Énumérant toutes les jeunes personnes qu’elle-même avait à sa suite : « Nous étions toutes vêtues de couleur, dit-elle, sur de belles haquenées richement caparaçonnées ; et, pour se garantir du soleil, chacune avait un chapeau garni de quantité de plumes. » Cela nous la peint déjà, fière et de haute mine, grande pour son âge, ayant gardé du panache de son aïeul Henri IV toutes les plumes. […] Mademoiselle imagine donc, en une prairie, près d’une forêt, en vue de la mer, une société des deux sexes, toute composée de gens aimables et parfaits, délicats et simples, qui gardent les moutons les jours de soleil et pour leur plaisir, qui se visitent le reste du temps d’un ermitage à l’autre, en chaise, en calèche, en carrosse ; qui jouent du luth et du clavecin, lisent les vers et les ouvrages nouveaux ; qui unissent les avantages de la vie civilisée et les facilités de la vie champêtre, sans oublier les vertus de la vie chrétienne ; qui, tous célibataires ou veufs, polis sans galanterie ou du moins sans amour, vivent honnêtement entre eux, et n’ont nul besoin de recourir au remède vulgaire du mariage.
On me le peint alors déjà atteint par le souffle d’irritation et d’aigreur qui se fait si vite sentir sous les soleils trompeurs de Paris, méfiant, aisément effarouché, en garde surtout contre ce qui eût semblé une protection, ayant le dédain et la peur de la protection ; ne se laissant plus apprivoiser comme il s’était laissé faire à Provins quelques années plus tôt ; enfin ayant contracté déjà cette maladie d’amour-propre et de sensibilité qui est celle du siècle, celle de l’aristocratique René aussi bien que du plébéien Oberman ou du mondain Adolphe, celle de Jean-Jacques avant eux tous, comme depuis eux elle l’a été de tant d’autres qui ont eu la même maladie sous des formes et des variétés différentes. […] Elle avait adopté cette allure, de peur, disait-elle à ceux qui s’en étonnaient, de mouiller ses brodequins dans la rosée, mais, en effet, parce qu’elle craignait d’écraser ou de blesser par mégarde la cigale qui chante dans le sillon, et le lézard qui frétille au soleil ; car elle était si prodigue de soins et d’amour, la bonne fée !
Quand il nous définit la qualité du sol de l’Égypte et en quoi ce sol se distingue du désert d’Afrique, ce « terreau noir, gras et léger », qu’entraîne et que dépose le Nil ; quand il nous retrace aussi la nature des vents chauds du désert, leur chaleur sèche, dont « l’impression peut se comparer à celle qu’on reçoit de la bouche d’un four banal, au moment qu’on en tire le pain » ; l’aspect inquiétant de l’air dès qu’ils se mettent à souffler ; cet air « qui n’est pas nébuleux, mais gris et poudreux, et réellement plein d’une poussière très déliée qui ne se dépose pas et qui pénètre partout » ; le soleil « qui n’offre plus qu’un disque violacé » ; dans toutes ces descriptions, dont il faut voir en place l’ensemble et le détail, Volney atteint à une véritable beauté (si cette expression est permise, appliquée à une telle rigueur de lignes), une beauté physique, médicale en quelque sorte, et qui rappelle la touche d’Hippocrate dans son Traité de l’air, des lieux et des eaux. […] Combien ces neiges et ces glaces, dont l’aspect est insoutenable à la lumière du soleil, formaient un étonnant et délicieux spectacle à la douce clarté du flambeau de la nuit !
Hugo, et le mot a toujours servi ; de là l’impossibilité d’exprimer l’émotion. » — « Eh bien non, répond Guyau, et c’est là ce qu’il y a de désolant pour le poète, l’émotion la plus personnelle n’est pas si neuve ; au moins a-t-elle un fond éternel ; notre cœur même a déjà servi à la nature, comme son soleil, ses arbres ses eaux et ses parfums ; les amours de nos vierges ont trois cent mille ans, et la plus grande jeunesse que nous puissions espérer pour nous ou pour nos fils est semblable à celle du matin, à celle de la joyeuse aurore, dont le sourire est encadré dans le cercle sombre de la nuit : nuit et mort, ce sont les deux ressources de la nature pour se rajeunir à jamais. » La masse des sensations humaines et des sentiments simples est sensiblement la même à travers la durée et l’espace, mais ce qui s’accroît constamment et se modifie pour la société humaine, c’est la masse des idées et des connaissances, qui elles-mêmes réagissent sur les sentiments. « L’intelligence peut seule exprimer dans une œuvre extérieure le suc de la vie, faire servir notre passage ici-bas à quelque chose, nous assigner une fonction, un rôle, une œuvre très minime dont le résultat a pourtant chance de survivre à l’instant qui passe. […] Il s’est peint lui-même et il a peint le véritable artiste, en disant : « Pour comprendre un rayon de soleil, il faut vibrer avec lui ; il faut aussi, avec le rayon de lune, trembler dans l’ombre du soir ; il faut scintiller avec les étoiles bleues ou dorées ; il faut, pour comprendre la nuit, sentir passer sur nous le frisson des espaces obscurs, de l’immensité vague et inconnue.
