Dans les discussions politiques, il n’y a guère avec nous que le silence de Gautier, indifférent à ces choses, ainsi qu’à des choses inférieures, et se refusant absolument à se rappeler que Sainte-Beuve le rencontra, après 1830, à une procession commémorative pour les quatre sergents de la Rochelle. […] — Oui, oui, je me rappelle, dit la princesse, qu’un jour l’empereur m’a demandé si je connaissais quelqu’un pour remplacer Mocquard, qu’il se fatiguait maintenant très vite… qu’il avait bien Duruy… Enfin, en voilà un drôle de changement, j’ai appris cela hier, en revenant de Versailles où je m’étais bien amusée… Je regrette beaucoup Rouland… Au fond, on change toujours les hommes et jamais les choses… Là-dessus je me sauve… On dîne, et après dîner, Sainte-Beuve se plaignant de la vieillesse, on lui dit que jamais il n’a été plus jeune : « C’est vrai, s’écrie la princesse, il a rompu avec un tas de bêtises, d’idées tristes… J’aime bien mieux ce que vous faites maintenant… N’est-ce pas vrai, Messieurs, que ses articles sont aujourd’hui d’une liberté… ça va, ça va… il patauge dans le vrai ! […] Aux bureaux de leurs caisses, les hôtels montrent de vieilles femmes, dont les voix vous rappellent des voix d’autrefois entendues au théâtre. […] Elle lui dit : « Tu vois où j’en suis… il se peut que je n’en revienne pas… Alors tout est dit… mais si j’en reviens, je ne suis pas femme à gagner ma vie avec de la confection, — et je veux avoir, un jour, à deux pas d’ici, tu entends bien, le plus bel hôtel de Paris… rappelle-toi ça. » Son amie Camille, la marchande de modes, l’arme alors en guerre, lui fournit un arsenal de toilettes pour son grand coup. […] Souvent il a dit à Morère : — « Tenez, vous rappelez-vous ?
Nous nous rappelons aussi tout ce qu’il doit à sa bonne tante : nous jugeons qu’il apporte, à revendiquer son indépendance, une férocité bien gratuite. […] Et je rappelle enfin que, après les ressemblances, je notais avec soin les différences. […] J’ai dit une fois que, par sa tranquillité et sa lucidité, il me rappelait Alain Lesage, et je ne m’en dédis point. […] Elle rappelle tout haut, sans l’ombre de gêne, et en termes trop directs pour être rapportés ici, les sensations qu’elle doit à Maxime. […] Mais, si elle est intolérable, ce n’est pas parce qu’elle est une « enfant malade » ; c’est parce qu’elle passe tout son temps à nous le rappeler en style « écrit », de peur que nous n’en ignorions.
Gazier, beaucoup plus savant que moi, me rectifiera si je me trompe — que, au dix-septième siècle, l’on ne dédiait pas « à la mémoire de… » Je ne m’en rappelle pas d’exemple. […] Cependant il est possible que Racine n’ai pas tenu autrement à rappeler lui-même que ce n’était pas lui qui avait inventé son sujet. […] Laisse-moi me rappeler. […] Vous vous rappelez les vers d’Hernani : Ecoutez ! […] Je me rappelle que M. de Féraudy (si je ne me trompe) y fut excellent, et Mme Pierson, et je suis sûr de ne pas me tromper, absolument exquise.
mon ami, est-ce à moi à présent de vous rappeler vos promesses ? […] Je te ferai rappeler plus tard. » Gabriel sortit, et trouva dans l’antichambre Étienne, couché sur un banc, dans la position d’un guerrier tué sur un tableau de bataille, ses pieds nus sortant de dessous son caftan qui lui servait de couverture. […] En sortant des appartements de sa maîtresse, il n’avait plus retrouvé Moumou à sa place habituelle, et il ne se rappelait pas que jamais la fidèle bête se fût écartée du seuil où elle l’attendait. […] Il avait quitté à jamais la maison de sa maîtresse, et la poitrine dilatée, le regard ardemment fixé devant lui, il marchait précipitamment, comme si sa vieille mère l’attendait à son foyer, comme si elle le rappelait près d’elle, après les jours qu’il venait de passer dans une autre demeure, parmi des étrangers. […] Peu de temps après elle mourut, et non seulement ses héritiers ne pensèrent point à rappeler au service de l’hôtel Guérassime, mais ils congédièrent même tous les autres domestiques.
