/ 1743
1102. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — I. La métaphysique spiritualiste au xixe  siècle — Chapitre II : Partie critique du spiritualisme »

Le christianisme ne doit pas être suspect d’amoindrir la personne humaine, puisqu’il l’a jugée digne d’être rachetée par le sang d’un Dieu.

1103. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Ce que tout le monde sait sur l’expression, et quelque chose que tout le monde ne sait pas » pp. 39-53

Si notre religion n’était pas une triste et plate métaphysique ; si nos peintres et nos statuaires étaient des hommes à comparer aux peintres et aux statuaires anciens : j’entends les bons, car vraisemblablement ils en ont eu de mauvais et plus que nous, comme l’Italie est le lieu où l’on fait le plus de bonne et de mauvaise musique ; si nos prêtres n’étaient pas de stupides bigots ; si cet abominable christianisme ne s’était pas établi par le meurtre et par le sang ; si les joies de notre paradis ne se réduisaient pas à une impertinente vision béatifique de je ne sais quoi qu’on ne comprend ni n’entend ; si notre enfer offrait autre chose que des gouffres de feux, des démons hideux et gothiques, des hurlements et des grincements de dents ; si nos tableaux pouvaient être autre chose que des scènes d’atrocités, un écorché, un pendu, un rôti, un grillé, une dégoûtante boucherie ; si tous nos saints et nos saintes n’étaient pas voilés jusqu’au bout du nez ; si nos idées de pudeur et de modestie n’avaient proscrit la vue des bras, des cuisses, des tétons, des épaules, toute nudité ; si l’esprit de mortification n’avait flétri ces tétons, amolli ces cuisses, décharné ces bras, déchiré ces épaules ; si nos artistes n’étaient pas enchaînés et nos poètes contenus par les mots effrayants de sacrilège et de profanation ; si la Vierge Marie avait été la mère du plaisir ; ou bien, mère de Dieu, si c’eût été ses beaux yeux, ses beaux tétons, ses belles fesses qui eussent attiré l’Esprit Saint sur elle, et que cela fût écrit dans le livre de son histoire ; si l’ange Gabriel y était vanté par ses belles épaules ; si la Magdelaine avait eu quelque aventure galante avec le Christ ; si aux noces de Cana le Christ entre deux vins, un peu non-conformiste, eût parcouru la gorge d’une des filles de noces et les fesses de saint Jean, incertain s’il resterait fidèle ou non à l’apôtre au menton ombragé d’un duvet léger : vous verriez ce qu’il en serait de nos peintres, de nos poètes et de nos statuaires ; de quel ton nous parlerions de ces charmes qui joueraient un si grand et si merveilleux rôle dans l’histoire de notre religion et de notre Dieu, et de quel œil nous regarderions la beauté à laquelle nous devrions la naissance, l’incarnation du Sauveur, et la grâce de notre rédemption.

1104. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Jules Janin » pp. 137-154

… Il y a des styles qui sortent de la pensée comme l’enfant du ventre de lu mère, avec des douleurs et du sang.

1105. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Nièces de Mazarin » pp. 137-156

Quand un grand homme a cessé de vivre, quand il est sorti de la phase historique qu’il a marquée de la double empreinte de son esprit et de son caractère, il laisse souvent après lui, et dans l’histoire même, quelques gouttes de son sang : — une famille, que la curiosité aime à étudier pour y retrouver les influences de sa gloire et de son génie ; car ceux qui croient le plus à la personnalité du mérite posent, malgré eux, la question de race à propos de tout, comme si c’était une fatalité !

1106. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XV. M. Dargaud » pp. 323-339

Pour l’avoir tirée mieux que de la mort, mais de l’incertitude de l’Histoire : pour avoir débrouillé cette mystérieuse quenouille de fée, à laquelle il y a du sang, et que cette reine d’Écosse semble porter à sa ceinture, ce qu’il a fallu de soins, d’études, de recherches, de voyages, d’efforts et de fatigues à M. 

1107. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — Se connaître »

Quelle idée a-t-on de venir lui mêler dans le sang cette substance des autres peuples ?