Le soleil est simple. […] « Et comme le soleil n’arrive pas aux aveugles, ainsi les ombres dont je parlais tout à l’heure n’ont pas le don de la lumière du ciel.
puissent de doux ombrages. la défendre des rayons brûlants du soleil ! […] « Toi sur qui mon tyran prodigue ses bienfaits, Soleil !
Un poète médiocre, un grand poète même qui aurait eu moins de goût, aurait décrit dans une phrase poétique le lever et le coucher du soleil ; Ovide n’y eût pas manqué ; mais écoutons Virgile. […] Peut-on rien lire de plus ridicule que le commentaire de Despréaux sur la première ode de cet auteur, et ses efforts pour travestir en sublime le mélange bizarre que le poète grec fait dans la même strophe, de l’eau, de l’or, et du soleil avec les jeux olympiques ?
Le printemps est en jeu et le soleil ; le créateur se manifeste dans ces admirables et toutes petites créations dont il anime son œuvre sublime. […] Il y a, voyez-vous, du printemps, du soleil et des fleurs pour tous les enfants de ce monde ! […] Il a guéri une jeune femme amoureuse du Soleil ! […] La gaîté, dans le poème, c’est l’air, l’espace, le soleil, et la vie ! […] Le jour le plus léger enlève le pastel, l’huile résiste au grand soleil.
Lorsque le soleil parut sur l’horizon et frappa de ses premiers feux les pyramides, tous posèrent leurs armes, et firent une halte spontanée pour contempler le spectacle sublime dont ils étaient témoins.
Les anciens ne demandaient aux autres que de s’abstenir de leur nuire ; ils désiraient uniquement qu’on s’écartât de leur soleil pour les laisser à eux-mêmes et à la nature.
Nous sommes loin, il est vrai, d’apprécier le millième de seconde, mais après tout, disent quelques personnes, la vitesse absolue totale de la Terre est peut-être beaucoup plus grande que sa vitesse relative par rapport au Soleil ; si elle était par exemple de 300 kilomètres par seconde au lieu de 30, cela suffirait pour que le phénomène devînt observable.
C’est l’écho de ces pensées, souvent inexprimables, qu’éveillent confusément dans notre esprit les mille objets de la création qui souffrent ou qui languissent autour de nous, une fleur qui s’en va, une étoile qui tombe, un soleil qui se couche, une église sans toit, une rue pleine d’herbe ; ou l’arrivée imprévue d’un ami de collège presque oublié, quoique toujours aimé dans un repli obscur du cœur ; ou la contemplation de ces hommes à volonté forte qui brisent le destin ou se font briser par lui ; ou le passage d’un de ces êtres faibles qui ignorent l’avenir, tantôt un enfant, tantôt un roi.
Seul le soleil, tentant quelque suprême assaut, Ensanglante à présent la Lice et Saint-Nazaire ; Où les cerviers du Nord tous en vain s’écrasèrent, Des femmes lentement rêvent près des berceaux… Douce monte une nuit orientale et chaude… Montfort, ton œuvre est morte et sa cendre est à l’Aude, Les midis à leur tour ont chassé tes effrois… Et, — la lune courbée en profil de tartane, — Tout le ciel étoilé tend un blason d’orfrois Qui figure l’orgueil de la Terre occitane !
L’air est encore exposé à plusieurs vicissitudes, qui proviennent des causes étrangeres, comme sont l’action du soleil diversifiée par sa hauteur, par sa proximité et par l’exposition, comme par la nature du terrain sur lequel ses raïons tombent.
Cet homme aimable, que tout le monde appelait Monselet tout court dans une chaleureuse et flatteuse sympathie et parce qu’il plaisait à tout le monde, ce nonchalant de mœurs, fait, à ce qu’il semblait, pour se chauffer, lazzarone d’esprit, au soleil de tous les printemps et au feu de toutes les cuisines, cette gloire de tout festin et que toute la terre qui sait dîner eut voulu avoir à sa table, hospitalité intéressée !
Le soleil, que voilent les brumes de la mer, a souvent l’air trois ou quatre fois plus grand qu’il ne l’est ailleurs. […] De folles et merveilleuses colorations se promènent sur le ciel, la mer et les rochers ; le soleil est plus grand que de raison, trois ou quatre fois. […] La légère fumée se dissipa dans la clarté d’un soleil digne de l’Attique lumineux. […] Quand il a plu, les nuages dégonflés se fondent et, assemblés, se tendent en écran pour amortir les rayons trop durs du soleil. […] Elle s’égaye ou s’attriste ainsi qu’un paysage où se révèle le jeu du soleil et des nuages.
