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1118. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres choisies de Charles Loyson, publiées par M. Émile Grimaud »

… D’une part l’amour des champs, le rêve à la Tibulle, le vœu d’Horace ; de l’autre, la guerre aux brouillons, aux charlatans, aux faux esprits, aux exagérés et aux violents.

1119. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. EDGAR QUINET.— Napoléon, poëme. — » pp. 307-326

Le monde ne sait pas les sublimes ennuis Des rêves éveillés qu’on fait toutes les nuits ; Il ne sait pas, tandis qu’il voue une génisse, Ce qu’un vers sibyllin coûte à la pythonisse ; Tandis que le tribun parle et qu’on bat des mains Au forum, et qu’on lève et le poing et la chaîne, Elle écrit de son sang, sur ses feuilles de chêne, Vos grandes annales, Romains !

1120. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre II »

Senta et Elsa, en leurs rêves prophétiques, sont d’exquises mais authentiques hallucinées.

1121. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre X. De la littérature italienne et espagnole » pp. 228-255

Mais le merveilleux arabe attache davantage la curiosité ; l’un semble le rêve de l’effroi, l’autre la comparaison heureuse de l’ordre moral avec l’ordre physique Les Espagnols devaient avoir une littérature plus remarquable que celle des Italiens ; ils devaient réunir l’imagination du Nord et celle du Midi, la grandeur chevaleresque et la grandeur orientale, l’esprit militaire que des guerres continuelles avaient exalté, et la poésie qu’inspire la beauté du sol et du climat.

1122. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « La comtesse Diane »

Au premier acte, couchée sur son lit, la mitre au front et un grand lis à la main, elle ressemble aux reines fantastiques de Gustave Moreau, à ces figures de rêve, tour à tour hiératiques et serpentines, d’un attrait mystique et sensuel.

1123. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame la duchesse d’Angoulême. » pp. 85-102

Notre cœur, pour peu qu’il ait eu un jour dans la vie, fixe ou ramène notre sensibilité à une certaine heure, qui est celle qu’on entend volontiers résonner lorsqu’on rentre en soi et qu’on rêve.

1124. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse psychologique »

On sait que Moreau de Tours [Jacques-Joseph Moreau de Tours (1804-1884) : ce médecin aliéniste, à côté de ses recherches sur la folie, étudiée dans son rapport avec l’activité onirique (De l’identité de l’état de rêve et de la folie, Martinet, 1855), s’est intéressé à la question de l’hallucination et des effets des psychotropes sur le système nerveux.

1125. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une croisade universitaire » pp. 107-146

J’ai été bien scandalisé, l’autre jour, en voyant le Rêve et la Fantaisie danser des sarabandes effrénées dans le rez-de-chaussée du Figaro, sur ce motif : L’Auberge des Trois-Pendus, juste au moment où l’article Suttières faisait un cours de bon sens et de bonne tenue — au premier étage.

1126. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre II. Marche progressive de l’esprit humain » pp. 41-66

Ainsi encore ces mêmes peuples de la Grèce, souvent dispersés par des malheurs qui sont devenus l’héritage exclusif des muses, jettent à toutes les époques et sur tous les rivages de fabuleuses ou d’héroïques colonies destinées à perpétuer les souvenirs brillants de la gloire ou les rêves aimables de l’imagination.

1127. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Seconde partie. Nouvelles preuves que la société a été imposée à l’homme » pp. 243-267

Ses rêves alors ne seraient point pour lui, ils seraient pour sa postérité.

1128. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VIII : M. Cousin érudit et philologue »

Au bout de quelques années de séjour, on y déclare que le ciel est un rêve d’esprit creux.

