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1794. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 367-370

Le Journal passa dans ses mains en 1666, & il le poussa jusqu’en 1674.

1795. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface et poème liminaire des « Châtiments » (1853-1870) — Au moment de rentrer en France. — 31 août 1870 »

Qu’est-ce qui va sortir de ta main qui se voile,                                Ô destin ?

1796. (1856) Cours familier de littérature. I « Épisode » pp. 475-479

Le jour où cet époux, comme un vendangeur ivre, Dans son humble maison t’entraîna par la main, Je m’assis à la table où Dieu vous menait vivre, Et le vin de l’ivresse arrosa notre pain.

1797. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Millet Francisque » p. 168

Elle sera seule dans les ténèbres ; elle entendra autour d’elle les soupirs de cent amans heureux, son cœur et ses sens s’enflammeront des plus ardens désirs, elle appellera les malheureux à qui elle a fait concevoir tant de fausses espérances ; aucun d’eux ne viendra, et elle aura les mains liées sur le dos.

1798. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — XI. Le plus brave des trois. »

Sa maîtresse alors se relève et lui dit en riant : « Ne te fais pas de mal à la main ; le morhoméné ouâra est déjà mort.

1799. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Notes et pensées » pp. 441-535

— « Allons, à huit jours, j’espère bien vous dire mon cher confrère », me répétait-il en me serrant tendrement la main, en ne voulant point absolument me la lâcher, et en me reconduisant jusqu’à la dernière marche de la dernière porte de son dernier escalier, afin d’avoir le plaisir, le bonheur de me voir un peu plus longtemps. […] Amédée Pichot, qui était son voisin de campagne à Bellevue, et qui avait une arrière-pensée d’Académie française, reçut cette traduction tronquée des mains de M.  […] Ils sont toujours prêts à étendre la main et à confisquer sans remords ni scrupule la vigne de Naboth, pour peu qu’elle soit à leur convenance. […] Guizot étendit la main et dit : Je la prends. […] De là un revers de main violent, et ces injustices de détail dont souffrent de près et saignent les cœurs honnêtes.

1800. (1925) Dissociations

Il juge tout ce qui lui tombe sous la main avec une célérité telle qu’on en reste confondu d’étonnement. […] Ils ont un tour de main un peu inquiétant. […] Aurions-nous les mains plus propres ? […] Darwin, inconsciemment guidé par ses souvenirs bibliques, a fait traditionnellement de l’homme le couronnement de la création, même de la création naturelle, mais le savant de bonne foi et sans préjugés est troublé quand il regarde la main humaine, et ensuite la main batracienne ou la main saurienne. […] Mais il est bien commode de trouver sous la main la voiture dont on a besoin.

1801. (1868) Curiosités esthétiques « V. Salon de 1859 » pp. 245-358

De sa main gauche il tient en manière de sabre son arc appuyé contre sa cuisse ; de la droite il exécute avec sa flèche le commandement : Portez armes ! […] Mais est-il bien vrai que la terrible reine, si jalouse d’elle-même, qui se sentait autant souillée par le regard que par la main, ressemblât à cette plate marionnette ? […] Le cerveau a pris des habitudes incorrigibles, et la main, réfractaire et troublée, ne sait pas plus exprimer ce qu’elle exprimait si bien autrefois que les nouveautés dont maintenant on la charge. […] La légende cachée avec la main, vous devineriez la saison, l’heure et le vent. […] Si l’ennui et le mépris peuvent être considérés comme des passions, pour eux aussi le mépris et l’ennui ont été les passions les plus difficilement rejetables, les plus fatales, les plus sous la main.

