Surtout il ne s’embarrasse guère des anciens, qu’il a lus légèrement. […] Tout cela nous explique le tour que prit la querelle des anciens et des modernes, et pourquoi en somme Boileau y fut vaincu. […] Le Maistre à Démosthène dans les collèges, l’opinion publique était secrètement complice de Perrault, et de plus en plus concevait qu’on pouvait se passer des anciens et trouver la perfection dans les ouvrages des Français. […] Au fond, le culte des anciens n’est plus qu’un formalisme frivole : l’éducation classique range un homme dans la bonne société. […] Sous ce respect de convention, on le suit à peu près autant que les anciens.
Il accueillait les idées et les formes modernes dans une certaine mesure ; il ne pensait pas que les anciens eussent d’avance tout trouvé. […] Il affectionne ce dernier mot, et il l’emploiera même dans un de ses rapports au Conseil des Anciens, en parlant de la division du pouvoir législatif en deux sections. […] Nommé membre du Corps législatif en 95, il fut appelé par son âge à faire partie du Conseil des Anciens, et il appartient désormais à toute la France. […] Vingt mille citoyens étaient intéressés dans cette disposition générale, dans cette résolution que le Conseil des Cinq-Cents avait déjà votée, et que l’éloquence de Portalis fit échouer au Conseil des Anciens. […] Les anciens Conventionnels n’avaient décidément confiance qu’en ceux qui avaient donné des gages à la Révolution ; et quels gages !
La premiere erreur est d’égaler trop tost un ouvrage à ceux des anciens. La seconde est de le supposer plus éloigné de la perfection des ouvrages des anciens qu’il ne l’est en effet. […] Admirateur des anciens sans entousiasme, leur lecture l’échauffoit et lui servoit de trépied. […] Je dis en second lieu, que le public fait quelquefois une autre faute en jugeant les ouvrages des contemporains plus éloignez qu’ils ne le sont de la perfection où les anciens ont atteint. […] Parlons des préjugez sur lesquels on peut, non pas attribuer, mais promettre à des ouvrages publiez de nos jours et de ceux de nos peres, la destinée d’être égalez aux anciens par la posterité.
Que l’ancien droit romain à son premier âge fut un poème sérieux, et l’ancienne jurisprudence une poésie sévère, dans laquelle on trouve la première ébauche de la métaphysique légale. — Comment chez les Grecs la philosophie sortit de la législation Il y a bien d’autres effets importants, surtout dans la jurisprudence romaine, dont on ne peut trouver la cause que dans nos principes, et surtout dans le 9e axiome [lorsque les hommes ne peuvent atteindre le vrai, ils s’en tiennent au certain]. […] C’est la grande source de tout l’ancien droit romain, et ceux qui ont rapproché les lois athéniennes de celle des douze tables, conviennent que ce titre n’a pu être importé d’Athènes à Rome. […] Ainsi tout l’ancien droit romain fut un poème sérieux que les Romains représentaient sur le forum, et l’ancienne jurisprudence fut une poésie sévère. Dans l’introduction des Institutes, Justinien parle des fables du droit antique, antiqui juris fabulas ; son but est de les tourner en ridicule, mais il doit avoir emprunté ce mot à quelque ancien jurisconsulte qui aura compris ce que nous exposons ici. […] Dans les cas où il s’agit de transférer la propriété, c’est cette même volonté qui valide la tradition naturelle et opère l’aliénation ; ce ne fut que dans les contrats verbaux, comme la stipulation, que la garantie du contrat conserva le nom de cause pris dans son ancienne acception.
De leur apparition soudaine, même dans les strates fossilifères les plus anciennes. — X. […] Nous oublions que des groupes d’espèces peuvent avoir longtemps existé autre part et s’y être lentement multipliés, avant d’immigrer dans les anciens archipels de l’Europe et des États-Unis. […] Nous n’avons pas davantage le droit de supposer que toutes les mers de l’ancien monde ont toujours été ouvertes et libres du sud au nord, comme elles le sont actuellement. […] De l’apparition soudaine de groupes entiers d’espèces alliées dans les strates fossilifères les plus anciennes. […] Je veux parler de ces nombreux groupes d’espèces, qui semblent faire soudainement leur apparition dans les roches fossilières les plus anciennes que l’on connaisse encore.
Ce qui manque aux anciens dans la peinture de l’amour, est précisément ce qui leur manque en idées morales et philosophiques. […] Néanmoins on se demande pourquoi les anciens, et surtout les Romains, ont possédé des historiens tellement parfaits, qu’ils n’ont été jamais égalés par les modernes, et en particulier pourquoi les Français n’ont aucun ouvrage complet à présenter en ce genre. […] Mais je dois présenter ici quelques réflexions sur les causes de la supériorité des anciens dans le genre de l’histoire, et je crois que ces réflexions prouveront que cette supériorité n’est point en contradiction avec les progrès successifs de la pensée. […] Peut-on oublier d’ailleurs quel avantage prodigieux les historiens anciens ont sur les historiens modernes par la nature même des faits qu’ils racontent ? […] Comment les anciens auraient-ils pu la posséder, en effet, à l’égal de ceux que des siècles et des générations multipliés ont instruits par de nouveaux exemples, et qui peuvent contempler dans la longue histoire du passé, tant de crimes, tant de revers, tant de souffrances de plus !
Section 15, observations concernant la maniere dont les pieces dramatiques étoient représentées sur le théatre des anciens. […] Ainsi comme nous n’avons pas vû représenter des pieces de théatre, dans lesquelles un acteur récitât tandis qu’un autre faisoit les gestes, je crois que nous aurions tort de loüer, et encore plus de tort de blâmer décisivement le partage de la déclamation que faisoient les anciens. […] Or les monumens de la poësie, de l’art oratoire, de la peinture, de la sculpture et de l’architecture des anciens qui nous sont demeurez, font connoître que les anciens étoient très-habiles dans tous ces arts, et qu’ils les avoient portez à une grande perfection. […] Ne pouvons-nous pas même tirer de l’excellence des poëmes des anciens un préjugé sur le mérite de leurs acteurs ? […] Les écrits des anciens sont remplis de faits qui prouvent que leur attention sur tout ce qui pouvoit servir à fortifier ou bien à embellir la voix alloit jusqu’à la superstition.
Le plus inspiré des anciens. — § VII. […] La Fontaine est de tous nos poètes le plus inspiré des anciens. […] On le fâche, si l’on touche à un seul des anciens, même à Quintilien. […] Molière, Racine, Boileau, lisaient les anciens pour un objet particulier. […] Nul ne donna plus de temps aux anciens.
De là il passa à la composition de son Histoire ancienne, dont il donna treize volumes en huit années. […] Après ce premier tribut payé à l’ancienne coutume, il parlait français et entrait dans cette voie moyenne qui semble si rebattue aujourd’hui, et qui était nouvelle alors. […] Tant que Rollin n’écrivait qu’en latin, il imitait, il copiait les anciens, en répétait les centons, et presque dans les mêmes formes ; rien ne ressortait aux yeux. […] À tout moment, dans ses Histoires anciennes, Rollin a de ces retours naïfs et à courte vue sur le présent. […] Même quand il est le plus chez lui, Rollin ne parle qu’à côté et avec la permission d’un ancien.
Dans l’ancien droit romain, on les disait manucaptæ, d’où est resté manceps, celui qui est obligé sur immeuble envers le trésor. […] Enfin les anciens Écossais (selon Boëce), les Mexicains et autres peuples indigènes de l’Amérique écrivaient en hiéroglyphes, comme les Chinois le font encore aujourd’hui. […] En France, le premier qui écrivit en langue vulgaire fut Arnauld Daniel Pacca, le plus ancien de tous les poètes provençaux ; il florissait au onzième siècle. […] La chose est hors de doute pour les anciens Perses et pour les Chinois. […] Voilà pourquoi on trouve tant d’obscurité dans la géographie et dans l’histoire naturelle des anciens.
C’était bien par là le seul écrivain raisonnable de notre langue, et voilà pourquoi Boileau mettait ce moderne-là au-dessus de tous les anciens. […] Il ne s’agit pas d’admirer les anciens par autorité, aveuglément. […] Voilà justement pourquoi Boileau ne se lasse pas de proposer les anciens à l’imitation de ses contemporains. […] La nature, disais-je, ne change pas : mais assurément quelque chose change dans la nature, et ce n’est pas à cela que l’imitation des anciens se rapporte. […] En imitant dans les anciens ce qu’on reconnaît être naturel, et dans la nature ce qu’on retrouve chez les anciens, on peut se tenir assuré de ne point s’égarer dans l’expression des particularités insignifiantes, et des exceptions monstrueuses.
Leurs réunions furent les comices curiata, les plus anciens dont fasse mention l’histoire romaine. […] Les principes qui peuvent faire cesser cet étonnement, et nous expliquer l’héroïsme des anciens peuples, sont nécessairement les suivants : I. […] Tacite en dit autant des anciens Germains, auxquels cette coutume était probablement commune avec tous les peuples barbares. […] Telles sont les mœurs du nouveau monde et d’une grande partie de l’ancien. […] Cette maxime des jurisconsultes anciens se rapporte aux nations vaincues par le peuple romain.
Ils commentaient Corneille, ils analysaient Racine ; mais, dès qu’il s’agissait des Anciens, le temps manquait évidemment ; on courait, on tranchait d’un mot. […] C’est ce qu’attestent aussi les témoignages des Anciens, et c’est à quoi Pisistrate mit ordre par la révision et la rédaction qu’il ordonna. […] Les Anciens, qui, si dénués de critique qu’on veuille les faire, comptaient pourtant parmi les éditeurs d’Homère les Aristote et les Aristarque, n’ont jamais attribué à la Commission de Pisistrate d’autre honneur que celui d’avoir rassemblé les membres du grand poëte dispersé. […] En fait, les Anciens paraissent n’avoir jamais douté de la réalité d’un Homère. […] C’est ce qu’un autre savant écrivait à Wolf après l’avoir lu : « Tant que je vous lis, je suis d’accord avec vous ; dès que je pose le livre, tout cet assentiment s’évanouit. » Les philologues, les érudits positifs ont beau faire assez peu de cas des considérations générales et des raisons puisées dans le sens intime ; ici eux-mêmes sont forcés de raisonner pour étayer leur système, et ils n’arrivent à leurs résultats que par voie d’induction ; car, s’ils s’en tenaient purement au fait transmis, à l’opinion constamment exprimée par les Anciens, ils croiraient à Homère nonobstant les difficultés qu’après tout les Anciens aussi n’ont pas été sans se poser.
Nous appelons littérature classique celle qui est fondée sur l’étude et les traditions des langues anciennes, celle qui a puisé ses règles dans l’analyse des chefs-d’œuvre de ces mêmes langues, celle enfin qui s’astreint à l’imitation de ces chefs-d’œuvre, et qui prend ses sujets à la même source. […] Mais nous ne savons pas ce que va faire naître l’établissement d’une académie à Athènes, d’un collège grec dans l’ancienne Tauride, du mouvement imprimé aux îles Ioniennes, et de tant de circonstances nouvelles dont nous ne pouvons prévoir tous les résultats. […] Je ne parle même pas de ces heureux préjugés qui subsistaient encore naguère, sans raison de leur existence, débris vénérables des temps anciens, qui viennent de disparaître du milieu de nous, sans autre raison aussi de leur fin. […] Ne faudrait-il pas même connaître la forme matérielle des théâtres anciens, les fonctions du chœur, enfin tout cet ensemble qui fut imaginé pour produire l’effet qu’il devait produire ? […] Notre littérature du siècle de Louis XIV a cessé d’être l’expression de la société ; elle commence donc à être déjà pour nous, en quelque sorte, comme nous l’avons dit, une littérature ancienne, de l’archéologie.
Nous estimons trop l’Université de France, nous avons une trop haute idée des esprits supérieurs, des maîtres illustres qu’elle a produits et qu’elle possède, et de ceux, plus jeunes, qui aspirent à les continuer, pour ne pas exprimer ici ce que nous croyons la vérité : l’Université n’a pas été sans préjugés et sans prévention dans l’étude du grec ancien et à l’égard de la Grèce moderne. […] La prononciation du grec telle qu’elle était en vigueur dans l’ancienne Université, et qu’elle l’est encore dans la nôtre, paraissait aux Grecs modernes tout à fait barbare ; le fait est qu’elle peut être commode pour les dictées de versions grecques que les professeurs font aux écoliers, mais elle ne saurait se donner raisonnablement pour l’écho fidèle de la plus harmonieuse des langues. […] Pour les gens du pays qui y reviennent par l’étude, il n’est rien de plus naturel et de plus aisé que de ressaisir le sens et le génie de l’ancienne langue. […] Pour bien savoir et bien sentir dans ses moindres nuances, pour bien articuler dans ses accents le grec ancien, il n’est rien de tel encore que d’être Grec moderne. […] Chaque année, après les études qui auraient pu se suivre sur place, il y aurait un voyage destiné à quelques explorations d’art ou au commentaire vivant d’un auteur ancien ; la moindre promenade aurait son objet.
Son ancienne organisation se dissout ; elle en déchire elle-même les plus précieux tissus et tombe en des convulsions qui semblent mortelles. […] Mais son organisation n’est plus la même : par un sourd travail intérieur, un nouvel être s’est substitué à l’ancien. […] Mais, sous cette forme nouvelle comme sous la forme ancienne, le faible est toujours la proie du fort. […] Ancien Régime, Révolution, Régime nouveau, je vais tâcher de décrire ces trois états avec exactitude. […] Les Français de l’Ancien Régime sont encore tout près de nos regards.
Son étude des plus anciens Grecs et son esprit nouveau. […] Cela, sans doute, n’aurait pas dû absoudre la domination d’Auguste aux yeux du philosophe, et encore moins du partisan de l’ancienne république ; mais le poëte pouvait prendre cette joie ou cette ignorance publique pour une excuse des louanges qu’il prodiguait à l’ancien prescripteur, dont lui-même n’avait éprouvé que les bienfaits. […] Et bientôt les plus méchants empereurs allaient satisfaire d’autant mieux à ce besoin que leurs crimes et leurs vices seraient des fêtes populaires, et que dans le meurtre et la spoliation des anciennes familles ils trouveraient aisément de quoi gratifier le peuple et l’armée. […] Mais, quand il se vit seul maître survivant, sans complice ni rival, il cessa des violences dont il eut porté seul le blâme ; et ses cruautés anciennes s’oublièrent, sous l’allégement du joug et l’abaissement continu des âmes. […] De là le jugement du critique ancien qui nous dit : « Des a poëtes lyriques, Horace est presque le seul digne d’être lu ; car il s’élève par moment, il est plein d’enjouement et de grâce, et, dans la variété de ses images et de ses expressions, il déploie la plus heureuse audace.
Il y aurait eu, du temps de Fronton, un retour aux anciens, aux plus anciens qu’Horace, et celui-ci en aurait souffert, comme, par exemple, Boileau, de nos jours, a pu souffrir d’un retour vers Regnier. […] Brutus meurt le dernier des Anciens, et il crie au monde qu’il s’est trompé dans sa noble espérance. […] Il considère Brutus comme le dernier des Anciens, mais c’est lui qui l’est. Il est triste comme un Ancien venu trop tard. […] Mérimée, M. de Rémusat, vengeant les anciens Romains de quelques accusations trop promptes, a dit : « Auprès des vices de Rome, au déclin même des anciennes mœurs, que d’exemples de dignité, d’empire sur soi, de mépris de la souffrance et du danger !
Nous avions les anciens, nous les lisions, nous les admirions : nous ne savions pas ce qu’il y fallait admirer et prendre, ce qui nous était utile et nécessaire pour nous développer. […] L’Italie la première avait retrouvé les deux clefs de l’antiquité : elle avait compris la vérité, senti la beauté des œuvres anciennes. […] Elle travaillait à réaliser en latin, mais déjà aussi dans sa langue, les formes charmantes ou splendides qui la ravissaient dans l’éloquence et la poésie des anciens. […] Il essaie d’atteindre à la beauté de la poésie grecque : par la combinaison du lieu commun et de l’image, dans les moules rythmiques et poétiques des anciens, il essaie de s’élever au grand art. Lui-même et son école remettent en usage les formes littéraires des anciens, les genres, ode, épopée, satire, élégie, tragédie.
Par l’imprudence des hommes qui ont agi depuis un demi-siècle, tout a disparu de l’ancien édifice social : les ruines mêmes ont péri. […] Ainsi les artistes anciens mettaient sur tous leurs ouvrages, à la suite de leurs noms, le verbe faisait, pour exprimer, ou que l’homme ne sait point finir, ou qu’il est toujours surpris par la mort. […] Nos châteaux représentaient les temps de la chevalerie et de la féodalité ; il faut qu’ils disparaissent ; et les anciens propriétaires eux-mêmes, au défaut de la bande noire, s’empresseraient de détruire des demeures fastueuses qui ne sont plus en rapport avec nos besoins et nos existences. […] Les ordres religieux ne nous imposaient donc plus que le poids de la reconnaissance, à nous, qui avons surtout horreur des services anciens. […] Je sais que des esprits chagrins et jaloux à l’excès supportent peu cette expression de regret, parce qu’ils redoutent encore, par-dessus tout, la superstition des souvenirs anciens.
Si les Juifs eussent voulu adopter la loi chrétienne, ils fussent restés en corps de nation à cette époque ; mais le jugement de Dieu reposait sur ce peuple, dont la mission devait se borner désormais à être le gardien des promesses anciennes, et à entretenir des témoins désintéressés et impartiaux parmi les Gentils appelés à la foi. […] Les anciens philosophes formaient des écoles, qui étaient comme autant de sectes, parce que, professant leurs opinions à côté de religions qui n’avaient rien de positif, ils pouvaient rester unis à la morale. […] Le seul avantage que conservèrent les religions anciennes, ce fut de perpétuer le sentiment religieux chez les peuples qui leur furent soumis ; car, comme nous l’avons déjà remarqué, l’erreur même sert quelquefois à conserver la vérité ; et c’est le sentiment religieux, toujours si respecté par les philosophes anciens, que les philosophes modernes ont tenté d’ébranler, parce qu’ils parce qu’ils toujours, comme nous venons de le dire, de retomber tout vivants dans le christianisme. […] Ils faisaient le sac de Troie, et ne songeaient point à en tirer l’ancien palladium, les vieux pénates, pour leur chercher, comme Énée, un asile assuré, de nouveaux sanctuaires. […] Nous voyons à présent s’avancer cette autre génération dont l’esprit militaire fut la proie d’un homme nouveau qui voulut abolir l’ancienne patrie : celle-là prend aussi successivement sa place parmi les pères de famille.
En ce point était l’art, la merveille suprême, et c’était un charme pour le lecteur instruit de goûter le nouveau, tout en y reconnaissant d’anciennes traces. […] Être humaniste, c’était se borner à lire les Anciens, et, entre les modernes, ceux qui paraissaient dignes, par endroits, de s’appareiller aux Anciens ; c’était les comprendre, s’en pénétrer, les posséder, et en être venu, dans cette familiarité de chaque heure, à y découvrir chaque fois de nouvelles délicatesses, de nouvelles beautés. […] Il nous conseille, à nous, d’imiter les Anciens, comme Cicéron et Virgile ont fait les Grecs. […] Et voilà comment Du Bellay, qui avait repoussé les traducteurs en vers des Anciens, devint lui-même, à certain jour, un traducteur en vers. […] de détourner de l’étude des langues anciennes ; mais il est pour l’abréviation de cette étude et pour la divulgation de la vérité en toute langue.
Dans son naturalisme, Boileau trouve le moyen de fonder en raison l’admiration, l’imitation des anciens. […] Voilà comment Boileau achève l’œuvre commencée il y a plus d’un siècle par Ronsard, et fait triompher définitivement la doctrine qui voulait régler la poésie moderne sur l’idéal ancien, sur les modèles anciens. […] En d’autres termes, le xviie siècle fera les anciens à son image, plus encore qu’il ne se fera à l’image des anciens, et — son absence de sens historique venant en aide à son rationalisme — il modernisera l’antiquité. […] De là vient qu’on peut reprendre sans scrupule les sujets des anciens : une fable de Phèdre, une tragédie d’Euripide, une comédie de Plaute. […] L’imitation des anciens fournit à Boileau le moyen de transformer en forme d’art l’observation de la nature.
Un ancien a dit : qui doit être le favori d’un rei ? […] La théologie ancienne est toûjours celle des Poëtes, parce que c’est celle de l’imagination. […] Nous ne savons donc autre chose sinon qu’avant les plus anciens historiens, il y avoit de quoi faire une histoire ancienne. […] Les anciennes chroniques chinoises ne regardent que cet empire séparé du reste du monde. […] Plusieurs anciens ont eu cette méthode ; cela ne prouve autre chose, sinon que plusieurs anciens ont voulu faire parade de leur éloquence aux dépens de la vérité.
On pouvait être un homme de beaucoup de mérite sous l’ancien régime, et cependant se rendre ridicule par une ignorance absolue des usages. […] Il faut qu’ils recherchent dans leur mémoire ce que les anciens trouvaient dans leurs impressions habituelles. […] Tout ce qui environnait les anciens leur rappelant sans cesse les dieux du paganisme, ils devaient en mêler le souvenir et l’image à toutes leurs impressions ; mais quand les modernes imitent à cet égard les anciens, on ne peut ignorer qu’ils puisent dans les livres des ressources pour embellir ce que le sentiment seul suffisait pour animer. […] À quelque perfection que l’on portât l’étude des ouvrages des anciens, on pourrait les imiter ; mais il serait impossible de créer comme eux dans leur genre. […] Chez les anciens, on était d’autant meilleur poète, que l’imagination s’enchantait plus facilement.
De là, sans doute, le merveilleux qui regne dans toutes les anciennes histoires. […] Ce livre fut la source où puiserent, depuis, presque tous les anciens Poetes ou Romanciers qui prirent Charlemagne pour leur héros. […] Cette nouvelle Héloïse n’a de commun avec l’ancienne, que d’aimer comme elle son précepteur & d’en être aimée. […] Voilà Julie séduite & bientôt après mariée : l’ancienne Héloïse ne se maria point, quoique son amant fût perdu pour elle. […] Leurs plus anciens Romans, qu’on peut même regarder comme très anciens, sont Proserpine, Hercule & Herculisque, Octavie, l’Esclave Doris, Smyrna Reine des Amazones, la Princesse Arfinoé.
Construis la personnalité future dans le prolongement de l’ancienne : que l’une puisse s’ajouter à l’autre, bout à bout. […] Il semble donc que le mode le plus favorable du Bovarysme consiste pour un être àse concevoir autre qu’il n’est, dans la mesure où cette conception nouvelle est assez proche de l’ancienne pour pouvoir s’y ajouter. […] On a vu que le pouvoir de se concevoir autre apporte un bénéfice dans la mesure où il est accompagné de deux autres circonstances que voici : il doit comporter un pouvoir de réalisation ; la conception nouvelle qu’il réalise se doit pouvoir ajouter à l’ancienne, de façon à former avec elle une somme de forces supérieure à celle qui avait été jusque-là assemblée dans un même être, au lieu d’exiger une soustraction par où serait diminuée la somme ancienne. […] Il arrive donc qu’une réalité encore rudimentaire se voie figée à jamais dans une forme fixe, alors que des réalités très anciennes, et qui ont subi déjà un grand nombre de changements demeurent capables encore d’admettre des modifications nouvelles. […] Une société de ce type ancien peut bien, à vrai dire, évoluer encore, mais elle n’a pas le choix entre un grand nombre de directions.
Que l’on juge de ce point de vue les diverses attitudes adoptées par les hommes et où ils témoignent de leur foi en une vérité objective, celles des anciens Grecs qui crurent à la nécessité de recevoir des aliments dans le tombeau pour vivre heureux après la mort, celle de l’ascète à qui la vérité commande de supprimer la volupté, celle du skoptzy à qui la vérité commande d’en supprimer les moyens. […] En politique, en morale, en sociologie, en religion, en philosophie, le conservateur de la doctrine ancienne et le révolutionnaire le plus acharné à détruire les vérités présentes se confondent dans l’identité d’une même foi. […] Lorsqu’aux époques plus récentes des civilisations romaine ou grecque, Fustel de Coulange nous montre la réalité sociale du moment en contradiction avec celle qui s’était modelée sur l’ancienne croyance et qui persistait encore dans les lois religieuses et civiles, gardons-nous donc de penser que cette réalité présente, et qui entrait en guerre avec l’ancienne, fût par comparaison meilleure et plus proche de la vérité objective. […] La ruine de la croyance ancienne nous fait, à la vérité, apparaître l’écart qui existe entre le Grec et le Romain d’alors et l’image que leur présentaient d’eux-mêmes leurs rites et leurs lois. […] Constatons encore que la réalité nouvelle, que l’on voit se développer à Rome et en Grèce après l’affaiblissement de la première croyance, continue de prendre son point d’appui sur la réalité ancienne : les fictions romaines sont un admirable exemple de la façon dont se comporte une réalité qui conserve le pouvoir d’évoluer jusque dans sa maturité ; elle se meut et progresse, mais parmi, toutes les modifications scion lesquelles elle se métamorphose, elle ne manque pas de conserver avec son passé le plus ancien des communications secrètes et d’intimes analogies.
Sue le jeune, [Pierre] ancien Prévôt du Collége de Chirurgie de Paris, ancien Professeur d'Anatomie & de Chirurgie à l'Ecole pratique, des Académies de Montpellier, de Rouen, de Dijon, de Bordeaux, &c. né à Paris en 1739. […] Passemant, Ingénieur du Roi, une Lettre critique sur l'état de la Médecine, des Essais historiques, littéraires & critiques sur l'Art des Accouchemens chez les Anciens, une Lettre sur les Hôpitaux militaires, adressée à un Militaire* Littérateur ; tel est encore son Ouvrage qui a pour titre, Singularités historiques, littéraires & critiques en Médecine, Chirurgie & Pharmacie, disposées par ordre alphabétique, avec des Anecdotes sur plusieurs Médecins, Chirurgiens & Chimistes, tant anciens que modernes.
