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700. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mme du Châtelet. Suite de Voltaire à Cirey. » pp. 266-285

Une réflexion pourtant se présente, et elle-même n’était pas sans se la faire : quelle témérité d’aller confier son bonheur, sa destinée, tout son avenir comme femme, à un homme de lettres, aussi homme de lettres que Voltaire, à un poète aussi poète, et à la merci, chaque matin, de son tempérament irritable ! […] Un libelle de l’abbé Desfontaines l’avait tellement mis hors de lui, qu’il voulait, à chaque poste où il recevait des lettres, partir pour Paris, voir les ministres, le lieutenant criminel, présenter requête, porter plainte, que sais-je ? […] Cela peut être vrai philosophiquement ; mais, présentée de cette manière et avec cette crudité, une telle proposition, sous forme de théorème, a un air peu moral et tout physique qui déplaît, et presque qui offense.

701. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Balzac. » pp. 443-463

La première partie de ce roman (La Cousine Bette) présente des caractères d’une grande vérité, et aussi des exagérations telles qu’en a presque inévitablement l’auteur. […] Cependant il se relevait déjà, et méditait de peindre à bout portant cette société nouvelle sous la quatrième forme dans laquelle elle se présentait à lui. […] Qu’elle fasse trêve du moins, qu’elle se repose ; qu’elle laisse aussi à la société le temps de se reposer après l’excès, de se recomposer dans un ordre quelconque, et de présenter à d’autres peintres, d’une inspiration plus fraîche, des tableaux renouvelés.

702. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le duc d’Antin ou le parfait courtisan. » pp. 479-498

Après avoir fait son temps à l’Académie, c’est-à-dire s’être dressé aux divers exercices de corps, au cheval, aux armes, et à tout ce qui constituait un jeune homme de qualité accompli, d’Antin, à l’âge de dix-huit ans, entra au service ; on lui eut une place de sous-lieutenant dans un corps d’élite, dans le régiment du Roi, et il eut la permission, avant de partir, d’aller saluer le roi lui-même à Fontainebleau : M. le duc de Bellegarde, mon oncle, fut chargé de me présenter. […] D’Antin fût présenté au roi le lendemain 4 ; le roi fut bref avec lui ; d’Antin ne pouvait que lui rappeler une idée désagréable, c’est qu’un autre l’avait précédé. […] Mesdames, s’écria la duchesse de Bourgogne qui était présente, si le roi avait demandé nos têtes, M. d’Antin les aurait fait tomber de même. » Je n’oserais affirmer qu’un peu de légende ne se soit pas glissé dans ces deux histoires qui se répètent un peu, en renchérissant l’une sur l’autre.

703. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — I. » pp. 84-104

Il y a une manière plus poétique, plus généreuse peut-être, plus magnifique, qui consisterait à voiler les défauts, à faire ressortir les belles et grandes qualités, à l’en envelopper et à l’en couvrir, à l’accepter selon l’attitude si chevaleresque et si fière dans laquelle il aimait à se présenter à tous, à ses amis, au public, aux adversaires, et dans laquelle la mort l’a saisi. […] Les comités directeurs avaient dit aux libéraux français qu’ils envoyaient en Espagne : Vous vous organiserez militairement ; vous vous présenterez devant le front de la division française qui vous fera face ; vous recevrez sans y répondre le feu de l’avant-garde, qui sera probablement contre vous, mais le gros de l’armée ne tardera pas à se rallier autour de votre drapeau. […] Un exemplaire unique du National, dans lequel les noms des auteurs sont indiqués d’une manière authentique au bas des articles (presque tous alors anonymes), me permettra de l’étudier durant ce laps de six mois et de le présenter au public avec certitude.

704. (1892) L’anarchie littéraire pp. 5-32

Bien qu’ils aient produit un nombre incalculable de livres, ils n’ont pas à présenter une seule œuvre de résistance. […] D’abord, le front large présente une apparence de convexité où le cerveau évolue à son aise ; les yeux ont une sorte d’attirance magnétique ; ombragés sous des sourcils épais, à demi cachés sous des paupières presque immobiles, ils donnent l’impression d’un être mystérieux à la fois cruel et doux ; la dilatation des paupières, le teint vermeil des lèvres dénotent de formidables appétits sensuels. […] De nombreux écrivains l’ont déjà compris et toute une légion de poètes latents est prête à affirmer avec eux l’existence de l’école socialiste. » Mais si le succès du socialisme semble assuré pour l’avenir, on ne peut pas dire que cela soit vrai pour l’heure présente.

705. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre X : M. Jouffroy psychologue »

Cousin, à ce moment, entendait la philosophie à la façon des Allemands et la présentait comme une sorte d’architecte, ayant pour maçons les autres sciences, et occupée à construire un édifice unique avec les pierres qu’elles lui taillent. […] Jouffroy entendit toujours la philosophie à la manière anglaise, et la présenta comme une science particulière, opposée aux sciences physiques, ayant pour objet non le tout, mais un fragment du tout, et restreinte aux phénomènes moraux et spirituels, comme les sciences physiques sont restreintes aux phénomènes sensibles et matériels. […] On vous a présenté une planche, et vous avez dit successivement, en parcourant successivement les divisions tracées à la craie : « Voici un carré de la planche, voici un rectangle de la planche, voici un losange de la planche.

706. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » pp. 150-151

Une morale saine, des sentimens délicats, des caracteres bien saisis & bien développés, des événemens présentés avec art, des réflexions naturelles & répandues avec choix, y forment un tableau intéressant, dont le but est d’inspirer l’horreur du vice & l’amour de la vertu.

707. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 83-84

Il seroit difficile de présenter sous un jour plus frappant le Charlatanisme, les intrigues, les manéges & tous les travers de la Philosophie moderne, qu’ils ne le sont dans ces Mémoires ; Production vraiment originale, où la critique est mise en action de la maniere la plus piquante & la plus capable de faire impression sur les esprits mêmes prévenus.

708. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — N. — article » pp. 417-418

L’Abbé Nollet lui fit une visite, & lui présenta un Exemplaire de ses Ouvrages ; celui-ci répondit froidement, en jetant les yeux sur le titre, qu’il étoit sensible à sa politesse, mais qu’il ne lisoit pas ces sortes d’Ecrits.

709. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 552-553

Le Public, toujours Juge équitable, quoique très-peu attentif à se défier des préjugés, revint enfin à admirer ce qui est vraiment admirable, & réprouva l’Idole absurde qu’on lui avoit présentée.

710. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 204-205

Mille traits singuliers présentés avec adresse, y flattent la curiosité & saisissent l'esprit du Lecteur.

711. (1925) Feux tournants. Nouveaux portraits contemporains

C’est chez Edmond Jaloux que Miomandre lui est alors présenté. […] Raymond Radiguet ne souffrit pas que d’être présenté au monde comme un phénomène. […] Bernstein présentait un caractère, dont il était le maître absolu, qui allait créer un conflit et non point dépendre de lui. […] Julien Benda, Belphégor : essai sur l’esthétique de la présente société française, Émile-Paul frères, 1918. […] Comédie dramatique en 3 actes et 5 tableaux, présentée au Théâtre du Gymnase le 12 octobre 1922.

712. (1916) Les idées et les hommes. Troisième série pp. 1-315

Tout frémissant de la passion présente, l’art est le même ; il frémissait déjà et s’apprêtait à frémir davantage. […] Jacques Bainville nous a présenté, si simple, si net. […] Non que je veuille le présenter comme un grand écrivain déjà. […] L’auteur n’a pas commis la faute de nous présenter un petit garçon comme un apôtre de morale. […] Quiconque souffre de la présente guerre — et qui n’en souffre pas jusqu’au tréfonds de son être ?

713. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1888 » pp. 231-328

Oui, à l’heure présente, Mme Gibert et Crispin — qu’est devenu Cheylus ? […] Or, ni Tolstoï, ni Dostoïewski, ni les autres à leur suite, ne l’ont inventée cette littérature russe de l’heure présente, ils nous l’ont prise, en la mâtinant très fort de Poë. […] Comme là-dessus, Daudet disait les belles choses qu’il y aurait à écrire, en faisant causer des vieilles gens de la province, je lui avouais, qu’au commencement de ma carrière, j’avais été mordu de l’envie de faire un volume des bonshommes de la Lorraine, dans les premières années du siècle, d’après les racontars récoltés dans le pays de ma naissance, et qu’à l’heure présente, c’est un de mes grands regrets de ne l’avoir pas fait, ce volume ! […] Oui, à propos de cette scène, quand je lui ai lu la pièce, Porel m’a dit, que c’était d’un comique lugubre, mais c’est le comique de l’heure présente, le comique fouetté, nerveux, épileptique, hélas ! […] Sarcey, ce mangeur de prêtres, par cette droite agissant contre moi, l’auteur de l’Histoire de la Société pendant la Révolution, de l’Histoire de Marie-Antoinette… Il y a vraiment dans les choses humaines, à l’heure présente, trop d’ironie !

714. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Couyba, Charles-Maurice (1866-1931) »

Dans le recueil que nous donne aujourd’hui le nouveau poète que j’ai le plaisir de vous présenter, vous trouverez l’émotion, la belle candeur, tour à tour forte et charmante de la jeunesse — la jeunesse !

715. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — J. — article » pp. 527-528

Ce n’est pas qu’il ait tiré tout de son propre fonds : la vie d’un homme ne suffiroit pas pour produire une si grande abondance d’idées & de préceptes sur tant de matieres différentes : mais on doit lui savoir gré d’avoir soutenu si courageusement la fatigue & le dégoût des recherches, & d’avoir présenté les pensées d’autrui sous un jour qui les rend plus sensibles & plus intéressantes que dans les originaux.

716. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 126-127

Ces Histoires sont écrites d’ailleurs d’un style, tantôt simple & tantôt noble, tantôt grave & tantôt rapide, selon la différence des objets qui se présentent.

717. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 156-157

Tous les objets sont présentés sous un jour qui aide autant le jugement que la mémoire.

718. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Préface »

L’ordre naturel de ce livre, qui n’est autre que l’ordre même des périodes diverses de ma vie, amène une sorte de, contraste entre les récits de Bretagne et ceux du séminaire, ces derniers étant tout entiers remplis par une lutte sombre, pleine de raisonnements et d’âpre scolastique, tandis que les souvenirs de mes premières années ne présentent guère que des impressions de sensibilité enfantine, de candeur, d’innocence et d’amour. […] Or les croyances ne sont dangereuses que quand elles se présentent avec une sorte d’unanimité ou comme le fait d’une majorité indéniable.

719. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 272-292

En cachant au jeune Télémaque l’assistance d’une Divinité toujours présente, il a l’art de ne rien dérober à sa gloire ; la vertu du jeune Grec en est plus vigilante & plus ferme, ses triomphes en sont plus glorieux & plus solides, ses dangers plus intéressans, ses succès plus flatteurs. […] Avoir présenté Fénélon sous les traits qui lui assurent les honneurs de l’Epopée, c’est n’avoir fait connoître qu’une partie de ses talens.

720. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XX. M. de Montalembert »

En effet, je ne sais guère, — pas plus que M. de Montalembert, — ce que deviendra son histoire ici présente, mais je crois savoir ce qu’elle vaut, et je veux même essayer, s’il veut bien me le permettre, de le lui montrer. […] Dans des notes combinées sans doute pour resserrer des liens déjà chers, M. de Montalembert n’a pas manqué de nous présenter tout le personnel du Correspondant, vivants et morts, et sa scrupuleuse exactitude à nommer tout le monde et à n’oublier personne du cénacle dont il est l’oracle est telle, qu’on finit par ne plus savoir si Les Moines d’Occident, cette suite de petites histoires, transcrites et traduites d’histoires plus longues et mieux racontées, sont, tels que les voilà, une besogne faite par un seul homme ou par sa petite société.

721. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXX. De Fléchier. »

L’oraison funèbre du premier président de Lamoignon présente d’un bout à l’autre le tableau d’un magistrat et d’un sage. […] Alors il fait voir ce grand homme étendu sur ses trophées ; il présente l’image de ce corps pâle et sanglant, auprès duquel, dit-il, fume encore la foudre qui l’a frappé, et montre dans l’éloignement les tristes images de la religion, et de la patrie éplorée.

722. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIe entretien. Phidias, par Louis de Ronchaud (2e partie) » pp. 241-331

J’étais ivre de marbre ; j’avais dix-huit ans, âge où les impressions sont des vertiges ; je n’osais pas me faire présenter à Canova ; j’adorais en silence et de loin son génie. […] VIII Le cardinal Consalvi me présenta, dans ce salon, à Canova. […] À l’extrémité de ce mamelon, du côté de la mer Égée, se présente le Parthénon, ou le temple de Minerve, vierge sortie du cerveau de Jupiter. […] Je ne veux voir que ce que Dieu ou l’homme ont fait de beau ; la beauté présente, réelle, palpable, parlante à l’œil et à l’âme, et non la beauté de lieu et d’époque, la beauté historique ou critique, celle-là aux savants. […] Il ne présentait à l’œil que la majestueuse simplicité de ses lignes architecturales.

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