nous avons pu recueillir dans des livres qui ne traitent pas de cette science ex professo ? […] Je crois comme Kant que toute démonstration purement spéculative n’a pas plus de valeur qu’une démonstration mathématique et ne peut rien apprendre sur la réalité existante. […] Le XVIIe siècle apprenait mieux le latin dans les auteurs, ou même dans Despautères, que nous ne l’avons appris dans Lhomond et qu’on ne l’apprendra dans des grammaires bien meilleures. […] Strabon (Géographie, liv, VIII, Init.) nous apprend qu’Éphore et plusieurs autres firent de même. […] Il est certain que l’habitude de la vie apprend, autant que les livres, et constitue une culture pour ceux qui n’en ont pas d’autre.
Louis Racine nous apprend que ce même Despréaux fut sa satire sur Le Festin, publiée en 1665, chez le comte de Brancas en présence de madame Scarron et de madame de La Sablière, dont nous parlerons dans un moment. […] Si on trouvait leurs lettres, on en tirerait de grands avantages… On apprendrait toute la politesse du style et la plus délicate manière de parler sur toute chose Elles ont su les affaires de tous les états du monde, toutes les intrigues des particuliers, soit de galanterie ou d’autres choses où leurs avis ont été nécessaires… C’étaient des personnes par les mains desquelles le secret de tout le monde avait à passer. […] Quand mademoiselle de Montpensier commença à sentir de l’inclination pour Lauzun, elle s’informa de ses habitudes au comte de Rochefort dont il était l’ami : et « elle apprit, dit-elle, que Lauzun allait quelquefois chez une petite dame de la ville, nommée madame de La Sablière. […] Louis Racine nous apprend qu’elle était chez le duc de Brancas quand Boileau y fit sa satire du Festin, en 1665.
Un écrit de Huet, le célèbre évêque d’Avranches, et un autre de Patru, nous apprennent les principales de ces causes. […] Mais il apprit bientôt que le mari de Diane ne fêtait et ne pouvait l’être que de nom. […] « Ces ouvrages, dit Huet, furent reçus du public avec un applaudissement infini, et principalement de ceux qui se distinguaient par la politesse et par la beauté de l’esprit. » Rien ne nous apprend comment le Ier volume du roman du marquis d’Urfé fut accueilli à l’hôtel de Rambouillet, ni si l’auteur s’introduisit dans cette société.
C’est Mascarille, c’est ce maître fourbe, dont la tête est remplie de tous les tours de ses devanciers d’Italie, sans compter ceux qu’il a appris de Molière. […] L’éducation d’Isabelle a porté ses fruits : la pupille a appris à tirer parti des travers du tuteur. […] Il l’avait appris de Molière. […] Une lettre, de tous les incidents communs le plus commun, apprend aux galants qu’ils sont joués, à Alceste qu’on ne l’aime pas assez pour lui faire le sacrifice d’amants moqués. […] Dans le Phormion de Térence, Démophon apprend que son fils est marié sans son aveu.
Il n’écrivit que ce qu’il avait vu ou appris de la bouche des plus érudits de ses contemporains. […] Mais bientôt j’ai appris tout d’un homme de la maison, qui m’a accompagné jusqu’au dehors de la ville, et a remis l’enfant dans mes mains. […] Du reste, je n’ai rien découvert de plus sur ce qui les concerne ; mais, dans les divers entretiens que j’ai eus à Memphis avec ces mêmes prêtres de Vulcain, j’ai appris beaucoup d’autres particularités. […] Puis elles apprirent la langue de la Grèce, et fondèrent la langue ambiguë des oracles. […] Dès que l’armée péonienne apprit que les villes étaient au pouvoir de l’ennemi, elle se dispersa ; chacun se retira chez soi, et tout le pays finit par se soumettre aux Perses.
C’est à lui que nous devons la Nouvelle Méthode pour apprendre la Langue Latine, ainsi que l’Abrégé de ces deux Méthodes connues sous le nom de Port-Royal. […] Mais il est encore temps d’apprendre aux jeunes gens, susceptibles d’être dirigés vers les sources du génie, qu’on ne peut devenir un grand Homme, qu’en s’attachant à la lecture des grands Modeles, & que ce n’est qu’en allumant son flambeau aux rayons du soleil, qu’on peut, comme Prométhée, communiquer à ses Ouvrages le feu qui leur donne la vie.
Le meurtrier, qui avait paru au premier moment à sa lucarne, les deux mains crispées à ses barreaux, ne s’y montrait plus ; j’en fus réjouie malgré l’impatience que j’avais de le voir ; je compris qu’il avait reconnu l’instrument de son père, et qu’il s’attendait à quelque chose de moi, semblable à la surprise qu’il avait eue la nuit, du haut de la tour, en entendant l’air d’Hyeronimo et de Fior d’Aliza, que l’un de nous deux seul pouvait jouer à l’autre, puisque nous ne l’avions appris à personne. […] Qui t’a appris où j’étais moi-même ? […] Quand nous eûmes ainsi longtemps parlé bouche à bouche, cœur à cœur, à travers les froides grilles du cachot, trois coups de marteau de l’horloge de la cour, résonnant comme un tremblement de l’air, sous les souterrains, nous apprit que trois heures s’étaient écoulées dans une minute et qu’il était temps de nous arracher l’un à l’autre, si nous ne voulions pas être surpris par le retour du bargello. […] Mais où aurions-nous appris nos lettres ? […] ma Fior d’Aliza, s’écriait ma belle-sœur, n’en avez-vous donc appris aucune nouvelle par les chemins ou sur les places de Lucques ?
Que ne nous dit-il pas, au reste, que ne nous apprend-il pas, de ces choses qu’on n’aurait jamais l’idée de demander ! […] On l’apprit à Versailles le soir du 9 août. […] La reine aurait bien désiré accompagner le roi le reste de la campagne ; elle se risqua un soir à lui dire qu’ayant appris qu’il allait à Saverne et à Strasbourg elle espérait qu’il lui permettrait de l’y suivre. […] « On oublie, en voyant Thémire, qu’il puisse y avoir d’autres grandeurs, d’autres élévations que celle des sentiments ; on se laisserait presque aller à l’illusion de croire qu’il n’y a d’intervalle d’elle à nous que la supériorité de son mérite : mais un fatal réveil nous apprendrait que cette Thémire si parfaite, si aimable, c’est — la Reine. […] Elle l’interroge et le force de le lui nommer. « Apprenez, Monsieur, lui dit-elle, que jamais ces sortes de mots ne sauraient choquer la pudeur de mes filles, et qu’il vaut mieux jouer devant elles ces excellentes pièces que toutes les pièces à sentiments dont nous sommes inondés. » (Mémoires manuscrits de Dufort, introducteur des ambassadeurs sous Louis XV.)
C’est dans l’allemand qu’elle a appris le latin. Elle sait l’allemand, cette langue qui dispense de toutes les autres et dans laquelle on peut apprendre jusqu’au sanscrit, comme la lourde Mme Dacier savait le grec. […] « On apprend, dit-elle, à bien penser, comme on apprend à coudre. […] Mme Stern n’est en réalité qu’une volontaire, toujours en révolte contre son organisme féminin, et la volonté n’a jamais mieux démontré qu’elle n’est pas le talent et qu’elle peut être l’impuissance… Savante, dit-on, du moins de pose savante ; allemande d’éducation intellectuelle ; hégélienne peut-être et, dans tous les cas, très digne de l’être, elle a trouvé que ce n’était pas encore assez de savoir l’allemand et elle s’est mise à apprendre le hollandais pour faire le livre que voici. […] À sa prochaine publication, elle pourrait se jeter dans le chinois et l’apprendre pour nous faire l’histoire de la Chine.
Ils apprennent à marcher : contentons-nous de ce qu’ils marchent ; n’exigeons pas qu’ils aillent bien droit, et ne nous inquiétons point de quelques faux pas. […] Ce sont leurs compositions mêmes qui les instruisent ; c’est sur les matières mêmes qu’ils auront traitées que le maître leur apprendra à féconder, à développer, à ordonner un sujet, c’est par leurs propres trouvailles de pensée et de style, bonnes ou méchantes, qu’il éclairera leur jugement et redressera leur goût. […] L’essentiel est de lire les réflexions développées dans ce volume, d’une manière désintéressée, sans le vulgaire désir d’y apprendre des procédés rapides et mécaniques ; si l’on y prend des points de départ, des matériaux, une direction, un stimulant, pour penser par soi-même, pour comprendre comment les écrivains bâtissent leurs ouvrages, ordonnent et expriment leurs conceptions, et comment on doit soi-même travailler, insensiblement l’esprit, familiarisé avec les grandes lois de l’art d’écrire, dont il aura pénétré la vérité et mesuré la portée, s’y conformera en composant, et il conduira, disposera, traduira ses pensées selon des règles qui ne seront plus logées dans la mémoire, mais feront partie de lui-même et auront passé dans sa substance.
Il s’apprit encore à bien placer ses épaules, en s’exerçant dans une espèce de tribune, au-dessus de laquelle pendoit une hallebarde dont la pointe l’avertissoit de ne pas tant les hausser. […] Son rival apprit à le connoître, & médita des projets de vengeance. […] Son vainqueur l’apprend, vole à lui la bourse à la main, & met tant de noblesse dans ses offres, qu’il l’oblige à les accepter.
C’est une operation que l’oeil apprend à faire par le secours de l’art, et qui n’est pas accompagnée d’aucun sentiment agréable, comme est celui qui naît de l’application des yeux sur les objets que nous offrent des tableaux. […] L’instinct naturel nous l’apprend, en nous enseignant que ceux qui nous écoutent parler sans nous voir, ne nous entendent qu’à demi. […] Ainsi quoique les hommes soient plus capables que les femmes d’une application forte et d’une attention suivie, quoique l’éducation qu’ils reçoivent les rende encore plus propres qu’elles à bien apprendre tout ce que l’art peut enseigner, on a vû néanmoins depuis quarante ans sur la scéne françoise un plus grand nombre d’actrices excellentes que d’excellens acteurs.
Un éleve qui a du génie, apprend à bien faire en voïant son maître faire mal. […] Combien d’hommes illustres en toutes sortes de professions, ont appris les premiers élemens des professions qui les ont rendus si célebres, de maîtres qui n’acquirent jamais d’autre réputation que celle de les avoir eu pour éleves. […] Il n’avoit eu besoin des enseignemens de Pierre Perugin, que pour apprendre comment il falloit étudier.
Un génie à qui la nature ne donna que des aîles de tourterelle, n’apprendra jamais à s’élever d’un vol d’aigle. […] l’imitation du parler suit incontinent… etc. les leçons d’un maître de musique habile développent nos organes, et nous apprennent à chanter méthodiquement ; mais ces leçons ne peuvent changer que très-peu de choses dans le son et dans l’étenduë de notre voix naturelle, quoiqu’elles la fassent paroître plus douce et tant soit peu plus étenduë. […] L’art ne supprime pas plus les défauts d’organisation lesquels il apprend à cacher, qu’il augmente l’étenduë naturelle des talens physiques que ses leçons perfectionnent.
… L’éducation, la pédagogie, c’est la nécessité d’apprendre à l’homme son malheur ; c’est le redressement de l’homme par la peine. […] Doublet pour appréhender l’idée, comme il dit, par exemple, l’idée de la ligne et de l’étendue, ils consistent dans des généralisations et des abstractions si multipliées, si difficiles et si incertaines, qu’avec un pareil système de recherche, Mathusalem lui-même serait mort sur la moitié du ba, be, bi, bo, bu, et nous ne croyons pas qu’il l’eût apprise. […] Dans cette vie, qui a un but sans doute, un but important et peut-être terrible, puisque c’est le tout de notre destinée, on a moins le temps d’apprendre comment se font les choses que le temps de les faire. […] Taine a parfaitement appris, à l’école d’où il est sorti, le défaut de l’armure de ses maîtres, la vacuité de leurs systèmes, le vice de leur enseignement et les grimaces de leurs prétentions.
— Il faut apprendre à l’homme à s’ennuyer. — Comment y arrive-t-on ? […] — Le philologue : il apprend à bûcher. — Quel est l’homme parfait ? […] On apprend pour apprendre. […] L’Église à laquelle l’école d’aujourd’hui se substitue et dont on apprend par cœur le catéchisme avant d’être admis à la communion ne procède pas autrement pour retenir ses fidèles ; les liens sont de nature fort voisine ici et là. » « L’école nous demande non de nous enquérir de ce que sont les idées, mais de les acquérir ainsi. » Voilà un enseignement qui ne fait guère de place à la spontanéité de l’élève et dont l’idéal semble bien être de faire de lui une machine à répétition.
En effet, saint Augustin nous apprend dans le même livre qui vient d’être cité, que lorsque les pantomimes eurent commencé à joüer sur le théatre de Carthage, il fallut durant long-temps que le crieur public instruisit le peuple à haute voix du sujet qu’ils alloient représenter avec leur jeu muet. […] Mais l’usage apprenoit à entendre le langage muet des pantomimes à ceux qui ne l’avoient pas étudié par méthode, à peu près comme il apprend la signification de tous les mots d’une langue étrangere, dont on sçait déja plusieurs termes, quand on vit au milieu d’un peuple qui parle cette langue. […] Vous sçaviez d’abord si c’étoit Jason, Thyeste ou quelque autre personnage qu’ils vouloient representer. " ce Caramalus et ce Phabaton étoient, comme nous l’apprend le pere Sirmond dans ses notes sur Sidonius, deux pantomimes illustres, et dont il est fait mention dans les lettres d’Aristenete et dans Leontius le scolastique. […] Il veut ensuite qu’on enseigne à cet acteur la musique, l’histoire, et je ne sçais combien d’autres choses capables de faire mériter le nom d’homme de lettres à celui qui les auroit apprises. Nous apprenons de Zozime et de Suidas, que l’art des pantomimes naquit à Rome sous l’empire d’Auguste, et c’est ce qui fait dire à Lucien que Socrate n’avoit vû la danse que dans son berceau.
Ce qu’il nous faut, ce sont tout simplement des gens de bonne foi et qui n’aient pas appris à bouder leur plaisir. […] Peu l’apprennent, tous s’y croient capables. […] Un critique qui n’est pas créateur n’apprend rien aux créateurs, cela lui demeure interdit ; et rien au public, par conséquence. […] Bertaut déclare n’avoir de préférence pour aucun genre ; il désire seulement « des gens de bonne foi et qui n’aient pas appris à bouder leur plaisir ». […] « Un critique qui n’est pas un créateur n’apprend rien aux Créateurs… » écrit Fagus, « et rien au public par conséquence. » Les exemples qu’il cite sont impressionnants : « Qui révéla Maeterlinck ?
Mais, étudiés dans leur ordre, les chefs-d’œuvre de ces deux grandes époques seront toujours la plus forte école où notre nation puisse apprendre à se continuer, en valant mieux. […] Il nous apprend par quelles qualités nous pouvons contribuer à la grandeur de notre pays, par quels défauts nous risquons d’en hâter la décadence. […] Peindre l’homme pour nous l’apprendre, et nous l’apprendre avec le conseil de nous y reconnaître, tout va là au dix-septième siècle. […] Montesquieu connaissait son lecteur ; il lui avait appris tout le premier à chercher dans les livres le plaisir sans la peine. […] Les vérités nous ont défendus de la séduction des erreurs, et jusqu’au paradoxe de la vénalité des charges, que Montesquieu a eu le tort de défendre, ses belles idées sur la justice nous ont appris à le réfuter.
Mais si la langue du texte que nous voulons nous assimiler nous est totalement inconnue, il faut l’apprendre, c’est-à-dire apprendre à mettre sous ces mots inconnus des idées d’abord connues, puis nouvelles. […] Dans notre enfance, nous avons appris lentement à nous parler intérieurement, comme à parler tout haut, comme à écrire. […] Avant donc que d’écrire, apprenez à penser. […] Encore ce spectacle ne nous apprend-il pas comment s’établissent des fondations ; il nous donne seulement quelques éléments précieux pour instituer sur cette question une hypothèse vraisemblable. […] « Les enfants conçoivent beaucoup de choses qu’ils ne savent pas nommer, et ils retiennent beaucoup de mots dont ils n’apprennent le sens que par l’usage. » Bossuet, Logique, I, 3.
La langue qu’ils ont apprise est toujours la plus belle, la plus riche, la plus harmonieuse, à peu près comme les hommes en place sont toujours pour leur protégé des hommes supérieurs. […] Ainsi la langue latine a tout au moins une difficulté de plus que la langue française, pour pouvoir être bien apprise et bien parlée. […] D’abord on y apprendrait à parler sa propre langue, qu’on sait pour l’ordinaire très mal au sortir du collège ; ensuite on serait obligé dans ces thèses de parler raison ou de se taire. […] Le temps qu’on donne à l’étude des mots est autant de perdu pour l’étude des choses ; et nous avons tant de choses utiles à apprendre, tant de vérités à chercher, et si peu de temps à perdre. […] Thomas nous assure qu’il avait plus appris de théologie dans la prière que dans l’étude. 7°.
On y apprend à connaître de près le grand homme et même (ce qui est moins beau) Marie-Louise. […] Il est assez bien fait, agréable à parcourir, et il vous apprendrait certaines choses. — C'est Dubochet qui le publie ; et il est rédigé par Charton, le même qui dirige si bien depuis des années le Magasin pittoresque.
Aurez-vous appris à peindre ? […] Celui qui veut apprendre à écrire lira tout autrement. […] Je crois qu’il faut s’abstenir d’apprendre par cœur. […] Et puis il avait continué à voyager, pour apprendre. […] La vue d’un tombeau n’apprend-elle donc rien ?
On apprend que M. […] ce n’est pas comme chez vous : nous ne connaissons Wagner que comme un musicien compositeur d’opéras ; et de ses conceptions philosophiques ou esthétiques, en dehors de la musique, nous ne savons rien, sinon ce que votre Revue nous en a appris. […] C’est seulement dans les œuvres des grands compositeurs que ces nations apprennent la signification émotionnelle des divers rythmes et accords. […] Nos journaux nous ont appris que vous aviez une nombreuse et brillante école de compositeurs Wagnéristes : MM. […] Et nous l’avons, cette mélodie, qui n’est pas celle de Bellini : musiciens ou non musiciens, apprenons ceci de Wagner, l’expression, et, là où elle manque, le silence.
Dans les conversations qu’il a avec Henri, il cite également son prophète et son auteur : Sire, dit-il au roi de Navarre à Meudon, au moment où l’on apprend que Henri III vient d’être assassiné à Saint-Cloud, j’espère que Votre Majesté sera un jour paisible et bien heureuse, mais ce ne sera pas sans beaucoup travailler et sans courir de grands hasards. […] Il fut réveillé sur les trois heures du matin par les cris du peuple et par le tocsin : son gouverneur, le sieur de Saint-Julien, et son valet de chambre, qui s’étaient aussi réveillés au bruit, étant sortis du logis pour apprendre ce que c’était, n’y rentrèrent point, et il n’a jamais su depuis ce qu’ils étaient devenus. […] Cependant le roi de Navarre se sauve des gardes et espions qui l’observent, et se dérobe, à Senlis, pendant une partie de chasse (1576) : Rosny l’accompagne dans sa fuite, et bientôt se met à apprendre sous lui la guerre. Il commence à servir, comme le plus simple soldat, parmi l’infanterie, ce qui n’était pas ordinaire alors aux gentilshommes : à ceux qui l’en voulaient divertir, il répondait qu’il avait à cœur d’apprendre le métier des armes dès ses premiers commencements. […] Dans les trêves de ces guerres fatigantes, à Pau, à Auch, à Nérac, il avait appris le métier de courtisan avec application, absolument comme on apprend un autre métier : en 1576, à Pau, on le voit étudier son premier ballet dont Madame Catherine, sœur du roi de Navarre, prend elle-même la peine de lui enseigner les pas : « Et de fait vous le dansâtes huit jours après devant le roi », disent ses authentiques secrétaires.
Ma mère, lorsque j’appris que tu étais morte, dis, est-ce que tu as eu conscience des pleurs que j’ai versés ? […] Ainsi vinrent et passèrent bien des tristes lendemains jusqu’à ce qu’enfin, tout mon fonds de douleur d’enfant étant épuisé, j’appris à me soumettre à mon lot ; mais tout en te pleurant moins, je ne t’oubliai jamais. Là, où nous avons habité autrefois, notre nom ne se prononce plus ; des enfants, qui ne sont plus les tiens, ont foulé le parquet où j’appris à marcher, et là où le long de cette rue, le jardinier Robin me traînait chaque matin à l’école, enchanté de ma voiture d’enfant, enveloppé d’un chaud manteau écarlate et coiffé d’une toque de velours, c’est devenu maintenant une histoire peu connue qu’autrefois nous appelions la maison pastorale la nôtre. […] Le ver, avant pris garde à son intention, le harangua ainsi très éloquemment : « Si vous admiriez ma lampe, lui dit-il, autant que moi votre art, ô ménestrel, vous auriez horreur de me faire du mal autant que moi d’attenter à votre chanson ; car c’est la même puissance divine qui nous a appris, vous à chanter et moi à briller, afin que vous avec votre musique, moi avec ma lumière, nous puissions embellir et réjouir la nuit. » Le chanteur entendit cette courte harangue, et, gazouillant son approbation, il le laissa, comme le dit mon histoire, et il alla trouver un souper quelque part ailleurs. De ceci les sectaires querelleurs peuvent apprendre à démêler leur véritable intérêt : que le frère ne devrait point guerroyer contre le frère, qu’il ne faut se déchirer ni se dévorer entre soi, mais plutôt chanter et briller par un doux accord, jusqu’à ce que cette pauvre nuit passagère de la vie soit écoulée ; respectant ainsi l’un chez l’autre les dons de la nature et de la grâce.
