Fils d’un père greffier, né d’aïeux avocats (1636), comme il le dit lui-même dans sa dixième épître, Boileau passa son enfance et sa première jeunesse rue de Harlay (ou peut-être rue de Jérusalem), dans une maison du temps d’Henri IV, et eut à loisir sous les yeux le spectacle de la vie bourgeoise et de la vie de palais. […] que toutes ces pauvres maisons bourgeoises rient à mon cœur ! […] En 1679, à la mort de Jérôme, il logea quelques années chez son neveu Dongois, aussi greffier ; mais bientôt, après avoir fait en carrosse les campagnes de Flandre et d’Alsace, il put acheter avec les libéralités du roi une petite maison à Auteuil, et on l’y trouve installé dès 1687. […] Ce qu’on a peine à concevoir, c’est qu’il vendit sur ses derniers jours sa maison d’Auteuil et qu’il vint mourir, en 1711, au cloître Notre-Dame, chez le chanoine Lenoir, son confesseur. […] Il est heureux de s’accommoder ainsi de tout le monde ; pour moi, j’aurois cent fois vendu la maison. » Ce qui pourtant explique qu’à la fin Boileau, devenu morose, l’ait vendue.
Plusieurs des bourgeois de Fismes, raconte l’abbé d’Allainval, qu’on ne saurait que répéter sur ces commencements, m’ont dit que, dès son enfance, elle se plaisait à réciter des vers, et qu’ils l’attiraient souvent dans leurs maisons pour l’entendre. […] On l’accusait de tenir bureau de bel esprit, parce que sa maison était « la seule, à un petit nombre d’exceptions près, dit Fontenelle, qui se fût préservée de la maladie épidémique du jeu, la seule où l’on se trouvât pour s’entretenir raisonnablement les uns les autres, et même avec esprit selon l’occasion ». La maison de Mlle Le Couvreur, à certains jours, devait être du petit nombre de celles où l’esprit et la raison avaient chance de se rencontrer. Elle habitait, rue des Marais-Saint-Germain, une petite maison où l’on disait que Racine avait demeuré, et que Mlle Clairon occupa depuis. […] Il ajoute que celle-ci étant au lit de mort, sept ans après, fit, à haute voix, devant ses amis et toute sa maison, une confession générale de ses fautes, de ses égarements (et il y en avait beaucoup), et que toujours elle protesta de son entière innocence sur cet article de Mlle Le Couvreur.
Il rasait bien, il chantait mieux, et peu à peu chalands et curieux de venir, si bien qu’un peu d’aisance, un petit ruisselet argentin, comme il dit, le visita, lui le premier de sa race, et qu’il devint même propriétaire de sa modeste maison. […] J’en parlai le lendemain dans quelques-unes des meilleures maisons d’Agen ; on voulut voir le jeune homme, on le fit venir, on lui fit raconter le même fait ; mais la fièvre de l’émotion en lui s’était éteinte, il fut phraseur, maniéré, exagéré ; bref, il voulut faire et il ne fit pas. […] Elle vend sa maison, et, légère, elle court porter au curé la somme complète : « Monsieur le curé, lui dit Marthe à genoux, je vous porte tout ce que j’ai ; maintenant vous pourrez écrire ; achetez sa liberté, puisque vous m’êtes si bon ; ne dites pas qui le sauve ; oh ! […] Trois années après, le malheur avait passé sur cette maison, et Mlle Roaldès, par piété filiale, était réduite à chercher dans son talent une ressource. […] Jasmin, un certain jour, vers 1845, est devenu propriétaire en effet, non plus seulement de sa maison au Gravier, mais d’une petite vigne tout proche de la ville, et qu’il a baptisée aussitôt par cette inscription : À Papillote, comme qui dirait : à Babiole, à Bagatelle.