Il s’agit de porter dans le monde de la qualité ce sens combinatoire qui « dans les arts permet toutes les avances et explique l’emploi de plus en plus fréquent de termes resserrés, de raccourcis et de contrastes violents, existe implicitement sous sa forme rationnelle au fond de toutes les combinaisons mathématiques. » Problème qui rappelle et appelle le grand problème auquel Leibnitz consacra peut-être le plus patient et le plus ardu de ses méditations, celui de la caractéristique universelle. […] Dans une lettre sur le Coup de Dés, il rappelle une promenade nocturne qu’il faisait à Valvins avec Mallarmé, sous un firmament dont l’aspect lui évoquait les pages du poème, et il écrit : « Il me semblait maintenant d’être pris dans le texte même de l’univers silencieux : texte tout de clartés et d’énigmes ; aussi tragique, aussi indifférent qu’on le veut ; qui parle et qui ne parle pas ; tissu de sens multiples ; qui assemble l’ordre et le désordre ; qui proclame un Dieu aussi puissamment qu’il le nie ; qui contient, dans son ensemble inimaginable, toutes les époques, chacune associée à l’éloignement d’un corps céleste ; qui rappelle le plus décisif, le plus évident et incontestable succès des hommes, l’accomplissement de leurs prévisions jusqu’à la septième décimale ; et qui écrase cet animal témoin, ce contemplateur sagace, sous l’inutilité de ce triomphe. […] La Pythie nous rappelle par son dessin, son symbole, et les fureurs de son mouvement, les grandes odes romantiques où Lamartine et Victor Hugo ont pris pour sujet l’inspiration poétique, l’ont symbolisée le premier dans Ganymède enlevé aux cieux, le second dans Mazeppa, attaché sur un cheval sauvage, et qui, à la fin de sa course effroyable, se relève roi. […] J’ai déjà rappelé à cette occasion le Satyre de Victor Hugo, où il n’y a pas allégorie, mais, comme chez Valéry, symbole, et où, sans que le poète songe à nous communiquer une idée, un sentiment de sa création poétique, la création poétique est néanmoins incorporée, elle aussi, à la symphonie, fait sa partie dans la marche à la création et dans le mouvement cosmique du poème. […] (Avais-je tort de rappeler ici en sourdine le nom et l’effort philosophique analogues de M.
Rappelez-vous les maigres recettes réalisées par Salvini. […] Cela me rappelle un peintre classique, disant de Courbet : « Eh bien ! […] Je me rappelle encore l’ovation qu’on lui fit. […] Qu’on se rappelle ses débuts. […] Cela me rappelle la théorie de Scribe.
— Te rappelles-tu cette scène du Marchand de Venise où le divin Shakespeare les évoqua ? […] si : cela me rappelle un tortionnaire qui fit subir d’horribles tourments au génie de la langue. […] Il y a si longtemps que je ne suis pas venu dans ce pays que je ne me rappelle plus bien… (Il consulte le poteau.) […] Rappelle-toi mes enseignements : selon un rythme éternel, deux forces déterminent l’Être. […] je me rappelle parfaitement : j’ai gardé une très bonne mémoire.
Notre poétesse rappelle l’exemple de Sémiramis. […] Vous vous rappelez cette pièce charmante. […] Je désire fort la faire connaître, ou la rappeler, à mes jeunes lectrices amies des Muses. […] Le passage suivant de Boileau finira de vous rappeler cette affaire. […] Les derniers classiques rappelaient à Lemercier sa faute avec aigreur.
Vous n’avez qu’à vous rappeler L’Avare, L’Étourdi, où il va chercher un dénouement à Alger, et maint autre exemple. […] La preuve en est que la plupart d’entre vous doivent avoir oublié la leçon de chant du Malade imaginaire, et que vous vous rappelez tous la leçon de chant du Barbier de Séville. […] Je puis rappeler madame de Sévigné ; c’est un exemple souvent cité : « Ces Bretons ne se lassent pas de se faire pendre », écrit-elle lorsque les Bretons, pour la révolte des gabelles, étaient exécutés en masse. […] C’est une épopée mise en dialogue, où tous les caractères, même les plus épisodiques, sont accusés à grands traits, d’une manière qui rappelle la largeur et la simplicité de la touche homérique. […] NAPOLÉON, cherchant à se rappeler.
Entendez-vous le Chant du harpiste, qui rappelle aux amants que la vie est courte, et qu’il faut se hâter de jouir du moment qui passe ? […] Léon Cahun : il me rappelle de trop douces impressions10. […] Comme son père pleurait de la voir s’en aller pour toujours, elle lui rappela le sacrifice d’Abraham. […] Bonaparte, général en retrait d’emploi », il aimait à se rappeler, avant toutes choses, sa vie de garnison, ses souvenirs de jeune officier. […] Rappelez-vous ces vers de Théophile Gautier : Tout passe.
