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2453. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Victor Hugo »

Ses passions, je le sais, ses préoccupations, mille choses du moment, ce badaud !

2454. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vii »

Ses amis m’ont donné à lire les brouillons d’un roman où dans les premiers mois de l’année 1914 il avait commencé à peindre les désirs, les passions, les croyances de ses amis et les siennes propres.

2455. (1904) Zangwill pp. 7-90

Altier, entier, droit, Taine a eu cette audace ; il a commis cet excès ; il a eu ce courage ; il a fait cet outrepassement ; et c’est pour cela, c’est pour cet audacieux dépassement que c’est par lui, et non par son illustre contemporain, qu’enfin nous connaissons, dans le domaine de l’histoire, tout l’orgueil et toute la prétention de la pensée moderne ; avec Renan, il ne s’agissait encore, en un langage merveilleux de complaisance audacieuse, que de constituer une lointaine surhumanité en un Dieu tout connaissant par une totalisation de la mémoire historique ; avec Taine au contraire, ou plutôt au-delà, nous avons épuisé nettement des indéfinités, des infinités, et des infinités d’infinités du détail dans l’ordre de la connaissance, et de la connaissance présente ; désormais transportés dans l’ordre de l’action, et de l’action présente, nous épuisons toute l’infinité de la création même ; toute sa forme de pensée, toute sa méthode, toute sa foi et tout son zèle, — vraiment religieux, — toute sa passion de grand travailleur consciencieux, de grand abatteur de besogne, et de bourreau de travail, tout son passé, toute sa carrière, toute sa vie de labeur sans mesure, sans air, sans loisir, sans repos, sans rien de faiblesse heureuse, toute sa vie sans aisance et sans respiration, toute sa vie de science et la raideur de son esprit ferme et son caractère et la valeur de son âme et la droiture de sa conscience le portaient aux achèvements de la pensée, le contraignaient, avant la lettre, à dépasser la pensée de Renan, à vider le contenu de la pensée moderne, le poussaient aux outrances, et à ces couronnements de hardiesse qui seuls achèvent la satisfaction de ces consciences ; il devait avoir un système, bâti, comme Renan devait ne pas en avoir ; il devait avoir un système, comme Renan devait nous rapporter seulement des certitudes, des probabilités et des rêves ; mais, sachons-le, son système était le système même de Renan, étant le système de tout le monde moderne ; et ce commun système engage Renan au même titre que Taine ; il fallait que Taine ajoutât, au bâtiment, à l’édifice de son système ce faîte, ce surfaite orgueilleux, parce que ce que nous nommons orgueil était en lui un défi à l’infortune, à la paresse, aux mauvaises méthodes et au malheur, non une insulte à l’humilité, parce que ce que nous croyons être un sentiment de l’orgueil était pour lui le sentiment de la conscience même, du devoir le plus sévère, de la méthode la plus stricte ; et c’est pour cela que nous lui devons, à lui et non à son illustre compatriote, la révélation que nous avons enfin du dernier mot de la pensée moderne dans le domaine de l’histoire et de l’humanité. […] Si quelqu’un pouvait en être attristé, il faudrait lui dire comme le bon curé qui fit trop pleurer ses paroissiens en leur prêchant la Passion : « Mes enfants, ne pleurez pas tant que cela : il y a bien longtemps que c’est arrivé, et puis ce n’est peut-être pas bien vrai. » « La bonne humeur est ainsi le correctif de toute philosophie. »… La réalisation de son Dieu n’arrivera que dans bien longtemps ; et il n’est peut-être pas bien vrai qu’elle doive jamais arriver.

2456. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LEBRUN (Reprise de Marie Stuart.) » pp. 146-189

Il faut savoir, pour tout entendre, que la personne qui avait rapporté ce mot, Mme Caroline de B…, dame du palais de Madame-mère, avait été la première passion de Bonaparte jeune, quand il était en garnison à Valence.

2457. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE RÉMUSAT » pp. 458-491

Auprès des princes, l’intérêt personnel est tellement éveillé, les mauvaises passions humaines sont si fréquemment en jeu, que, s’il nous fallait agir d’après nos sensations réelles et nos vraies émotions, nous donnerions à qui nous observe un triste spectacle.

2458. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre I. Les chansons de geste »

Il fait tomber les murs des villes, et les passions dans les cœurs : il arrête le soleil dans le ciel, l’épée dans la main du guerrier.

2459. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Figurines (Deuxième Série) » pp. 103-153

Nul n’est plus exempt de parti pris, de passion, d’intolérance, de snobisme, de cabotinage, ni moins possédé (dans ses grandes études) par le désir de plaire.

2460. (1894) Propos de littérature « Chapitre IV » pp. 69-110

Griffin : « Un geste, alangui, de rêverie, sursautant, de passion, lequel suffit scander. » 26.

2461. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre V. Le Séminaire Saint-Sulpice (1882) »

Garnier faisait observer qu’après tout pareille chose s’était vue, et que « mademoiselle de Lenclos » inspira des passions, causa des duels à soixante-dix ans.

2462. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIV » pp. 126-174

Mais comme l’approbation des yeux est d’un ordre inférieur au mérite de ces belles, elles s’élèvent par la raison et par l’esprit, et tâchent de fonder en droit les passions qu’elles peuvent faire naître Il y a les beautés fières et les beautés sévères : les premières souffrent les désirs accompagnés de respect : le respect n’adoucit pas les sévères ; ni les unes ni les autres ne sont invincibles. » De Pure ajoute qu’elles font solennellement vœu de subtilité dans les pensées, et de méthode dans les désirs.

