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1510. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Ch. Bataille et M. E. Rasetti » pp. 281-294

corrompue peut-être, mais intelligentielle ; c’est de la combinaison, détestable, il est vrai, mais spirituelle et volontaire, et ce forcené de chair et de sang qui s’appelle Bataille et qui ne conçoit que comme une bataille la volupté, ne se donne pas la peine d’en chercher si long… Premier bond de dégoût pour le cœur et l’esprit, quand on lit ce livre ; premier bond suivi de bien d’autres, quand on s’obstine à cette lecture, et on s’y obstine ; la violence du talent vous tient… Pas de séduction !

1511. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Gogol. » pp. 367-380

Charrière, qui a pour Gogol les bontés d’un homme d’esprit pour la personne qu’il a pris la peine de traduire, n’hésite pas à mettre les Ames mortes à côté de Gil Blas, et, si cela lui fait bien plaisir, nous ne dérangerons rien à cet arrangement de traducteur, car la réputation de Gil Blas, — ce livre écrit au café entre deux parties de dominos, — a dit le plus fin et le plus indulgent des connaisseurs, — n’est pas une de ces gloires solides qui aient tenu contre le temps.

1512. (1892) Les idées morales du temps présent (3e éd.)

Moi qui ne suis qu’un homme de lettres, croyant à la littérature, j’ai peine à me pardonner d’avoir parlé de deux écrivains que j’admire sans avoir presque rien montré de cette admiration ; et j’éprouve l’impérieux besoin de le reconnaître. […] Tout cela, on le reconnaîtra sans peine, est très haut — si haut que le vulgaire n’y saurait atteindre. […] Exalte et cultive en toi ces deux grandes vertus, ces deux énergies en dehors desquelles il n’y a que flétrissure présente et qu’agonie finale : l’amour et la volonté. » On a peine à croire, n’est-ce pas ? […] Une foi religieuse, ramenant la loi à des origines surnaturelles et l’étayant sur des promesses de récompenses ou de peines pour la vie future, apparaît comme le fondement et la sanction nécessaires de la morale. […] A peine les noms de quelques-uns de leurs rois, à peine quelques dates de leurs écrasantes chronologies, à peine quelques faits de leur histoire fabuleuse.

1513. (1903) La vie et les livres. Sixième série pp. 1-297

Il y a, dans les dépendances de cette maison, un personnel nombreux : portier, jardinier, homme de peine, cocher, cuisinier, camériste, tous gens qui ne travaillent pas pour rien. […] Peine perdue. […] La France rit, boit, mange, danse, saute, politiquaille, sans parvenir à dérider sa tristesse, à noyer son chagrin, à secouer sa torpeur, à soulager sa peine. […] Peine perdue, pauvre coucou ! […] La pauvre petite Frisson-de-Bambou nous est révélée par une sœur lointaine qui compatit aux douleurs de son corps fragile et aux peines de sa petite âme fantasque et effarée.

1514. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

On pourrait disputer à Henri Monnier la gloire d’avoir donné le premier calque de la sottise bourgeoise, quand on a pris, comme Furetière, la peine de dessiner trait à trait les Javotte, les Jean Bedout, les Vollichon et tant d’autres. […] Toutefois ce n’était pas la peine de faire une révolution contre le système trop étroit de la tragédie pour n’employer comme elle qu’un seul ressort. […] Vaut-il bien la peine de prendre tant de soins pour nous donner les portraits exacts de vieilles femmes et de paysans ? […] De là cet acharnement, qui nous fait peine, à détruire par une critique sévère et constamment pessimiste le prestige de toute grandeur consacrée par l’histoire. […] Cela est si évident, que l’on n’y peut contredire, quelque peine qu’on en éprouve.