Il fut envoyé à Paris dans une maison de banque tenue par un Genevois, et il y étendit ses vues, il y exerça son coup d’œil. […] Devenu associé et l’un des chefs d’une maison de banque, il fit preuve, dans ses spéculations diverses, d’une sagacité supérieure et d’un esprit de combinaison que récompensa la fortune. […] Je lui ai moi-même entendu raconter que, durant les premières années de son séjour à Paris, il lui était arrivé cent fois de rester plus d’un quart d’heure dans son fiacre avant de parvenir à se décider sur la maison où il devait se faire conduire d’abord. […] Necker, enrichi par d’heureuses opérations et encore jeune, ayant épousé Mlle Curchod qui avait le culte de l’esprit, eut à Paris, dès 1765, une maison qui devint presque aussitôt le rendez-vous des philosophes et des littérateurs les plus célèbres. […] Ce métier dispense la maîtresse de la maison de se lever entièrement ou de le faire trop vulgairement lorsque des personnes nouvelles entrent dans son appartement pour lui rendre visite.
Le père d’Arnault, qui avait vingt-cinq mille livres de rentes, avait aliéné une partie de sa fortune pour acheter dans la maison du comte de Provence et du comte d’Artois, frères de Louis XVI, des charges qui étaient alors réputées une source de faveur ; de Paris, il était allé demeurer à Versailles et se faire homme de cour. […] Sur ces entrefaites, on lit des réformes dans la maison des princes ; les charges furent supprimées et non remboursées. […] Le futur Louis XVIII resta assez longtemps avant de le distinguer, de lui adresser la parole ; après un an ou deux seulement, lorsqu’il sut que ce jeune homme qui était de sa maison allait avoir une tragédie représentée au Théâtre-Français, Marius à Minturnes, le comte de Provence y prit intérêt, se fit donner la pièce à la dérobée, porta son pronostic, fut presque fier du succès que cependant il n’avait point prédit, et honora dès lors le jeune poète, à son lever, de quelques-unes de ces paroles perlées et de ces citations coquettes qu’il méditait toujours à l’avance et qu’il savait placer à propos. […] Sans amis, comme sans famille, Ici-bas vivre en étranger ; Se retirer dans sa coquille Au signal du moindre danger ; S’aimer d’une amitié sans bornes ; De soi seul emplir sa maison ; En sortir, suivant la saison, Pour faire à son prochain les cornes ; Signaler ses pas destructeurs Par les traces les plus impures ; Outrager les plus tendres fleurs Par ses baisers ou ses morsures ; Enfin, chez soi, comme en prison, Vieillir de jour en jour plus triste, C’est l’histoire de l’égoïste Et celle du Colimaçon. […] Louis XVIII se donna le plaisir de laisser mettre cet ancien officier de sa maison sur la liste des exilés ; sans doute quelque propos malin, quelque épigramme attribuée plus ou moins exactement à Arnault, aura excité cette rancune d’un roi trop littéraire61.
Que ma maison tout entière en soit pleine ! […] Tel puissé-je voir aussi Delphis, et qu’il s’élance à travers cette maison, semblable à un furieux au sortir de la brillante palestre ! […] ma beauté commença à fondre, je ne pensai plus à cette pompe, et je n’ai pas même su comment je revins à la maison ; mais une maladie brûlante me ravagea, et je restai dans le lit gisante dix jours et dix nuits. […] Ô Quenouille, amie de la laine, don de Minerve aux yeux bleus, ton travail sied bien aux femmes qui vaquent aux soins de la maison. […] Aussi bien je ne voudrais pas te donner dans des maisons chétives et oisives, toi qui es issue de noble terre et qui as pour patrie cette cité qu’Archias de Corinthe fonda jadis, qui est comme la mœlle de la Sicile et la nourrice d’hommes excellents.
L’intérieur, est resté provincial, normand, chardinesque, et les grandeurs n’ont rien changé au train de la maison. […] Il habite une grande maison bourgeoise bâtit dans un petit parc minuscule à la dix-huitième siècle. La maison est égayée par un enfant intelligent et beau, sur la figure duquel, se trouve, joliment mêlée, la ressemblance du père et de la mère. […] Ma maison même ne me semble plus être pour moi, ce qu’elle était, il y a six mois. […] Pendant les heures lentes du voyage, je pense qu’il y a, cette année, quarante ans que je viens, tous les automnes, passer un mois dans cette maison de famille.