Voilà les anciens chefs et fondateurs de la France : à ce titre, ils ont encore beaucoup de biens et beaucoup de droits. […] Plus le propriétaire ressemble à l’ancien souverain indépendant, plus son immunité est large […] En certains endroits mieux abrités ou moins assaillis, elle a gardé tous ses anciens dehors. […] En effet, le chef local qui ne remplit plus son ancien office peut remplir en échange un office nouveau. […] L’ancien chef peut encore autoriser sa prééminence par ses services, et rester populaire sans cesser d’être privilégié.
S’il continuait de lire les anciens pêle-mêle et à la diable, il ne les respectait guère ; il les parodiait d’abord par instinct et divertissement avant que ce fût par calcul. […] Le Parallèle des anciens et des modernes de Perrault (quatre volumes) commença à paraître en 1688, et se continua les années suivantes. […] Ses adversaires ne plaisantent pas, eux ; ils se fâchent rouge : les anciens orateurs ou poètes, c’est toujours un peu comme s’il s’agissait d’Écriture sainte ou de conciles. […] Il prétendra que les anciens n’étaient que des brutaux en fait d’amour. Mais l’Abbé, plus judicieux, remarquera que les modernes ont perfectionné l’analyse en tout genre, et que, comme l’anatomie a trouvé dans le cœur des valvules, des fibres, des mouvements et des symptômes qui ont échappé à la connaissance des anciens, la morale y a aussi trouvé des inclinations, des aversions, des désirs et des dégoûts que les mêmes anciens n’ont jamais connus.
Les anciens eux-mêmes l’avaient compris. […] Sous quel aspect se présente à nous notre Ancien régime ? […] Les supériorités mêmes qui subsistent ne seront plus entourées du respect ancien. […] L’Ancien Régime et la Révolution, p. 85. […] L’Ancien Régime et la Révolution, p. 116, 205.
— Les chefs des anciennes maisons royales qui, dans les jours décisifs, sont devenus capables de ces quiproquos et de ces absences, ont à jamais perdu le fil du courant sympathique qui jadis identifia les héros de leur race avec la nation. […] Ce qui l’est beaucoup plus, c’est la consolidation et la durée du pouvoir ainsi réintégré dans son ancienne existence. […] La propriété même avait en grande partie passé en d’autres mains, et les débris de l’Ancien Régime étaient si complètement dispersés qu’un aveuglement extrême pouvait seul concevoir la pensée de les rassembler pour le reconstruire. […] Dans la formation de la Maison civile du roi et de la Maison militaire, l’Ancien Régime ressuscité s’étale et se pavane dans tout son beau ; vingt-cinq ans de notre histoire sont supprimés et comme non avenus. […] Dumolard, membre des anciennes assemblées depuis 1791, et qui se dédommageait du silence contraint des dernières années par un flux de rhétorique intarissable.
Il ne faut pas se laisser ébloüir aux discours artificieux des contempteurs des anciens, qui veulent associer à leurs dégoûts les sçavans qui ont remarqué des fautes dans les plus beaux ouvrages de l’antiquité. […] Les contempteurs des anciens ne sont en droit de reclamer, comme des gens de leur secte, que ceux des critiques qui ont avancé que les anciens ne devoient qu’à de vieilles erreurs et à des préjugez grossiers une réputation dont leurs fautes les rendent indignes. […] Ainsi les figures empruntées des armes et des machines de guerre des anciens, ne sçauroient faire sur nous la même impression qu’elles faisoient sur eux. […] Virgile et les autres poëtes anciens auroient emploïé des figures d’un goût opposé, s’ils eussent écrit pour les nations hyperborées. […] C’est la destinée de la plûpart des images dont les poëtes anciens se sont servies judicieusement pour interesser leurs compatriotes et leurs contemporains.
Si les hommes qui appartiennent à la première classe dont nous avons parlé sont plus attachés aux idées anciennes, la raison en est bien simple. […] Cette assertion est fondée sur tous les enseignements que l’on peut tirer de l’étude approfondie des doctrines anciennes. […] À peine pouvons-nous comprendre ce que fut la royauté dans les temps anciens. […] Ils n’ont pas fait attention qu’ils présentaient comme nouvelle une vérité très ancienne, une vérité vieillie, vieillie, qui se retirait de la société au lieu d’y entrer. […] D’autres encore, abandonnés tout à fait aux idées nouvelles, ne comprennent pas même les idées anciennes.
Les études sur l’ancienne poésie française ont fait de grands progrès depuis trente et quarante ans. […] On ne saurait en dire à beaucoup près autant de cette autre partie de l’ancienne poésie qui ne remonte pas au-delà du xvie siècle et qui appartient proprement à la Renaissance. […] Sur ces entrefaites, un très-utile secours venait s’ajouter à tous ceux qu’avaient déjà les curieux et les studieux pour se guider dans cette branche particulière d’ancienne poésie. […] L’imitation des Anciens, même à cette heure d’émancipation, se marque à chaque pas : Du Bellay, en s’affranchissant par un côté, reste assujetti par l’autre. Une chose a été dite et bien dite par un Ancien ; on l’a dans la mémoire, on la répète si l’on est un pur écho, on y fait allusion si l’on est un homme d’esprit ; tout homme qui a la tête meublée de ces beaux mots des Anciens, qui s’en souvient en pensant et en parlant, et qui tient à en faire ressouvenir les autres, est un classique.
Le commentateur de Sidonius rapporte même à ce sujet l’épigramme ancienne qu’on va lire, et dont on ne connoît point l’auteur… etc. […] Pylade avoit composé son recueil, de gestes tirez, pour m’exprimer ainsi, des trois recueils de gestes dont nous avons déja parlé, et qui servoient pour la tragédie, pour la comédie et pour ce poëme dramatique que les anciens appelloient satyres. […] Nous trouvons la même remarque dans un grand nombre d’anciens écrivains. […] On ne voit pas en lisant cet ouvrage que son auteur ait sçu que les pantomimes des anciens se fissent entendre sans parler, cependant la chose lui a paru possible. […] Quel apprentissage Roger avoit-il fait en comparaison de celui que faisoient les pantomimes des anciens ?
Il en est quelques-uns qu’on croirait devoir être moins gênés sur cet article ; ce sont les traducteurs des anciens. […] « Les Français, disait-il, manquent de goût ; il n’y a que le goût ancien qui puisse former parmi nous des auteurs et des connaisseurs ; et de bonnes traductions donneraient ce goût précieux à ceux qui ne seraient pas en état de lire les originaux. » Si nous manquons de goût, j’ignore où il s’est réfugié ; ce n’est pas au moins faute de modèles dans notre propre langue, qui ne cèdent en rien aux anciens. […] Ce n’est pas pour nous faire connaître les défauts des anciens qu’on les met en notre langue, c’est pour enrichir notre littérature de ce qu’ils ont fait d’excellent. […] Ce qu’on propose ici, de ne traduire les anciens que par morceaux détachés, conduit à une autre réflexion qui, à la vérité, n’a qu’un rapport indirect à la matière présente, mais qui peut être utile. […] Ne serait-il pas infiniment plus avantageux de choisir dans les différents ouvrages de chaque auteur ce qu’ils contiennent de plus excellent, et de ne présenter aux enfants, dans la lecture des anciens, que ce qui mérite davantage d’être retenu ?
Je me permettrai quelquefois d’évoquer l’esprit des traditions anciennes ; mais je suis loin, en cela comme en tout le reste, d’exiger une confiance aveugle ; car je n’ai point laborieusement étudié ces traditions : elles me sont apparues bien plus que je ne les ai cherchées ; je pourrais presque dire qu’elles se sont trouvées en moi. […] L’auteur de cet écrit a sans doute, comme la plupart de ses lecteurs ; ses opinions d’affection et ses opinions de raisonnement : il est, sous ce rapport, le représentant des opinions anciennes et des opinions nouvelles. […] Comparons à présent Louis XVIII à Bonaparte : l’un efface toutes les traditions, crée un peuple dans un peuple, profane les tombeaux, et c’est profaner les tombeaux que dédaigner l’esprit des ancêtres ; l’autre unit les temps anciens aux temps qui vont éclore, professe sans idolâtrie le culte des ancêtres, admet les choses nouvelles, sans toutefois repousser dans l’opprobre les choses anciennes. […] D’anciens souvenirs ne s’effacent pas de suite ; des traditions antiques laissent des traces ; des préjugés subsistent encore longtemps après qu’ils sont déracinés. […] Il est temps de confondre dans nos affections la France ancienne et la France nouvelle ; mais ne soyons point étonnés de ce qu’un certain nombre d’hommes est resté fidèle au culte des ancêtres, de ce que les Sabins ne sont pas encore tout à fait devenus des soldats de Romulus.
Eugène Benoist, qui dans la Collection d’éditions savantes entreprise par la maison Hachette, vient d’ouvrir la marche et de l’inaugurer dignement par Virgile, est un ancien élève de l’École normale, hier encore simple professeur au lycée de Marseille, tout récemment chargé du Cours de littérature ancienne à la Faculté des lettres de Nancy en remplacement de M. […] Il prouvait la forme de Vergilius par les marbres et les inscriptions, par les manuscrits les plus anciens et les plus authentiques, tant les manuscrits de Virgile même que ceux des auteurs qui l’ont cité. […] Je donne l’ancien texte, et je traduis de la sorte : « Il ne m’appartient point de trancher entre vous un si grave procès. […] Dans le doute, je préfère encore et l’ancien texte que confirment les manuscrits, et l’ancienne version qui ne me paraît pas si contraire au goût. […] J’aimerais, ai-je dit, que nos éditions françaises des classiques anciens gardassent, tout en se perfectionnant, un caractère français.
En ma qualité d’ancien novateur et révolutionnaire romantique qui est de temps en temps repris d’une velléité de mouvement, j’ai regretté dans ces derniers mois de ne pouvoir aller soutenir à l’Académie la cause de l’innovation ; mais elle est soutenue bien mieux que par moi par le respectable et docte M. […] Sans doute l’introduction de la plupart de ces mots s’étant faite par les savants et d’autorité, pour ainsi dire, non insensiblement et par le peuple, ce ne saurait être à la manière du peuple et, comme cela s’est passé pour le premier fonds ancien de mots latins, par une usure lente et continuelle, que la simplification devra s’opérer. […] Il est d’avis de ne pas s’arrêter sans doute à l’orthographe impertinente de Ramus, mais aussi de ne pas s’asservir à l’ancienne orthographe, « qui s’attache superstitieusement à toutes les lettres tirées des langues dont la nôtre a pris ses mots » ; il propose un juste milieu : ne pas revenir à cette ancienne orthographe surchargée de lettres qui ne se prononcent pas, mais suivre l’usage constant et retenir les restes de l’origine et les vestiges de l’antiquité autant que l’usage le permettra. […] 62 Remarquez bien qu’il ne s’agit pas, pour que cette introduction soit plausible et motivée, de considérer uniquement si un mot de formation relativement récente est bon ou mauvais, s’il présente un sens agréable ou non : il s’agit simplement de savoir s’il a cours et s’il est nécessaire, s’il peut être suppléé par un autre plus ancien, son parfait équivalent. […] » Ce que cet ancien ministre, homme d’esprit, a observé là à l’occasion d’un mot spécial, l’Académie, avec son sens délicat, aura à le faire à l’occasion de bien des mots nouveaux : elle aura à indiquer le point et le temps d’arrêt, le degré d’innovation possible et permis ; mais qu’elle ne l’oublie pas, ce point à déterminer n’est point fixe, ni donné par les livres ou par les anciens vocabulaires : il est mobile, et c’est à l’usage et au goût combinés à le saisir et à l’indiquer.
Les mœurs, ainsi que nous l’avons déjà remarqué, sont restées dans la sphère des idées anciennes ; les opinions prennent leur source dans les idées nouvelles, et leur doivent toute leur puissance. […] Cette séparation que j’ose ici conseiller existait, par le fait, dans la plupart des sociétés anciennes. […] Ce que la révolution française a voulu, c’est que les individus pussent s’élever eux-mêmes dans la hiérarchie, au lieu que dans notre ancienne monarchie c’étaient les familles. […] Nos anciennes dames, lorsqu’elles devenaient veuves, apportaient à leur fils aîné les clefs du château, et le reconnaissaient comme chef de la famille. […] Ainsi nos institutions anciennes furent à la fois le bienfait du christianisme et des rois qui nous gouvernent sous l’empire du christianisme.
N’a-t-on pas vu le moment où les Anciens alloient être dégradés & bannis de la République des Lettres ? […] Il est plus sûr d’imiter les Anciens, dont le mérite n’est plus douteux. […] Aucune langue des anciens peuples ne subsiste. […] Les Samaritains seuls ont conservé le Pentateuque en anciens caractères Hébraïques. […] Les excellens Mémoires de M. de la Curne de Sainte-Palaye sur l’ancienne Chevalerie.
Des ouvrages des Anciens sur la Rhétorique, & des traductions qui en ont été faites en françois. […] Ses versions ressemblent aux belles copies de l’antiquité, qui font revivre dans un travail moderne le feu & l’esprit de l’original ancien. […] Gibert ne prétend pas cependant avoir épuisé son sujet, ni avoir parlé de tous les Rhéteurs anciens & modernes. […] Les anciens & les modernes avoient traité de l’Eloquence avec différentes vues & en différentes manieres, en Dialecticiens ; en Grammairiens, en Poëtes. […] Les jeunes Prédicateurs trouveront ici dans un seul volume les maximes & les regles des meilleurs Orateurs anciens & modernes.
Nous ne voïons pas du moins dans les morceaux de la sculpture grecque ou romaine qui nous sont restez, que l’art des bas-reliefs ait été bien connu des anciens. […] Les sculpteurs modernes, en cela mieux instruits que les anciens, confondent les traits des objets qui s’enfoncent dans le bas-relief, et ils observent ainsi la perspective aërienne. […] On peut donc dire que les anciens n’avoient point l’art des bas-reliefs, aussi parfait que nous l’avons aujourd’hui, quoiqu’on voïe des figures admirables dans des bas-reliefs antiques. […] La statuë qui représente le Nil, et que Le Bernin a rendu reconnoissable par les attributs que les anciens ont assignez à ce fleuve, se couvre la tête d’un voile. Ce trait qui ne se trouve pas dans l’antique, et qui appartient au sculpteur, exprime ingénieusement l’inutilité d’un grand nombre de tentatives, que les anciens et les modernes avoient faites pour parvenir jusqu’aux sources du Nil en remontant son canal.
Dans les conférences académiques, chacun devait rendre compte des anciens auteurs qu’il avait lus ; et même chaque académicien prenait le nom de celui de ces anciens auteurs pour lequel il avait le plus de goût, ou de quelque personnage célèbre de l’antiquité. […] Pourquoi les anciens avaient-ils pris d’abord cette forme de vers pour les élégies tristes ? […] Mais, pour décider cette question, il faudrait être au fait de la prononciation des anciens ; matière totalement ignorée. […] L’éloquence des modernes est encore plus souvent appliquée à ces sortes de matières, parce que la plupart n’ont pas, comme les anciens, de grands intérêts publics à traiter : ils ont donc eu encore plus de tort que les anciens, lorsqu’ils ont borné l’éloquence à la persuasion. […] Mais cette preuve suffit pour faire voir combien les oreilles des anciens étaient délicates sur l’harmonie.
Les Anciens pouvaient sans doute trouver à redire en de certaines parties qui touchaient leurs croyances ; plus voisins de ces fictions, elles pouvaient avoir sur eux des effets qui nous échappent. […] Entre les Anciens et nous il y a un torrent, et plus que cela, un abîme ; de l’autre côté seulement commence le grand rivage. […] Les Anciens n’avaient pas de valet de chambre, ou du moins celui-ci n’avait pas la parole, et il n’est plus là d’ailleurs pour être questionné. […] Les Anciens, dans toutes les carrières, croyaient à la gloire, à la belle gloire ; ils voulaient laisser d’eux mémoire louable et noble sillon sur la terre. […] uatremère de Quincy dans son Jupiter olympien, — ce qu’est un tel art si divers par opposition à l’ancienne idée de la statuaire, réputée classique, toute de marbre uniforme et de froide blancheur.
Des trois assises superposées, la plus ancienne et la plus profonde était l’ouvrage du clergé : pendant douze cents ans et davantage, il y avait travaillé comme architecte et comme manœuvre, d’abord seul, puis presque seul. […] Les États qui, d’après l’exemple de l’ancien Empire, ont tenté de s’élever en édifices compacts et d’opposer une digue à l’invasion incessante, n’ont pas tenu sur le sol mouvant ; après Charlemagne, tout s’effondre. […] Pour la seconde fois, une figure idéale se dégage9 après celle du saint, celle du héros, et le nouveau sentiment, aussi efficace que l’ancien, groupe aussi les hommes en une société stable. […] Par degrés, entre le chef militaire du donjon et les anciens colons de la campagne ouverte, la nécessité établit un contrat tacite qui devient une coutume respectée. […] Mémoires d’Augeard, secrétaire des commandements de la reine et ancien fermier général.
Nous ne sommes plus, il est vrai, gouvernés par les doctrines anciennes ; mais nous sommes toujours régis par les institutions primitives, en ce sens que ce sont elles qui ont tout fondé. Lorsque Pascal disait que l’homme ne sait que ce qui lui a été enseigné, et que, par conséquent, nous ne pouvons nous dispenser de remonter toujours à un enseignement primitif comme à une cause première, il commençait à jeter le pont qui devait réunir un jour le monde ancien et le monde nouveau. M. de Maistre a remarqué avec beaucoup de raison que les législateurs anciens n’ont rien écrit ; que l’Église n’a écrit que lorsqu’elle y a été contrainte, non pour établir, mais pour constater la croyance à des dogmes attaqués. […] M. de Bonald n’est donc pas venu pour faire entrer dans la société une vérité nouvelle ; mais il est venu pour empêcher une vérité ancienne de sortir de la société. […] M. de Maistre et M. de Bonald, qui ont suivi la même route dans les errements de la société ancienne, paraissent avoir méconnu les faits nouveaux de l’esprit humain.
Tout se ressentait, chez les anciens, même dans les relations de famille, de l’odieuse institution de l’esclavage. […] Le bonheur des autres n’est point l’objet de la morale des anciens ; ce n’est pas les servir, c’est se rendre indépendant d’eux, qui est le but principal de tous les conseils des philosophes. […] La connaissance des langues anciennes, qui a ramené le véritable goût de la littérature, inspira pendant quelque temps une ridicule fureur d’érudition. […] Des commentaires sur les ouvrages des anciens avaient pris la place des observations philosophiques : il semblait qu’entre la nature et l’homme, il dût toujours exister des livres. […] Tout ce qui concernait les anciens obtenait alors un égal degré d’intérêt ; on eût dit qu’il importait bien plus de savoir que de choisir.
Section 6, que dans les écrits des anciens, le terme de chanter signifie souvent déclamer et même quelquefois parler Strabon qui a vécu sous le regne d’Auguste, nous apprend d’où procedoit la signification abusive que le mot de chant, celui de chanter et leurs dérivez avoient alors. […] Rapportons à present les passages des anciens auteurs qui mettent en évidence, que quoique les grecs et les latins donnassent le nom de chant à la déclamation de leurs pieces de théatre, cette déclamation n’étoit pas néanmoins un chant musical. […] Cependant les auteurs anciens se servent du mot de chanter lorsqu’ils parlent de la recitation des comedies, ainsi qu’ils s’en servent en parlant de la recitation des tragedies. […] Mais, dira-t’on, quand les choeurs des anciens chantoient, c’étoit une veritable musique. […] C’est que les anciens se servoient pour accompagner les choeurs d’instruments differens de ceux dont ils se servoient pour accompagner les recits.
Quoi qu’il en soit du procédé, on a cette suite de lettres, auquel il s’en est ajouté depuis beaucoup d’autres, et plus anciennes, et plus récentes ; de telle sorte que la vie de Courier se retrouve peinte en entier dans sa correspondance. […] Il semble ici ne risquer sa sensibilité qu’à la faveur d’un ancien. […] Mais, pour peindre, il en revient encore aux anciens ; il voudrait, comme André Chénier, traiter un sujet moderne dans le goût antique ; et pour cela il ne faut pas que le sujet soit trop considérable ni très compliqué. […] La fortune traitait cette fois Courier avec faveur : elle lui faisait trouver chez un ancien ce qu’il aurait aimé à inventer lui-même. […] … Contentons-nous, monsieur, de lire et d’admirer les anciens du bon temps.
Supposez-moi de retour d’un voyage d’Italie, et l’imagination pleine des chefs-d’œuvre que la peinture ancienne a produits dans cette contrée. […] Quel rapport y a-t-il entre le salaire qu’on accordait aux maîtres anciens, et la valeur que nous mettons à leurs ouvrages ? […] C’est du plus habile d’entr’eux que le Poussin a dit qu’il étoit une aigle en comparaison des modernes, et un âne en comparaison des anciens. […] Mais, me direz-vous, il est donc impossible à nos artistes d’égaler jamais les anciens. […] Réformer la nature sur l’antique, c’est suivre la route inverse des anciens qui n’en avoient point ; c’est toujours travailler d’après une copie.
L’auteur prouve d’abord la nécessité de suivre dans cette recherche une nouvelle méthode, par l’insuffisance et la contradiction de tout ce qu’on a dit sur l’histoire ancienne jusqu’à la seconde guerre punique (chap. […] Le peuple hébreu est le plus ancien de tous. […] Division des peuples anciens en hébreux et gentils. […] Ancienne histoire romaine.
Corollaire relatif à la sagesse politique des anciens Romains. […] L’attachement des Romains à leur ancienne législation fut une des principales causes de leur grandeur. […] Corollaire : que l’ancien droit romain à son premier âge fut un poème sérieux, et l’ancienne jurisprudence une poésie sévère, dans laquelle on trouve la première ébauche de la métaphysique légale.
Sans l’histoire, il est difficile d’entendre les auteurs anciens ; sans la morale universelle, il est impossible de fixer les règles du goût : et, sous ces deux points de vue, l’enseignement de ce second cours reflète encore sur l’enseignement du premier. […] Il faut un Abrégé de l’Ancien Testament, un Abrégé du Nouveau. […] Il y a la géographie ancienne et la géographie moderne : il n’en faut point faire des études séparées : il en coûterait si peu pour joindre au nom d’une ville ou d’une rivière celui qu’elle portait autrefois. […] L’Histoire ancienne par l’abbé Millot. […] On consultera, sur la géographie ancienne, Strabon, Ptolémée, Pomponius Mêla et surtout les ouvrages modernes de Cluvier, de Cellarius et de notre d’Anville.
Section 7, nouvelles preuves que la declamation théatrale des anciens étoit composée, et qu’elle s’écrivoit en notes. Preuve tirée de ce que l’acteur qui la recitoit, étoit accompagné par des instrumens Il paroît donc évident que le chant des pieces dramatiques qui se recitoient sur les théatres des anciens, n’avoit ni passages, ni ports de voix cadencez, ni tremblements soûtenus, ni les autres caracteres de notre chant musical : en un mot que ce chant étoit une declamation comme la nôtre. […] Suivant l’idée que les anciens avoient de la dignité de l’orateur, cet accompagnement dont on ne pouvoit point se passer en déclamant comme on recitoit sur le theatre lui convenoit si peu, que Ciceron ne lui veut pas même souffrir d’avoir jamais derriere lui lorsqu’il parle en public, un joueur d’instrument pour lui donner ses tons, quoique cette précaution fut autorisée à Rome par l’exemple de C. […] Il suffit pour cela que l’auteur de cet écrit, qui est connu depuis plusieurs siecles, ait vécu quand les théatres des anciens étoient encore ouverts. […] Cette étude recherchée de tous les artifices capables de mettre de la force et de jetter de l’agrément dans la déclamation, ces rafinemens sur l’art de faire paroître sa voix, ne passeront point pour les bizarreries de quelques rêveurs auprès des personnes qui ont connoissance de l’ancienne Grece et de l’ancienne Rome.
Que la Mythologie rapetissait la nature ; que les Anciens n’avaient point de Poésie proprement dite descriptive. […] Nous ne nous dissimulons pas que nous avons à combattre ici un des plus anciens préjugés de l’école. […] On ne peut guère supposer que des hommes aussi sensibles que les anciens eussent manqué d’yeux pour voir la nature, et de talent pour la peindre, si quelque cause puissante ne les avait aveuglés. […] Au lieu de ce soleil couchant, dont le rayon allongé, tantôt illumine une forêt, tantôt forme une tangente d’or sur l’arc roulant des mers ; au lieu de ces accidents de lumière, qui nous retracent chaque matin le miracle de la création, les anciens ne voyaient partout qu’une uniforme machine d’opéra. […] Il faut plaindre les anciens, qui n’avaient trouvé dans l’Océan que le palais de Neptune et la grotte de Protée ; il était dur de ne voir que les aventures des Tritons et des Néréides dans cette immensité des mers, qui semble nous donner une mesure confuse de la grandeur de notre âme, dans cette immensité qui fait naître en nous un vague désir de quitter la vie, pour embrasser la nature et nous confondre avec son Auteur.
C’est sur ces principes que les anciens philosophes ont condamné la poësie. […] Quelques gens pourroient croire d’abord que j’y manque de respect aux anciens, et j’avoüe que cela me siéroit moins qu’à aucun autre. […] Je laisse à décider aux sçavans, qui l’emporte des anciens ou des modernes. […] Tant pis pour ceux qui se séduiront si grossiérement : pour moi je comprens qu’on peut être modeste, en espérant de passer les anciens. […] Nous avons un avantage qui manquoit aux anciens, puisqu’ils sont nos maîtres, et qu’ils n’en ont pas eu, du moins d’aussi parfaits.
Tout en continuant de s’occuper de philosophie, d’entretenir ses disciples, de surveiller son école et de publier avec soin ses anciens écrits, ses anciens cours, il tourna presque brusquement à la littérature. […] Cousin semblait s’être séparé des principaux amis de son ancien groupe. […] C’était une personne des plus distinguées et des plus rares de l’ancienne société, et qui n’avait cessé de rester en relation et en communication d’esprit avec la société nouvelle. […] Après la révolution de juillet 1830, elle fut la première personne des anciens salons aristocratiques qui passa à la branche nouvelle. […] C’était, d’ailleurs, prêter flanc aux méchancetés légitimistes qui devaient saisir avec délices cette occasion de se venger d’une défection ancienne et toujours sensible.
