Et, penché sur le front de l’enfant fiévreux, qui levait sur lui ses yeux de misère par où la mort semblait regarder il le baisa… » Et la forme ? […] « Toinette et lui se regardèrent et, pour la première fois, peut-être, ils se comprirent… « À cette heure ils ne regrettaient pas de s’être mariés jeunes et pauvres, car toute une vie robuste, par cela même, s’ouvrait encore devant eux.
Il faut regarder en haut pour les voir. […] C’est, à mon sens, le plus personnel, le plus spontané de ses livres, au moins en ce qui regarde la pensée ; car le style de Stello est plus châtié, plus condensé, plus volontaire que celui de Cinq-Mars.
Le 18 juin, madame de Montmorency écrivait au comte de Bussy : « Le roi, allant ou revenant de la messe, regarda madame de Ludres et lui dit quelque chose en passant. […] On dit que la petite reprendra son train ordinaire chez Madame. » Une autre lettre du 15 juin nous apprend que Jo a été à la messe du roi à la suite de Madame : « Le roi l’a regardée sous cape ; mais on (le roi) est insensible à son état et à sa tristesse. » Le lendemain, madame de Sévigné dit que « la dureté ne s’est point démentie ».
Il est bien plus naturel & plus juste de les considérer comme autant de préceptes mis en action, comme autant de préceptes mis en action, comme autant d’Apologues dont il est facile de tirer le sens moral ; & l’Apologue a toujours été regardé comme la tournure la plus propre à inculquer les leçons. […] Qu’est-ce qui forme, dans un Ecrivain, un style qu’on peut regarder comme à lui ?
On persuade à une malade qu’il existe sur une table voisine un oiseau, puis, sans la prévenir, on interpose un prisme devant un de ses yeux : la malade s’étonne alors de voir deux oiseaux ; si on lui donne une lorgnette, l’oiseau imaginaire s’éloigne ou s’approche selon le bout par lequel elle regarde. […] Le révérend Georges Henslaw, doué d’une faculté qu’avait déjà Gœthe, voit, quand il ferme les yeux et qu’il attend un moment, l’image claire de quelque objet : cet objet change de formes pendant aussi longtemps qu’il le regarde avec attention ; mais, en étudiant la série de formes qui se succèdent, on reconnaît que le passage de l’une à l’autre est fourni tantôt par des relations de contiguïté, tantôt par des relations de ressemblance réductibles elles-mêmes à la contiguïté.
Je m’avançai vers ce lieu, avec une pensée timide ; je m’assis sur la rive verdoyante, pour regarder dans le lac transparent, qui semblait un autre ciel. […] « Dans tous les autres poèmes, dit Voltaire, l’amour est regardé comme une faiblesse ; dans Milton seul il est une vertu.
On n’étudie l’écorché, dit-on, que pour apprendre à regarder la nature ; mais il est d’expérience qu’après cette étude on a beaucoup de peine à ne pas la voir autrement qu’elle est. […] Tenez, regardez vos deux camarades qui disputent ; voyez comme c’est la dispute même qui dispose à leur insu de la position de leurs membres.
C’est un très-beau tableau, du moins pour ceux qui savent le regarder. à droite, grande et large masse de rochers, ces rochers sont dans la demi-teinte et couronnés d’herbes, de plantes et d’arbustes sauvages ; ce ne sont pas d’énormes pierres pelées, sèches, raides, hideuses, une mousse tendre, une verdure obscure, jaunâtre et chaude les revêt. […] Je ne saurais le nier, car je ne me rappelle pas d’avoir jamais rien vu de ressemblant à cette magie ; mais elle est si douce, si harmonieuse, si durable, si vigoureuse que je regarde, admire et me tais.
Mais on étoit encore en habitude de son temps de regarder les poesies comme des monumens historiques. […] Le parthe qui s’éloigne à bride abbatue après n’avoir pas réussi dans une premiere charge, et cela pour mieux prendre son temps et pour ne pas s’exposer sans fruit aux traits d’un ennemi qui ne plie point, ne doit pas être regardé comme coupable de lâcheté, parce que cette maniere de combattre étoit autorisée par la discipline militaire des parthes, fondée sur l’idée qu’ils avoient de la fureur et de la valeur véritable.
