Écoutons le raisonnement : Si l’on veut bien considérer, nous dit d’Olivet, qu’il a vécu quatre-vingt-onze ans moins quelques jours, qu’il se porta dès sa plus tendre enfance à l’étude, qu’il a toujours eu presque tout son temps à lui ; qu’il a presque toujours joui d’une santé inaltérable ; qu’à son lever, à son coucher, durant ses repas, il se faisait lire par ses valets ; qu’en un mot, et pour me servir de ses termes, ni le feu de la jeunesse, ni l’embarras des affaires, ni la diversité des emplois, ni la société de ses égaux, ni le tracas du monde, n’ont pu modérer cet amour indomptable de l’érudition qui l’a toujours possédé, une conséquence qu’il me semble qu’on pourrait tirer de là, c’est que M. d’Avranches est peut-être, de tous les hommes qu’il y eut jamais, celui qui a le plus étudié.
Tout en le donnant comme tiré d’un manuscrit espagnol, il y mêla les mœurs françaises, celles de nos petits abbés, classe inconnue en Espagne ; et en même temps, pour ce qui est de la description des mœurs du Mexique qu’on trouve dans la seconde partie du Bachelier, il la prit, sans le dire, dans la relation d’un Irlandais, Thomas Gage, qui avait été traduite en français bien des années auparavant.
Il s’applique aussi à des ouvrages nouveaux ; il pousse plus loin son étude sur Horace, qu’il avait déjà commenté avec un goût rare, aiguisé de paradoxe ; il pense à tirer de son poète favori toute une philosophie morale.
Le roi vint donc chez Mme de Montespan, comme il avait été décidé ; mais insensiblement il la tira dans une fenêtre ; ils se parlèrent bas assez longtemps, pleurèrent, et se dirent ce qu’on a accoutumé de dire en pareil cas ; ils firent ensuite une profonde révérence à ces vénérables matrones, passèrent dans une autre chambre ; et il en advint Mme la duchesse d’Orléans, et ensuite M. le comte de Toulouse.
Voilà l’éternelle morale qui avant et depuis Salomon, jusqu’à Sophocle, jusqu’à Cicéron, jusqu’à nous tous, se peut tirer du spectacle changeant des choses humaines, et il semble que, sauf le rajeunissement de l’expression, toujours possible à une âme sincère, les ruines de la ville de Zénobie, dévastée à la suite d’une guerre par l’empereur Aurélien, n’étaient guère de nature à inspirer d’autres pensées.
A peine. « Expression tirée de l’Énéide, affirme un guide-âne populaire, et qui sert à faire entendre que la vue d’une grande infortune excite la pitié : les choses elles-mêmes arrachent des larmes.
Le revenant s’avance tranquillement vers le lit, et avec ses gestes anguleux de cadavre, commence à démontrer qu’en toute raison, il ne saurait y avoir d’esprits ; puis, la preuve faite, met la main à son gousset, et au lieu de montre, en tire délicatement une pincée de vers.
Un jeune homme de vingt ans fait cette action héroïque d’épouser une belle jeune fille ; on lui dresse des arcs de triomphe, on vient le voir par curiosité, on lui envoie le grand-cordon comme le lendemain d’une bataille, on couvre les places publiques de feux d’artifice, des gens qui pourraient avoir des barbes blanches mettent des perruques pour venir le haranguer presque à genoux, on jette en l’air des millions sterling en fusées et en pétards aux applaudissements d’une multitude en haillons, qui ne mangera pas demain ; le Lancashire affamé fait pendant à la noce ; on s’extasie, on tire le canon, on sonne les cloches, Rule, Britannia !
Il excelle à tirer les aveux les plus sincères de ses interviewés.
Vous verrez ceux-cy suivre le torrent de son éloquence et de leur persuasion mettre la corde au col à leurs divinités, et les tirer de dessus leurs pieds d’estaux.
Aussi Monleau ne se fait-il jamais tirer l’oreille pour arroser leur bruyante admiration : un roi intelligent n’est jamais un ladre.
Nous y avons gagné un Attila presque bourgeois, asiatique d’instinct, car il met la politique au-dessus de la guerre, ce qui est aussi le caractère européen de ces derniers temps, « créant des prétextes, entamant des négociations à tout propos, les enchevêtrant les unes dans les autres comme les mailles d’un filet où son adversaire finissait toujours par se prendre », spirituel, railleur, spéculant sur ses mariages, comme la maison d’Autriche, ses mariages dont il avait peu la dignité, aimant ses enfants à la manière des patriarches de la Bible, et leur tirant paternellement le joues, comme Napoléon tirait l’oreille à ses soldats enfin un Attila très pittoresque, très inattendu et très savoureux pour ceux qui cherchent dans l’histoire de sensations neuves.
Nettement devait tirer de la théologie, qui est la véritable philosophie catholique, tout un système d’idées qui aurait été le criterium de sa critique, la législation même d’après laquelle, comme critique et comme historien, il allait juger.
À force de chercher, de plonger, de s’égailler dans tous les bouquins de la littérature européenne, il avait des initiatives ; il tirait aux idées et faisait lever de bons et beaux lièvres, qu’on s’étonnait bien de voir trotter dans la grande allée ratissée du Journal des Débats, où il ne passe jamais personne !
Mais nous ne pouvons rien tirer d’un récit aussi sommaire.