» Et il ne fait pas l’illustration de La Maison d’un artiste, qui le tentait, et il ne retire pas même : La Femme, dont des exemplaires lui sont demandés, tous les jours. […] Un moment même, elle célèbre le bonheur d’être seule dans la vie, et sur ce que je lui fais remarquer que c’est bien vide une maison, un grand appartement pour un être seul, elle m’interrompt, et s’écrie, que, lorsque dans cette maison, dans ce grand appartement, il y a deux êtres, comme elle en connaît, qui ne s’emboîtent pas, c’est encore plus triste. […] Quant au maître de la maison, au milieu de ses bibelots, largement nourri et abreuvé de tout ce qu’il y a de mieux, gavé jusqu’au goulot de toutes les jouissances de la gueule, il est heureux comme un coq en pâte japonais. […] Daudet raconte qu’à l’âge de douze ans, après une absence de chez lui — c’était, je crois, sa première frasque amoureuse — rentrant à la maison, la tête perdue, et s’attendant à une terrible raclée, la porte ouverte par sa mère, il lui venait soudainement l’inspiration de lui jeter : « Le pape est mort ! […] Quand il a loué sa maison de Soisy, il s’est écrié : « Ah !
… » dit-il en riant, mais tout bas, à cause de la maison endormie. […] La Maison des morts. — 1886. […] La main et l’œil de la maîtresse de la maison sont indispensables. […] Noms charmants chuchotés par la lèvre des vents : La maison de l’Amour, la maison des Corolles. […] Dans ce même verger étaient semées d’autres maisons plus petites, dont les unes semblaient également des maisons d’habitation, les autres de simples dépendances.
Cependant sur le fleuve lui-même, du côté du couchant, on voit se lever une forêt inextricable de mâtures, de vergues et de câbles ; ce sont les navires qui se déchargent, accrochés, mêlés parmi les cheminées des maisons, parmi les poulies des magasins, parmi les grues, les cabestans et tout l’attirail du labeur incessant et gigantesque. […] Dans les moyennes, l’homme s’excède de travail pour donner à sa femme des robes trop voyantes et pour mettre dans sa maison les cent mille brimborions du demi-luxe. […] On ne saurait imaginer des clubs mieux munis du nécessaire et du superflu, des maisons si bien approvisionnées et si bien menées, l’agrément et l’abondance si savamment entendus, un service si sûr, si respectueux, si rapide. […] Ces hautes maisons en pierres massives, chargées de péristyles, de demi-colonnes, d’ornements grecs, sont le plus souvent lugubres ; les pauvres colonnes des monuments semblent lessivées à l’encre. […] Rien de beau ; tout au plus les maisons bourgeoises vernissées, avec leur carré de verdure, sont agréables ; on sent qu’elles sont bien tenues, commodes, excellentes pour un homme d’affaires qui veut se délasser, se détendre après une journée laborieuse.
Son grand-père avait vendu presque tout son bien et avait appauvri la maison. Montluc, dès l’enfance, dut chercher fortune et à se frayer sa voie : « Encore que je sois gentilhomme, si suis-je néanmoins parvenu degré par degré, comme le plus pauvre soldat qui ait été de longtemps en ce royaume. » Nourri en la maison du duc Antoine de Lorraine, au sortir de page il fut pourvu d’une place d’archer dans la compagnie de ce prince sous le chevalier Bayard, qui en était le lieutenant. […] Montluc s’en revient à pied pendant la plus grande partie du chemin, continuant de porter son bras en écharpe, « ayant plus de trente aunes de taffetas sur lui, parce qu’on lui liait le bras avec le corps, un coussin entre deux ; souhaitant la mort mille fois plus que la vie, car il avait perdu tous ses seigneurs et amis qui le connaissaient. » Il rentre en sa maison, est deux ou trois ans à s’y guérir, et plus tard, quand la guerre se réveille et qu’il reprend le service, il croit avoir tout à faire et à recommencer sa carrière comme le premier jour. […] Dans l’invasion de la Provence par Charles-Quint (1536), il se signale par un coup de main heureux et qu’il raconte avec complaisance ; car c’est par là qu’après cette interruption pénible, lui qui ne hait rien tant que sa maison et à qui les « jours de paix sont des années », il se remet en train aux choses de guerre et qu’il rafraîchit l’idée de sa réputation que ce temps d’oisiveté et la longueur de sa blessure avaient un peu mise en oubli : « Ce n’est rien, mes compagnons, dit-il, d’acquérir la réputation et un bon nom, si on ne l’entretient et continue. » Il s’agissait d’affamer l’armée de Charles-Quint et de détruire certains moulins d’où il tirait ses farines, notamment les moulins d’Auriole entre Aix et Marseille.