1802. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le cardinal de Bernis. (Fin.) » pp. 44-66

Une difficulté était le serment qu’il aurait eu à prêter comme évêque entre les mains du roi. […] Une main invisible m’a conduit des montagnes du Vivarais au faîte des honneurs ; laissons-la faire, elle saura me conduire à un état honorable et tranquille ; et puis, pour mes menus plaisirs, je dois, selon l’ordre de la nature, être l’électeur de trois ou quatre papes, et revoir souvent cette partie du monde qui a été le berceau de tous les arts. […] Notons-y seulement au passage cette main invisible qui n’est pas dans Horace et à laquelle Bernis se confie, et sachons que, lorsque viendront les heures d’adversité sérieuse et de ruine, le cardinal-archevêque, de ce séjour à Rome où il apprend les dépouillements successifs et rigoureux dont il est menacé ainsi que tout le clergé de France, écrira à M. de Montmorin : Vous avez pu remarquer, monsieur, que, dans cent occasions, il n’y a jamais eu d’évêque ministre du roi à Rome plus modéré que moi, plus ami de la paix, ni plus conciliant ; mais, si on me pousse à bout par des sommations injustes et peu délicates, je me souviendrai que, dans un âge avancé, on ne doit s’occuper qu’à rendre au Juge suprême un compte satisfaisant de l’accomplissement de ses devoirs.

1803. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « François Villon, sa vie et ses œuvres, par M. Antoine Campaux » pp. 279-302

il y a bien des sens cachés. » Et ils le diront et déjà ils le disent, parce qu’ils ont besoin de faire de vous tout ce que vous auriez dû être : car vous êtes l’enfant du siècle, vous le personnifiez, à leurs yeux, et là où le périlleux modèle ne répond pas pleinement à l’idée et fait défaut, ils y mettront la main, ils vous achèveront. […] Il paraît qu’il ne demeura guère à Angers, et que, revenu vers décembre 1457 dans les environs de Paris, il se serait porté, avec une demi-douzaine de ses compagnons, à quelque attentat hardi dont on ignore la nature précise, mais qui n’était guère moins qu’un vol à main armée sur un grand chemin. […] [NdA] Les curieux qui pourront mettre la main sur un petit volume de poésies, Les Legs de Marc-Antoine le bohème (Paris, chez Masgana, 1858) sauront ce que je veux dire.

1804. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Benjamin Constant. Son cours de politique constitutionnelle, ou collection de ses divers écrits et brochures avec une introduction et des notes, par M. Laboulaye »

On en sait aujourd’hui sur son compte autant que sur celui de Chateaubriand, et par des témoignages écrits de sa main. […] En effet, cet article du 19 mars 1815, si l’on s’en souvient, où il se déchaînait en style d’émigré contre Bonaparte, Attila et le Gengiskhan moderne, se terminait par une profession de foi, et cette profession de foi elle-même se couronnait par un serment que personne ne lui demandait et qu’il proférait devant tous, la main étendue et comme à la face du Ciel : « … Je n’irai pas, misérable transfuge, me traîner d’un pouvoir à l’autre, couvrir l’infamie par le sophisme, et balbutier des mots profanes pour racheter une vie honteuse. » Quand Lamennais s’écria dans un moment solennel : « Je vous ferai voir ce que c’est qu’un prêtre », et qu’ensuite il donna à cet engagement si éclatant le démenti qu’on sait, il eut beau faire désormais, être un grand écrivain, et plus grand même que par le passé, un homme sincère, désintéressé, un cœur dévoré de l’amour des hommes : il se déconsidéra. […] Benjamin Constant, dans les Cent-Jours, sauvait son libéralisme en le consignant entre les mains de La Fayette.