De loyaux militaires, d’anciens officiers de cavalerie se sont piqués d’honneur ; ils sont venus, plume en main, discuter le plus ou moins de convenance des historiettes racontées par le jeune abbé dans la société de Mme de Caumartin et s’inscrire en faux contre ses plus insinuantes malices. […] Le jeune abbé se contentait, en ces années fougueuses, d’obéir à ses passions, sans en faire parade par lettres : ce sont d’ailleurs de ces choses qu’on n’a guère coutume d’aller raconter à son ancien précepteur. […] Passe encore quand l’abbé archéologue soumet au saint homme l’ explication d’un ancien tombeau et des symboles ou inscriptions qui le recouvrent ; cela donne sujet du moins à son austère ami de moraliser en ces hautes paroles : « Les hommes, lui écrit Rancé à cette occasion, sont à plaindre en bien des choses, mais particulièrement dans la vanité de leurs tombeaux. […] Les anciens disaient, quand ils voulaient faire allusion à cet instant : Si quid minus feliciter contigerit . […] L’amitié trouve moins son compte dans ce vers ancien si souvent cité : Oblitusque meorum, obliviscendus et illis, vers où il ne faudrait pas voir d’ailleurs la pensée d’Horace, mais une boutade d’un moment.
Mais accordons qu’au sortir des écoles, les enfants possèdent les langues anciennes qu’on leur a montrées : que deviennent ces enfants ? […] Et puis je demanderai : à qui ces langues anciennes sontelles d’une utilité absolue ? […] leurs anciens auteurs n’ont-ils pas été traduits et retraduits cent fois ? […] On reviendra à la lecture des orateurs et des poètes distingués tant anciens que modernes. […] Je ne veux ni un sec et triste détracteur des Anciens, ni un sot admirateur de leurs défauts.
Le vis-à-vis de Rigault avait eu autrefois, à ce qu’il paraît, une peccadille à se reprocher ; il avait été accusé d’une faute, déjà ancienne. […] Sur les anciens auteurs, Horace, Homère, est-il besoin de le dire ? […] Lorsqu’il s’agit d’auteurs anciens, mais surlesquels la tradition ne se prononce pas parce qu’ils sont de second ou de troisième ordre, il est moins sûr, et il peut se tromper ou donner dans l’à-peu-près. […] Baour-Lormian est-il un sujet ancien ou moderne ? […] Le livre de la Querelle des Anciens et des Modernes m’a occupé autrefois, et je n’y reviendrai pas ici : il fut l’occasion, pour Rigault, d’un de ses grands succès.
Des témoins fidèles nous représentent avec vérité Portalis au Conseil des Anciens, débitant presque aveugle ses beaux discours. […] Il eût à prononcer au Conseil des Anciens un rapport concernant le divorce, et il y traçait une théorie du mariage qui se retrouve en entier et littéralement, sauf de légères variantes, dans son Discours préliminaire sur le projet de Code civil. […] Portalis usait librement de ce privilège ; il est de ceux dont on peut dire comme de beaucoup d’anciens : Solebat dicere. […] Il en fit preuve dans un de ses discours les plus remarqués au Conseil des Anciens, quand il y plaida pour les émigrés naufragés de Calais. […] Portalis fut rapporteur dans le Conseil des Anciens.
Il s’est exposé à ce qu’un journal malin qui avait, découvert la fraude et qui connaissait l’ancien texte du roman, en fit paraître un jour un chapitre en disant : « Nous donnons ici le feuilleton que M. […] C’est un persiflage de grande dame de l’ancien régime qui affecte d’ignorer, en fait d’intérêts matériels, ce que sait le moindre bourgeois. […] Je ferai une Contemporaine, mais royaliste et de qualité, la contemporaine de l’ancien grand monde. » Il aimait les coiffes ; il avait reçu les confidences de quantité de vieilles dames d’autrefois, et savait à ravir le menu de ce haut commérage. […] J’ai déjà parlé de M. de Meilhan et ici même69 : je tâcherai d’y revenir sans trop me répéter, et de repasser sur les mêmes traits avec une couleur presque neuve, ou du moins empruntée à d’anciens écrits qui sont comme nouveaux. […] Le Couteulx de Canteleu, ancien sénateur et pair de France, qui les tenait, dit-on, de M. de Meilhan lui-même.
Il n’eut en rien la religion des anciens ni celle des classiques ; il se piquerait plutôt de les ignorer ou de les avoir oubliés que de les posséder ; une citation latine lui fait l’effet d’une incongruité. […] Celui qui s’opposait le plus à sa sortie de prison en 93 était un ancien éditeur très ignorant, dont il avait, huit ou dix ans auparavant, comme correcteur typographe, relevé quelques bévues, dans l’imprimerie où il faisait son apprentissage. […] Pour lui, il se fait auprès du consul le représentant et l’organe des anciennes forces conservatrices de la société, par antagonisme à ce qu’il y a, dans un autre sens, de forces et d’intérêts purement révolutionnaires. […] Dans son but constant de pousser à la restauration des anciens principes, il va au-devant d’une objection qu’il sent qu’on devait lui faire. […] S’inquiétant des générations à venir, il est des premiers à conseiller de recueillir les débris de l’ancienne Université, et d’en tirer quelque parti à l’égard de la jeunesse qui est en proie aux charlatans et qui s’élève au hasard.
Il me semble que jusqu’à ce qu’un homme ait lu tous les livres anciens, il n’a aucune raison de leur préférer les nouveaux. » C’est Usbek ou plutôt c’est Montesquieu qui dit cela dans les Lettres persanes, et il est juste de le lui appliquer. […] Lainé, l’ancien ministre, avait obtenu de la famille Secondat de faire des recherches dans ces précieuses archives ; il méditait un travail sur Montesquieu qui ne fut jamais qu’un projet. […] Les anciens lui étaient un culte. […] » Et lui-même, en sentant ainsi, il a mérité d’être traité comme un ancien : citer Montesquieu, en détacher un mot qu’on place dans un écrit, cela honore. […] C’est ainsi que dans l’Hippolyte d’Euripide, Diane, au moment où le jeune héros va mourir, s’éloigne, quoiqu’il semble qu’elle l’ait aimé : mais, si amie que soit des mortels une divinité ancienne, les larmes sont interdites à ses yeux. — L’Homme-Dieu n’était point venu.
Les idées anciennes devenues inintelligibles Avançons dans la route difficile que nous nous sommes tracée : je l’ai déjà dit, ma fonction est de venir expliquer des ruines. […] Dans les temps où la société est ainsi agitée par la lutte des idées anciennes qui voudraient ressaisir le sceptre du pouvoir, et des idées nouvelles qui ne veulent pas souffrir de partage, souvent c’est un malaise vague et intérieur dont il est difficile de marquer les périodes et de signaler tous les symptômes. […] Il est devenu sensible pour tous que les idées anciennes non seulement étaient décréditées, mais encore qu’elles étaient frappées d’une sorte d’obscurité qui les rendait inintelligibles au plus grand nombre ; comme les paroles de cette fille de Priam, qui étaient empreintes du sentiment de l’avenir, mais à qui le don d’imposer la croyance avait été refusé. Au milieu de ce violent tumulte, qui fut le plus souvent une discussion très solennelle, les idées anciennes étaient défendues, tantôt avec une réserve que l’on prenait pour de la faiblesse, tantôt avec un courage que l’on prenait pour de l’exagération ; quelquefois on eût dit le chant du cygne qui va mourir : mais ce chant du cygne n’était point entendu, et n’avait point la force d’émouvoir ; il n’y avait rien de contagieux dans ces derniers accents d’idées expirantes, ou dont l’empire n’était plus que dans le passé : encore, il faut l’avouer, souvent aussi ce n’était point même le chant du cygne ; c’était quelque chose de vague et d’incertain, comme un éblouissement des oreilles ; c’était, en un mot, une cause mal comprise et mal défendue. […] Dans l’assemblée dont nous parlions tout à l’heure on voyait deux choses à la fois : certains dogmes de la société ancienne, à moitié admis, à moitié rejetés par ceux qui les professaient encore, ou qui voulaient encore les professer ; certains dogmes de la société nouvelle, qu’on avait le dessein d’admettre sans conviction, et par la seule nécessité des circonstances.
Voilà un de nos vœux les plus anciens et les plus chers qui est exaucé, et de manière à surpasser nos espérances. Tout avait été dit sur André Chénier, tout ce que le goût et une vivacité délicate et passionnée peuvent inspirer à une simple lecture ; il restait un travail à faire et d’un détail infini, qui demandait une longue patience, un savoir ingénieux et sagace : c’était de traiter André Chénier comme un ancien, comme un classique qu’il est, de fixer son texte, d’éclaircir tout ce qui se passe de voilé ou de transparent dans ses poésies, de les rattacher avec précision aux diverses circonstances connues de sa vie, de rassembler autour de lui toutes ses sources et ses origines littéraires, d’indiquer toutes les fleurs où il est allé butiner, toutes les ruches ou il est allé piller son miel. […] Sachant le grec dès l’enfance et comme sa langue maternelle, il étudie le français, et il s’y applique « avec le soin et l’exactitude qu’on met à approfondir une langue ancienne. » Il commente Malherbe, il possède à fond son Montaigne, son Rabelais ; il ignore Ronsard, et ce ne fut pas un malheur, car s’il doit renouveler à quelques égards la tentative de Ronsard, ce sera sans fausse réminiscence et « avec le goût pur de Racine. » M. […] En même temps qu’il a été si soigneux de rattacher à chaque page, à chaque vers, tout ce qui s’y rapporte directement ou indirectement chez les Anciens ou même chez les modernes, le nouvel éditeur ne tire point trop son auteur du côté des textes et des commentaires, et il ne prétend point le ranger au nombre des poëtes purement d’art et d’étude ; il relève avec un soin pareil, il sent avec une vivacité égale et il nous montre le côté tout moderne en lui, et comme quoi il vit et ne cesse d’être présent, de tendre une main cordiale et chaude aux générations de l’avenir : « Chénier, remarque-t-il très justement, ne se fait l’imitateur des Anciens que pour devenir leur rival. » À Homère, à Théocrite, à Virgile, à Horace, il essaye de dérober la langue riche et pleine d’images, la diction poétique, la forme, de la concilier avec la suavité d’un Racine, et quand il en est suffisamment maître, c’est uniquement pour y verser et ses vrais sentiments à lui, et les sentiments et les pensées et les espérances du siècle éclairé qui aspire à un plus grand affranchissement des hommes. […] B. de Fouquières, sa préoccupation constante est donc contrairement à ce qu’on a pu croire dans le principe, de se dégager des Anciens, à mesure que, dans les luttes qu’il leur livre, il sent ses reins s’assouplir et ses forces s’accroître.
Section 37, des défauts que nous croïons voir dans les poëmes des anciens Quant à ces défauts que nous croïons voir dans les poemes des anciens, et que déja nous comptons par nos doigts, il peut bien être vrai que souvent nous nous trompions en plus d’une maniere. […] Les anciens germains, si renommez pour leur bravoure, croïoient aussi que c’étoit prudence et non point lâcheté, que de fuir dans l’occasion pour revenir à la charge plus à propos. […] Après avoir reproché aux poëtes anciens d’avoir rempli leurs vers d’objets communs et d’images sans noblesse, on se croit encore fort moderé quand on veut bien rejetter la faute qu’ils n’ont pas commise, sur le siecle où ils ont vécu, et les plaindre d’être venus en des temps grossiers. […] Homere, par cet endroit-là même qui l’a fait blâmer ici, plairoit encore à plusieurs peuples de l’Asie et de l’Afrique, qui n’ont point changé la maniere ancienne de gouverner leurs chevaux, non plus que beaucoup d’autres usages. […] Il ne suffit pas de sçavoir bien écrire pour faire des critiques judicieuses des poësies des anciens et des étrangers, il faudroit encore avoir connoissance des choses dont ils ont parlé.
En effet, on observe généralement que les cités les plus anciennes, et presque toutes les capitales, ont été bâties au sommet des montagnes, tandis que les villages sont répandus dans les plaines. […] C’est en ouvrant un asile que Cadmus fonde Thèbes, la plus ancienne cité de la Grèce. […] On dit que dans les temps les plus anciens, les achats et les ventes se faisaient par échange, lors même qu’il s’agissait d’immeubles. […] Telle fut sans doute la raison pour laquelle on ne trouve dans les anciennes archives du moyen âge, d’autres contrats que des contrats de cens seigneurial pour des maisons ou pour des terres, soit perpétuel, soit à temps. […] C’est cette tradition vulgaire sur la sagesse des anciens qui a trompé Platon, et lui a fait regretter les temps où les philosophes régnaient, où les rois étaient philosophes .
Ne rencontrant sur la scène politique, après la chute du parti dominateur, que d’anciens partis déjà vaincus et presque épuisés, il courait risque de se blaser, pour ainsi dire, et de ne plus voir son sujet avec la même netteté d’intelligence, la même franchise de patriotisme. […] On le vit bien quand, par une démarche généreuse, Robert Lindet, Carnot et Prieur de la Côte-d’Or réclamèrent, comme membres de l’ancien gouvernement, leur part de responsabilité dans l’accusation de Billaud, Collot et Barrère ; la signature de Carnot et de Prieur se trouvait en effet sur les ordres les plus reprochés aux accusés. […] David, que son génie avait fait absoudre, fut de nouveau repris avec les autres membres des anciens comités. […] Émus de tant de scènes funèbres, Loirvet, Legendre, Fréron, demandèrent le renvoi à leurs juges naturels des députés traduits devant la commission ; mais Rovère, ancien terroriste devenu royaliste fongueux, Bourdon de l’Oise, implacable comme un homme qui avait eu peur, insistèrent pour le décret, et le firent maintenir. […] Homme était un homme simple et austère ; Goujon était jeune, beau et doué de qualités heureuses ; Bourbotte, aussi jeune que Goujon, joignait à un rare courage l’éducation la plus soignée ; Soubrany était un ancien noble sincèrement dévoué à la cause de la Révolution.
Les anciens appelloient rithme en musique, ce que nous appellons mesure et mouvement. […] Peut-être aurions-nous étudié l’art de toucher les instrumens militaires autant que les anciens l’avoient étudié, si le fracas des armes à feu laissoient nos combattans en état d’entendre distinctement le son de ces instrumens. Mais quoique nous n’aïons pas travaillé beaucoup à perfectionner nos instrumens militaires, et quoique nous aïons si fort négligé l’art de les toucher qui donnoit tant de consideration parmi les anciens, que nous regardons ceux qui exercent cet art aujourd’hui, comme la partie la plus vile d’une armée, nous ne laissons pas de trouver les premiers principes de cet art dans nos camps. […] Les symphonies de nos opera, et principalement les symphonies des opera de Lulli, le plus grand poëte en musique dont nous aïons des ouvrages, rendent vrai-semblables les effets les plus surprenans de la musique des anciens. Peut-être que les bruits de guerre de Thesée, les sourdines d’Armide, et plusieurs autres symphonies du même auteur auroient produit de ces effets qui nous paroissoient fabuleux dans le récit des auteurs anciens, si l’on les avoit fait entendre à des hommes d’un naturel aussi vif que des atheniens, et cela dans des spectacles où ils eussent été émus déja par l’action d’une tragédie.
Il s’agit d’égaler la dignité de la langue française à la dignité des langues anciennes, de la grecque et de la romaine. […] Il leur restait à l’attaquer sur l’article de l’imitation des anciens, et, effectivement, c’est ce qu’ils allaient faire. […] Je vois les Anciens, sans plier les genoux. […] Il faut peindre avec des couleurs vraies comme les anciens, mais il ne faut pas peindre les mêmes choses. […] Dans le Génie du christianisme, c’est encore le bon goût, le grand goût, le goût formé à l’aide des anciens — et des plus anciens, si l’on peut ainsi dire, parmi les modernes, — qui demeure juge de l’art.
Il se présente ici une objection : si le christianisme est favorable au génie de l’histoire, pourquoi donc les écrivains modernes sont-ils généralement inférieurs aux anciens dans cette profonde et importante partie des lettres ? […] L’histoire ancienne offre un tableau que les temps modernes n’ont point reproduit. […] Bien que les peuples modernes présentent, comme nous le dirons bientôt, quelques époques intéressantes, quelques règnes fameux, quelques portraits brillants, quelques actions éclatantes, cependant il faut convenir qu’ils ne fournissent pas à l’historien cet ensemble de choses, cette hauteur de leçons qui font de l’histoire ancienne un tout complet et une peinture achevée. […] Donnons-nous de garde de nous en plaindre ; l’homme moral parmi nous est bien supérieur à l’homme moral des anciens.
Section 17, quand ont fini les représentations somptueuses des anciens. […] J’ai voulu dire seulement que le théatre de Marcellus et les autres théatres magnifiques furent détruits ou devinrent inutiles par le dommage qu’ils avoient souffert, et que ces représentations somptueuses qu’on y donnoient cesserent, mais je n’ai pas prétendu dire que toute représentation de comédies ait cessée, au contraire, je crois que dans Rome et dans les autres grandes villes qui avoient essuïé les mêmes malheurs que cette capitale, on commença dès que les temps furent redevenus moins orageux, à joüer des pieces de théatres, mais sans l’appareil ancien. […] Quand il y avoit un si grand nombre de personnes qui faisoient leur profession des arts musicaux ; faut-il s’étonner que les anciens eussent tant de méthodes et tant de pratiques relatives à la science de la musique, lesquelles nous n’avons pas. […] Nous retrouvons les regles de la musique poëtique dans les vers des anciens, et je crois que l’église peut bien nous avoir conservé quelqu’unes de leurs mélopées dans le chant de son office. […] Mais tous ces chants soit qu’ils ayent été composez avant saint Gregoire, soit qu’ils aïent été faits de son temps, peuvent toûjours servir à donner une idée de l’excellence de la musique des anciens.
Fénelon : il tient au xviie siècle par la foi et par l’admiration des anciens. […] Il n’y a qu’à louer son chapitre de la rhétorique : il s’attache à expliquer l’infériorité de notre éloquence politique et judiciaire à l’égard de celle des anciens. […] Désireux de plaire à tout le monde, il proposa une dizaine de raisons pour et contre l’une et l’autre opinion, encouragea les modernes en approuvant les anciens, et finit par s’échapper sans conclure. Toute sa lettre concluait pour lui : partout il y citait les anciens pour les louer, les modernes pour les critiquer ; d’un bout à l’autre, elle exprimait l’impression de la supériorité des anciens. […] Fénelon admire les anciens : mais il ne fonde pas son admiration sur des règles absolues et évidentes ; il nous donne des impressions plutôt qu’il ne formule des règles ; c’est son sens individuel qui admire les anciens.
Sur ce qui concerne les mœurs, le plus beau et le meilleur est enlevé ; l’on ne fait que glaner après les anciens et les habiles d’entre les modernes. […] De même on ne saurait en écrivant rencontrer le parfait, et s’il se peut, surpasser les anciens que par leur imitation. Combien de siècles se sont écoulés avant que les hommes dans les sciences et dans les arts aient pu revenir au goût des anciens, et reprendre enfin le simple et le naturel. […] Un auteur moderne prouve ordinairement que les anciens nous sont inférieurs en deux manières, par raison et par exemple : il tire la raison de son goût particulier, et l’exemple de ses ouvrages. Il avoue que les anciens, quelque inégaux et peu corrects qu’ils soient, ont de beaux traits ; il les cite, et ils sont si beaux qu’ils font lire sa critique.
On se mit à étudier les anciens. […] Celle de Montaigne, par les tours, par les formes, par l’assemblage des mots et le caractère des images, a presque partout la physionomie des langues anciennes. […] D’ailleurs, l’étude même des anciens, et notre première admiration pour Athènes et pour Rome, dans un temps où notre goût n’était pas encore formé, purent nous égarer. […] Des hommes qui avaient plus réfléchi sur les langues des anciens, que sur le caractère de la nôtre, voulurent y transporter ce genre de beauté auquel elle se refusait. […] Dans les anciennes républiques, l’éloquence faisait partie de la constitution ; sans elle point de gouvernement, point d’état.
remy, une place dans le groupe sublime des Anciens, si large et si varié qu’on veuille faire ce groupe. […] remy paraît ne tenir aucun compte chez les Anciens de la grâce, de la légèreté et de la finesse. […] Il voudrait avant tout que le poëte eût débuté autrement ; car les Anciens commencent d’ordinaire par définir leur sujet, par dire : Je chante tel homme ou telle chose. […] remy, que « jamais, chez les Anciens, les devoirs de l’hospitalité aient pu dépendre d’un effet de poétique ? […] Mais il s’était appliqué surtout à recueillir les trésors poétiques de ceux des Grecs qui allaient déjà être des Anciens, à en faire un bouquet et, comme on disait, une guirlande.
« Je suis d’avis, nous dit Pasquier, que cette pureté n’est restreinte en un certain lieu ou pays, mais éparse par toute la France. » Il faut donc colliger en quelque sorte le bon langage, il le faut composer et rassembler de plus d’un endroit, et il nous en indique les moyens, sans négliger ce qu’on peut emprunter chemin faisant aux langues anciennes. […] En conseillant d’imiter les anciens et de les traduire, Pasquier recommande qu’on ne les traduise pas servilement, mais qu’on trouve leur équivalent en français, qu’on fasse surgir s’il se peut, à leur propos, une parole qui vienne de notre propre fonds. […] Il a des défauts sans doute, quelques pointes et jeux de mots, des comparaisons trop recherchées, des ressouvenirs de César, de Pompée et de Scipion, qui reviennent trop souvent, des thèses de parti-pris qui rappellent les déclamations des anciens. […] Les états généraux mis ainsi de côté, notre ancienne monarchie se définissait plus sûrement, au gré de Pasquier, une monarchie qui s’était tempérée elle-même par ce grand et perpétuel Conseil de la France, qu’on appelait Parlement. […] Étaient-ce les anciens parlements mêmes qui, durant les minorités, avaient graduellement établi cette autorité consentie depuis et ratifiée par le monarque ?
J’en parlerai, quoique ce soit bien voisin encore, comme d’une chose ancienne, avec désintéressement. […] Ce n’est plus aujourd’hui devant César qu’il faudrait évoquer, comme l’a fait, cet ancien poète, l’image de la Patrie affligée, c’est devant les Pompéiens endurcis et incorrigibles. […] Prevost-Paradol est au premier rang des jeunes écrivains distingués qui se sont produits dans ces cinq ou six dernières années ; une fonction spéciale lui est dévolue : il est ce qu’on peut justement appeler le Secrétaire général des anciens partis, adopté et chéri d’eux en cette qualité. […] La cause libérale, comme elle s’intitule, avait eu à subir depuis 1848 bien des affronts, des échecs et des désagréments ; mais je ne crois pas que, dans la personne de quelques-uns de ses chefs, tels que je les connais, elle dût éprouver d’humiliation plus sensible que celle de voir un ancien secrétaire du Château, l’ancien avocat des dotations princières, le chroniqueur des voyages officiels d’où il écrivait au débotté : « Le prince a fort réussi » ; un homme de collège à la cour et un homme de cour au collège, M. […] J’avais connu mes anciens amis plus dégoûtés.
Au moment où il conçut l’idée de son ouvrage, l’abbé Barthélemy avait lu ses anciens auteurs ; il les relut alors plume en main, « marquant sur des cartes tous les traits qui pouvaient éclaircir la nature des gouvernements, les mœurs et les lois des peuples, les opinions des philosophes ». […] Le docte Tillemont, dans ses Histoires ecclésiastiques, a fait ainsi : plein d’exactitude et de scrupule, il ne marche jamais sans un texte ancien, et, s’il y ajoute quelque chose de son cru, il l’indique par des crochets dans le courant du récit, de peur qu’on ne puisse confondre à aucun moment l’autorité et le commentaire. […] Le Voyage proprement dit s’ouvre avec bonheur et avec émotion par une visite à Épaminondas, le plus parfait des héros anciens ; il se termine, au dernier chapitre, par un portrait du jeune Alexandre : le récit tout entier s’encadre entre cette première visite à Thèbes, où le sujet apparaît dans toute sa gloire, et la bataille de Chéronée, où périt la liberté de la Grèce. […] Si l’on nous faisait autrefois de l’ancienne Grèce une image trop amollie et trop riante, ne nous la fait-on pas trop dure et trop sauvage aujourd’hui ? […] Dans une des séances de la Convention qui suivirent la mort de Barthélemy, Dusaulx, l’ancien ami de Jean-Jacques et le traducteur de Juvénal, monta à la tribune, et prononça de lui un éloge, dans lequel il recommandait les neveux du défunt à la sollicitude de la patrie.
Les anciens avaient fait du feu le père de tous les arts. […] Les planisphères anciens primitifs sont vraisemblablement la première origine des différentes mythologies. […] Les anciens, qui avaient mis en symboles toutes les puissances de la nature, n’avaient pas manqué d’établir des divinités conservatrices des lieux. […] Un ancien a dit que le juste aux prises avec l’adversité était un beau spectacle pour les dieux. […] Il ne s’agit point de ressusciter l’esclavage des anciens, ni la féodalité du quatorzième siècle.
Car il y a dans les littératures anciennes des œuvres d’un intérêt humain, d’une beauté universelle, où l’intérêt et la beauté ne sont pas indissolublement liés à la langue et au mètre, et dont l’intelligence n’exige pas une forte préparation archéologique. […] Quelques bons ouvrages de critique féconde et d’érudition sans vétilles aideront à comprendre les anciens et les étrangers, comme aussi à s’orienter dans la littérature française. […] On ne leur pardonnerait pas d’ignorer la Chanson de Roland : mais ici, plus encore que pour les littératures anciennes, on leur saura gré d’ignorer absolument ce qu’ils ne pourraient point lire eux-mêmes, c’est-à-dire ce qui n’a point été traduit. Car de prétendre qu’ils apprennent l’ancien français, c’est chimère, dans l’état actuel de nos programmes. […] Si l’on visait à donner une connaissance pratique de l’ancienne langue, si l’on avait aussi de bons textes appropriés aux nécessités scolaires, ce ne serait pas une grande affaire, et ce serait un plaisir de lire couramment quelques vieux auteurs.