… Quelle critique se donnera la peine d’éventrer ce livre effrayant, pour lui regarder aux entrailles et finir par montrer qu’elles manquent ? […] … Toute la partie physiologique qui est le tout du livre de Taine, est plus ou moins exacte ; je n’y ai pas regardé.
L’orateur commence par dire que jusqu’alors n’ayant pas manqué une occasion de célébrer tout ce qui avait été fait de grand par la divinité de Constantin, il regarderait comme un sacrilège, de passer sous silence quelque chose de bien plus grand que tout le reste, c’est la victoire sur Maxence. […] On serait tenté de se rappeler ici le mot d’un fameux Anglais52 sur Philippe V et l’archiduc, dont aucun ne se trouva à la bataille d’Almanza ; mais ce qui est plus curieux, sans doute, et qu’on aura de la peine à croire, l’orateur rapporte de très bonne foi et propose à Constantin l’exemple d’un prince qui, du haut d’une double échelle, avait regardé de loin une bataille : « Cet exemple n’est pas noble, dit-il, mais il est sûr.
« C’est Dodoche », nous disait avec fierté, un petit bonhomme qui lui faisait vis-à-vis, et Dodoche flatté d’être regardé par les trois seuls hommes en chapeaux du bal, prenait soudain à bras-le-corps sa danseuse, et la jetait avec une grâce adroite dans l’orchestre. […] À minuit les intimes montent en haut, et l’on regarde faire à Eugène Giraud la charge de Doré, séance tenante, en faisant sécher les touches d’aquarelle au-dessus de la lampe. […] Il regarde ces empâtements comme un malheur, et, un peu poussé par nous, il dit ne comprendre la peinture qu’avec une grisaille, recouverte de matières colorantes, de glacis. […] À deux heures nous avons été avec Hugo, dont j’étais le fidèle Achate, au Théâtre-Français… Nous sommes montés tout en haut, dans une lanterne, et nous avons regardé défiler la queue, toutes les troupes de Hugo… Un moment il a eu peur, en voyant passer Lassailly, auquel il n’avait pas donné de billet. […] « Mon Dieu, dit-il, avec un geste onctueux, on ne sait pas trop s’il était noble, on ne lui a jamais vu de famille… c’était un noble de 1814 ; à cette époque on n’y regardait pas de si près.
Mais il en est peut-être de plus fondamentales qu’on ne peut s’empêcher de regarder d’un œil d’effroi. […] Le parlement fut contraint de ne plus se regarder comme le défenseur des droits de la nation. […] Le meilleur moyen d’aller en avant, c’est de regarder la route qu’on vient de faire. […] Avoir un abîme ouvert devant soi, n’est indifférent qu’à ceux qui ne regardent pas. […] À y bien regarder, ils ont plus de profondeur qu’on ne pense.
Ce ne sera pas la nostalgie de son pays qui l’inspirera, mais la curiosité des horizons nouveaux devinés du seuil de sa de meure qui regarde la mer. […] Je regarde, « avec un œil gros d’infini », dit-elle, Grouiller dans mon giron les graines de la vie Et des chapelets d’œufs ceindre mon flanc béni. […] Et tandis qu’elle regarde les yeux de son enfant encore pleins de son ombre, elle se trouve « petite et l’âme retombée ». […] Il y a, dans cette poésie féminine, une frénésie de vibration, un désir de se jeter dans tous les calices et de se poudrer de pollens, qui est beau à regarder, dans le soleil. […] « Et regardez donc ces hommes : leur œil en témoigne, ils ne connaissent rien de meilleur sur la terre que de coucher avec une femme.
Avec quelle avidité on a regardé le fond de leur âme ! […] L’exotisme est donc une manière de regarder et de rendre tes choses. […] Si ses yeux regardent au ciel, son oreille écoute les cœurs. […] Chateaubriand regarda au fond de ce cœur, comme il avait regardé au fond du cœur de toutes ses victimes. […] Plus on cherchera à interpréter fidèlement le vrai, plus le besoin d’exactitude poussera l’écrivain à bien regarder et à regarder longtemps ce qu’il doit peindre.
