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1251. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Quelques « billets du matin. » »

Un soir d’été, Barbey d’Aurevilly se promenait avec Bourget aux Champs-Élysées ; ils abordèrent par amusement une jeune personne qui se trouva être une écuyère du cirque, et M. d’Aurevilly lui tint aussitôt des propos éblouissants et bizarres. […] Et, sans doute, la demande que je vous fais serait de la dernière impertinence si elle s’adressait à l’homme privé ; mais il me semble qu’on a le droit de l’adresser à un écrivain qui se trouve être aujourd’hui, par la noblesse de ses préoccupations morales et par l’habitude qu’il a prise de les exprimer publiquement, une façon de conducteur d’âmes…   Paris, 15 juillet. […] Et il se trouve que c’est nous, maintenant, qui subissons l’influence du génie de votre race. […] Mes chances de douleur se trouvent ici réduites de plus de moitié. […] Il y a quelque trente ans, Nadaud se trouva invité à dîner le même jour chez Lamartine et chez la princesse Mathilde.

1252. (1929) Critique et conférences (Œuvres posthumes III)

L’endroit se trouve carrefour de l’Ode et abrite, outre des politiciens trop âgés : « Des porrichinels cocasses », comme chante la chanson picarde, un groupe, trié sur le volet, de poètes d’élite et de prosateurs vrais. […] Il se trouvait même dans le policier cortège un… pompier ce qui fit dire au prisonnier : — Vous voulez donc m’éteindre ? […] Il ne quêta jamais les honneurs, mais voici qu’à la nouvelle qu’il se trouvait en danger de mort, un ministre, un poète, soucieux du bon renom de son gouvernement, envoie, hélas ! […] Là, nous trouvâmes sa femme tout en pleurs, penchée sur un berceau dans lequel se trouvait une fillette quasi agonisante. […] Si un objet se trouve placé sur la gauche, ils le transportent à droite, et vice versa.

1253. (1893) Impressions de théâtre. Septième série

Le délicieux beau-père se trouve être, à l’épreuve, un beau-père bizarre et inquiétant. […] Un crapaud se trouve très bien comme il est. […] Comme tout à l’heure de La Rochebardière, Cécile se trouve exprimer ici la pensée même de M.  […] Or, il se trouve que Ninette, aux répétitions, joue comme un ange, et tout présage que Ninette et la pièce auront un grand succès. […] Il va mieux, beaucoup mieux… La hautaine Claire trouve même qu’il va trop bien ; elle craint, dans le secret de son cœur, qu’il ne guérisse ; car, s’il guérissait, les atroces immolations qu’a coûtées son mariage ne se trouveraient donc plus justifiées.

1254. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

Par-là, La Chaussée se trouve peut-être plus éloigné de nous que Destouches lui-même. […] Et Lucile a un amoureux, Dorante, qui se trouve être justement l’ami de Damis. […] Mais M. de L’Espinoy sait la vie, et que, au train dont vont aujourd’hui les choses, Mme d’Arnay est plus exposée que Riquette à se trouver quelque jour dans l’embarras. […] Socrate la retient ; elle se trouve mal. […] Seulement, il se trouve que l’expression pudique de certaines réalités est ce qu’il y a de plus propre à mettre en joie un public folâtre.

1255. (1836) Portraits littéraires. Tome I pp. 1-388

Au bout de trois ans, il se trouva sans terres, sans rentes et sans demeure. […] Instruit que l’auteur de Marmion avait parlé avec éloge de Montorio, il partit pour Londres où se trouvait alors l’illustre poète, et lui soumit le manuscrit de sa tragédie. […] Quoiqu’il ne soit guère connu en France que par un travestissement assez médiocre, Paris se trouva cette fois du même avis que Londres. […] Bulwer appartient à l’histoire, et se trouve dans Lloyd et dans Smollett. […] Au milieu de la folie bruyante d’une fête, il la suit et se trouve seul avec elle.