Le devant de leur théâtre était semblable à celui que nous avons aujourd’hui : mais ils avaient dressé, dans le fond, des échafauds, dont le plus élevé était destiné à représenter le paradis ; un autre représentait la maison de Pilate, etc. […] Mais celui-ci, pour n’être pas obligé de les secourir, feint de ne les pas connaître, et les fait chasser de la maison.
C’est la maison bâtie par Le Chigi, qui vivoit sous le pontificat de Leon X. Les peintures que ce Chigi fit faire dans cette maison par Raphaël, ont rendu le nom de Chigi aussi célebre dans l’Europe que le pontificat d’Alexandre VII.
Au-dessus de la porte étroite de la chère maison que ses poésies nous ont tant de fois rouverte, se voyait une petite madone dans une niche. […] La maison touchait au cimetière de la paroisse de Notre-Dame, et prenait de ce voisinage un caractère religieux, austère ; un grand calvaire à côté dominait les humbles croix et les gazons. […] Une assemblée solennelle de tous les membres eut lieu dans la petite maison, sous la madone. […] Martin (du Nord), d’être logé et nourri à l’hôpital général de Douai, presque en face de la maison natale. […] Certes le tien n’est pas brillant, mais les anxiétés poignantes de nos misères actuelles, celles d’Eugénie et de Cécile55, me font quelquefois acquiescer, en soupirant, à te savoir si humblement abrité devant notre maison paternelle.
Plus l’homme est un être public, plus il est viril ; plus la femme est un être domestique, plus elle est femme ; l’ombre de la maison la sanctifie et la divinise presque, la publicité la flétrit. […] Sa femme, madame Necker, plus enivrée encore que lui de cette apothéose, groupait dans sa maison tous les rayons de célébrité contemporaine pour faire autour de lui un éblouissement d’opinion. […] La maison de M. […] Elle n’eut pas d’enfance ; elle grandit et fleurit, comme une plante rare en serre chaude, sous la vertu de sa mère, sous la gloire de son père, sous les caresses et sous les admirations précoces des familiers illustres de la maison : ébauche de statue destinée au piédestal, sans cesse exposée dans le salon de son père comme dans un atelier de gloire à laquelle chacun des hôtes de la maison donnait tour à tour son coup de ciseau ! […] Elle ne fut bientôt plus que la seconde merveille dans sa propre maison.
Le bruit a couru, dans sa petite ville, que son fils vivait avec une femme perdue, et, dès lors, le scandale est dans sa maison. […] Mademoiselle Olympe donne une fête, dans sa petite maison au treizième arrondissement tout entier. […] On passe dans la bohème, on n’y demeure pas ; on y dresse une tente d’un jour ou d’une heure, on n’y bâtit pas sa maison. […] Entrons donc, de plain-pied, dans cette maison de l’adultère, — comme parle la Bible, — qui vomit la flamme par tous ses abords. […] Paul Aubry, et, pour que Paris ne l’ignore, elle envoie son équipage armorié stationner à la porte de sa maison.
La gloire de La Fontaine est indestructible, mais la maison où il est né, à Château-Thierry, ne l’est pas. Cette maison, qui est la propriété de la Société des Amis de La Fontaine, qui a fait de cette maison, jolie du reste, agréable, d’un agréable style Renaissance, qui a fait de cette maison un musée, crie détresse vers les adorateurs de La Fontaine pour que sa maison ne soit pas tout à fait détruite, ne tombe pas en délabrement. Vous savez que La Fontaine a parlé pour sa maison ; eh oui ! il a dit : Les ruines d’une maison Se peuvent réparer… Il ne faut pas le faire mentir.
