L’auteur, qui a passé, à ce qu’il semble, par les doctrines saint-simoniennes, est arrivé à considérer le système de M. […] Mais, d’autre part, il y a dans les imaginations frappées, qui épousent éperdument un système, quelque chose d’impatient, de superbe, qui rudoie l’impartialité et la jette, bon gré mal gré, hors des gonds.
11 ; quel système philosophique, historique, esthétique, elle représente ? […] La Revue, en effet, n’est rien de tout cela ; certaines parties des doctrines indiquées ont pu et peuvent se mêler à son ensemble et y faire contraste ou variation ; mais aucun système pareil ne la compose, et le ton qui y domine, bien que d’une nuance plus diffuse et moins tranchée, est particulièrement distinct et reconnaissable.
On trouve bien çà et là dans les auteurs quelques pensées philosophiques, quelques réflexions morales propres à guider le lecteur dans la recherche des causes qui amenèrent la chute de la République ; mais ce ne sont que des aperçus partiels, des données incomplètes, des systèmes vagues et quelquefois superficiels. […] Il n’en est pas moins vrai que le génie romain, tout en professant pour elle le respect religieux qu’il eut toujours pour l’antiquité, ne tarda pas à comprendre que son mouvement était captif dans cette citadelle du droit strict ; de sorte que l’équité, modifiant peu à peu tous les rapports de la propriété, de la famille et des obligations civiles, substitua au système de la loi décemvirale des pensées plus conformes à la liberté, à l’égalité et à la bonne foi.
Colomb a découvert l’Amérique en partant d’idées fort erronées ; Newton croyait sa folle explication de l’Apocalypse aussi certaine que son système du monde. […] Voudrait-on mesurer les hommes à la rectitude de leurs idées en physique et à la connaissance plus ou moins exacte qu’ils possèdent du vrai système du monde ?
Les organes importants du système nerveux sont des concentrations de la vie sensitive et appétitive ; le cerveau n’est qu’une concentration encore plus puissante, où la sensation devient idée, l’appétition volonté, où la vie enfin prend conscience de soi. […] Il y a des systèmes de mouvements, comme ceux du violoniste, qui sont enchaînés par l’habitude : la plus petite excitation du premier anneau de la chaîne produit une déchargé le long des autres anneaux, mais cette excitation, en certains cas, peut n’avoir ni le degré d’intensité ni le degré de distinction nécessaire pour être reconnue et nommée par le moi.
Avec deux signes (un peu retors, il est vrai), avec, par exemple, le mot chum (cloche) et un déterminatif, les Chinois disent : « Son que produit une cloche dans le temps de la gelée blanche » ; avec trois signes ils disent : « Son d’une cloche qui se fait entendre à travers une forêt de bambous16. » Voilà sans doute l’idéal de tous ceux qui ignorent que, grâce à ce délicieux système, il faut une quarantaine d’années pour s’assimiler les « finesses » de ce langage immense mais immobile . […] Certains noms de couleurs en sont restés à la phase mixte, tantôt substantifs, tantôt adjectifs : teint brique, cheveux acajou, la Revue saumon 19 ; mais tout substantif français peut être employé adjectivement : le champ de la composition des mots selon ce système est donc illimité20.
Le dogme de la souveraineté du peuple, enté sur le système représentatif, système ancien dans nos habitudes nationales, mais rétabli dans un autre ensemble d’idées ; le dogme de la souveraineté du peuple, disons-nous, a fait croire que le corps institué comme organe de l’opinion et des besoins actuels du peuple, était investi du droit de concourir à la formation de la loi.
Il faut donc chercher la gradation intellectuelle de l’homme dans l’espèce humaine ; cette gradation s’est manifestée dès l’origine : j’apporterai en preuve le système contenu dans la langue latine, où j’ai trouvé, ainsi qu’on le verra, le dogme enveloppé et simultané de la déchéance et de la réhabilitation ; ce dogme est le véritable lieu de l’infini pour l’espèce humaine. Selon moi, prétendre faire commencer le langage par l’interjection et l’onomatopée, c’est comme prétendre faire commencer la religion par le fétichisme ; encore serait-ce le fétichisme entendu dans le sens que lui donnent les auteurs d’un pareil système ; car le fétichisme, dans son véritable sens, n’est autre chose que la croyance en l’esprit enchaîné, par un lien magique, dans le signe grossier ; et ce n’est qu’ainsi que ce signe est pourvu de puissance.