1108. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVII. Des éloges en Italie, en Espagne, en Angleterre, en Allemagne, en Russie. »

Voici les ports que sa main a creusés ; voilà les forteresses qu’il a bâties ; c’est ici qu’il arrêta le sang qui coulait de la blessure d’un de ses sujets.

1109. (1888) Poètes et romanciers

Il aime assez l’Humanité pour la racheter du sang de son Fils. […] Verse en moi ton haleine, ou mon sang va tarir ; Viens arracher mon âme à sa prison brûlante. […] Il descend sur la terre et le sanctifie de son exemple, de ses paroles, de son sang, de sa Croix. […] La sève qui s’échappe à flots des plaies profondes, c’est le sang des divins blessés. […] Quelques gouttes de sang tombent d’une élégante et coquette blessure.

1110. (1890) La vie littéraire. Deuxième série pp. -366

Il aurait pardonné à cette âme obscure le crime de ses nerfs et de son sang. […] À peine étais-je depuis cinq minutes chez Flaubert que le petit salon, tendu de tapis d’Orient, ruisselait du sang de vingt mille bourgeois égorgés. […] Elle a raconté depuis qu’elle se mordait la langue jusqu’au sang pour ne point pâlir. […] Les gardes nationales ont aussi leurs pages glorieuses dans ce livre de sang. […] Mais ils seront sauvés par la vertu du sang divin qui coula sur la croix.

1111. (1933) De mon temps…

De tout temps le destin l’avait marquée du signe sacré, cette enfant, dans les veines de qui coulait le double sang latin et grec. […] De cette époque qu’il avait choisie entre toutes à cause de son mélange de raffinement et de rudesse, de luxe et de grossièreté, de misère et d’élégance, de cette époque à la fois cruelle et fanatique, galante et guerrière, ardente et retorse, de cette époque où coula tant de sang en des luttes féroces et fratricides, de « son seizième siècle », Maurice Maindron savait tout, les âmes comme les corps, les passions comme les goûts, les modes, les parures et le vêtement. […] Il avait des pointes dans l’esprit, mais il en arrêtait les piqûres « au premier sang ». […] Jacquesson de la Chevreuse la lançait par la fenêtre dans la cour où les élèves frileux allaient, chacun à son tour, la chercher et la remontaient, ce qui leur mettait le sang en mouvement et leur dégourdissait les jambes.

1112. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

À M. le duc d’Orléans, premier prince du sang, il faut compter la protection qu’il accorda au poète des Messéniennes et des Vêpres siciliennes. […] J’aurais voulu voir Baptiste aîné aux prises avec les haillons, avec la graisse et le sang de Robert Macaire. […] Cette femme avait du feu dans les yeux, et pas de sang dans les veines ; on eût dit un fantôme évoqué par les passions de la terre […] — Gillette répond au roi qu’elle y a déjà songé, que son choix est fait, et qu’après le sang royal auquel elle n’a garde d’aspirer, on ne saurait trouver rien de mieux. […] Le rire circule dans l’esprit comme le sang circule dans les veines, comme l’eau coule dans la prairie ; ainsi la clarté pénètre dans l’étoile !

1113. (1884) Les problèmes de l’esthétique contemporaine pp. -257

Respirer largement, sentir le sang se purifier au contact de l’air et tout le système distributeur reprendre activité et force, c’est là une jouissance presque enivrante à laquelle il est difficile de refuser une valeur esthétique. La ballade écossaise n’a-t-elle pas chanté avec raison « l’air, l’air libre, qui fouette le visage et fait courir le sang » ? […] Les femmes, qui devraient plus que d’autres tenir à conserver des formes pures et correctes, entravent de mille manières le développement de leur corps et la circulation de leur sang. […] De là à bannir du vers ces locutions adverbiales, ces dissonances consacrées par l’usage : sang et eau (Racine), folle que tu es (Musset), vingt et un (V.  […] La mort plane, le sang ruisselle.

