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2039. (1884) Cours de philosophie fait au Lycée de Sens en 1883-1884

Nous arrivons à dresser le tableau suivant : Excitations 1 2 4 8 16 32 64 .. […] Si l’amateur cherche à collectionner les tableaux, il obéit à un sentiment qui n’a rien d’esthétique. […] Ainsi, le syllogisme suivant serait inexact : Certains ouvrages d’art ont la forme cubique ; Or, un tableau est un ouvrage d’art ; Donc, un tableau a la forme cubique. […] Si lorsque je dis : « J’ai vu au Louvre les Noces de Cana », j’étais obligé de me représenter en entier et le Louvre et le tableau, il me faudrait bien du temps pour exprimer ma pensée, et autrui aurait peine à la comprendre.

2040. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre V. La Renaissance chrétienne. » pp. 282-410

Car c’est le trait marquant des hommes de cet âge et de cette école, de n’avoir point l’esprit nettoyé, aplani, cadastré, muni d’allées rectilignes, comme les écrivains de notre dix-septième siècle et comme les jardins de Versailles, mais plein et comblé de faits circonstanciés, de scènes complètes et dramatiques, de petits tableaux colorés, tous pêle-mêle et mal époussetés, en sorte que, perdu dans l’encombrement et la poussière, le spectateur moderne crie à la pédanterie et à la grossièreté. […] Voyez, dans les Mémoires de Casanova, le tableau de cette pourriture. —  Voyez les Mémoires de Scipion Rossi, sur les couvents de Toscane, à la fin du dix-huitième siècle.

2041. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion statique »

Si donc une puissance vengeresse surgit, ce sera pour frapper la société dans son ensemble, sans s’appesantir uniquement sur le point d’où le mal était parti : le tableau de la Justice poursuivant le coupable est relativement moderne, et nous avons trop simplifié les choses en montrant l’individu arrêté, au moment de rompre le lien social, par la crainte religieuse d’un châtiment qu’il serait seul à subir. […] C’est à composer ce tableau, la pièce avec son mobilier, le journal déplié sur la table, moi debout devant elle, l’Événement imprégnant tout de sa présence, que visaient quarante-trois années d’inquiétude confuse.

2042. (1895) De l’idée de loi naturelle dans la science et la philosophie contemporaines pp. 5-143

De là, la doctrine du progrès, brillamment soutenue par Condorcet, dans son Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain. […] Les illustres savants du XVIIIe et du commencement du XIXe siècle renoncent à la recherche des premiers principes, et se proposent surtout, dans leurs systèmes de la nature, de présenter le tableau des relations logiques qui relient les espèces entre elles.

2043. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 11-15754

Je me promene tout autour de cette ville de guerre, que je vois enfermée dans ses remparts : j’apperçois cette campagne bornée d’un côté par une riviere & d’un autre par une forêt : je vois ce tableau enfermé dans son cadre, dont je puis même mesurer l’étendue & dont je vois les bornes : je mets sur ma table un livre, un écu ; je vois qu’ils n’occupent qu’une petite étendue de ma table ; que ma table même ne remplit qu’un petit espace de ma chambre, & que ma chambre est renfermée par des murailles : enfin tout corps me paroît borné par d’autres corps, & je vois une étendue au-delà. […] Tableau original. […] C’est sous cette vûe de préposition inséparable qui forme un sens avec un autre mot, que l’on doit regarder ce mot dans ces façons de parlet ; ce portrait est fait d’après nature ; comme on dit en peinture & en sculpture, dessiner d’après l’antique ; modeler d’après l’antique ; ce portrait est fait d’après nature ; ce tableau est fait d’après Raphaël, &c.