Cette protection si ambitionnée et si spécieuse de son parent le cardinal ne l’avait mené qu’à être son homme d’affaires à Rome, l’intendant et l’économe de sa maison. […] Et en effet, dans les vers latins tout remplis des réminiscences et des locutions d’Horace et de Virgile, il n’y a pas, il ne peut y avoir ces traits fins et caractéristiques, la cheminée de mon petit village , le clos de ma pauvre maison , l’ardoise fine, qui est la couleur locale des toits en Anjou, et ce je ne sais quoi de douceur angevine opposé à l’air marin et salé des rivages de l’Ouest. […] La lettre est du 31 juillet 1559 ; elle répond à de durs reproches du cardinal, dont on lui avait fait part ; en voici les passages les plus significatifs : « … Vous entendrez donc, s’il vous plaît, Monseigneur, qu’étant à votre service à Rome, je passois quelquefois le temps à la poésie latine et françoise, non tant pour plaisir que je prisse que pour un relâchement de mon esprit occupé aux affaires que pouvez juger, et quelquefois passionné selon les occurrences, comme se peut facilement découvrir par la lecture de mes écrits, lesquels je ne faisois lors en intention de les faire publier, ains me contentois de les laisser voir à ceux de votre maison qui m’étoient plus familiers. […] Il voulait, aux approches du jour de l’an de 1560, envoyer à ses amis d’ingénieuses étrennes, et, selon le goût du temps, selon le goût aussi des Anciens qui ont souvent joué sur les noms (nomen omen), il composa en distiques latins une suite d’Allusions 115, dans lesquelles, prenant successivement chaque nom propre des contemporains célèbres, il en tirait, bon gré mal gré, un sens plus ou moins analogue au talent et au caractère du personnage : par exemple, Michel de l’Hôpital semblait avoir reçu son nom tout exprès, puisqu’il était l’hospice des Muses, auxquelles sa maison était toujours ouverte. […] et en quelle saison Reverrai-je le clos de ma pauvre maison, Qui m’est une province et beaucoup davantage ?
François-Auguste de Chateaubriand naquit donc à Saint-Malo, rue des Juifs, dans une maison voisine de celle où devait naître quelques années plus tard M. de La Mennais ; il était le dernier de dix enfants, dont six vécurent, quatre sœurs et un frère, l’aîné de tous. […] Il y avait dans la maison d’à côté trois vieilles filles nobles qui venaient chaque après-midi faire la partie de quadrille, averties de l’heure précise par un double coup de pincettes que mademoiselle de Boisteilleul frappait sur la plaque de la cheminée. […] Mais quand il vient à se rappeler que cette société, la première qu’il ait remarquée, est aussi la première qui ait disparu à ses yeux ; quand il montre la mort dépeuplant par degrés cette maison heureuse, une chambre qui se ferme et puis une autre, et le quadrille de l’aïeule devenu impossible, faute des partners accoutumés, il touche alors à une corde de sensibilité intime dont ses Mémoires nous rendent plus d’un tendre soupir. […] Cette impossibilité de durée et de longueur dans les liaisons humaines, cet oubli profond qui nous suit, cet invincible silence qui s’empare de notre tombe et s’étend de là sur notre maison, me ramènent sans cesse à la nécessité de l’isolement. […] » À côté de la maison calme et bénie de l’aïeule, il y a Monchoix, le joyeux et turbulent manoir de l’oncle, plein de chasseurs, de fanfares et de festins.
. — La Maison de la Vieille, roman contemporain (1894). — Verger fleuri, roman (1894). — L’Enfant amoureux, nouvelles (1895). — La Grive des vignes, poésies (1895). — Le Chemin du cœur, contes (1895) […] Catulle Mendès : La Maison de la Vieille. […] Un vigoureux talent, une observation perpétuelle, une ardeur alerte, voilà ce qu’on remarque dans la Maison de la Vieille, et qu’on ne croît pas que ce livre est décousu ; malgré son grouillement, il est systématique et construit de main d’ouvrier. […] Anatole France est d’autre nature, et, s’il est bien distinct du roman naturaliste, il l’est au moins autant de la Maison de la Vieille, de la Première Maîtresse ou de Gog. […] Il y a, au travers des histoires du Clown Papiol, une belle symphonie de Paris ; de jolis contes dans les Folies amoureuses, des scènes héroïques dans les Mères ennemies ; mais ce sont promesses et prémices à côté des dernières réalisations : la Maison de la Vieille et Gog.