Mais toute étude sur la civilisation païenne doit commencer par un examen sévère des prétentions des nations anciennes, et surtout des Égyptiens, à une antiquité exagérée. […] Il voyait que toutes les nations avaient leur Jupiter et leur Hercule ; il décida que son Jupiter Ammon était le plus ancien de tous, que tous les Hercule avaient pris leur nom de l’Hercule Égyptien. […] Casaubon n’y trouve pas une doctrine plus ancienne que le platonisme, et Saumaise ne le considère que comme une compilation indigeste. […] Les Égyptiens nous fourniront encore à l’appui de ce principe deux traditions de vanité nationale, savoir, que Jupiter Ammon était le plus ancien de tous les Jupiter, et que les Hercule des autres nations avaient pris leur nom de l’Hercule Égyptien. […] Longtemps après, Crotone presque déserte fait pitié à Tite-Live, lorsqu’il songe au nombre prodigieux de ses anciens habitants.
Aussi, en publiant ses savantes recherches sur nos anciennes fables, M. […] D’Aubigné et Regnier, grands admirateurs et défenseurs de Ronsard, appartenaient par leur talent à l’ancienne poésie, et lui rendaient son accent d’énergie familière et, si j’ose ainsi dire, son effronterie naïve ; Passerat et Gilles Durant lui conservaient son badinage ingénieux et ses piquantes finesses. […] D’Urfé, Colletet, mademoiselle de Gournay, mademoiselle de Scudery et beaucoup d’autres illustres de cet âge, aimaient notre ancienne littérature, tout en lui préférant la leur. […] Colletet avait été l’un des cinq auteurs qui formaient le conseil littéraire de Richelieu ; et, grâce aux largesses du cardinal, il avait pu acheter dans le faubourg Saint-Marceau, tout à côté de l’ancien logement de Baïf, une maison que Ronsard avait autrefois habitée ; circonstances glorieuses qu’il ne se lassait pas de remémorer. […] La Fontaine ayant appris que le savant Huet désirait voir la traduction italienne des Institutions de Quintilien par Toscanella, qu’il possédait, s’empressa de la lui offrir en y joignant cette Épitre naïve en l’honneur des anciens et de Quintilien : ce qui prouvait, dit Huet, la candeur du poëte, lequel, en se déclarant pour les anciens contre les modernes dont il était l’un des plus agréables auteurs, plaidait contre sa propre cause.
Entre l’état ancien et l’état nouveau, entre le premier moi, celui de la chenille, et le second moi, celui du papillon, il y a scission profonde, rupture complète. […] Il y avait en moi un être nouveau et une autre partie de moi-même, l’être ancien, qui ne prenait aucun intérêt à celui-ci. […] J’avais un ardent désir de revoir mon ancien monde, de redevenir l’ancien moi. […] Il faut distinguer cette première et profonde impression de toutes les autres qui vont suivre. » — En effet, dans ce premier stade, les sensations nouvelles étaient trop nouvelles ; elles n’avaient pas été répétées un assez grand nombre de fois pour faire dans la mémoire un groupe distinct, une série cohérente, un second moi ; telle est la chenille dont nous avons parlé, dans le premier quart d’heure qui suit sa métamorphose en papillon ; son nouveau moi n’est pas encore formé, il est en train de se former ; l’ancien, qui n’éprouve que des sensations inconnues, est conduit à dire : Je ne suis plus, je ne suis pas. — « Plus tard et dans une seconde période, dit notre observateur, lorsque par un long usage j’eus appris à me servir de mes sensations nouvelles, j’avais moins d’effroi d’être seul et dans un pays que je ne connaissais pas ; je pouvais, quoique avec difficulté, me conduire ; j’avais reformé un moi ; je me sentais exister, quoique autre. » Il faut du temps pour que la chenille s’habitue à être papillon ; et, si la chenille garde, comme c’était le cas, tous ses souvenirs de chenille, il y a désormais un conflit perpétuel et horriblement pénible entre les deux groupes de notions ou impressions contradictoires, entre l’ancien moi qui est celui de la chenille, et le nouveau moi qui est celui du papillon. — Dans le second stade, au lieu de dire : Je ne suis plus, le malade dit : Je suis un autre.
Les deux consuls servaient la fureur de Clodius, et Pompée abandonnait son ancien ami. […] Tibère avait le courage, mais non la tempérance des anciens généraux. […] Dès lors les anciens amis de Germanicus furent la proie désignée aux délateurs. […] Respectant tous les usages anciens, tous les droits des anciennes mœurs, il laissait même au sénat et au barreau une grande liberté d’opinion et de langage. […] Beaucoup d’auteurs anciens étaient traduits.
On peut le croire, car il manque dans tous les récits italiens et aussi dans les plus anciens textes allemands. […] Un de mes anciens auditeurs, M. […] Elle manque dans le manuscrit ; mais l’ancienne édition la donne, sans doute assez fidèlement. […] Officiellement, on dit la Nera, mais le peuple a conservé le masculin de l’ancien Nar. […] Danhuser, etc.) qu’on trouve dans les documents anciens. — Je renvoie une fois pour toutes à l’excellente étude de M.
Le chœur, dans la tragédie ancienne, signifie un ou plusieurs acteurs, qui sont supposés spectateurs, mais qui témoignent de temps en temps la part qu’ils prennent à l’action par des discours qui y sont liés, sans pourtant en faire une partie essentielle. […] Ils rendaient la tragédie plus régulière et plus variée : plus régulière, en ce que, chez les anciens, le lieu de la scène était toujours le devant d’un temple, d’un palais, ou quelque autre endroit public ; et l’action se passant entre les premières personnes de l’état, la vraisemblance exigeait qu’elle eût beaucoup de témoins, qu’elle intéressât tout un peuple : et ces témoins formaient le chœur. […] Voilà quels étaient les avantages des chœurs dans l’ancienne tragédie, avantages que les partisans de l’antiquité ont fait valoir, en supprimant les inconvénients qui en pouvaient naître. […] Comment les anciens conservaient-ils si scrupuleusement un usage si sujet au ridicule ?
Chez les anciens, par exemple, l’humilité passait pour bassesse, et l’orgueil pour grandeur ; chez les chrétiens, au contraire, l’orgueil est le premier des vices, et l’humilité une des premières vertus. Cette seule transmutation de principes montre la nature humaine sous un jour nouveau, et nous devons découvrir dans les passions des rapports que les anciens n’y voyaient pas. […] Pourquoi les passions qui tiennent au courage sont-elles plus belles chez les modernes que chez les anciens ? […] De ce mélange est née la magnanimité, ou la générosité poétique, sorte de passion (car les chevaliers l’ont poussée jusque-là) totalement inconnue des anciens.
Ils l’étudioient encore dans les ouvrages des anciens. Mais les anciens eux-mêmes ne connoissoient pas les arbres et les animaux dont nous venons de parler. L’idée de la belle nature que les anciens s’étoient formée sur certains arbres et sur certains animaux, en prenant pour modeles les arbres et les animaux de la Gréce et de l’Italie, cette idée, dis-je, n’approche pas de ce que la nature produit en ce genre-là dans d’autres contrées. […] Mais il falloit néanmoins que les anciens les estimassent beaucoup, puisque Constantin les fit venir d’Alexandrie à Rome comme un monument précieux dont il vouloit orner ses thermes.
Cette nature fut celle des poètes-théologiens, les plus anciens sages du paganisme, car toutes les sociétés païennes eurent chacune pour base sa croyance en ses dieux particuliers. […] Ce fut l’âge des oracles, la plus ancienne institution que l’histoire nous fasse connaître. […] Ces Héraclides furent répandus dans toute l’ancienne Grèce, et il en resta toujours à Sparte. Il en est de même des curètes que les Grecs retrouvèrent dans l’ancienne Italie ou Saturnie, dans la Crète et dans l’Asie.
Car il suffit d’admettre qu’un grand nombre de formes anciennes qui rattachaient les premiers progéniteurs de la classe des oiseaux aux premiers progéniteurs des autres vertébrés, se soient complétement éteintes. […] En pareil cas, il serait complétement impossible de trouver des définitions pour distinguer exactement les divers groupes de leurs parents immédiats, ou ceux-ci de leurs ancêtres plus anciens et inconnus. […] Car l’embryon, c’est l’animal dans un état moins modifié, et, par cela même, il nous révèle la structure de ses anciens progéniteurs. […] Comme l’état embryonnaire de chaque espèce et groupe d’espèces nous révèle, en partie du moins, la structure d’anciens progéniteurs moins modifiés, nous pouvons voir clairement pourquoi quelques formes organiques anciennes et éteintes ressemblent aux embryons de leurs descendants, nos espèces actuelles. […] Cette exception s’expliquerait encore en supposant que les variations du Culbutant à courte face, qui, on l’a vu, ne culbute plus, sont dues à des réversions à d’anciens caractères perdus.
La commedia dell’arte au temps de Molière et après lui (à partir de 1668) Au printemps de 1668, commence une nouvelle époque dans l’histoire de l’ancien théâtre italien. […] Je sais qu’il connaissait parfaitement les anciens comiques ; mais enfin il a pris à notre théâtre ses premières idées. […] Aurelia quitta le théâtre en 1683 : elle vécut jusqu’à l’âge de quatre-vingt-dix ans et mourut en 1703, époque où Mademoiselle Belmont, femme de son petit-fils, se souvenait d’avoir vu, dans son lit, toujours et extrêmement parée, l’ancienne favorite de la reine Anne d’Autriche. […] Il paraît que ce nom rappela aux Italiens leur ancien type, si important sur le théâtre des Gelosi. […] Giraton entreprit de restaurer ce type fameux de Pedrolino ou Pierrot ; il lui rendit son ancien caractère, à la fois niais et badin, son bon sens mélangé de sottise et de crédulité, et il eut un très grand succès.
Livet d’avoir songé à procurer (c’est l’ancien mot) une nouvelle édition de ces histoires de Pellisson et de d’Olivet, en y joignant quantité de notes et de pièces qui en varient et en rafraîchissent la lecture. […] J’entends parler surtout de l’ancienne Académie détruite en 1793 ; car, pour la nouvelle, les documents et les souvenirs surabondent. […] Maintenant, ces quarante fauteuils de l’ancienne Académie ne se sont pas transmis à la nouvelle. […] L’ancienne Académie ayant été supprimée en 1793, tout fut alors brouillé et confondu. […] C’est tout dire qu’on y opine du bonnet contre Homère et contre Virgile, et surtout contre le bon sens, comme contre un ancien, beaucoup plus ancien qu’Homère et que Virgile. » Et Fléchier, qui était du monde de M. de Montausier, c’est-à-dire du monde le plus opposé à celui de Boileau, écrivait à Mlle des Houlières (ces dames des Houlières étaient d’autres ennemis de Boileau) : « Je suis bien aise que votre cour grossisse tous les jours de quelque bel esprit qui vous rend hommage.
Il dira encore, en faisant la critique de notre manière de traduire les anciens et des jugements qu’on en a portés à l’aveugle : C’est à la source qu’il faut aller. […] Il sert sous son ancien général Laudon au siège de Belgrade (septembre-octobre 1789) ; il l’y aide efficacement par une suite d’attaques bien ménagées, et vers la fin par une batterie imaginée à la pointe d’une île, et qui fait merveille. […] Voilà le dernier bouquet, si je puis dire, de l’ancienne chevalerie française, de ces aimables et preux courtisans, civilisés et raffinés, dont les épées étaient valeureuses et brillantes, mais avaient des fourreaux de soie. […] Il y a une lettre du prince à un émigré des plus distingués, M. de Meilhan, ancien administrateur, homme de lettres et homme d’esprit. […] En y faisant appel, le prince de Ligne a touché juste, et il ne s’y est point trompé : la France nouvelle a vengé Marie-Antoinette de l’ancienne.
On fait ordinairement de l’Académie française la continuation pure et simple de l’ancienne ; on va même jusqu’à donner la généalogie des fauteuils. […] L’Académie demeure comme l’unique vestige de l’ancienne société détruite. » C’était gentil à dire et flatteur à entendre ; les applaudissements éclatèrent : le malheur est que c’est parfaitement inexact et faux. […] Ce ne fut qu’en 1816, avec la restauration des Bourbons, que les Académies, en vertu d’une ordonnance signée Vaublanc, reprirent leurs anciens titres, et, il faut ajouter, leurs anciennes prétentions. […] On a beau faire, on n’est plus dans l’ancienne Académie, qui elle-même, déjà, n’était peut-être pas si délicate qu’on le suppose. […] Savez-vous que M. de Carné ne doit pas être content de ses anciens amis, les académiciens du parti catholique ?
Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc63, et à ce propos de l’ancien théâtre français Lundi 27 octobre 1862 Ce mystère (c’est ainsi qu’on appelait les pièces sérieuses et religieuses de notre ancien théâtre) est, à vrai dire, une sorte de drame historique dont Jeanne d’Arc est l’héroïne ; il a été composé et sans doute représenté à Orléans au xve siècle, de 1429 à 1470. […] Moland, de même, pense que ce sont des « exercices de rhétorique » qui pourraient bien n’avoir jamais été joués, et qui n’appartiennent pas aux origines de l’art moderne, mais à la décadence de l’art ancien. […] Cette prose dialogue et rimée était quelquefois mise en scène, comme on voit par un ancien manuscrit que cela se passait dans la cathédrale de Sens au xiie siècle. […] C’est ainsi que, par degrés, on en vient aux drames les plus anciens composés d’un bout à l’autre en langue vulgaire ; et, dès ce moment, on sort tout à fait du sanctuaire et même de l’église. […] Le premier et le plus ancien exemple qu’on ait d’une production dramatique en français, en dialecte anglo-normand, est celui d’Adam, publié pour la première fois en 1854 par M.
L’histoire ancienne, chez M. […] De là l’action exercée en sens inverse par les deux grandes races qui ont fait la civilisation de l’ancien monde : celle de la Grèce sur l’Asie et l’Orient, celle de l’Italie sur l’Occident et l’Europe. […] Il porte des sandales, parce qu’il voit les statues de Romulus et des anciens Romains qui en ont. […] Je connais quelqu’un qui n’appelle jamais ce siècle des Antonins que le magnifique été de la Saint-Martin de l’ancienne philosophie. […] Ainsi, dans cette longue crise finale du monde ancien, la consolation offerte, la promesse dernière devait surpasser et, s’il se peut, submerger le désespoir.
Il y a déjà longtemps que j’ai envie, ne fût-ce que par variété, de parler une fois d’un ancien, et je n’ose. […] Mais, pour aborder convenablement les anciens, il faut des préparations singulières. […] Parmi les anciens, les deux Pline sont restés des plus présents et des plus récents au souvenir. […] Et Pline nous apprend que, tandis que l’usage général à Rome était déjà de brûler les corps, la famille Cornelia, ainsi que quelques autres familles, avait conservé les rites anciens qui consistaient à les enterrer. […] Ce xviiie siècle des anciens a commencé de très bonne heure et a duré fort longtemps, et Pline, si l’on va au fond, en était.
Car, d’après ma théorie, de telles strates doivent avoir été déposées à ces époques anciennes et complétement inconnues de l’histoire du monde. […] Comme les groupes descendus d’un ancien progéniteur ont généralement divergé en caractères, cet ancêtre commun et ses premiers descendants seront souvent intermédiaires entre ses descendants plus récents ; et nous voyons ainsi pourquoi plus un fossile est ancien, plus il présente souvent des caractères intermédiaires entre des groupes alliés existants. Les formes récentes sont généralement regardées comme étant, en somme, plus élevées dans la série organique que les formes anciennes et éteintes, et elles sont en effet plus parfaites, à ce point de vue du moins, qu’étant les dernières nées elles ont dû vaincre et supplanter dans la concurrence vitale les formes plus anciennes et moins parfaites ; et elles ont aussi, en général, leurs organes plus spécialisés pour différentes fonctions. […] Les espèces et groupes d’espèces, qu’on nomme aberrants, et qu’on pourrait appeler des fossiles vivants, nous aideront à ressusciter le portrait des anciennes formes de la vie. […] Chez les cryptogames eux-mêmes, les différentes classes se sont probablement formées suivant la loi de divergence de quelque type plus ancien et inférieur.
Il traitait les principes du goût avec le même mépris que nos anciens usages. […] Ils étaient fiers d’avoir recueilli toutes les lumières de l’ancienne Grèce, et celles de l’école d’Alexandrie. […] Les plus grands génies modernes ont regardé les anciens comme leurs maîtres. […] Et que d’idées morales les anciens savaient attacher à ces emblèmes poétiques ! […] L’ancienne police retrancha, dit-on, quelques passages de cet Essai.
J’ai vu M. de Quélen ; il m’a laissé l’idée du parfait évêque de l’ancien régime. […] L’ancien règlement de Saint-Nicolas du Chardonnet renfermait, comme tous les règlements de séminaire, un exercice appelé la lecture spirituelle. […] Quand un ancien élève de Saint-Nicolas se hasardait à rappeler cette maison, quelque vieux directeur se trouvait là pour dire : « Oh ! […] Il était écrit que ces courants et ces tempêtes emporteraient ma barque vers des rivages où mes anciens amis me verraient aborder avec terreur. […] Il y a quelques années, un de nos anciens condisciples me dit qu’il avait cru reconnaître parmi les noms des fusillés de la Commune un nom qui ressemblait au sien.
Gratet-Duplessis, ancien recteur de l’académie de Douai. […] Il était de ce petit nombre qui continuait la tradition et comme la race de l’ancienne Université dans la nouvelle. […] Il lisait constamment dans ces diverses littératures ce qu’il y avait d’ancien, de plus rare ou de plus oublié, et ne se tenait pas moins au courant de ce qui s’y publiait de nouveau. […] Lorsqu’en parcourant les manuscrits ou les vieux livres, il découvrait quelque pièce curieuse, inconnue ou très rare, et qu’il jugeait de quelque intérêt pour ses confrères les amateurs, il la faisait imprimer ou réimprimer à quelques exemplaires, et quelquefois dans les mêmes caractères gothiques que l’ancienne édition ; il faisait précéder la réimpression d’une petite notice, où il ne disait que l’essentiel, où il ne criait jamais à la découverte, et qu’il ne signait que de ses simples initiales (G.
Plus ils sont anciens, moins la forme naturellement déguise ou trahit la matière. Et l’on s’explique maintenant pourquoi le plus ancien est aussi le plus beau. […] Au lieu de la rude et sincère foi, de la barbarie saine et virile de l’ancienne épopée, s’étalent la courtoisie, l’amour : et quel amour ! […] Meyer et Longnon, Société des anciens textes français, in-8, 1892. […] Je suivrai pour les vers de l’ancienne langue que je traduirai l’excellente règle donnée par M.
Faites mes compliments à mes anciennes connaissances et à M. […] Cette lettre vous sera remise, monsieur et cher ami, par un de mes anciens camarades d’études auquel je suis très attaché. […] Monsieur et ancien ami, je n’ai point oublié les services que vous m’avez rendus il y a vingt-deux ans. […] En conséquence je vous écris, monsieur et ancien ami, comme au plus ancien de mes créanciers, vous priant de m’envoyer dans le courant de mars prochain une quittance générale de tout ce que je vous dois. […] Monsieur et ancien ami, je n’ai point d’autres livres de compte de mes dettes que les lettres de mes amis que je conserve précieusement.
Quoique appartenant par sa naissance comme par ses goûts fins et délicats à l’ancien régime, il abonde dans le sens de 89. […] Le dernier ouvrage publié par M. de Tocqueville en 1856, sous le titre de L’Ancien Régime et la Révolution, porte surtout l’empreinte de cette espèce de combat intérieur. […] S’il croit découvrir, en effet, « mille motifs nouveaux de haïr l’ancien régime », il trouve, en revanche, « peu de raisons nouvelles pour aimer la Révolution ». […] Plongé dans les archives d’une seule province, il n’avait pas assez présent à l’esprit l’entier tableau de cet ancien régime dont il exagérait et dont il méconnaissait à la fois quelques derniers bienfaits ; car c’était un bienfait que ce qu’il y avait de régime moderne préexistant depuis cent soixante ans dans l’ancienne monarchie, mais ce n’était pas tout. […] Quand il entreprend vers la fin de sa vie cet ouvrage de L’Ancien Régime et la Révolution, que de difficultés il se pose pour ses lectures dans un sujet si ouvert et si exploité (tome i, page 403) ?
L’évolution fut achevée, quand, aux environs de 1660, dans le jugement ou dans l’instinct de quelques grands écrivains et de leur public, la conciliation fut faite entre l’admiration des anciens, maîtres de l’art et guides du goût, et l’indépendance de la raison, plus confiante chaque jour en ses forces, et plus rebelle à toute autorité. […] Et notamment si tout l’effort de la critique depuis Scaliger tendait à fonder en raison le culte, et l’imitation des anciens, le vrai collaborateur et précurseur de Boileau, celui qui est comme l’anneau intermédiaire de la chaîne entre Malherbe et lui, c’est Chapelain. […] Ce bonhomme, érudit à la mode du xvie siècle, solidement et lourdement, lecteur de vieux romans, admirateur de Ronsard, critique sévère de Malherbe, fait une ode à Richelieu qui est de la même étoffe que l’ode à Louis XIII, et, dans son dogmatisme enveloppé de pédanterie, indique déjà les deux grandes lois classiques : autorité de la raison, et autorité des anciens. Il affirme la nécessité de tout soumettre au bon sens, au jugement, et il tire les règles absolues des genres des ouvrages des anciens. […] Il n’est aucunement artiste, et ne voit rien dans les poèmes des anciens qui ne puisse être répété comme mécaniquement par l’emploi des mêmes procédés.
Les hommes peuvent être désabusez par la verité, comme ils peuvent passer d’une ancienne erreur dans une nouvelle erreur plus capable de les décevoir que la premiere. […] Depuis l’établissement des nouveaux peuples qui habitent aujourd’hui l’Europe, aucune nation n’a préferé aux ouvrages de ces poëtes anciens, les poëmes composez en sa propre langue. Toutes les personnes qui entendent les poësies des anciens, tombent d’accord dans le nord comme dans le midi de l’Europe, dans les païs catholiques comme dans les protestans, qu’ils en sont plus touchez et plus épris que des poësies composées dans leur langue naturelle. […] Les anciens ne doivent pas être plus responsables des puérilitez de ces commentateurs, qu’une belle femme doit être responsable des extravagances que la passion feroit faire à des adorateurs qu’elle ne connoîtroit pas. […] Ils ont conçu que le monde avoit raison de penser comme il pensoit depuis plusieurs siecles, que si la réputation des anciens pouvoit être affoiblie, il y avoit déja long-temps que le flambeau du temps l’auroit, pour ainsi dire, obscurcie ; en un mot que leur zele étoit un zele inconsideré.
Nous essayerons de cette méthode à l’égard de notre ancien et fidèle collaborateur M. […] De l’ancien portrait de M. […] Magnin était Franc-Comtois, natif de Salins, et lui-même d’une ancienne et honnête famille bourgeoise du pays. […] , il n’a pas assez donné de ces anciens articles de circonstance. […] Magnin ne s’est appliqué à l’éclaircissement de cette question délicate : comment le théâtre ancien a-t-il fini ?
car ni moi, ni vous, ni personne, aucun ancien et aucun moderne, ne peut connaître la femme orientale, par la raison qu’il est impossible de la fréquenter. […] L’amour tel que le concevaient les anciens n’était-il pas une folie, une malédiction, une maladie envoyée par les dieux ? […] Dourdain, homme modeste, instruit, ancien barbiste, ancien secrétaire du vieux et respectable comte de Ségur, et qui, placé à la recommandation de son fils, le général Philippe de Ségur, dans les bureaux du ministère de l’intérieur, a toujours et obstinément refusé tout avancement. […] Quand il se trouva avoir pour ministres d’anciens barbistes comme lui, d’anciens camarades qui le tutoyaient ou qui du moins le traitaient familièrement, M. […] Pons, ancien professeur de rhétorique, professeur d’histoire, et qui maintenant est placé à ce titre au lycée de Digne, sa patrie.
Enfin, avec les écrivains français de cette époque, on est sans cesse exposé à les croire originaux, si on n’est pas tout plein des anciens ou des modernes d’au-delà des monts. Ils traduisent sans avertir, comme, aux figes précédents, on copiait les textes latins des anciens sans avertir non plus et sans citer. […] La rime n’y est pas, mais il y a assonance comme chez les anciens trouvères. […] Dans une Notice sur un Recueil manuscrit d’anciennes Chansons françaises, M. […] Les Marguerites poétiques, tirées des plus fameux poëtes françois, tant anciens que modernes, par Esprit Aubert, 1613.
La rainette, raine verte, verdier, en ancien français, c’est, en allemand, la grenouille feuille, laubfrosch. […] L’ancien français disait broche. […] De l’ancien français bele, cloche, mot venu lui-même du bas-allemand par la forme latine bella. […] Les formes les plus anciennes sont la solcie, la soucie. […] Qui était devenu graile en ancien français.
Or, ces lacunes nouvelles dépendent de lents changements de climat, de l’immigration accidentelle de nouveaux habitants, et, probablement plus encore, des lentes modifications de quelques-unes des anciennes espèces indigènes : les nouvelles formes ainsi produites et les anciennes qui ont persisté agissant et réagissant les unes sur les autres. […] Dans ce grand embranchement zoologique, il nous faudrait probablement descendre beaucoup au-dessous des strates fossilifères les plus anciennes pour découvrir la trace des premiers progrès au moyen desquels l’œil s’est successivement perfectionné. […] Pour découvrir les degrés primitifs de transition à travers lesquels cet organe a passé, il nous faudrait rechercher les formes ancestrales les plus anciennes qui se sont éteintes depuis longtemps. […] On peut inférer de ce point de départ que tous les vertébrés qui ont de vrais poumons descendent par voie de génération normale d’un ancien prototype dont nous ne savons rien, sinon qu’il était pourvu d’un appareil flotteur ou vessie natatoire. […] Mais, sans nul doute, des pieds palmés ont été utiles à l’ancien progéniteur de l’Oie de Magellan ou de la Frégate, comme ils sont utiles aujourd’hui à la plupart des oiseaux aquatiques existants.