Aucun doute ne ternit la satisfaction d’en apprendre si long sur les dessous de personnages si élevés. […] Il connaît les épisodes du pontificat de Grégoire VII, et sa traversée si tragique sur la barque de saint Pierre, avec une sûreté et une aisance dont personne même ne peut mesurer la valeur, puisque nul ne sait sur ces matières à lui familières que ce que son érudition généreuse a bien voulu en apprendre au public. […] Que vous appreniez comment Hermann, prince régent d’Alfanie de par l’abdication provisoire de son père le vieux roi Christian, et son frère Otto sont tués dans la même nuit, en chapitre final, le premier par sa femme Wilhelmine, le second par un garde-chasse, cela nous intéressera moins que le tragique fait-divers dont l’histoire d’une des grandes monarchies de l’Europe centrale a été éclaboussée l’autre année ; et j’aime mieux les imaginations successives qui m’expliquent, suivant le gré de l’heure, ce drame princier que l’affabulation de livraison populaire qu’y a, dans une préface qui est tout le roman, ajustée M. […] Parmi les conjonctures les plus extrêmes, d’un îlot de déportés jusqu’à un trône de l’Europe orientale et jusqu’à un radeau de naufragés, de définitives figures se mesurent à la vie, apprennent pour les avoir entiers sentis le désastre et le bonheur, et reviennent désemparés et las du jeu d’enfer dont ils ont épuisé toutes les émotions.
Elle ne veut point être maîtresse, mais amie d’un prince à qui il faut faire perdre l’habitude des plaisirs désordonnés et apprendre ceux de l’amitié. […] Madame de Sévigné va nous apprendre comment les choses se sont passées. […] Je ne vous soupçonne point d’avoir révélé ma confession à l’abbé Testu ; mais il a appris par vous le dessein que j’ai de sortir de la cour ; c’est au-delà de ce que je voulais qu’il sut. […] La fermeté tranchante du duc de Montausier pouvait n’être pas déplacée dans un homme de sa profession et surtout de son caractère ; mais la longue expérience de Bossuet et sa profonde connaissance du cœur humain lui avaient appris que la douceur, la patience et les exhortations évangéliques sont les véritables armes a un évêque pour combattre les passions et qu’elles servent plus souvent à en triompher que ces décisions brusques et absolues qui obtiennent rarement un si heureux succès.
D’ailleurs nous apprenons d’Aristides Quintilianus, et nous voyons par ce qu’en ont dit d’autres auteurs, que les anciens avoient un rithme dans lequel chaque pied de vers ne faisoit pas toujours une mesure ; puisqu’il y avoit des mesures composées de huit temps sillabiques, c’est à dire, de huit breves ou de leur valeur. […] On sera bien plus curieux d’apprendre une autre chose, je veux dire la maniere dont la musique metrique marquoit les temps dans toute sorte de mouvemens du corps. […] Voila ce qui ne se fait point naturellement, et c’est même ce que l’art ne peut apprendre à bien pratiquer. […] Il est vrai que quelques musiciens modernes ont cru pouvoir trouver le secret d’enseigner autrement que de vive voix, la durée que devoit avoir un air, et d’apprendre par consequent même à la posterité le mouvement dont il falloit le joüer, mais c’étoit en se servant de l’horlogerie que ces musiciens prétendoient venir à bout de leur projet.
Il ne faut pas, dit cet auteur, avoir honte d’apprendre ce qu’on doit être obligé de faire un jour. […] Nos jeunes gens, dit Scipion, vont dans l’école des comédiens apprendre à réciter, exercice que nos ancêtres regardoient comme une profession d’esclave. […] Nous verrons par ce que saint Augustin dit des pantomimes, que le rapport qui étoit entre le geste et la chose signifiée n’étoit pas si bien marqué, qu’on pût toujours le deviner sans interprete, lorsqu’on n’avoit pas appris le langage de la danse antique. […] Juvenal nous apprend que l’écuïer tranchant qui coupoit la viande sur les bonnes tables les coupoit en dansant.
Ce n’est pas uniquement parce que l’habitude de l’action influe sur l’habitude de la pensée, et qu’apprendre à se décider, c’est aussi apprendre à bien voir. […] Cette veine ouverte d’un peuple vaincu, par laquelle s’écoulait un sang si vermeil encore de jeunesse, ces mœurs patriarcales et hospitalières, cette fierté grandiose qui fait dire perpétuellement à l’Arabe : « Élargis ton âme », précisément le contraire du mot chinois et civilisé : « Rapetisse ton cœur », que l’abbé Huc nous apprend, les dernières tentes, qui vont se lever et se ployer au soleil couchant de la poésie devant la civilisation, cette mer de pierres qui s’avance, tout ce vaste ensemble nous frappa de deux sensations et d’une double mélancolie, — la sensation de ce qui est éternellement beau, et de ce qui va s’évanouir. […] Tout ce qui l’exalte, tout ce qui la raconte, tout ce qui nous apprend à l’aimer, tout ce qui nous fera mettre notre main dans sa main, notre cœur sur son cœur, est, littérature à part, digne d’applaudissement, d’encouragement, de popularité.
Mais, s’il apprit à « voir » et à rendre ce qu’il voyait, il n’apprit rien de plus heureusement. […] Et, à mesure que son coeur s’amollit et que s’y ouvre la divine fontaine des larmes, il apprend aussi la pudeur.
Jules Barbey d’Aurevilly Je connaissais le Monselet de tout le monde, le Monselet du journal, du théâtre, du café, du restaurant, le Monselet du boulevard et de Paris, le Monselet légendaire, celui qu’on a représenté les ailes au dos, comme Cupidon, parce qu’il a écrit Monsieur de Cupidon… Je connaissais le Monselet de la gaîté, de la bonne humeur, de la grâce nonchalante, la pierre à feu qu’on peut battre éternellement du briquet pour en tirer d’infatigables étincelles…, mais je ne connaissais pas le Monselet intime, — le Monselet du Monselet, — la quintessence de l’essence, et c’est ce livre, intitulé tout uniment et tout simplement : Poésies complètes de Charles Monselet, qui me l’a fait connaître, qui m’a appris l’autre Monselet dont je ne connaissais que la moitié… Un poète, un poète de plus parmi les vrais poètes, voilà ce qu’apprend ce recueil des Poésies complètes de Monselet, réunissant tous les rayons éparpillés de son talent et nous faisant choisir entre tous celui qui plaît davantage, le plus pénétrant et le plus pur… Certes, on savait bien, bien longtemps avant ce recueil, que Monselet était un chanteur plein de verve et de fantaisie… Il était plus que cela, et ce dernier recueil le met à sa place, parmi les touchants.
Après la mort de Louis XIV, Mme de Maintenon, retirée à Saint-Cyr, et vivant dans le passé, lisait le journal manuscrit de Dangeau, et elle en disait à Mme de Caylus : « Je lis avec plaisir le journal de M. de Dangeau : j’y apprends bien des choses dont j’ai été témoin, mais que j’ai oubliées. » Et un autre jour, après avoir marqué le désir d’en faire prendre des extraits sur ce qui la concerne : Remerciez bien M. de Dangeau de la permission qu’il me donnera sur ses mémoires ; ils sont si agréables que j’ai tout lu : vous entendez ce que cela veut dire (cela veut dire qu’il y a des choses qu’on passe de temps en temps). […] Que de choses indispensables, de particularités à apprendre sur les usages, les habitudes, les circonstances journalières de la vie ! […] Ouvrons donc ce Journal de Dangeau, et apprenons à le lire en y mettant de cet esprit historique que l’auteur n’avait pas, mais qu’il sert si bien. […] Ces vapeurs de Mme de Montespan lui viennent-elles de ce qu’elle apprend que le roi est encore malade, ou de ce qu’elle ignore encore si elle sera du voyage, grand écueil pour elle aux yeux de tous ? […] [NdA] Dangeau, nommé ambassadeur en Suède, s’adressait à Chapelain pour lui demander s’il ne connaîtrait pas « quelque homme de bien et d’érudition qui pût, à des conditions honorables, lui tenir compagnie pendant son voyage de Suède, et lui servir soit par la conversation, soit par la lecture des bons livres anciens et modernes, le divertir des objets désagréables, etc. » C’est ce qu’on apprend d’une lettre (manuscrite) de Chapelain au marquis de Dangeau, datée d’avril 1671.
Mais Villefore ne nous apprend rien à cet égard. […] « Ce sont là les seules petites découvertes cartésiennes que j’ai faites en Hollande. » Un peu plus tard il apprend que la Bibliothèque royale de Paris contient la correspondance de l’abbé Nicaise et de Leibnitz. […] Dès que j’appris que cette précieuse collection était à la Bibliothèque royale de Paris, on conçoit avec quel empressement j’y recherchai tout ce qui pouvait s’y rapporter à l’histoire de la philosophie du dix-septième siècle. […] Il apprit, en écoutant le langage exquis des gens de cour et des gens du monde, la différence du style enflé et du style noble, du style vague et du style élevé ; il se dépouilla d’une certaine rouille philosophique qu’il avait contractée en théologie, et comprit que, lorsqu’on faisait le portrait de personnes si élégantes et si mondaines, il ne fallait pas y apporter les habitudes philosophiques que la Sorbonne conservait dans ses argumentations d’apparat. […] Dans sa retraite, il réfuta les premiers ouvrages de Voltaire, et mourut laissant vingt volumes qui sont devenus classiques et que les élèves de rhétorique apprennent par cœur en même temps que les oraisons funèbres de Bossuet.
L’expérience peut seule nous l’apprendre. […] La vraie science apprend à douter et à s’abstenir dans l’ignorance. […] La condition d’existence d’un phénomène ne saurait nous rien apprendre sur sa nature. […] Que peut nous apprendre la forme du cerveau et des nerfs sur leurs fonctions ? […] Mais ce n’est pas à l’aide de la statistique qu’on y arrivera ; jamais la statistique n’a rien appris ni ne peut rien apprendre sur la nature des phénomènes.
Lemaignan, un domestique lui apprend que son maître n’est point à Moscou, et qu’il ignore l’époque de son retour. […] Après tous ces récits, Marie Talbot témoigna le désir d’apprendre à son tour ce que son maître avait fait dans ses voyages. […] Il se disait avec amertume: « Pourquoi n’ai-je pas appris à conduire une charrue, à cultiver un champ ? […] Lorsque j’appris que ma voisine avait une compagne, je fus la voir, pour tâcher d’être utile à l’une et à l’autre. […] C’est là où j’ai appris d’un habitant que vous lui aviez ramené une négresse marronne, et qu’il vous avait accordé sa grâce.
C’est là qu’on apprend comment on peut allier la vigueur avec l’harmonie. […] Mais qui est-ce qui leur apprendra à apprécier les effets du temps ?
L’esprit ne sçauroit joüir deux fois du plaisir d’apprendre la même chose, comme le coeur peut joüir deux fois du plaisir de sentir la même émotion. Le plaisir d’apprendre est consommé par le plaisir de sçavoir.
Il voulut que son fils en sortît : « Il me faisait lire, encore tout petit, les Vies de Plutarque tout haut et m’apprenait à bien prononcer. » Ce père, qui avait été reçu avocat lui-même, voulait faire de Gui Patin un avocat. […] Si vous me daignez faire cette faveur, vous aiderez beaucoup à contenter la curiosité de l’esprit d’un jeune médecin de Paris, qui, en récompense, vous servira en toute occasion… Dans une autre lettre, ayant appris de M. […] Belin, qui a pour Fernel un culte bien légitime, et à qui l’on a appris les qualités occultes dans sa jeunesse ; mécontent, il renvoie au jeune homme ce mot du xvie siècle : « Ne sus Minervam ». […] Je vous tiendrai néanmoins toujours pour mon maître, et réputerai à grande faveur d’apprendre de vous, pourvu que ce soit sans ces mots odieux : Sus Minervam, qui sont tout à fait indignes, à mon jugement, d’être proférés entre deux amis de l’un à l’autre. […] Ils commencent leur Défense par ces mots sacramentels : « Aristote nous apprend… » Ils reprochent à Renaudot d’avoir voulu faire d’une salle de fripiers et usuriers (allusion à son mont-de-piété), d’une boutique de journal, « une synagogue de médecins », et concluent que chacun des médecins de Paris a le droit de prendre la verge à la main pour chasser ces profanateurs.
Toute sa force créatrice fut employée à apprendre. […] Des érudits de trente ans, comme La Boétie, mouraient à la façon des héros de Plutarque, en prononçant de graves discours, qu’ils semblaient réciter de mémoire, comme une leçon apprise aux écoles. […] Quand Marguerite apprenait le grec, cet axiome, Grœcum est, non legitur, avait cours dans les écoles. […] Telle était l’ardeur de Marguerite pour la science, qu’en 1524 l’évêque de Meaux, Briçonnet, lui écrivait « Madame, s’il y avoit au bout du royaume ung docteur qui par un seul verbe abrégé peust apprendre toute la grammaire autant qu’il est possible d’en sçavoir, et ung aultre de la rhétorique, et ung aultre de la philosophie, et aussy des sept arts libéraux, chacun d’eux par un verbe abregé, vous y courriez comme au feu. » Elle voulait tout savoir, et savoir vite. […] Dans l’art d’écrire le français de la société polie au commencement du xvie siècle, l’auteur de l’Heptaméron n’avait rien à apprendre de personne.
Il apprit aux trois plénipotentiaires ce qu’il avait entamé, où il en était, et déclara qu’il ne ferait qu’un désormais avec eux. […] Au matin, Marmont était chez le maréchal Ney, lorsque le colonel Fabvier, arrivant en toute hâte d’Essonne, lui apprit que, contrairement à ses ordres, les généraux avaient mis les troupes en mouvement vers les lignes ennemies, et qu’une défection était imminente. […] Marmont qui, dans le premier moment, dès qu’il avait su la démarche irréparable, n’avait songé qu’à conserver les troupes au gouvernement provisoire, à les maintenir sous le drapeau, et qui accourait pour cela à Versailles, apprend en chemin cette sédition furieuse. […] Pendant qu’on discutait là-dessus, M. de Talleyrand fit si bien, qu’on apprit tout à coup que le vieux maréchal Jourdan, en sa qualité d’ancien républicain, avait pris le premier à Rouen et fait prendre à son corps d’armée la cocarde blanche, ce qui tranchait de fait la question. […] Le lendemain, mardi au matin, le roi le fit appeler et lui dit : « Monsieur le maréchal, j’apprends qu’il y a quelques rassemblements à Paris.
Il étoit digne d’un homme qui écrit aussi bien, d’apprendre aux jeunes auteurs comment on pourroit écrire avec justesse. […] Un livre fait pour apprendre l’usage des termes, ne doit adopter ni autoriser des mots pris abusivement. […] Ce point étoit cependant essentiel dans un livre fait pour apprendre l’usage de la langue, & pour montrer l’emploi des mots qui la composent. […] Mais s’il ignoroit l’art de penser, il apprit du moins à bien des gens à parler purement. […] Il travaille moins à leur apprendre à bien parler, qu’à ne pas parler mal.
Aussi voyait-on autrefois que des femmes à qui l’on n’avait appris que le catéchisme et des révérences, des gentilshommes qui ne savaient que danser et se battre, mettaient fort mal l’orthographe, mais avaient plus d’idées et un meilleur style que bien des académiciens de notre temps. […] Aujourd’hui, l’on a tant de choses à apprendre qu’on ne remplit que la mémoire. On y emmagasine, tout comme dans un vaisseau, le plus de choses dans le moindre espace qu’on peut : il ne s’agit pas de mettre en usage cette lourde cargaison, mais seulement de l’amener au port où l’on s’en décharge pour jamais : je veux dire à l’examen, après lequel on se hâte d’oublier ce qu’on s’était hâté d’apprendre.
Ils lui apprirent surtout à donner un relief vigoureux aux idées comiques ; ces incidents variés à l’infini, ces situations singulières, ces jeux de théâtre, ces pantomimes expressives, jusqu’à ces lazzi que les Italiens multipliaient et prodiguaient souvent sans autre but que l’action elle-même, Molière les employa avec réflexion. […] Les études comme celle que nous terminons ont l’avantage de nous apprendre à n’être point trop injustes pour les temps qui, au premier coup d’œil, paraissent stériles ; on découvre, grâce à elles, qu’ils ont eu aussi leur travail et leur fécondité. Elles apprennent encore à ne point désespérer d’une époque parce qu’elle n’enfante point des œuvres artistiques ou littéraires de premier ordre : elle les ébauche, elle les rend possibles, elle les prépare peut-être.
Ceux qui transplantent quelqu’art que ce soit d’un païs étranger dans leur patrie, en suivent d’abord la pratique de trop près, et ils font la méprise d’imiter chez eux les mêmes originaux que cet art est en habitude d’imiter dans les lieux où ils l’ont appris. Mais l’experience apprend bientôt à changer l’objet de l’imitation : aussi les poëtes romains ne furent pas long-tems à connoître que leurs comedies plairoient davantage s’ils en mettoient la scene dans Rome, et s’ils y joüoient le peuple même qui devoit en juger. […] favor archimimus, c’est le nom et la profession de l’acteur qui faisoit le rolle de Vespasien, aïant demandé aux directeurs du convoi combien coûtoit sa pompe funebre, il s’écria, lorsqu’il eut appris que la dépense montoit à des millions. épargnons, messieurs, donnez-moi cent mille écus, et jettez mon cadavre dans la riviere.
Je veux avant de passer à un autre, épuiser ce que j’ai appris sur cet écrivain. […] Il nous apprit que M. […] Du reste, voilà ce que j’ai appris sur M. […] Je n’ai appris que peu de choses touchant M. […] En somme, je suis enchanté d’avoir vu ce que j’ai vu, d’avoir appris ce que j’ai appris.
Comme, d’ailleurs, je n’ai jamais bien su que ce que j’ai appris à Saint-Sulpice, la conséquence a été qu’en affaires je suis toujours resté un enfant. […] Notre ardeur d’apprendre était égale ; nos cultures avaient été très diverses. […] Berthelot m’apprit ce qu’on n’enseignait pas au séminaire ; de mon côté, je me mis en devoir de lui apprendre la théologie et l’hébreu, Berthelot acheta une Bible hébraïque, qui est encore, je crois, non coupée dans sa bibliothèque. […] Dès mon séjour à Saint-Sulpice, j’avais appris à l’estimer : c’était le seul laïque dont ces messieurs fissent cas ; ils lui enviaient son extraordinaire érudition ecclésiastique. […] Désormais, je n’apprendrai plus grand’chose ; je vois bien à peu près ce que l’esprit humain, au moment actuel de son développement, peut apercevoir de la vérité.
Je ne vous apprendrai pas grand’ chose, mais cela est utile pour ma thèse, je ne vous apprendrai pas grand’ chose en vous citant le fameux passage sur la solitude que vous avez très certainement, tout au moins en partie, dans vos mémoires, et je ne veux que réveiller vos souvenirs. […] Quand pourront les neuf Sœurs, loin des cours et des villes M’occuper tout entier, et m’apprendra des cieux, Les divers mouvements inconnus à nos yeux, Les dons et les vertus de ces clartés errantes Par qui sont nos destins et nos mœurs différentes ? […] Et encore, La Fontaine le sait bien, nous avons à apprendre quelque chose d’eux, nous avons certainement à apprendre beaucoup de choses de ces êtres qui, cérébralement, cela va sans dire, ne nous valent pas ; mais qui, comme complexion, comme constitution de caractère, pourraient nous enseigner beaucoup. […] Les animaux pourraient nous apprendre que nous sommes insensés, que nous sommes le seul animal sur la terre qui devienne fou. […] Ils sont atteints par les maladies, par la vieillesse et par la mort, mais ils ne sont pas atteints par ce détraquement d’un esprit, d’une cervelle que nous avons trop tenaillée, que nous avons trop exploitée, que nous avons trop tirée dans tous les sens… Donc La Fontaine savait que les animaux, non seulement étaient nos frères inférieurs pour lesquels nous devrions nous montrer généreux, mais encore des êtres qui pourraient, au besoin, nous apprendre quelque chose, et c’est précisément pour cela qu’il a fait ses Fables, dont nous aurons bientôt le plaisir de nous entretenir.
Rien de si plaisant que la maniere dont il apprend à être plagiaire impunément, dans celui qu'il a intitulé, le Masque de l'Orateur, ou la maniere, &c. On croit entendre la Maître de Philosophie du Bourgeois Gentilhomme, qui apprend à M.