1129. (1910) Rousseau contre Molière

Il ne s’agit plus du Philinte de Molière, mais d’un Philinte que Rousseau rêve et du Philinte d’une comédie que Rousseau imagine, et par conséquent ce n’est plus de la critique proprement dite et nous pourrions ne nous point occuper de ce passage de Rousseau. […] Et il a raison : jamais l’homme n’est plus ridicule que quand il y a discordance entre la beauté de ce qu’il rêve et la maladresse des gestes qu’il fait pour s’y hausser. […] Le rêve de Rousseau va un peu plus loin. […] C’est un rêve où il n’entre, à le bien prendre, aucune générosité ni même aucune idée générale ; mais où il entre beaucoup d’égoïsme naïf et ingénu. On se dira peut-être que Rousseau a peint deux fois la femme de ses rêves.

1130. (1894) La bataille littéraire. Cinquième série (1889-1890) pp. 1-349

Convaincue enfin et éblouie par la vision d’être une dame à son tour, par ce rêve de fillette née si pauvre servante d’auberge, devenue tout à coup la bonne amie d’un homme si riche et si bien, elle fut grisée de convoitises, de reconnaissance et d’orgueil, qui se mêlaient à son attachement pour André. […] Son génie, qui est la transformation d’un ami, lui explique la civilisation du monde martien ; c’est le rêve d’une âme délicate et éprise de justice. […] Elle réunit en un rêve charmant ces deux têtes, l’une blonde, l’autre brune. […] Dupin, le président de l’Assemblée, à côté duquel j’étais assis dans le wagon-salon du Prince, comme je le fus, bien plus tard, dans le Sénat de l’Empire, au banc des Grands-Croix, grommela tout à coup, de son air bourru : « Mais il y a loin du rêve à la réalité ! » — « Monsieur le président », dis-je en me tournant vers lui, « j’ai vu des réalités qui dépassaient tous les rêves ; témoin, le Dix-Décembre ! 

1131. (1857) Réalisme, numéros 3-6 pp. 33-88

, tout cela est plein de réalité, de passion, d’âpreté ; cela nous enveloppe, nous domine, au point que sont basés là-dessus nos rêves eux-mêmes dont nous sommes si fiers, parce que nous prétendons qu’ils viennent de nous seuls. […] Je sais bien que votre philosophe Jean Reynaud est humilié d’être sur une si petite boule que la terre ; il ne la trouve pas assez belle, il est honteux d’être obligé de porter un parapluie, d’être petit, et il rêve quelque chose de meilleur. […] « Après les saveurs fortes et saines de l’observation est venu le rêve plein de débilité d’esprit, le rêve des découragés, des faibles, des lâches qui, fatigués de la peine, insensibles à la joie conquise après le travail, ont imaginé la mollesse du plaisir éternel, la force invincible, les êtres surnaturels, et appelé à leur secours des puissances informes qu’ils inventaient eux-mêmes. […] Les jeunes gens ne désirent plus que cette place, c’est le rêve de toutes les imaginations ardentes, de tous les Narcisses qui recherchent la gloire pour s’en faire un plumet. […] Mais si les rêves sont beaux, la réalité est moins belle ; la vie est rapide, on vit au jour le jour sans songer à demain : un tiens vaut mieux que deux tu l’auras, voilà la morale et la tactique de l’époque.

1132. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

J’avais fait un beau rêve, moi et quelques amis. […] il était écrit que ce ne serait là qu’un rêve, et que jamais aucun auteur, — j’entends un auteur sérieux, — de Dictionnaire ne ferait partie de l’Académie française.

1133. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIVe entretien. Littérature, philosophie, et politique de la Chine » pp. 221-315

Il construit sur ce rêve une pyramide d’autres rêves qui, partant tous d’un principe faux, arrivent aux derniers sommets de l’absurde et de l’impossible en application.

1134. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLe entretien. Littérature villageoise. Apparition d’un poème épique en Provence » pp. 233-312

Donnez le temps que l’on rêve, le temps qu’à tout le moins ils rêvent le bonheur ! […] Mais, telle qu’un enfant dans ses langes qui parfois pleure et ne sait pourquoi, j’ai quelque chose, dit-elle, qui me tourmente ; cela m’ôte le voir et l’ouïr ; mon cœur en bout, mon front en rêve, et le sang de mon corps ne peut rester calme.”