Il n’avait pas une idée allemande, il est vrai, et sur laquelle les Schlegel pussent faire un livre ou un système ; mais c’était un esprit droit, positif, sagace, tout-puissant d’habileté, de ce grand sens qui, s’élevant d’un degré de plus, serait le génie, et qui, comme la dit Bonald, doit en remplir les interrègnes… Eh bien, la Critique littéraire a toujours un peu traité les capacités militaires comme madame de Staël traitait Wellington ! […] Quand le régime parlementaire, avec une stupidité qui ne sentait pas même la honte, mettait en question l’abandon de nos établissements d’Algérie, l’Armée était l’antagonisme le plus glorieux et la meilleure critique du gouvernement qui osait ainsi disposer des acquêts de son épée ; car ses conseils d’état-major sont secrets et dans ses rangs l’incompétence se tait et obéit, contrairement au système de discussion et de publicité qui n’a jamais su que semer le bruit pour recueillir la tempête.
Il y a même de très grands écrivains, de très grands artistes, qui emploient leur talent et leur art à fausser l’histoire et à faire d’elle la servante ou d’un système ou d’un parti ; par cela seul se déshonorant de ce qu’ils l’ont déshonorée… Michelet est de ceux-là, par exemple, et la critique peut pleurer sur lui, parce qu’elle sait tout ce qu’en le perdant la vérité y a perdu. […] Il a toute sa vie trop touché à l’homme ; il l’a trop manié, trop commandé, surtout dans ces terribles moments où, sous la foudre du danger, il se déchire, s’entrouvre et se montre jusqu’aux racines de son être, pour ne pas le connaître à fond et pour ne pas appuyer sur cette connaissance impitoyable de la nature humaine un système de discipline qui doive la rendre héroïque, de lâche qu’elle est ordinairement devant la mort.
C’était un livre sans parti pris, sans théorie à priori, sans système ; un livre sain, vigoureux, d’un grand sens pratique, allant droit à la difficulté et à la réalité avec une netteté de ton qui devenait fort piquante au milieu des solennités de la rhétorique ordinaire, une petite brusquerie à la Napoléon, rangeant, en maître, les choses de l’Histoire, et marchant lestement sur le gâchis qu’on en avait fait jusque-là. […] Lorsque Champagny jauge si avant la société romaine et ses causes de décadence, quand il ne se contente pas de nous montrer les institutions anciennes craquant de toutes parts, mais encore le système économique de cette société, qui mourait autant de son budget que de ses mœurs, il lui était aisé, à lui qui a si bien compris les guerres civiles, à lui qui nous décompose d’une main si ferme le mécanisme de l’élection, cette corruption nécessaire de la république, de prendre juste et de nous donner la valeur et la signification de l’Empire.
Si, d’un côté, les opinions connues de Macaulay, devenu, grâce à sa plume, un homme politique important et un ministre d’État, disaient assez nettement d’après quelles tendances et dans quel système cette histoire d’Angleterre serait conçue et réalisée, d’un autre, les articles de la Revue d’Édimbourg, qui avaient commencé et fixé la réputation de l’auteur, et dont quelques-uns sont des chefs-d’œuvre, ne disaient pas avec moins d’autorité qu’à part ces opinions premières qui pèsent sur tout ce qu’on écrit et y impriment la marque de leur vérité ou de leur erreur relatives, qu’à part enfin le joug des partis si dur à secouer dans les pays fortement classés, il y aurait, du moins, dans l’histoire écrite par une telle main, le talent, mûri par les années et par l’étude, de l’homme qui avait tracé des pages si animées et si réfléchies en même temps sur Warren Hastings, lord Burghley et le comte de Chatham ! […] C’était tout, car c’était la ruine d’un système qui avait pendant un temps quelconque gouverné l’Angleterre ; c’était la ruine d’un droit que plusieurs générations de souverains avaient exercé.