Nous savons ce que c’est qu’être curieux en pareil cas par l’exemple de Froissart, qu’on a vu dans ses voyages s’attacher à tous ceux qu’il rencontre et qui peuvent lui apprendre quelque particularité sur les grands faits d’armes et les entreprises. D’Aubigné, passionné qu’il est, entêté d’une cause, chatouilleux, railleur, un peu vain, n’est pas tout à fait dans les conditions d’un curieux accompli et à qui rien ne coûte pour s’insinuer et pour apprendre. […] Jules César, le roi François et lui ont défait notre nation. » Cela me fit le suivre quelque temps pour apprendre de lui une partie de ce que j’en écris. Ici, on voit d’Aubigné se détourner de son chemin et suivre les gens qui savent, pour apprendre d’eux ce qu’il écrira un jour.
Juvenal, contemporain de Quintilien, nous apprend que de son temps on faisoit déja lire aux enfans dans les écoles, Horace et Virgile. […] Les institutes de Justinien, le plus respecté des livres prophanes, nous apprennent que les romains entendoient parler de Virgile toutes les fois qu’ils disoient le poëte absolument et par excellence, comme les grecs entendoient parler d’Homere toutes les fois qu’ils usoient de la même expression. […] L’esprit philosophique qui n’est autre chose que la raison fortifiée par la refléxion et par l’expérience, et dont le nom seul auroit été nouveau pour les anciens, est excellent pour composer des livres qui enseignent à ne point faire de fautes en écrivant, il est excellent pour mettre en évidence celles qu’aura faites un auteur, mais il apprend mal à juger d’un poëme en general. […] Ses contemporains, sans se mettre en peine de démêler la source de son erreur, le condamnent sur leur propre expérience, qui leur apprend sensiblement que dans notre païs la chair des animaux est une nourriture plus aisée et plus saine que les poissons et les légumes.
Elle n’avait pas honte, mais ne refusait pas d’apprendre. […] — As-tu appris Paysage ? […] tâche d’apprendre à écrire, au moins, pour pouvoir tracer son nom. […] On fêtait beaucoup intéressé à lui et grand-père lui avait appris le latin. […] Je suis chargée de vous apprendre que monsieur votre grand-père est mort.
Lebonnard l’arrête en ce beau chemin, et lui apprend qu’il a été dupe d’une scène bien jouée : madame de Morancé n’a, dans sa vie, que la triste faute de l’avoir aimé. […] L’amant apprend cette prostitution vengeresse ; le voilà remordu au cœur, plus que jamais fou d’amour. […] Nous apprenons par elles que Sylvanie, fille d’une mère équivoque, a du sang de courtisane dans les veines, et qu’elle chasse âprement de race. […] Le laquais diplomatique qui circule dans la pièce, espionnant des deux yeux, rusant des deux mains, tantôt pour la princesse, tantôt pour le prince, vient lui apprendre que M. de Terremonde, après un faux départ, est rentré chez lui, qu’il s’est embusqué, un pistolet au poing, derrière la porte de son hôtel, et qu’il attend là, à l’affût, l’amant annoncé. […] Que nous importe, à présent, le coup de feu qui retentit derrière la coulisse et l’entrée effarée de M. de Terremonde venant nous apprendre qu’il a tué le petit Fondette, pris eu flagrant délit d’escalade galante ?
Ils nous maintiennent en rapport avec la nature ; on peut l’aimer sans le secours de ces médiateurs aimables, mais ils apprennent cependant à la mieux goûter. […] -C. annonce que sa mission est d’apprendre aux hommes que le malheur a pour objet de purifier l’âme et que le bonheur céleste est obtenu par les revers supportés religieusement ici-bas. […] La première : la charité, nous apprend nos devoirs envers eux ; la seconde, la patience, leur enseigne à quelles consolations ils doivent recourir, et la troisième, la foi, leur annonce leur récompense. […] (me dit-il) qui êtes toujours ma souveraine, faut-il que je sois chargé de vous apprendre le sort qui vous menace ? […] en me tuant qu’apprendrai-je aux hommes, si ce n’est la juste horreur qu’inspire un supplice violent et le sentiment d’orgueil qui porte à s’en délivrer ?
Où est le physicien de nos jours chez qui l’on puisse apprendre à composer un discours et une tragédie ? […] À ses yeux, la poésie, ou l’art en général, est une imitation, comme le lui avait appris Platon, son maître. […] Il faut donc que le philosophe, s’il veut atteindre à la vertu et à la vérité, sépare son âme du corps ; il faut qu’il la délivre du lien des sens dont elle se sert, et lui apprenne, dès cette vie, à mourir, en quelque sorte, si la mort est la séparation du corps et de l’âme. […] Aristote aurait donc pu apprendre de Platon d’abord ce qu’est la méthode philosophique, et de quelle faculté de l’âme elle ressort ; il aurait pu apprendre de lui quel est le vrai fondement de la morale ; il aurait pu apprendre de quelle importance est le dogme de l’immortalité, appuyé sur l’étude de la conscience humaine ; enfin, il aurait pu apprendre que ce dogme, cette morale et cette méthode reposent uniquement sur cette essentielle distinction de l’âme et du corps. […] L’exemple d’Aristote doit nous instruire ; et son naufrage doit nous apprendre à éviter les écueils sur lesquels il s’est brisé.
Il nous apprend à lire Plutarque et Virgile ; ses citations sont de véritables découvertes. […] Les vains systèmes de la science lui apprennent à se méfier des savants ; mais il converse avec les gens simples, s’arrête dans les champs, entre dans les cabanes, interroge les vieillards, s’instruit avec un enfant, et raconte naïvement ce qu’il vient d’apprendre avec eux. […] D’abord perdu dans les plus basses classes de la société, puis jeté au milieu d’un monde corrompu, il apprit à mépriser les grands et les petits ; mais il ne put apprendre à se passer de leur estime. […] La résistance blesse son orgueil ; il ne sait rien apprendre d’elle. […] Je joins à ces jouissances celle de quelques bons livres, qui m’apprennent à devenir meilleur.
Il en eut la première révélation en voyant jouer des comédiens de campagne ; il les suivit, joua avec eux à la diable des mélodrames et des vaudevilles, et, sans y songer, apprit ainsi ce mécanisme de la scène et cet art matériel du théâtre, qui si souvent manquent aux poètes lyriques. […] Chez lui, pas de ces hésitations et de ces tâtonnements par lesquels ont passé à leurs débuts tant d’écrivains en prose et en vers, qui plus tard sont devenus célèbres ; au contraire, il sut en un moment, comme d’instinct et par révélation, ce métier laborieux, compliqué et difficile de la poésie, si divers et si inépuisable, qu’on met toute sa vie à l’apprendre.
viennent réclamer, à l’aide de sa plume, la gloire de nous avoir appris tout ce que nous savons en matiere d’Astronomie, de Physique, d’Anatomie, de Chirurgie, de Médecine, de Mathématique, d’Optique, de Métaphysique, de Morale, &c. […] Toutes les classes d’esprits y apprendront à régler, les uns leurs prétentions, les autres leur enthousiasme ; ceux qui s’érigent en maîtres, à ne pas sacrifier la reconnoissance à la vanité, à savoir rendre hommage à leurs prédécesseurs, à ne pas regarder comme un bien propre & personnel ce qu’ils ont recueilli sur des fonds étrangers ; ceux qui les admirent trop facilement, comprendront qu’il est essentiel de ne pas croire sur parole, de se tenir en garde contre les manéges de la présomption, & de s’instruire avant de vouloir assigner les rangs & fixer les réputations ; le vrai Philosophe enfin en tirera de nouveaux motifs de s’éclairer & d’être modeste, en apprenant que le cercle des idées humaines est étroit, & que l’agiter sans cesse, n’est ni l’étendre, ni le renouveler.
Si mes ouvrages n’apprennent pas à écrire, ils apprennent certainement à lire, et, s’ils ne donnent pas du talent, ils montrent, du moins, en quoi il consiste.
Et n’apprennent-ils pas aussi, les hommes de ce temps, une autre égalité et moins lointaine ? […] Enfin il pense et il donne à penser ; il apprend et il excite à apprendre.
On dit que la petite reprendra son train ordinaire chez Madame. » Une autre lettre du 15 juin nous apprend que Jo a été à la messe du roi à la suite de Madame : « Le roi l’a regardée sous cape ; mais on (le roi) est insensible à son état et à sa tristesse. » Le lendemain, madame de Sévigné dit que « la dureté ne s’est point démentie ». […] Junon tonnante et triomphante. » Le 2 juillet, elle apprend à sa fille le retour d’Io à Versailles, où elle fait son service près de Madame. […] C’est ce que nous apprend madame de Sévigné dans une lettre du 15 octobre.
L’histoire nous apprend qu’Auguste prononça sur la tribune romaine un grand nombre d’éloges. […] Ce monstre fut aussi orateur ; et, à ce que nous apprend Tacite18, il avait même une éloquence mâle et forte ; il avait loué Drusus son frère : il prononça l’éloge funèbre d’Auguste son beau-père, et dans la suite il eut le triste courage de faire l’éloge de son fils unique empoisonné par Séjan ; mais ce qui eût passé peut-être pour fermeté dans un autre, ne fut attribué, dans ce cœur sombre, qu’à une dure insensibilité. […] On est fâché d’apprendre que celui de Titus fut prononcé par Domitien.
Si quelqu’un veut éprouver toute l’indignation que la flatterie inspire ; s’il veut apprendre comment on ne laisse échapper aucune occasion de louer un homme puissant ; comment on s’extasie sur ses bonnes qualités, quand il en a ; comment on dissimule les mauvaises ; comment on exagère ce qui est commun ; comment on donne des motifs honnêtes à ce qui est vicieux ; comment on rabaisse avec art, ou sans art, les ennemis ou les rivaux ; comment on interrompt son récit par des exclamations qu’on veut rendre passionnées ; comment on se hâte de louer en abrégé, en annonçant que dans un autre ouvrage on louera plus en détail ; comment, et toujours dans le même but, on mêle à de grands événements, de petites anecdotes ; comment on érige son avilissement en culte ; comment on espère qu’un homme si utile et si grand, voudra bien avoir longtemps pitié de l’univers ; comment, enfin, dans un court espace, on trouve l’art d’épuiser toutes les formules, et tous les tours de la bassesse, il n’y a qu’à lire ces soixante pages, et surtout les vingt dernières. Le panégyriste de Tibère devait l’être de Séjan ; aussi, dans le même ouvrage, Séjan est-il peint comme un grand homme ; on nous apprend qu’il fut choisi pour seconder Tibère, parce que c’est la règle que les hommes supérieurs emploient des hommes de génie21 ; enfin, dans les dernières lignes, la servitude à genoux implore hautement tous les dieux de Rome, pour demander, au nom de l’univers, la conservation de qui ? […] On y apprend qu’il n’y eut jamais dans Rome, ni de temps si heureux, ni de succès si brillants, ni tant de liberté accordée par le prince aux citoyens, ni tant d’amour des citoyens pour le prince, que sous Domitien.
Il ne s’agit partout que de s’entendre, c’est-à-dire de revenir aux faits, ou d’apprendre, c’est-à-dire de joindre des faits. […] Or cela ne peut être, puisqu’en fait le raisonnement nous apprend des vérités neuves. J’apprends une vérité neuve quand je découvre que le prince Albert est mortel, et je la découvre par la vertu du raisonnement, puisque le prince Albert étant encore en vie, je n’ai pu l’apprendre par l’observation directe. […] L’expérience doit être consultée, pour apprendre d’elle dans quelles circonstances les arguments qu’on tire d’elle sont solides. […] Sans doute on vous apprend par là le sens d’un nom, mais on vous apprend encore bien autre chose.
Il ne s’agit partout que de s’entendre, c’est-à-dire de revenir aux faits, ou d’apprendre, c’est-à-dire de joindre des faits. […] Or cela ne peut être, puisqu’en fait le raisonnement nous apprend des vérités neuves. J’apprends une vérité neuve quand je découvre que le prince Albert est mortel, et je la découvre par la vertu du raisonnement, puisque le prince Albert étant encore en vie, je n’ai pu l’apprendre par l’observation directe. […] L’expérience doit être consultée pour apprendre d’elle dans quelles circonstances les arguments qu’on tire d’elle sont solides. […] Sans doute on vous apprend par là le sens d’un nom, mais on vous apprend encore bien autre chose.
L’intérêt ne peut se soutenir que par l’incertitude de ce qui peut arriver, et il s’augmente par le désir et l’impatience qu’on a de l’apprendre. […] Je viens pour vous l’apprendre. […] Bajazet lui apprend l’alternative où il est d’épouser Roxane ou de mourir. […] Enfin Racine parut ; et Hermione, Roxane, Phèdre, nous apprirent comment il fallait traiter l’amour. […] Il paraît triste et sombre ; il ne sait s’il doit lui apprendre ou lui cacher son sort.
Tout à coup on vient apprendre à Mme de Staël et à lui que sa femme s’est empoisonnée ; Mme de Staël y court et trouve une femme sur son canapé, qui se croit empoisonnée plus qu’elle ne l’est : scène ridicule. — Les scènes que Mme de Staël n’épargnait pas vers ce temps à Benjamin Constant, la honte qu’elle lui faisait de ce mariage, l’idée qu’elle supposait à l’Europe et à l’univers lorsqu’on apprendrait cet éclatant divorce de leurs célèbres personnalités, tout cela était tel et agissait si fort sur la tête nerveuse de Benjamin Constant, qu’il y avait des moments où il s’estimait un monstre aux yeux de la terre : « Quand je rentre dans Paris, disait-il sérieusement, je lève les glaces de ma voiture, de peur d’être montré au doigt. » Mais le scepticisme reprenait vite le dessus. — Cependant Mme de Staël avait bien ses distractions aussi, son cercle d’adorateurs, M. de Schlegel, M. de Sabran, M. de Barante… ; elle aimait beaucoup ce dernier, dont elle avait mis quelques traits et quelques situations dans Oswald ; mais il dérivait un peu vers Mme Récamier… En mourant, elle ne témoigna aucun retour vif à Benjamin Constant qu’elle voyait pourtant tous les jours.
Il leur apprit à douter, c’est-à-dire, à se détacher des sens, à se défier de leurs idées, à suspendre leur jugement, à n’admettre, en un mot, dans la Philosophie, que ce qui porte avec soi le caractere de l’évidence. Ces principes établis, le Philosophe ne marcha plus au hasard & selon le gré d’une imagination vagabonde : il suivit des guides sûrs & infaillibles, qui, lui découvrant la vérité, lui apprirent, par une chaîne non interrompue de conséquences, à agrandir le cercle de nos idées.
On vit de moins en moins et on apprend de plus en plus. […] Il faut avoir appris tant de choses pour la goûter et la comprendre, ! […] Il est douloureusement absurde d’apprendre pour apprendre, de brûler pour brûler. […] L’homme créait ; la femme apprenait par cœur. […] J’appris sur cela les questions les plus extraordinaires qu’on puisse s’imaginer.
On ne mettait point de bornes à l’utilité qu’on croyait en tirer, et des érudits pensaient que de dix choses qu’ils avaient, ils en avaient appris neuf par la conversation. […] Mais l’essentiel ici est de démêler ce qui, chez eux, est lieu commun, phrase apprise, provision de la mémoire, et ce qui est sentiment intime, émotion personnelle, éclosion spontanée de l’âme : ce qui est sifflé et ce qui est vécu.
Je n’imagine pas que Pascal eût été ravi d’apprendre d’un auteur par quoi cet auteur différait de lui, ni de le voir estimer ces différences au point d’en entretenir la postérité. […] L’influence de Descartes fut celle d’un homme de génie qui avait appris à chacun sa véritable nature, et, avec l’art de reconnaître et de posséder son esprit, l’art d’en faire le meilleur emploi. […] Les grands hommes du dix-septième siècle ont appris de Descartes à connaître le naturel de leur pays, ce naturel qui fait de l’esprit français l’image la plus parfaite de l’esprit humain dans les temps modernes. […] Descartes a eu la gloire d’apprendre aux Français leur véritable génie ; cette gloire durera tant que ce génie se souviendra de ce qu’il a été. […] Il s’étonnait que la reine Christine prît des leçons de grec d’Isaac Vossius, disant qu’il en avait appris tout son soûl au collège étant petit garçon, et qu’il se savait bon gré d’avoir tout oublié à l’âge du raisonnement.
Vos principes littéraires ressemblaient à la rhétorique de Chrysippe, dont Cicéron disait qu’elle était excellente pour apprendre à se taire. […] Je lui dois beaucoup ; mais l’instinct d’apprendre qui est en moi et qui fera, j’espère, que j’apprendrai jusqu’à l’heure de ma mort, ne me permettait pas d’être de sa bande. […] Pinault m’apprit d’histoire naturelle générale et de physiologie m’initia aux lois de la vie. […] C’est là que j’ai appris l’art de peindre la nature par des traits moraux. […] J’allai à Saint-Sulpice, j’appris l’allemand et l’hébreu ; cela changea tout.
Mais voilà que j’apprends parmi tout cela le départ de M. […] Notre cœur est comme un arbre entouré de feuilles mortes. » Ce frère tombe malade à Paris ; — elle l’apprend ; elle lui écrit sans oser lui envoyer la lettre, de crainte de froisser la nouvelle épouse. […] C’était le sublime de sa condition, ce me semble, que cette religion du secret que l’éducation ne lui avait pas apprise. […] — « Maurice, tu me l’apprendras ; ce serait bien facile avec une Flore. […] S’il en laisse voir quelque chose, c’est pour nous apprendre que ce globe est un abîme de malheurs, et que ce qu’on gagne à remuer ses entrailles, c’est d’y découvrir plus de cimetières.
Un peuple qui ne connaît que sa propre langue et qui l’apprend de sa mère, et non des tristes pédagogues, ne peut pas la déformer, si l’on donne à ce mot un sens péjoratif. […] Mais en même temps que les enfants apprennent dans les prisons scolaires ce que la vie seule leur enseignait autrefois et mieux, ils perdent sous la peur de la grammaire cette liberté d’esprit qui faisait une part si agréable à la fantaisie dans l’évolution verbale. […] L’instruction obligatoire a fait du français, dans les bas-fonds de Paris, une langue morte, une langue de parade que le peuple ne parle jamais et qu’il finira par ne plus comprendre ; il aime l’argot qu’il a appris tout seul, en liberté ; il hait le français qui n’est plus pour lui que la langue de ses maîtres et de ses oppresseurs. […] La connaissance de quelques langues un peu éloignées suffit à purger l’esprit de cette croyance naïve ; l’étude de la transformation du latin en français est encore assez bonne pour nous détromper ; et il n’est pas mauvais, si l’on veut acquérir un bon degré de scepticisme sur ce point, d’apprendre résolument la langue française elle-même. […] Anatole France, si on n’apprend pas encore aux enfants à compter sur leurs doiktes, c’est que la science des instituteurs primaires est encore neutralisée par la délicieuse ignorance des mères et des nourrices.
J’appris aussi que la famille royale, qui était venue le voir à son arrivée, n’y était restée qu’un instant, et que le roi lui avait dit qu’il l’enverrait chercher quand il voudrait la voir. […] Je quittai donc Lemonnier, après en avoir appris l’état du roi, et après avoir su que lui-même en était exclu par Mme Dubarry, qui y était actuellement renfermée seule, ou avec M. d’Aiguillon. Cependant la fièvre se soutint dans la nuit avec assez de force, il y eut même de l’augmentation ; les douleurs de tête devinrent plus fortes, et nous apprîmes à huit heures du matin qu’on allait saigner le roi. […] Nous apprîmes aussi qu’on avait été chercher à Paris Lorry et Borden. […] Je fus interpellé, et je dis que je ne mettais point en doute que, si le roi apprenait qu’il avait la petite vérole, cette nouvelle ne fût pour lui le coup de la mort.
L’amour est en effet le sujet auquel il a consacré une grande partie de ses ouvrages : mais il est un peu étrange qu’il n’ait pas cru devoir, dans aucune circonstance, nous apprendre le nom de sa maîtresse ; il n’a pas même voulu lui donner un nom poétique, et satisfaire au moins jusque-là notre curiosité. […] Valori nous apprend que Lucretia était de la noble famille des Donati, qu’elle était également distinguée par sa beauté et par sa vertu, et qu’elle descendait de ce Curtio Donato que ses hauts faits militaires avaient rendu célèbre dans toute l’Italie18. […] Il paraît incontestable que le cœur de Laurent n’eut aucune part à la conclusion de ce mariage, à en juger par la manière dont il s’exprime à ce sujet dans ses Mémoires, où il nous apprend qu’il prit ou plutôt qu’on lui donna Clarice Orsini pour femme 19. […] Viens-tu apprendre à priser davantage les délices, la pompe et la splendeur de la ville, en comparaison de notre pauvreté ? […] Un seul, Montesicco, avec le reste de loyauté qui honore toujours même le crime dans l’homme dévoué, ayant appris qu’il fallait frapper ses victimes dans une église, au pied de l’autel, au moment de l’élévation qui courbe toutes les têtes devant l’image de Dieu, se récusa, non pour le crime, mais pour le lieu de la scène ; les deux prêtres, Maffei et Bagnone persévérèrent.