2044. (1903) Légendes du Moyen Âge pp. -291

Ce tableau si vigoureusement tracé en si peu de traits s’est gravé dans l’imagination. « Roncevaux ! […] Une épopée du Juif Errant ne sera jamais qu’une série de tableaux historiques, auxquels manquera un lien réel. […] En 1400, d’après le chroniqueur siennois Sigismondo Tizio, Johannes Buttadeus, qui olim Christum dum ad patibulum duceretur inhumaniter impulerat, cui a Christo fuit dictum : Exspectabismedumvenero , passa par Sienne, et, ayant vu le tableau où Andrea Vanni venait de représenter le Christ portant sa croix, il déclara que c’était le portrait du Christ le plus ressemblant qu’il eût jamais vu.

2045. (1902) Le chemin de velours. Nouvelles dissociations d’idées

Mais il n’est pas du tout nécessaire pour qu’une œuvre d’art éveille des idées d’amour, qu’elle nous présente un tableau sensuel : il suffit qu’elle soit belle, qu’elle soit captivante. […] Ce tableau nous renseigne sur les limites de l’instruction donnée aux jeunes filles. […] Si tous les sanctuaires doivent être détruits, celui-là ne sera pas épargné et il est très probable que les prochaines civilisations, entièrement utilitaires, matérialistes, scientifiques et morales, se soucieront peu de jouer à faire des tableaux, des poèmes ou des dômes.

2046. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

Ce tableau doit me conduire jusqu’à Pâques.

2047. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mademoiselle Aïssé »

Celui-ci se réserva les portraits des ancêtres, et les plus notables de la branche aînée ; il eut celui du Pacha, celui même de Marguerite de Foix, grande alliance royale des Bonneval au XVe siècle, tandis que la belle Aïssé, moins historique, suivit son arrière-petit-fils à Guéret où elle était, je pense, bien affligée de se trouver. » Si de Guéret le portrait passa depuis à la campagne, ce fut pour être placé, non dans un salon, il est vrai, mais dans une chambre à coucher avec d’autres tableaux précieux.

2048. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins » pp. 185-304

Le second mobile qui me sollicitait intérieurement à écrire cette histoire à la fois dramatique et critique de la Révolution française, était, je l’avoue, un mobile humain, une ambition d’artiste, une soif de gloire d’écrivain toute semblable à la pensée d’un peintre qui entreprend une page historique ou un portrait, et qui n’a pas pour objet seulement de faire ressemblant, mais de faire beau, afin que dans le tableau ou dans le portrait on ne voie pas uniquement l’intérêt du sujet, mais qu’on voie aussi le génie du pinceau et la gloire du peintre.

2049. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre dixième. Le style, comme moyen d’expression et instrument de sympathie. »

Or, le style est précisément l’art d’intéresser, l’art de placer la pensée, comme on ferait d’un tableau, sous le jour qui l’éclairé le mieux, c’est l’art enfin de la rendre frappante, de la faire saillir en relief, et passer, pour tout dire, de l’auteur à autrui dans sa plénitude.

2050. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XIII : Affinités mutuelles des êtres organisés »

En effet, si le développement de l’embryon présente en raccourci un tableau fidèle, ou du moins à peu près ressemblant, de toutes les variations de la race et des formes qu’elle a successivement revêtues, on conçoit que lorsque la sélection naturelle accumule des variations provenant de réversions à d’anciens caractères, l’évolution de l’embryon doive tendre fortement à s’arrêter au moment où il revêt ces caractères, et non pas à les dépasser pour y revenir ensuite.

2051. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre III. Variétés vives de la parole intérieure »

Ordres et défenses, quand le devoir est clair, simple permission dans le cas contraire, sentiment dramatisé du démérite, aucun phénomène moral ne manque au tableau, si ce n’est peut-être le moins moral de tous, le sentiment du mérite, la satisfaction du devoir accompli ; encore peut-on le voir dissimulé sous une forme discrète, la seule qu’admette une conscience scrupuleuse, dans la promesse du secours de Dieu et dans l’annonce du succès final.

2052. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion dynamique »

Tout de suite surgira le tableau des souffrances qui couvrent le domaine de la vie, depuis le plus bas degré de la conscience jusqu’à l’homme.