S’il est un règne dans les annales de la maison de Bourbon qui ait, plus que tout autre, éveillé d’insensées tendresses dans les faibles cœurs de la génération présente, c’est à coup sûr le règne de Louis XV, de Louis XV, toujours le Bien-Aimé, car, malgré la grande rupture de la Révolution française, qui fait deux rivages dans l’histoire de ce qui aurait dû rester le même sol, Louis XV et sa société sont encore, tous deux, très bien vus de la société démocratique du xixe siècle, qui n’est pas puritaine au point de ne pas aimer les coquines ! […] Capefigue a oublié ce que les Royalistes, tels que les a faits la maison de Bourbon, ne manquent jamais d’oublier non plus dans leurs appréciations raccourcies, — l’importance des mœurs dans la politique des gouvernements et dans la destinée des peuples ! […] La maison de Bourbon, brillante de qualités qu’il faut reconnaître, malgré le prestige d’une attitude chevaleresque et l’éclat de l’épée, qui sera toujours la fascination irrésistible dans une nation de soldats, la maison de Bourbon est morte… de ses mauvaises mœurs. Laissons les Don Juan de la Philosophie et les Jocrisse du machiavélisme profond sourire quand nous écrivons ce mot-là… Mais pour nous, qui savons le néant de toutes les formules auxquelles croient les sots, ce qu’on appelle la politique n’existe plus que dans la moralité de l’homme, depuis qu’il existe du christianisme sur la terre, et le crime chrétien, le grand crime que la maison de Bourbon paie encore et expie, c’est le coup porté par elle au cœur de la famille et aux mœurs. […] Révolutionnaire en ceci qu’elle n’était pas assez chrétienne, cette maison qui devait, comme toute famille royale, parmi les peuples chrétiens, représenter l’essence de la société, c’est-à-dire la famille, la tua au contraire, la famille, et par Henri IV, et par Louis XIV, et par Monsieur le Régent, et par Louis XV ; et, par le massacre sans cesse renouvelé de l’adultère et des bâtardises, elle créa le monstre de l’individualisme dans l’État, comme le Protestantisme avait créé le monstre de l’individualisme dans les doctrines.
Sans le portrait du dernier de tous, — de celui en qui s’écroula si affreusement cette maison, bâtie avec le mortier du sang et l’or des pillages, — on ne s’arrêterait, soyez-en sûr ! […] Au moins, Louis XIV, qui transgressa la loi sociale de la famille, — le plus grand crime politique de sa maison, — avait gardé la foi chrétienne et forçait les vices de son temps même les siens) à l’hypocrisie. […] Lui fit la plus fière des contenances, — une contenance à la Kœnigsmark, — et comme, en mourant, ce dernier chevalier de cette maison de chevaliers attestait l’innocence de Sophie-Dorothée, elle lui ferma la bouche avec son pied.
Il vivait tantôt à Paris, tantôt à la campagne ; il avait loué à Segrès, près Arpajon, une maison très agréable : Rien, disait-il, ne ressemble plus aux champs Élysées, séjour des ombres heureuses, que cette maison de Segrès : il y a un jour doux, et non brillant comme celui des vues étendues sur le bord des grandes rivières ; cet affaiblissement du jour vient de quantité de montagnes vertes qui rendent ce séjour sauvage avec peu d’échappées de vues. […] Derrière la maison, au bas d’un rocher, est une futaie d’arbres débroussaillés avec des ruisseaux qui coulent, des nappes, cascades et bouillons d’eau qui vont nuit et jour, et qui rendent ce séjour tout semblable aux champs Élysées. […] Comme il avait observé que l’esprit quelquefois se dissipe, et pour ainsi dire s’extravase dans un lieu trop vaste, et que « pour étudier, pour lire, méditer, écrire, les petits endroits ont beaucoup d’avantages sur les plus grands », il avait imaginé et s’était fait faire une sorte de cabinet-sopha ou de cage allant sur roulettes, assez pareille à une maison de berger, où il n’y avait place que pour une personne, où l’on ne pouvait se tenir debout, où l’on était assis très à l’aise, à l’abri de tous vents coulis, et où il suffisait d’une bougie pour échauffer le dedans. […] [NdA] Une fois cependant les goûts de race et d’antique noblesse semblent lui revenir, et il écrit vers la date de 1750, sous ce titre : Gradation pour vivre noblement : J’aimerais à l’imitation des Anglais, à vivre ainsi graduellement en ces différents postes : À la ville ne vivre qu’en bourgeois aisé ; petite maison bourgeoise, mais commode, et d’une grande propreté au dedans ; chère bonne et propre ; quelques amis seulement le fréquentant.