Ceux qui sont allés jusqu’au bout de ses romans licencieux y ont appris, entre autres choses, qu’il y a de la mode jusque dans la licence, et que l’écrivain qui va le plus loin en ce genre ne peut pas même se promettre la gloire de n’être pas surpassé. […] Pour apprendre à lire aux enfants, on met des dragées sur chacune des lettres de l’alphabet. Ils apprennent à nager, moins pour se tirer eux- mêmes de péril que pour porter secours à ceux qui se noient. […] Apprendre tard nous est donné comme le meilleur état, après ne rien savoir ; témoin Virginie qui en arrivant en France ne sait ni lire ni écrire. […] Il a appris à notre pays le chemin des deux antiquités.
J’apprends à vivre. […] Quelle est donc cette vie que cet enfant apprend en même temps qu’il apprend à mourir ? […] Beaucoup sont tombés, beaucoup tomberont encore ; je viens d’apprendre la mort de plusieurs de mes camarades arrivés récemment sur le front comme aspirants. […] J’ai appris avec étonnement, écrit-il à ses parents, que M… était allée voir à mon intention le capitaine V… et le commandant de R… C’est par trop « culotté » ! […] Si enfin vous apprenez que je suis tombé au champ d’honneur, faites sortir de votre cœur, ma chère J… les mots qui consolent.
J’ai appris dès l’Indoustan, par les dernières lettres de mes amis, que c’est à présent tout de bon, et qu’on vous va voir prendre l’essor avec Démocrite et Épicure, bien loin au-delà de leurs flamboyantes murailles du monde, dans leurs espaces infinis, pour voir et nous rapporter, victorieux, ce qui se peut et ne se peut pas : Et extra Processit longe flammantia moenia mundi. […] Bernier le sait volontiers paresseux, obstiné dans ce qu’il a appris dans sa jeunesse, ne se renouvelant pas, et penchant par ses mœurs à se donner un appui dans certaines doctrines. […] Il y rencontra Chaulieu à qui il apprit l’art de faire non difficilement des vers faciles, ainsi que lui-même l’avait appris de Blot et des chansonniers de la Fronde, et comme on l’apprendrait bien tout seul sans tant de mystère.
Arrivés à une certaine abbaye, on y apprend toutes sortes de miracles, et l’un même tout récent ; Montaigne se garde bien d’y contredire. […] Montaigne voyage pour apprendre du nouveau et pour regarder sans cesse ; et il regarde en effet, il retient tout, depuis les beaux et riants aspects et les jolis fonds de paysage jusqu’à la manière de tourner la broche. […] A visiter, à étudier ainsi Rome, Montaigne se pique d’honneur ; il apprend bientôt à se passer de guide, et il est de force à en remontrer aux plus habiles ciceroni eux-mêmes. […] L’air de Rome lui allait ; il le trouvait « très plaisant et sain. » Surtout il ne s’y ennuyait pas un seul instant : « Je n’ai rien, disait-il, si ennemi à ma santé que l’ennui et oisiveté : là j’avais toujours quelque occupation, sinon si plaisante que j’eusse pu désirer, au moins suffisante à me désennuyer », Et il les énumère : à défaut d’antiquités, aller voir les Vignes « qui sont des jardins et lieux de plaisir de beauté singulière, où j’ai appris, ajoute-t-il, combien l’art se pouvait servir bien à point d’un lieu bossu, montueux et inégal » à d’autres jours, à défaut de promenades, aller entendre des sermons, des thèses, ou faire la conversation chez les dames : il mêle tout cela. […] Il était aux bains della Villa, près de Lucques, lorsqu’il apprit que MM. de Bordeaux l’avaient choisi absent pour maire de leur ville.
Supposez, dans l’enfance ou dans l’adolescence du monde, un homme à demi sauvage, doué seulement de ces instincts élémentaires, grossiers, féroces, qui formaient le fond de notre nature brute, avant que la société, la religion, les arts eussent pétri, adouci, vivifié, spiritualisé, sanctifié le cœur humain ; supposez qu’à un tel homme, isolé au milieu des forêts et livré à ses appétits sensuels, un esprit céleste apprenne l’art de lire les caractères gravés sur le papyrus, et qu’il disparaisse après en lui laissant seulement entre les mains les poésies d’Homère ! […] Il lui apprend ensuite la gloire, cette passion de l’estime mutuelle et de l’estime éternelle, donnée aux hommes comme l’instinct le plus rapproché de la vertu. Il lui apprend le patriotisme par le récit des exploits de ses héros, qui quittent leur royaume paternel, qui s’arrachent des bras de leurs mères et de leurs épouses pour aller sacrifier leur sang dans des expéditions nationales, comme la guerre de Troie, pour illustrer leur commune patrie ; il lui apprend les calamités de ces guerres dans les assauts et les incendies de Troie ; il lui apprend l’amitié dans Achille et Patrocle, la sagesse dans Mentor, la fidélité conjugale dans Andromaque ; la piété pour la vieillesse dans le vieux Priam, à qui Achille rend en pleurant le corps de son fils Hector ; l’horreur pour l’outrage des morts dans ce cadavre d’Hector traîné sept fois autour des murs de sa patrie ; la piété dans Astyanax, son fils, emmené en esclavage dans le sein de sa mère par les Grecs ; la vengeance des dieux dans la mort précoce d’Achille ; les suites de l’infidélité dans Hélène ; le mépris pour la trahison du foyer domestique dans Ménélas ; la sainteté des lois, l’utilité des métiers, l’invention et la beauté des arts ; partout, enfin, l’interprétation des images de la nature, contenant toutes un sens moral, révélé dans chacun de ses phénomènes sur la terre, sur la mer, dans le ciel ; sorte d’alphabet entre Dieu et l’homme, si complet, et si bien épelé dans les vers d’Homère, que le monde moral, le monde matériel, réfléchis l’un dans l’autre comme le firmament dans l’eau, semblent n’être plus qu’une seule pensée et ne parler qu’une seule et même langue à l’intelligence de l’aveugle divin !
Dès son enfance, le jeune d’Aguesseau apprit toute chose, il continua d’apprendre toute sa vie, et l’on serait assez embarrassé de dire quelle science, quelle langue et quelle littérature il ne savait pas. […] « Après la prière des voyageurs, par laquelle ma mère, raconte d’Aguesseau, commençait toujours la marche, nous expliquions les auteurs grecs et latins, qui étaient l’objet actuel de notre étude… » Grec, latin, et plus tard hébreu, anglais, italien, espagnol, portugais, mathématiques, physique, et surtout belles-lettres (sans parler de la jurisprudence qui était son domaine propre), le jeune d’Aguesseau apprenait tout, et, doué de la plus vaste mémoire, il retenait tout : « … L’admirable avocat général d’Aguesseauqui sait toutes mes chansons, et qui les retient comme s’il n’avait autre chose à faire », écrivait de lui à Mme de Sévigné M. de Coulanges. […] On est étonné quand on lit ses Plaidoyers, ses Mercuriales, d’apprendre que cela fit quelque part une révolution complète. […] C’est dans les pages mêmes du fils qu’il faut apprendre à aimer l’expression modérée, continue et pleine, de cette belle vie antique de M. d’Aguesseau le père ; c’est là qu’il faut voir briller, sous des cheveux de plus en plus blancs, la vertu toujours égale du vieillard dans toute la fleur de sa première innocence.
Ils étaient reconnaissants à l’abbé Barthélemy de tout ce qu’il leur avait appris, en quelques jours de lecture, sur ce monde grec et sur cette société ancienne dont on parlait sans cesse, et où il était donné à bien peu dès lors de pénétrer directement. […] Vieux, arrivé au terme d’une existence jusque-là des plus favorisées et des plus également douces, l’abbé Barthélemy se vit tout d’un coup privé par la Révolution de la fortune, de l’aisance et de la liberté ; dans ces instants d’ennui et de retraite, il eut l’idée d’écrire des Mémoires sur sa vie, restés inachevés, mais suffisants, et qui sont la source où l’on apprend le mieux à le connaître. […] Le récit que Barthélemy a donné de ses premières années de jeunesse, passées en Provence à diverses études, à apprendre l’hébreu, l’arabe, les médailles, les mathématiques et l’astronomie, est piquant, et il a essayé de le rendre tel, moyennant quelques anecdotes bien contées. […] Elle semble quelquefois se rappeler ce qu’elle n’a jamais appris… » Mais j’aime mieux, pour donner de la duchesse de Choiseul une idée saillante, emprunter les portraits en miniature qu’en a laissés un pinceau moins élégant et moins peigné que celui de l’abbé Barthélemy, mais plus vif en images : Ma dernière passion, dit Horace Walpole, qui ne la connut que quelques années plus tard (en 1766), et, je crois, ma plus forte passion est la duchesse de Choiseul. […] Mme Du Deffand, chez qui l’on apprend à connaître pendant quatorze ans, jour par jour, les Choiseul et l’abbé Barthélemy, goûtait ce dernier, le grand abbé, comme elle l’appelait, et le trouvait à son gré ; mais elle en parlait comme de tous ceux qu’elle connaissait, en toute liberté et sans indulgence.
La seule étude salutaire aux hommes est celle qui nous apprend à vivre avec eux, à les connaître, et celle qui contribue à notre conservation et à notre plaisir : je regarde les autres comme des jouets qui amusent les enfants. […] Si ma destinée est finie, souviens-toi d’un ami qui t’aime toujours tendrement ; si le ciel prolonge mes jours, je t’écrirai dès demain et tu apprendras notre victoire. — Adieu, cher ami, je t’aimerai jusqu’à la mort. […] — Adieu ; tu seras bien aise, je crois, de la bonne nouvelle que je t’apprends. […] Tu apprendras par les nouvelles publiques que les affaires de l’État prospèrent. — Adieu ; aime-moi un peu, et guéris-toi, s’il y a moyen, pour ma consolation. […] Et sur les libelles d’abord : Vous m’apprenez que mes ennemis me calomnient jusqu’à l’Escurial.
Il hésite à prononcer tout haut le nom illustre de son père, ce nom qui était le sien : Virgile, qui d’Homère apprit à nous charmer, Boileau, Corneille, et Toi que je n’ose nommer, Vos esprits n’étaient-ils qu’étincelle légère ? […] « Les fables de La Fontaine, dit-il, me paraissaient à la fois puériles, fausses et cruelles, et je ne pus jamais les apprendre par cœur. » Cela me rassure de voir que M. de Lamartine n’ait jamais eu de goût pour La Fontaine, et dès lors je me confirme dans mon secret jugement. […] Racontant l’emprisonnement de son père pendant la Terreur, M. de Lamartine nous fait assister à des scènes tant soit peu romanesques, et qu’il me permettra de ne croire qu’avec réserve ; car il était trop enfant pour les remarquer alors, et aucun des deux acteurs n’a dû certainement les lui apprendre avec le détail qu’il nous donne aujourd’hui. […] C’est là que, Paul et Virginie en main, j’ose à mon tour faire la leçon à M. de Lamartine, et lui demander compte de ce qu’il m’a tout à l’heure si bien appris à sentir.
On voit que, dans une chose quelconque, son goût apathique le porte du côté où il y a le moins d’embarras, dût-il être le plus mauvais. » Et plus loin : « Les nouvelles de la Bavière sont en pis… On prétend que le roi évite même d’être instruit de ce qui se passe, et qu’il dit qu’il vaut encore mieux ne savoir rien que d’apprendre des choses désagréables. […] La duchesse du Maine avait parmi ses femmes cette spirituelle Delaunay qui a écrit : « Les grands, à force de s’étendre, deviennent si minces, qu’on voit le jour au travers ; c’est une belle étude de les contempler, je ne sais rien qui ramène plus à la philosophie. » Et encore : « Elle (la duchesse du Maine) a fait dire à une personne de beaucoup d’esprit que les princes étaient en morale ce que les monstres sont dans la physique : on voit en eux à découvert la plupart des vices qui sont imperceptibles dans les autres hommes. » C’est en effet dans cet esprit qu’il faut étudier les grands, surtout depuis qu’on a appris à connaître les petits : ce n’est pas tant comme grands que comme hommes qu’il convient de les connaître. […] Ce fut lui qui, grâce à cette intime charge de grand-maître de la garde-robe, pénétrant de nuit jusqu’à Louis XVI, le faisant réveiller pour lui apprendre la prise de la Bastille, et lui entendant dire comme première parole : C’est une révolte !
Sa préférence si naturelle pour l’industrie agricole sur l’industrie manufacturière, son aversion et sa méfiance d’un gouvernement central dont l’Europe lui avait appris les abus, et que les fédéralistes voulaient installer fortement, le rôle d’opposition qu’il soutint contre eux peur la cause de la moralité politique, tout cela le conduisit à repousser avec une sévérité absolue des institutions et des entreprises qui, bien que mêlées en naissant à beaucoup d’imprudence et de licence, semblent pourtant liées de plus en plus au développement des sociétés modernes. […] On y apprend, par exemple, que Jefferson n’a jamais entendu, dans les assemblées, Washington ni Franklin parler plus de dix minutes de suite et s’occuper d’autre chose que de la principale difficulté pour la résoudre. […] Une expérience rigoureuse lui avait appris qu’aux maux profonds, aux peines du dedans, il n’est de remède que le temps, le silence absolu, et aussi l’espoir de ce monde invisible où nous nous réunissons dans nos pures essences.
Si j’apprenais l’hébreu, les sciences, l’histoire ! […] Madame la duchesse du Maine, occupée d’idées plus ambitieuses, lui disait : Vous apprendrez au premier moment que M. le duc d’Orléans est le maître du royaume, et vous de l’académie française. […] On aurait bien dû nous apprendre la réponse du satirique.
Je voudrois que des mémoires fidéles nous apprissent à quel point l’imagination de Virgile s’échauffat et s’enrichit, lorsqu’il lut l’iliade pour la premiere fois. […] On voit par les tableaux que Le Perrugin a faits à la chapelle de Sixte au vatican, qu’il avoit appris de Raphaël. […] Ils les apprennent avec peine, et ils les font de mauvaise grace.
C’est ce Frédéric Masson qui publia un livre sur le cardinal de Bernis, qui, tout simplement, nous apprenait le cardinal de Bernis, que nous ne savions qu’à moitié, et nous entr’ouvrait cette robe rouge de cardinal qui paraissait rose aux clartés décomposantes du xviiie siècle, et qui avait bien le droit d’être rouge, et du rouge le plus grave et le plus éclatant, puisqu’il y avait par-dessous un homme qui n’était plus le poète badin des marquises, mais le dernier et douloureux ministre d’État d’un gouvernement devenu lamentablement impossible… Bernis était un méconnu. […] C’est un inconnu, en effet, absolument ignoré, et, malgré ce que Masson nous en apprend, justement ignoré, que ce Marquis de Grignan 57, le dernier des Grignan, dont le nom, qui timbre un livre aujourd’hui, dit une race et ne dit personne. […] Tous, comme lui, apprenaient d’abord à danser, pour danser aux menuets du roi, puis à faire danser leurs chevaux dans les carrousels, puis à manier le mousquet et la pique, pour faire danser l’ennemi à son tour !
Le Registre de celui-ci nous l’apprend. Mais que pouvait-on apprendre à M. […] C’est lui qui vous aurait tout appris. […] Il lui demanda comment il avait appris la déclamation. […] La pièce elle-même, ainsi que nous l’apprend Molière dans son Avertissement, fut conçue, faite, apprise et représentée en quinze jours.
Les plus méprisables par ces endroits peuvent être lus une fois : sans leurs excès, on ne les eût jamais nommés ; semblables à ces malheureux que leur état condamnoit aux ténebres, & dont le Public n’apprend le nom que par le crime & le supplice ». […] Cette vérité, qui n’est pas neuve, doit apprendre ce qu’il faut penser de ceux qui composent la ligue philosophique.
Tous semblent s’opposer à l’ardeur qui le guide : Il veut armer son bras ; mais le sage Druide Arrête ce transport, & lui parle en ces mots : Apprends que la Vertu forme seule un Héros. […] Souviens-toi que le Ciel cache sous ces images Des leçons pour régner aussi grandes que sages, T’apprend que les efforts illustrent les Guerriers, Et que, sans les travaux, il n’est point de lauriers.
Et cependant lorsqu’il apprend que vous vivez, il se réjouit dans son cœur ; chaque jour il espère revoir son fils de retour de Troie. […] L’image du délaissement du vieux monarque, peut-être accablé par de puissants voisins pendant l’absence de son fils, la peinture de ses chagrins soudainement oubliés, lorsqu’il apprend que ce fils est plein de vie ; enfin, cette comparaison des peines passagères de Pélée avec les maux irréparables de Priam, offrent un mélange admirable de douleur, d’adresse, de bienséance et de dignité.
Montèze, Américains, qui fûtes mes victimes, Songez que ma clémence a surpassé mes crimes ; Instruisez l’Amérique, apprenez à ses rois Que les chrétiens sont nés pour leur donner des lois. […] Un trait seul n’est pas chrétien dans ce morceau : Instruisez l’Amérique, apprenez à ses rois Que les chrétiens sont nés pour leur donner des lois.
Il tourne aussitôt son vol de ce côté, résolu d’aborder l’Esprit inconnu de l’abîme, qui réside dans ce bruit, et d’apprendre de lui le chemin de la lumière. […] « Esprits de l’abîme, leur dit-il, Chaos, et vous antique Nuit, je ne viens point pour épier les secrets de vos royaumes… Apprenez-moi le chemin de la lumière, etc. » Le vieux Chaos répond en mugissant : « Je te connais, ô étranger !
vous l’apprendrez dans la sixième. […] C’est, me disait un ami, ce qu’une seconde lecture m’apprendra. […] Ne serait-ce pas le comble de la folie que de ne pas apprendre parce qu’on n’a pas appris ? […] « Apprendre à vivre, c’est apprendre à mourir… » Et apprendre à mourir, c’est apprendre à bien vivre. […] Que faut-il apprendre à ceux-là ?
Apprendre, c’est s’accroître ; apprendre, c’est agrandir sa vie. […] L’idéal serait le sermon bien écrit et bien appris par cœur. […] Quand a-t-elle appris à monter à cheval ? […] Quand a-t-elle appris à monter à cheval ? […] l’Art d’apprendre, p. 117.
Les Gens de Lettres peuvent apprendre, par son exemple, à se respecter mutuellement dans les succès & dans les malheurs. […] C’est dans ces Ouvrages enfin que la Philosophie apprendra l’usage qu’on doit faire des lumieres & du sentiment, & que l’humanité n’a pas de consolation plus solide que la Religion, comme la Politique n’a pas de meilleur appui.
Nous avons voulu ce tableau aussi complet que possible — l’expérience nous ayant appris que ce ne sont pas toujours « les petits prodiges » qui réalisent les œuvres les plus caractéristiques. […] Nous avons eu le souci d’apprendre quelque chose à nos lecteurs.
La première contestation sur le stile François consiste à sçavoir si, pour bien écrire en notre langue, il faut s’être exercé longtemps à écrire en Latin, ou du moins s’il est nécessaire de l’avoir appris. […] On peut y apprendre la marche, les beautés & le génie de sa propre langue, & mieux encore que dans ce labyrinthe où nous jette l’étude de celle qu’on ne parle plus. On entend mettre en question par des personnes d’esprit, si, au lieu de condamner pendant si longtemps un jeune homme à apprendre le Latin, il ne seroit pas plus convenable de le lui défendre absolument.
Quoique notre langue soit une organe bien plus souple que notre main ; cependant nous prononçons toûjours mal une langue étrangere, que nous apprenons après trente ans. […] La premiere ardeur que donne le génie, suffit pour apprendre les regles de la poësie ; ce n’est point par ignorance de regles, que tant de gens pechent contre les regles. […] Je veux vous apprendre à faire des vers avec peine, répondit Despreaux, et vous avez assez de talent pour le sçavoir bien-tôt.
Monselet n’a pas appris son métier à la gloire. […] J’ai lu les Portraits après décès 12 de Charles Monselet, et j’ai appris à le connaître, lui… — heureusement avant son décès ! […] voilà ce que les plus forts et les plus sagaces d’entre nous ne savaient pas, ce que personne ne savait, ni moi non plus, et ce que ces Portraits après décès, ce nouveau livre et ce livre nouveau, m’ont appris.
Il apprit de ses maîtres du latin, et le reste au hasard, comme on peut se le figurer en ces années de troubles civils. […] Tel j’étais en 1799, tel je suis encore en 1840 : mais j’ai appris à cacher tout cela sous de l’ironie imperceptible au vulgaire. » Cette ironie n’était pas si imperceptible qu’il le croyait ; elle était très marquée et constituait un travers qui barrait bien de bonnes qualités, et qui brisait même le talent. […] Beyle y apprend le premier à la France le nom de certains chefs-d’œuvre que notre nation mettra du temps à goûter ; il exprime à merveille, à propos des Cimarosa et des Mozart, la nature d’âme et la disposition qui sont le plus favorables au développement musical. […] Son admiration pour Pétrarque est sincère, celle qu’il a pour Dante me paraît un peu apprise : dans ces parties élevées et un peu âpres, c’est l’intelligence qui avertit en lui le sentiment. […] Il va jusqu’à accuser quelque part ce très judicieux et très innocent La Harpe qui, dit-il, a appris la littérature à cent mille Français dont il a fait de mauvais juges, d’avoir « étouffé » en revanche « deux ou trois hommes de génie », surtout dans la province.
