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2562. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre sixième »

Plus loin, dans la même pièce, voici l’imitateur du pétrarchisme qui, de la même plume, à propos de l’arrivée par mer de la nouvelle reine, écrit ces fadeurs solennelles : Quantes fois, lorsque sur les ondes Ce nouveau miracle flottoit, Neptune en ses caves profondes Plaignit-il le feu qu’il sentoit ! […] Il faut tâcher que les propositions embellissent le style, que les difficultés l’avivent, que les mystères le rendent curieux, les exagérations saillant, les renchérissements profond, les allusions dissimulé, les métaphores subtil ; que les ironies lui donnent du sel, les sentences de la gravité. » Il est vrai que Gracian ajoute : « A tout cela il faut mêler un grain de justesse ; car la prudence assaisonne tout. » Ce grain lui a plus d’une fois manqué1.

2563. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

M’a trop bien éclairé sur votre indifférence ; Et je dois vous montrer que les traits du mépris La Comédienne : — Le plus profond. […] — Entre ces deux médecins si profonds, si comiques, si admirablement savants, Odry, voyant qu’il n’y comprenait rien, s’est mis à rire de son rire bête. — On eût dit un crétin du Valais qui rencontre un éléphant. […] Supposez en effet, que Molière ait oublié, un instant, que son génie lui imposait le devoir de corriger les hommes en riant de leurs faiblesses, et vous tombez aussitôt dans les plus profondes noirceurs. […] À voir ce théâtre de l’Odéon noir, sombre et froid ; — à voir ces comédiens assoupis dans cette nuit profonde ; à l’aspect de ce bon Socrate assis dans le char de Médée, chariot barbouillé d’un nuage, sous lequel se montre encore la queue du dragon, on aurait cru assister à quelque mauvaise représentation de l’Eolosicon. […] Lui, mort, le xviie  siècle tout entier fut saisi d’une profonde indifférence pour cette comédie que le siècle de Louis XIV avait tant aimée.

2564. (1716) Réflexions sur la critique pp. 1-296

Mais ce n’est véritablement qu’une inattention, elle n’a prétendu parler que de nôtre orient qui lui paroît plus favorable à l’imagination ; et c’est pourquoi, selon elle, les égyptiens peu de temps après le déluge, avoient déja poussé fort loin plusieurs sciences, et sur tout la divination : folie que Me D leur compte pour une profonde découverte, et bien digne en effet d’un climat chaud ! […] Ils cherchent donc un sens mystérieux à quelque prix que ce puisse être ; et à la faveur d’une allégorie forcée, ils tournent en beautez profondes les défauts mêmes qui sautent aux yeux. […] Boivin, dont la profonde érudition mérite tant d’égards, et dont je respecte encore plus la probité que la science.

2565. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon » pp. 423-461

On se rappelle, dès les premiers chapitres des Mémoires, ce portrait presque effrayant du magistrat pharisien, du faux Caton, de ce premier président de Harlay, dont sous des dehors austères il nous fait le type achevé du profond hypocrite.

2566. (1860) Cours familier de littérature. IX « Le entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier (2e partie) » pp. 81-159

je ne saurais vous le dissimuler : j’emporte un profond sentiment de tristesse.

2567. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIe entretien. Phidias, par Louis de Ronchaud (2e partie) » pp. 241-331

XLVIII À mesure que nous descendions vers le fond de la vallée profonde et déserte qu’ombragent le temple de Thésée, le Pnyx, l’Aréopage et la colline des Nymphes, nous découvrions une plus vaste étendue de la ville moderne qui se déployait sur notre gauche, semblable en tout à ce que nous avions vu ailleurs.

2568. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (3e partie) » pp. 5-79

Il avait pour mobile l’indignation habituelle, l’amertume de l’âme, le profond sentiment des iniquités subies, la réaction, même contre les bons, les innocents et les justes, s’il y en a.