On n’a qu’à se rappeler la donnée de la Visite de noces pour apprécier combien il demande de complaisance au spectateur et jusqu’où il pousse l’artifice. […] Ô Parisien, rappelle-toi les Parisiennes du siège64 ! […] Ils rappellent ce mot de Gautier : « Avoir une bonne syntaxe, tout est là. » Et ils reprochent à Flaubert de construire ses périodes comme un bon rhétoricien. […] Et je n’ai pas besoin de rappeler que, non seulement des pages, mais des chapitres et des livres entiers dans leur œuvre sont écrits d’une écriture beaucoup plus apaisée. […] Rappelez-vous tant d’autres scènes dessinées justement de la même manière.
France rappelle ; c’est Chamfort. […] Daudet, que j’adopte, bien qu’elle me semble un peu compliquée) rappelle un peu ces divertissements critico-dramatiques. […] Vous vous rappelez le mot de La Visite de noces de Dumas fils : « Vous m’aviez juré, dit un monsieur à une dame, que j’étais votre premier amour ! […] Je me rappelle m’être dit cela à propos d’Idylle tragique de M. […] Vous rappelez-vous Le Secrétaire intime de George Sand ?
Dans la partie décorative, tout émaillée de tournures de phrases et de termes Moyen Age, elle rappelle parfois de trop près la phrase trop nette de Flaubert. […] Ce sont de petits articles qui se suivent sans autre lien que la série de préoccupations qu’ils rappellent. […] Coppée rappelle la Légende des Siècles en quelques-unes de ses poésies inférieures et dans son théâtre ; la facture grise de M. […] Tu n’es que ce que tu penses, pense donc éternel… « Ce qui passe ou change vaut-il qu’on se le rappelle ? […] Il indiquera qu’il sent qu’il a toujours été race inférieure et qu’en sa race il se rappelle l’histoire de la France, fille aînée de l’Église.
Rappelons-nous comment nous avons caractérisé les vérités mathématiques et les vérités expérimentales. […] Celse rappelle et approuve les vivisections d’Hérophile et d’Erasistrate pratiquées sur des criminels, par le consentement des Ptolémées. […] Les variations de ces conditions amènent nécessairement un certain nombre de modifications générales dont il importe de rappeler ici les traits principaux. […] Il s’agira ici de rappeler, par des exemples, les principes en vertu desquels il convient de juger les théories physiologiques et de discuter les faits qui leur servent de bases. […] À ce propos, je rappellerai encore que dans les sciences il ne faut jamais confondre les principes avec les théories.
Pierre Simon d’écrire aussi quelque chose ; il ne le voulait point ; elle le pressa, il écrivit : « Cet ermitage rappelle assez bien les destinées humaines : resserré dans des bornes étroites, on y jouit d’une étendue immense. » N’est-ce point peu après ce pèlerinage au Mont-Cindre, que M. […] Ceux qui se souviennent de leur première soirée chez Mme Récamier dans les jours de l’Abbaye-au-Bois après 1830, ceux qui se rappellent comment, effrayés par la réputation de ses habitués, ils se tenaient timidement dans leur coin, et comment le doux et bienveillant regard de Ballanche venait les rassurer, ne peuvent comprendre qu’on lui pût trouver de la laideur. […] Fauriel parlait toujours de Mme Récamier comme étant la Béatrice de Ballanche, car son adoration pour elle rappelait l’amour de Dante pour la divine Béatrice : il devait y avoir eu une semblable étincelle d’amour céleste dans ces deux âmes. » Et plus loin, à une période bien plus avancée de la vie de Mme Récamier : « Le premier objet de son intérêt était M. de Chateaubriand ; mais elle avait d’autres amis, et M.
« Je le menai avec moi, dit-il, pour que sa présence me rappelât mes devoirs envers lui. […] Des pluies continuelles, les discours de mes amis qui ne voulaient pas me laisser partir, ce que j’apprenais des mauvais chemins par des gens qui revenaient de Bologne, tout cela m’a retenu si longtemps à Florence que j’ai enfin appris que, pour mon malheur, vous aviez été rappelé à Pavie. […] Il écrivit son testament plein de souvenirs posthumes légués à ses amis : à celui-ci ses chevaux, à celui-là ses tableaux ; à l’un ses livres, à l’autre son bréviaire, pour que ce manuel de prières rappelle à cet ami de prier pour lui ; cinq cents écus d’or à Boccace, afin qu’il puisse acheter, dit-il, un manteau d’hiver pour ses études de nuit.
À notre première entrevue je fus timide ; elle fut naturelle, gracieuse, adroite de simplicité ; mon impression fut un attrait doux, qui n’éblouit pas, mais qui attire : clair de lune qui rappelle un jour de splendide été. […] Mais madame Récamier rappelait ainsi à ses hôtes qu’elle avait été l’amie de madame de Staël, et qu’elle avait servi elle-même de modèle à la belle tête de Corinne dans ce tableau. […] Sa maison de la rue du Mont-Blanc et sa villa de Clichy rappelaient presque seules dans Paris l’élégance et l’opulence des palais princiers démeublés par les confiscations ou les émigrations ; on y respirait un air de cour ; c’était la cour de la richesse, seule royauté qui restât à la France ; sa jeune femme était la reine de cette cour : elle restaurait l’empire de la société détruite dans Paris.
