Il a un accent à lui dans les matières où la plupart des hommes parlent uniquement ce langage des abstractions et des généralités, qui, d’ordinaire, n’a pas d’accent… Il n’a rien du cuistre que voulait Cousin et dont s’honorait Cousin !
Il a créé l’éclectisme, mais cet éclectisme, insuffisant, ne l’abandonne-t-il pas pour un spiritualisme moins compromis, la seconde tente de ce Thabor qui n’en verra pas de troisième, malgré cette promesse fallacieuse d’une théodicée que Lerminier, le meilleur critique en ces matières, et l’uomo di sasso de Cousin, ne manque jamais l’occasion de lui rappeler de sa plume la plus cruellement respectueuse ?
C’est l’accent du cœur qui le met à part des poètes d’un temps où l’âme se retire de toutes choses devant la sensation et la matière envahissantes… Naturellement, un pareil poète doit être plus ou moins méconnu à une époque vide et pédante où lord Byron lui-même paraît affecté, Lamartine vague, et Alfred de Musset négligé ; car c’est là l’opinion qui commence à courir parmi ceux qui se croient les forts de la littérature actuelle, parmi les poètes matérialistes et réalistes de notre décadence littéraire.
Toute poésie matérielle aura le sort de la matière.
Et si ce n’était qu’en matière d’idées que Merlin fût un ruminement, je ne m’en étonnerais pas, car les têtes toutes-puissantes qui renouvellent leur inventaire intellectuel et aient plus d’une source d’inspiration à leur service, le nombre en est infiniment restreint parmi les poètes, même parmi ceux que le monde appelle les plus grands.
en pareille matière, une négation, si éloquente qu’elle soit, n’efface rien.
La matière d’un conte va devenir sous sa plume celle d’un volume en cinq livres.
Francis Wey34 I Le silence s’est fait, dans les hauteurs de la littérature, en matière d’œuvres fortes et de longue haleine.
Son trône est éclatant, sa robe est blanche, son sceptre d’une matière brillante et pure.
Nous avons surtout dans ces contes la matière et la substance du fantastique, matière non pas inerte, mais à l’état de fusion, d’essais, d’expériences psychologiques. […] Le vaste monde, la large humanité, les grandes croyances, voilà la carrière inépuisable d’où le véritable artiste doit désirer tirer la matière de ses œuvres. […] Feuillet s’est emparé et dont il a fait la matière de ses délicats et fins bijoux. […] Dans ces matières, en effet, il est extrêmement facile de glisser sur la pente de l’ennui, et quiconque y tombe risque fort de manquer le but que cherche naturellement à atteindre tout homme qui ouvre la bouche pour articuler des sons. […] Chaque partie du drame possédé son intérêt propre et se suffit à elle-même ; la matière a été heureusement coupée et intelligemment distribuée de manière qu’aucune ne nuise trop à une autre dans le souvenir du spectateur.
Il veut qu’elle s’associe aux merveilleuses transformations de la matière et aux grandes inventions modernes, pour y puiser son rajeunissement et en tirer un éclat nouveau. […] Pichat, les symboles cachés dans la matière, de retrouver l’idée de Dieu dans la brutalité du fait et de révéler aux masses les mystères des découvertes. Prêter une âme à la matière, tout est là. […] Ne prêtaient-ils pas aussi une âme à la matière ? […] Seulement, au lieu d’animer la matière à l’aide de fictions riantes, elle lui souffle l’âme même de la science.