Les demandes d’emploi pleuvent chez lui ; on s’adresse à lui pour mener à bien de petites intrigues malpropres, égayées de pourboires ; il a souvent en main des affaires dont il essaie de tirer de grasses commissions. […] Je connais un écrivain, très illustre, qui était venu en province, pour y écrire un roman vertueux, et qui tirât surtout à plus de cent mille exemplaires ; l’écrivain a dû renoncer à cette chimère. […] Pas l’ombre, nulle part, d’une opinion exprimée — j’entends une opinion honnête et considérable, une opinion tirée à plusieurs millions d’exemplaires. […] Or il m’arrive une aventure dont je puis bien tirer quelque vanité et quelque amusement. […] Elle n’a tiré aucun profit, pour son rajeunissement, des modes magnifiques et nouveaux d’éducation que la science lui apporte, ni des beautés esthétiques nouvelles qui en peuvent surgir.
Le soleil l’enivre de joie, il tire sa science de l’amour et met en Dieu son espérance8. » Les efforts devaient être grands, car les réformes à accomplir étaient nombreuses et graves. […] Pourvu de sa charge, il s’attela, pour l’éditeur Rivadeneyra, à une édition complète des œuvres de Cervantès, édition dont le Don Quichotte commente fut tiré à part, en format elzévirien, sur une presse installée dans la maison même où Cervantès avait été emprisonné à Argamasilla, cette ville dont, dit-il, il ne veut point se rappeler le nom, un lugar de la Mancha, cuyo nombre no quiero accordarme. […] … Je pourrais me venger en demandant une séparation aux tribunaux et en dévoilant à tous les honnêtes gens votre honteuse conduite, mais il me répugne de traîner mon nom chez les avoués et chez les juges ; je ne veux pas que vos infamies rejaillissent sur ma famille et je ne tiens pas à me donner avec vous en pâture à la malignité publique… Je me tairai donc, mais, en échange de mon silence, j’exige que tous deux vous vous soumettiez aveuglément à ce que je jugerai à propos de tenter pour tirer de la boue mon honneur et le vôtre… À partir de ce soir, vous m’obéirez tous deux comme des esclaves ; vous n’aurez d’autres volontés que les miennes… Ce sera ma vengeance, à moi ! […] « De là vient, dit le poète, en un sonnet fameux, de là vient que parfois, de sang mon vers est rouge ; — je tire de lui mon amour des femmes et du soleil. » C’est un vrai coup de soleil arlésien que cette passion farouche et sans pitié de Fanette pour Veranet. […] qu’as-tu tiré d’eau ?
Mais, lorsque Étienne demande le nom du chasseur mystérieux qui a tiré le coup de fusil, personne ne peut le lui dire, et il est obligé de ramener Gaston à sa mère sans savoir qui l’a sauvé. […] D’où il suit qu’une très honnête femme, qui a le malheur d’aimer deux hommes à la fois, n’a qu’un moyen de se tirer d’affaire avec honneur : c’est de mourir. […] Il était impossible de se tirer de ce mauvais pas avec moins de frais et plus de grâce. […] La situation est très bien posée ; les caractères se dessinent à merveille ; chaque acteur parle le langage qui lui est propre : maintenant, il s’agit de tirer M. […] De même aussi pour nos jeunes poëtes : ils ont l’instrument, ils en jouent ; leurs mains sont savantes, leurs doigts agiles ; mais les sons qu’ils tirent de ces cordes fatiguées semblent les échos affaiblis d’autres mélodies, d’autres accents.
Mais dès qu’on se met à appuyer, dès qu’une circonstance le presse, la fibre première a tressailli : on a l’ami franc et résolu de la liberté et le philosophe qui tire la pensée comme une arme, en jetant le fourreau. […] alors il n’a guère qu’une manière de s’en tirer : qu’il n’ait pas un talent seul, mais qu’il les ait tous, au moins en germe.
Il observe pour former sa raison et celle des autres ; il s’approvisionne de morale ; il veut tirer le meilleur parti de lui-même et de la vie. […] Il a ses règles en poche et les tire à tout propos.
Après avoir tenté moi-même de porter l’art oratoire à un point encore plus élevé que nos prédécesseurs romains, je m’efforce avec plus de zèle encore de mettre dans son jour cette philosophie, d’où j’ai tiré tout ce que je puis avoir développé d’éloquence. […] Or, non seulement la mort n’est point un mal, comme d’abord vous le pensiez ; mais peut-être n’y a-t-il que des maux pour l’homme, à la mort près, qui est son unique bien, puisqu’elle doit ou nous rendre dieux nous-mêmes, ou nous faire vivre avec les dieux………………………………………………………………………………………………………… « Pour nous, au cas que nous recevions du ciel quelque avertissement d’une mort prochaine, obéissons avec joie, avec reconnaissance, bien convaincus que l’on nous tire de prison, et que l’on nous ôte nos chaînes, afin qu’il nous arrive ou de retourner dans le séjour éternel, notre véritable patrie, ou d’être à jamais quittes de tout sentiment et de tout mal.
Quoique un peu rustaud, il était si bien tiré à quatre épingles, il prenait si richement son tabac, il le humait en homme si sûr de toujours avoir sa tabatière pleine de macouba, que, le jour où M. […] Assez interdite pour ne rien dire, elle revint s’asseoir à sa place devant un métier à tapisserie, après que le domestique eut approché deux fauteuils ; elle acheva de tirer son aiguille afin de donner un prétexte à son silence, compta quelques points et releva la tête, à la fois douce et altière, vers monsieur de Chessel en lui demandant à quelle heureuse circonstance elle devait sa visite.
… Grosses outres gonflées de fourberie et d’usure, je saurai tirer de vous quelque chose qui pourra suppléer au remords ! […] Et secrètement, peut-être à son insu, son sens pratique en tirait déjà des conséquences.