1805. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Rien n’est plus beau que le principe : main là, comme en tout, il y a boursouflure et rien dessous. […] Un jour, à ce qu’on appelle un thé militaire, c’est-à-dire à une réunion de tous les officiers supérieurs dans un jardin où l’impératrice leur offrait un régal, l’empereur, après avoir pris la main d’Horace et la lui avoir tenue pendant un assez long temps, en lui parlant de ce qui venait de se passer pendant les manœuvres, s’était retourné et avait dit aux officiers : « Messieurs, Vernet fait partie de mon État-major, et je mets à l’ordre qu’il sera libre de faire tout ce que bon lui semblera dans le camp. » Prestige de notre gloire militaire qui se réfléchissait jusque sur son peintre ! […] … » Et comme Horace lui exprimait son désir de faire une visite en France : « L’empereur m’a dit alors, les larmes dans les yeux : « Allez, vous ferez ce qu’un galant homme doit faire ; si vous voyez le roi des Français, dites-lui bien que je partage tout son malheur ; que personne plus que moi ne peut le comprendre davantage, car je lui dois de connaître le bonheur dont vous me voyez jouir chaque jour : dites-lui tout ce qui pourra le convaincre de l’estime que j’ai pour ses grandes vertus et pour la fermeté de son caractère. » — « L’empereur me tenait la main ; nous sommes restés quelques minutes sans prononcer une parole, en proie à la plus vive émotion, et lorsque j’ai pu parler, je lui ai demandé s’il m’autorisait à répéter textuellement cette conversation.

1806. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc (suite et fin.) »

C’est l’école de l’architecture gothique proprement dite, de l’architecture à ogive, qui s’est produite d’abord dans l’Ile-de-France et aux environs du domaine royal, donnant la main à l’émancipation des Communes et représentant le génie du Moyen-Âge en ce qu’il avait de plus libre, de plus habile et de plus audacieux ; il en est sorti les cathédrales de Noyon, de Laon, de Reims, de Beauvais, d’Amiens…, et Notre-Dame de Paris, avec cette façade qui est une des merveilles du monde. […] Ainsi notre propre Moyen-Âge, en ce qu’il a eu de meilleur et d’excellent, notre architecture d’alors, bien nationale, bien originale, née chez nous dans l’Ile-de-France ou aux environs, a eu tort à nos yeux, et l’on est allé, dans la suite, chercher ailleurs, à l’étranger, bien loin, ce dont on avait la clef sous la main et chez soi. […] Il a cependant très bien marqué encore en quoi notre Renaissance, — ce qu’on appelle de ce nom dans l’architecture, — est une Renaissance bien particulière, ayant son goût propre et sa saveur à elle, entée de longue main sur l’art gothique, et non pas purement transplantée et copiée de l’Italie.

1807. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.) »

On est au commencement de l’année 1691, année des plus accidentées et des plus pénibles, mal inaugurée en janvier par la tentative manquée sur Veillane, relevée et signalée en mars-avril par la prompte et brillante conquête de Nice, qui se fit comme d’un revers de main, continuée et poursuivie en Piémont avec des succès divers et fort balancés. […] Il était à son poste, à la frontière d’Italie : le roi lui écrivit de sa main, de Versailles, le 27 mars 1693 : « Les services que vous me rendez me sont si utiles et agréables, que je crois ne pouvoir mieux vous le témoigner qu’en vous faisant maréchal de France. […] C’était, du reste, si l’on excepte cette gendarmerie d’élite arrivée de l’avant-veille, une armée toute formée par lui, toute dans sa main ; elle avait pleine et entière confiance dans son guide, le père La Pensée, comme on l’appelait familièrement.

1808. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. »

M. de Schulenburg m’avait fait faire un uniforme de soldat, que l’on me mit sur le corps avec un grand ceinturon et une grande épée, des guêtres à la saxonne, et, dans cet équipage, il me mena baiser la main du roi. […] On vint à parler des plans que j’avais levés, et le roi dit à M. de Schulenburg que tous ceux qu’il lui enverrait fussent faits de ma main. — « Je veux, continua-t-il, que vous me secouiez ce drôle comme il faut et sans aucune considération ; cela le rendra dur au mal. […] Il dénonce le complet changement de système et de balance qui va se faire en Europe : « Ceux qui seront les plus habiles en profiteront. » Il supplie le roi son frère de ne rien précipiter en matière d’alliances, de ne pas se lier les mains : il est mis, par le maréchal de Belle-Isle, dans le secret des expéditions qui vont se tenter au cœur de l’Allemagne ; il doit servir dans cette armée même, mais sous condition, car s’il arrivait que le roi son frère prit des engagements contre la France, il ne serait « ni décent ni honnête » qu’il fût à la guerre de ce côté.

