Il y a diverses manieres de restreindre la signification d’un nom générique : ici c’est l’apposition d’un autre nom, le prophete roi : là c’est un autre nom lié au premier par une préposition, ou sous une terminaison choisie à dessein ; la crainte du supplice, metus supplicii : dans une occasion c’est un adjectif mis en concordance avec le nom ; un homme savant, vir doctus : dans une autre c’est une phrase incidente ajoûtée au nom ; la loi qui nous soûmet aux puissances : souvent plusieurs de ces moyens sont combinés & employés tout-à-la-fois.
Je ne vous rapporterai point une infinité d’exemples qui vous feroient connoître la puissance de cette passion ; je vous ferai seulement un récit fidèle de mon embarras, pour vous faire comprendre combien on est peu maître de soi-même, quand elle a une fois pris sur nous un certain ascendant, que le tempérament lui donne d’ordinaire.
Je réponds : telle est la puissance de l’art dramatique sur le cœur humain, que quelle que soit l’absurdité des règles auxquelles les pauvres poètes sont obligés de se soumettre, cet art plaît encore.
C’est pour cette raison que la notation des quantités infinitésimales, imaginée par Leibniz, constitue une invention capitale qui a si prodigieusement accru la puissance de l’instrument mathématique, et le champ de ses applications à la philosophie naturelle. » De toutes parts surnage la même conclusion.
Je ne vous rapporterai point une infinité d’exemples qui vous feraient connaître la puissance de cette passion.
Un Royaume, quelque riche & puissant qu’il soit, quelque supériorité qu’il ait sur ses voisins par la politique & par les armes, est loin encore de la véritable puissance, s’il n’est pas également supérieur par les lumières.
Mme Crosnier qui ne laisse plus tomber les pénultièmes de ses mots a apporté dans son rôle, une énergie, une verdeur, une puissance qu’elle n’avait pas encore déployées.
Rassembler sous un seul point de vue & comme dans un même tableau ce que l’origine, les accroissemens, les prospérités & les disgraces d’un peuple offrent de plus curieux ; développer le systême de sa politique & de sa religion ; donner une idée de sa puissance & de son industrie ; ajouter à ces différentes notions le portrait de ses mœurs, la description de ses usages, le détail de ses occupations, & l’histoire de sa vie privée, voilà, d’après M.
Mais celui-ci ne manqua point de répondre très artificieusement : — Les puissances de la mer ont brisé mon vaisseau contre un promontoire, et les vents impétueux en ont emporté les débris. […] Il se sentait à l’étroit sur les tréteaux dramatiques, et même le monde visible tout entier n’était pas assez vaste pour lui, tant il éclatait de sève et de puissance.
Louis, institua dans l’université de Paris cette fameuse école de théologie, qui du nom de son fondateur est apelée sorbone : le nom de sorbone se prend aussi par figure pour les docteurs de Sorbone, ou pour les sentimens qu’on y enseigne : la sorbone enseigne que la puissance ecclésiastique ne peut ôter aux rois les courones que Dieu a mises sur leurs têtes, ni dispenser leurs sujets du serment de fidélité. (…). […] Quand je dis le roi aime le peuple ; la reine a de la piété : roi, reine, sont des substantifs qui marquent un tel roi et une telle reine en particulier ; ou, come parlent les philosophes, ces mots marquent alors un individu qui est roi : mais quand je dis que Louis Quinze est roi, roi est pris alors adjectivement ; je dis de Louis qu’il est revêtu de la puissance royale.
Nous voyons briller cet espoir, si vivace et si exclusif, dans l’avenir de la science, dans la puissance illimitée de l’intelligence humaine, pour qui « tout mystère » doit finir par se dissiper. […] À ce moment, qui est celui de la conversion aux doctrines du Christ, des pénitences consenties, de l’enthousiasme religieux, le prisonnier juge son propre vice et il le hait : il ne voit plus, dans les « mystères » tout imaginaires de ce « rêve » absurde, épuisant, qu’il attendait des excès de boisson, que le piège l’Ennemi, que la « Puissance des ténèbres ».
Les arcs de triomphe, les statues, les temples même & les autels, sont démolis par le tems ; l’oubli les efface de la terre : mais la gloire d’un héros, qui supérieur à sa puissance illimitée, sait la dompter & y mettre un frein, cette gloire inaltérable fleurira même en vieillissant.
La vie, le déploiement heureux, entier, surabondant, l’épanouissement des puissances naturelles et corporelles, voilà ce qui de tous côtés afflue sur les yeux et les réjouit.