L’objet de l’astronomie n’est pas de fournir matière à d’immenses calculs et à des cosmogonies poétiques, mais de servir à la géographie, et de guider la navigation. […] Hamilton, il est sceptique en métaphysique ; il n’a lu les philosophes allemands que pour les réfuter ; il regarde la philosophie spéculative comme une extravagance de cerveaux creux, et il est obligé de demander grâce à ses lecteurs pour l’étrangeté de la matière, lorsqu’il essaye de tâcher de leur faire entendre quelque chose des conceptions de Hegel. […] Mais comme usuriers, changeurs, procureurs retors, aucune classe d’êtres ne peut supporter avec eux la comparaison1371… » Ce sont ces hommes et ces affaires qui allaient fournir à Burke la plus ample et la plus éclatante matière d’éloquence, et lorsque Macaulay décrit le talent propre du grand orateur, c’est le sien par contre-coup qu’il décrit. […] L’ouvrage et toutes ses parties sont composés sur une échelle gigantesque ; le titre est aussi long qu’une préface ordinaire, la préface remplirait un livre ordinaire, et le livre contient autant de matière qu’une bibliothèque.
Or, qu’est-ce en trois mots que le criticisme de Bayle, sinon une extension du doute cartésien aux matières dangereuses que Descartes avait adroitement réservées et comme exceptées de l’application de sa méthode ? […] Fontenelle s’ingénie à les entretenir ; il y réussit ; très répandu dans le monde, elles deviennent, grâce à lui, la matière des conversations mondaines ; et grâce à lui que manque-t-il encore à la victoire du cartésianisme ou de la science même ? […] VII, p. 172] ; — et comment enfin la forme de son imagination se change eu une fureur d’inventer, d’innover, et de compliquer sans raisons. — C’est pour cela qu’« il charge maintenant ses sujets de matière » ; — qu’après voir expulsé l’amour, il l’y réintroduit, sous les espèces de la galanterie la plus froide [Cf. […] Mesnard, II, 367]. = — Conséquences de ce principe. — 1º Les actions rares, extraordinaires et « complexes » de Corneille remplacées par des actions simples, « chargées de peu de matière », et d’expérience quotidienne [Cf. […] Essais de critique et d’histoire] — et que, de Corneille et de Racine, c’est bien Corneille qui est le « précieux ». — 3º La matière même de l’invention se déplace. — Il ne s’agit plus d’ajouter à la réalité, de l’embellir, de lui « donner le grand goût » ; — mais, de la mieux voir et de la mieux rendre. — Prédilection singulière de Racine pour les sujets déjà traités [Cf.
Je serais, quant à moi, absolument incompétent en pareille matière. […] Son physique et jusqu’à son moral, jusqu’à son intelligence, sont des matières plastiques qui prennent aisément la forme des moules où il les enferme. […] Sans doute j’ai laissé beaucoup à dire et je suis loin d’avoir épuisé une matière qui est de sa nature inépuisable. […] L’étude de la nature inerte, de la matière en soi, est donc une première cause d’avortement que devra éviter l’école réaliste. […] C’est en somme le triomphe de l’être humain sur la nature, de l’intelligence sur la matière.
Ce qui est charmant à suivre chez lui, c’est le mouvement de cet esprit agile, qui voltige sur tous les sujets qu’il traite, qui s’échappe sans cesse en fusées d’aperçus ingénieux, en boutades paradoxales, en rapprochements imprévus : on s’intéresse bien moins à la matière dont il s’occupe qu’au perpétuel jaillissement d’idées personnelles, qu’il tire de cette matière, fût-elle la plus ingrate du monde. […] Il vaut mieux nous borner, et invoquer en cette matière le témoignage de Goethe lui-même. […] Et qu’on n’aille point prétendre que les accidents monotones de la vie bourgeoise ne sauraient offrir à l’artiste une matière assez noble. […] Quelle matière pour sa vaillance ! […] Toujours est-il qu’un enthousiasme plein de gravité s’empare de lui dès qu’il traite cette matière.
Je suis de leur avis pour la publication de l’ouvrage, et quand il aura paru, il aura mon suffrage et mes éloges auprès de ceux qui m’estiment connaisseur en ces matières-là… Le ton de cette lettre est cérémonieux et un peu pesant, mais le jugement est exact. […] […] Si j’expose à ses yeux l’objet le plus charmant, Il le regarde en juge et non pas en amant ; Et si j’offre à ses feux quelque illustre matière, À son peu de chaleur il joint trop de lumière ; Il examine trop les lois de sa prison, Et veut joindre à l’amour un peu trop de raison.
