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767. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

Mais, au lieu de tirer sur la bride, comme font les mauvais cavaliers, il faut qu’on nous stimule et nous enlève. […] Ses mauvaises lectures ont gâté son style. […] En attendant, on recule, et on cabriole, ce qui est après tout, une mauvaise façon de sauter. […] Il a, pour Gounod, des paroles amères et pour Benjamin Godard des regards mauvais. […] Les lettrés de Rome, au temps des mauvais empereurs, auraient peut-être savouré cette forme délicieuse du suicide.

768. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

Il est toujours mauvais, je le sais, en ces questions de goût et d’appréciation littéraire, de n’avoir pas M.  […] Et puis, il est si peu rare que des originaux médiocres, ou même mauvais, « fassent faire » d’admirables copies que c’est justement là ce que les philosophes appelleraient « la raison suffisante » des originaux mauvais ou médiocres. […] Inversement, ce sont les originaux admirables qui font faire les mauvaises ou médiocres copies. […] Tartufe, admirable original ; la Mère coupable, mauvaise copie ! […] Et parce que Voltaire voulait établir à Genève un théâtre, aucun Genevois n’était en droit de le trouver mauvais.

769. (1891) La vie littéraire. Troisième série pp. -396

Le rapport de cet ami fut qu’en effet Marie menait une très mauvaise vie. […] Barbey d’Aurevilly, Baudelaire est un très mauvais chrétien. […] le mauvais labour — que celui de cette terre, — où du matin au soir, — je ne trouve que misère ! […] Cela empêche aussi d’avoir des idées ou bonnes ou mauvaises. […] Gautier, Baudelaire, les frères Goncourt, Flaubert proclament que la vie est mauvaise.

770. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

Il s’extasiait, par exemple, sur certains « raccourcis d’abîme » qui proviennent d’une mauvaise lecture. […] Elle consentit à l’épouser après s’être assurée qu’il pensait comme elle que la vie est mauvaise et que c’est un crime de la donner. […] je crois qu’au fond d’elle-même et bien à son insu, cette dame avait quelque préférence pour les mauvais sujets. […] Elles sont pour la plupart d’une mauvaise gravure. […] Dans maint endroit, daté des mauvais jours, Tellier gémit d’une souffrance indicible.

771. (1902) Symbolistes et décadents pp. 7-402

Et, d’abord, je n’y pouvais faire remarquer combien le titre, il est vrai, heureusement corrigé par l’épigraphe, était mauvais. […] Mallarmé n’est pas mauvaise, il est certainement estimé de M.  […] En cette société affaiblie par le mauvais emploi des ressources intellectuelles, que faut-il faire ? […] Il était l’homme qui avait perpétré le mauvais sonnet, le sonnet fou, le sonnet pervers. […] Mauvais Sang).

772. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Louis Veuillot »

mon père qui est bon, brave et fort, et qui n’a fait de tort à personne ; tandis que celui-ci est chétif, méchant, larron et de mauvaises mœurs. […] Et alors il eût été un honnête homme suivant le monde, un vague libéral résigné à un ordre social où sa place n’eût point été mauvaise. […]     Il triompha du moins assez vite de ces premiers assauts, plus redoutables, qui suivirent immédiatement son retour à Dieu, de la séduction du péché encore tout proche, des mauvais souvenirs encore tout chauds dans le sang de ses veines. […] Sans illusion ni sur les représentants ni sur le fondement humain de l’aristocratie, aussi impitoyable aux « mauvais nobles » qu’aux « mauvais prêtres », c’est lui qui, à propos d’un domaine dépecé par un gentilhomme de boulevard et de cabinets de nuit, écrit ces lignes, où se révèle délicieusement la qualité de son âme : Je ne peux prendre mon parti de ces décadences de la noblesse. […] Toutefois vous trouverez, du moins dans la première partie des Satires, un rien de pédantisme classique, trop de métaphores héritées des satires littéraires de Boileau, trop de « sifflets » et le pli trop fréquent de renvoyer les mauvais au auteurs sur les quais ou chez l’épicier.

773. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXXII » pp. 328-331

Voltaire a donné sa fameuse recette pour voir si des vers français étaient bons ou mauvais : Mettez-les en prose !

774. (1887) Discours et conférences « Préface »

Ces façons de prendre les gens à la gorge et de leur dire : « Tu parles la même langue que nous, donc tu nous appartiens », ces façons-là sont mauvaises ; la pauvre humanité, qu’on traite un peu trop comme un troupeau de moutons, finira par s’en lasser.

775. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 234-238

Baudrand, [Michel-Antoine] Abbé, né à Paris en 1633, mort dans la même ville en 1700, connu par un mauvais Dictionnaire Géographique in-folio, qui n’a pas laissé d’être utile à ceux qui en ont composé de meilleurs.

776. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — H — article » pp. 497-500

L’Auteur de l’Art Poétique n’auroit-il pas dû retrancher du nombre des mauvais Poëtes, un homme qui pensoit & versifioit ainsi* ?

777. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 121-125

Le mauvais succès de la Version de Perse déterminera sans doute M. l’Abbé Lemonnier à suivre pour celle de Plauté, à laquelle il travaille, dit-on, la même méthode qu’il a observée en traduisant les Comédies de Térence.

778. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre II. De l’Allégorie. »

Mais, au reste, cette sorte de petite allégorie matérielle, quoiqu’un peu moins mauvaise que la grande allégorie physique, est toujours d’un genre médiocre, froid et incomplet ; elle ressemble tout au plus aux Fées des Arabes, et aux Génies des Orientaux.

779. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Pierre » pp. 200-201

Le tout a l’air ou d’une première ébauche, ou d’un mauvais tableau ancien dont on a enlevé la couleur en le nettoyant.

780. (1763) Salon de 1763 « Peintures — La Grenée » pp. 206-207

Pour votre Josué qui combat les Amorrhéens, et qui commande au soleil, je ne saurais vous dissimuler qu’il est mauvais.

781. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1885 » pp. 3-97

Car si ce soir, il y a quelques sifflets, avec tout ce qu’il y aura dans la salle de mauvaises dispositions latentes, chez la plupart de mes confrères, c’est une partie compromise, un four quoi, encore. […] Mardi 10 mars Ce matin, dans le lit, ruminement des mauvais articles d’hier et d’aujourd’hui, et l’indignation de cet article de Bigot, du Siècle, qui cherche à me faire siffler, en proclamant que l’adultère de ma pièce est plus immoral que les adultères de toutes les autres pièces, et en donnant à entendre que le frère aîné est un maquereau. […] Là-dessus une discussion entre lui et sa femme, voulant la chère femme que la souffrance nerveuse n’aigrisse pas, n’exaspère pas, ne fasse pas mauvais ! […] Lorsqu’on descend à la gare, Daudet retient un moment Belot à la portière et se plaint de sa lettre, Belot balbutie, rejette le mauvais procédé sur ses embêtements, ses nerfs, déclare qu’il n’aurait jamais envoyé cette lettre, si c’était lui qui l’avait écrite. […] Hading, cette actrice, que je venais voir avec la prévention d’une actrice d’Ohnet, joue très intelligemment le rôle de Sapho, et même tous les dessous psychiques du rôle, avec le flottement mou et las de son corps, la volupté de ses regards longs, l’impudeur de sa bouche, la fermentation des mauvaises pensées qu’on sent habiter son front, les chatteries sensuelles de ses gestes.

782. (1894) Dégénérescence. Fin de siècle, le mysticisme. L’égotisme, le réalisme, le vingtième siècle

Une culture exclusivement littéraire-esthétique est aussi la plus mauvaise préparation imaginable pour bien reconnaître le caractère pathologique des œuvres de dégénérés. […] Millais et Holman Hunt n’affectent plus le mauvais dessin voulu et n’imitent plus puérilement le balbutiement de Giotto. […] Il ne résulte pas d’un sentiment de hautaine virilité et d’une affirmation de sa propre valeur, mais d’une basse envie et d’une intolérance mauvaise. […] Le mauvais cavalier qui ne se sent pas sûr de lui remonte ordinairement ses jambes et tombe certainement, tandis qu’il conserverait vraisemblablement l’équilibre, s’il les laissait tendues. […] Jules Huret décrit ainsi son extérieur : « Sa tête de mauvais ange vieilli, à la barbe inculte et clairsemée, au nez brusque (?) 

783. (1908) Après le naturalisme

La vacuole régulatrice du noyau l’identifie, l’assure contre les mauvais destins. […] La société mauvaise ressemble à une toxine où tu dépéris. […] Vient un jour où sont renversées les menteuses idoles, démasqués les mauvais principes, ruinées les erreurs les mieux enracinées. […] Les instincts de jouissance matérielle se sont justifiés de mauvaises théories. […] Il en est de deux sortes, une bonne et une mauvaise.

784. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

Aussi Modeste Mignon est-elle suspendue entre le bon et le mauvais, comme on se figurait jadis le tombeau de Mahomet flottant entre le plancher et la voûte de la mosquée de Médine. […] C’est le vieux Rhin allemand qui déplore sa mauvaise destinée. […] Jules Janin d’un mauvais œil. […] Janin et il y aurait bien de la mauvaise volonté à ne pas faire attention à un homme qui possède là ce que nos plus grands écrivains, nos plus illustres politiques, ont peine à exciter autour d’eux, à savoir l’attention. […] Sainte-Beuve fut un de ces quelques monarques élevés par la mauvaise fortune.

785. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre III. La Révolution. »

Que les courtisans se filoutent entre eux ; nous du moins, messieurs, nous avons gardé assez d’honneur pour nous maintenir purs parmi les corruptions du monde809. » Au reste, il est galant, il a une demi-douzaine de femmes, une douzaine d’enfants, il fréquente les mauvais lieux, il est aimable avec les beautés qu’il y rencontre, il a de l’aisance, il salue bien et à la ronde ; il tourné à chacune son compliment : « Mademoiselle Slammekin, toujours votre abandon et cet air négligé du grand monde ! […] Ces intérieurs de prison et de mauvais lieu, ces tripots, cette odeur de gin, ces marchandages d’entremetteuses et ces comptes de filous, rien ne dégoûte les dames, qui applaudissent dans leurs loges. […] La chaire avait le sans-façon et la rudesse du théâtre, et, dans cette peinture des braves gens énergiques que le monde taxe de mauvais caractères, on retrouvait la familiarité âcre du Plain-Dealer. « Certainement il y a des gens qui ont une mauvaise roideur naturelle de langue, en sorte qu’ils ne peuvent point se mettre au pas et applaudir ce vaniteux ou ce hâbleur qui fait la roue, se loue lui-même et conte d’insipides histoires à son propre éloge pendant trois ou quatre heures d’horloge, pendant qu’en même temps il vilipende le reste du genre humain et lui jette de la boue. —  Il y a aussi certains hommes singuliers et d’un mauvais caractère qu’on ne peut engager, par crainte ni espérance, par froncement de sourcils ni sourires, à se laisser mettre sur les bras quelque parente de rebut, quelque nièce délaissée, mendiante, d’un lord ou d’un grand spirituel ou temporel. —  Enfin il y a des gens d’un si mauvais caractère, qu’ils jugent très-légitime et très-permis d’être sensibles quand on leur fait tort et qu’on les opprime, quand on diffame leur bonne renommée et quand on nuit à leurs justes intérêts, et qui par surcroît osent déclarer ce qu’ils pensent et sentent, et ne sont point des bêtes de somme pour porter humblement ce qu’on leur jette sur le dos, ni des épagneuls pour lécher le pied qui les frappe et pour remercier le bon seigneur qui leur confère toutes ces faveurs d’arrière-train835. » Dans ce style saugrenu, tous les coups portent : on dirait un assaut de boxe où les ricanements accueillent les meurtrissures. […] Le déisme et l’athéisme ne sont ici qu’une éruption passagère que le mauvais air du grand monde et le trop-plein des forces natives développent à la surface du corps social. […] Ici872, sous des ciels noyés de brouillards pâles, parmi de molles ombres vaporeuses, apparaissent des têtes expressives ou réfléchies ; la rude saillie du caractère n’a point fait peur à l’artiste ; le bouffi brutal et bête, l’étrange oiseau de proie lugubre, le mufle grognon du mauvais dogue, il a tout mis ; chez lui, la politesse niveleuse n’a point effacé les aspérités de l’individu sous un agrément uniforme.

786. (1923) L’art du théâtre pp. 5-212

Et sans doute, un bon élève ne fait pas forcément un maître ; mais plus sûrement qu’un mauvais. […] Là aussi il y a les bons et les mauvais, les sages et les fous, ou simplement les sots. […] il n’est pas mauvais de s’appuyer sur la réalité. […] On avait trop vécu sur certaines conventions qui n’étaient pas toutes mauvaises, mais qui offensaient à la fois la liberté et la raison. […] Il n’est donc pas mauvais qu’un public moyen et divers se mêle à l’élite dans les théâtres où s’élabore l’art dramatique de demain.

787. (1868) Curiosités esthétiques « II. Salon de 1846 » pp. 77-198

Leur goût immodéré pour la distinction leur joue à chaque instant de mauvais tours. […] * Les singes du sentiment sont, en général, de mauvais artistes. […] C’est pourquoi il est aussi difficile de se connaître en sculpture que d’en faire de mauvaise. […] Car une grande peinture vénitienne jure moins à côté d’un Jules Romain que quelques-uns de nos tableaux, non pas des plus mauvais, à côté les uns des autres. […] Ce préjugé d’atelier, qui a circulé dans le public, est une mauvaise excuse des artistes.

788. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre IV. Shakspeare. » pp. 164-280

… —  Tes nouvelles sont-elles bonnes ou mauvaises ? […] Sont-elles bonnes ou mauvaises ? […] Falstaff est un pilier de mauvais lieu, jureur, joueur, batteur de pavés, vrai sac à vin, ignoble à faire plaisir. […] Maintenant sur la moitié du monde — la nature semble morte, et les mauvais rêves viennent abuser — le sommeil sous ses rideaux. […] mauvais jour !

789. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

Je vous écris ceci étant bien triste, car j’ai peur que toutes les beautés de cet ouvrage ne disparaissent sous tant de mauvais vouloir. […] Natures mauvaises et perfides que lord Byron lui-même n’a pas pu relever de la haine et du mépris qu’elles inspirent. […] Dimanche, et de lui demander des nouvelles de madame Dimanche, du petit Dimanche et du petit chien Brisquet, notre galant seigneur aimera mieux se réconcilier avec son père, que de rester soumis à l’obstination, au mauvais vouloir et à l’impatience de ses créanciers. […] la journée sera mauvaise pour lui. […] De même qu’il a donné son louis d’or au nom de l’humanité, de même Don Juan peut se faire tuer pour le premier venu, au nom de ce point d’honneur qui remplace tous les genres de vertus, pour ces mauvaises et élégantes natures. — Arrive alors la scène du tombeau.

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