A la mort de Louis XIV, on peut dire que la banqueroute de l’Église, de la noblesse et de la royauté, c’est-à-dire de toutes les puissances de l’ancien régime, est faite. […] Ce manque de prévoyance explique la vigueur avec laquelle on bat en brèche tout l’ancien régime, spirituel et temporel : on met en doute les principes de la religion et de la société, la révélation et le privilège. […] On nomme encore les anciens avec éloge : c’est que l’éducation classique subsiste dans les collèges, et fait partie des « perfections » nécessaires à l’homme du monde. Sous la discipline des Jésuites qui sont les grands éducateurs, l’étude des anciens est un instrument de culture élégante, qui sert à décorer la surface et comme à façonner les manières des esprits. […] L’ancien régime finit en idylle, dans la persuasion où est toute cette société, que rien ne résiste plus à la raison : la diffusion des lumières est accomplie ; le règne de la vérité et de la justice va venir.
Boissonade né en 1774, fils d’un militaire gentilhomme qui mourut gouverneur de Castel-Jaloux, se nommait Boissonade de Fontarabie et était de souche noble et ancienne. […] Quand plus tard il éditera Homère dans la Collection Lefèvre, il s’en tirera par un mot d’esprit, par un mot charmant, qu’il emprunte, selon son habitude, à un passage d’un ancien. […] Il venait quelquefois à cheval faire sa leçon (je le répète comme on me l’a dit) et s’en retournait au galop ; mais, si le fait est vrai, cela doit remonter à un temps très ancien. […] Je ne sais quel ancien a comparé ceux qui s’appliquaient à la grammaire, faute de mieux, à ces amants de Pénélope, qui, rebutés par la maîtresse, se rejetaient sur les servantes. […] Il avait fait des rapprochements curieux de nos plantes avec celles dont parlent les anciens.
Tout en décrivant mieux que personne la Cour et la partie du monde qui s’en rapprochait alors, et en y prenant presque exclusivement ses sujets d’observation, M. de Meilhan n’était pas homme à s’y renfermer : il avait lu et comparé, il sentait les anciens. Il a écrit sur cette question tant agitée des anciens et des modernes quelques pages qui sont des meilleures et qui terminent noblement son livre des Considérations sur l’esprit et les mœurs. […] M. de Meilhan, qu’on a vu apprécier les anciens et regretter que la vie publique fût trop rétrécie et trop étouffée chez les modernes, se demande si la Révolution dont il est témoin va rouvrir en effet toutes les sources généreuses. […] Les anciens peuples ont commencé par la pauvreté et l’égalité ; la gloire les a enivrés, menés aux richesses et au pouvoir absolu. […] Il peut servir à représenter à nos yeux toute une classe et une race de gens du monde, de gens d’esprit et d’administrateurs distingués, qui existaient tout formés à la fin de l’Ancien Régime, qui succombèrent avec l’ordre de choses, et qui ont péri dans l’intervalle, avant que la société reconstituée pût leur rendre une situation ou même leur donner un asile.
Grenier sur Homère, que je craignais fort que, dans cette lutte engagée avec l’esprit moderne, et qui, ouvertement ou sourdement, se continue, les Anciens ne perdissent tôt ou tard, sinon toute la bataille, du moins une partie et une aile de la bataille. […] Les Anciens entendaient par ce mot d’épigramme quelque chose de plus général que ce que nous désignons sous ce nom. […] Un grand nombre de ces épigrammes anciennes par leur vivacité et leur crudité, échappent à la citation. Il en est pourtant de morales et dans le sens des anciens sages. […] On est trop prompt à refuser aux Anciens d’avoir senti tout ce que nous avons senti nous-mêmes.
Pour cela il faudroit ruiner l’ancien pour en élever un tout neuf sur d’autres fondemens. […] Dans les contrées envahies par les barbares, il s’est formé un nouveau peuple composé du mélange de ces nouveaux venus et des anciens habitans. Les usages de la nation dominante ont prévalu en plusieurs choses et principalement dans la langue commune, qui s’est formée de celle que parloient les anciens habitans, et de celle que parloient les nouveaux venus. Par exemple, la langue qui se forma dans les Gaules où les anciens habitans parloient communément latin quand les francs s’y vinrent établir, ne conserva que des mots dérivez du latin.
On est maître en peignant de repasser à plusieurs fois sur son trait afin de le rendre tel qu’on prétend le former : on en est autant le maître, que les anciens l’étoient de reformer leur caractere lorsqu’ils écrivoient sur des tablettes de cire. Or les anciens étoient si bien persuadez qu’on pouvoit contrefaire l’écriture tracée sur leurs tablettes, parce qu’on pouvoit en retoucher les caracteres sans qu’il y parut, que les actes ne faisoient foi chez eux que moïennant l’apposition du cachet de celui qu’ils engageoient. C’est au soin que prenoient les anciens pour avoir des sçeaux singuliers, et qu’on ne pût contrefaire sans bien de la peine, que nous devons apparemment la perfection où fut porté de leur temps l’art de graver les pierres qui servoient de cachets. C’est le soin des anciens pour avoir des cachets qui ne pussent point ressembler à d’autres, qui est cause que nous trouvons aujourd’hui sur les pierres gravées antiques des figures si particulieres, et même si bizarres, et souvent la tête de celui qui se servoit du cachet.
L’instinct des voyages dut être l’un des plus anciens de l’homme. […] De même qu’il y a chrétiens et chrétiens, il y a musulmans et musulmans, il en est de zélés entre tous, de purement fanatiques, criant à la décadence de l’Islamisme, jaloux d’y pourvoir et de raviver l’ancienne ferveur : ce seraient gens, chez nous, à vouloir restaurer le Moyen-Age et l’Inquisition. […] Les Touareg sont une fraction d’un des plus anciens peuples de l’Afrique, antérieur aux Arabes ; ils ont résisté longtemps à la religion de Mahomet. […] Les Berbères, dont ils font partie, sont un très ancien peuple qui a éprouvé de grandes fluctuations et qui s’est vu porté tantôt à l’ouest et au sud de l’Afrique, tantôt du sud au nord-est. […] Parmi les nombreuses variétés de coutumes que présentait le régime féodal, on peut relever cette singularité que, dans notre ancienne province de Champagne, la noblesse Utérine faisait partie dit droit, commun.
Il est sorti d’un sermon apocryphe de saint Augustin sur cette idée fondamentale que l’Ancien Testament est tout entier une figure et une préparation du Nouveau : l’auteur du sermon traduisit cette idée en évoquant treize témoins prophétiques, qu’il faisait déposer en faveur de la mission de Jésus-Christ. […] Le sujet en est le vieux drame de Noël, le drame des Prophètes du Christ : mais il s’est amplifié, il a tendance à absorber tous les épisodes saillants de l’Ancien Testament, et par suite à se scinder en drames épisodiques. […] Ces pièces ne sont pas d’un art nouveau : moins graves que les anciens drames liturgiques, plus sérieuses que le jeu de saint Nicolas et que les mystères, très familières et rarement comiques, elles ont un caractère à la fois populaire et dévot que leur destination explique. […] C’est ce qu’indiquent les deux plus anciennes représentations de pièces saintes dont on connaisse la date : en 1290 et en 1302 fut joué à Limoges un Jeu sur les miracles de saint Martial. […] Mss de Rouen, nos 48 y et 50 y : ancienne rédaction du drame de la Crèche.
De très habiles dissonances sur la métrique ancienne donnaient l’apparence qu’un instrument nouveau chantait, mais apparence illusoire ; c’était, avec bien du charme et de la ductilité en plus, avec un sens très critique, l’ancienne rythmique : je dis bien rythmique et non poésie, car je m’occupe ici de la forme et non de la gamme toute neuve d’idées qui frissonnait en ces deux poètes. […] Depuis longtemps je cherchais à trouver en moi un rythme personnel suffisant pour interpréter mes lyrismes avec l’allure et l’accent que je leur jugeais indispensables ; à mes yeux, l’ancienne métrique devait n’être plus qu’un cas particulier d’une métrique nouvelle, l’englobant et la dépassant, et se privant des formes fixes gauchies par un trop long usage, et fatiguées de traditions. […] Ce que j’aurais à dire sur l’emploi des strophes fixes, soit les plus anciennes, et des strophes libres serait la répétition de ce que je viens d’énoncer à propos du vers fixe ; il est aussi inutile de s’astreindre au sonnet ou à la ballade traditionnels que de s’astreindre aux divisions empiriques du vers. […] D’ailleurs employer les ressources de l’ancienne poétique reste souvent loisible. Cette poétique possède sa valeur et la conserve en tant que cas particulier, de la nouvelle comme celle-ci est destinée à n’être plus tard qu’un cas particulier d’une poétique plus générale ; l’ancienne poésie différait de la prose par une certaine ordonnance ; la nouvelle voudrait s’en différencier par la musique, il se peut très bien qu’en une poésie libre on trouve des alexandrins et des strophes en alexandrins, mais alors ils sont en leur place sans exclusion de rythmes plus complexes… » IV Qu’ajouterai-je à ce trop bref et ancien exposé ?
Ce caractère est visible dans les plus anciens poèmes, comme dans les plus récents. […] A certains indices, on semblait obligé de le considérer comme un animal très ancien, bien plus ancien que plusieurs autres espèces. […] » Toutes les amoureuses de l’ancien théâtre sont des adolescentes. […] de la créance aux miracles anciens, que voici des théories sur le Miracle moderne. […] La principale est que, comme je l’ai déjà dit, au moment où nous sommes battus, nous nous souvenons, non pas de nos anciennes défaites, mais bien de nos anciennes victoires, et de cela seul.
Un chrétien a éminemment les qualités qu’un ancien demande de l’historien… un bon sens pour les choses du monde et une agréable expression 173. […] Chez les anciens, il fallait être docte pour écrire ; parmi nous, un simple chrétien, livré, pour seule étude, à l’amour de Dieu, a souvent composé un admirable volume ; c’est ce qui a fait dire à saint Paul : « Celui qui, dépourvu de la charité, s’imagine être éclairé, ne sait rien. […] Les premiers volumes de l’Histoire ancienne respirent le génie de l’antiquité : la narration du vertueux recteur est pleine, simple et tranquille ; et le christianisme, attendrissant sa plume, lui a donné quelque chose qui remue les entrailles.
Bossuet, lui, embrasse dans son cadre tout l’univers ancien, connu de son temps, et selon la science de son époque. […] Bossuet a exécuté ce premier plan : il s’est arrêté à l’avénement de Charlemagne qu’il considère comme le terme de l’ancien Empire romain et l’établissement d’un nouvel Empire. […] L’auteur s’est attaché à faire des principaux faits de l’histoire ancienne, fortement et nûment rapprochés, une contexture si étroite qu’il n’y a place dans l’intervalle pour aucune réflexion, et si unie qu’il ne se permet d’y broder aucun ornement, aucune fleur. […] Tous ces grands noms, en effet, tous ces grands événements du monde romain, du monde oriental ancien, à cette époque de crise, tout cela n’est pour Bossuet qu’une préparation, une belle et sévère avenue d’un aspect auguste, qui aboutit à la naissance de Jésus-Christ. […] Pourquoi Cratinus, Aristophane et Eupolis, pourquoi Ménandre, Philémon et Diphile ont-ils l’air de s’entendre pour donner en si peu de temps la perfection soit à l’ancienne, soit à la nouvelle comédie ?
Sainte-Beuve avait envie de sortir. — On saura quelle circonstance le fit passer d’emblée de l’ancien Moniteur au Temps. […] Depuis son esclandre (je remonte au plus ancien, au premier, cause et origine de tout le mal), M. […] Rouher serait admis à introduire des instances, des représentations ou récriminations auprès d’un ancien rédacteur du Moniteur. […] Marc Fabre, son notaire ; son ami et ancien secrétaire, le poète Auguste Lacaussade, bibliothécaire au ministère de l’instruction publique ; et son secrétaire, M. […] « Rien de ce qui se dit à table, sous la rose, ne doit transpirer au-dehors. » C’était le précepte des Anciens, de tout temps pratiqué dans la maisonnette de la rue Montparnasse.
Je n’ignore pas, Monsieur, ce que cette alliance avec le Réalisme peut avoir de pénible et de douloureux pour un écrivain d’un style pur, pour un ancien élève de l’École normale. […] Mais ne serait-on pas en droit d’exiger qu’un ancien élève de l’École normale, un homme qui vient de se nommer à l’unanimité porte-drapeau du « bon sens », se donnât la peine d’avoir du sens commun ? […] Et, cette confession navrante achevée, comme furieux de l’avoir laissée échapper, tu te frappes la poitrine en criant à ton ancien rédacteur en chef : « C’est votre faute ! […] Mécontent et honteux de toi-même, tu demandes qu’on inflige un peu de honte à tes anciens collaborateurs. […] Si tu n’habites plus le rez-de-chaussée du Moniteur, ce n’est pas à l’ancien rédacteur du Figaro qu’on a signifié son congé.
Les livres de l’Ancien Testament sont à la fois historiques et symboliques : ce double attribut a épouvanté la raison de nos sages. […] Ainsi l’apôtre des nations, saint Paul, en arrivant pour la première fois à Athènes, cette ancienne métropole des lumières, des sciences et des arts, y trouva l’autel du Dieu inconnu. […] Son roi appartient à la plus ancienne race royale qui existe, une race dont l’origine se confond avec le berceau même de la religion de l’Europe, qui est en même temps le berceau de notre monarchie. […] Le Tasse, qui parmi les poètes modernes a fait la seule épopée dont la conception se rapproche de l’épopée ancienne ; le Tasse vient ici nous offrir l’appui de son témoignage. […] Les peuples, par une sorte d’instinct qui ne les trompe jamais, sentaient que le retour de leurs anciens rois était pour eux-mêmes le retour de leurs anciennes prérogatives et de leurs espérances nouvelles ; mais ils étaient trop impatients d’en jouir.
] de l’Académie des Inscriptions & Belles-Lettres, né à Dijon en 1726 ; Littérateur infiniment plus versé dans l’Histoire des anciens Peuples, & dans la connoissance des bons Auteurs Grecs & Latins, que nos Philosophes, qui n’ont cherché à répandre du ridicule sur l’érudition & sur ceux qui la cultivent, que par la manie générale de proscrire tous les genres de mérite qu’ils n’ont pas. […] Il lisoit les anciens Auteurs, mais c’étoit dans des Extraits infideles, qu’on lui avoit fournis des pays étrangers. […] Médard, vil & ancien Répétiteur du Collége Mazarin…. […] On y cite, corrige, compare, concilie 167 Auteurs anciens ; on y indique 248 noms différens de cette mere des Amours, 104 de ses Statues, 7 de ses Tableaux, 185 de ses Temples, & 24 Artistes célebres qui avoient travaillé pour elle.
L’application que s’en faisait Jésus à lui-même était donc la proclamation de sa messianité et l’affirmation de la prochaine catastrophe où il devait figurer en juge, revêtu des pleins pouvoirs que lui avait délégués l’Ancien des jours 373. […] Le nom de Capharnahum, où entre le mot caphar, « village », semble désigner une bourgade à l’ancienne manière, par opposition aux grandes villes bâties selon la mode romaine, comme Tibériade 375. […] Les restes de plusieurs anciennes synagogues existent encore en Galilée 383. […] Quel intérêt n’aurait pas, dans une telle hypothèse, la synagogue de Tell-Hum La grande synagogue de Kefr-Bereim me semble la plus ancienne de toutes. […] L’ancienne hypothèse qui identifiait Tell-Hum avec Capharnahum, bien que fortement attaquée depuis quelques années, conserve encore de nombreux défenseurs.
Mais depuis la fin des Asmonéens, le rêve d’un descendant inconnu des anciens rois, qui vengerait la nation de ses ennemis, travaillait toutes les têtes. […] La filiation divine était attribuée dans l’Ancien Testament à des êtres qu’on ne prétendait nullement égaler à Dieu 699. […] Les deux généalogies sont tout à fait discordantes entre elles et peu conformes aux listes de l’Ancien Testament. […] Act., XVII, 28-29 ; Rom., VIII, 14, 19, 21 ; IX, 26 ; II Cor., VI, 18 ; Galat., III, 26, et dans l’Ancien Testament, Deutér., XIV, 1, et surtout Sagesse, II, 13, 18. […] Ces prosopopées de la Sagesse personnifiée se trouvent dans des livres bien plus anciens.
Platon nomme d’ailleurs Parménide à côté d’Hésiode, comme tous deux ayant raconté d’anciennes histoires des dieux. […] Pythagore, dont il n’est demeuré qu’une tradition et un souvenir, partagea l’empire des esprits avec ces chants homériques répétés des côtes d’Asie dans toutes les villes de l’ancienne Grèce. […] Un peu enveloppée de nuages, comme l’était la philosophie ancienne, elle semble se proposer une espérance encore plus haute qu’elle ne l’exprime et avoir pour dernier terme ce qui élève bien plus que ce qui abaisse l’humanité. […] Un livre aujourd’hui fort célèbre en Europe, la Réfutation des hérésies par Origène, cite un beau passage d’anciennes poésies grecques sur la naissance spontanée de l’homme. […] Le commentaire d’Hiéroclès, à la fin du quatrième siècle, cet effort pour opposer les maximes d’un ancien philosophe à celles du Christ, suppose sans doute un monument païen de quelque autorité, mais n’en témoigne pas l’authenticité absolue.
Sous sa rhétorique romaine et sa subtilité espagnole, c’est un Danois des anciens âges, un Northmann, un homme de fer et de glace, un monstre, un barbare. […] C’est un grand signe pour lui d’avoir été hautement préféré par celui de nos siècles littéraires où nos qualités et nos défauts se sont le plus librement développés, ont le moins profondément subi l’influence des littératures anciennes ou étrangères. […] Outre que la première faute de Racine (contre ses anciens maîtres) a été effacée par un repentir éclatant et courageux, n’y trouverait-on pas des circonstances atténuantes ? […] La Champmeslé était pour lui « une ancienne », très ancienne. […] « la forme la plus actuelle de l’art, par conséquent l’appropriation des sujets anciens aux publics modernes, l’adaptation des faits d’autrefois aux croyances et aux sentiments présents »52.
Les villes anciennes eurent constamment deux noms ; l’un mystérieux et sacré, l’autre purement civil, comme Troie, qui s’appelait Ilion ; comme Rome, qui s’appelait Valentia. […] Les peintures que font les anciens historiens des mœurs, des habitudes, des institutions de ces peuples, semblent avoir été écrites aujourd’hui par des voyageurs qui en arrivent. […] Le mot étymologie, qui signifie discours vrai, a donné lieu à deux explications qui ont partagé les anciens philologues. […] Dans ce sens, le mot étymologie voudrait dire la science de la vérité, et je pense que c’est ce que les anciens entendaient. […] Les poètes grecs ne furent pour eux que ce qu’ils ont été ensuite pour nous, c’est-à-dire d’aimables enchanteurs plutôt que des sages et des dépositaires d’anciennes traditions.
Sainte-Beuve, l’un des plus anciens amis du docteur Paulin, a prononcé sur la tombe les paroles suivantes : « Messieurs, vous avez désiré que nous ne quittions pas, sans lui adresser un dernier adieu, les restes du médecin habile, de l’ami excellent, du cœur dévoué que nous perdons. […] ce docteur qui tranche ignore tout ou fait semblant ; il paraît ne pas savoir que depuis 1800, depuis cette ère de renouvellement et de reconstruction sociale universelle, il y a eu quantité d’institutions ou d’administrations publiques à l’occasion desquelles on dit : « depuis la création. » On dit d’un ancien préfet, d’un ancien administrateur des Droits réunis, d’un ancien membre de l’Institut : « Il était préfet dès la création, — il appartenait à l’Institut dès la création, — il était dans la partie depuis la création, etc. […] Car, comme Metz et les amis de Metz fêtaient le docteur Paulin chaque fois qu’il y allait (et il y allait rarement) ; comme, à chaque retour de dix en dix ans, ils revenaient avec lui à leurs anciens souvenirs, à ces souvenirs de 1814 et de 1815, qui dataient déjà de bien loin, j’ai employé à dessein cette expression se ressouvenir, qui indique en effet qu’on a besoin de remonter en arrière et d’aller puiser au fond de sa mémoire.
Pour le droit, les commentateurs modernes étaient préférés aux interprètes anciens. […] Les anciens Romains disaient un Tarentin pour un homme parfumé. […] Les anciens nobles, dit Aristote (Politique), juraient une éternelle inimitié aux plébéiens. […] C’est là la sagesse d’Ulysse ; c’est celle des anciens jurisconsultes romains avec leur fameux cavere. […] Il y traitait de l’ancienne médecine des Égyptiens.
Il y a bien de l’ancienne délicatesse française dans ce trait-là. […] C’est ainsi que ceux qui avaient fait le scandale dans l’ancienne société, et qui avaient le plus abusé, périssaient en entraînant dans leur chute les innocents mêmes qui en avaient souffert. […] L’ancienne société a jugé à propos de vivre d’une certaine manière, d’user et d’abuser de tous les biens qui lui ont été accordés. […] L’ancienne société a abusé ; elle a été punie et détruite, et cette punition, cette ruine se justifie aujourd’hui même avec éclat par les aveux successifs qui sortent de son propre sein. […] L’Ancien Régime était plus coulant sur ces choses de mœurs, une fois divulguées, et, après un premier éclat de colère, il était convenu qu’on fermerait les yeux ; les éditeurs de Bussy-Rabutin et d’Hamilton auraient eu, sans cela, trop de comptes à rendre.
C’était un extrême que cette première méthode adoptée par le Journal des savants, le plus ancien des journaux littéraires, et qui consistait à donner un compte rendu pur et simple, une sorte de description du livre, très peu différente souvent d’une table des matières. […] Ces quatre ou cinq pages de Grimm (1er janvier 1765) établissent les vrais rapports et les différences fondamentales entre la tragédie des anciens et la nôtre. Shakespeare, malgré ses défauts, lui paraît souvent plus près des anciens que nous. […] Ses idées sur l’origine des sociétés ne paraissent guère différer de celles de Hobbes, de Lucrèce, d’Horace, et des anciens épicuriens. […] Dans l’espèce de biographie qu’il trace de Rousseau à l’occasion de l’Émile (15 juin 1762), Grimm s’arrête dans ses souvenirs à ce qui serait une révélation indiscrète et une violation de l’ancienne amitié ; et, après avoir retracé les principales époques de la vie de Rousseau, ses premières tentatives plus ou moins bizarres, il ajoute : « Sa vie privée et domestique ne serait pas moins curieuse ; mais elle est écrite dans la mémoire de deux ou trois de ses anciens amis, lesquels se sont respectés en ne l’écrivant nulle part. » Si Grimm avait été un perfide et un traître comme le croyait Rousseau, quelle belle occasion il avait là, dans le secret, de raconter, en contraste avec l’Émile, ce qu’avait fait Rousseau de ses propres enfants, et tant d’autres détails qu’on n’a sus depuis que par Les Confessions !
Mais je crois qu’en examinant ce qui est particulièrement nécessaire à l’émulation philosophique, on verra pourquoi l’esprit révolutionnaire, pendant qu’il agit, est tout à fait décourageant pour la pensée, comment l’ancien régime abaissait en protégeant, et par quels moyens la république pourrait porter au dernier terme la noble ambition des hommes vers les progrès de la raison. […] Dans l’ancien régime, on voulait que les talents littéraires supposassent presque toujours l’absence des talents politiques. […] On se livre à l’étude de la philosophie, non pour se consoler des préjugés de la naissance qui, dans l’ancien régime, déshéritaient la vie de tout avenir, mais pour se rendre propre aux magistratures d’un pays qui n’accorde la puissance qu’à la raison. […] Les anciens éprouvaient une admiration passionnée pour leurs illustres chefs, dont la grandeur native imprimait son caractère à des talents divers et à des gloires différentes. […] La réputation, les suffrages constamment attachés aux hommes qui ont honorablement rempli la carrière des affaires publiques, sont l’un des premiers moyens de conserver la liberté ; et ce qui peut contribuer le plus efficacement aux progrès des lumières, c’est de mêler ensemble, comme chez les anciens, la carrière des armes, celle de la législation, et celle de la philosophie.
En associant ces deux noms si souvent unis, déjà bien anciens et toujours présents, je ne les aborderai ici que par un seul aspect, et je considérerai uniquement MM. […] Il a donc revu ses anciens cours, les a complétés et singulièrement enrichis dans le détail. […] Le jour où l’on osa dire pour la première fois que la littérature de Louis XIV était une littérature admirable, mais ancienne, ce furent des cris et un scandale dont il me souvient encore. […] Cette qualification d’anciens appliquée aux Pascal et aux Racine, qui, dans notre bouche, à nous autres, pouvait ressembler à une épigramme et à un blasphémé, est devenue, de sa part, un hommage et une piété. […] L’ancien genre de l’éloge académique est détrôné ; il a fait place décidément à la notice érudite, à la dissertation et à la dissection presque grammaticale de chaque auteur.
La critique verbale y reconnut la langue et la diction des autres hymnes réputés les plus anciens. […] Nuls chants n’étaient plus familiers dans les places publiques et sous les portiques de l’ancienne Athènes ; nul buste, dans les Musées des Lagides, n’était plus rapproché de celui d’Homère. […] « La rage, dit Horace, l’arma de l’ïambe qu’il avait forgé. » Sa fureur de calomnie donnait la mort ; et la poésie ancienne est remplie d’allusions au suicide de Lycambe et de sa fille, qui avaient osé le refuser pour gendre et pour époux. Quoi qu’il en soit, de son vivant et après lui, sa renommée fut grande parmi les Grecs, sans être mêlée d’obscurités et de fables, comme celle des Thamyris, des Olèn, des Orphée, des Linus, de ces chantres des anciens mystères, à qui la crédulité des initiés devait prêter si volontiers le génie dont manquaient leurs vers. […] Et entre ces deux blâmes, les monuments de génie d’Archiloque, suspects et peu reproduits, se perdirent dans le passage de l’ancien monde à la renaissance.