2053. (1898) XIII Idylles diaboliques pp. 1-243

Admirable sujet de tableau pour un peintre inspiré, n’est-ce pas ? […] Au pied de l’Arbre, la tête appuyée sur un oreiller de roses, Démiourge, absolument semblable au Dieu-le-Père des tableaux de Primitifs, dort sans un mouvement.

2054. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

. — Lettres de Malherbe ; — Bayle, dans son Dictionnaire, article Malherbe ; — Sainte-Beuve, Tableau de la poésie française ; Causeries du lundi, t.  […] Cousin, Société française au xviie  siècle] ; — 2º des épisodes contemporains, comme dans sa Clélie, l’histoire de Scaurus et de Lydiane (Scarron et Françoise d’Aubigné) ; le songe d’Hésiode (tableau de la littérature) ; la description du pays de Tendre ; — et 3º une politesse ou une galanterie très supérieure à celles de La Calprenède et de Gomberville. — Finesse de quelques analyses. — Les romans de Mlle de Scudéry sont des romans « psychologiques ». […] Les Amours du comte de Belflor et de Léonor de Cespédés]. — Ce qu’il a imité du roman picaresque, Le Sage l’a « humanisé » ; — et que, pour comprendre la valeur de ce mot, il suffît de comparer son Gil Blas avec sa traduction d’Estevanille Gonzalez, 1734. — De la confession des mauvais drôles du roman picaresque, il a fait un tableau de la vie humaine ; — et d’une succession d’aventures indifférentes une satire des conditions de son temps. — En d’autres termes encore, il a « réduit à l’universel » ce qu’il y avait de trop singulier dans ses modèles ; — et donné ainsi une portée morale à des anecdotes quelconques.

2055. (1895) La science et la religion. Réponse à quelques objections

Esquisse d’un tableau des progrès de l’esprit humain.

2056. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Troisième partie. Dictionnaire » pp. 243-306

. — Poussier des Mottes, 1 acte et 2 tableaux (Théâtre Cluny, 1905).

2057. (1845) Simples lettres sur l’art dramatique pp. 3-132

Que ce beau travail avait de charmes pour notre romancier maritime, quel admirable roman il trouvait dans toutes ces histoires, et comme il était à l’aise, lui si fort habitué à tout décrire, à tout sentir, à tout répéter, depuis le mot sublime jusqu’à l’ignoble juron, lui qui n’a reculé devant aucun tableau de la vie du matelot, orgie, débauche… et plus loin encore !

2058. (1903) Articles de la Revue bleue (1903) pp. 175-627

De même, les amateurs se récrièrent au début devant les tableaux de Puvis de Chavannes, de Gustave Moreau, des impressionnistes, et devant les statues d’Auguste Rodin.

2059. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre I. La Restauration. »

Les ornements, les tableaux, les statues des églises étaient arrachés ou déchirés. […] Ces provocations, ces façons de filles, le chassez-croisez des échanges et des surprises, le carnaval des rendez-vous et des soupers, l’impudence des scènes aventurées jusqu’aux démonstrations physiques, les chansons risquées, les gueulées 564 lancées et renvoyées parmi des tableaux vivants, toute cette orgie représentée remue les coureurs d’intrigues par l’endroit sensible.

2060. (1899) Arabesques pp. 1-223

Cette épidémie de statues horribles et de tableaux détestables le révolte. […] c’est une courbe brusque, ensoleillée,           Qui les jette tête première,                   D’un saut,     Dans le calme de l’eau ensommeillée… Joli tableau.

2061. (1927) Quelques progrès dans l’étude du cœur humain (Freud et Proust)

Elle fléchissait le cou comme on leur voit faire à toutes, dans les scènes païennes comme dans les tableaux religieux. […] En apparence rien qu’une description admirablement amusante ; mais ne sentez-vous pas la pénétration qu’implique ce petit tableau, et le profond effort de l’esprit qui a été cherché ce trait si juste, à la fois si particulier et si général : « Ivre de camaraderie, de médisance et d’assentiment. » Vraiment, c’est bien de la même pression que l’esprit de Proust exerçait sur les clochers de Martinville, qu’il est né.

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