1515. (1913) Poètes et critiques

« Le rôle essentiel de la poésie, disait-il, et, de façon plus générale, celui des lettres et des arts, c’est de nous révéler à nous-mêmes ; c’est de faire jaillir de nous, avec plus de force, la source des émotions généreuses sans lesquelles la vie ne vaudrait pas la peine d’être vécue. » C’est, avant tout, par les auteurs français que pouvait se faire, à Paris, cette initiation du peuple aux bonnes lettres. […] « Elle vaut la peine d’être vécue. » Les Nouvelles Chansons pour les enfants, les Chansons rustiques à deux voix n’épuisent pas cette source pure, et jusqu’à son dernier jour, on n’en peut pas douter, le poète s’y abreuvera. […] Il faut lire, dans l’ouvrage même, le commentaire curieux de cette parole d’un poète suédois : « Längtan s’appelle mon héritage, et mon château dans la vallée des soupirs. » Et, d’autre part, c’est le stämming, une sorte de retour non pas sur soi, mais sur ce qu’on a près de soi : il délivre de de leur tourment fiévreux ces cœurs en peine. […] On le démontrera sans peine ou même on le tiendra pour évident, lorsqu’elle sera achevée. […] Mais que Loti ait pris la peine d’ajouter à Chateaubriand Leconte de Lisle, Baudelaire, Fromentin, Sully-Prudhomme ou même Bernardin de Saint-Pierre, cela n’est pas si évident, et je ne suis pas étonné, pour ma part, qu’il ait pu répondre sur tous ceux-là : J’affirme ne les avoir jamais lus.

1516. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 3665-7857

Il est vrai que la perspective du théatre exige un coloris fort & de grandes touches, mais dans de justes proportions, c’est-à-dire telles que l’oeil du spectateur les réduise sans peine à la vérité de la nature. […] Or si un homme accoûtumé à épier & à surprendre la nature a tant de peine à l’imiter, quel est le connoisseur qui peut se flatter de l’avoir assez bien vûe pour en critiquer l’imitation ? […] mais dans l’espérance qu’on se donnera la peine de leur répondre, & qu’on les tirera de l’obscurité où leurs propres ouvrages les auroient laissés toute leur vie. […] On peut nous opposer qu’ils ne se braveroient pas en vers, & nous l’avoüerons sans peine. […] Il ajoûte pour exprimer la dépopulation : Et sur son roc Promethée espéra De voir bien-tôt une fin à sa peine.

1517. (1892) Portraits d’écrivains. Première série pp. -328

Et cela explique certaines défaillances de conscience, que plus tard ceux-là même ont peine à comprendre, qui s’en sont rendus coupables. […] Sardou lui-même ont pris la peine de nous le signaler. […] Et pourquoi faire de la peine au petit Chose ? […] Daudet, j’ai fait de la peine à quelqu’un que j’aime de cœur ; mais je n’ai pas pu supprimer ce type de vieillard égoïste et terrible. » Il n’y a rien à dire. […] Weiss n’a pas de peine à découvrir le lien de parenté qui rattache la pièce de Barrière, le roman de Flaubert et le recueil de Baudelaire.

1518. (1895) Nouveaux essais sur la littérature contemporaine

» lui écrivait-elle un jour, et il semble que l’on devine sans peine à quelle insinuation cet « avis » répondait. […] Mais on a quelque peine à « s’imaginer » un capitaine d’artillerie dans ce rôle. […] Quelle peine ou quel prix pouvez-vous attendre pour des actions dont la plus indifférente n’aura pas dépendu de vous !  […] Et qui ne jugera qu’en vérité le sujet en valait la peine ? […] Nous le pourrions, au moins, et sans beaucoup de peine.

1519. (1923) Nouvelles études et autres figures

Autrefois, les hommes n’étaient pas soumis à cette peine : ils le sont aujourd’hui. […] » et qu’il admire « ce rare et fameux esprit » qu’Apollon « dispense de tout travail et de toute peine ». […] Le voyageur, qui se déplace continuellement, ne veut rien perdre de sa peine et nous épargne rarement les longueurs de son itinéraire. […] Singlin, et on avait beaucoup de peine à la faire communier une fois tous les cinq ans. […] Nous n’en voulons jamais à ceux qui ont pensé que nous valions la peine qu’on fît de nous des hommes.