1256. (1856) Le réalisme : discussions esthétiques pp. 3-105

La solidarité familiale s’affaiblit elle-même de plus en plus, bien qu’il en semble, en sorte qu’au milieu de toutes ces compétitions individuelles aux prises les unes avec les autres, l’homme va se trouver revenu à une sorte de sauvagisme, mais de sauvagisme enrichi de toutes les conquêtes du progrès. […] Nul sans doute ne peut dire ce qui sera, mais tout homme sensé peut être sûr au moins que ce qui est encore inconnu finira par se trouver acceptable. […] Courbet se trouve assez artiste tel qu’il est, et, loin de revenir sur ses pas, il va tous les jours de plus fort en plus fort, comme chez Nicolet. […] Le je ne sais quoi que vous voulez sur le livre ou sur le tableau, où il est aussi impossible qu’il se trouve, qu’il est impossible à un musicien de mettre son âme en petit paquet dans son violon, nous nous contentons de chercher à le mettre en éveil à sa place naturelle, c’est-à-dire au fond de la conscience humaine. […] Ces démonstrations m’étant personnelles, peuvent se trouver fautives ou incomplètes, sans que cela préjudicie en rien à la vérité à laquelle elles se rapportent, par la raison toute simple que celle-ci est la propriété de tout le monde.

1257. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Werther. Correspondance de Goethe et de Kestner, traduite par M. L. Poley » pp. 289-315

Et en effet, dans cette période d’entreprise encore confuse et de méditation ardente où il se trouvait, il s’était dit, pour un temps, de s’affranchir par l’esprit de tout élément et ascendant étranger, de donner un libre cours à sa faculté intérieure, à ses impulsions et à ses impressions, de se laisser faire naïvement à tous les êtres de la nature, à commencer par l’homme, et d’entrer par là dans une sorte d’harmonie et d’intimité avec tout ce qui vit. […] Le jeune Jérusalem, fils d’un théologien connu, et secrétaire de légation, qui se trouvait à Wetzlar en même temps que Goethe, jeune homme romanesque et lettré, épris d’une passion malheureuse pour la femme d’un de ses collègues, se tua d’un coup de pistolet à la fin d’octobre 1772.

1258. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite et fin). »

Crois-moi, Vallier, je donnerais la moitié de ce qui me reste à vivre pour passer l’autre dans quelque coin du monde où la liberté ne fût point une furie sanglante. » La vérité sur le républicanisme de Ducis doit se trouver entre son cri d’enthousiasme à Hérault de Séchelles et ce cri d’indignation à Vallier. […] Les uns le blâmaient, les autres l’exaltaient, et il se trouva insensiblement porté par certains entours, et par la pente même de ses sentiments une fois émus, à une irritation croissante, à une aversion même qui allait grossissant et qu’il ne dissimulait pas dans l’intimité, envers l’homme éclatant qui ne lui avait témoigné qu’affection et estime.

1259. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Appendice. »

« Dans l’article publié par vous, monsieur, dans le tome I des Causeries du Lundi sur le Père Lacordaire orateur, je lis ce qui suit à propos de la paix dont il jouit à Saint-Sulpice : — « Je pourrais citer de lui là-dessus des pages char-« mantes, poétiques, écrites pour un ami et placées dans un « livre où l’on ne s’aviserait guère de les démêler. » « Ce sont ces pages, monsieur, que j’aimerais à connaître et vous m’obligeriez beaucoup de m’indiquer le livre où elles se trouvent. […] Quand il se trouva avoir pour ministres d’anciens barbistes comme lui, d’anciens camarades qui le tutoyaient ou qui du moins le traitaient familièrement, M. 

1260. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance. »

J’ai laissé passer cela sans rien dire, mais je l’en ai mieux aimé. » Il était donc bonhomme, et pris un peu sur ce pied-là ; il ne l’était pourtant pas au point de ne passe servir quelquefois de son air de bonhomie pour se faire plus agréable, plus coulant, et pour mieux s’accommoder au monde où il se trouvait lancé. […] Quant à la nation, de même et par un mouvement de sympathie généreuse, il se sentait redevenir Français à mesure que la France était plus malheureuse et plus écrasée ; il aimait à se confondre avec nous dans une même douleur unanime : « J’ai toujours la même aversion, disait-il (mai 1814), pour la toute-puissance partout où elle se trouve, parce qu’en effet je la vois partout également immodérée dans son ambition et son orgueil… Je crains pour les plus forts l’ivresse du pouvoir à laquelle si peu de têtes résistent ; je la crains encore après la modération, vraiment digne des plus grands éloges, du premier moment.