Le rapporteur y prenait goût : « Je ne sais, nous dit-il, s’il y a un plus délicieux passe-temps que de voltiger ainsi de compagnie en compagnie, pourvu qu’elle soit triée, et d’apprendre exactement à cette source les anecdotes de son temps. » L’archevêque, qui était membre de l’Académie française, eut à un moment l’idée d’intervenir dans l’affaire de Furetière, violemment aux prises avec quelques meneurs de la Compagnie (1685), et de devenir arbitre entre des confrères. […] Jeune, « il avait appris les humanités par goût, la théologie par devoir. » Dans ses années de résidence à Rouen, il avait fort connu Brébeuf et Corneille, et c’était qui lui avait exhorté, dit-on, le grand tragique à mettre l’Imitation en vers français. […] Le rôle de spectateur désintéressé était évidemment le meilleur ; c’était celui de l’abbé Legendre : « Tant que dura, dit-il, cette comédie dont je connaissais les acteurs, le plaisir que j’avais les après-dîners d’en apprendre les scènes nouvelles aidait à me délasser du travail sérieux du matin. » Quelques années après, lors de la querelle des Anciens et des Modernes, qui s’émut à l’occasion du poème du Siècle de Louis le Grand, lu par Perrault à l’Académie, en 1687, M. de Harlay ne pensa plus à rétablir la paix et l’union parmi ses confrères ; mais il s’amusa à faire traiter devant lui la question ; il fit plaider le pour et le contre par deux avocats d’office qu’il désigna : Martignac, ancien précepteur de son neveu, et l’abbé de La Vau. […] L’on ne parle point encore du successeur… Il s’agit maintenant de trouver quelqu’un qui se charge de l’oraison funèbre du mort ; on prétend qu’il n’y a que deux petites bagatelles qui rendent cet ouvrage difficile, c’est la vie et la mort. » Et un mois après (15 septembre) « Encore faut-il bien vous apprendre, mon amie, que c’est le Père Gaillard qui ne doit point faire l’oraison funèbre de feu M. l’archevêque. […] Il nous apprend que la duchesse de Retz, pour plus de sûreté, avait fondé à ses frais, dans l’église de Paris, un service complet et perpétuel pour y faire recommander par les prières de M.M. du Chapitre le repos de l’âme du prélat à Dieu.
Toujours à Sainte-Barbe, il eut des succès dans les hautes caisses ; il en eut même à la lingerie, ce qu’il nous apprend d’une manière assez peu voilée. […] Et à ce sujet, il nous apprend à quel point M. […] je ne sais pas plus me cacher que m’apprendre ; la personne qui me regarde sans me voir et m’écoule sans me connaître ne me comprendra jamais. […] Coulmann nous apprend que la chanson de Béranger si connue, et dont le refrain est : Ange aux yeux bleus, protégez-moi toujours, était faite à l’intention de Mlle Delphine Gay et lui était d’abord adressée. […] Quand on a perdu, comme moi, sa queue dans la bataille, on a appris à apprécier les hommes et les choses.
Elle commença au théâtre de Lille : elle avait tout à apprendre. […] N’ayant passé par aucune école ou conservatoire, elle n’avait rien de la manière ni des petites mines apprises, et se laissait aller simplement à sa nature fine et naïve. […] Dans ces jeux où l’esprit nous apprend à charmer, Le cœur doit apprendre à se taire ; Et lorsque tout nous ordonne de plaire, Tout nous défend d’aimer… Ô des erreurs du monde inexplicable exemple, Charmante Muse ! […] N’apprenons qu’à mourir à nous-mêmes.
Si ma petite-fille est une bête, le savoir la rendrait confiante et insupportable ; si elle a de l’esprit et de la sensibilité, elle fera comme moi, elle suppléera par adresse et avec du sentiment à ce qu’elle ne saura pas ; et quand elle sera plus raisonnable, elle apprendra ce à quoi elle aura plus d’aptitude, et elle l’apprendra bien vite. » Elle ne m’a donc fait apprendre, dans mon enfance, simplement qu’à lire ; mais elle me faisait beaucoup lire ; elle m’apprenait à penser en me faisant raisonner ; elle m’apprenait à connaître les hommes en me faisant dire ce que j’en pensais, et en me disant aussi le jugement qu’elle en portait.
La conversation de M. de Suhm avait un charme particulier qui nous arrive jusque dans ses lettres, quelque chose d’affectif et de pénétrant : Frédéric y était sensible autant qu’esprit peut l’être : « Si désormais vous alliez vous résoudre à ne parler et à n’écrire qu’en chinois, lui disait-il, je serais homme à l’apprendre pour profiter de votre conversation. » Quant à M. de Suhm, il a, dès les premiers instants, deviné et senti la grandeur de Frédéric ; il lui a voué une admiration tendre, ardente, perspicace, qui lui révèle à l’avance la gloire du prochain règne, et qui déborde prophétiquement en toutes ses paroles. […] » Il désire être instruit sur tous ces points à fond, en détail : « Vous aurez soin d’écarter toutes les nouvelles fausses ou incertaines, et de ne donner place qu’aux seules vérités que vous apprendrez. » De telles réponses précises sont difficiles partout, et en Russie plus qu’ailleurs. […] Il attendait son ami ; il comptait sur lui chaque jour ; il apprit sa mort avant d’avoir pu lui répondre une parole émue. […] Je viens d’apprendre la mort de Suhm, mon ami intime, qui m’aimait aussi sincèrement que je l’aimais, et qui m’a témoigné jusqu’à sa mort la confiance qu’il avait en mon amitié et dans ma tendresse, dont il était persuadé. […] Ce n’est qu’avec bien de la peine que j’apprends, par votre lettre du 12, que vous touchez à votre dernier moment.
Nous apprîmes directement et indirectement que l’esprit avait un secret pressentiment qu’il allait bientôt abandonner ce corps épuisé de fatigue et qu’il l’abandonnerait, plein de confiance, à sa vieille amie la Nature. […] Je reviens chez moi à six heures du soir, j’ouvre votre lettre et j’apprends la douloureuse nouvelle, bien chère et spirituelle amie ! […] L’immense domaine des langues, dans la structure si variée desquelles se réfléchissent mystérieusement les aptitudes des peuples, confine de très près à celui de la parenté des races ; et ce que sont capables de produire même les moindres diversités de race, nous l’apprenons par un grand exemple, celui de la culture intellectuelle si diversifiée de la nation grecque. […] « Des études ethnographiques positives, soutenues par une connaissance approfondie de l’histoire, nous apprennent qu’il faut apporter de grandes précautions dans cette comparaison des peuples et des langues dont ils se sont servis à une époque déterminée. […] Dans le premier volume nous avons exposé, sous la forme d’un vaste tableau de la nature, ce que la science, fondée sur des observations rigoureuses et dégagée de fausses apparences, nous a appris à connaître des phénomènes et des lois de l’univers.
Aujourd’hui même le ministre de l’Intérieur va apprendre de moi que nous ne devons vous soutenir nulle part. […] Il est évident qu’il arrivait là avec son cadre de questions toutes dressées, avec son moule tout prêt ; la réalité n’y répond pas, et les choses ne se prêtent pas à y entrer : mais il apprend en revanche quantité d’autres choses imprévues, il fait mainte autre observation chemin faisant. […] Une pareille promenade devrait suffire pour apprendre à supporter paisiblement le mouvement de toutes les affaires de ce monde. Mais à quel âge et par quels procédés apprend-on jamais à corriger ce qui tient au fond même de la nature humaine ?
Biot s’y refusa, motivant son abstention sur ce qu’un Corps purement savant devait, selon lui, rester étranger à tout acte politique ;, et il cita à ce propos les vers de Voltaire : Moi, j’attends dans un coin que l’imprimeur du Roi, M’apprenne pour dix sous mon devoir et ma loi. Lagrange, qui n’assistait pas à la séance, ayant appris ce vote qui fit du bruit, en gronda son jeune confrère et lui demanda de quoi il se mêlait de faire de l’opposition et de citer des vers de Corneille. — « Ce sont des vers de Voltaire que j’ai cités », répondit M. […] C’est, on le devine, même quand M. l’abbé Moigno ne nous l’aurait pas appris (n° du Cosmos du 7 février 1862), c’est que le vieillard avait changé, c’est qu’il avait remis depuis des années sa conscience en des mains pieuses, mais en des mains étrangères ; c’est que le Père de Ravignan ou le Père de Pontlevoy, cités avec éloge à un endroit du travail, avaient passé par là, et qu’il y a un petit souffle imperceptible venu du Vatican ou du voisinage, qu’on ne voit pas, mais qu’on sent, et qui, dans ce compte rendu du procès de Galilée, est bien capable à la fin d’irriter les âmes non patelines et grossièrement généreuses14. […] Biot et au moyen du rayon polarisé, que la médecine a appris à distinguer par un diagnostic certain la maladie dite du diabète, et à reconnaître les moindres traces de sucre dans les sécrétions urinaires.
Valerio qui a tout vu de loin, plaint Arlequin, forme la résolution de prendre son âne et d’aller à la ville ; de cette façon il ne sera pas connu, il pourra apprendre des nouvelles d’Aurelia, et rendre service au malheureux qu’on a pris pour lui. […] Valerio, toujours déguisé en paysan, voudrait apprendre d’Arlequin ce qui s’est passé depuis qu’on l’a arrêté. […] Arlequin lui apprend qu’il l’a vendue dix louis ; il lui en rend six et en retient quatre, deux pour payer le dîner qu’il a commandé lui-même, deux pour le souper qu’ils vont manger. […] Il apprend que son élève a certain rendez-vous pour le soir même, à minuit : il se rend au lieu indiqué, et trouve une échelle appuyée au balcon de la demoiselle.
Accourt le développement : « Ce n’est peut-être ni la Grèce, ni la Sicile, ni Rome, ni les Barbares, ni le Moyen Âge, ni la Renaissance qui ont le plus vivement inspiré l’auteur des Trophées ; c’est cet Orient, ce sont ces Tropiques où il a appris à mentir, etc. » Or, non. […] Ajoutons que, si M. de Heredia sait composer aussi vite que qui que ce soit un sonnet meilleur, c’est qu’il l’a appris d’abord. […] M. de Heredia a mis dix ans à apprendre à faire un sonnet en deux heures. […] Le Moyen Âge, la Renaissance, c’est par des chroniques qu’il les a appris ; l’antique, c’est par Bion, Moschus, Théocrite, Catulle.
Il sourit de « la rhétorique », « qui apprend à faire des vers libres ». […] Ici et là, il y a ouvrage personnel qu’on sait faire quand on l’a appris. […] Comme il doit exprimer de l’inédit, la science apprise ne lui suffit pas ; il élargit lui-même son métier. […] Tandis que les notoires qui les précédèrent étaient éclos dans l’atmosphère des journaux gais et des théâtres légers, eux apprirent il penser dans les gymnastiques supérieures de Hume, de Bossuet, de Schopenhauer, de Claude Bernard.
Il est probable que si Louis XIV avait reçu une éducation digne de la vigueur de son caractère, il eût joint à sa passion des grandes choses le génie qui les juge, et que surtout il eût appris l’art le plus difficile des rois, celui de n’abuser ni de ses vertus ni de ses forces. […] L’application lui donna le génie de l’expérience ; mais il apprit plus en dix ans à l’école des malheurs, qu’il n’avait appris en quarante ans de gloire. […] Jusqu’alors les Français, moins grands que factieux, ayant besoin d’agiter et d’être agités, plus capables d’un mouvement prompt et rapide que d’une application et de vues suivies, n’avaient encore appris à gouverner ni leur caractère, ni leurs idées.
Ceci se passait en 1811 ; l’année suivante, Jouffroy nous quitta pour entrer au lycée de Dijon, où il fit sa rhétorique et apprit assez de grec et de philosophie pour se faire admettre en 1813 à l’École normale. […] C’est là que j’appris la triste nouvelle de la capitulation de Paris et de la chute de Napoléon, qui me semblait entraîner celle de la France entière.
Quand on m’apprend tout cela, je suis presque tenté de m’écrier : Tant pis ! […] Mais si l’on m’apprend que Lisette et le Chambertin ne sont que des figures de rhétorique, que ce chanteur insouciant qui prétend n’avoir d’autres soins que les dîners du caveau et sa maîtresse, a une philosophie, une politique, et, Dieu me pardonne !
Ce fut à Rouen, sa ville natale, qu’un secrétaire de Catherine de Médicis (nommé Chalons) l’engagea à apprendre l’espagnol et à étudier le théâtre écrit en cette langue. […] Rien ne m’a appris si Descartes était alors de la société de la marquise.
On imite la main d’un autre, mais on n’imite pas de même, pour parler ainsi, son esprit, et l’on n’apprend point à penser comme un autre, ainsi qu’on peut apprendre à prononcer comme lui.
Nous allons voir ce qu’il devint, et, en apprenant le sort du mot, nous apprendrons celui des personnes qu’il désigne. […] Voilà ce que nous apprennent les écrits du temps sur les précieuses en général : je ne dois pas oublier les quartiers de Paris qu’elles habitaient. Le Dictionnaire de Somaise nous l’apprend et il est d’accord avec l’abbé d’Aubignac. […] Ce sont les mémoires de Mademoiselle qui nous apprennent ce chargement49. […] Le 6 de ce mois on y apprit la prise de Montmedi.
Aussi sa silhouette disparaîtra de ma chambre le premier jour de Pâques, qui sera probablement le jour de votre mariage, ou même dès après demain, et elle n’y sera de nouveau suspendue que quand j’apprendrai que Lotte est mère. […] Mais il apprendra avec plaisir que j’ai écrit à son cher ami, car je ne saurais vous dire combien il a toujours parlé de vous et de votre famille. […] Il a dans le passé, dans le souvenir des jours qu’il a vécu à Wetzlar, au sein de la famille allemande, entre Charlotte et Kestner, sa saison d’âge d’or, un cercle pur et lumineux que rien n’éclipsera : « Vous avez été pour moi jusqu’ici, écrira-t-il à Kestner des années après, l’idéal d’un homme heureux par l’ordre et par la modération des désirs. » — « J’apprends avec plaisir, lui dit-il encore, ce que vous m’écrivez de vos enfants. […] Je te dis cela en ma qualité d’homme du monde, qui apprend peu à peu comment les choses se passent. […] Apprenez seulement ceci : je demeure ici et je puis y jouir de la vie à ma façon et de façon à me rendre utile à un des plus nobles cœurs.
Monsieur, je ne sais rien, je n’ai rien appris. […] Je suis mon seul juge et, n’ayant rien appris, comment me garantir ? […] Je n’ai plus rien appris, et, vous le dirai-je, monsieur ? plus désiré de rien apprendre. […] Vous apprenez à tous à ne jamais se décourager, et l’esprit en vous se montre de plus en plus triomphant dans les luttes avec le corps. » — À cette date (7 mai 1869), M.
Pour apprendre à raisonner, à ordonner les raisonnements, rien ne remplacera jamais les humaniores litteræ. […] Ces médecins, ces avocats, ces prêtres défroqués, est-ce qu’ils n’avaient pas appris le latin ? […] Beljame, professeur de langue anglaise réputé, déclarait à son élève favori, que s’il avait le malheur d’apprendre l’allemand (après le français et l’anglais) il ne saurait plus que très mal le français et l’anglais. […] Mais laissez-moi apprendre à vos lecteurs qu’une très grande maison d’édition (Larousse) travaille à la recherche d’une sorte de moyen mécanique de faire interpréter instantanément, en toutes langues, certains signes équivalents, les mêmes pour tous les pays. […] Et le jour où le problème serait ainsi résolu, chaque peuple n’étant plus obligé d’apprendre les langues commerciales, se contenterait de sa langue propre comme langue usuelle — en y ajoutant le français comme langue de culture et d’art.
Ils apprennent du fabuliste à reconnaître leurs impressions, à se représenter leurs souvenirs. […] C’est une distraction bonne en toute occasion, et qui ne donne pas, même aux plus paresseux, la peur d’avoir à apprendre quelque chose ; le profit ne s’y annonce pas, il s’y glisse sous le plaisir. […] Il le met de mauvaise humeur contre les hommes, et il lui donne la malencontreuse idée de nous apprendre qu’en temps de chasse ses plus aimables bêtes avaient sujet de le craindre. […] Que ce goût lui fût naturel, cela n’est pas douteux ; son humeur le portait vers les champs ; sa première profession même76, car il en eut une, le mettait trop souvent en présence de la nature pour qu’il n’apprît pas à l’aimer. […] Pour La Fontaine, tous les genres lui sont bons ; il est friand de toutes lectures qui lui apprennent quelque chose sur l’homme.
, et nous apprendra-t-il qu’il a encouragé les efforts obscurs de Wagner, comme il a consolé Berlioz aux heures de l’affliction ! […] Jullien nous apprend que Wagner « a fait des deux amants les interprètes de l’école philosophique de Schopenhauer » (Richard Wagner, 148.)… Or, c’est là une idée qui ne peut supporter le moindre examen. […] C’est que si Tristan et Isolde avaient vraiment la prétention de nous enseigner la philosophie de Schopenhauer, il n’y aurait qu’à les renvoyer à l’école pour mieux apprendre leur leçon, car toute leur vie, tous leurs actes, toutes leurs paroles sont en contradiction flagrante avec la doctrine du philosophe. […] Jullien nous apprend que c’est « dans l’état d’isolement douloureux et d’absolu découragement où il se trouvait en exil… qu’il se laissa gagner… par une théorie philosophique décourageante entre toutes… » De nouveau, c’est là un mirage d’idées préconçues, qui ne reposent sur rien. […] Nous apprenons que nos amis wagnériens d’Angleterre, qui ont fait à la Revue Wagnérienne, depuis son début, un accueil si chaleureusement sympathique, vont, dans quelques mois, établir à Londres un Wagner-Journal.
Ce n’est pas assez d’écrire pour apprendre à écrire, il faut encore interroger le public. […] Si l’auteur manquait de mémoires, au moins aurait-il dû nous apprendre qu’il en manquait… » Pourquoi faut-il, hélas ! […] Plutarque nous apprend que dans Rome, à l’entrée du circus maximus, on voyait encore de son temps une statue d’Apollon apportée de Carthage après le sac de la ville2. […] L’auteur a bien soin de nous apprendre en effet que, depuis sa visite à Mâtho, « les angoisses dont elle souffrait autrefois l’avaient abandonnée. […] Nous n’avons pas la prétention d’apprendre à M.
« Apprenez, dit La Fontaine (qui, en général, indique lui-même cette démarcation que je trace en ce moment-ci), Apprenez que tout flatteur Vit aux dépens de celui qui l’écoute. » C’est une façon de nous dire qu’il s’agit simplement d’un flatteur et d’un imbécile qui est flatté, et non pas du caractère des animaux. […] La Fontaine nous peint les animaux, et cette fois en eux-mêmes, comme ils sont ou comme il croit les voir, il nous peint les animaux pour qu’ils nous servent de maîtres, pour qu’ils nous apprennent quelque chose et par leurs défauts, et par leurs qualités. […] Moi, je sais qu’il y en aura un de battu, et celui qui sera battu se réfugiera dans le marécage et nous écrasera toutes. » De même les grenouilles qui sont effrayées d’apprendre que le soleil se marie. « Le soleil se marie ? […] dans sa première nature, dans sa première origine, l’homme lui-même, a eu à apprendre tout pour soutenir et défendre sa pauvre vie ; l’animal comme l’homme. L’animal a appris un certain nombre de choses nécessaires à sa subsistance, nécessaires à sa défense, nécessaires à sa vie, et quand il les a sues, quand sa vie a été à peu près assurée, il a été très sage, il s’est arrêté, parce qu’il est un sage ; il a dit : « Je n’ai besoin de rien de plus !
Les œuvres de Balzac me l’ont appris. […] La politesse passa du sénat aux ordres inférieurs, voire au plus bas étage du menu peuple ; et si en leur cause, on doit croire leur témoignage, ils ont effacé ensuite toutes les grâces et toutes ces vertus de la Grèce, et ont laissé son atticisme bien loin derrière leur urbanité. » Ici Balzac nous apprend que de son temps ce mot d’urbanité n’était pas encore reçu en France : il pense que quand l’usage l’aura mûri, et aura corrigé l’amertume de la nouveauté, nous nous y accoutumerons , comme à d’autres que nous avons empruntés de la même langue. […] Les citoyens romains apportaient de grands avantages dans le monde ; devaient beaucoup à leurs mères et ci leur naissance, savaient quantité de choses que personne ne leur avait apprises .
