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1629. (1923) Paul Valéry

je n’ai plus besoin de ta race naïve celle-là solitaire encore, mais pleine intérieurement de richesse et d’amour, Tout peut naître ici-bas d’une attente infinie.

1630. (1923) Critique et conférences (Œuvres posthumes II)

Barbey d’Aurevilly, ainsi que ses œuvres de critique et de polémique, se plaisent à lui reconnaître un style, une vraiment manière à lui, style de race, certes, et manière originale !

1631. (1882) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Deuxième série pp. 1-334

La société précieuse au XVIIe siècle1 Il arrive parfois que le véritable intérêt d’un livre, et d’un bon livre même, ne soit pas précisément, — faut-il dire où l’on a cru le mettre ? — mais du moins où le titre inviterait à le chercher. C’est un peu le cas, à ce qu’il nous semble, du curieux et consciencieux ouvrage de M. l’abbé Fabre sur la Jeunesse de Fléchier. On y cherche d’abord Fléchier, et il y est bien, et on l’y trouve ; mais, insensiblement, cette souriante physionomie du précieux abbé décroît, pour ainsi dire, et recule vers le fond du tableau ; ce sont d’autres figures qui viennent l’une après l’autre lui disputer la première place, on le perd enfin de vue ; et c’est toute une petite société qui finit par avoir fixé l’attention qu’aussi bien Fléchier tout seul ne suffirait peut-être pas à retenir longtemps. En quoi son sort est celui de tous les écrivains secondaires, S’ils manquent d’originalité, ce n’est pas tant, comme on le croit d’ordinaire, pour avoir dit ou pensé des choses que l’on aurait pensées ou dites avant eux ; il y a plus, et c’est eux qui, fréquemment, jettent ce que l’on appelle des idées neuves dans la circulation commune ; mais, en cela même, traducteurs plutôt qu’inventeurs, leur parole est beaucoup moins l’expression de quoi que ce soit qui leur appartienne en propre que le fidèle écho des opinions qui s’agitent autour d’eux.

1632. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome II

C’est précisément parce que ce jeune Ottoman se voit entre Roxane et l’empire, entre Atalide et la mort , que la contrainte d’une situation si cruelle le condamne à concentrer ses passions ; c’est par les sentiments, les idées et les actions que le caractère national se déclare, plus encore que par les formes du langage : Bajazet a toute la fierté, toute la gravité, tout le flegme et toute la bonne foi des Turcs ; il parle comme doit parler un jeune prince élevé dans l’ombre du sérail ; il n’a que des pensées nobles et dignes de sa race ; il renonce au trône pour ne pas tromper une femme, tandis qu’une perfidie amoureuse est le triomphe d’un galant français ; il s’expose à la mort pour ne pas affliger ce qu’il aime, tandis qu’un petit-maître français se fait un honneur et un plaisir de déchirer le cœur qu’il a séduit ; assurément Bajazet est Turc autant qu’il est possible de l’être ; au lieu de l’accuser d’être Français, on pourrait lui reprocher d’être romanesque ; mais, en fait de romanesque, aucun héros ne peut entrer en parallèle avec le Scythe Orosmane2. […] Racine a supprimé sagement cette idée d’une mortelle qui reconnaît la supériorité du fils d’une déesse : idée très froide pour nous, qui n’admettons point de race divine, mais qui pouvait plaire aux Grecs. […] Voici, d’après ces vers, comment raisonne l’ingénieux Lamotte : s’il existe un pareil temple aux portes de Trézène et parmi les tombeaux des princes de la race d’Hippolyte, Thésée doit connaître ce temple et sa vertu : il a donc un moyen infaillible de connaître l’innocence de son fils : ce fils lui-même doit presser son père d’avoir recours à cet expédient, qui doit décider entre sa belle-mère et lui. […] Il annonce qu’il est prêt à se rendre, et il est prêt à se défendre, lui et les siens ; il promet un trésor, et ce trésor est un rejeton de la race de David, le plus redoutable ennemi d’Athalie.

1633. (1857) Réalisme, numéros 3-6 pp. 33-88

Je n’ai rien à dire comme écrivain ; qu’on me nie l’indépendance et l’originalité, cela est infaillible, j’y convie même toute la race « élégante, distinguée et bien élevée » des petits journaux. […] Les poètes disparaîtront un à un et le dernier d’entre eux inspirera peut-être un Cooper dont le roman en prose fera verser des larmes sur cette destruction de la race.

