Il commence par établir l’état vrai de l’opinion à cette date : On n’a jamais vu ni connu de république en France, dit-il. […] Une idée reçue, une habitude, une opinion qui ne se fait plus remarquer, a souvent été le principal ciment de l’édifice. […] [NdA] À un petit bal que donnait Mme Bonaparte (24 nivôse an XII) et où très peu de personnes avaient été invitées, une conversation s’établit, dans un premier salon où l’on ne dansait pas, entre Bonaparte, alors Premier consul, Lebrun, Portalis, Lemercier et Stanislas Girardin : dans cette conversation le Premier consul exprima successivement et avec son bon sens le plus brusque ses opinions sur la liberté de la presse, les impôts et la Révolution.
C’est, dis-je, de cette extrémité d’oppression et d’abattement que Beaumarchais se relève et qu’il se remet en campagne la plume à la mainc, s’adressant cette fois par quatre Mémoires consécutifs à l’opinion et au public, qu’il a l’art de saisir et de passionner. Pour concevoir comment il put ainsi retourner l’opinion, n’oublions pas que ce Parlement à qui il avait affaire était celui que le chancelier Maupeou avait substitué à l’ancien Parlement exilé et aboli. […] dites si vous avez jamais vu autre chose en moi qu’un homme constamment gai ; aimant avec une égale passion l’étude et le plaisir ; enclin à la raillerie, mais sans amertume ; et l’accueillant dans autrui contre soi, quand elle est assaisonnée ; soutenant peut-être avec trop d’ardeur son opinion quand il la croit juste, mais honorant hautement et sans envie tous les gens qu’il reconnaît supérieurs ; confiant sur ses intérêts jusqu’à la négligence ; actif quand il est aiguillonné, paresseux et stagnant après l’orage : insouciant dans le bonheur, mais poussant la constance et la sérénité dans l’infortune jusqu’à l’étonnement de ses plus familiers amis.
Ces caractères, qui étaient bien dans la coupe du jour et qui sont soutenus jusqu’au bout ; le ressort de la crainte de l’opinion opposé à celui de l’avarice pure ; d’heureuses descriptions, jetées en passant, des dîners du grand ton : Ceux qui dînent chez moi ne sont pas mes amis ; une peinture légère des faillites à la mode, qui ne ruinent que les créanciers, et après lesquelles le banquier, s’élançant dans un brillant équipage, dit nonchalamment : Je vais m’ensevelir au château de ma femme ; l’intervention bien ménagée de deux femmes, l’une, fille du vieillard, et l’autre, sa petite-fille ; l’habile arrangement et le balancement des scènes ; d’excellents vers comiques, semés sur un fond de dialogue clair, facile et toujours coulant, voilà des mérites qui justifient pleinement le succès et qui mettent hors de doute le talent propre de l’auteur. […] Par sa radiation injuste de l’Institut après les Cent-Jours, on fit de lui l’homme de l’opinion, et il profita avec art de ce revirement inattendu : « Il est des injustices si criantes, disait-il, qu’il y a une certaine douceur à les subir ; le public vous rend alors bien plus que l’autorité ne vous ôte. » Il est vraiment curieux de considérer ce fonds du vieux parti libéral à sa naissance, de voir quels en furent les premiers fondateurs, et d’où ils étaient sortis. […] Il représente à merveille dans son groupe, et avec plus de distinction que tout autre, cette bourgeoisie contente d’elle-même, et ne voulant qu’elle ni plus ni moins, ayant du sens, l’instinct des intérêts et des courants d’opinion immédiats, mais sans idées élevées, sans horizon, sans but social hautement placé.