Les mémoires de mademoiselle de Montpensier nous apprennent que jusqu’à la mort de la reine-mère, arrivée le 20 janvier 1666, « le roi avait gardé quelques mesures de secret sur son amour pour madame de La Vallière, pour ne point donner de chagrin à la reine-mère ; mais que quand il fut hors de cette appréhension, cette affaire devint publique » ; et Mademoiselle ajoute que dans ce temps-là… madame de Montespan, qui était une des dames de la reine, « commença à aller chez madame de La Vallière, qui était ravie de la voir chez elle pour amuser le roi. » C’est cet amusement du roi qui commença l’intrigue dont Bussy-Rabutin raconte si bien l’origine. Les mémoires de mademoiselle de Montpensier nous apprennent plus loin que, dans le commencement de la campagne de Flandre, au mois de mai 1667, le roi étant en marche pour l’armée, accompagné de la reine, de mesdames de Montespan et de La Vallière, dames de la reine, et d’elle, Mademoiselle, on s’arrêta trois jours dans une ville dont le nom est resté en blanc, et que là s’établit la liaison intime du roi et de madame de Montespan, Mademoiselle explique très distinctement la disposition qui fut faite pour assurer la communication secrète de l’appartement du roi à la chambre de madame de Montespan, et la manœuvre de l’un et de l’autre pour se trouver ensemble le plus longtemps qu’il était possible. […] Monsieur de Montausier était à Rambouillet, il n’apprit pas cette affaire. » Le duc de Saint-Simon a aussi parlé des avanies du marquis de Montespan ; mais, né seulement en 1673, il n’en a parlé que plus de vingt années après, et sur des traditions fort suspectes ; l’on verra même qu’il en a adopté de fabuleuses ; il n’aimait pas M. de Montausier, et n’était pas fâché de trouver la duchesse de Montausier digne de reproches auxquels son mari n’aurait pas été étranger.
Vous apprendrez que cent mille hommes opposés à cent mille hommes forment des masses redoutables qui s'étudient, s'observent, combinent avec une sage lenteur tous leurs mouvemens, & balancent avec un art terrible & profond la destinée des Etats *. […] Lisez la Note du Discours, & vous saurez que cela signifie que le Maréchal de Saxe apprit les Mathématiques. Revenez ensuite au Texte, & vous apprendrez que Maurice écartoit les barrieres du préjugé pour reculer les limites de son art, qu'après avoir trouvé le bien il cherchoit le mieux, qu'il s'élançoit au delà du cercle étroit des événemens, & créoit des combinaisons nouvelles, imaginoit des dangers pour trouver des ressources, étudioit sur-tout la science de fixer la valeur variable & incertaine du Soldat, & de lui donner le plus grand degré d'activité possible.
Le sentiment nous apprend ce qui en est avant que nous aïons pensé à en faire l’examen. […] En effet, les poëtes anciens seroient aussi surpris d’apprendre sur quels endroits de leurs ouvrages le commun des commentateurs se récrie davantage, que s’ils venoient à sçavoir ce que l’abbé de Marolles et les traducteurs de son espece leur font dire quelquefois ; les professeurs qui toute leur vie ont enseigné la logique, sont-ils ceux qui connoissent le mieux quand un homme parle de bon sens et quand il raisonne avec justesse ? […] Les hommes ont du moins autant d’envie de dire ce qu’ils sçavent, que d’apprendre ce qu’ils ne sçavent pas.
car elle ne nous apprend rien de ce que nous ne savons pas et elle oublie beaucoup de choses que nous savons. […] Mais le livre de Mme de Staël et de la Princesse Louise nous apprend aujourd’hui, comme les Souvenirs de Mme Récamier nous l’avaient déjà appris, que ce n’est pas uniquement avec cela qu’on fait des portraits ressemblants et vivants et placés dans des jours nouveaux, qu’on annonce, — dans la perspective, définitive et suprême, où jusqu’ici on ne les avait jamais vus !
Elles étaient précédées d’une histoire de M. le Comte de Falloux, de l’Académie française, qui nous y apprenait ce que c’était que Mme Swetchine, dont le nom, avant sa mort, avait parfois frappé le public français, écrit souvent dans des livres où c’était un honneur pour un nom de briller, en passant sous le rayon d’une bienveillante épithète. Selon nous, M. de Falloux nous l’a trop appris. […] Jusqu’à trente ans passés, elle eut à ses trousses trois professeurs allemands qui la bourraient de philosophie ; qui lui apprenaient, je ne sais en combien de temps, l’exercice… de l’intelligence.
C’est une femme et une femme, Dieu merci, spirituelle, et je l’ai appris tard, mais enfin je l’ai appris, et j’en suis d’autant plus content que je l’ai appris tard !
Il a appris à marcher au pas. […] Taine l’entend si bien ainsi qu’il ajoute : « Chacun regarde avec des lunettes de portée et de couleurs diverses… Et l’on s’est disputé et battu, l’un disant que les choses sont vertes, d’autres qu’elles sont jaunes, d’autres enfin qu’elles sont rouges… Mais voici que nous apprenons l’optique morale… que nous découvrons que la couleur n’est pas dans les objets, mais en nous-mêmes. » Et que, par conséquent, tout le monde a raison ou tort ! […] Il a cherché et trouvé presque toujours les raisons déterminantes, intérieures ou extérieures de sa force et de sa faiblesse, et il nous l’a expliqué surtout par le puritanisme anglais dont Carlyle — nous apprend M.
Ce traité fut l’époque qui apprit aux Hollandais qu’ils avaient besoin de barrière contre la France ; et Richelieu, qui voulait les unir à lui contre l’Espagne, en montrant son ambition, glaça leur zèle. […] Son grand mérite fut l’art de négocier ; il y porta toute la finesse italienne avec la sagacité d’un homme qui, pour s’élever, a eu besoin de connaître les hommes, et a appris à les manier, en les faisant servir d’instruments à sa fortune. […] Il lui apprend qu’il est le plus grand homme de Rome moderne, et il l’appelle très sérieusement l’ homme au-dessus de l’homme .
La science militaire est composée de deux choses, de moralité et de géométrie : par l’une on apprend l’art de plier l’homme à une exacte discipline, d’exalter son âme et de lui inspirer un noble orgueil de son état ; par l’autre on combine les moyens les plus prompts d’opérer avec précision différents mouvements. […] Il s’en console pour lui-même, en se disant comme Valincourt après un incendie : « Je n’aurais guère profité de mes livres, si je n’avais appris d’eux à m’en passer. » Il ne la regrette que pour son jeune ami à qui il la destinait, et il lui donne en même temps les raisons pour lesquelles cette perte doit lui être moins sensible dans les circonstances : « Le cours des idées, dit-il, augmente ou diminue le prix des choses et dirige vers d’autres objets l’intérêt et la curiosité. […] Il poursuit ses raisonnements au sujet de la perte de sa bibliothèque, et démontre par des applications sa pensée : « À mesure que l’esprit humain avance, une multitude d’ouvrages disparaît. » Le président estime que nous n’avions pas en France, à sa date, de bons historiens : Un historien ne peut avoir de gloire durable que lorsqu’il approfondit la moralité de l’homme, et développe avec sagacité et impartialité les modifications que lui ont fait subir les institutions civiles et religieuses : alors il devient intéressant pour toutes les nations et pour tous les siècles… Ce n’est pas dans nos histoires qu’on apprend à connaître les Français, mais dans un petit nombre de mémoires particuliers, et je maintiens que l’homme qui a lu attentivement Mme de Sévigné est plus instruit des mœurs du siècle de Louis XIV et de la Cour de ce monarque, que celui qui a lu cent volumes d’histoire de ce temps, et même le célèbre ouvrage de Voltaire. […] Malgré moi tu m’apprends toutes sortes de hontes, moi qui connais tout ce qu’il y a de bon et de beau parmi les hommes. » Le vieux poète, imbu d’une philosophie naturellement païenne et voluptueuse, s’adresse à un jeune ami Cyrnus. […] Ce qui doit dégoûter de la science, c’est que jamais elle ne nous apprendra ni l’origine du monde, ni le premier principe des êtres, ni leur destination.
Nous l’apprenons en détail par son récit. […] Le mécompte est grand lorsqu’à quelques jours de là il apprend qu’il va être retiré des Sept-Tours. […] Parmi les Grecs, à peine ai-je trouvé un homme qui en fût révolté, et les prêtres, dont le fanatisme égale l’ignorance, se montraient nos plus grands ennemis. » À un moment où l’on apprend qu’ils ont reçu de leurs amis de Constantinople quelque somme d’argent, on semble changer de procédés à leur égard, ou plutôt la vexation se déplace ; les croyant riches, au lieu de les charger de pierres on les poursuit, on les agonise de demandes exigeantes ; c’est à qui mendiera près d’eux et leur arrachera quelques pièces de monnaie. […] Écrivant pour se distraire ces pages mêmes que nous lisons, se livrant à la culture d’un petit jardin, il regrette de ne pouvoir observer le pays, les côtes, et il recueille tout ce qu’il peut apprendre en fait d’informations positives. […] Je m’empresse de t’apprendre l’heureuse sortie de l’escadre aux ordres du contre-amiral Villaret, composée de 25 vaisseaux, 8 frégates et 8 corvettes.
Ce ne sera jamais un objet secondaire, et l’Art poétique ne cessera pas d’avoir son à-propos, soit contre les mauvais écrivains en vers, soit pour apprendre à goûter les vrais poètes. […] Là encore il est tout entier de sa personne ; mais c’est le plus souvent cette personne par ses beaux côtés, par son bon sens qui est comme le bon sens de la France, par son goût supérieur à son talent, par ce naturel qui nous fait voir le fond de son cœur et nous apprend à lire dans le nôtre. […] Je me souviens du temps où de pieux maîtres me les faisaient apprendre par cœur, et je craindrais, en y regardant de trop près, de manquer de respect à leur mémoire. […] C’est à l’école des élégiaques anciens qu’il apprit l’art si difficile d’idéaliser la passion et de ne montrer de son cœur que ce qui peut toucher le nôtre. […] S’il eût vécu en ce temps-là, Boileau l’eût peut-être rendu plus difficile sur la correction ; mais en retour il eût appris à Boileau un idéal de l’élégie et de l’idylle bien autrement aimable que celui de l’Art poétique.
Madame de Montespan dansa très bien… Fontanges mal. » Le 6 avril, cette belle est nommée duchesse, avec 20 000 écus de pension… Malheureusement, dans le cours de ce mois, madame de Sévigné nous apprend que « cette favorite a besoin d’être traitée d’une perte de sang opiniâtre et très désobligeante. » On a quelques espérances de guérison ; mais on lit dans une lettre de madame de Sévigné, du 14 juillet suivant : « Vous aurez ri de cette personne blessée dans le service ; elle l’est au point qu’on la croit invalide. […] Madame de Sévigné nous apprend, dans une lettre du 5 juin, que « le roi la console de cette disgrâce. […] Les Mémoires du duc de Saint-Simon138 nous apprennent que les jésuites firent entrer dans l’aine de Louis XIV les premières semences de haine contre les protestants. […] Madame nous apprend dans ses lettres originales que « le roi, malgré ses intrigues, couchait régulièrement toutes les nuits avec la reine. […] Elle devait être féconde en jouissances nouvelles cette amitié vive qui, par une conversation animée, sans chicane et sans contrainte, multipliait sans cesse et variait à l’infini ses épanchements vers l’objet aimé, les lui offrait toujours avec intérêt et toujours à propos, provoquait les siens, lui communiquait une vie nouvelle, une existence inconnue, créait en lui un autre homme, avec des facultés jusque-là ignorées de lui-même, l’introduisait dans ce pays nouveau dont parle madame de Sévigné, où avec d’autres yeux il voyait d’autres choses et d’autres hommes, l’introduisait dans son propre cœur où il n’était jamais descendu, l’apprenait à s’étudier et à se connaître, lui donnait une conscience pénétrée du besoin de sa propre estime, une conscience qui lui rendit bon témoignage de lui et de son amie.
Sur quoi, Cantagnac, passant à sa chronique inédite, nous apprend qu’elle s’est fait enlever, dans sa dernière fugue, par un faux comte de Moncabré, lequel n’était autre qu’un de ses agents ; que les deux cent mille francs qu’elle rapporte au logis sont le prix de cette équipée, et qu’étant devenue grosse, elle est allée se faire avorter dans une maison borgne dont il lui dit le nom et l’adresse ; cas passible de la cour d’assises. Il lui apprend que ledit bellâtre, s’étant épris d’elle, au lieu de remplir sa mission d’amant politique, vient de disparaître pour toujours, à la mode vénitienne ou turque. […] Il allait accompagner, au chemin de fer, son ami Daniel partant pour l’exode ; il ne sort pas moins, après avoir appris tout cela, persuadé que le Dieu dont il est le prophète le fera revenir à temps. […] Le commandant n’y fait aucune objection, et il se charge d’apprendre à sa femme que l’enfant a retrouvé une famille. […] La voilà bien étonnée quand elle apprend que la place est prise, et que M. de Montaiglin est cet ami dont Octave d’abord lui avait parlé.
On apprendra de près à révérer et à goûter celui qui nous a tant de fois surpris, provoqués et peut-être mis en colère. […] Il avait, dans sa vie retirée, appris jusqu’à cinq langues ; il y ajouta un peu plus tard le grec et l’allemand. […] Mais la lettre est à peine écrite, que cette vieille amie meurt, et M. de Maistre répond au comte Golowkin, leur ami commun, qui lui avait appris cette triste nouvelle : Vous ne sauriez croire à quel point cette pauvre femme m’est présente ; je la vois sans cesse avec sa grande figure droite, son léger apprêt genevois, sa raison calme, sa finesse naturelle et son badinage grave (quel admirable portrait !). […] Quand on a passé le milieu de la vie, les pertes sont irréparables… Séparé sans retour de tout ce qui m’est cher, j’apprends la mort de mes vieux amis ; un jour les jeunes apprendront la mienne.
Sans doute ma pensée est susceptible d’erreur ; mais l’erreur ne lui est pas essentielle, elle tient à de certaines conditions que l’expérience nous apprend à reconnaître, et l’exercice à éviter. […] Est-ce volontairement que les enfants nés dans les États-Unis du Sud apprenaient dès le plus bas âge que l’esclavage était une institution divine, nécessaire à l’ordre de la société et au bonheur des esclaves eux-mêmes ? […] Comment donc distinguer ici l’habitude de la nature, le conventionnel du primitif, si ce n’est par l’examen et la discussion, qui nous apprennent que parmi ces affirmations spontanées il en est de nécessaires et d’indispensables ? […] Je ne me refuse pas sans doute de me soumettre à l’autorité du genre humain, car cela même est un des principes de ma raison ; mais encore faut-il que je m’assure que telle ou telle vérité a réellement pour garant la voix unanime des hommes, et cette voix elle-même, pour me subjuguer, a besoin d’être d’accord avec ma conscience, car l’expérience m’apprend qu’elle s’est plus d’une fois égarée. […] Elle nous apprend qu’à aucune époque, même quand le monde était gouverné par le principe d’autorité, la société n’a été à l’abri des grandes crises sociales.
C’est dans les mêmes écoles qu’on étudie encore aujourd’hui, sous le nom de belles-lettres, deux langues mortes qui ne sont utiles qu’à un très-petit nombre de citoyens ; c’est là qu’on les étudie pendant six à sept ans sans les apprendre ; que, sous le nom de rhétorique, on enseigne l’art de parler avant l’art de penser, et celui de bien dire avant que d’avoir des idées ; que, sous le nom de logique, on se remplit la tête des subtilités d’Aristote et de sa très-sublime et très-inutile théorie du syllogisme, et qu’on délaye en cent pages obscures ce qu’on pourrait exposer clairement en quatre ; que, sous le nom de morale, je ne sais ce qu’on dit, mais je sais qu’on ne dit pas un mot ni des qualités de l’esprit, ni de celles du cœur, ni des passions, ni des vices, ni des vertus, ni des devoirs, ni des lois, ni des contrats, et que si l’on demandait à l’élève, au sortir de sa classe, qu’est-ce que la vertu ? […] A l’exception des premiers principes de l’arithmétique, de l’algèbre et de la géométrie, dont l’enseignement est dû à un de mes anciens maîtres12, presque rien qui vaille la peine d’être retenu et qu’on n’apprît beaucoup mieux en quatre fois moins de temps. […] D’ailleurs point de pratique, et c’est un grand défaut ; combien de choses qui tiennent à l’art de guérir qu’on ne peut apprendre ni dans des livres ni dans des leçons ! […] Nous ne savons rien ; qu’on nous apprenne. » La première chose que je me dis à moi-même, c’est que tous ne sont ni capables ni destinés à suivre cette longue avenue jusqu’au bout. […] Je suppose que celui qui se présente à la porte d’une université sait lire, écrire et orthographier couramment sa langue ; je suppose qu’il sait former les caractères de l’arithmétique, ce qu’il doit avoir appris ou dans la maison de ses parents ou dans les petites écoles.
Nous apprendrons deux cents pages plus loin qu’il caressait ses bonnes. […] Elle se fait enlever par un petit prince de dix-huit ans ; puis sa belle-mère la reprend et c’est elle qui devient « femme d’intérieur », femme à « sentimentales confidences, coupées de détails ménagers, de haltes et de marchandages chez les fournisseurs ». — Et le petit prince don-juanesque, celui-là même qui a appris toutes les ficelles de la courtisanerie à Stanislas, en piochant ce que vous savez ; d’où tient-il ses roueries si subtiles que l’auteur s’écrie, enthousiaste : « Mais il n’a pas dix-huit ans, il a cent ans !
Il n’est pas surprenant que la posterité les mette au rang de ces mémoires satyriques, qui sont curieux uniquement par les faits qu’ils apprennent ou par les circonstances des faits qu’ils rappellent. […] Suivre l’avis d’un homme qui n’a pas d’autre expérience que nous et qui n’a rien appris que nous ne sçachions nous-mêmes, c’est reconnoître en quelque façon qu’il a plus d’esprit que nous.
« Ayant appris que vous aviez dessein de faire ici un voyage, j’avais demandé permission à notre mère de vous voir, parce que quelques personnes nous avaient assurées que vous étiez dans la pensée de songer sérieusement à vous ; et j’aurais été bien aise de l’apprendre par vous-même, afin de vous témoigner la joie que j’aurais s’il plaisait à Dieu de vous toucher ; mais j’ai appris depuis peu de jours une nouvelle qui m’a touchée sensiblement. […] J’ai donc appris avec douleur que vous fréquentiez plus que jamais des gens dont le nom est abominable à toutes les personnes qui ont tant soit peu de piété, et avec raison, puisqu’on leur interdit l’entrée de l’Église et la communion des fidèles, même à la mort, à moins qu’ils ne se reconnaissent. […] Mon talent avec eux n’est pas de leur faire sentir que j’ai de l’esprit, mais de leur apprendre qu’ils en ont. […] Cependant, ayant appris, à force de les entendre, tous les autres rôles, je les jouai successivement, à mesure qu’une actrice se trouvait incommodée : car on représenta Esther tout l’hiver ; et cette pièce qui devait être renfermée dans Saint-Cyr, fut vue plusieurs fois du roi et de toute la cour, toujours avec le même applaudissement. […] Que les méchants apprennent aujourd’hui À craindre ta colère : Qu’ils soient comme la poudre et la paille légère Que le vent chasse devant lui.
Le grand Condé exigeait de lui qu’il le vînt voir souvent, et disait qu’il trouvait toujours à apprendre dans sa conversation. […] Il faut que ceux qui apprennent notre langue dans les écrits des auteurs célèbres, y discernent ces petites fautes, et qu’ils ne les prennent pas pour des autorités. […] Molière joua le rôle de Don Garcie, et ce fut par cette pièce qu’il apprit qu’il n’avait point de talent pour le sérieux, comme acteur. […] Il avait déjà quelques scènes détachées toutes prêtes, il y en ajouta de nouvelles, et en composa cette comédie, qui fut, comme il le dit dans la préface, faite, apprise et représentée en moins de quinze jours. […] Et ce n’était qu’à la dernière scène qu’on apprenait son véritable nom de Tartuffe, sous lequel ses impostures étaient supposées être connues du roi.
Dans cette petite pièce on sent toute l’ardeur de la Renaissance, cette avidité d’apprendre, de dévorer, de s’incorporer les anciens. […] Ainsi, par exemple, Henri IV, qui n’était rien moins que savant, eut un précepteur qui lui apprit un peu de latin ; il en eut même un, La Gaucherie, qui essaya de lui apprendre du grec par forme d’usage, sans grammaire, et qui lui faisait réciter par cœur quelques sentences ou maximes. […] Non, ce n’est point du tout parce qu’il avait appris une vingtaine peut-être de phrases grecques dans son enfance, que Henri IV parlait si lestement son joli français.
Il apprit le latin jusqu’à traduire Tacite tout entier. Il apprit ensuite l’espagnol et l’italien, et il aurait appris le grec si l’on eut voulu, pour mieux entendre les bons auteurs, particulièrement les poètes… » Écoutez La Fontaine qui, dévot alors et bien près de sa fin, fut admis auprès du jeune prince et reçut de ses bienfaits ; il parle comme l’abbé Fleury, et célèbre « ce goût exquis, ce jugement si solide », qui l’élève si fort au-dessus de son âge. […] Il y a quelques années qu’ayant appris que l’on ne devait pas se servir à la collation de riz, épinards, soupes, etc., il prit une résolution qu’il a toujours gardée depuis, de ne prendre le soir que des fruits cuits ou crus, et les jours qu’on lui faisait manger de la viande en carême, il n’usait que des viandes les plus communes, ainsi qu’il me l’a témoigné lui-même. » Oh !