1520. (1895) Nos maîtres : études et portraits littéraires pp. -360

Les Grecs, après les clameurs et les peines des premières batailles, avaient formé une race de raisonneurs, épris des notions claires et des enchaînements harmonieux. […] Chevrillon a eu moins de peine, pour reprendre le même style ; mais l’essentiel est qu’il l’ait repris, et dès maintenant il en use avec une maîtrise admirable. […] Pour mettre à la portée des enfants la prose de nos feuilletonistes, il n’y a pas de peine que MM.  […] Et je ne puis m’accoutumer, je l’avoue, à n’en pas ressentir quelque peine. […] Elle s’entretient avec des amis attardés dans un autre continent : elle fait sonner des grelots dans une chambre où elle ne prend pas même la peine de venir.

1521. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome III pp. -

A peine l’astronome Florentin en eut-il quelque idée, qu’il le saisit dans toute son étendue & tâcha de le mettre en règne. […] Il défendit, en même temps, sous des peines très-grièves, de peindre les images de cette sainte avec les stigmates. […] A peine furent-ils arrivés à la cime d’un certain rocher où il les attendoit, qu’il les fit tous précipiter en bas à moitié morts de peur. […] Ce qu’il y a de vrai sur le compte de Clément VIII, c’est qu’il se donna beaucoup de peine pour se mettre au fait des questions agitées, & qu’elles causèrent sa mort. […] Jugeant la chose impossible, il ordonna, sous peine d’excommunication, un profond silence, & se chargea lui-même de réduire les argumens pour & contre dans un sens clair & précis.

1522. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre III. La Révolution. »

I Ce ne fut pas sans peine, et au premier regard il semble qu’à cette révolution, dont elle est si fière, l’Angleterre n’ait rien gagné. […] Voilà la société que Gay mit en scène ; à son avis, elle valait la grande ; on avait peine à l’en distinguer : manières, esprit, conduite, morale, dans l’une et l’autre, tout est semblable. « En fait de vices à la mode, on ne peut dire si les gentilshommes du grand chemin imitent les gentilshommes à la mode, ou si les gentilshommes à la mode imitent les gentilshommes du grand chemin807. » En quoi, par exemple, Peachum diffère-t-il d’un grand ministre ? […] Et si un homme ne l’a pas, il y a dix à parier contre un qu’on découvrira qu’il en est dépourvu, et alors tout son travail et toutes les peines qu’il a prises pour la feindre sont perdus. […] On n’a jamais vu en Angleterre une plus copieuse et une plus véhémente analyse, une si pénétrante et si infatigable décomposition d’une idée en toutes ses parties, une logique plus puissante, qui enserre plus rigoureusement dans un réseau unique tous les fils d’un même sujet : Quoiqu’il ne puisse arriver à Dieu ni bien ni avantage qui augmente sa félicité naturelle et inaltérable, ni mal ou dommage qui la diminue (car il ne peut être réellement plus ou moins riche, ou glorieux, ou heureux qu’il ne l’est, et nos désirs ou nos craintes, nos plaisirs ou nos peines, nos projets ou nos efforts n’y peuvent rien et n’y contribuent en rien), cependant il a déclaré qu’il y a certains objets et intérêts que par pure bonté et condescendance il affectionne et poursuit comme les siens propres, et comme si effectivement il recevait un avantage de leur bon succès ou souffrait un tort de leur mauvaise issue ; qu’il désire sérieusement certaines choses et s’en réjouit grandement, qu’il désapprouve certaines autres choses et en est grièvement offensé, par exemple qu’il porte une affection paternelle à ses créatures et souhaite sérieusement leur bien-être, et se plaît à les voir jouir des biens qu’il leur a préparés ; que pareillement il est fâché du contraire, qu’il a pitié de leur misère, qu’il s’en afflige, que par conséquent il est très-satisfait lorsque la piété, la paix, l’ordre, la justice, qui sont les principaux moyens de notre bien-être, sont florissants ; qu’il est fâché lorsque l’impiété, l’injustice, la dissension, le désordre, qui sont pour nous des sources certaines de malheur, règnent et dominent ; qu’il est content lorsque nous lui rendons l’obéissance, l’honneur et le respect qui lui sont dus ; qu’il est hautement offensé lorsque notre conduite à son égard est injurieuse et irrévérencieuse par les péchés que nous commettons et par la violation que nous faisons de ses plus justes et plus saints commandements, de sorte que nous ne manquons point de matière suffisante pour témoigner à la fois par nos sentiments et nos actions notre bon vouloir envers lui, et nous nous trouvons capables non-seulement de lui souhaiter du bien, mais encore en quelque façon de lui en faire en concourant avec lui à l’accomplissement des choses qu’il approuve et dont il se réjouit831. […] Je quitterai mes affaires, je perdrai mon temps, je jetterai mon argent, j’entreprendrai des ligues, je payerai des amendes, j’irai en prison, je mourrai à la peine : il n’importe ; je n’aurai pas fait de lâcheté, je n’aurai pas plié sous l’injustice, je n’aurai pas cédé une seule parcelle de mon droit.