Dès l’ancien régime, les collections royales ont été presque toutes ouvertes, ou entre-bâillées, au public. […] Beaucoup de documents anciens, sont, au contraire, mal localisés, anonymes et sans date. […] Ces tranches sont les périodes ; l’usage en est aussi ancien que l’histoire. […] Les écrivains de la Renaissance ont directement imité les anciens. […] A l’histoire ancienne et à l’histoire contemporaine ?
Villemain, est précédé d’un très-bel et très-complet historique de ce genre d’enseignement sous l’ancienne monarchie. […] Les chefs-d’œuvre du xviie siècle deviennent déjà assez anciens pour que la critique s’y applique, et non plus à la manière de La Harpe pour y chercher des modèles et des exemples à proposer aux continuateurs ou imitateurs, mais d’une méthode plus érudite et scientifique, pour y étudier la langue, le vocabulaire, le texte, relever les altérations que ces textes ont déjà subies depuis près de deux siècles qu’on les réimprime, pour y noter les variantes que les auteurs eux-mêmes avaient apportées dans les éditions premières. […] Les classiques français du xviie siècle sont déjà devenus des Anciens.
Sauvigny, [Edme de] ancien Lieutenant de Cavalerie, Censeur de la Police, de l'Académie de Rouen, né en Bourgogne en 17.. […] Il n'est point de systême, ajoute-t-il, tel absurde & ridicule qu'on puisse se le figurer, que des Philosophes anciens n'aient imaginé, & qui n'ait trouvé des Partisans pour les soutenir. Notre Siecle, en cela, a la gloire de le disputer aux Anciens ».
A vrai dire, les philosophes anciens ne l’ont jamais formulée explicite nient. […] La science des anciens est statique. […] Pour les anciens, la géométrie était une science purement statique. […] Ainsi, à côté de la nouvelle voie que la philosophie pouvait frayer, l’ancienne demeurait ouverte. […] Mais l’influence de la philosophie ancienne y fut aussi pour quelque chose.
En quoi l’esprit français diffère de l’esprit ancien. — § IV. […] En quoi l’esprit français diffère de l’esprit ancien. […] C’est en effet l’esprit ancien, avec cette différence, tout à son avantage, que le caractère pratique y est encore plus d’obligation et s’y étend à plus de choses. […] Dans l’ordre des vérités philosophiques, quel spéculatif, parmi les anciens, a pénétré aussi avant que ses moralistes ? […] Notre langue est unique sous ce rapport, avec quelque langue, ancienne ou moderne, qu’on la compare.
Plus quelques-uns de ses monuments poétiques avaient été liés à la liberté de ses villes, à leurs fêtes religieuses, à leur ancien héroïsme, plus ils restaient admirés, en paraissant désormais impossibles à imiter. […] Callimaque de Cyrène était fils d’un Grec nommé Battos, et prétendait, par l’analogie même de ce nom, descendre des anciens rois de la Cyrénaïque. […] Dans les vers qui précédaient ceux que nous avons traduits, le poëte érudit avait corrigé bien des choses de l’ancienne tradition sur la naissance de Jupiter ; en cela, il s’éloignait d’Homère et de Pindare. […] Peut-être les vives peintures du Cantique des Cantiques, ces images d’une poésie si sensuelle que l’ancienne synagogue en interdisait la lecture, furent-elles ce qui d’abord intéressa l’esprit grec. […] Bien auparavant, Homère avait réfléchi dans ses vers ce même feu d’Orient ; et l’analogie de beaucoup de ses images avec celles de l’Ancien Testament est plus orientale que directement hébraïque.
En parlant de cette époque déjà ancienne, moi et ceux de mon âge, nous n’en sommes pas purement et simplement à la merci de l’historien ; nous avons nos souvenirs, nos impressions de première jeunesse, impressions partielles et incomplètes sans doute, et qui ont besoin d’être contrôlées par l’étude et la réflexion, mais que rien cependant ne saurait suppléer ni remplacer dans tout ce que les livres les plus impartiaux s’efforcent de reproduire. […] La condamnation de ces deux derniers, anciens généraux de brigade sous la République, et depuis longtemps rentrés dans l’ordre civil, présente des circonstances d’animosité féroce que l’historien, s’il ne se replonge dans les passions du temps, a peine à s’expliquer. J’ai lu, de la part d’anciens et ardents adversaires des deux jumeaux, des témoignages intimes d’une singulière naïveté. […] » Ces anciennes louanges étaient plus qu’oubliées et réparées, et de tous les ministres il était le plus selon le cœur et les entrailles de la Chambre nouvelle. […] Monseigneur, il paraît qu’on va nous rendre nos anciens supplices. » 41.
Les délicatesses exagérées de quelques sociétés de l’ancien régime n’ont aucun rapport sans doute avec les vrais principes du goût, toujours conformes à la raison ; mais l’on pouvait bannir quelques lois de convention, sans renverser les barrières qui tracent la route du génie, et conservent, dans les discours comme dans les écrits, la convenance et la dignité. […] Dans les républiques anciennes, et surtout à Lacédémone, les lois s’emparaient du caractère individuel de chaque citoyen, les formaient tous sur le même modèle, et les sentiments politiques absorbaient tout autre sentiment. […] Cette tyrannie du ridicule qui caractérisait éminemment les dernières années de l’ancien régime, après avoir poli le goût, finissait par user la force ; et la littérature s’en serait nécessairement ressentie. […] Un tour de force assez difficile, qu’on se permettait dans l’ancien régime, c’était l’art d’offenser les mœurs sans blesser le goût, et de jouer avec la morale, en mettant autant de délicatesse dans l’expression que d’indécence dans les principes. […] Il resterait aux littérateurs français des ouvrages anciens dont ils pourraient encore se pénétrer ; mais leur imagination ne serait point inspirée par les objets qui les environneraient ; elle s’alimenterait par la lecture, mais jamais par les impressions qu’ils éprouveraient eux-mêmes.
L’historien a du mal à s’expliquer pourquoi les novateurs n’allèrent pas plus loin, et surtout il s’explique difficilement l’acharnement de la résistance contre une nouveauté qui de loin apparaît comme l’aboutissement logique d’anciennes nouveautés, déjà devenues de la tradition. […] Pas d’inversion, voilà une grosse différence de construction entre la strophe ancienne et la strophe moderne. […] Ce que j’aurais à dire sur l’emploi des strophes fixes, soit les plus anciennes, et des strophes libres serait la répétition de ce que je viens d’énoncer à propos du vers fixe ; il est aussi inutile de s’astreindre au sonnet ou à la ballade traditionnels que de s’astreindre aux divisions empiriques du vers. […] D’ailleurs employer les ressources de l’ancienne poétique reste souvent loisible. […] Ils le constatent et ajoutent : « Cette grande élasticité a transformé l’ancien obstacle en un précieux instrument » et c’est vrai.
Il se peut faire qu’une femme soit surprise par les douleurs de l’enfantement en pleine campagne, il se peut faire qu’elle y trouve une crèche, il est possible que cette crèche soit appuyée contre les ruines d’un ancien monument ; mais la rencontre possible de cet ancien monument est à sa rencontre réelle comme l’espace entier où il peut y avoir des crèches est à la partie de cet espace qui est occupée par d’anciens monuments. […] La proximité ou rencontre d’un ancien monument est aussi ridicule que le passage d’un empereur dans le moment de l’action.
Au lieu d’ouvrir les yeux, d’observer l’homme et la nature, de grossir le bagage scientifique transmis par les siècles, on jugeait de la vérité par ouï-dire, sur la parole d’un ancien. […] Par lui les jeunes imaginations furent nourries de ces exemples d’héroïsme et de dévouement à la patrie si communs dans les républiques anciennes. […] Il n’a pratiqué que l’histoire ancienne et n’est-ce pas le cas de répéter : Timeo homines unius libri. […] la délicieuse étude que celle de ces anciennes histoires, s’écrie André Chénier158 ! […] On l’a dit, pour une école littéraire « l’insurrection est le plus saint des devoirs » ; et c’est un devoir que les jeunes accomplissent avec enthousiasme contre le goût et les procédés de leurs anciens.
Il est vrai que l’effort des démocrates devait tendre à briser définitivement les cadres anciens, et non pas seulement à les croiser par des cadres nouveaux ; ils voulaient non pas enchevêtrer deux ordres sociaux, mais substituer l’un à l’autre. […] Ceux-là mêmes qui attendent, des progrès de l’industrialisme, la restauration d’une organisation corporative reconnaissent que la corporation moderne ne saurait, comme l’ancienne, accaparer tout, l’individu165. […] Parce qu’elle établit, dans un troisième groupe, des relations constantes entre les membres de deux groupes différents, elle contribue à les assimiler : elle unit leurs mains par-dessus les anciennes barrières et inaugure entre étrangers des ressemblances. […] Courcelle-Seneuil, dans sa préface à l’Ancien Droit, de S. […] Flach, Origines de l’ancienne France, tome I, passim.
Trouver en sa langue les mots propres, et les expressions équivalentes à celles dont se sert l’auteur ancien ou moderne qu’on traduit : sçavoir leur donner le tour necessaire, pour qu’elles fassent sentir l’énergie de la pensée, et qu’elles presentent la même image que l’original, ce n’est point la besogne d’un écolier. […] Les vers des anciens, que ce poëte a tournez en françois avec tant d’adresse, et qu’il a si bien rendus la partie homogene de l’ouvrage, où il les insere, que tout paroît pensé de suite par une même personne, font autant d’honneur à Despreaux, que les vers qui sont sortis tout neufs de sa veine. […] Ils sont bien aises d’avoir l’occasion de réciter les vers du poëte ancien, pour les comparer avec les vers de l’imitateur moderne qui a voulu lutter contre son original. […] Aussi les auteurs les plus vantez pour la fecondité de leur génie, n’ont-ils pas dédaigné d’ajoûter quelquefois cette espece d’agrément à leurs ouvrages. étoit ce la stérilité d’imagination qui contraignoit Corneille et La Fontaine d’emprunter tant de choses des anciens ? […] Ils se sont servis des poësies anciennes par rapport au temps où ils composoient, comme les peintres illustres que j’ai citez, se sont servis des statuës antiques.
Une fois établie dans leur nouvelle station, chaque espèce aura été maintenue par les autres dans ses propres limites et dans ses anciennes habitudes, et, conséquemment, n’aura pas dû subir beaucoup de modifications. […] Beaucoup d’îles volcaniques sont suffisamment anciennes, comme le prouvent les énormes dégradations qu’elles ont souffertes, de même que leurs strates tertiaires. […] L’hypothèse que d’anciennes terres continentales auraient existé entre des îles aujourd’hui isolées n’a rien de plus improbable que celle qui suppose l’existence antérieure d’îles ou d’archipels parsemés. […] En vertu de la loi de divergence des caractères, les anciens organismes ont dû être moins différents les uns des autres que les organismes actuels ; et, si l’un va jusqu’au bout des conséquences du principe, il faut conclure qu’ils dérivent tous d’une forme unique. […] Mais parce que les types inférieurs anciens et primitifs ont dû être très variables, il n’en ressort pas nécessairement que les types inférieurs actuels le soient encore.
Deux armées envahissantes, l’une l’ancienne armée de Silésie sous Blucher, l’autre l’ancienne armée de Bohême sous Schwarzenberg, s’avancent, la première de Mayence à Metz, la seconde de Bâle, en longeant le Jura, et de Besançon sur Langres. […] D’ailleurs, de tous les débris de l’ancienne armée, on avait conservé une excellente et nombreuse artillerie, au point d’avoir cinq ou six pièces par mille hommes. […] Thiers lui-même y a retrouvé comme son héros (avec tous les mérites acquis) ce je ne sais quoi de rapide et de svelte qui caractérisait ses premiers récits de 1796, ces anciennes pages un peu trop oubliées maintenant, effacées par ses derniers écrits, mais qui étaient d’une si fraîche inspiration et comme enlevées et légères. […] Si vous êtes toujours l’Augereau de Castiglione, gardez le commandement ; si vos soixante ans pèsent sur vous, quittez-le, et remettez-le au plus ancien de vos officiers généraux. […] C’est que chacun, comme par enchantement, était revenu de 1840 à ses anciens sentiments de 1814 et jugeait de la nouvelle mesure par ses dispositions d’autrefois.
Perrault, pour justifier son sentiment, écrivit alors son Parallèle des Anciens et des Modernes, en quatre volumes, et la guerre fut ouvertement déclarée. […] Ils sont trop pressés de trouver une impertinence chez les Anciens, et de la dénoncer ; quand on est si pressé de le faire, on en trouve toujours l’occasion. C’est là une mauvaise disposition morale pour juger des illustres Anciens. […] Mais exiger du soin, de l’application, du recueillement, avant qu’on en vienne à décider sur les œuvres anciennes en faveur desquelles il y a une admiration traditionnelle, ce n’est que justice. […] Il réussit mieux à servir la cause des Modernes, en montrant, par ses Contes naïfs, qu’eux aussi ils possèdent un merveilleux qui n’a rien à envier à celui des Anciens.
Ancien lyrisme français. […] Ancien lyrisme français. […] Ces vieilles romances anonymes67, contemporaines des anciennes chansons de geste, nous offrent le même sentiment violent, grossier, sans nuances ni raffinement. […] Si l’on pouvait faire ici un examen détaillé des œuvres, on aurait à signaler quelque sincérité chez nos plus anciens poètes, et l’on distinguerait, avec M. […] Brakelmann, Les plus anciens chansonniers français, Paris, 1891. — À consulter : Hist. litt. de la Fr.
Empruntons aux monuments grossiers de leur ancien culte quelques vestiges de flamme poétique. […] La rudesse des tons y répondait sans doute à l’austérité du culte ; et c’est la remarque curieuse d’un ancien annaliste romain, que, dans ces chants religieux, Vénus n’était nommée nulle part. […] On lisait celle d’un certain Marcius, que Tite-Live appelle un devin illustre ; et, dans la citation rajeunie qu’il en fait, on peut reconnaître cette ancienne voix du sanctuaire que nous avons entendue de la bouche de Pindare. […] Cicéron, studieux amateur de l’ancienne poésie de Rome, parle des hymnes, des éloges en vers chantés aux repas funèbres et conservés dans le pieux souvenir des familles, à la suite des obsèques de quelques grands citoyens. […] Cet ami de César, d’abord allié d’Antoine, puis accueilli par Octave et, dans sa retraite littéraire, resté du moins impartial envers le parti qu’il avait combattu, ne pouvait mettre sur la scène ni ces grands caractères romains qu’il honora dans son histoire, ni les héros plus anciens qui les auraient rappelés.
On hésitait entre la langue des anciens et l’idiome des modernes, et bien des gens croyaient que le moyen le plus sûr de marcher sur les traces d’Horace et de Virgile était encore de tâcher de les répéter dans leur langue. […] on peut voir ce petit chapitre imprévu au tome premier de l’ancienne Revue rétrospective de 1833. […] Huet, bien que si partisan des anciens, est assez de la littérature de Fontenelle en ce qui concerne le goût moderne ; il est un peu de sa philosophie, mais avec un petit ressort de moins. […] Toutes les fois qu’il parle d’Aunay, il a des peintures vives et il trouve des accents ; n’étant jamais poète avec son expression propre, il l’est quelquefois avec celle des anciens. […] Si le monde se réglait sur eux, on n’aurait plus qu’à s’asseoir, à jouir des richesses acquises, à se ressouvenir, à exprimer ses pensées avec les expressions des anciens, car tout a été dit.
L’éloquence ne ‘consiste donc point, comme quelques anciens l’ont dit, et comme tant d’échos l’ont répété, à dire les grandes choses d’un style sublime, mais d’un style simple. […] Les anciens, si je ne me trompe, ont senti cette vérité, et c’est pour cette raison qu’ils ont traité de l’élocution avec tant de détail ; c’est aussi dans la même idée que nous allons en tracer légèrement les principes. […] Les anciens se donnaient là-dessus beaucoup plus de liberté que nous, qui, en bannissant de nos mœurs la délicatesse, l’avons portée jusqu’à l’excès dans nos écrits et dans nos discours. […] Quoique notre poésie et notre prose soient moins susceptibles d’harmonie que ne l’étaient la prose ou la poésie des anciens, elles ont cependant chacune une sorte de mélodie qui leur est propre. […] Mais cet exemple suffi pour prouver combien les anciens étaient sensibles à l’harmonie.
L’ancien régime était assis sur ces « lois particulières » qu’ébranle le nouveau. […] On sait, sans doute, combien il est dangereux d’interpréter les institutions des démocraties anciennes par les idées familières aux démocraties nouvelles. […] On sait toute la distance qui sépare l’ancien Droit romain du Droit nouveau, élargi par les édits des préteurs. […] Des principes tout contraires dominent le chaos qui suit l’écroulement de l’antiquité, jusqu’au jour où les modernes, reprenant à leur compte les idées anciennes, reconstruisent, sur nouveaux plans, des démocraties. […] Maine, L’Ancien Droit, chapitre II.
C’est ainsi que, de nos jours, quand le retour de l’ancienne maison de France imposa l’obligation de renier, de détester tout le passé, quand ce n’était pas assez de le mettre en oubli, qu’il fallait en avoir horreur, les romans de Walter Scott, où étaient peintes des mœurs inconnues, acquirent en France une vogue inouïe et contribuèrent au grand changement qui s’opéra alors dans les idées et dans la littérature. […] Quand une nation se repose après une révolution ou après de grandes dissensions, le parti victorieux s’applique encore quelque temps après la victoire à exercer une espèce de vengeance morale sur les opinions qui régnaient avant le combat ; il réprouve tout le système des anciennes idées, des anciens principes en morale, en littérature, en philosophie, même dans les arts. […] La jeunesse ignorante et curieuse, à qui l’on assure que son ignorance est plus près du savoir que les bonnes notions acquises par la génération qui la précède, se précipite dans les écoles, flattée de franchir l’espace qui la sépare de cette génération avancée, de gagner même un rang sur elle, de la laisser en arrière, empêtrée qu’est celle-ci dans les anciennes traditions.
Veux-tu que je vous conduise à l’entrée du jardin de l’ancienne cure où M. de Lamartine, descendant de Milly, attachait son cheval à la porte auprès de la plate-bande de tulipes de son ami l’abbé Dumont, plus tard Jocelyn ? […] Le papier peint en était taché d’encre et déchiré, pour bien rappeler son ancien usage, puis, dans une pièce ouvrant sur le jardin au nord, sur le midi et sur la cour d’un autre côté. […] On y distinguait encore les clous dans la muraille qui portaient jadis son fusil et son sabre de cavalerie, qui lui rappelait son ancien état ; il y avait aussi sur la cheminée un vieil almanach de l’état militaire de 1789, qu’il ne quittait jamais et qui lui rappelait les noms et les fonctions au régiment de ses anciens camarades. […] C’étaient les femmes des anciens vignerons de M. […] Tout ce côté de l’ancien château ressemblait à une ruine qu’on a oublié de déblayer.
Carlyle disait bien que dans la sombre obstination du travailleur anglais subsiste encore la rage silencieuse de l’ancien guerrier scandinave. […] L’enthousiasme est leur état naturel, et leur Dieu nouveau les remplit d’admiration comme leurs dieux anciens les pénétraient de fureur. […] Il y avait un mur infranchissable entre la savante littérature ancienne et l’informe barbarie présente. Incapables d’entrer dans l’ancien moule, et obligés d’entrer dans l’ancien moule, ils le tordaient. […] Dans ce chapitre il a rassemblé une foule de traits qui marquent la persistance de l’ancienne mythologie.
Et pourtant il est vrai de dire que, hors de l’enceinte des Facultés, et dans ce qu’on peut appeler le grand milieu de la littérature courante, ce progrès des lettres anciennes se marque assez peu et ne se produit par aucun représentant notable, par aucune œuvre lue de tous. […] Pourquoi ce genre d’essai sans prétention, appliqué aux Anciens, ne prendrait-il pas humblement faveur ? […] L’Anthologie et les poëtes qu’elle rassemble sont en quelque sorte ce chemin de traverse qui ferait parcourir l’ancienne Grèce dans bien des cantons intérieurs, imprévus. […] Ancien peuple d’Italie, le même que les Osques. […] ce vice, chez les Anciens, en était venu à ressembler, dans certains cas, à une prétention.
et comme, en fin de compte, toutes contradictions vidées, on se trouvait avoir plus gagné, plus appris qu’on ne l’eût jamais fait en s’en tenant au procédé négatif, répulsif et commodément paresseux de l’ancienne école, dite l’école du goût ! […] et comme il est attentif à mettre jusqu’à la fin ses motifs d’excuse, ses raisons trop légitimes en pleine évidence, à avoir pour lui l’opinion et le cri public de ses anciens et de ses pairs ! […] On a vu là une autre espèce de duel en champ clos entre un glorieux moderne et l’ancien trouvère. […] On veut faire, je le sais, de la farce de Patelin quelque chose de beaucoup plus ancien ; mais c’est au XVe siècle que la représentation de Patelin a dû devenir fréquente et populaire. […] Celui qui réussit, c’est Racan, qui développe et déploie l’épigramme ancienne, et en fait tout un tableau étendu, équivalent ou supérieur, avec une touche aisée d’originalité et comme une large teinte de soleil couchant répandue sur l’ensemble.
C’était en tout un ecclésiastique de l’ancienne école. […] Ces ecclésiastiques de l’ancien régime et ceux d’aujourd’hui n’avaient de commun que le nom et le costume. […] L’ancienne école savait délirer avec sobriété ; elle portait dans l’absurde même les règles du bon sens. […] Cognat sont d’anciens amis, qui me sont restés très chers. […] Depuis nos anciennes relations, je n’ai revu M.
Les anciens ont commencé par observer et par peindre directement la pure nature. […] Chez les anciens, dans ce Midi, la nature, dès le premier jour, était plus belle ; et puis la mer, en découpant les continents de toutes parts, leur faisait une élégante ceinture et les rendait plus accessibles, même dans leur primitive horreur. […] que les anciens ne faisaient point ainsi ! […] Les anciens prétendaient à tort que les temps des solstices étaient des temps de calme. […] [NdA] On peut voir, sur Chapelle et ses endroits d’habitude, le tome second (pages 299-302) de la curieuse Histoire des hôtelleries, cabarets, courtilles, et des anciennes communautés et confréries d’hôteliers, de taverniers, etc., pour laquelle M.
Excellent critique, incomparable pour le grec, et ne le cédant à aucun pour le latin, ses remarques sur les anciens auteurs sont des trésors. […] Il suggéra son dessein au président Philippe Canaye du Fresne, qui ménagea si bien les choses que Casaubon accepta les offres de la ville de Montpellier pour une chaire de littérature ancienne. […] Le ministre Du Moulin lui paraissait en bien des articles un novateur, un contempteur outré de l’ancienne Église : une fois, en sortant de l’entendre prêcher, Casaubon estima qu’il avait dit bien des choses nouvelles plutôt que vraies. […] Il nous paraît dur de condamner ton ancienne Église comme coupable d’une telle ignorance, qu’il nous faille aujourd’hui croire le contraire de sa foi pour entrer dans le chemin de la vie. Or, sur un si grand mystère et sur quelques autres articles de grande importance, je suis certain, ou du moins je crois l’être, que l’ancienne Église a pensé tout autrement que ceux de doctrine toute récente.
Eugène Chatel, ancien élève de l’École des Chartes et archiviste du Calvados, s’étant mis à rechercher dans les Archives départementales ce qui pouvait se rapporter à la carrière financière de La Bruyère, qui avait titre en son temps « trésorier de France, général des finances en la généralité de Caen », en vint, de proche en proche, à s’inquiéter et à s’enquérir de la date de sa naissance. […] Mais on savait déjà que La Bruyère descendait d’une ancienne famille de ligueurs. […] Valincour lisait les Anciens : le grand mal à cela ? […] En écrivant au docte Bouhier, il a soin de choisir ses exemples dans Horace et chez les Anciens : il n’y a rien là, ce semble, que de naturel et d’un heureux à-propos125. […] Et M. de Valincour n’était pas du tout un savant en us borné aux Anciens : il goûtait les littératures modernes, Milton comme Racine : une lettre de lui nous apprend qu’il estimait les adieux d’Eve à ses fleurs (Paradis perdu, liv.
Le nom de M. de Féletz s’associe naturellement à ceux de Dussault, d’Hoffman, ses anciens collaborateurs au Journal des débats, alors Journal de l’Empire. […] La première condition pour bien apprécier les anciens critiques et leurs productions de circonstance, c’est donc de se remettre en situation et de se replacer en idée dans l’esprit d’un temps. […] Je prétends qu’en relisant les anciens journaux et les articles de critique qui y ont eu le plus de succès, nous n’y trouvons jamais que la moitié de l’article imprimée : l’autre moitié n’était écrite que dans l’esprit des lecteurs. […] C’est cette disposition même qu’il s’agit, pour être juste, de restituer aujourd’hui, quand nous jugeons les anciens critiques, nos devanciers. […] [NdA] M. de Falloux, ministre de l’Instruction publique et ancien légitimiste, auteur de l’Histoire de saint Pie V, conservait à la tête de la division des lettres M.
M.Viguier, ancien inspecteur général de l’Université, ancien directeur des études et maître de conférences à l’École normale, est mort le 11 octobre dernier à Précy-sur-Oise, où il vivait retiré depuis quelque temps. […] Et notez que, connaisseur des Anciens comme personne et versé dans toute religion classique, il restait ouvert et des plus sensibles aux découvertes et aux merveilles du génie moderne. […] Il m’a été donné de le voir dans les dernières phases de sa maladie, et de représenter, auprès de son lit de mort et de son cercueil, ses anciens camarades absents ou informés trop tard de la catastrophe. […] Servois, l’ancien élève de l’École des chartes, un M. de Garriod, ancien officier savoisien, homme modeste et d’un vrai mérite, profond connaisseur en peinture, il ajoutait ce fin portrait d’un troisième : « J’attirais aussi quelquefois le professeur de belle littérature de l’Université (à la Sapience), dont j’ai entendu les leçons avec plaisir : mémoire facile et sûre des plus beaux textes latins et italiens, prononciation parfaite, et sur le tout un sentiment irréprochable d’excellent humanisme pour rapprocher, à chaque leçon, quelques beaux passages classiques de l’antique et de la moderne Italie.