Chacun se rappelle la lutte à coups de poings et de livres qui s’engage entre les partisans du chantre et du prélat ; au moment critique, le prélat imagine une ruse de guerre : il étend le bras et bénit solennellement ses adversaires qui sont forcés de plier les genoux sous l’implacable bénédiction. […] A qui veut étudier les effets du régime démocratique sur la littérature française, il faut avant tout rappeler une difficulté grave. […] Qu’on se rappelle ces paroles d’Alfred de Vigny74 : « Nulle méditation ne pouvait enchaîner longtemps des têtes étourdies sans cesse par les canons et les cloches des Te Deum.
Je ne me rappelle pas littéralement les paroles, mais voici le sens : « Charmant ruisseau dont le gazouillement m’assoupit pendant la chaleur du jour et où je fais rafraîchir le vin de Chiraz, tu ne murmureras plus ainsi, quand l’hiver sera venu et qu’il aura congelé et solidifié tes ondes babillardes. — Oui, me répondait la petite onde fugitive, mais Allah m’étendra et me polira dans mon bassin en miroir de cristal, et j’y refléterai son soleil et les étoiles du ciel ! […] On connaît trop bien cette histoire pour que ce soit une indiscrétion de la rappeler. » M. de Sainte-Beuve a raison ; du jour, en effet, où ce jeune poète cessa de croire à la sainteté de l’amour et à la durée de l’enthousiasme, il fit plus que de tomber dans l’incrédulité, il tomba dans la dérision de l’amour, il devint un sceptique du sentiment, un athée de l’enthousiasme, un blasphémateur du feu sacré ; de là au cynisme il n’y a qu’un pas ; sa nature élégante et attique lui défendait de s’y livrer, mais il glissa trop souvent dans des libertinages de style qui ne se dégradent pas jusqu’à l’Arétin, mais qui rappellent Boccace, le Musset immortel d’Italie.
La scène du tulipier, dans le Scarabée d’or, nous a rappelé une des plus belles pages que Lord Byron, le poète, ait écrites en prose, et dont la Critique, qui a tant de fois examiné ses œuvres, n’a jamais parlé comme elle l’aurait dû. […] On ne reconnaît plus en lui que le Yankee, l’enfant perdu de cette race puritaine qui a mis sa main musclée sur le Nouveau Monde, — qui la mettra partout où il y a de la matière à asservir, — et dont la plus haute expression littéraire fait pâlir tout ce qu’elle rappelle : ce Robinson Crusoé qui est sorti d’une plume anglaise, mais qui n’en est pas moins le génie américain deviné ! […] » ces Histoires extraordinaires, publiées pour la première fois dans le Pays, en feuilletons éparpillés, produisirent — si on se le rappelle — un effet de surprise que l’audace imprudente de leur titre ne put diminuer.
Ces paroles du prince de Galles au roi Jean peuvent rappeler sans doute les vers de Corneille dans La Mort de Pompée : Ô soupirs ! […] La réflexion qui termine et que l’auteur ne fait pas en son nom, mais qu’il place dans la bouche des chevaliers présents, ce pronostic tout flatteur et favorable sur l’avenir du prince-roi, s’il lui est donné de vivre pour y atteindre, rappelle dans une perspective éloignée l’instabilité des choses humaines et les compensations du sort, qui ne permet pas aux plus heureux d’accomplir tout leur bonheur :-ce prince si brillant, et à qui tous souhaitent vie, ne régnera pas en effet, et mourra plein de gloire, mais avant le temps.
Le poète supprime les superfluités : il ne fait pas dire à Turnus ce que Turnus ne peut savoir et ce qu’il n’aurait guère le temps de rappeler au fort de la mêlée. […] J’aimerais, dans une édition complète de Virgile, que toutes ces neuves et agréables circonstances, qui achèvent de graver les beaux vers et de les rendre présents à l’esprit, fussent notées chemin faisant et rappelées.
Je rappellerai seulement deux ou trois traits de cette lettre : « N’as-tu pas admiré, dans le discours de M. de Montesquiou, comme quoi les Français ont trop d’esprit pour avoir besoin de dire ce qu’ils pensent ? […] Tout ce qui me le rappelle de près ou de loin me cause une émotion que je ne suis pas le maître de modérer. » De telles lettres publiées deviennent des pièces biographiques ineffaçables ; une page comme celle du 25 juin représente la pierre angulaire de toute une vie.