2569. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Edmond et Jules de Goncourt »

Voici un paysage de MM. de Goncourt : La lune pleine, rayonnante, victorieuse, s’était tout à fait levée dans le ciel irradié d’une lumière de nacre et de neige, inondé d’une sérénité argentée, irisé, plein de nuages d’écume qui faisaient comme une mer profonde et claire d’eau de perles ; et sur cette splendeur laiteuse, suspendue partout, les mille aiguilles des arbres dépouillés mettaient comme des arborisations d’agate sur un fond d’opale… Anatole prit à gauche… Il était dans une petite clairière.

2570. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre quatrième. Les émotions proprement dites. L’appétit comme origine des émotions et de leurs signes expressifs. »

Si la bouche est ouverte, c’est, en premier lieu, parce que le relâchement des muscles, dont a fui une partie de l’innervation nerveuse employée au cerveau, fait tomber la mâchoire par son propre poids ; en second lieu, la bouche ouverte permet une inspiration profonde, nécessaire toutes les fois que nous avons quelque effort énergique à accomplir ; enfin elle rend plus facile l’inspiration même, qu’activent les battements du cœur sous l’influence de l’étonnement comme de la crainte.

2571. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Théâtre » pp. 83-168

Puis sur les planches je ne trouve pas le champ à de profondes et intimes études des mœurs, je n’y rencontre que le terrain propre à de jolis croquetons parisiens, à de spirituels et courants crayonnages à la Meilhac-Halévy ; mais, pour une recherche un peu aiguë, pour une dissection poussée à l’extrême, pour la récréation de vrais et d’illogiques vivants, je ne vois que le roman ; et j’avancerais même que si par hasard le même sujet d’analyse sérieuse était traité à la fois par un romancier et un auteur dramatique, — l’auteur dramatique fût-il supérieur au romancier, le premier aurait l’avantage et le devrait peut-être aux facilités, aux commodités, aux aises du livre.

2572. (1856) Cours familier de littérature. I « Ve entretien. [Le poème et drame de Sacountala] » pp. 321-398

Aussi, plusieurs années se passèrent sans que je pensasse à recourir à ce moyen ; et ce premier germe de désir, déposé dans mon esprit par Sacountala elle-même, y demeura longtemps enseveli dans la plus profonde inaction.

2573. (1856) Cours familier de littérature. II « XIe entretien. Job lu dans le désert » pp. 329-408

C’est là véritablement le profond de l’abîme, le comble de l’infirmité humaine, que, là où l’homme dégoûté de la vie se précipite dans la foi d’une autre vie, seule explication de l’énigme de celle-ci, il trouve, quoi ?

2574. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre III. Poëtes françois. » pp. 142-215

Il est d’autant plus fâcheux que l’Abbé Goujet n’ait pas su se borner, qu’il étoit très-capable de faire des recherches profondes, & qu’il étoit aussi exact que laborieux.

2575. (1855) Préface des Chants modernes pp. 1-39

On n’entend rien que la roue qui chante en battant la rivière, que les coups profonds du marteau et le sifflement aigu de sa chute.

2576. (1898) La cité antique

Ce sentiment était profond et puissant dans leurs âmes. […] Qu’il nous suffise de faire remarquer ici que cette altération profonde que la démocratie a introduite dans le régime de la gens est de nature à dérouter ceux qui veulent en connaître la constitution primitive. […] C’est ainsi que la religion établissait entre le citoyen et l’étranger une distinction profonde et ineffaçable562. […] Ce que nous avons vu jusqu’ici des anciennes institutions et surtout des anciennes croyances a pu nous donner une idée de la distinction profonde qu’il y avait toujours entre deux cités. […] La ligne de démarcation était si profonde qu’on imaginait à peine que le mariage fût permis entre habitants de deux villes différentes.