1634. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

. — Les sentiments, en tout temps publiés ou consignés dans ses vers, font foi de la sincérité avec laquelle, au milieu de ses regrets, il dut accueillir le retour de la race de Henri IV.

1635. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre IV. Shakspeare. » pp. 164-280

Jour et nuit, matin et soir, —  chez moi, dehors, seul, en compagnie, —  veillant ou dormant, mon seul soin a été — de la marier, et maintenant que j’ai trouvé — un gentilhomme de race princière — de belles façons, jeune, noblement élevé, —  fait comme un cœur pourrait le souhaiter…, —  voir une misérable folle larmoyante, —  une poupée pleurnicheuse, à cette offre de sa fortune, —  répondre : « Je ne veux pas me marier !

1636. (1837) Lettres sur les écrivains français pp. -167

Mais il jette par-ci par-là des paroles si savantes sur la race chevaline, que M. 

1637. (1881) Le naturalisme au théatre

Pour nous, les théâtres étrangers n’existent pas, et nous sommes portés à nous égayer de ce qui n’est point dans le génie de notre race. […] Taine, le sol même, les mœurs, les moments historiques, la race et les facultés maîtresses.

1638. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre second » pp. 200-409

» Il ajoute : « J’ai aussi quelques droits sur les races futures ; je puis sauver un nom de l’oubli, et partager mon immortalité avec un ami…. » Qu’on doit être heureux par cette pensée !

1639. (1856) Articles du Figaro (1855-1856) pp. 2-6

Le Théâtre-Français est un minotaure, à qui son tributaire de la rive gauche est tenu d’envoyer, tous les cinq ans, une théorie de comédiennes de race.

1640. (1836) Portraits littéraires. Tome II pp. 1-523

Et s’il le sait, comment ne craint-il pas de se déshonorer par le contact d’une race maudite ? […] Si les héros qu’il nous montre ne sont d’aucun pays ni d’aucune race connue, la foule indifférente ne prendra pas la peine de les oublier : elle ne les regardera pas.

1641. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome II

Sur un chien de taille moyenne et très robuste, de la race des bassets, j’injectai dans la veine jugulaire, en poussant l’injection du côté du cœur, environ 10 grammes d’une dissolution de 2 grammes de prussiate de potasse et 2 grammes d’iodure de potassium dissous dans 60 grammes d’eau. […] Il est bon, lorsqu’on le peut, de faire un choix dans les animaux ; les chiens sont préférables, et parmi ceux-ci certaines races conviennent mieux que d’autres. […] L’un de ces chiens était un chien de la race des bassets, et l’autre le chien de berger que vous avez vu opérer dans la dernière séance, et qui fait le sujet de notre observation.

1642. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

Puisque vous savez manier la plume proprement, comme tous les lettrés, contribuez encore à l’histoire littéraire par quelques solides études particulières ou générales ; mais écrivez-les en brave homme qui fait tout simplement son métier de maçon et ne s’imagine pas appartenir à la même race, être formé de la même matière et pour la même destinée que les grands architectes de la littérature. […] On méconnut ce qu’il y avait d’idéalisme élevé dans sa théorie de l’art, de délicatesse dans les règles qu’il donne pour évaluer le beau, en mesurant le « degré de bienfaisance » de l’œuvre ; on ne retint que deux ou trois formules sommaires : « l’œuvre d’art est un résultat de la race, du milieu et du moment » ; — « l’homme fait son œuvre, comme l’abeille son miel » ; — « le vice et la vertu sont des produits comme le vitriol et le sucre », et l’on fit, de ce penseur sérieux, probe et doux, un prédicateur intransigeant du matérialisme et du fatalisme.

1643. (1864) Histoire anecdotique de l’ancien théâtre en France. Tome I pp. 3-343

Il m’a berné, me direz-vous : Je veux le diffamer chez les races futures.

1644. (1902) La politique comparée de Montesquieu, Rousseau et Voltaire

Ces maisons sont toujours ouvertes, comme autant de gouffres où s’ensevelissent les races futures. » Le Protestantisme est infiniment plus social à cet égard que le Catholicisme : « Dans la religion protestante tout le monde est en droit de faire des enfants ; elle ne souffre ni prêtre ni dervis ; et si, dans l’établissement de cette religion qui ramenait tout aux premiers temps, ses fondateurs n’avaient été accusés sans cesse d’intempérance, il ne faut pas douter qu’après avoir rendu la pratique du mariage universelle, ils n’en eussent encore adouci le joug et achevé d’ôter toute la barrière qui sépare en ce point le Nazaréen de Mahomet. » Ceci n’est point absolument une plaisanterie prêtée à Usbeck.