Il semblerait qu’il n’y eût rien de plus simple pour un être aussi merveilleusement doué que d’apprendre à lire ; nous l’avons tous appris à moins de frais : point. […] Sibylle n’apprend à lire que parce qu’elle veut comprendre les inscriptions funéraires qui lui tiennent au cœur. […] Sibylle, je l’admets, est une imagination poétique, un génie naturel comme il s’en rencontre, hardi, élevé, plein d’essor : quand le curé veut lui apprendre son catéchisme, elle raisonne, elle veut savoir le pourquoi des choses ; elle force le bonhomme à se remettre à ses auteurs et à étudier.
Il apprit tout de lui-même ; ses aptitudes allaient le faire réussir. […] Voilà un jeune chef de bataillon, et un Suisse encore, qui vient m’apprendre, à moi, comment je gagne mes batailles. […] C’est apprendre notre secret aux ennemis. […] Depuis ce temps-là nous avons dérogé successivement, parce que ce n’était que par routine que l’on avait appris : de là vient la confusion des usages où chacun a augmenté ou retranché… Il n’y a plus que des usages dont les principes nous sont inconnus… » Cela n’empêchait pas les raisonnements à perte de vue ; le chevalier de Folard ne s’en privait pas ; il y avait dans ses écrits fatras et mélange.
Il exprima le désir d’entendre de sa bouche le récit détaillé et méthodique des campagnes d’Italie, d’Égypte et de toutes celles de l’Empire, en un mot « d’apprendre sous lui l’art de la guerre ». […] M. de Metternich répondit qu’il n’en voyait aucun, et qu’il ne demandait autre chose sinon qu’on apprît au fils de Napoléon, sur ces grands événements historiques, la vérité tout entière. […] Bonaparte apprend leur passage à Milan, il envoie Duroc à franc étrier pour les arrêter ; on les arrête aux frontières du Piémont ; on les ramène à Milan. […] Le maréchal, qui, en vieillissant, avait gardé tout son feu, sa vivacité d’impression et d’intelligence, vécut assez pour apprendre et juger les derniers événements qui ont changé le régime de la France.
On doit aux recherches de M. de Monmerqué les lettres qui ont précédé ; et celles-ci nous apprennent qu’une multitude d’autres sont perdues. […] Ils nous apprennent que « dans le palais de Mademoiselle, ou faisait accueil au mérite, et que tout ce qu’il y avait de beaux esprits, y trouvaient leur place comme chez Mécénas. » Les mémoires de la princesse et son petit roman allégorique de la princesse de Paphlagonie renferment les portraits d’une multitude de personnes célèbres par leur esprit. […] Chaulieu nous apprend, par son épitaphe, que « On vit chez elle incessamment Des plus honnêtes gens l’élite. » Voici ce qu’il dit de sa personne : « Dans ses mœurs quelle politesse !
Elle apprend, en un mot, à respecter la Religion, à écouter la voix de la belle Nature, à aimer son pere, sa patrie, à être citoyen, ami, malheureux, esclave même, si le sort le veut. […] Que les ennemis de sa gloire apprennent que dans ses autres Ouvrages il a de nouveaux titres pour exciter leur jalousie, & les humilier par sa supériorité. […] Quiconque les lira avec attention [& tout le monde devroit s’empresser de les lire], y apprendra à éviter les écueils, à respecter les regles, à préférer le naturel au bel-esprit, les beautés réelles & solides au feu brillant & aux pensées recherchées, l’éloquence de tous les temps à celle du moment.
Cent ans après Ciceron, Quintilien trouvoit déja cette déclamation si remplie de tons effeminez et si lascive, qu’après avoir décidé qu’il faut faire apprendre la musique aux enfans, il ajoute, qu’il n’entend point dire qu’il faille leur faire prendre le goût de la musique, qui de son temps regnoit sur la scéne. […] C’est Ciceron même qui nous apprend que la prononciation des romains de son temps étoit bien differente de la prononciation de leurs ancêtres. […] Comme les femmes sont moins souvent dans le monde que les hommes, elles sont moins sujettes qu’eux à rien altérer dans la prononciation qu’elles ont apprise durant l’enfance.
Oui, mais ce même Horace a prouvé le goût qu’il avait pour les vers, en prenant la peine d’en faire d’excellents ; et vous, tout ce qui ne vous instruit pas, tout ce qui ne vous apprend rien, en un mot, tout ce qui n’est pas lecture utile, ne peut obtenir votre suffrage. […] Mais je ne proscris pas les poésies de pur agrément, pourvu qu’elles contiennent des beautés propres à l’auteur, et par conséquent nouvelles ; je dirai, si vous voulez, en ce sens, que la poésie même me déplaît quand elle ne m’apprend rien. […] Voilà le dieu de l’art des vers, voilà le maître chez lequel il faut l’apprendre.
Tel est l’un des plus curieux éclairs de cette histoire, qui en a d’autres… Henri IV fut toujours plus catholique que protestant, et c’est un catholique qui le dit et qui nous l’apprend. […] Que surtout les ennemis du catholicisme apprennent d’un homme qui ne déclame point une seule fois, qui ne crie point et qui s’est peut-être comprimé le cœur pour ne pas crier, en écrivant ces choses désespérées qui, pour lui, sortent de son livre ; qu’ils apprennent ce que fut ce Sixte-Quint qui aima la France, et même Henri IV, mais qui sut résister à Henri, à la France, à la Ligue elle-même, à l’Espagne, la catholique Espagne, qu’il finit par impatienter, — car, chose curieuse !
que dirait-il, le grand poète, s’il vivait à cette heure du siècle et s’il apprenait tout à coup qu’en France, ce pays de convenance et de goût, il est livré dans une de ses plus belles œuvres aux faiseurs de flonflons, et, comme il les appelait : aux violonneurs ! […] Que dirait-il, quand il apprendrait qu’au fond il était, voyez-vous cela ! […] Forcé d’étudier Homère, comme la tourbe vulgaire des scholars, il ne l’étudia point, et le peu qu’il apprit là de la langue grecque, il nous a dit dans ses Mémoires qu’il l’oublia.
Que nous a-t-elle appris, sinon qu’elle était la sœur de Balzac ?… Paul de Musset ne nous apprend pas qu’il est le frère d’Alfred, puisque nous le savions, et, d’ailleurs, cela n’importe pas ! […] Qu’est-ce que j’ai appris ?
Les poésies que voici nous apprendront que cette Mme Desbordes-Valmore, à la vie cachée, était, par le fond de son âme, aussi passionnée et plus pure que Mme de Staël. […] Elle est trop longue pour être citée tout entière, mais elle a toutes ses strophes dans ce goût, ce mouvement et ce rythme charmant : J’appris à chanter en allant à l’école, Les enfants joyeux aiment tant les chansons ! […] J’appris tous ces chants en allant à l’école, Les enfants joyeux aiment tant les chansons !
Lire avec fruit, c’est « lire les auteurs dont le style peut apprendre à écrire et laisser de côté ceux dont le style n’apprend pas à écrire ». […] S’il y a un art d’écrire, et si cet art se peut apprendre, il faut fréquenter les écoles où on l’enseigne. […] On apprend à dessiner, on n’apprend pas à peindre ; le sens de la couleur est inné et le sens de l’équilibre est une acquisition. […] Et c’est pour cela que Taine est un modèle ; car, puisque le style naturel ne s’apprend pas, il reste que c’est dans Taine et dans les écrivains qui lui ressemblent que l’on apprendra le style qui se peut apprendre. » M. […] Ces distinctions s’apprennent en vivant, en parlant, en lisant.
Il apprend que la maison habitée jadis par Victor Hugo, et qu’il lui semblait convenable d’habiter à son tour, est occupée par une famille anglaise. […] Une lettre anonyme lui apprend que, le 23 septembre, c’est-à-dire le lendemain du premier tour de scrutin, la femme d’un de ses plus zélés partisans a fait demander secrètement une entrevue à l’un des ministres de M.
c’était là que les Grecs apprenaient à vaincre les Perses ; là ils apprenaient à mesurer le danger, à le prévoir, à user tour à tour de force ou d’adresse, à terrasser, à se relever, à lancer des poids énormes, à franchir des barrières, à parcourir rapidement de vastes espaces, à supporter les impressions de l’air, l’ardeur du soleil, les longs travaux, à voir couler leur sueur avec leur sang ; enfin à préférer la fatigue à la mollesse, et l’honneur à la vie.
En accoutumant l’homme à regarder par-delà ses pensées le fonds où elles se forment, elle apprenait aux juges des choses de l’esprit à reconnaître, sous les traits changeants d’une époque, les traits inaltérables de la nature primitive, et l’homme qui demeure le même sous la mobilité des mœurs et des coutumes. […] Ce qu’est le spécieux, Lamotte va nous l’apprendre. « Le vrai mérite, dit-il dans son Discours sur Homère, consiste à reconnaître les défauts partout où ils sont. […] Le soin même qu’il prend de cacher, sous la forme de conjectures, sa foi si ferme dans l’avenir illimité de la science, nous gagne à cette foi, et ajoute au plaisir d’apprendre des découvertes accomplies une féconde curiosité des découvertes futures. […] Mais il fallait l’universalité de Fontenelle pour faire valoir cette idée, et pour apprendre à l’Europe savante quelle était sa part dans ce travail si divers, par lequel s’améliore incessamment la condition matérielle de l’homme. […] Nous continuons à douter qu’il soit dans les desseins de Dieu que nous étouffions de nos mains la lumière qui luit en chaque homme venant au monde ; mais nous demandons à Pascal son secours pour apprendre dans le christianisme la science de nous-mêmes et la règle de notre vie.
vous m’auriez appris à connaître la vertu ! […] Mme du Deffand, on l’apprend aussi par là, eut beaucoup à faire pour réparer, pour regagner la considération qu’elle avait su perdre même dans ce monde si peu rebelle. […] Je ne les ay cependant appris que par les nouvelles d’Allemagne. […] On ne sauroit commencer trop tôt : on ne la possède bien que quand on l’apprend dans la première enfance. […] Notre vénérable et agréable confrère, M. de Féletz, nous apprend là-dessus des choses intéressantes qui sont pour lui des souvenirs.
Si on peut apprendre à écrire ? […] Si on peut apprendre à écrire ? Il s’agit des éléments d’un métier, de ce qui s’enseigne aux peintres dans les académies : on peut apprendre cela ; on peut apprendre à écrire correctement à la manière neutre, comme on grava à la manière noire. […] On peut apprendre à écrire très bien, ce qui est une autre façon d’écrire très mal. […] Une langue très utile est beaucoup plus facile à apprendre qu’une langue de luxe.
Arrivé dans ce bas séjour, Comme j’ai le cœur assez tendre, Je résolus d’abord d’apprendre Comment on y traitait l’amour. […] On apprend à le dire en prose.
Mais enfin elle en apprend assez pour faire connaître, mépriser, haïr même cette cour impure ; car c’est trop peu de la raillerie contre tant de honte, entretenue à si grands frais par un peuple. […] Mais lisez madame du Hausset, et elle vous apprendra quels ministres étaient bien ou mal avec madame, et pourquoi ; ce que c’était que le petit abbé de Bernis, qui menait de front une poésie légère, une intrigue d’amour, une partie de chasse et une guerre désastreuse ; ce que c’était que M. de Choiseul qui le supplanta, grand seigneur, de fort bonne mine, si ami de madame qu’on le disait doublement ministre du roi, et de quelle honnête manière il décachetait les lettres avec un gobelet d’eau tiède et une boule de mercure ; vous y verrez comment Machault fut ingrat envers sa bienfaitrice qui avait payé ses dettes, et comment elle brisa cette créature infidèle ; vous y remarquerez surtout la disgrâce de d’Argenson, ministre ennemi de la marquise : ce jour-là, il y eut des évanouissements et des sanglots ; la femme de chambre apporta des gouttes d’Hoffmann ; le roi lui-même arrangea la potion avec du sucre, et la présenta de Voir le plus gracieux à madame.
Mais alors les voies littéraires n’étaient pas préparées au génie ; les langues, celles du nord en particulier, n’étaient pas faites, ou n’étaient pas polies : il n’y avait qu’une seule langue commune à tout le monde savant, et vraiment digne de lui ; l’enfant qu’on destinait aux lettres l’apprenait en naissant, et le latin pour lui était presque la langue de sa nourrice. […] Il apprit tout ce qu’on enseignait à cette époque, et dans ce pays de si vaste savoir.
Apprends encore mieux comment tu arriveras à l’autre bord. […] Bientôt les Burgondes apprirent ce qui venait d’arriver. […] Mon père ne m’apprit pas cela. […] Puisque vous voulez me venir en aide, ainsi que je l’apprends, l’affaire deviendra très-périlleuse pour ces guerriers. […] Je m’étonne de ce qui se passe, et qu’allez-vous m’apprendre ?
Le monde passe et change en passant, à chaque petit hasard industriel qui apprend à coudre sans dé et sans main ou à faire un nœud servant de tête à un clou ou de tête à une épingle. […] Tullie et Rocca se séparèrent même bientôt de leur amie : Tullie, appelée à Constantinople par les Paléologues, dont elle était l’alliée, périt au sac de cette capitale ; Rocca alla mourir à Venise, sans qu’on nous apprenne ni les causes de son départ, ni les circonstances de sa mort. […] Au commencement de l’automne, la Gazette de France nous apprit que les poésies de Clotilde avaient paru, et qu’une admiration unanime accueillait cette résurrection du passé. […] Je ne me contentai pas de le lire, je l’appris par cœur, seulement en le lisant. […] Oui, m’apprenez, coulple d’oyseaulx fideles, Qu’en pareil cas ne reste qu’à mourir.
, et apprendre à la France et au monde, les noms de deux hommes de lettres de plus : MM. […] , je n’estime pas beaucoup meilleur le volume, mais je le regarde, ainsi que Mme Sand m’a appris à le considérer, comme un intéressant embryon de nos romans de plus tard, comme un premier livre, contenant très curieusement en germe, les qualités et les défauts de notre talent, lors de sa complète formation, — en un mot, comme une curiosité littéraire, qui peut être l’amusement et l’instruction de quelques-uns. […] la voici : quand nous l’avons écrit, nous n’avions pas encore la vision directe de l’humanité, la vision sans souvenirs et réminiscences aucunes d’une humanité apprise dans les livres. […] Et qu’il cherche l’Art et la Vérité ; qu’il montre des misères bonnes à ne pas laisser oublier aux heureux de Paris ; qu’il fasse voir aux gens du monde ce que les dames de charité ont le courage de voir, ce que les Reines autrefois faisaient toucher de l’œil à leurs enfants dans les hospices : la souffrance humaine, présente et toute vive, qui apprend la charité ; que le Roman ait cette religion que le siècle passé appelait de ce vaste et large nom : Humanité ; — il lui suffit de cette conscience : son droit est là. […] Je veux savoir et je crains d’apprendre.
Championnet demanda au général en chef Jourdan le nom de cet officier précieux et désira l’avoir avec lui pour commander son avant-garde ; et quand peu de temps après Friant passa général, il lui apprit sa nomination en ces termes tout empreints de la camaraderie républicaine : Le représentant du peuple Gillet vient de rendre justice à ton mérite ; il t’a nommé général de brigade. […] Après la capitulation, et en mettant le pied en France, Friant écrivit au général Bonaparte, premier consul, une lettre où il n’accusait personne, mais où sa réserve seule parlait assez : Vous avez sans doute appris les malheurs de l’armée d’Orient et la perte de la colonie, et vous aurez appris également combien les divisions qui ont régné entre plusieurs de nous y ont contribué.
La comédienne le lui apprit courtoisement. […] Se retournant vers Vittoria, elle lui dit que si son honneur ne lui défendait pas de se commettre avec une actrice, elle lui apprendrait à vivre, et elle rentre chez elle. […] On amène Silvia qui apprend que son amant lui rend sa tendresse.
Qui nous a appris à connaître les analogies véritables, profondes, celles que les yeux ne voient pas et que la raison devine ? […] L’exemple de Maxwell nous apprend encore autre chose. […] Loin de là ; ce qu’elles doivent nous apprendre surtout, c’est ce qu’on peut et ce qu’on doit y changer.
La mémoire des mots consiste à apprendre facilement par cœur, et à retenir plus ou moins longtemps ce qu’on a appris ; le sens du langage est le talent de la philologie, l’habileté à apprendre et à comprendre les langues.
C’est aux banquets de ces législateurs chantants qu’il étudia le code de la gaieté ; c’est à leur joyeuse école qu’il apprit à soumettre la folie même aux préceptes de la raison. […] Elle apprend à connaître, à juger les peuples ; elle est pour les moralistes ce que les médailles sont pour les antiquaires. […] La religion était en honneur, car les fripons se couvraient de son masque pour usurper l’estime publique ; Tartuffe nous l’apprend.
C’était le bon moyen, en effet, d’apprendre ce qu’il ignorait ou d’assurer ce qu’il croyait savoir. […] C’est là un spectacle déconcertant et cruel pour des parlementaires malades de leurs institutions rentrées, et qui s’en vengent en écrivant de ces généralités désintéressées : « Une nation fatiguée de longs débats « consent volontiers qu’on la dupe, pourvu qu’on la « repose, et l’histoire nous apprend qu’il suffit alors « pour la contenter de ramasser dans tout le pays « un certain nombre d’hommes obscurs et dépendants, « et de leur faire jouer devant elle le rôle d’une « assemblée politique, moyennant salaire. » Voilà comme Tocqueville entend le trait. […] Tocqueville ne nous apprend rien.
Boufflers ne put jamais lui apprendre à faire correctement un vers. Ce qui est plus grave, c’est qu’il voulut lui apprendre le latin, et qu’elle l’apprit, et qu’elle faillit ainsi devenir un bas-bleu, la tendre femme !
Ses amis ont eu la bonté d’apprendre au monde que le talent de l’auteur de Tolla faisait sortir de terre les testaments et les donations, et que, comme Burke et Chatham, il avait trouvé des duchesses de Marlborough qui, par fanatisme d’admiration, avaient versé sur sa tête la corne d’abondance de toute une fortune ! […] Ce qu’elles imaginent, vous allez l’apprendre. […] Que fera la Chermidy quand elle apprendra à Paris que Germaine va mieux à Corfou, car pour sa poitrine et pour les besoins de description de M.
Apprenons-le, si nous l’ignorons. […] Mirbeau ne lui apprendront rien. […] La rhétorique nous apprend pareillement ce qu’il ne faut ni écrire ni dire. […] Le plus renommé des conquérants regardait Homère comme un maître qui lui apprenait à régner. Ce grand poète n’apprenait pas moins à bien obéir et à être bon citoyen.
Peu à peu j’apprendrai mieux sa tactique et ses mœurs. […] Louise Ducot et Daniel Lesueur répètent, en vers généralement soignés, les leçons qu’on vient de leur apprendre. […] Et seul l’enseignement grammatical lui a profité ; elle n’a pu apprendre à composer un livre ou même un chapitre. […] Les plus grands exploits de ce perroquet sont de répéter dans un ordre un peu différent les phrases qu’on lui apprit. […] Savez-vous comment l’époux apprend l’adultère ?
Il me dit que oui. « Apprenez donc à un chacun à faire son métier. […] Je mets cette parole à côté de celles que Henri IV écrirait au landgrave de Hesse, au moment des intrigues recommençantes du duc de Bouillon (octobre 1605) : Mon cousin, j’ai voulu décharger mon cœur avec vous de toutes ces choses, afin que vous sachiez que, si ces entreprises et offenses m’ont fait monter à cheval et ont à bon droit ému mon courroux, elles n’ont pourtant changé ni altéré mon naturel ni mon inclination, l’expérience que j’ai des choses du monde m’ayant appris d’être plus prudent que vindicatif en la direction des affaires publiques. […] Maintenant est-il nécessaire d’ajouter que Henri IV savait un peu de latin ; qu’il avait traduit, sous son précepteur Florent Chrétien, les Commentaires de César, et que sous un autre de ses précepteurs, La Gaucherie, il avait même appris par cœur deux ou trois sentences grecques ? […] Par exemple, il dira (page 92) que les brocards qu’on n’épargnait pas au jeune roi de Navarre au Louvre, dans les premières années de son mariage, lui apprirent la patience « et les longs supports », au lieu de : à supporter longuement, etc.
Son père veut le marier ou fait semblant de le vouloir, et sur l’heure ; la suivante de Glycère, Mysis, très attachée à sa maîtresse, apprend cette nouvelle de quelques paroles échappées à Pamphile dans son trouble ; elle le voit hésitant, elle craint qu’il ne cède par égard pour son père, et qu’il n’abandonne cette jeune fille enceinte et tout près d’accoucher. […] C’est Ménédème qui parle : Lorsque l’on m’eut appris l’effet de ma rigueur, Je retournai chez moi, triste, comme on peut croire. […] Micion tout à l’heure était troublé de l’absence d’Eschine ; Déméa vient lui apprendre tout ce que le libertin a commis d’excès cette nuit même, et dont toute la ville est indignée. […] Térence peintre de l’homme, ce n’est rien d’absolu dans la morale ni dans la vie : c’est croire qu’on a toujours quelque chose à apprendre, toujours à modifier et à corriger selon l’âge, le moment, la pratique et l’expérience.