1523. (1923) Critique et conférences (Œuvres posthumes II)

Il serait des plus facile, à quelqu’un qui croirait que cela en valût la peine, de retracer les pentes d’habitude devenues le lit profond ou non, clair ou bourbeux, où s’écoulent mon style et ma manière actuels, notamment l’un peu déjà libre versification, enjambements et rejets dépendant plus généralement des deux césures avoisinantes, fréquentes allitérations, quelque chose comme de l’assonance souvent dans le corps du vers, rimes plutôt rares que riches, le mot propre évité des fois à dessein ou presque… En même temps la pensée triste et voulue telle, ou crue voulue telle. […] Tous trois firent leur devoir en faveur de mes efforts pour Rimbaud, Baju avec le tort, peut-être inconscient, de publier, à l’appui de la bonne thèse, des gloses farceuses de gens de talent et surtout d’esprit qui auraient mieux fait certainement de travailler pour leur compte, qui en valait, je le leur dis en toute sincérité, La peine assurément ! […] De plus, il me déplaît particulièrement, et me peine de voir l’auteur du Dandysme et de l’Ensorcelée, un artiste après tout et quoi qu’il en dise, parler sérieusement des « droits et des devoirs » de la critique, ni plus ni moins qu’un Prudhomme de la Revue des Deux-Mondes, alors que tout le monde, depuis tantôt vingt ans, tombe d’accord qu’elle n’a pour but et pour fonction, cette bonne critique, que de constater les qualités et les défauts d’un ouvrage, en émettant bien modestement quelques avis bien discrets, et encore ! […] Je riais ou je souriais de ces « leçons » ; quand ça en valait la peine, j’en profitais. […] — Une catastrophe sérieuse interrompit ces peines et ces plaisirs, factices.

1524. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. THIERS. » pp. 62-124

Cette absence complète de rhétorique vaut la peine d’être notée. […] A peine arrivé au sommet, je fus ravi de me trouver au pied d’une gothique chapelle, et ses ogives, ses arcs si divisés, ses fenêtres en forme de rosaces, ses vitraux de couleur à moitié brisés, me charmèrent. […] Une révolution est une chose si terrible, quoique si grande, qu’il vaut la peine de se demander si le Ciel vous en destine une.

1525. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre I. Principe des mœurs sous l’Ancien Régime. »

Çà et là, dans les recoins et le pourtour, sont des auberges, des échoppes, des cabarets, des taudis pour les ouvriers, les hommes de peine, pour les derniers soldats, pour la valetaille accessoire ; il faut bien qu’il y ait de ces taudis, puisque la plus belle apothéose ne peut se passer de manœuvres. […] Soixante dames, en robes lamées et bouffantes sur des paniers qui ont vingt-quatre pieds de circonférence, s’espaceront sans peine sur les marches de ces escaliers. […] Les paniers des dames rangées en cercle ou étagées sur les banquettes « forment un riche espalier couvert de perles, d’or, d’argent, de pierreries, de paillons, de fleurs, de fruits avec leurs fleurs, groseilles, cerises, fraises artificielles » ; c’est un gigantesque bouquet vivant dont l’œil a peine à soutenir l’éclat  Point d’habits noirs comme aujourd’hui pour faire disparate.