À propos de femmes, il y joue pesamment aux axiomes sociaux, cette fossette des petits garçons philosophiques, et il nous déballe tout un système de morale, monstrueux et bouffon à la fois ; car, dans ce système de comédie, les usuriers à soixante pour cent seraient des saints Vincent de Paul.
Dans le travail de Pénélope que font toutes les Sciences, à cette heure, en attendant un Ulysse qui ne viendra pas, la Science historique, comme les autres, entasse systèmes sur systèmes.
Le système de l’ordre mince et de l’ordre profond du grand Frédéric fut emporté par le système de masses écrasantes et concentrées sur un point donné de Napoléon, et l’ordre mince du roman, par Balzac.
Brucker alluma dans sa tête ce système, asphyxiant pour les imaginations vives, le Fouriérisme, et c’est ainsi que le suicide de sa vie, il ne l’accomplit que sur sa raison… C’est dans cette orageuse période de sa jeunesse qu’il écrivit avec un talent haletant et convulsé le livre intitulé Mensonge, où la Critique put remarquer un effrayant chapitre intitulé Le Fond des âmes, enlevé dans l’amère et ironique manière d’Henri Heine, un des plus grands poètes qui aient paru depuis Byron, mais une fleur de poésie mortelle aux âmes qu’elle touche, comme le laurier-rose, dont elle a les suavités de teinte et les poisons. […] Brucker, dans la fournaise de ce cerveau qui avait brûlé comme une paille sèche tant de philosophies et de systèmes !
Mérimée, qui n’avait pourtant pas à craindre l’embonpoint intellectuel, semblait appliquer à son esprit et à son style les expériences et le système de lord Byron… Si les sociétés de tempérance étaient possibles en littérature, M. […] Mérimée, qui n’est pas seulement sec de nature, mais qui l’est encore de système, et il faut d’autant plus insister sur ce reproche qu’il existe à cette heure beaucoup d’esprits assez intéressés à proclamer que le sans ornement et la brièveté sont la force.
En cela justement réside toute la nouveauté du système. […] Il estime qu’un système est de deux choses l’une. […] Du moins pouvait-on acclimater le système. […] Cela seul suffirait à prouver l’utilité, à établir la légitimité du système nouveau. […] Ce système a été très vivement critiqué.
On sent, à le lire dans ces moments-là, que le système n’est chez lui qu’un procédé surajouté et que les matériaux ainsi mis en œuvre ont été pris à même l’observation la plus exacte. […] Ne l’est-elle pas dans tous les écrits du philosophe monarchiste et catholique qui terminait la première partie de son premier ouvrage par cette déclaration dont chaque mot pourrait être contresigné par un positiviste sincère : « Je ne dis pas : voilà mon système, car je ne fais pas de système, mais j’ose dire : voilà le système de la nature dans l’organisation des sociétés politiques, tel qu’il résulte de l’histoire des sociétés. […] Il est scientifique et, j’oserai dire naturaliste, comme le reste du système. […] Il arriverait furieux au pouvoir et avide, mais sans une idée, ou partagé entre trois ou quatre systèmes absurdes et discrédités. […] Je me permets de ne pas partager son opinion sur le système d’enseignement à suivre.
La société est un système plus ou moins compliqué de relations sociales au sein desquelles un individu humain est appelé à vivre.
Cependant il regrette que quelques censeurs, de bonne foi d’ailleurs, se soient formé de lui une fausse idée, et se soient mis à le traiter sans plus de façon qu’une hypothèse, le construisant a priori comme une abstraction, le refaisant de toutes pièces, de manière que lui, poète, homme de fantaisie et de caprice, mais aussi de conviction et de probité, est devenu sous leur plume un être de raison, d’étrange sorte, qui a dans une main un système pour faire ses livres, et dans l’autre une tactique pour les défendre.
Système de Logique, l.
Mais c’est peut-être par un autre système qu’on ferait des hommes libres et des citoyens. […] C’est sur le système, et non sur les personnes qui en sont les premières victimes, que tombe sa réprobation. […] Car c’est bien d’un système complet qu’il s’agit. […] Que devient, appliqué à la sociologie, ce système que l’on peut nommer le solidarisme universel ? […] Il aimerait assez le suffrage restreint ; mais, au fond, sa tendresse pourrait bien aller à un système qui dispenserait les gens de discuter et de voter.