1114. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxvie entretien. L’ami Fritz »

Tout changeait autour de lui, Fritz Kobus seul ne changeait pas ; tous ses anciens camarades montaient en grade, et Kobus ne leur portait pas envie ; au contraire, lisait-il dans son journal que Yéri Hans venait d’être nommé capitaine de hussards, à cause de son courage ; que Frantz Sépel venait d’inventer une machine pour filer le chanvre à moitié prix ; que Pétrus venait d’obtenir une chaire de métaphysique à Munich ; que Nickel Bischof venait d’être décoré de l’ordre du Mérite pour ses belles poésies, aussitôt il se réjouissait et disait : « Voyez comme ces gaillards-là se donnent de la peine : les uns se font casser bras et jambes pour me garder mon bien ; les autres font des inventions pour m’obtenir les choses à bon marché ; les autres suent sang et eau pour écrire des poésies et me faire passer un bon quart d’heure quand je m’ennuie… Ah ! […] Kobus, deux ou trois mois auparavant, n’aurait pas manqué de se faire du bon sang avec tous ces Lucas aux jarretières roses, et ces Arthurs au plumet noir ; il avait lu jadis Werther, et s’était tenu les côtes tout le long de l’histoire ; mais maintenant, il trouvera cela fort beau. […] Mais, un instant après, la confiance lui revenait, un flot de sang lui colorait les joues.

1115. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

C’est par une ancienne constitution que les sofis sont les gardes de la personne du roi et du dehors de son palais, sans qu’il puisse entrer aucun dans leur corps, que de leur sang ou de leur race. […] L’un s’appelle Méheemancané (Méhmân-khâunéh), c’est-à-dire le palais des hôtes, parce que c’est où on reçoit et où on loge les hôtesses, comme les femmes de qualité qui rendent visite, les princesses du sang royal qui sont mariées, et les femmes et les filles qu’on fait voir au roi pour leur beauté. […] On les surprenait avec des mahométanes, ce qui attire la mort après soi, ou le changement de religion: les mahométans allaient boire et s’enivrer chez eux, ce qui est encore défendu et faisait répandre du sang.

1116. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1895 » pp. 297-383

Des orchidées, des lilia, je crois, qui ont l’air de fleurs de chair, avec la petite tache de sang d’une fraise : des fleurs étranges qui sont comme un passage de la flore à de l’animalité angélique. […] — Non, Godard a eu un coup de sang, et l’ascension est remise. » Et, au déjeuner, Mme Godard lui annonce, que ce sera seulement un retard de quelques jours… Au bout d’une semaine, le départ est décidé… Je passe chez l’abbé, l’avertir que c’est le lendemain, je ne le trouve pas, on me dit qu’il est à sa campagne de Saint-Maur-la-Varenne. […] À son retour, pris de douleurs cérébrales, il avait la malheureuse idée de s’entourer la tête de linge imbibé d’eau froide, à la suite de quoi il lui venait une névralgie, lui amenant un enflement de la tête, avec des taches de sang à la peau, et des rages de dents et des lancinements des tempes, à se jeter par la fenêtre.

1117. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Cromwell » (1827) »

On les blesse, et leur sang coule ; on les estropie, et les voilà qui boitent éternellement. […] Philoctète tombe dans ses accès de souffrance ; un sang noir coule de sa plaie. Œdipe, couvert du sang qui dégoutte encore du reste de ses yeux qu’il vient d’arracher, se plaint des dieux et des hommes.

1118. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VI : Difficultés de la théorie »

Le sang chargé d’oxygène et la fibre musculaire qui se transforme au contact du liquide composent les éléments d’une pile : le liquide acide est le zinc. Dans l’état normal du muscle, il ne peut y avoir que des courants moléculaires produits par la formation et la destruction d’états électriques contraires dans les mêmes points ; mais si un grand nombre de points de la fibre musculaire, sont mis en communication par un bon conducteur avec d’autres de nature différente, c’est-à-dire qui ne subissent pas la même action chimique de la part du sang, le courant électrique devra alors circuler. » Ces faits établis par l’expérience montrent comment des courants électriques, latents, moléculaires, insensibles dans un muscle ordinaire, peuvent devenir par degrés sensibles et de plus en plus puissants dans un muscle affectant par degrés la disposition myologique des organes électriques. […] Celle-ci a besoin d’être accumulée pour que sa présence soit dévoilée au moyen de nos instruments et c’est ainsi que nous nous sommes rendu compte du manque de chaleur des animaux dits à sang froid… » Quant aux autres cas de phosphorescence animale, il ajoute : « On sait que l’on aperçoit pendant la nuit sur la mer de grandes traînées lumineuses, et que ce fait, attribué autrefois à l’entre-choquement des vagues, à l’électricité, aux gaz phosphorés formés par la putréfaction des mollusques, paraît aujourd’hui dépendre de la présence d’un grand nombre d’animalcules microscopiques phosphorescents.