Si j’étais ce que je ne suis réellement pas, suffisamment habile en votre excellente langue pour être un juge compétent de la poésie, l’idée que j’en suis le sujet devrait m’empêcher d’exprimer aucune opinion sur ce vers ; je me contenterai de dire qu’il m’attribue beaucoup trop, particulièrement en ce qui concerne les tyrans ; la Révolution a été l’œuvre de quantité d’hommes braves et capables, et c’est bien assez d’honneur pour moi si l’on m’y accorde une petite part. […] Pour le moment, je vous donnerai seulement mon opinion, c’est que, bien que vos raisonnements soient subtils et puissent prévaloir auprès de quelques lecteurs, vous ne réussirez pas au point de changer les sentiments généraux de l’humanité sur ce sujet ; et, si vous faites imprimer cet ouvrage, la conséquence sera beaucoup d’odieux amassé sur vous-même, du dommage pour vous, et aucun profit pour les autres. […] Je lui dis que cela avait été généralement entendu de l’action d’un orateur avec les gestes en parlant, mais que je croyais qu’il existait une autre sorte d’action bien plus importante pour un orateur qui voudrait persuader au peuple de suivre son avis, à savoir une suite et une tenue dans la conduite de la vie, qui imprimerait aux autres l’idée de son intégrité aussi bien que de ses talents ; que, cette opinion une fois établie, toutes les difficultés, les délais, les oppositions, qui d’ordinaire ont leur cause dans les doutes et les soupçons, seraient prévenus, et qu’un tel homme, quoique très médiocre orateur, obtiendrait presque toujours l’avantage sur l’orateur le plus brillant, qui n’aurait pas la réputation de sincérité… Tout cela était d’autant plus approprié au jeune homme, que lord Shelburne, son père, doué de tant de talents, avait la réputation d’être l’opposé du sincère.
Si nous voulions prouver expérimentalement notre opinion à cet égard, il nous serait facile de montrer ce que sont devenus, dans l’application préraphaélite, quelques-uns des préceptes les plus importants et les plus absolus de Ruskin ; nous nous bornerons à un seul exemple, assez général et assez frappant pour témoigner de la singulière transmutation d’une pensée saine en des œuvres chlorotiques. […] C’est de cette assimilation fausse que naquit la singulière opinion qui attribue au mouvement préraphaélite les caractères d’un retour à la nature. […] Il n’a pas compris dès lors qu’un art nouveau était en train de naître ; et sa merveilleuse sensibilité, sa nature puissante se sont égarées à la défense de théories rétrogrades et d’opinions abolies.
Quand lord Bute, en dépit de l’opinion populaire, est mis à la place de Pitt, il est assailli de pierres et obligé d’entourer sa voiture d’une forte garde de boxeurs. […] Wesley déclare « qu’un chapelet d’opinions numérotées n’est pas plus la foi chrétienne qu’un chapelet de grains enfilés n’est la sainteté chrétienne. La foi n’est point l’assentiment donné à une opinion, ni à un nombre quelconque d’opinions » ; c’est la sensation de la présence divine, c’est la communication de l’âme avec le monde invisible, c’est le renouvellement complet et imprévu du cœur […] Jadis l’instinct le soutenait ; à présent l’opinion le consacre, et c’est la même force secrète qui, par un travail insensible, ajoute maintenant l’autorité de l’opinion à la pression de l’instinct. […] « A string of opinions is no more Christian faith than a string of beads is Christian holiness… It is not assent to any opinion, or any number of opinions. » — « The justifying faith is not only the personal revelation, the internal evidence, of christianity, but likewise a sure and firm confidence, that Christ died for his sin, loved him, and gave his life for him.
OPINION.
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OPINIONS.
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OPINION.
C’est l’opinion, au moins provisoire, de M. […] En matière d’art, à l’opinion de la sensibilité s’oppose l’opinion de l’intelligence. […] Il faut laisser cela et s’enfermer dans une opinion comme dans une tour. […] Entre deux partis extrêmes, il y a toujours une opinion moyenne. […] En dehors, disent les théologiens, des matières de la foi, il n’y a que des opinions.
La critique littéraire consiste à dire son opinion. Tout le monde a le droit d’exprimer une opinion. […] La différence d’opinions entre critiques littéraires scandalise le public. […] Nos opinions ne peuvent s’accorder, et c’est la vôtre qui est nulle. […] Comment s’entendrait-on avec autrui, quand on change si souvent d’opinion soi-même ?
On a reconnu la tendance des graves vers un centre commun, & l’opinion des Antipodes n’a plus révolté personne. […] Toutefois pour produire cette espece d’enivrement qui exalte les esprits & subjugue l’opinion, il ne faut pas moins que la chaleur de l’enthousiasme. […] Un poëte qui choisit pour sujet une action dont l’importance n’est fondée que sur des opinions particulieres à certains peuples, se condamne par son choix à n’intéresser que ces peuples, & à voir tomber avec leurs opinions toute la grandeur de son sujet. […] Ces opinions à discuter sont heureusement plus curieuses qu’utiles. […] Les hommes nés pour la gloire, l’ont cherchée où l’opinion l’avoit mise.
OPINIONS.