1526. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre X, Prométhée enchaîné »

Être harangué par celui qui va vous clouer sur un bloc de pierre, il y a là aggravation de peine, surcroît de sévices. […] V. — Arrivée d’Io. — Sa légende, sa métamorphose. — Prométhée lui trace son itinéraire et lui prédit la fin de ses peines. […] » — Hermès insistant, le pressant encore, il lui dit avec un ennui superbe, et comme s’il se retournait sur son roc, de l’autre côté, — « C’est comme si tu haranguais un flot de la mer. » Alors le dieu recourt à l’épouvante : pour venir à bout du rebelle, il lui dénonce l’aggravation de peine qui châtiera son silence.

1527. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre I. Des poëtes anciens. » pp. 2-93

Ami Lecteur, vous voilà bien en peine, Rendons les courts en ne les lisant point. […] Quelques uns de ces essais font voir qu’avec du tems, de la peine & du génie, on peut parvenir parmi nous à traduire heureusement les Poëtes en vers. […] Un Poëte françois auroit bien de la peine à en faire autant.

1528. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Charles Magnin ou un érudit écrivain. »

Il lisait Shakespeare avec beaucoup de peine ; mais, aidé et averti, il s’en rendait compte, et son goût surtout (car il faut en revenir là), son intelligence faisaient le reste. […] Magnin de les goûter et de les savourer dans des conditions particulières qui valent la peine qu’on les rappelle et qu’on les décrive.

1529. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite et fin.) »

« Mme de Dino, qui, pendant les quatre ans qu’elle a passés en Angleterre, a complété la croissance dont son esprit supérieur était susceptible, et qui la place au premier rang des personnes les plus distinguées, n’oublie que ce qui ne vaut pas la peine qu’on s’en souvienne : elle est flattée que son souvenir corresponde à celui qu’elle a toujours gardé de vous, et elle me charge de vous le dire. […] Ce Talleyrand a eu bien de la peine à passer au gosier de certaines gens du monde ; il y a eu des arêtes : nous sommes un peuple si réellement léger, si engoué de ses hommes, si à la merci des jugements de société, que l’histoire, pour commencer à se constituer, a souvent besoin de nous arriver par l’étranger… » Et dans une note détachée et inédite, que je retrouve dans le dossier, il disait : « J’ai écrit de bien longs articles, et pourtant ils sont des plus abrégés et des plus incomplets, je le sens, sur un tel sujet.

1530. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Jocelyn (1836) »

Aussi l’un est populaire, relativement à l’autre qui a eu peine à se faire accepter, à se faire lire. […] Lamartine en son nom, ou par la bouche de Jocelyn, a moins de peine à se résigner.

1531. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. VILLEMAIN. » pp. 358-396

Planche ; et le jeune Villemain dut au secours qu’il rencontra, d’acquérir d’abord et sans peine ce fonds exquis, si favorable ensuite à toute culture. […] Villemain, critique et professeur, pût se procurer à tout instant, de quoi qu’il s’agît, le secours de maintes comparaisons, de maints rapports piquants ou lumineux : sa célérité volait d’un camp à l’autre ; il s’y repliait sans peine au besoin, et, pour dire un mot qui n’est guère de sa langue choisie, il s’y ravitaillait toujours.

1532. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE KRÜDNER » pp. 382-410

Elle a confessé alors à un ami qu’elle avait peine parfois à réprimer ses accès de vanité, quand elle songeait qu’elle était ainsi toute-puissante sur le souverain le plus puissant. […] elle ne sait pas tout, mais elle voit qu’une peine affreuse me consume ; elle m’a gardé trois heures pour me consoler ; elle me disait de prier pour ceux qui me faisaient souffrir, d’offrir mes souffrances en expiation pour eux, s’ils en avaient besoin. » Et ailleurs : « … Je suis une lyre que l’orage brise, mais qui, en se brisant, retentit de l’harmonie que vous êtes destinée à écouter… Je suis destiné à vous éclairer en me consumant… Je voudrais croire, et j’essaie de prier… » Par malheur pour Benjamin Constant, ces élans qui se ranimaient près de Mme de Krüdner, et qui étaient au comble pendant la durée du Pater qu’il récitait avec elle, ne se soutinrent pas, et il retomba bientôt au morcellement, à l’ironie, au dégoût des choses, d’où ne le tiraient plus que par assauts ses nobles passions de citoyen213.

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