1809. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite et fin.) »

Il ne se dit point que l’autorité de Raynal (si autorité il y avait) ne pouvait se séparer du fond des doctrines qu’il avait si ostensiblement soutenues et proclamées ; que son changement d’idées graduel et sincère, remontant à quelques années et connu seulement de quelques amis, ne pouvait que lui nuire en éclatant comme une conversion subite et en s’étalant comme un exemple de plus de la versatilité humaine ; que les hommes célèbres et les personnages publics ne sont pas seulement ce qu’ils sont, mais ce qu’ils paraissent ; que l’auteur de l’Histoire philosophique était le dernier des hommes qui eût le droit de rappeler si solennellement à la modération ceux qu’il avait de longue main excités et échauffés ; que c’était tout au plus ce qu’aurait pu tenter un Mirabeau, se transformant de tribun séditieux en tribun conservateur : et encore aurait-il eu de terribles difficultés personnelles à vaincre : Quis tulerit Gracchos de seditione querentes ? […] Il ne cesse d’indiquer comme terme et solution de la crise révolutionnaire et de la lutte à main armée en Europe « une monarchie constitutionnelle en France » ; mais il reconnaît en même temps tout ce qui en éloigne et en sépare. […] L’entrepreneur, sur ma parole, achète les matériaux et met la main à l’œuvre.

1810. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. » p. 232

les Rubens y pleuvent, et ses deux femmes, presque vivantes de son pinceau, et lui-même, peint de sa main : on croit voir ses lèvres bouger. […] C’est elle qui écrivait un jour à Mme Valmore cette lettre émue, où l’on croirait lire un bout de légende d’un autre âge : « J’ai été dimanche faire une course pour une dame qui m’est quelquefois utile dans des moments où je ne sais plus à qui avoir recours ; elle me tend la main pour me ranimer un peu. […] nous étions bien contentes de nous regarder et de nous serrer les mains.

1811. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine »

J’oserai affirmer, sans crainte de démenti, que, si les poésies fugitives de Ducis sont tombées aux mains de Lamartine, elles l’ont plus ému dans leur douce cordialité et plus animé à produire, que ne l’eussent fait les poésies d’André, quand elles auraient paru dix ans plus tôt. […] Lamartine n’est pas un homme qui élabore et qui cherche ; il ramasse, il sème, il moissonne sur sa route ; il passe à côté, il néglige ou laisse tomber de ses mains ; sa ressource surabondante est en lui ; il ne veut que ce qui lui demeure facile et toujours présent. […] Quoique attaché par des affections antiques aux dynasties à jamais disparues, quoique lié de foi et d’amour à ce Christianisme que la ferveur des peuples semble délaisser et qu’on dirait frappé d’un mortel égarement aux mains de ses Pontifes, M. de Lamartine, pas plus que M. de La Mennais, ne désespère de l’avenir ; derrière les symptômes contraires qui le dérobent, il se le peint également tout embelli de couleurs chrétiennes et catholiques ; mais, pas plus que le prêtre illustre, il ne distingue cet avenir, ce règne évangélique, comme il l’appelle, du règne de la vraie liberté et des nobles lumières.

1812. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DE LA LITTÉRATURE INDUSTRIELLE. » pp. 444-471

Marot, tendant la main au Roy pour avoir cent escus dans quelque joli dizain, y mettait moins de façon et plus de grâce132. […] L’auteur reste dans l’ignorance de ce détail et se lave les mains du procès. […] Quand on se croit la force en main, on en abuse aisément.

1813. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LE COMTE XAVIER DE MAISTRE. » pp. 33-63

J’ai entre les mains une ode manuscrite de lui, de 1817 ; c’est un regret de ne pouvoir atteindre au but sublime, et le sentiment exprimé de la lutte inégale avec le génie : Et, glorieux encor d’un combat téméraire, Je garde dans mes vers quelques traits de lumière Du dieu qui m’a vaincu41. […] J’étais si persuadé de ce système consolant pour les prosateurs, que j’essayai un jour d’écrire des vers avec la main gauche, dans l’espoir d’y trouver cet heureux mécanisme ; mais ma main gauche ne fut pas plus heureuse que la droite, et je fus convaincu à jamais que je ne suis pas une filière à vers.