Shakespeare n’a point imité les anciens ; il ne s’est point nourri, comme Racine, des tragédies grecques. […] Les anciens croyaient au fatalisme qui frappe comme la foudre et renverse comme elle. […] La terreur de la mort, sentiment dont les anciens, par religion et par stoïcisme, ont rarement développé les effets, Shakespeare l’a représentée sous tous les aspects. […] Le Nord a été plus vite affranchi que la France de ce genre recherché, dont on aperçoit des traces dans les anciens poètes anglais, Waller, Cowley, etc. […] Blair donnait des leçons à ses écoliers sur l’art de l’éloquence, et indiquait tous les exemples anciens et modernes qui pouvaient appuyer ses préceptes.
Le poëte, le législateur, n’en fut pas moins dans la suite vaincu par Pisistrate, ami des vers aussi, puisqu’il recueillit pour Athènes les chants homériques, mais habile surtout dans cet art ancien et toujours applicable de fonder le pouvoir absolu par la démocratie. […] Que s’il échappe au lot de la mort somnolente, et, vainqueur, emporte l’honneur du combat, tous, jeunes et anciens, le vénèrent : et, après de grandes joies éprouvées, il descend chez Adès. […] Dans les assemblées, tous ensemble, les jeunes et ceux qui sont du même temps, lui cèdent la place, et ceux qui sont plus anciens aussi. […] Vos anciens, les vieillards, dont les genoux ne sont plus agiles, ne les délaissez pas par votre fuite. […] Ce n’était pas le moment d’imiter ni d’interpréter, à Rome, la poésie généreuse et virile de l’ancien Stésichore.
Les Anglais et les Allemands ont, sans doute, souvent imité les anciens. […] Avant qu’Homère eût composé son poëme, d’anciennes traditions existaient sans doute en Grèce. […] La nature, que les anciens avaient peuplée d’êtres protecteurs qui habitaient les forêts et les fleuves, et présidaient à la nuit comme au jour ; la nature est rentrée dans sa solitude, et l’effroi de l’homme s’en est accru. […] En appelant Ossian l’origine de la littérature du Nord, j’ai voulu seulement, comme on le verra par la suite de ce Chapitre, l’indiquer comme le plus ancien poète auquel on puisse rapporter le caractère particulier à la poésie du Nord. […] Les modernes seraient condamnés aussi à la monotonie, si les fables des Grecs étaient le seul moyen de varier les ouvrages d’imagination ; car plus ces fables sont dignes d’admiration dans les poètes anciens qui les ont employées, plus il est difficile à nos poètes de s’en servir.
Le titre de confrère & d’ancien ami de l’auteur, ne parut pas suffisant à Gibert pour l’empêcher de le citer au tribunal du public, de vouloir le dépouiller d’une gloire usurpée, & faire mettre en balance qui des deux méritoit de l’emporter pour le goût, le talent & les lumières : il osa même adresser ses observations à Rollin. […] Les orateurs anciens parloient autrement en plein sénat que devant le peuple. […] L’un & l’autre, ainsi que tous les rhéteurs anciens & modernes, l’ont définie l’Art de persuader : deux mots que bien des gens traitent aujourd’hui d’absurdités. […] On en verra même la preuve & des exemples chez les anciens, pour peu qu’on veuille parcourir leurs ouvrages. […] A l’égard de Gibert, ne pouvant plus continuer la guerre avec Rollin, il la fit avec un ancien professeur de philosophie en l’université de Paris, nommé Pourchot.
Je ne parle pas de ces néologismes nécessaires, qui manifestent la vie même de la langue et lui font suivre par son incessante transformation l’évolution de la pensée : si le progrès des sciences et de l’industrie, les révolutions politiques, sociales, religieuses, économiques, ont fait éclore des idées nouvelles dans le cerveau de l’homme, ont revêtu les idées anciennes d’une forme nouvelle, il est inévitable que bien des choses ne puissent être désignées par les mots anciens, et il serait absurde de s’opposer à l’admission dans le langage de ce qu’on admet dans la pensée. […] Il viendra peut-être un jour où nous serons si ignorants de la syntaxe et de la rhétorique, si blasés sur tous les effets du style disloqué et de la phrase impressionniste, qu’un écrivain qui reviendra à la stricte observance des lois grammaticales, qui s’avisera de faire suivre un sujet de son verbe et le verbe de son complément, qui saura employer d’autres temps que l’imparfait, qui donnera un régime direct aux verbes actifs, indirect aux intransitifs, qui se servira des conjonctions et des relatifs, qui renverra les participes et les prépositions à leur ancien office, cet écrivain-là, honnête disciple de Dumarsais et de Marmontel, charmera tout le public par l’éclatante originalité de sa tentative. […] En même temps, par un effet contraire, beaucoup de mots s’allongeaient, comme si l’ancien mot, par l’usure et le frottement des siècles, n’avait plus assez de corps, et avait besoin d’être renforcé, ou remplacé par d’autres plus étoffés, plus tangibles.
J’eus donc à m’occuper des questions de sources et d’origine, et je m’attachai notamment, en usant des documents assemblés par mes devanciers et en tâchant d’y ajouter ma quote-part, à constater et à faire ressortir les relations très nombreuses qui existent entre l’ancienne comédie italienne et le théâtre de Molière. […] Il garda aussi l’ancien nom, mais adouci, et s’appela Polecenella. […] Les ouvrages de Louis Riccoboni dit Lelio, dans la première moitié du dix-huitième siècle, l’Histoire de l’ancien théâtre italien, publiée par les frères Parfait en 1753, celle de Des Boulmiers en 1769, les Annales d’Antoine d’Origny en 1788, les études de Cailhava d’Estandoux, faites précisément au même point de vue que le mien, constituent toute une série de travaux d’histoire et de critique littéraire, qui témoignent que c’est déjà d’ancienne date que l’attention s’est portée en France sur cette sorte d’invasion comique que je vais décrire à mon tour.
Elle compta, outre le jeune directeur et sa femme, plusieurs des anciens Gelosi, entre autres : Giovanni-Paolo Fabri, connu sous le nom de Flaminio, et Nicolo Barbieri, originaire de Vercelli, qui avait déjà commencé à se faire connaître sous celui de Beltrame da Milano. […] Cette dédicace donna à la reine le désir de connaître la troupe dirigée par le fils de ses anciens protégés. […] Les anciens masques satiriques devinrent des personnages de féerie. Les Fêtes théâtrales, dans lesquelles tous les genres se confondaient, remplacèrent et la comédie et la pastorale, et l’opera musicale proprement dit, et même l’ancien mystère ou tragédie sacrée.
Voilà pourquoi l’on habille aujourd’hui communément ces personnages de vêtemens imaginez à plaisir, et dont la premiere idée est prise d’après l’habit de guerre des anciens romains, habit noble par lui-même, et qui semble avoir quelque part à la gloire du peuple qui le portoit. […] Les italiens qui nous rendent justice sans trop de répugnance quand il s’agit des arts et des talens, où ils ne se piquent pas d’exceller, disent que notre déclamation tragique leur donne une idée du chant ou de la déclamation théatrale des anciens que nous avons perduë. En effet, à juger de la déclamation des romains, et par conséquent de celle des grecs sur la scéne, desquels la scéne romaine s’étoit formée, par ce qu’en dit Quintilien, la récitation des anciens devoit être quelque chose d’approchant de notre déclamation tragique. C’est de quoi nous parlerons plus au long dans le traité de la musique des anciens qu’on trouvera à la fin de cet ouvrage.
Art ancien : Virgile Josz. […] Mais l’âme actuelle n’est-elle pas toute imprégnée de l’âme ancienne ? […] Elle a, dans sa pensée, des origines très anciennes. […] Verhaeren est en train de s’émanciper des règles anciennes. […] A de nouvelles conceptions des choses l’ancienne métrique ne suffisait plus !
Génin, ancien professeur de l’Université à Strasbourg et rédacteur du National : c’est âcre, violent et du pur xviiie siècle. […] L'abbé Flottes appartient à cette honorable et finissante lignée de l’ancien clergé français qui associait sans trop de peine une certaine philosophie et un certain rationalisme avec le catholicisme ; il est de ceux qui auraient écrit volontiers sur le christianisme de Bacon et des autres grands hommes. […] Mais il est modéré, il est poli, il est judicieux dans une certaine portée ; c’est un dernier et faible écho de ce qu’aurait été la voix de l’ancien clergé français dans cette querelle.
Un de ses anciens collègues d’internat, le docteur Campaignac, parla de lui à Carrel dont il était le médecin, et M. […] C’eût été, en effet, la mer à boire, tout un monde à remuer et à reconstruire, que de s’engager dans l’examen critique de cette vaste compilation d’un ancien si curieux de la nature et de toutes choses, et il eût fallu y mettre quelque vingt-cinq ans. […] Les règles qu’il indiqua, et que je ne puis ici expliquer avec détail, étaient un vestige des cas de la déclinaison latine et constituaient une sorte d’étape ou de station intermédiaire entre l’ancienne langue classique et le français moderne. […] Comment avait-on cessé, à un certain moment, de parler l’ancien latin dans les pays de domination romaine et dans la Gaule en particulier ? […] Ce fait essentiel, bien compris et bien appliqué, devient une clef pour l’étymologie et sert de fil conducteur ou de sauvetage dans le naufrage des mots de l’ancien latin, au moment où ils passèrent au roman ou vieux français.
Monsieur Perrault avoit reproché aux anciens qu’ils ne connoissoient point ce que nous appellons galanterie, et qu’on n’en voïoit aucune fleur dans leurs poëtes, au lieu que les écrits des poëtes françois, soit en vers, soit en prose, ces derniers écrits sont les romans, se trouvent parsemez de ces gentillesses. […] Quand je dis que Monsieur Woton a défendu la même cause que Monsieur Perrault : je dois ajouter que Monsieur Woton en mettant le sçavoir des modernes au-dessus de celui des anciens dans la plûpart des arts et des sciences, tombe d’accord néanmoins que dans la poësie et dans l’éloquence les anciens ont surpassé les modernes de bien loin.
On dit souvent qu’il y a dans Virgile beaucoup de traits du génie moderne, et qu’il demeure par là original entre les Anciens. […] Le poëme de l’Expédition des Argonautes, dont Médée forme le principal épisode et comme le centre, eut chez les Anciens plus de réputation qu’il n’en a sauvé depuis. […] On aura remarqué cette comparaison naïvement touchante de la femme qui vit du travail de ses mains ; elle est tout à fait dans le goût d’Homère et des véritables Anciens. […] Les Modernes ont très-habituellement admis le jeu et le mensonge de l’amour, ce qu’ils aiment aussi à en appeler l’idéal, — les Anciens, jamais ; ils sont restés naturels. […] Chez les Anciens, on le sait, la foudre tombe presque à coup sûr ; les Modernes ont inventé les paratonnerres.
Il n’est pas d’exemple qu’une forme variable ait cessé de varier à l’état domestique : nos plus anciennes plantes cultivées, telles que le froment, produisent encore aujourd’hui des variétés nouvelles ; et nos animaux domestiques les plus anciens sont toujours susceptibles d’améliorations et de modifications rapides. […] — J’ai fait allusion aux tendances de réversion à d’anciens caractères perdus. […] J’ai trouvé le principe de sélection dans une ancienne encyclopédie chinoise. […] Mais ce qui nous importe ici, c’est que cette transformation s’est effectuée inconsciemment, graduellement, et cependant avec une efficacité telle, que, quoique notre ancien Chien d’arrêt espagnol (Spanish Pointer) vienne certainement d’Espagne, M. […] La poire cultivée dans les temps anciens paraît avoir été, d’après la description de Pline, un fruit de qualité très inférieure.
. — Ses commencements au milieu de l’ancien monde. — Poésie des liturgies chrétiennes. — Lyrisme populaire et lyrisme savant. […] La trace de ces influences se retrouve dans quelques débris des anciens offices de l’Église grecque. […] Cet hymne toutefois, en lents hexamètres, peut n’avoir été que la prière propre, l’action de grâces solitaire de l’ancien évêque, au lever du jour, dans son petit village d’Arianze. […] À l’ancienne voie tu as joint une voie nouvelle, quand, Dieu et homme tout ensemble, venu sur la terre, tu t’es élevé de nouveau dans les cieux, pour en redescendre un jour plus visible à ceux qui t’appellent. […] Il tient aux anciennes félicités du sage, non pas seulement cette paisible constance que peut remplacer la paix évangélique, mais aux récompenses terrestres du talent et de la vertu ; il désire le calme, l’aisance heureuse, et, comme poëte, sans doute la gloire.
Antoine Petit, pour le dédommager, le choisit pour son suppléant dans la chaire d’anatomie du Jardin des plantes, et Vicq d’Azyr y retrouvait le même public, la même affluence ; mais cette fois ce fut Buffon, intendant du Jardin des plantes, qui, destinant cette chaire à Portal plus ancien et plus connu, ne permit pas à Vicq d’Azyr de continuer. […] Louis XVI venait de monter sur le trône, et ce début d’un règne bienfaisant était signalé par des calamités que les anciens auraient prises pour des présages. […] Nous qui sommes aujourd’hui témoins de la parfaite concorde et de l’union toute fraternelle qui règne entre la faculté de médecine, fille régénérée de l’ancienne, et l’Académie de médecine, digne héritière et représentation vivante de l’ancienne Société royale, nous aurions peine à comprendre l’excès de vivacité, d’injures et de calomnies qui se dépensa dans cette querelle entre ceux qu’on appelait les facultaires et les sociétaires (1776-1779). […] Pour n’en citer qu’un échantillon, voici ce qu’on lit dans un Dialogue entre Pasquin et Marforio, composé aussi bien que bon nombre de ces pamphlets d’alors, par Le Roux des Tillets, jeune médecin de la Faculté et des plus ardents, ancien ami intime de Fourcroy qu’il ne laisse pas de déchirer, et s’acharnant aussi sur Vicq d’Azyr. […] Jusqu’ici, en parlant des universités de la Péninsule, Vicq d’Azyr n’avait en vue que de loin l’université de Paris, bien autrement pratique et avancée pour la branche médicale ; mais il y songeait manifestement et il y faisait une allusion qui devait être sentie de tous, lorsqu’il ajoutait : Semblable aux vieillards qui racontent avec enthousiasme ce qu’ils ont vu dans leur jeunesse et qui refusent d’apprendre ce que les modernes ont découvert, la plupart des anciens corps enseignants prodiguent des éloges aux âges qui les ont précédés, et se traînent péniblement après le leur.
mais il y a eu au contraire préméditation, s’il en fut jamais, et ruse ; vous n’êtes pas un enfant, ni nous non plus ; nous savons ces finesses : l’histoire est ancienne ; c’est celle de tous les satiriques, c’est celle de Bussy-Rabutin pour ce fameux Portrait de Madame de Sévigné. […] Jules Sandeau, un ancien ami qu’il n’a pas vu depuis longtemps, et pour lequel sa tendresse semble s’être tout d’un coup réchauffée à cette occasion. […] Il est dangereux de s’asseoir à leur ombre, ainsi que l’un de nos anciens amis en a fait cruellement l’épreuve10. […] ou : Place à l’ancien ! […] Paris, Paris de tous les temps, Paris ancien et nouveau, toujours maudit, toujours regretté et toujours le même, oh !
Delécluze était critique d’art au Journal des Débats, et il eut occasion de parler de ce tableau de son ancien maître ; rien de plus simple. […] David était venu visiter l’atelier ; Mme de Noailles, dont le frère rentrait d’émigration, était toute joyeuse ; David l’avait félicitée de cette rentrée, lui l’ancien jacobin, l’ancien terroriste ! […] « David était sorti de l’atelier ; Charles Moreau et Mme de Noailles s’étaient remis au travail, mais Étienne resta assis auprès du poêle, essayant vainement de composer un seul et même homme de l’ancien ami de Robespierre et du nouveau protecteur des émigrés. […] Le brave Moriès (un vieil élève, ancien militaire, peu habile au pinceau, mais vertueux) trancha la difficulté : « C’est bien cela, Maurice ! […] » — Faisant le procès, dans le même journal (5 octobre 1855), à la peinture d’Overbeck et à son école, il concluait ainsi : « L’école allemande moderne, ainsi que l’ancienne, n’a donc eu qu’une aurore sans midi. » Nonobstant ces cacophonies, M.
On ne sait rien de l’auteur qu’on n’a même eu l’idée d’appeler Longus que parce qu’on avait mal lu, à ce qu’il paraît, le titre d’un ancien manuscrit. […] Marmontel, dans son Essai sur les Romans, en sa qualité d’homme qui lisait et connaissait assez peu à fond les Anciens, est encore plus tranchant sur Daphnis et Chloé. […] Revenant sur une comparaison dès longtemps instituée et toujours ouverte entre cette ancienne idylle et Paul et Virginie, il a maintenu le premier ouvrage, vrai, naturel, immortel, non pas du tout inférieur, même en présence du second. […] Il y en a quelque trace dans son chef-d’œuvre ; mais aussi, pour être juste envers lui, envers cet aimable bienfaiteur de nos belles années, n’allons pas surfaire l’ancien roman : ni le surfaire, ni le sacrifier, c’est la justice. […] Voir, dans les Mémoires de la littérature ancienne de M.
Cette tentative, qui n’est point la seule de son espèce et qui se rattache à tout un mouvement provincial en faveur des anciens idiomes ou patois, vaut pourtant la peine qu’on la remarque, et peut prêter à quelques réflexions. […] A la nouvelle de cette publication, je répondais à l’honorable exécuteur testamentaire qui voulait bien faire appel à mes souvenirs et à mon jugement sur le poëte : « Boulay-Paty était un de mes plus anciens et fidèles amis. […] Il appartenait par bien des côtés à l’ancienne école poétique en même temps qu’il avait un pied dans la nouvelle. […] Anatole Leroy-Beaulieu, un nouveau venu sympathique, avec ses Heures de solitude ; et une ancienne connaissance, M. […] , il vivait si en dehors du monde, que j’ai été seul de ses anciens amis à son convoi.
Le panthéisme, d’un autre côté, en supprimant la personnalité divine, est aussi loin qu’il se peut du Dieu vivant des religions anciennes. […] Quelques-unes de ces maximes venaient des livres de l’Ancien Testament. […] Enchérissant d’ordinaire sur les devoirs tracés par la Loi et les anciens, il voulait la perfection. […] Ce n’est pas l’ancienne Loi, ce n’est pas le Talmud qui ont conquis et changé le monde. […] Il répétait sans cesse qu’il faut faire plus que les anciens sages n’avaient dit 240.
Un classique, d’après la définition ordinaire, c’est un auteur ancien, déjà consacré dans l’admiration, et qui fait autorité en son genre. […] Pour les modernes, à l’origine, les vrais, les seuls classiques furent naturellement les anciens. […] Boileau vengeait et soutenait avec colère les anciens contre Perrault qui préconisait les modernes, c’est-à-dire Corneille, Molière, Pascal, et les hommes éminents de son siècle, y compris Boileau l’un des premiers. […] Le premier Dictionnaire de l’Académie (1694) définissait simplement un auteur classique, « un auteur ancien fort approuvé, et qui fait autorité dans la matière qu’il traite ». […] Les ouvrages anciens ne sont pas classiques parce qu’ils sont vieux, mais parce qu’ils sont énergiques, frais et dispos.
Le fond en était pris à une ancienne pièce d’un auteur obscur, Belin. […] Jusqu’ici on conviendra que Chamfort ne semble pas avoir eu tant à se plaindre de l’ancienne société, et qu’il a été payé de ses productions outre mesure. […] Aussi le jour où il perdra toutes ses pensions dans la ruine de l’Ancien Régime, sa passion l’emportant sur son intérêt, il bondira de joie, il se sentira soulagé et délivré. […] Chamfort en voulut toujours mortellement à l’ancienne société de l’avoir pris pour un poète aimable et de l’avoir traité en conséquence. […] Toutes ces anciennes inégalités, toutes ces nuances sociales si adoucies sur lesquelles il avait vécu durant trente ans, ce lit de roses dont il s’était fait un lit d’épines, lui revenaient avec fureur et le dévoraient.
Et c’était l’opinion d’Auguste Comte ; et c’est celle où s’est rangé Taine dans son Ancien régime. […] Nos encyclopédistes n’ont pas seulement méconnu les anciens, ils les ont méprisés ! […] et certes, si quelqu’un n’a pas beaucoup pratiqué les anciens, c’est bien lui. […] Taine, L’Ancien Régime, Paris, 1875 ; — Émile Faguet, Dix-huitième siècle, Paris, 1890. […] Taine, L’Ancien Régime, 1875.
Section 38, que les remarques des critiques ne font point abandonner la lecture des poëmes, et qu’on ne la quitte que pour lire des poëmes meilleurs Quoiqu’il en soit de ces fautes que les critiques passez ont trouvées, et que les critiques à venir découvriront dans les écrits des anciens, elles n’en feront point abandonner la lecture. […] Qu’on choisisse donc dans l’histoire moderne un sujet neuf où l’on ne puisse pas se prévaloir des inventions ni des phrases poëtiques des anciens, mais où il faille tirer de son génie la poesie du stile et toute la fiction. […] Tandis qu’on ne fera pas mieux, ni même aussi-bien que les anciens, les hommes continueront à les lire et à les admirer, et cette véneration ira toujours en s’augmentant à mesure que les siecles s’écouleront sans qu’il paroisse personne qui ait pû les atteindre.
La philologie des modernes supérieure à celle des anciens. […] Les anciennes littératures de l’Orient, qui sont incontestablement belles, ne le sont qu’au point de vue de l’esprit humain. […] Partout l’histoire des langues montre deux idiomes superposés, langue ancienne synthétique, langue moderne analytique. La langue ancienne, bannie de l’usage, reste sacrée, savante, classique. Nécessité de l’étude de la langue et de la littérature anciennes.
La lecture des livres de l’Ancien Testament fit sur lui beaucoup plus d’impression. […] La Loi, qui représentait, non les anciennes lois du pays, mais bien les utopies, les lois factices et les fraudes pieuses du temps des rois piétistes, était devenue, depuis que la nation ne se gouvernait plus elle-même, un thème inépuisable de subtiles interprétations. […] Il lut aussi sans doute plusieurs des ouvrages apocryphes, c’est-à-dire de ces écrits assez modernes, dont les auteurs, pour se donner une autorité qu’on n’accordait plus qu’aux écrits très anciens, se couvraient du nom de prophètes et de patriarches. […] Ce livre, composé par un Juif exalté du temps d’Antiochus Épiphane, et mis par lui sous le couvert d’un ancien sage 137, était le résumé de l’esprit des derniers temps. […] Tel que nous le connaissons par la version éthiopienne, il est composé de pièces de différentes dates, dont les plus anciennes sont de l’an 130 ou 150 avant J.
Je crois n’avoir négligé, en fait de témoignages anciens, aucune source d’informations. […] Tout cela est grave, et, pour moi, je n’ose être assuré que le quatrième évangile ait été écrit tout entier de la plume d’un ancien pêcheur galiléen. […] C’est celui des trois synoptiques qui est resté le plus ancien, le plus original, celui où sont venus s’ajouter le moins d’éléments postérieurs. […] Dans presque toutes les histoires anciennes, même dans celles qui sont bien moins légendaires que celles-ci, le détail prête à des doutes infinis. […] Les versets XX, 30-31, forment évidemment l’ancienne conclusion.
Ce n’est pas que les historiens anciens ne se proposassent un but très sérieux. […] Voilà pourquoi l’histoire ancienne, écrite par un Hérodote, un Tite-Live, un Tacite et même un Thucydide, a une noblesse, une beauté, une moralité qui lui est propre. […] Ce n’est point à dire que la réalité historique soit autre dans les temps anciens que dans les temps modernes. […] Nul ne se doute, parmi les anciens, des vraies sources et des caractères propres de la poésie homérique. […] Si elle en est l’image assez fidèle, c’est que les cités italiennes étaient à beaucoup d’égards la copie des anciennes cités.
Des poëtes anciens. […] Ainsi ceux qui admirent le plus aujourdhui Pindare ne sont que les échos des anciens. […] Aucun Poëte ancien ne mérite autant d’être traduit que Virgile, & aucun ne l’a été autant que lui. […] Car sans égard aux éditions faites avec soin sur les manuscrits les plus anciens & les plus authentiques, le P. […] De toutes les piéces du Poëte, il n’en a laissé que trois dans leur ancienne situation.
Les espèces de même genre varient d’une manière analogue ou reviennent à d’anciens caractères perdus. — XI. […] Que plusieurs des habitants des cavernes de l’ancien monde et du nouveau soient assez étroitement alliés, on peut le préjuger, au contraire, d’après la parenté générale bien connue de la plupart des autres productions naturelles de ces deux régions géographiques. […] Les espèces de même genre varient d’une manière analogue ; les variétés d’une espèce assument les caractères d’une espèce alliée ou reviennent à d’anciens caractères perdus. […] Or, on a déjà vu que toutes ces marques caractérisent la souche mère, c’est-à-dire le Pigeon Biset ; et nul ne doutera que ce ne soit ici un cas de réversion aux caractères d’un ancien progéniteur, et non un cas de variations analogues apparaissant soudain chez les diverses races. […] Quand des races de diverses couleurs sont croisées, même parmi les plus anciennes et les plus pures, les métis ont une forte tendance à prendre la couleur bleue et les marques caractéristiques.
La fameuse querelle sur la supériorité des anciens ou des modernes s’agitait déjà et était à la veille d’éclater. […] Dans son Histoire des oracles, si bien appréciée par Bayle (1687), il combat ce reste d’idée du Moyen Âge, encore ancrée dans bien des esprits, que les anciens oracles païens étaient rendus par des démons. […] Dans sa Digression sur les anciens et les modernes (1688), il a raison sur presque tous les points, excepté sur le chapitre de la poésie et de l’éloquence, surtout de la poésie, qu’il ne sent pas et qu’il croit posséder et pratiquer. […] On sourit de le voir plaider contre les partisans idolâtres des anciens en faveur de ces puissantes organisations modernes qui sont si peu semblables à la sienne ; il plaide pour Molière en le sachant, et pour Shakespeare sans le savoir. […] Dans les éloges des académiciens, il sut garder de son ancienne manière quelque chose de perpétuellement ingénieux et fin ; mais son amour de l’exactitude y introduisit de plus en plus la simplicité.