Et, en fait, le charme d’une femme n’est pas deux fois le même, et il n’est pas le même pour deux personnes : tout dépend avec quels yeux nous la regardons. […] D’autres, quand ils regardent en eux-mêmes, y trouvent des émotions, des idées, des sentiments, des rêves. Victor Hugo, quand il regarde en lui, y trouve des images matérielles, y trouve des formes, des couleurs, des jeux d’ombre et de lumière. […] Cela dessèche, attriste et trouble de trop regarder en nous. […] Et Caïn dit — Cet œil me regarde toujours !
La conscience, se réglant à son tour sur l’intelligence, regarde de la vie intérieure ce qui est déjà fait, et ne la sent que confusément se faire. […] Mais lorsque, spéculant sur la nature du réel, nous le regardons encore comme notre intérêt pratique nous demandait de le regarder, nous devenons incapables de voir l’évolution vraie, le devenir radical. […] Il faut que nous la regardions bien en face, en elle-même, dans la conception radicalement fausse qu’elle implique de la négation, du vide, et du néant 96. […] Elles dessinent la vision qu’une intelligence systématique se donnera de l’universel devenir quand elle le regardera à travers des vues prises de loin en loin sur son écoulement. […] Donc, selon qu’on regarde dans un sens ou dans l’autre, on aperçoit Dieu comme cause efficiente ou comme cause finale.
Ces maîtres du monde, qui sont comme au-dessus de la fortune, ne regardent qu’indifféremment la plupart des choses que nous admirons, et, parce qu’ils en sont peu touchés, ils n’en parlent que négligemment. […] En revenant de Rome, je passai par une ville de France ; c’étoit sur la fin de mai, et le soir, prenant le frais dans un jardin où les dames se promenoient, j’en vis une qui me blessa dans la foule, sans dessein de me nuire, car elle ne m’avoit pas regardé, et je ne lui avois pu dire un seul mot. […] disois-je en soupirant, que ses domestiques sont heureux qui peuvent la regarder et lui parler ! […] L’autre se couvroit de temps en temps de son manchon, et, d’un air modeste et même timide en apparence, faisoit semblant de n’oser paroître auprès d’une si belle personne ; mais on sentoit bien, à la regarder, que ces façons ne tendoient qu’à vaincre plus-sûrement et de meilleure grâce. […] En même temps il reconnaissait son charme, qui faisait qu’on lui restait attaché malgré tout : « Si cela vous paroît peu vraisemblable à cause que vous m’avez extrêmement négligé, lui disait-il, je vous apprends qu’entre vos merveilleuses qualités qui font tant de bruit, vous en avez une que je regarde comme un enchantement : c’est que les gens de bon goût qui vous ont bien connue ne vous sauroient quitter, de quelque adresse que vous usiez pour vous en défaire, et j’en suis un fidèle témoin. » Tout cela est finement observé et n’est pas du tout ridicule.
Parmi ces mœurs de conquérants et d’esclaves, la nature humaine s’est renversée, et la corruption comme la scélératesse y sont regardées comme des marques de perspicacité et d’énergie. […] Et le personnage qu’elle regarde En est aussi digne. […] Le seigneur Voltore vient d’apporter une pièce d’argenterie. — Tiens, Mosca, dit Corbaccio, regarde. […] C’est ainsi qu’il se délasse de la satire militante et meurtrière ; le divertissement est approprié aux mœurs du temps, excellent pour attirer des hommes qui regardent la pendaison comme une bonne plaisanterie et rient en voyant couper les oreilles des puritains. […] Petit mot qui semble vulgaire et vide ; regardons-le de près pour savoir ce qu’il contient.
Goethe me regarda et nous nous mîmes à rire. […] Ils ont leur tir dans des cabarets, comme nous y avons des jeux de quilles, et ils se réunissent d’habitude vers le soir dans ces endroits où je les ai regardés souvent avec le plus grand plaisir. […] Nous autres Allemands, lorsque nous ne regardons pas au-delà du cercle étroit de notre entourage, nous tombons beaucoup trop facilement dans cette présomption pédantesque. […] » Les gamins me regardèrent avec de grands yeux, tout étonnés de mon audace, et ils ne me l’ont depuis jamais pardonnée ! […] Nous passâmes tout à côté l’un de l’autre, si près que nos bras se touchèrent ; je m’arrêtai, nous regardâmes autour de nous : — Est-ce vous ?