1814. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LOYSON. — POLONIUS. — DE LOY. » pp. 276-306

Le voile rajeuni de la muse est désormais dans presque toutes les mains ; on se l’arrache ; mais la muse elle-même, l’âme de cette muse ne s’est-elle pas déjà envolée plus loin sur quelque colline où elle attend ? […] Les discours imprimés de M. de Serre ont passé par ses mains. […] si la main de l’art, si les doigts d’une femme Ranimaient tes concerts, Avant que pour jamais les restes de ton âme S’envolent dans les airs !

1815. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DE BARANTE. » pp. 31-61

La vieille France, après cette lecture, pouvait tendre la main à l’autre, sans se croire trop en reste de gloire et de martyre : Moscou et le Mans, la Bérésina et la Loire ! […] Il est des moments, rares, il est vrai, mais indiqués, où l’historien intervient à bon droit dans le fait et le prend en main ; et, quand le lecteur sent qu’il a affaire à une pensée ferme et sûre, il aime cela. […] Les intrigues de l’archiduc Sigismond pour récupérer la Haute-Alsace, qu’il avait cédée au duc Charles dans un moment de détresse ; l’or et surtout les paroles de Louis XI, qui le mirent à même de la racheter à l’improviste, amenèrent la première phase dans laquelle les Suisses, entraînés par Berne, et agresseurs hors de chez eux, épousèrent une querelle qui n’était pas la leur, se jetèrent à main armée entre la Franche-Comté et l’Alsace, franchirent le Jura neuchâtelois, et devinrent patemment les auxiliaires actifs d’un vieil ennemi contre un prince qui ne leur avait jamais été que loyal.

1816. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. Joubert »

Bien avant De Maistre et ses exagérations sublimes, il disait de Voltaire : « Voltaire a, comme le singe, les mouvements charmants et les traits hideux. » « Voltaire avait l’âme d’un singe et l’esprit d’un ange. » « Voltaire est l’esprit le plus débauché, et ce qu’il y a de pire, c’est qu’on se débauche avec lui. » « Il y a toujours dans Voltaire, au bout d’une habile main, un laid visage. » « Voltaire connut la clarté, et se joua dans la lumière, mais pour l’éparpiller et en briser tous les rayons comme un méchant. » Je ne me lasserais pas de citer ; et pour le style, pour la poésie de Voltaire, il n’est pas plus dupe que pour le caractère de sa philosophie : « Voltaire entre souvent dans la poésie, mais il en sort aussitôt ; cet esprit impatient et remuant ne peut pas s’y fixer, ni même s’y arrêter un peu de temps. » « Il y a une sorte de netteté et de franchise de style qui tient à l’humeur et au tempérament ; comme la franchise au caractère. […]  » Une de ces pensées, par exemple, qui s’inscrivaient toutes seules sur les arbres, sur quelque vieux tronc bien chenu, tandis qu’il se promenait par les bois un livre à la main, la voulez-vous savoir ? […] Il continua de lire, de rêver, de causer, de marcher, bâton en main, aimant mieux dans tous les temps faire dix lieues qu’écrire dix lignes ; de promener et d’ajourner l’œuvre, étant de ceux qui sèment, et qui ne bâtissent ni ne fondent : « Quand je luis, je me consomme. »  — « J’avais besoin de l’âge pour apprendre ce que je voulais savoir, et j’aurais besoin de la jeunesse pour bien dire ce que je sais. » Au milieu de ces plaintes, sa jeunesse d’imagination rayonnait toujours sur de longues perspectives : De la paix et de l’espérance Il a toujours les yeux sereins, disait de lui Fontanes en chantant sa bienvenue à Courbevoie.

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