Il traita de la tragédie considérée dans son influence sur l’esprit national : il se plut à montrer dans la tragédie des anciens, dans celle des Grecs, une institution politique. […] On sent trop dans ce premier discours académique, comme plus tard dans les rapports que fera Raynouard en qualité de secrétaire perpétuel, les anciennes habitudes d’avocat consultant et de palais. […] L’étude de l’ancien provençal était alors très peu répandue, et M. […] Qu’on essaye de se représenter par la pensée l’état de l’ancienne France, de la Gaule, au moment où la domination romaine qui y régnait s’y brisa de toutes parts, et où les barbares, les Wisigoths, les Burgondes, les Francs, y firent invasion. […] Raynouard ; mais, tout en suivant et caressant cet enfant gâté, l’érudit laborieux et sagace déchiffrait des manuscrits, recueillait d’anciens textes, retrouvait des poésies charmantes ; il trouvait même, sans trop le dire, ou du moins en ne le disant qu’incidemment, des grammaires en vieux langage où étaient indiquées avec précision les règles de l’ancienne langue des troubadours : il s’en prévalait adroitement pour dénoncer ces règles, pour les découvrir, pour remettre l’ordre et la régularité là où, au premier coup d’œil, on aurait été tenté de ne voir que hasard et confusionb.
Les Crésus modernes ne ressemblent guère aux anciens. […] Je ne sais si elle est ancienne, mais elle est très vivace. […] L’idéalisme des anciens est loin de nous, mais moins qu’il ne l’est de l’esprit américain. […] En trente ans cet aspect ancien de Paris s’est évanoui. […] Les arbres avaient encore leurs anciennes feuilles, à peine pâlissantes ou d’un jaune éclatant.
[Préface] En réunissant en volumes les plus anciens articles de M. […] En un mot, quand on a souci de l’avenir, quand, sans avoir la vanité de croire à rien de glorieux, on se sent du moins le désir permis d’être en un rang quelconque un témoin honorable de son temps, on a toutes les précautions à prendre. on ne saurait trop faire navire et clore les flancs, pour traverser, sans sombrer, les détroits funestes. » Et comme pour mieux détourner dans l’avenir du dessein de rechercher ses anciens articles, le critique disait encore : « Après le Globe saint-simonien, que je n’avais pourtant pas tout aussitôt déserté, je suis entré au National par suite d’obligeantes ouvertures de Carrel. […] Dubois, l’un des fondateurs du Globe et qui avait été professeur de rhétorique à Charlemagne, initiait son ancien élève au métier d’écrire. […] — Quant à l’ancien Globe, celui d’avant la révolution de Juillet, « à l’influence considérable qu’il a eue dans l’histoire des lettres et de la philosophie au xixe siècle, on peut s’en faire une idée en lisant les deux tableaux que M.
Les anciens, nés dans des républiques, au milieu des plus violentes factions, traitoient, dans leurs plaidoyers, des affaires d’état les plus importantes. […] Elles lui parurent presque toujours étrangères à un plaidoyer ; d’autant plus qu’elles n’ont pas été goûtées des anciens, qui citent rarement & jamais hors de propos. […] En défendant aux avocats de faire le fond de leurs études de tant de livres inutiles à leur profession, ils les bornèrent à l’étude des loix naturelle, divine & humaine ; loix anciennes & nouvelles ; loix païennes & chrétiennes ; loix étrangères & loix du royaume. […] Néanmoins on se plaint que cet état est déchu de son ancienne splendeur.
C’est de là que, trois ans après, il écrivait la lettre suivante à l’un de ses anciens amis de la Congrégation de Saint-Maur, dom de La Rue, savant éditeur d’Origène. […] Je souhaiterois, par le même principe, qu’ils conservassent aussi pour moi quelque chose de leur ancienne amitié. […] En revanche, celui-ci nous apprend encore que Prevost s’est donné le plaisir, dans ses Mémoires d’un Homme de qualité, de faire des portraits de ses anciens confrères de Saint-Maur, et de les loger dans la bibliothèque du monastère de Saint-Laurent à l’Escurial. […] Cet ancien ami, par exemple, dom De La Rue, à qui il écrivit une lettre si affectueuse, sur quel ton lui fit-il réponse ? […] Collé, au tome III de son Journal (décembre 1763), annonçant la mort du grand romancier, s’exprime sur son compte en termes bien durs, bien flétrissants ; mais il en parle d’après d’anciens ouï-dire et en homme qui ne paraît point l’avoir personnellement connu.
M. l'Abbé Ferlet, ancien Professeur de Belles-Lettres en l'Université de Lorraine, s'est chargé de ce soin, & l'on peut dire qu'il s'en est acquitté avec honneur. […] Semblable à ces femmes qui faisoient profession de pleurer aux funérailles des Anciens, & qui regrettoient avec de grands cris ceux même qu'elles n'avoient jamais vus, l'Eloquence gémit indistinctement sur toute sorte de tombeaux, &, confondant le Génie dans la médiocrité, veut quelquefois consacrer à celle-ci des monumens dont on a privé jusqu'à ce jour la cendre des Corneille & des Racine, &c. » * Au reste, l'Histoire de Pologne passe pour le meilleur Ouvrage de M. de Solignac, & seroit une excellente Histoire aux yeux de tout le monde, si le naturel, la simplicité & la correction étoient les seules qualités qu'on dût exiger d'un Historien ; mais ces qualités, pour être précieuses, ne sont pas les seules nécessaires, & malheureusement M. […] Ainsi, je ferai voir qu'ils ont essentiellement nui à la Littérature par l'esprit Philosophique, par leur mépris pour les Anciens, par les plaies cruelles qu'ils ont faites à la Poésie ; enfin, par les haines qu'ils ont fait éclore entre les Savans.
Cette réflexion s’applique pour nous aux anciens monuments du christianisme. […] L’ancienne France semblait revivre : on croyait voir ces costumes singuliers, ce peuple si différent de ce qu’il est aujourd’hui ; on se rappelait et les révolutions de ce peuple, et ses travaux, et ses arts. […] Les siècles, évoqués par ces sons religieux, font sortir leurs antiques voix du sein des pierres, et soupirent dans la vaste basilique : le sanctuaire mugit comme l’antre de l’ancienne Sibylle ; et, tandis que l’airain se balance avec fracas sur votre tête, les souterrains voûtés de la mort se taisent profondément sous vos pieds.
Mais nos bons poëtes françois ont imité les anciens comme Horace et Virgile avoient imité les grecs, c’est-à-dire, en suivant comme les autres l’avoient fait le génie de la langue dans laquelle ils composoient, et en prenant comme eux la nature pour leur premier modele. […] Il entend parler du pere Rapin et de Monsieur Dacier, dont il vient de rapporter les jugemens sur les tragédies françoises, jugemens qu’il adopte avec d’autant plus de plaisir qu’il a composé son ouvrage, principalement pour montrer la supériorité de la tragédie ancienne sur la tragédie moderne. […] Le lecteur ne sçauroit avoir oublié déja que lui-même il étoit poete, et qu’il avoit composé plusieurs tragédies à l’imitation de celles des anciens. […] Les étrangers se plaignent même que notre langue envahisse, pour ainsi dire, les langues vivantes en introduisant ses mots et ses phrases à la place des anciennes expressions. […] De pareilles injustices ne diminueront point la réputation de nos poëtes, puisque celles qu’on fait aux anciens ne diminuent point la leur, quoiqu’elles soient en bien plus grand nombre.
Le livre qu’il intitule Sixte-Quint et Henri IV est une vue nouvelle, pour conduire par un chemin de plus à une conclusion déjà ancienne dans beaucoup d’esprits, c’est que la Réforme ne réforma rien, mais détruisit tout du monde qu’elle devait réformer… La Réforme, en effet, pour tous ceux qui l’ont étudiée, fut la destruction complète et violente du monde catholique, si unitairement constitué, tel qu’il était au Moyen Âge, destruction consommée par une minorité qui ne l’eût jamais accomplie si les gouvernements n’avaient donné mieux que le nombre en donnant les forces organisées de leur pouvoir à cette minorité sans eux vaincue. […] L’auteur du Sixte-Quint et Henri IV, qui fait de la critique ici plus qu’il n’écrit l’histoire, ou, pour parler avec plus de précision, qui fait de l’histoire contre de l’histoire et répond personnellement à Poirson et à Michel ; l’auteur du Sixte-Quint, ancien rédacteur de l’Univers, n’a dans son livre ni flammes, ni dureté, ni morsure, ni amertume ulcérée… Il est doux comme un condamné à mort ; car il en est un au fond de sa pensée. […] S’il avait été protestant comme le prince de Condé ou Jeanne d’Albret ; s’il y avait eu en lui une fibre qui eût saigné de protestantisme sacrifié, sous son lourd manteau du roi catholique, accepté au prix d’une abjuration, je comprendrais que lui, l’homme de la politique ambidextre, eût favorisé ses anciens coreligionnaires, étant le Roi, et eût fait encore ce crochet… Faiblesse de cœur, généreux souvenir de ses compagnons d’armes ! […] La faute, la grande faute de Henri fut moins l’Édit de Nantes que sa teneur, qui replaçait en vis-à-vis de guerre, dans la société et dans la loi, les anciens vainqueurs et les anciens vaincus du champ de bataille.
Le sol de l’ancienne Rome avait été caché deux ou trois fois ; des restes de palais ou de temples noircis par les feux, et un terrain immense couvert de décombres, attestaient seuls son ancienne grandeur. […] C’était un reste d’hommage que l’Europe, au bout de dix siècles, rendait encore à ses anciens tyrans. […] À Athènes et dans l’ancienne Rome, l’éloquence et les lettres eurent un grand éclat dans des temps orageux, quand la liberté disputait ses droits contre la tyrannie qui s’avançait. […] On remua, on consulta les anciens dépôts.
C’est toujours un étonnement pour moi, je l’avoue, de voir qu’un esprit aussi supérieur que Fontenelle n’ait pas mieux compris, tout berger normand qu’il était, qu’en ce parallèle des anciens et des modernes il y avait des genres dans lesquels les anciens devaient presque nécessairement avoir la prééminence, quelle que fût la revanche des modernes sur d’autres points. […] On ne peut s’empêcher non plus de remarquer que les scholies ou commentaires qu’on possède, et qui ont été compilés d’après les plus anciens grammairiens, nous abandonnent et, en quelque sorte, expirent vers le milieu du recueil, comme si ces anciens commentateurs n’avaient cru marcher avec le vrai Théocrite que jusque-là. […] sont celles qui nous attirent le plus et les seules qui nous semblent peut-être à notre portée : c’est par là que nous commencerons, dussions-nous faire comme les anciens scholiastes eux-mêmes et nous arrêter à moitié chemin. […] Bien des poëtes modernes ont rendu ce déchirant contraste : les anciens, sous d’autres formes, arrivaient aux mêmes pensées. […] Les anciens, s’ils ont eu à subir bien des outrages du temps, lui ont dû cet avantage du moins d’échapper à l’analyse de la curiosité biographique.
On remarquera même que dans ces discours qu’il prononce en différentes occasions, soit dans le conseil du prince comme en ce moment, soit dans les conseils des villes où il commande, soit pour exhorter ses soldats et compagnons, discours qu’il enregistre et recompose avec un soin évident, il nous rend au naturel quelques effets des historiens anciens, notamment de Tite-Live. […] S’il ne les avait pas lus lui-même, il s’était fait lire quelque chose de Tite-Live, de Langey, de Guichardin (dont il a oublié le nom, mais qu’il appelle un bon auteur) : « Il me semblait, dit-il quelque part, lorsque je me faisais lire Tite-Live, que je voyais en vie ces braves Scipions, Catons et Césars ; et quand j’étais à Rome, voyant le Capitole, me ressouvenant de ce que j’avais ouï dire (car de moi j’étais un mauvais lecteur), il me semblait que je devais trouver là ces anciens Romains. » Voilà le degré de culture de Montluc ; c’était assez, avec son esprit naturel et son amour de la gloire, pour le mener, sans imitation directe, à être l’émule de ces anciens qu’il connaît peu. […] Quelque goût personnellement qu’il eût à jouer de la hallebarde ou de la pique, il y entremêle sans cesse l’arquebuserie ; il combine l’action de ce nouveau moyen avec les autres armes de guerre, et, loin d’avoir aucun préjugé qui l’enchaîne aux us et coutumes de l’ancienne chevalerie, on le voit aussi ouvert et aussi entendu qu’homme de son temps à toute invention et à toute pratique militaire utile. […] C’est ici encore que Montluc fit preuve d’invention et de ressources, aussi bien que d’une intelligence militaire qui était en progrès sur la chevalerie et qui s’en revenait au bon sens pratique des anciens Romains. […] La France n’est pas assez fière de ces vieilles richesses, qui seraient dès longtemps classiques si on les avait rencontrées chez Thucydide ou tout autre ancien.
Les anciennes hymnes, les proses du Moyen Âge, dont toutes d’ailleurs n’avaient pas la beauté religieuse, la gravité ou l’onction des principales que nous connaissons, étaient jugées sévèrement par les délicats, et il parut aux hommes les plus considérables du clergé de France que c’était faire acte de convenance et de bonne liturgie que d’en remplacer quelques-unes par des strophes d’un rythme et d’une latinité plus d’accord avec les règles de l’ancienne poésie classique. […] Or il était immanquable que l’étude et la vogue se reportant aux choses du Moyen Âge, on en vînt bientôt, pour ce qui est des hymnes dans les rituels et les bréviaires, à contester au moins la convenance et l’opportunité de cette substitution qu’on y avait faite des hymnes de Santeul à des compositions plus anciennes et d’un caractère chrétien et populaire plus marqué. […] Félix Clément, dans un choix qu’il vient de publier des anciens chants chrétiens antérieurs à l’époque de la Renaissance (Carmina e poetis christianis excerpta, 1854), s’est attaché à faire connaître les auteurs de ces hymnes et de ces prières empreintes d’une originalité singulière et souvent touchante jusque dans leur rudesse ou leur subtilité. […] Santeul, né en 1630, était un enfant de Paris, d’une ancienne famille bourgeoise : son père était un riche marchand de fer de la rue Saint-Denis. […] Santeul, en s’occupant à chanter les saints, et à remplacer leurs anciennes louanges réputées grossières par des hymnes plus polies et plus dignes des concerts célestes, n’avait fait que changer la forme de son orgueil poétique et de sa vanité.
Gandar, ancien élève de l’École d’Athènes, de faire de ce poète le sujet d’une thèse en Sorbonne (car telle est l’origine de son livre), et d’y soutenir que Ronsard méritait plus encore que n’avaient réclamé pour lui ceux-mêmes qui avaient paru aller trop loin. […] Il est aisé aujourd’hui à un ancien élève de l’École normale qui a de plus couronné son éducation classique à l’École d’Athènes, et qui a parcouru avec méthode pendant des années le cercle complet des lectures tant latines que grecques, de venir indiquer par où pouvait pécher une tentative d’imitation et un retour quelconque vers l’antique, et de relever les témérités ou les inexpériences. […] Or, en ces mêmes années, étudiant de mon côté le xvie siècle français et notre ancienne poésie à un point de vue critique, je ne fus pas longtemps à m’apercevoir d’un certain rapport entre ce qu’on avait voulu alors et ce qu’on désirait dans le présent. […] De retour à Paris, il s’enferma dans un collège auprès de Jean Dorat pour maître, et pendant sept ans (1542-1549), avec quelques condisciples de sa trempe et qu’il excitait de sa propre ardeur, il refit de fond en comble son éducation, il lut tous les poètes anciens, surtout les Grecs, chose très neuve alors en France. […] Ce sentier, non frayé jusque-là, consiste à se jeter tout à fait du côté des anciens, à suivre de près Pindare, Horace ; il met son orgueil à les reproduire, à se modeler sur eux.
Mais une telle fin ne lui conciliait pas les dissidents, et aliénait même de lui bon nombre de ses anciens amis qui le voyaient leur échapper avec mauvaise humeur ou colère. […] Puis sont venus ses propres livres, les vrais mémoires ou Ma Biographie, les Dernières Chansons, un choix des anciennes sous ce titre singulier : le Béranger des Familles. […] « Nous autres, anciens, nous nous sommes usés à traîner le boulet dans les galères de la Restauration. » Il redira la même chose en vingt images plus vives les unes que les autres ; c’est de la menue monnaie de poëte, mais le bon sens est là-dessous. […] Il étale ses vieilles misères, ses anciennes guenilles, et il les secoue devant lui en badinant. […] Pour tout concilier, il revient à un ancien projet qui était d’aller tout droit devant lui, à travers champs, jusqu’à extinction de force vitale.
Par Sir Henry Lytton Bulwer, ancien ambassadeur Traduit de l’anglais par M. […] Talleyrand est donc rentré en France sous le Directoire ; l’ancien constituant a été amnistié, et mieux qu’amnistié ; mais du moment qu’il a remis le pied dans Paris, ce n’est pas pour y rester observateur passif et insignifiant : partout où il est, il renoue ses fils, il trame, il intrigue ; il faut qu’il soit du pouvoir, et il en sera. […] Mais un nouvel intérêt commun fait passer aisément l’éponge sur d’anciens griefs et rapproche vite les politiques ; on ferma les yeux des deux côtés : « Talleyrand craignait d’être mal reçu de Napoléon. […] Un ancien secrétaire de Talleyrand, de Perray, avait là-dessus une version piquante. […] D’après le témoignage d’un abbé-comte de l’ancien régime, cousin de M. de Talleyrand et qui avait été de ses camarades et collègues à Saint-Sulpice, à Reims et ailleurs, il paraîtrait qu’il était pied bot et qu’il y avait toujours eu un pied bot dans la famille.
Son honneur à lui, c’est de n’avoir jamais, même aux moments les plus désespérés et les plus amers, cédé d’un point sur les conditions qu’il jugeait essentielles au rétablissement de la monarchie en France : « Il est aussi impossible de refaire l’Ancien Régime, pensait-il, que de bâtir Saint-Pierre de Rome avec la poussière des chemins. » Consulté de Vérone par Louis XVIII, et d’Édimbourg par le comte d’Artois, dans leurs projets excentriques de restauration, il ne cesse de leur redire : « Il faut écouter l’intérieur si l’on veut entreprendre quelque chose de solide… Ce n’est pas à nous à diriger l’intérieur, c’est lui qui doit nous diriger. » Dans une note écrite pour Louis XVIII en juillet 1795, Mallet du Pan lui pose les vrais termes de la question, que ce roi ne paraissait pas comprendre entièrement alors, et qu’il fallut une plus longue adversité pour lui expliquer et lui démontrer : La grande pluralité des Français ayant participé à la Révolution par des erreurs de conduite ou par des erreurs d’opinion, écrivait Mallet, il n’est que trop vrai qu’elle ne se rendra jamais à discrétion à l’ancienne autorité et à ses dépositaires ; il suffit de descendre dans le cœur humain pour se convaincre de cette vérité. […] Il analysait successivement l’esprit des villes en général, celui des bourgeois de toutes les classes, l’esprit des campagnes où le paysan, devenu propriétaire et acquéreur des biens d’émigrés, s’accommodait très bien du régime nouveau et ne craignait rien tant que le retour à l’ancien. […] celui-là a su mettre à profit l’adversité… Je ne me suis donc pas trop avancé quand j’ai dit que Mallet du Pan, s’il avait vécu jusqu’en 1830, n’eût pas manqué d’adhérer à la tentative de monarchie constitutionnelle de Louis-Philippe ; et avec son rare pronostic, dès le 20 février 1796, dans une lettre où il est question de ce même duc d’Orléans, il écrivait : Si, par une conduite compatible avec les personnes, avec les préjugés et les intérêts du temps, avec la force impérieuse des circonstances, le roi (Louis XVIII) ne retourne et ne fixe vers lui ou vers sa branche cette multitude de révolutionnaires anciens et nouveaux, Royalisés à demi ou en chemin de se royaliser, vous les verrez prendre le premier roi qui s’arrangera avec eux. […] Il brûlait de venir prendre part à ce combat d’opinions, où se distinguaient alors l’abbé Morellet et tant de journalistes courageux tels que Lacretelle, d’anciens constitutionnels, des hommes de 89 ralliés aux royalistes et faisant corps contre la Convention. […] Son habileté et son bonheur seront au comble s’il parvient seulement à mettre en harmonie d’anciens préjugés avec les nouveaux, les intérêts qui précédèrent et ceux qui suivirent la Révolution : fragile mais désirable alliance de l’autorité monarchique et de la liberté, contre laquelle lutteront sans cesse les souvenirs, soit de la toute-puissance royale, soit de l’indépendance révolutionnaire… Il pressentait combien le génie français, toujours dans les extrêmes, et composé d’insouciance et d’impatience, était peu propre à cette lutte continuelle, à cet équilibre qui exige suite, vigilance, et modération jusque dans le conflit.
Il en résultait que les lumières des anciens sages se pouvaient considérer déjà comme l’aurore de la foi, et que, sans mettre assurément au nombre des Pères de l’Église primitive Confucius, Zoroastre, Pythagore, Héraclite, Socrate et Platon, on les considérait jusqu’à un certain point comme des préparateurs évangéliques et qu’on ne les maudissait pas. On avait presque le droit de les appeler, selon le langage des anciens Pères, les chrétiens primitifs ; c’était du moins comme autant de Mages qui étaient déjà plus ou moins directement en chemin vers le divin berceau. […] Les anciens théologiens, soit formalistes, soit rationalistes, qui étaient réellement attaqués, résistaient et se scandalisaient au nom des traditions non seulement catholiques, mais scolaires et classiques. […] Ce dernier calque de l’homme, cette forme si vague, si effacée, à peine empreinte sur une poussière à peu près impalpable, volatile, presque transparente, d’un blanc mat et incertain, est ce qui donne le mieux quelque idée de ce que les anciens appelaient une ombre. […] C’était avant 1838, avant ce long séjour de l’abbé à Rome : il s’était lié avec le second fils de M. de La Ferronnays, l’ancien ministre des Affaires étrangères.
À ce point de vue on ressent encore en eux le souvenir des écoles anciennes, avec la prédominance qu’elles accordaient à la peinture, à l’architecture, à la sculpture. […] Comme les autres vers français anciens, l’alexandrin est fondé sur cette convention que toutes les syllabes ont une égale durée. […] On pourrait dire que le premier a rompu effectivement avec l’ancien vers, et que le second s’est borné à le rompre. […] Mallarmé, le fondement de ce vers est le souvenir du mètre ancien qu’il fuit, revient effleurer, quitte encore pour se confondre enfin en sa plénitude. […] Vielé-Griffin, ce qu’on ne dit pas assez — nous sommes à une ligne de faîte qui sépare deux versants, l’ancienne et la nouvelle manière du poète.
Le Lyrique, l’Élégiaque et l’Épique étant les parties faibles de notre ancienne poésie, comme nous l’avons déjà observé, c’est donc de ce côté que devait se porter la vie de la poésie actuelle. […] Ils ont raison quand ils veulent que nos anciens chefs-d’œuvre soient étudiés et admirés avec enthousiasme ; ils ont tort quand ils veulent qu’ils soient continués perpétuellement et reproduits sous toutes les formes. […] Il n’y a de comparaison possible et utile à faire qu’entre les écrivains d’un même siècle ; c’est-à-dire entre les continuateurs de l’ancienne école et les sectateurs de l’école qui commence. […] Songez que c’est par cette alliance irrésistible de tous les talents, que vos devanciers ont sapé les bases de l’ancienne société et posé celles du nouvel ordre de choses. […] Lorsqu’après une page de narration écrite en vers si faussement nommés prosaïques, se trouve une suite de beaux vers d’inspiration, pleins et cadencés, comme ceux de l’ancienne école ; ils se détachent avec bien plus de grâce et de noblesse, et l’effet en est bien plus puissant.
Si Marivaux admire médiocrement les anciens, il admire fort en revanche son contemporain La Motte, homme d’infiniment d’esprit, mais qui était, en quelque sorte, privé de plusieurs sens. […] Est-il pour les anciens ? […] S’il est pour les anciens, on lui passera même beaucoup d’esprit et quelque recherche, et on le déclarera simple. […] » Marivaux, très judicieux tant qu’il se tient ainsi dans le point de vue général, ne veut pas qu’en se mettant à écrire, un jeune homme imite personne, pas plus les modernes que les anciens ; car les anciens « avaient, pour ainsi dire, tout un autre univers que nous : le commerce que les hommes avaient ensemble alors ne nous paraît aujourd’hui qu’un apprentissage de celui qu’ils ont eu depuis, et qu’ils peuvent avoir en bien et en mal. […] Quand il a une vue, il la dédouble, il la divise à l’infini, il s’y perd et nous lasse nous-mêmes en s’y épuisant : « Un portrait détaillé, selon lui, c’est un ouvrage sans fin. » On voit à quel point il procède à l’inverse des anciens, qui se tenaient dans la grande ligne, dans le portrait fait pour être vu à quelque distance, et combien il abonde dans le sens et l’excès moderne, dans l’usage du scalpel et du microscope.
L’élément ancien et l’élément moderne se fondent en un tout harmonieux. […] Les anciens mis à part, ils n’entendent relever que d’eux-mêmes. […] Mais les vrais contemporains du roi Louis XIV sont si exclusivement partagés entre l’admiration d’eux-mêmes et celle des Grecs et des Romains que la grande controverse littéraire du temps sera la querelle des anciens et des modernes. […] Il est visible d’autre part que les grands écrivains du xviie siècle, au nom desquels les modernes disputent la préséance aux anciens, tendent à devenir une seconde antiquité, rivale de la première. […] De plus, ils se ressentent pour la plupart de l’engouement dont l’Espagne et l’Italie furent l’objet et ils ont des ressouvenirs de l’ancienne France.