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512. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — I — Ibels, André (1872-1932) »

Sa lèvre en a retenu la saveur exquise et s’est parfumée de beauté ; sa langue poétique est d’une souplesse remarquable par le charme des épithètes, la variété de composition et les rythmes cadencés.

513. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — [Introduction] » p. 251

[Introduction] Avoir démontré, comme nous l’avons fait dans le livre précèdent, que la sagesse poétique fut la sagesse vulgaire des peuples grecs, d’abord poètes théologiens, et ensuite héroïques, c’est avoir prouvé d’une manière implicite la même vérité relativement à la sagesse d’Homère.

514. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rency, Georges (1875-1951) »

Des vers, certes, et de forts beaux, qui sans être absolument libres, ne s’embarrassent pas d’un « art poétique » de congrégation.

515. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Reynaud, Charles (1821-1853) »

Armand de Pontmartin Après les grandes dates poétiques, il en est d’autres qui occupent heureusement les intervalles, rompent la prescription et sont comme des anneaux plus modestes rattachant entre eux les anneaux d’or ; Les Épîtres, Contes et Pastorales méritent un des premiers rangs parmi ces aimables intermédiaires.

516. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 384

Adorateur & Commentateur de Boileau, il auroit affoibli la gloire de ce Poëte par des détails minutieux & puériles, si le Lutrin, l’Art Poétique & la plus grande partie de ses Ouvrages n’étoient de nature à résister à la fadeur de l’encens.

517. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe » pp. 81-160

VIII Après les premières études faites sous l’œil de son père, le talent poétique se révéla dans le jeune adolescent par le premier amour, ce révélateur du beau dans tous les cœurs nés pour aimer. […] La fréquentation de Herder mûrit de bonne heure le génie aussi philosophique que poétique de Goethe. […] Quant à moi, je ne m’en cache pas, Werther a été une maladie mentale de mon adolescence poétique ; il a donné sa note aux Méditations poétiques et à Jocelyn ; seulement la grande religiosité qui manquait à Goethe, et qui surabonde en moi, a fait monter mes chants de jeunesse au ciel au lieu de les faire résonner comme une pelletée de terre sur une bière dans le sépulcre d’un suicide. […] — Je suis l’Esprit qui nie tout et toujours ; je lutte contre tout ce qui est pour le vicier ou le détruire, et je ne puis réussir : tout renaît et subsiste malgré moi. » Ceci est dit en vers d’une métaphysique aussi poétique qu’elle est profonde, mais c’est le sens. […] Les deux personnages, l’un menant l’autre, apparaissent ensuite dans un long sabbat de sorcières, vaine imitation de Shakespeare, puérilité poétique grotesque de détails, qui n’est propre qu’à amuser l’imagination d’enfants ou de la populace dans un conte de fée.

518. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (2e partie) » pp. 1-80

Pendant ces pèlerinages, la poétique fureur qui le possède va s’exaltant de plus en plus ; ivre d’admiration pour les quatre grands maîtres italiens et impatient de se placer auprès d’eux, s’il rencontre sur sa route un journal dans lequel ses premières tragédies sont librement appréciées, il traite la presse littéraire avec une violence où l’on sent à la fois l’orgueil du patricien et l’irritabilité d’une âme en peine. […] Je reprends ma charmante et poétique route de Pistoja à Modène, je passe comme un éclair à Mantoue, à Trente, à Inspruck, et de là par la Souabe, j’arrive à Colmar, ville de la haute Alsace, sur la rive gauche du Rhin. […] Pendant ce voyage, la veine poétique se rouvrit en moi, plus abondante que jamais, et il n’y avait guère de jour où celle qui avait sur moi plus d’empire que moi-même ne me fit composer jusqu’à trois sonnets et plus encore. […] Le plaisir de me sentir libre et de fouler avec mon amie ces mêmes chemins que plusieurs fois j’avais parcourus pour aller la voir ; la satisfaction de pouvoir, à mon gré, jouir de sa sainte présence, et de reprendre sous son ombre mes études chéries, tout ce bonheur me remit tant de calme et de sérénité dans l’âme, que, d’Augsbourg à Florence, la source poétique s’ouvrit de nouveau, et les vers jaillirent en foule. […] « Après avoir ainsi disposé et mis en ordre mon second patrimoine poétique, je cuirassai mon cœur, et j’attendis les événements…… « Après avoir ainsi réglé ma manière de vivre, j’encaissai tous mes livres, excepté ceux dont j’avais besoin, et je les envoyai dans une villa, hors de Florence, pour voir si je pourrais éviter de les perdre une seconde fois.

519. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXIXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (1re partie) » pp. 241-314

Sainte-Beuve, un de ces esprits tout à la fois philosophiques, poétiques et critiques, qui creusent un sujet ou un homme avec une seule note, en parle ainsi : Il n’avait rien en lui de supérieur. […] Il rédigea ensuite une sorte de traité de critique et de poétique à son intention. […] Quand Napoléon, après la paix de Tilsitt, vint à Weimar, Goethe témoigna, pour l’homme des grands exploits militaires, une partialité plus que poétique ; il fut flatté d’en être distingué. […] À mes rêveries et à mes créations poétiques je dois mon vrai bonheur. […] Il aurait fallu pour cela que la destinée m’eût fermé plus hermétiquement et plus obstinément toutes les carrières de la vie active… Si j’avais concentré toutes les forces de ma sensibilité, de mon imagination, de ma raison dans la seule faculté poétique… je crois… que j’aurais pu accomplir quelque œuvre non égale, mais parallèle aux beaux monuments poétiques de nos littératures… Il en a été autrement, il est trop tard pour revenir sur ses pas !

520. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Maucroix, l’ami de La Fontaine. Ses Œuvres diverses publiées par M. Louis Paris. » pp. 217-234

Il avait joui en son temps et dans sa saison d‘une certaine célébrité poétique ; on le citait pour ses madrigaux, pour ses épigrammes ; il y eut un couplet de lui qui se chantait partout en 1663. […] La date de la fleur de Maucroix, son beau moment parisien, est vers 1647 et un peu auparavant ; à ses débuts, il se rattachait à la littérature poétique de Godeau, de Maynard, surtout de Racan. […] C’est pendant qu’il était à Rome que Maucroix reçut de La Fontaine ce récit moitié vers et moitié prose qui contient la description des Fêtes de Vaux, et qui était une sorte de dépêche poétique tout en l’honneur du surintendant (août 1661).

521. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — I » pp. 57-75

Les principaux de ces poètes, ceux qui avaient le plus d’avenir, se rattachaient à l’ordre d’idées et d’affections inaugurées dès le commencement du siècle par M. de Chateaubriand, et dont la Restauration favorisait le réveil ; et, pour cette autre initiation qui tient plus particulièrement à la forme poétique, ils aimaient à se réclamer d’André Chénier, non pas tant pour l’imiter directement que par instinct de fraîcheur, de renouvellement, et par amour pour cette beauté grecque dont il nous rendait les vives élégances et les grâces. […] Il sortit de là plein d’enthousiasme et chargé de munitions poétiques, et il leva son drapeau. […] Le poète dans ces sonnets imite habituellement Pétrarque, et par endroits avec fraîcheur et sentiment ; il y a des expressions heureuses, de ces images qui enrichissent la langue poétique : Sur le métier d’un si vague penser Amour ourdit les trames de ma vie.

522. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier »

Mais puisque j’ai pu moi-même me tirer d’affaire avec elle, malgré mon peu d’habileté à parler français, vous n’éprouverez nulle difficulté, grâce à votre plus grand usage de la langue. » Besoin de raisons et d’explications à l’infini, subtilité de raisonnement, finesse et promptitude d’analyse, côté oratoire, dramatique, intelligence générale, éloquence, lacune poétique, tout cela est bien marqué dans ce jugement sur elle, et la sympathie, comme il convient, domine. […] Bonstetten, par exemple, un véritable homme d’esprit et un fin juge, disait de la critique impartiale qu’il trouvait à Coppet, et en particulier de celle dont il était redevable à Mme de Staël : « Elle est si libre de préjugés, si claire, que je vois mes tableaux dans son âme comme dans un miroir. » Il disait encore, dans une lettre à une poétique amie qu’il avait en Danemark : « Je vois Mme de Staël très souvent, et si je ne dîne chez elle qu’une fois par semaine, j’ai la guerre. […] Mais Schlegel m’est insupportable. » Sur l’absence du sentiment de l’art, on peut toutefois remarquer que ce jugement de Bonstetten est antérieur au voyage de Mme de Staël en Italie ; sur le manque du sens poétique, on voit qu’il est tout à fait d’accord avec Schiller.

523. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

Il va jusqu’à dire que ce n’est pas seulement dans la mémoire et la conscience de l’humanité que subsiste, selon lui, l’œuvre de quiconque est digne de vivre, car il y en a, et des meilleurs, qui sont restés obscurs ; il ajoute que « c’est aux yeux de Dieu seul que l’homme est immortel. » Il peut y avoir dans tout ceci, je le sais, la part à faire à un certain langage poétique, métaphorique, dont l’écrivain distingué se prive malaisément. […] Renan s’exprimer lui-même en l’une de ses effusions poétiques les plus touchantes. À la fin de la préface d’un de ses recueils à propos d’un travail sur la Poésie des races celtiques, qu’il y a inséré, il se plaît à revenir en arrière, à repasser sur les souvenirs, les piétés et même les mystiques superstitions de ses pères ; il se met tout à coup à regretter que les humbles marins, ses aïeux, n’aient pas tourné leur gouvernail, n’aient pas laissé dériver leur barque vers d’autres rivages ; il se suppose un moment enfant attardé, fidèle, de la pauvre et poétique Irlande ; écoutez !

524. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite) »

Après son premier jet poétique et sa première moisson si riche, si puissante et comme indomptable, il s’apaisa, parut avoir tout donné, et se mit à étudier le monde en savant. […] On a trop demandé à mon activité soit extérieure, soit intérieure. — À mes rêveries et à mes créations poétiques je dois mon vrai bonheur ; mais combien de troubles, de limites, d’obstacles n’ai-je pas rencontrés dans les circonstances extérieures ! […] Il sent vivre et s’éveiller en lui des pensées poétiques et philosophiques ; il les a bues avec l’air qui l’entoure, mais il s’imagine qu’elles lui appartiennent, et il les exprime comme siennes.

525. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite) »

On entend le bruit de la vague qui nous dit que nous passons, et l’on jette un regard sur la scène variée du rivage qui s’enfuit. » Ces charmants passages de Ducis m’en rappellent de tout pareils dans les lettres de Béranger : même philosophie riante et résignée, mêmes images poétiques à la fois et naturelles ; mais, chez Ducis le tragique, il s’y mêle bientôt des tons plus sombres et qui montent. […] Je ne sais à quel degré de talent je pourrai m’élever dans mes ouvrages ; mais si la nature m’a donné une façon particulière de la voir et de la sentir, je tâcherai de la manifester franchement, sans autre poétique que celle de la nature, avec une douceur d’enfant et une violence de tourbillon. […] Tel qu’il apparaît jusque dans son incomplet, et tout mal servi qu’il était par l’instrument insuffisant de la langue poétique d’alors, par cette versification solennelle qui, dans le noble, excluait les trois quarts des mots, presque toutes les particularités de la vie et tous les accidents de l’existence réelle, ce poète en Ducis éclatait assez pour se donner à tout instant la joie de l’air libre et de la grande carrière, tandis que le pauvre Deleyre avec son expression hésitante, ses nuances exquises, suivies d’empêchement et de mutisme, n’était qu’un malade, un romantique venu avant l’heure et cherchant sa langue.

526. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre V. De la littérature latine, pendant que la république romaine durait encore » pp. 135-163

Ennius, le meilleur des trois, est un poète incorrect, obscur, et d’une imagination peu poétique. […] Au moment où il a écrit l’Art poétique, les plus fameux poètes du siècle d’Auguste existaient ; et il paraît que l’Énéide même était déjà connue. […] Quel rapport peut-il y avoir entre le caractère, les talents et les goûts d’un tel peuple pendant qu’il était républicain, et tout ce que nous lisons de l’enthousiasme du peuple grec pour le perfectionnement de l’art dramatique et poétique ?

527. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre V. La littérature et le milieu terrestre et cosmique » pp. 139-154

Il se délivre des antiques superstitions ; il devient moins poétique peut-être, mais plus raisonnable. […] Elle contribua pour sa large part à la floraison poétique de la Renaissance, aux spéculations élargies des philosophes, à l’essor plus hardi de l’esprit humain. […] Il était convenu alors que le voyage était ce qu’il y avait de plus poétique, surtout s’il était agrémenté de quelque accident, comme diligence versée, rencontre de brigands, route perdue dans la nuit, etc.

528. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. de Lamartine. (Les deux premiers volumes. — Pagnerre.) » pp. 389-408

Or, ce n’est certainement qu’au moyen d’une licence poétique que M. de Lamartine peut venir se représenter à nous, dès le début, sous ces traits d’une chronologie complaisante et adoucie. […] Il jette à travers le tout un souffle d’éloquence et d’intelligence poétique qui est bien à lui. […] J’allais oublier un portrait de l’impératrice Marie-Louise, qui est toute une réhabilitation et une révélation : elle y est peinte touchante, poétique, une Tyrolienne sentimentale, le regard plein de rêves, d’horizons intérieurs et mystérieux.

529. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Les Faux Démétrius. Épisode de l’histoire de Russie, par M. Mérimée » pp. 371-388

Lucien, qui se moque de ces historiens prétendus poétiques, qui ont, au début, des invocations pleines d’emphase, Lucien, qui veut de la simplicité dans l’histoire, admet pourtant que le style y participe, en certaines occasions, de la poésie : « Il faut alors qu’un petit vent poétique enfle les voiles du navire, et le tienne élevé sur le sommet des flots. » Il ne veut point que la diction s’élève trop, il suffit que la pensée soit un peu plus haut que l’expression, celle-ci à pied et tenant de la main, comme en courant, l’autre qui est montée et qui devance. […] Ce sont ces touches fines et poétiques qui font le charme des jolis récits de M. de Musset.

530. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre III : La littérature du xviiie et du xixe  siècle »

S’il eût vécu en ce temps-là, Boileau l’eût rendu peut-êtreplus difficile sur la correction ; mais en retour il eût appris à Boileau un idéal de l’élégie et de l’idylle bien autrement aimable que celui de l’Art poétique. » Cependant, quelque agrément et quelque intérêt que puisse avoir la littérature proprement dite au xviiie  siècle, il est clair que ce grand siècle n’est pas là, il est tout entier dans la philosophie et dans ces quatre hommes illustres : Voltaire, Buffon, Montesquieu et Rousseau. […] Et ce n’est pas comme Chateaubriand la beauté poétique et littéraire du christianisme qui a touché Rousseau, c’est la beauté morale. […] Chaque génie se fait sa poétique à lui-même.

531. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rocher, Edmond (1873-1948) »

Émile Strauss Sur un avis appréciatif de l’art poétique de M. 

532. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXIXe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe (2e partie) » pp. 161-232

III L’acte qui suit est une puérilité savante et poétique intercalée hors de propos par le poète comme un ballet infernal et vertigineux dans le drame humain. […] Goethe ne la laissa transpirer que page à page de son portefeuille poétique. […] Après avoir terminé Faust dans la paisible solitude de son séjour à Rome et en avoir envoyé seulement quelques fragments à ses amis d’Allemagne, il revint à la pure épopée, son premier amour poétique. […] Nous eûmes, sans nous être entendus, et à la différence près du talent, la même pensée née du même temps : faire descendre la poésie des nuages, et l’introduire comme un hôte de tous les jours et de toutes les conditions au foyer domestique de famille, chez le savant comme chez l’ignorant, chez le riche comme chez le pauvre ; changer en pain quotidien de toutes les âmes pensantes ou aimantes cette ambroisie poétique jusque-là réservée aux dieux de ce monde. […] Le prince lui avait préparé une charmante maison, retraite silencieuse et poétique propre à l’entretien du philosophe avec ses idées et du poète avec ses rêves.

533. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hugo, Victor (1802-1885) »

Tout ce qui était jeune, vaillant, amoureux, poétique, en reçut le souflle. […] Louis Étienne Les Chansons des rues et des bois, la dernière cargaison poétique envoyée de Guernesey, ont été accueillies par une bourrasque, et pourtant plusieurs pièces originales ou ingénieuses et nombre détachées méritaient une plus heureuse traversée. […] Henri de La Pommeraye Victor Hugo a fait la plus admirable des Poétiques en écrivant le livre intitulé : William Shakespeare, dont la pensée féconde se résume en ces deux formules : l’Art pour le Progrès, le Beau utile. […] Un souffle vraiment poétique le remplit ; chez lui, tout est germe et sève de vie. […] Il a su transmuter la substance de tout en substance poétique, ce qui est la condition expresse et première de l’art, l’unique moyen d’échapper au didactisme rimé, cette négation absolue de toute poésie ; il a forgé, soixante années durant, des vers d’or sur une enclume d’airain ; sa vie entière a été un chant multiple et sonore où toutes les passions, toutes les tendresses, toutes les sensations, toutes les colères généreuses qui ont agité, ému, traversé l’âme humaine dans le cours de ce siècle, ont trouvé une expression souveraine.

534. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1876 » pp. 252-303

Mon petit Pierre Gavarni expliquait, ce soir, assez ingénieusement, le talent de Fromentin : un manque d’études suivies, une inexpérience curieuse du métier de la grande peinture, mais le jet sur la toile d’un milieu et d’une heure, que le peintre peuple après d’Arabes et de chevaux mal dessinés et incomplètement peints, mais qui sont au fond charmants, presque vrais, et qui vivent par l’exquise et poétique trouvaille de la nature ambiante. […] Et là-dessus, Mme Daudet nous lit un poétique morceau de prose, sur l’entrée de l’aube matinale dans la gaze rose des robes, dans le gouffre d’azur des glaces, dans la rouge lumière pâlissante de la fin d’un bal. […] Il vous disait : « Moi, j’ai la plus grande facilité poétique, en pension, il m’arrivait, quand un devoir était difficile, de l’écrire en vers… » et je me doute de ce que pouvaient être ses vers ! […] Sa belle prose poétique, mère et nourrice de toutes les proses colorées de l’heure actuelle, ne jouit d’aucune estime. […] L’aîné, la force ; le jeune, la grâce, avec quelque chose d’une nature peuple poétique, qui trouverait son exutoire dans le fantastique, que le clown anglais apporte au tour de force.

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