Mais il faut les regarder en face, et savoir à quoi l’on consent quand on demande la suppression des guerres. […] Il suffit de regarder la vie, sans arrière-pensée de synthèse artificielle. […] J’apprécie un bon plat de viande : tel végétarien, qui l’aimait jadis autant que moi, ne peut aujourd’hui regarder de la viande sans être pris de dégoût. […] Il nous aide à voir devant nous, dans l’intérêt de ce que nous avons à faire ; en revanche il nous empêche de regarder à droite et à gauche, pour notre seul plaisir. […] Pour savoir dans quelle mesure elle compte, il suffit de regarder comment on se jette sur le plaisir : on n’y tiendrait pas à ce point si l’on n’y voyait autant de pris sur le néant, un moyen de narguer la mort.
Et, de fait, quand par le souvenir nous considérons quelqu’un de ces moments, nous les trouvons tous pareils au moment présent ; tout à l’heure, quand j’étais dans l’autre chambre, j’avais une sensation de froid, je marchais, je regardais l’heure, je prévoyais, je désirais, je voulais, comme en ce moment. […] Métivier, jeune, jolie, fille du concierge d’un ministère, s’imagina que le ministre la regardait souvent et affirma qu’il lui avait envoyé une entremetteuse. […] Laissez-moi ; il pose très bien maintenant, et, si vous dites un mot, il s’en ira. » Il est clair que Blake imputait à Richard III ses théories et ses rêves ; son personnage était un écho qui lui renvoyait sa propre pensée. — Une folle jouait incessamment à pair impair avec un personnage absent qu’elle croyait le préfet de police ; avant de jouer, elle regardait toujours les pièces de monnaie qu’elle mettait dans sa main et savait ainsi leur nombre ; partant, le préfet devinait toujours mal et ne manquait jamais de perdre ; plus tard, elle négligea son examen préalable ; alors le préfet tantôt perdait et tantôt gagnait. — Il est clair que, dans la première période, elle fabriquait elle-même, sans s’en douter, l’erreur qu’elle prêtait au préfet. […] Nous l’admettons et sans grand scrupule, sinon sur une démonstration directe, du moins d’après un cortège de confirmations innombrables et comme une hypothèse que justifie tout l’ensemble de l’expérience, des vérifications et des prévisions humaines. — Cela posé, il nous suffit de l’expliquer, et nous n’avons qu’à regarder le mécanisme décrit pour comprendre la justesse presque infaillible de son jeu. […] Il se produit en nous une certaine sensation brute de la rétine et des muscles de l’œil, laquelle évoque l’image des sensations musculaires de locomotion qui conduiraient notre main à deux pieds de là, selon tel contour ; le composé est une tache de couleur figurée et située en apparence à deux pieds de nous. — Nous avançons la main, et nous palpons la bille ; il se produit en nous une certaine sensation brute de froid, de contact uni, de résistance, laquelle évoque l’image des sensations tactiles et visuelles que nous aurions, si nous regardions ou nous touchions notre main droite ; le composé est une sensation de contact uni, de résistance et de froid en apparence située dans notre main droite. — Or, toutes les fois que nous avons répété l’expérience, chacun de ces deux composés a toujours accompagné l’autre.
Je ne vois donc rien que de mou et d’énervé dans le sentiment des péripatéticiens, qui regardent les passions comme nécessaires, pourvu, disent-ils, qu’on leur prescrive des bornes au-delà desquelles ils ne les approuvent point. […] J’eus cependant la force de lui demander s’il vivait encore, lui et Paul Émile, mon père, et tous ceux que nous regardons comme n’étant plus. […] Regarde ! […] Comme je la regardais attentivement : Eh bien ! […] On s’accorde donc dans tous les siècles à regarder ce livre des Devoirs comme le traité de morale le plus éloquent qui fut jamais écrit.