1261. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « L’Académie française »

Le testament philosophique des Encyclopédistes, et notamment de Condorcet, se trouvait de fait réalisé. […] Ce n’est pas faire le prophète que d’avancer que l’Académie française est à la veille d’un renouvellement décisif et qu’elle va se trouver en présence d’un état intellectuel et littéraire de la société qui ne s’était pas vu encore.

1262. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Mémoires »

Noble vie, magnanime destinée, à coup sûr, que celle qui se trouve tout naturellement et comme forcément amenée à produire l’épopée de son siècle en se racontant elle-même, tant elle a été mêlée à tout, à la nature, aux catastrophes, aux hommes, tant son rôle extérieur a été grand, bien qu’elle ait gardé plus d’un mystère ! […] Cette langue du moyen âge, qui se trouve condensée, refrappée en cet endroit avec un art et une autorité dont on ne peut se faire idée, laisse çà et là des traces énergiques dans tout le courant du récit de M. de Chateaubriand.

1263. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DES MÉMOIRES DE MIRABEAU ET DE L’ÉTUDE DE M. VICTOR HUGO a ce sujet. » pp. 273-306

 » Nous lui concéderons son éloquent enthousiasme pour Frédéric, bien que nous doutions un peu qu’à la fin des âges ce nom doive se trouver dans le plus pur froment des mérites de l’humanité. […] Mably a été immolé sans pitié aux pieds de Rousseau ; l’auteur l’a chargé, comme un bouc émissaire, de tout ce qu’il y avait eu de mauvaises idées spartiates et crétoises à la Convention, en réservant à Jean-Jacques toute l’influence salutaire et rien que la salutaire : « Mably a été plus qu’inutile ; il a été dangereux. » D’Holbach surtout se trouve outrageusement anéanti, pour que Diderot apparaisse plus pur, plus serein et plus dominant.

1264. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — I. » pp. 166-193

Elle se traduisait trop littéralement les luttes générales de Paris par celles de Lyon, dans lesquelles les intérêts de l’ancien régime et du nouveau se trouvaient plus directement aux prises sans modérateur intermédiaire. […] A en juger par les survivants, par Louvet, Lanjuinais et ceux des 71 qui se rattachèrent à leur mémoire, ils seraient restés dans la ligne d’une liberté franche, entière, républicaine, dans la liberté de l’an III, dût-elle se trouver insuffisante encore contre les passions et les intrigues.

1265. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Diderot »

Juin 1831 J’ai refait plus tard une esquisse de Diderot qui se trouve au tome VII des Causeries du Lundi. […] C’est une rétractation partielle, une rectification de ce que j’avais écrit précédemment dans un article du Globe, dont je reproduis ici le début : « Il y a dans Werther un passage qui m’a toujours frappé par son admirable justesse : Werther compare l’homme de génie qui passe au milieu de son siècle, à un fleuve abondant, rapide, aux crues inégales, aux ondes parfois débordées ; sur chaque rive se trouvent d’honnêtes propriétaires, gens de prudence et de bon sens, qui, soigneux de leurs jardins potagers ou de leurs plates-bandes de tulipes, craignent toujours que le fleuve ne déborde au temps des grandes eaux et ne détruise leur petit bien-être ; ils s’entendent donc pour lui pratiquer des saignées à droite et à gauche, pour lui creuser des fossés, des rigoles ; et les plus habiles profitent même de ces eaux détournées pour arroser leur héritage, et s’en font des viviers et des étangs à leur fantaisie.

1266. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre III »

Avocat, médecin, littérateur, l’homme du Tiers, avec lequel un duc s’entretient familièrement, qui voyage en diligence côte à côte avec un comte colonel de hussards577, peut apprécier son interlocuteur ou son voisin, compter ses idées, vérifier son mérite, l’estimer à sa valeur ; et je suis sûr qu’il ne le surfera pas  Depuis que la noblesse, ayant perdu la capacité spéciale, et que le Tiers, ayant acquis la capacité générale, se trouvent de niveau par l’éducation et par les aptitudes, l’inégalité qui les sépare est devenue blessante en devenant inutile. […] À présent que le Tiers se juge privé de la place qui lui appartient, il se trouve mal à la place qu’il occupe, et il souffre de mille petits chocs que jadis il n’aurait pas sentis.