Mais il y a confusion : la lumière diffuse n’est pas la clarté, la clarté ne se laisse pas disperser ; on peut le refléter et le réfracter, on ne donne pas de double au soleil. […] Soit, mais ce sont là des conséquences qui s’enchaînent plus lointainement : le flux et le reflux ont tous deux une cause commune et c’est la force d’expansion des flots immenses, qu’y intervienne ou non l’influence contestée d’un corps céleste, c’est cette loi du mouvement qui régit tout ce qui est, c’est cette résorption de l’Être en soi après qu’il s’est épandu et épanché dans l’Infini : loi universelle à quoi tout se ramène, de même qu’en tout elle a des symboles, comme le soleil des reflets […] Mais ces Mages sont si loin de nous dans l’insondable Autrefois que leur date et leur doctrine se confondent à notre regard avec les brumes où se lèveront les soleils futurs. […] Elle apparaît, de loin, dans ses brumes, tiède et pâle ; mais il ne faut pas s’en approcher beaucoup pour savoir qu’elle est située sous la plus ardente latitude : seulement, son soleil n’éclaire pas. […] Armand Silvestre, du soleil et des hymnes religieuses.
C’est, comme on voit, sous le beau soleil de l’Orient que la pensée du jeune poète s’est placée, pour se féconder de ses rayons, et se dorer de sa splendeur. […] Spectres à chef branlant, Qui, pâles au soleil, cheminez d’un pied lent, C’est vous qu’ici j’invoque et prends en témoignage. […] Il a vu le soleil se lever et se coucher aux horizons les plus divers ; il a pu mesurer la grandeur de Dieu à la grandeur du Monde, et quand il a eu la foi, il s’y est reposé, comme en un port, d’une vie ravagée par les passions. […] Il se promène au même soleil que nous ; mais, pendant que nous remercions cet astre de sa bénigne chaleur, ou que nous nous plaignons d’en être accablés, il y plonge par la pensée, et il y cherche Dieu. […] Nous avons besoin d’aller voir des ruines, d’aller respirer l’air sur les tombeaux des nations ; un instinct nous pousse vers les choses qui ont vécu, aux pays des beaux soleils qui usent plus vite les peuples que les soleils froids et gris de nos contrées ; tout le monde veut aller en Orient, sous les cieux chauds et parfumés ; malades qui veulent y refaire leur poitrine, malades qui veulent y refaire leur esprit.
Quand, par une belle matinée, le soleil donnait sur ce portrait, l’enfant, à genoux sur son lit, s’en approchait avec délices. […] Qu’on grimpât sur les tours de Notre-Dame pour se figurer qu’on contemplait le Paris des truands, ou qu’on allât dans la plaine Montrouge voir coucher le soleil, personne n’oubliait jamais d’être romantique. […] Entre les tourmentes, il y avait de beaux et chauds soleils. […] Ces mondes vivent parce qu’ils se cherchent, et les soleils tomberaient en poussière, si l’un d’eux cessait d’aimer. « Ah ! […] Des arbres de carton et un soleil électrique sont encore beaucoup trop réels pour Fantasio.
Juliette, par sa nature, qui se colore, mais qui ne s’échauffe pas aux rayons de l’amour, ce soleil des femmes, convenait merveilleusement à ce genre de liaison. […] Je ne me souviens pas tant du soleil que j’ai vu briller sur bien des fronts ! […] Le soleil couchant dorait le tableau et entrait par les fenêtres ouvertes.
Niera-t-on aussi la possibilité de prévoir une éclipse de soleil, parce que ce serait se donner d’avance toutes les conditions, y compris l’intercalation de la lune entre le soleil et la terre, qui ne sera donnée qu’au moment même de l’éclipse ? […] Mais la même éclipse ne revient pas plus que la même action ; jamais le soleil, ni la terre, ni la lune ne sont aux mêmes points de l’espace dans des conditions absolument identiques.
Elle est vraiment curieuse, et la voici : Un faible d’esprit, épris de sa sœur, non absolument sensuellement, mais plutôt plastiquement, et un peu à la façon d’un, qui serait amoureux d’un rayon de soleil, était gênant pour l’établissement de la jeune fille. […] En effet, les choses de la nature ne sont-elles pas tout aussi vraies, vues dans le clair de lune, que dans un rayon de soleil de midi ? […] Et je reste des heures en contemplation devant le noir de l’eau-forte de Seymour Haden intitulée : (A sunset in Ireland) Coucher de soleil en Irlande ; — en contemplation devant le noir de ce bois, au bord de l’eau, sous le crépuscule, devant ce noir de Rembrandt que lui seul de tous les aquafortistes modernes a retrouvé, devant ce noir qui a quelque chose de la grasse nuit d’un dessin exécuté au suif.
Or, Dieu ne se tourne que du côté de ceux qui se tournent vers lui : comme un miroir ne réfléchit le visage que de ceux qui se présentent devant la glace… Ne fuyons point le regard de Dieu à cause de quelques imperfections de notre cœur ; le soleil qui entre par une fenêtre, n’en éclaire pas moins une chambre, quoiqu’il trouve des atomes sur le chemin de ses rayons, &c. […] Il m’envoie vous dire, que si vous voulez vous sauver, il faut lui offrir trois choses, une lune nouvelle, un disque de soleil, & la quatriéme partie d’une rose. […] Le disque du soleil est un O.