1645. (1864) Études sur Shakespeare

Cet enfant d’une race humiliée a les vices et les passions qui naissent d’une condition pareille ; son origine l’a fait ce qu’il est, haineux et bas, craintif et impitoyable ; il ne songe point à s’affranchir de la loi, mais il est ravi de pouvoir l’invoquer une fois, dans toute sa rigueur, pour assouvir cette soif de vengeance qui le dévore ; et lorsque, dans la scène du jugement, après nous avoir fait trembler pour les jours du vertueux Antonio, Shylock voit inopinément se retourner contre lui l’exactitude de cette loi dont il triomphait avec tant de barbarie, lorsqu’il se sent accablé à la fois sous le péril et le ridicule de sa position, l’émotion et la moquerie s’élèvent presque en même temps dans l’âme du spectateur.

1646. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre III. La Déformation de l’Idéal classique (1720-1801) » pp. 278-387

. — C’est probablement quelque chose de cela que Goethe voulait dire quand il l’appelait « le plus grand écrivain que l’on pût imaginer parmi les Français » ; — et, à ce propos, qu’avant d’accepter l’éloge, — où se mêle un peu d’envie peut-être, — il faut y faire attention ; — et se demander s’il n’envelopperait pas, au fond, une critique, assez méprisante, — de toute notre littérature et du génie de notre race.

1647. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

Je conviens qu’Athalie, qui n’est pas une meilleure femme que Sémiramis, et qui a tué toute la race de David, est troublée d’un songe, et encore plus de l’incident merveilleux qui lui fait retrouver en réalité l’objet qu’elle a vu en songe ; mais ce trouble ne va pas jusqu’à de lâches frayeurs ; il ne fait pas d’une grande reine une femmelette pusillanime, agitée de remords, plaintive et pénitente.

1648. (1858) Du vrai, du beau et du bien (7e éd.) pp. -492

Après tant de maîtres qui ont traité le même sujet, le Poussin a trouvé le secret d’être original, et plus pathétique que tous ses devanciers, en représentant le moment solennel où la race humaine va disparaître. […] Celui qui a fait l’homme n’a pas confié le soin de son ouvrage à la vertu seule, au dévouement et à une charité sublime : il a voulu que la durée et le développement de la race et de la société humaine fussent assis sur des fondements plus simples et plus sûrs, et voilà pourquoi il a donné à l’homme l’amour de soi, l’instinct de la conservation, le goût du plaisir et du bonheur, les passions qui animent la vie, l’espérance et la crainte, l’amour, l’ambition, l’intérêt personnel enfin, mobile puissant, permanent, universel, qui nous pousse à améliorer sans cesse notre condition sur la terre.

1649. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

Il considère d’ailleurs qu’en ce temps de république, le seul refuge décent, pour les gens propres, c’est « la carrière » ; qu’un homme de sa race ne peut vivre que là où il y a des cours ; que le seul moyen d’y vivre, c’est d’y représenter cette fâcheuse République, et qu’ainsi la diplomatie est la forme la plus récente de l’« émigration. » Il explique cela à sa fiancée, petite provinciale de grande famille ; et il lui fait entendre, par la même occasion, que d’avoir des sensations vives ou des sentiments tendres, et surtout de les laisser paraître, cela est on ne plus « mal élevé. » Il est, lui, bien élevé ; il est spirituel avec un remarquable fond de sottise ; correct, glacial, empesé, verni ; il est à gifler : il est parfait.

1650. (1907) Jean-Jacques Rousseau pp. 1-357

Au lecteur 1º J’ai pu me tromper sur quelques faits. Ceci n’est point une « biographie critique » de Rousseau : mon principal objet a été l’histoire de ses sentiments. 2º Ce ne sont que des « conférences ». J’y ai cherché avant tout la simplicité et la clarté ; et le ton est le plus souvent celui d’une causerie un peu surveillée. J.

1651. (1903) La pensée et le mouvant

Avant-propos Le présent recueil comprend d’abord deux essais introductifs que nous avons écrits pour lui spécialement, et qui sont par conséquent inédits. Ils occupent le tiers du volume. Les autres sont des articles ou des conférences, introuvables pour la plupart, qui ont paru en France ou à l’étranger. Les uns et les autres datent de la période comprise entre 1903 et 1923. Ils portent principalement sur la méthode que nous croyons devoir recommander au philosophe.

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