1267. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre II. Lois de la renaissance et de l’effacement des images » pp. 129-161

Si nous voyons une personne huit ou dix fois, le contour de sa forme et l’expression de son visage se trouvent à la fin bien moins nets dans notre esprit que le lendemain du premier jour. […] La plupart d’entre eux oublient, une fois réveillés, ce qu’ils ont fait étant endormis, et sont tout surpris de se trouver hors de leur lit ou dans la rue.

1268. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

La voici : « Si je ne vous ai pas confié la cause de mon départ avant de quitter la ville, ce n’est pas sans doute par oubli du respect qui vous est dû, mais parce que j’ai pensé que, dans les circonstances critiques où se trouve notre patrie, il était plus nécessaire d’agir que de délibérer. Il me semble que la paix est devenue d’une nécessité indispensable pour nous ; et comme tous les autres moyens de l’obtenir ont été jusqu’ici sans succès, j’ai mieux aimé m’exposer moi-même à quelque danger, que de laisser la ville dans la détresse où elle se trouve : je prétends donc, si vous le permettez, me rendre directement à Naples ; espérant que, puisque c’est contre moi personnellement que sont dirigés les coups de nos ennemis, je pourrai, en me livrant entre leurs mains, rendre la paix à mes concitoyens.

1269. (1892) Boileau « Chapitre V. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » (Fin) » pp. 121-155

Mais à lire Pindare, et même Horace, Boileau sent bien qu’il y a là quelque chose de particulier, qui ne se trouve point ailleurs. Il se trouve en présence d’une forme que nulle autre poésie ni aucun genre d’éloquence ne lui présentent.

1270. (1911) Enquête sur la question du latin (Les Marges)

Cette lutte doit suffire à nous faire comprendre en quel extrême péril vont se trouver ceux qui n’ont pas été nourris au sein de la « madre Roma ». […] C’est tout l’esprit de l’éducation qui se trouve en jeu.

1271. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre cinquième »

Il est jaloux de Veau, qui lui lave les mains ; du sommeil, qui lui clôt la paupière ; du vent, qui se joue dans ses beaux cheveux ; et prend des privautés dont il ne peut se trouver content. […] Le témoignage que se rend Malherbe, devançant le jugement que Boileau devait porter de lui, et donnant de son vivant la mesure de sa renommée, est de ceux dont Montaigne a dit126 : « je ne veulxpas que, de peur de faillir du costé de la presomption, un homme se mescognoisse pourtant, ny qu’il pense estre moins que ce qu’il est… C’est raison qu’il veoy en ce subject, comme ailleurs, ce que la vérité luy présente ; si c’est César, qu’il se trouve hardiement le plus grand capitaine du monde. » L’histoire doit recueillir ces éloges que les poëtes font d’eux-mêmes car, selon que la postérité les a confirmés ou démentis, c’est la punition de l’erreur qui a égaré les uns, ou la consécration de la vérité qui a inspiré les autres.

1272. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre dixième. »

Quelquefois elle se cherche elle-même, mais sans subtiliser, sans faire d’effort pour se trouver : Quelle morale puis-je inférer de ce fait   ? […] Pour arriver à sa vraie pensée, pour se trouver lui-même, il fallait que le goût vînt lui donner du doute sur ce qu’il avait écrit dans cette première faveur de l’esprit pour ce qu’il vient de produire.

1273. (1890) L’avenir de la science « VIII » p. 200

Comte est plus influencé qu’il ne pense par la vieille théorie historique des Quatre empires, qui se trouve en germe dans le livre apocryphe de Daniel 85 et qui, depuis Bossuet, a eu le privilège de former la base de l’enseignement catholique. […] Le tableau le plus complet de tout ce que devait savoir le grammairien ancien se trouve dans l’éloge que Stace fait de son père (Sylvae).

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