Mais laissons parler là-dessus un témoin bien grave et hautement autorisé en toute matière, M. le duc de Broglie, qui, dans la Revue française de janvier 1830, venant constater, à propos de l’Othello de M. de Vigny, la révolution sensible qui s’opérait dans le goût du public, écrivait : « Chacun peut se rappeler les murmures qui interrompirent, lors de la première représentation du Cid d’Andalousie, cette scène charmante94 où le héros de la pièce, tranquillement assis aux pieds de sa bien-aimée, sans desseins, sans inquiétude, uniquement possédé de l’idée de son prochain bonheur, dans un profond oubli et du monde, et des hommes, et de toutes choses, l’entretenait doucement des progrès de leur amour mutuel, et lui rappelait, en vers pleins de délicatesse et de grâce, les premiers traits furtifs de leur muette intelligence. […] On lit dans la préface que l’auteur, au début, soumit le manuscrit de sa pièce à La Harpe, qu’on regardait alors comme l’oracle en telle matière ; et La Harpe, après avoir examiné, répondit : « Votre pièce est assez bien écrite, mais le sujet n’est nullement propre au théâtre ; s’il l’était, Voltaire ou moi nous nous en serions emparés. » Voilà bien de nos Aristarques.
Si cela était possible, Corneille nous montrerait l’acte volontaire en soi, hors du monde des accidents, sans une matière où il s’applique, se prenant lui-même pour but. […] Assuérus est un roi d’Orient, aussi polygame qu’on le puisse être ; ses eunuques lui recrutent partout de belles filles, et, quand elles ont mariné six mois dans la myrrhe et six autres mois dans les aromates, on les introduit chez le roi… Or c’est là la matière du charmant et chaste récit du premier acte Esther est une Juive féroce qui se venge en faisant massacrer soixante-quinze mille Persans : Racine l’a transformée en colombe gémissante, et ce vers d’Assuérus passe inaperçu : Je leur livre le sang de tous leurs ennemis.
Or, remarquons-le, dans cet art subjectif qu’est la musique, l’harmonie s’illumine relativement objective, les Grecs l’avaient indiqué déjà ; timbres ou rapports organiques des sons (intervalles), nous en prenons la matière en dehors de nous. […] Il semble qu’elle procède, chez lui comme chez nous, du désir de mettre en relief les divers membres d’une phrase et j’ajouterai, — pour le Poète, — qu’elle fournit en quelque sorte une matière à la mesure ou au rythme.
Les discussions sur la matière et la forme des sacrements prêtent aux mêmes observations. L’obstination à trouver en toute chose la matière et la forme date de l’introduction de l’aristotélisme en théologie au xiiie siècle.
« On voit dans Somaise, au mot Mariage, que leurs alliances sont fort spirituelles et détachées de la matière. […] Certes, il ne viendra dans l’esprit de personne que cela regarde la maison de Rambouillet Molière, dans la préface de la pièce, exprime positivement une intention opposée aux applications de nos biographes modernes : « Les vicieuses imitations de ce qu’il y a de plus parfait, ont été de tout temps, dit-il, la matière de la comédie ; les plus excellentes choses sont sujettes à être copiées par de mauvais singes.
Si vous avez jamais eu pitié de l’agonie d’une fleur ou de l’évaporation d’un parfum, si la matière, languissante et blessée sous une forme exquise, a parfois éveillé en vous une de ces vagues sympathies qui ferait croire à des affinités inconnues, vous comprendrez peut-être l’étrangeté de cette sensation confuse. […] Mensonges vivants, elles s’harmonisent à ces mensonges de la forme, du contour et de la matière.
Son problème, la matière, l’amuse. […] En fait de civilisation, la Grèce entrait en matière par la construction d’une académie, d’un portique ou d’un logeum.