1135. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier. — Correspondance de Chateaubriand (3e partie) » pp. 161-240

J’ai parcouru seul et à pied cette grande ville délabrée, n’aspirant qu’à en sortir, ne pensant qu’à me retrouver à l’Abbaye et dans la rue d’Enfer. » Le lendemain il écrit encore ; il raconte son dépaysement dans un vaste palais démeublé de Rome, sans y trouver même un de ces chats qu’il aimait comme symbole de l’égoïsme qui rêve ; puis il lui dit : « Vous êtes bien vengée : mes tristesses en Italie expient celles que je vous ai causées. […] Premièrement, quant aux ministères faits ou à faire, je regarde tout cela comme des rêves et des agitations d’ambition sans fondement et sans réalité, et enfin je ne veux pour rien être ministre ; qu’on me raye de toutes les listes.

1136. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (3e partie) et Adolphe Dumas » pp. 65-144

Comme un ruisseau limpide, Ève amoureuse d’Ève Son amour idéal, l’autre amour qu’elle rêve         Elle l’a vu dans un miroir, Et donne à son image, inquiète et jalouse, Tous les baisers d’amante et jamais ceux d’épouse,         Comme l’amour qui vit d’espoir. […] Vierge comme une vierge au jour de sa naissance, Elle a fait de l’amour son rêve d’innocence,         Elle n’a jamais fait son nid !

1137. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre V. Jean-Jacques Rousseau »

Comme toujours, après le rêve de bonheur, le désenchantement : un pasteur intolérant tracassa Jean-Jacques, ameuta les paysans contre lui. […] Il a vu lever le soleil au Monte en face de Turin, en 1728 ; et l’abbé Gaime qui l’y a mené, lui a fourni, avec l’abbé Gàtier, le professeur du séminaire d’Annecy, les traits du Vicaire savoyard ; de sa passion profonde pour Mme d’Houdeto est sortie la Nouvelle Héloïse : les amours de Julie et de Saint Preux, ce sont les leurs, brutalement tranchés dans la réalité, délicieusement achevés par le rêve ardent de son désir ; les paysages où s’encadrent ces amours, ce sont les bords du lac de Genève, de son lac ; et les sensations de ses personnages dans cette charmante nature, ce sont les siennes, ses profondes émotions d’enfance.

1138. (1922) Enquête : Le XIXe siècle est-il un grand siècle ? (Les Marges)

Le xixe  siècle a développé une expansion de l’esprit dans toutes les directions ; il a favorisé le rêve aussi bien que la pensée, la science aussi bien que l’art, — tous les arts. […] Palpitante d’inquiétude, elle esquissait des rêves contradictoires.

1139. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre troisième »

Au mauvais, il faut imputer la légèreté et la déclamation, l’ardeur indiscrète de toutes les réformes, sauf la réforme individuelle ; le préjugé qui charge les gouvernements de tous les devoirs et leur impose toutes les vertus dont l’individu s’exempte lui-même ; l’esprit de critique et l’esprit de chimère, les ruines et les rêves ; enfin, avec l’excuse des bonnes intentions chez beaucoup de coupables, les crimes de la fin du siècle, et le discrédit peut-être irréparable que ses erreurs meurtrières ont jeté sur ses immortelles conquêtes. […] Elle a un autre mérite ; elle représente la maison de campagne que chacun rêve pour soi, notre château en Espagne, puisqu’il s’agit de ce pays-là.

1140. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre onzième »

Voudrait-on qu’il s’exceptât de son rêve ? […] De ces rêves sortirent deux amants : Saint-Preux, un précepteur « qui adore la vertu » ; — que ne se contentait-il de l’aimer ?

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