La bonne foi, la liberté, la justice seront, avec la loi, les seules puissances régnantes.
Il y a dans le jeune homme beaucoup de Flaubert, et de ses désespérances, et de ses aspirations impossibles, et de sa mélancolie, et de sa misanthropie, et de sa haine des masses… Toute la composition, sauf le dialogue très enfantin, est d’une puissance étonnante pour l’âge où Flaubert l’a écrite.
Seulement, dans le train de la vie ordinaire, les personnes qui répètent une chose déjà dite par eux la répètent à peu près dans les mêmes termes, ils n’y ajoutent rien que la force même de la répétition qui a par elle-même une puissance propre. […] Quelle chose bizarre pourtant que la puissance du mot ! […] Je sais que sur les vœux on n’a point de puissance. […] Il me paraît bien qu’au moins la première partie de la comédie gagnerait en puissance, puisque nous verrions ainsi que la cause du malheur de Dandin est l’irréductible différence qui sépare une « demoiselle » d’un paysan, et non la sottise qu’il a faite en épousant la fille de deux vieilles bêtes.
Tout au rebours ; il y a même des indices en sens contraire ; car, si l’on ne peut imaginer géométriquement une quatrième dimension, on peut l’exprimer algébriquement, grâce à l’analogie des dimensions et des puissances, et la vraie raison que nous avons pour refuser à l’espace réel la quatrième dimension est encore une analogie.
* * * — Il y a chez moi un ennui produit par ceci : c’est que l’imagination, l’invention littéraire n’a point baissé chez moi, mais que je n’ai plus la puissance du long travail, la force physique avec laquelle on fait un volume écrit.
Et ces bustes de femmes, où dans la force et la puissance de l’exécution — ce qui n’arrive jamais chez les sculpteurs, qui font joli — il y a la délicatesse de construction, la finesse des arêtes, la mignonnesse des traits, et pour ainsi dire, la spiritualité matérielle de la créature féminine.
… — Nous sommes pourtant habitués à l’extraordinaire puissance des rimes.
Il y passe en revue les puissances les plus respectables de la terre, & leur insulte avec rage. […] Il est toujours resté des nuages sur leur dessein de se faire comprendre dans cette trève de vingt ans, proposée par Louis XIV, en 1684, aux puissances ennemies de la France ; sur leurs propositions de paix avec le monarque déjà rédigées par écrit ; sur leur contrat passé avec Antoinette Bourignon, femme plus visionnaire encore que riche, & dont les grands biens servirent à l’impression de dix-neuf gros volumes de pieuses rêveries & à la subsistance d’une foule de prosélytes fainéans ; sur cette isle de Nordstrand, près du Holstein, achetée d’abord par cette même Bourignon, sous le nom de son directeur, pour y rassembler une secte de mystiques, & revendue ensuite aux jansénistes, qui jamais n’y formèrent d’établissement.
D’une phrase à l’autre, nous en vînmes au gouvernement des Turcs, & nous nous réjouîmes de ce qu’enfin nous étions au moment de voir abattre la puissance de ce fier Sultan, qui a tant battu de têtes. […] La liberté donnée aux insurgens a singuliérement favorisé le commerce maritime ; au lieu qu’auparavant il falloit en quelque sorte demander aux Anglais la permission de courir les mers, comme si l’usage de ce fier élément n’étoit pas accordé à tous les hommes indistinctement par celui qui l’a créé, & qui le tient dans sa puissance pour le faire servir à nos besoins.
Sur tout ce qui concerne ce que nous appelons philosophie, on est en opposition avec elle et on le reste, en dépit des plus longs entretiens ; son naturel et ses sentiments valent mieux que sa métaphysique, et son esprit s’élève souvent jusqu’à la puissance du génie… » Et plus loin : « … Il n’y a de fatigant en elle, que l’agilité peu commune de sa langue, car elle met ses auditeurs dans la nécessité de se métamorphoser au point de n’être plus que l’organe de l’ouïe… » Goethe voit à son tour la célèbre femme de lettres, et il la juge avec finesse et courtoisie, mais aussi avec malice. […] Muses, filles du ciel ; brunes Charites, Euphrosyne, Thalie, riante Aglaé ; toi, Apollon à la lyre d’or : si je vous ai dès l’enfance fidèlement servis, répandez sur mes yeux une puissance qui me fasse voir (car il n’a pas cessé d’être debout dans ces lieux) le sanctuaire ombragé de lauriers des sœurs Euménides.