1119. (1890) Le massacre des amazones pp. 2-265

Mme Carette est trop née pour oublier que Mademoiselle de Montpensier est de sang royal, et elle ne commettrait pas l’incorrection de montrer autant de respect à la Roland, cette plébéienne. […] Figurez-vous que « cette action, en leur faisant un autre sang, a changé leur caractère ». […] Dans le troisième : la Prison pour tous, l’univers est comparé à une cellule, l’auteur découvre le Purgatoire et l’Enfer, et fait voir que le sang ne parle pas, etc. […] Elle donne « aux autres femmes ces morceaux de son cœur, ces gouttes de son sang… Aux autres femmes… à tous, à l’humanité. […] Et j’ai sous la main le Sang, nouveau recueil de phrases de Barbey d’Aurevilly et de Guy de Maupassant, mises en désordre, rendues incorrectes et salies par les soins de Jane de la Vaudère.

1120. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon » pp. 423-461

Quant à la noblesse dont il est, et sur laquelle seule il compte pour la générosité du sang et le dévouement à la patrie, il s’indigne de la trouver abaissée, dénaturée et comme dégradée par la politique des rois, et surtout du dernier : en accusant même presque exclusivement Louis XIV, il ne se dit pas assez que l’œuvre par lui consommée a été la politique constante des rois depuis Philippe-Auguste, en y comprenant Henri IV et ce Louis XIII qu’il admire tant. […] C’est ainsi qu’on lit dans une des lettres de Madame, mère du régent : En France et en Angleterre, les ducs et les lords ont un orgueil tellement excessif qu’ils croient être au-dessus de tout ; si on les laissait faire, ils se regarderaient comme supérieure aux princes du sang, et la plupart d’entre eux ne sont pas même véritablement nobles (Gare !

1121. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (3e partie) » pp. 5-79

Ce n’est pas sur le héros coupable de la seconde invasion qu’il faut appeler l’intérêt au nom de la gloire d’un homme, c’est sur la nation dont il creuse la fosse arrosée de sang innocent dans cette plaine sinistre de Waterloo. […] Il n’y a pas deux mots pour exprimer cela : c’est le mot du capitaine de vaisseau clouant au mât son pavillon qu’il ne veut point amener ; c’est le mot le plus sublime de toute une guerre française, l’héritage que l’armée mourante lègue à l’armée qui renaîtra de son sang.

1122. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (5e partie) » pp. 145-224

Platon, Fénelon, Morus, ont peut-être fait verser autant de sang que Catilina. […] Effacez l’enseigne du sang, et chantez Cosette, cette idylle, la plus accomplie de la langue, qui fait oublier la tragédie !

1123. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIIe Entretien. Montesquieu »

« L’air froid resserre les extrémités des fibres extérieures de notre corps ; cela augmente leur ressort et favorise le retour du sang des extrémités vers le cœur. […] L’action du cœur et la réaction des extrémités des fibres s’y font mieux, les liqueurs sont mieux en équilibre, le sang est plus déterminé vers le cœur, et réciproquement le cœur a plus de puissance.

1124. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre deuxième »

Mais là il fut frappé d’une flèche au gros du bras, sous l’épaule, mortellement, en sorte qu’il commença à jeter beaucoup de sang. […] Ceux qui étaient autour du marquis le soutinrent ; mais il perdit beaucoup de sang, et ne tarda pas à tomber en pâmoison.

/ 1743