Ce qui est plus fin que la pensée ne peut être appris que par l’habitude. […] Il faut renoncer à tout ce qui ne peut s’apprendre que par tel genre de vie, et non par des combinaisons générales, quand ce genre de vie n’existe plus. […] Mais si la politesse est la juste mesure des relations des hommes entre eux, si elle indique ce qu’on croit être et ce qu’on est, si elle apprend aux autres ce qu’ils sont ou ce qu’on les suppose, un grand nombre de sentiments et de pensées se rallient à la politesse. […] Une probité sévère inspire une confiance si noble, un calme si pur, qu’il est bien rare qu’elle ne fasse pas deviner, dans quelque état que l’on soit, tout ce qu’une bonne éducation aurait appris.
Avant Buffon, on n’étudiait que l’individu, on négligeait l’espèce ; il apprit à mieux étudier l’un, et il créa la science de l’autre. […] On les apprend avec une secrète joie, on a plaisir à les savoir ; mais il n’en passe rien de la tête au cœur, et elles n’ont aucun effet appréciable sur la vie morale. […] La science, qui la première nous a appris les grands titres de Buffon, nous a mis en garde contre le principal défaut de l’Histoire naturelle des animaux. […] Les hypothèses des Époques de la nature ont été corrigées ; leurs vérités subsistent, et telle en est la grandeur et la fécondité, que la science reconnaissante écrit ses réserves, à titre de simples notes, au bas du texte glorieux où la France et l’Europe les ont apprises pour la première fois.
Le banal et superficiel déchirement de l’époque : la lutte pour rire entre un faible rationalisme appris et une faible foi apprise, enfant scrofuleux et vieillarde mourante ; entre un pessimisme qui est peut-être la vérité et une religion qui est peut-être le bonheur, qui, dans tous les cas (Bourget en est certain comme Brunetière) est aujourd’hui la meilleure savonnette à vilains. […] Un jour j’observai certaine maritorne de ma connaissance accoudée devant la Joconde, et qui croyait apprendre à sourire. […] C’est aussi bête, aussi flagorneur et aussi lâche que la critique sans épithète, quand un Jules Lemaître et un Gaston Deschamps s’en font un honnête moyen de parvenir en rampant ou y montrent souriants, sous le voile incertain des sottises qu’on leur apprit, la solidité primitive de leur sottise foncière.
Au chapitre sur les météores et les principaux souffles des vents, il faut l’entendre parler des anciens observateurs grecs et de leur supériorité relative : Mon étonnement est extrême, dit-il, quand je vois que dans le monde, autrefois si plein de discordes et divisé en royaumes comme en autant de membres, un aussi grand nombre d’hommes s’est livré à la recherche de choses si difficiles à trouver, et cela sans en être empêchés par les guerres, par les hospitalités infidèles, par les pirates ennemis de tous, et interceptant presque les passages ; et cela avec un tel succès, que, pour des lieux où ils ne sont jamais allés, on en apprend plus sur certains points, à faire de leurs livres, que par toutes les connaissances des habitants. […] Et Pline nous apprend que, tandis que l’usage général à Rome était déjà de brûler les corps, la famille Cornelia, ainsi que quelques autres familles, avait conservé les rites anciens qui consistaient à les enterrer. […] Il faut voir dans le texte (car les meilleures traductions sont pâles en ces endroits) avec quelle effusion il célèbre ce beau génie, le seul que le peuple romain ait produit de vraiment égal à son empire : « Je te salue, ô toi, s’écrie-t-il, qui le premier fus nommé Père de la patrie, toi qui le premier méritas le triomphe sans quitter la toge… » À quelques livres de là nous apprenons à regret que le fils indigne de l’illustre orateur était un buveur éhonté ; qu’il se vantait d’avaler d’un seul trait des mesures de vin immenses ; qu’un jour qu’il était ivre, il jeta une coupe à la tête d’Agrippa : « Sans doute, dit ironiquement Pline, ce Cicéron voulait enlever à Marc-Antoine, meurtrier de son père, la palme du buveur. » Le livre de Pline sur l’Homme est rempli de particularités, d’anecdotes intéressantes et qu’on ne trouve que là. […] Il nous apprend que Ménandre, le prince des poètes comiques, à qui les rois d’Égypte et de Macédoine rendaient un si bel hommage en le demandant avec une flotte et des ambassadeurs, refusa leurs offres, et s’honora encore davantage en préférant le sentiment littéraire, la conscience des lettres (c’est le mot de Pline), à la faveur des rois.
Une autre, dans le même temps, marie son fils dans une famille considérée et prospère, à une belle jeune fille qui a appris le devoir comme on apprend les choses dont on a la vocation. […] Quant au talent de dire, on vous soupçonnait à tort de réciter une leçon apprise. […] Dites-moi le nom de ce conseiller si sage que je l’apprenne à mes enfants ! […] En candidat bien appris, il ne manqua pas de me dire qu’il les avait lu tous. […] On apprenait sa France par échantillons.
— Survient M. le comte Léopold de Vurzbourg, étourdi, prodigue, mauvais sujet, qui a appris la mort de son oncle le feld-maréchal, et qui arrive bon train, à grandes guides, pour venir recueillir une succession immense, dont il doit déjà une bonne part à de gracieux usuriers qui lui ont prêté, au denier vingt, par avancement d’horie. […] Ce singulier mariage va s’accomplir, lorsque Léopold apprend la vérité, toute la vérité, sur le compte de mademoiselle de Moldaw.
Pour savoir celles-ci à la cour, il aurait fallu les apprendre, et à la cour on apprend le moins qu’on peut.
Madame de Montespan avait remarqué que madame de Soubise mettait des pendants d’oreille d’émeraude les jours que M. de Soubise allait à Paris ; elle fit suivre le roi un de ces jours-là, et il se trouva que c’était effectivement le signal d’un rendez-vous L’intrigue du roi avec madame de Soubise inquiéta madame de Montespan : une lettre de madame de Sévigné nous apprend le 7 août que madame de Montespan redoublait de soins pour sa parure, qui y dit-elle, est extrême comme sa beauté et sa gaîté, ajoute-t-elle, est extrême comme sa parure. […] Monsieur y devait aller, peut-être même avec madame de Montespan. » Dans sa lettre du 2 septembre, après le retour de Maintenon, madame de Sévigné écrivait : « La faveur de madame de Maintenon est extrême. » Le 4, on apprend que « Quanto (madame de Montespan) n’a point été un jour à la comédie, ni joué deux jours ».
On ne les lit plus, nous l’avons déja dit, que pour s’occuper agréablement, dès qu’on est sorti du college, et non pas comme on lit les historiens et les philosophes, c’est-à-dire pour apprendre. […] L’important c’est la verité, c’est la singularité des faits qu’il nous apprend.
» Et je répondis, pour avoir matière de parler : « Nenni. » — « Et je vous le dirai, dit l’écuyer, afin que vous le mettiez en mémoire perpétuelle quand vous serez retourné dans votre pays et que vous aurez de ce faire plaisance et loisir. » De cette parole je fus tout réjoui et répondis : « Grand merci. » Notez qu’à la première question que lui adresse l’écuyer, s’il a déjà entendu parler de ce voyage, Froissart fait semblant de n’en rien savoir pour mieux tout apprendre. […] Ici toutefois un autre désir se mêle à la curiosité, et la réflexion y a sa part ; il se sent à l’aise avec l’écuyer Crystède, et il le presse plus peut-être qu’il ne ferait un autre : Je veux, lui dit-il, vous demander une chose qui ne laisse pas de me faire grandement émerveiller, et que j’aimerois à apprendre de vous si vous la savez ; et vous en devriez savoir quelque chose : c’est la manière dont ces quatre rois d’Irlande sont venus sitôt en l’obéissance du roi d’Angleterre, tandis que le roi son aïeul, qui fut si vaillant homme, si craint et partout si renommé, ne les put soumettre et les a toujours eus pour ennemis. […] Le prince de Galles, partant de Bordeaux, s’était mis à faire une chevauchée dans le Limousin et le Berry ; ce qu’apprenant le roi Jean, il passa la Loire à la tête d’une nombreuse armée : « Si pouvez bien croire et sentir que là étoit toute la fleur de France, de chevaliers et d’écuyers, quand le roi de France et ses quatre enfants y étoient personnellement. » — Ayant passé la rivière deVienne, l’armée du roi arrivait devant Poitiers, quand les coureurs du prince de Galles donnèrent sur la queue de son armée, et le roi apprit que les ennemis qu’il cherchait en avant étaient plutôt derrière lui. […] [NdA] Les batailles de Crécy et de Poitiers sont les premières batailles données en France dont les historiens aient pris soin de nous apprendre la disposition avec quelque exactitude. On apprend ce qui les fit perdre, on s’en rend compte.
Pierre-Jean de Béranger, comme sa chanson du Tailleur et de la Fée nous l’apprend, est né à Paris, en l’an 1780 (19 août), chez un tailleur, son pauvre et vieux grand-père du côté maternel. […] Mais, dans cette éducation à la romaine, on n’apprenait pas le latin ; ce qui fit que Béranger ne le sut pas. […] Ce fut le temps où il se mêla de plus près à toutes les classes et à toutes les conditions de la vie, où il apprit à se sentir vraiment du peuple, à s’y confirmer et à contracter avec lui alliance éternelle ; ce fut le temps où, dépouillant sans retour le factice et le convenu de la société, il imposa à ses besoins des limites étroites qu’ils n’ont plus franchies, trouvant moyen d’y laisser place pour les naïves jouissances. […] C’était l’accomplissement de son rêve : le monde, la vie alentour et sous sa main dans leur infinie diversité ; pas d’étiquette apprise, pas de poétique, et tout le dictionnaire. […] Quand on imprima son premier recueil, le public chantant n’y apprit rien qu’il ne sût à l’avance : c’eût été de même pour les suivants ; quelques copies distribuées de la main à la main auraient suffi ; la tradition vivante, l’harmonieuse clameur l’aurait soutenu et sauvé de toutes parts, comme on le rapporte des anciens poëtes.
Nous apprenons ainsi (je vous fais grâce de ses ascendants) qu’il était né à onze mois, fut mis en nourrice au village, apprit le latin avant le français, était éveillé en son enfance au son des instruments, reçut les verges deux fois, joua des comédies latines au collège de Guyenne ; qu’il était de taille au-dessus de la moyenne, assez peu porté aux exercices du corps et à tous les jeux qui demandent de l’application physique, qu’il avait la voix haute et forte, un bon estomac, de bonnes dents, dont il perdit une passé cinquante ans, qu’il aimait le poisson, les viandes salées, le rôti peu cuit, le vin rouge ou blanc indifféremment, et trempé d’eau ; qu’il était sujet au mal de mer, et ne pouvait aller ni en voiture, ni en litière sans être malade, mais en revanche faisait de longues traites à cheval, même en pleine crise de coliques néphrétiques ; qu’il ne prenait pas de remèdes, sauf des eaux minérales, et qu’il gémissait sans brailler, quand la gravelle le tenait. […] 2° Il faut apprendre à mourir, ou plutôt à supporter la pensée de mourir ; car la mort elle-même n’est rien. […] Il fuit trop la peine pour son élève : il n’en fera qu’un charmant garçon, qui ne saura rien solidement, qui ne saura même pas apprendre ni vouloir apprendre, un amateur ayant dégusté la mousse de la science, un causeur aimable de salon.
On tremble pour sa grâce native, quand on rapporte que, dans son enfance, elle voulut apprendre le latin sous le même maître que ses frères et l’on n’est rassuré qu’en lisant l’humble réflexion de sa sœur : « Elle ne faisait cela que dans des vues de piété et pour mieux comprendre les offices de l’Église », écrivait dernièrement cette sœur, avec l’accent du plus naïf des légendaires. […] Sans décliner l’impertinence, nous avons trouvé original et piquant de savoir le détail, heure par heure, des jours qu’a passés sur la terre une fille digne d’atteindre à tous les sommets, et voici ce que nous avons à apprendre aux demoiselles les mieux élevées, qui vont effeuiller des camélias aux Italiens : « Elle se levait à six heures du matin lorsqu’elle n’était pas souffrante. […] Elle ne lui lisait pas la Bible, en hébreu, comme les filles du poëte anglais la lisaient à ce grand Attentif qui roulait, sous l’arcade pure et fière de son front éteint, les rêveries qui devaient plus tard devenir le Paradis perdu ; mais, plus âgée que Maurice de quelques années, elle apprenait à l’auteur futur de la Bacchante et du Centaure à épeler ses premiers mots dans la Bible de la nature. […] … Si la gloire atteint Guérin un jour, — et elle l’a atteint, quoiqu’on n’ait jamais tort de douter de la justice de cette fille des hommes, — Mlle Eugénie, sa sœur Eugénie au front pâle et doux (comme il dit, modeste pour elle), doit remporter sur toutes les sœurs de poëte, dont les frères nous ont appris les noms et chez qui l’Épouse, la Mère, la Femme enfin, rayonnant en sentiments divers, ont diminué la sœur et comme fané la virginité de sa tendresse. […] … elle se fût peut-être bleuie… Le monde, qui est toujours funeste et dépravant, même quand il admire, lui aurait appris qu’il y avait en elle un charme et une puissance, et ses facultés auraient été moins ingénues… C’était là l’écueil.
Simonds, ce fut sa péroraison, où il apprit à l’auditoire qu’« on ne saurait faire un artiste ». […] L’exposition, nous avons été heureux de l’apprendre, a été un succès financier. […] Sladen nous apprend avec un orgueil bien excusable que les endroits imprimés en italique sont de sa façon. […] Clarke, qu’on trouvera le grotesque, l’étrange, les mystérieux gribouillages de la Nature qui apprend à écrire. […] Quant à l’éducation, la véritable sagesse ne peut être ni apprise, ni enseignée.
Les leçons d’une fausse logique apprennent enfin au bourgeois Strépsiade à ne point payer ses dettes, tandis que son fils, instruit à la même école de morale, y apprend de son côté qu’il a le droit de battre son père. […] c’est que le tableau des vices du monde n’y est tracé en tous ses détails que pour apprendre à la vertu qu’elle doit être tolérante, sans quoi elle cesse d’être sociable. […] Vous n’apprendrez point à éviter le danger d’une manie qui vous fait rire, en trouvant sujet de rire d’une manie opposée. […] La comédie veut les corriger de ce travers de passion qui nuit à leur repos, et leur apprendre à s’aimer en paix. […] « — Cela lui apprendra à vouloir satiriser tout.
J’appris qu’il y avait, dans un couvent, une religieuse qui faisait des miracles. […] Il n’a pas, comme jadis, un intérêt direct à ce que tous ses élèves apprennent quelque chose. […] C’est ce que m’apprend un journal du matin. […] C’est toute une vie nouvelle qu’il me faudra apprendre lentement. […] Il faut que Théodora apprenne ses rôles, il faut qu’elle les répète ; et je vous assure que cela est dur.
« Les sorcières sont venues à moi au jour du succès, et j’ai appris par le plus incontestable témoignage qu’en elles résidait une intelligence plus qu’humaine. […] Ainsi je suis pour vous une occasion d’apprendre à prier Dieu de nous récompenser de vos peines, et à nous remercier de l’embarras que nous vous donnons. […] Pendant que Macbeth traite ses amis dans la salle du festin, il apprend que Fleance son fils a échappé à l’assassinat. […] … XIII Macduff apprend presque aussitôt la mort de ses enfants. […] J’appris quelques jours après que j’avais été, comme sa femme, trompé sur son état et que sa belle âme était remontée à Dieu inopinément, en me laissant comme monument de tendresse, et en encourageant sa veuve à me laisser, après lui, la meilleure partie de son héritage.
A son retour en Champagne, il apprend la mort de son seigneur Thibault, qui devait commander la croisade. […] On sait seulement qu’il succédait à son père, vers 1240, en qualité de sénéchal de Champagne ; et lui-même nous apprend qu’à une grande cour tenue par Louis IX à Saumur, il tranchait, c’est-à-dire qu’il était écuyer tranchant. […] Froissart avait quelque culture littéraire et avait appris le latin ; il dit dans ses poésies de quel prix il avait payé le peu qu’il en savait : Car on me fist latin apprendre ; Et se je varioie au rendre Mes liçons, j’estoie batus5. […] Il avait lu le Dante, et il avait pu apprendre dans Salluste, que traduisait un de ses contemporains, les devoirs de l’historien. […] Le plus illustre fut Charles Chastelain, nom que j’apprends, peut-être, à quelques-uns de ceux qui lisent cette histoire.
Vous croyez le savoir, et c’est souvent en travaillant que vous commencez à l’apprendre. […] La déprécierez-vous, si vous apprenez, ce qu’elle a coûté ?
C’est dans cet esprit que le volcan de Ténériffe fut pour Humboldt la clef des grands mystères de la vie générale ; il découvrit les différents moyens que la nature emploie pour créer et pour détruire, il apprit ainsi à faire d’un fait isolé la mesure des faits généraux. […] Dans les derniers jours de son voyage, Humboldt devait encore apprendre à connaître les douloureuses angoisses de la maladie à bord. […] En réalité, qu’apprenait au monde ce voyage déclaré classique en naissant ? […] Ce fut avec un sentiment de sympathie et de vénération générale que Berlin apprit, ce jour-là, que la mort avait fini ses souffrances. […] Rien au monde ne peut m’être plus agréable que d’apprendre que tu me conserves ton amitié.
Car je suis vieux, voyez-vous, mes braves gens, il y a longtemps que ma barbe est blanche ; j’ai vu passer et repasser bien des nuages sur de beaux jours et ressortir bien de beaux jours des nuages, et j’ai appris qu’il ne fallait pas trop se presser, même dans ses bons desseins, de peur de les faire avorter en les pressant de donner leur fruit avant l’heure, car il y a des choses que Dieu veut faire tout seul et sans aide ; quand nous voulons y mêler d’avance notre main il frappe sur les doigts, comme on fait aux enfants qui gâtent l’ouvrage de leur père ! […] Nous restâmes douze grands jours sans le voir remonter et sans rien apprendre de ce qui se passait en ville. […] Un capucin venait tous les matins, à l’aube du jour, dire la messe pour tous les prisonniers ; ils l’entendaient, à travers la porte ouverte, chacun, de sa lucarne ouvrant sous le cloître ; cela les consolait de voir et d’entendre qu’on priait du moins pour eux ; c’était moi qui servais la messe du capucin, armée d’une petite sonnette de cuivre qu’on m’avait appris à sonner à l’élévation ; c’était moi qui lui versais le vin et l’eau des burettes dans le calice. […] Ce n’était pas là ce que ma tante m’avait appris en me faisant répéter mon catéchisme. […] Il nous bénit mille et mille fois de notre condescendance à son amour, et il nous répéta tout ce que le père Hilario lui avait appris de la condescendance de l’évêque ; outre le souci qu’il avait de nous, en nous laissant dans la misère par son supplice, dans ce supplice il ne semblait redouter qu’une chose, c’est que sa mort ne fût avancée par quelque événement avant que le prêtre eût accompli sa promesse, en bénissant cette union secrète et en consacrant sa passion devant l’autel.
Les jours de promenade à Issy, il m’emmenait sur les hauteurs de la Solitude, et là il m’apprenait le syriaque. […] Il me semble même parfois que tout ce que je n’ai pas appris de lui, je ne l’ai jamais bien su. […] Carbon qui, avec sa bienveillance ordinaire, m’annonça en souriant cette bonne nouvelle, et m’apprit que la compagnie me donnait pour honoraires une somme de trois cents francs. […] La nécessité de pousser aussi loin que possible mes études d’exégèse et de philologie sémitique m’obligea d’apprendre l’allemand. […] Le catholicisme que j’ai appris n’est pas ce fade compromis, bon pour les laïques, qui a produit de nos jours tant de malentendus.
À midi, il dînait d’une grande variété de mets ; il faisait collation peu d’instants après vêpres, et, à une heure de nuit, il soupait, mangeant dans ces divers repas, toutes sortes de choses propres à engendrer des humeurs épaisses et visqueuses. » Même dans le cloître où il s’était retiré pour soigner la double santé de l’âme et du corps, il ne mettait (son médecin Mathys nous l’apprend) aucun frein à ses envies, et ne se privait ni de fruits ni de poissons : « Dans la saison des fruits, Charles-Quint commençait son dîner en mangeant une grande quantité de cerises et de fraises, celles-ci accompagnées d’une écuelle de crème : ensuite il se faisait servir un pâté assaisonné d’épices, avec du petit salé bouilli et du jambon frit. […] Il habitait, déjà depuis plus d’une année le cloître qu’il était encore de nom et de droit empereur, et il n’eut la satisfaction d’apprendre qu’enfin il n’était plus rien et de pouvoir se nommer Charles tout court que dans les derniers mois de sa retraite. […] Les affaires sont si accoutumées à lui qu’elles le cherchent partout où il est et le poursuivent : il ne peut, quoi qu’il fasse, boucher ses yeux et ses oreilles ; il s’impatiente dès le premier jour d’apprendre que le duc d’Albe qui, au nom de Philippe II, faisait la guerre au Pape, a conclu trop vite une suspension d’armes désavantageuse ; il en est si contrarié qu’il ne veut pas même entendre lire les articles de la trêve. […] S’il apprend avec douleur que le roi n’a pas été présent à la bataille de Saint-Quentin, il dissimule et déguise son mécontentement.