2577. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Saint-Arnaud. Ses lettres publiées par sa famille, et autres lettres inédites » pp. 412-452

Tout compte fait, et malgré les chances de guerre en Europe, il aime mieux l’Afrique pour le quart d’heure, bien assuré que, si l’on se bat en Europe, tout le monde en sera : « Ici, je sers mon pays, et je m’éloigne des mauvaises passions. » Le maréchal Bugeaud, rappelé dès ce temps-là à des commandements importants et consulté par le prince président de la République, dut lui donner les premières impressions avantageuses sur Saint-Arnaud comme officier général de grand avenir et comme homme de nerf à employer dans l’occasion : sa mort soudaine arrache à Saint-Arnaud des témoignages bien dus de regret et de profonde douleur.

2578. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Ma biographie »

Mais que des journaux, qui se piquent d’accepter et de vouloir le régime nouveau, combattent ouvertement, par des raisonnements empruntés à l’ordre légal, cette expression publique de pieux souvenirs ; qu’ils viennent nous montrer dans Bories et ses compagnons des hommes pleins de courage sans doute, mais contraires aux lois ; qu’ils nous rappellent avec patelinage que ce fut un jury et non un tribunal révolutionnaire, non une cour prévôtale, qui fit tomber ces têtes ; — comme si ce jury n’avait pas été désigné par le préfet, contrôlé par le président du tribunal et présidé par un agent du pouvoir ; — que, par une induction odieuse, jésuitique et impie, ils ne voient dans Bories et ses compagnons que des ennemis de cette Restauration dont MM. de Polignac, de Peyronnet et autres étaient aussi les ennemis à leur manière, et qu’ils assimilent sans pudeur les victimes de 1822 aux traîtres de 1830, il y a là une révélation profonde sur la manière dont un certain parti juge ce qui s’est passé en juillet, et un précieux éclaircissement sut les arrière-pensées qu’il nourrit.

2579. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DE LA MÉDÉE D’APOLLONIUS. » pp. 359-406

N’y eût-il que le passage suivant, il n’y aurait pas moyen d’en douter : « La nuit, continue Apollonius, la nuit vint ensuite, amenant les ténèbres sur la terre ; les nautoniers sur la mer avaient les yeux fixés vers la grande Ourse et vers les étoiles d’Orion ; c’était déjà l’heure où tout voyageur et tout gardien aux portes des villes106 commence à désirer le sommeil ; un assoupissement profond s’emparait même des mères dont les enfants sont morts.

2580. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LA FAYETTE » pp. 249-287

Les lettres de l’incomparable amie, qui vont d’une manière ininterrompue précisément à partir de ce temps-là, permettent de suivre toutes les moindres circonstances et jusqu’à l’heureuse monotonie de cette habitude profonde et tendre : « Leur mauvaise santé, écrit-elle, les rendoit comme nécessaires l’un à l’autre, et…leur donnoit un loisir de goûter leurs bonnes qualités qui ne se rencontre pas dans les autres liaisons… A la cour, on n’a pas le loisir de s’aimer : ce tourbillon qui est si violent pour tous étoit paisible pour eux, et donnoit un grand espace au plaisir d’un commerce si délicieux.

2581. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier »

A ses profondes préoccupations érudites, sir Herbert joignait par accident certaines vues libres, romantiques, comme des ressouvenirs du biographe d’Young.

2582. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre I. De l’action »

Ces détails prouvent que chaque orateur fait sur soi « une réflexion profonde. » En s’enfonçant ainsi en soi-même, il y trouve des particularités qui n’appartiennent qu’à lui et que seul il peut y trouver.

2583. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIe entretien. Littérature latine. Horace (1re partie) » pp. 337-410

Une vallée profonde, qui entrecoupe une chaîne de montagnes, reçoit à droite les rayons du soleil à son lever et se colore des clartés vaporeuses de son char qui fuit.

2584. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CIXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (1re partie) » pp. 5-79

« La beauté et la majesté de son visage ne s’étaient pas altérées depuis Rome ; il inspirait tout à la fois la plus profonde vénération et l’amour le plus dévoué.

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