2463. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VIII, les Perses d’Eschyle. »

Les passions n’agitent plus sa résignation drapée dans les plis tranquilles du linceul.

2464. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1878 » pp. 4-51

» — et parle avec émerveillement de Versailles… Lundi 23 septembre On cause d’une excentrique châtelaine des environs de Paris, dont le goût, la passion, l’idée fixe, est le maquerellage, et le maquerellage uniquement par perversion.

2465. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre VI. L’effort intellectuel »

Nous passions, mon fils et moi, assez rapidement devant un magasin de jouets d’enfants, ou tout autre qui était garni de marchandises variées, et nous y jetions un regard attentif.

2466. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

Ce qui n’est pas au moins douteux, c’est qu’en renvoyant aux « crocheteurs du Port au Foin », s’il y mettait moins de passion et d’injurieuse violence, il disait aux poètes la même chose que Victor Hugo dans une pièce fameuse de ses Contemplations ; et ce qu’il est curieux de constater, c’est que, de nos jours, dans son Petit Traité de Poésie française, M.  […] Mais ce que je crois, c’est qu’ayant bien connu le pouvoir de l’esprit, et qu’ayant pressenti celui de l’opinion, c’est qu’ayant conçu le projet d’inféoder, pour ainsi dire, la littérature à l’État, et de s’en servir, à l’occasion, comme d’un instrument de règne, il se pourrait que, pour s’attirer plus sûrement les gens de lettres, le cardinal ait feint à leurs yeux d’être lui-même un des leurs, de partager leurs passions, et de se mêler enfin comme l’un d’eux à leurs rivalités. […] On s’est imaginé autrefois que c’étaient les intérêts des maîtres qui mettaient en feu toute la terre, et c’étaient les passions des valets. […] Pareillement, en passant du physique au moral, sous l’habit de cour d’un grand seigneur français et sous la toge d’un Romain, les sentiments, les passions, les idées sont les mêmes, ou du moins ils ne valent la peine d’être représentés par l’art qu’autant qu’ils sont vrais d’une vérité plus générale qu’eux-mêmes, antérieure à l’expression qu’on en donne, et capable de durer plus qu’elle. […] Et, si vous aimez les rapprochements, voici quelques lignes qu’on ne s’étonnerait pas de rencontrer sous la plume de Mme de Staël : Je sais qu’il y a plusieurs personnes qui disent que la raison et les passions sont partout les mêmes ; cela est vrai ; mais elles s’expriment diversement.

2467. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1894 » pp. 185-293

Il me dit qu’il vient d’en lire une partie à sa femme, qui a été un peu troublée par la passion mise dans le bouquin. […] Jeune fille, je me pris de passion pour un écrivain infiniment fier et rare, Edmond de Goncourt.

2468. (1898) XIII Idylles diaboliques pp. 1-243

Ne goûterais-tu pas une grande joie en constatant que les effets de la grâce te rendent invincible à ses passions ? […] Les phases de la lune règlent leurs passions. […] Inquiétudes, rancunes, soif de savoir, tumulte des passions : les rumeurs de l’existence quotidienne se sont éteintes.

2469. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Bernardin de Saint-Pierre »

Cette passion, dont on peut lire le récit complaisamment tracé par le biographe de Bernardin de Saint-Pierre, m’offre bien l’idéal des amours romanesques, comme je me les figure : être un grand poète, et être aimé avant la gloire !

2470. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXIXe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe (2e partie) » pp. 161-232

Mais le Tasse était insensé de génie et d’amour, Goethe faisait prédominer dans toute sa vie la raison sur la passion.

2471. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVIe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (2e partie) » pp. 417-487

Or la souveraineté ne peut être une fiction, puisqu’elle est chargée de régir les plus formidables des réalités, les intérêts, les passions et l’existence même des peuples.

2472. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Lettres de m. l’Abbé Sabatier de Castres ; relatives aux trois siecles de la littérature françoise.ABCD » pp. -641

La seule maniere d’y répondre, sans descendre au niveau de ses adversaires, c’est lorsque l’Ecrivain attaqué, s’occupant moins de sa propre cause que de l’intérêt des vérités qu’il défend, cite au tribunal de la raison & de la décence les passions qui le combattent, les suit dans leurs détours, met en évidence leurs bassesses, leur perversité, tire de leurs travers & de leurs excès, de nouvelles lumieres, de nouvelles preuves, &, par un nouveau genre de sacrifice, immole à l’instruction publique les dégoûts de sa propre justification.

2473. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre quatrième. Éléments sensitifs et appétitifs des opérations intellectuelles — Chapitre premier. Sensation et pensée »

Le sentiment de différence est dynamique : c’est celui de la passion provoquant réaction, de la résistance provoquant une exertion de puissance.

2474. (1920) Action, n° 3, avril 1920, Extraits

Pour le paganisme la vertu avait été une mesure ; pour le christianisme elle fut le conflit de deux passions en apparence diamétralement opposées.

2475. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor Hugo. Les Contemplations. — La Légende des siècles. »

Le nouveau Dante n’a guère vu que l’enfer du passé dans l’histoire, mais d’y avoir regardé, fût-ce dans sa partie la plus sanglante, la plus confuse et la plus sombre, a été un bénéfice net pour son génie, peu fait pour le vague des passions modernes, les nuances des âmes délicates ou morbides et les espérances mystico-scientifiques des vieilles civilisations.

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