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740. (1853) Propos de ville et propos de théâtre

Il n’y eut que le maître de la maison qui l’accueillit avec une indifférence voisine de la contrariété. […] Comme deux heures sonnaient, vingt-quatre coupés de maître vinrent l’un après l’autre abaisser leurs marchepied devant l’escalier de la rue Laffitte. […] À cette demande, le maître de la maison répondit par un sermon sur le funeste abus d’une substance malfaisante. […] Si le maître a la goutte, se plaindre de la sciatique ; et, lorsqu’il est enrhumé du cerveau, se procurer une fluxion de poitrine. […] Je passe la main à un maître du genre descriptif intelligent.

741. (1890) Les princes de la jeune critique pp. -299

» Un maître avait dit : « Que l’esprit soit anathème !  […] Monsieur Brunetière, vous qui avez été nommé maître de conférences à l’École normale ! […] Imperturbable maître des cérémonies, il classe avec une tranquille audace les genres et les œuvres. […] Brunetière est peut-être aussi sûr de lui, mais il n’est pas aussi maître de son sujet, quand il s’aventure dans le moyen âge. […] Seulement le maître (je parle de celui qui est mort) avait l’esprit gai et l’humeur accommodante ; M. 

742. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

Mais Rachmed est Usbeg et musulman : son maître est son ami. […] Ensuite, à l’égard de ses maîtres, une reconnaissance vraiment édifiante. […] Dautel, maître de danse, devint contrôleur des droits réunis. […] C’est qu’il a trouvé son maître, son ami, l’idéal de tout Français : un bon officier. […] Les poètes latins reconnurent pour leurs maîtres les versificateurs décadents du Musée.

743. (1905) Propos littéraires. Troisième série

Ces œuvres légères et fines de l’esprit français aiguisé à l’esprit latin ont en lui leur ancêtre et leur premier maître. […] Il l’a rendu capable de porter une pensée forte et de contenir un sentiment puissant et profond. — Étudions donc ces maîtres qui ont eu le bonheur et le mérite et la récompense des bons maîtres, à savoir d’avoir des élèves plus grands qu’eux. […] Page 75 : « Il la conduisit à Rouen voir son ancien maître. […] Un sonnet pareil vaut non pas un poème, mais un tableau de maître. […] On voit assez à quel maître en l’art des sonorités et des couleurs nous avons affaire, à la fois à un maître mosaïste et à un maître sonneur.

744. (1905) Études et portraits. Portraits d’écrivains‌ et notes d’esthétique‌. Tome I.

La nature d’esprit qui le rend rebelle à ses parents et à ses maîtres le raidit contre l’enseignement qu’on lui impose. […] Enfin ce Maître du réalisme a donné le plus noble, le plus continu spectacle d’idéalisme pratique. […] La trace des grands artistes étrangers, et des plus opposés au génie national, apparaît partout dans l’œuvre des maîtres et des disciples de cette école. […] … Les maîtres italiens, vous les dédaignez, je le sais, en votre qualité d’amateur de musique savante, mais avez-vous vécu dans le Midi ? […] Pourquoi voulez-vous qu’à force d’entendre les maîtres, un amateur n’arrive pas à sentir cette beauté-là, même sans connaître le contrepoint ?

745. (1896) Écrivains étrangers. Première série

D’autres que la musique des anciens maîtres ennuyait, et qui ont trouvé là pour leurs nerfs l’occasion de secousses plus fortes. […] John Inglesant se sentit dès lors attiré, par une sorte de fascination, vers ce nouveau maître. […] À l’École du Roi, à Cantorbéry, où il fit ses premières études, ses maîtres furent surtout frappés de la lenteur de son esprit. […] Son âme naturellement religieuse apprit de ce maître à chercher dans la beauté l’absolu dont elle avait soif. […] Personne de nous n’est maître de soi, personne ne sait ni ce qu’il est, ni pourquoi il fait ce qu’il fait.

746. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome III pp. -

Vous, les maîtres des nations, vous vous êtes rendus les esclaves des hommes frivoles que vous avez vaincus ? […] Elle ne voulut point se donner des maîtres. […] Le premier acte qu’il fait de sa nouvelle jurisdiction, est d’interdire ces nouveaux maîtres. […] Guignard, parlant de Henri III son maître. […] On est étonné du parti que ce maître tire des doigts.

747. (1925) Dissociations

La science y a son rôle, elle y a ses laboratoires et déjà ses maîtres et déjà sa tradition : Roger Bacon parle quelque part de son maître en expérience, un certain Pierre de Maricourt, dont on ne sait rien. Mais Pierre de Maricourt avait eu sans doute un maître lui aussi : la loi de constance intellectuelle exige qu’il n’y ait pas eu de lacune dans la conception philosophique du monde. […] Heureusement que les maîtres n’ont pas non plus beaucoup d’initiative ni beaucoup d’imagination. […] Et je ne parle pas seulement des maîtres dans l’école et dans la classe, je parle des maîtres dans la vie. […] Je crois bien qu’à la place de leurs maîtres, je ne les punirais pas du tout.

748. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Conduite de l’action dramatique. » pp. 110-232

Homère fût leur maître en ceci comme en tout ; mais il n’alla pas beaucoup plus loin que ses imitateurs. […] C’est de Messala qu’on a dit : Il est ferme, intrépide, autant que si l’honneur Ou l’amour du pays excitais sa valeur ; Maître de son secret, et maître de lui-même, Impénétrable et calme en sa fureur extrême… Messala apprend à Titus que Tibérinus, son frère, livrera à Tarquin la porte Quirinale. […] Il n’appartient qu’au grand maître de les saisir, et aux connaisseurs de les bien apercevoir. […] Pour y parvenir, la grande règle proposée par Aristote et par tous les grands maîtres, est que le héros intéressant ne soit ni tout à fait bon, ni tout à fait méchant. […] Le bon goût et la raison ont proscrit du théâtre français ces scènes, où deux confidents seuls s’entretiennent des intérêts de leurs maîtres.

749. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1892 » pp. 3-94

Je la revois, ma mère, en ces années, où retirée du monde, n’allant plus nulle part, le soir, elle s’était faite le tendre maître d’étude de mon frère. […] Parmi ces manuscrits se trouvent encore trois biographies de Tamerlan, qui tout en faisant, un jour, massacrer cent mille hommes, se fit enterrer aux pieds de son maître de philosophie. […] Et le commandant Brunet se promenait sur le pont, pendant son quart, quand il faisait signe de venir causer avec lui à un maître timonier, faisant son quart de l’autre côté du bord. Il était un rien en relations avec lui, parce que ce maître timonier était l’impresario des représentations théâtrales sur les bâtiments. […] Et certes, dans l’ouverture de mon esprit, et peut-être dans la formation de mon talent futur, elle a fait cent fois plus que les illustres maîtres, qu’on veut bien me donner.

750. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Gabriel Naudé »

On cite d’ordinaire ses deux maîtres de philosophie, célèbres pour le temps, Frey et Padet ; mais il serait plus essentiel de rappeler ce que Guy Patin, son ami de jeunesse, nous apprend. […] Naudé avoit été disciple d’un tel maître », et il conclut en citant ce vers expressif du Mantouan que tous les biographes devraient méditer : Qui viret in foliis venit a radicibus humor. […] Cardan, Pic de la Mirandole, Scaliger, ces colosses de science, ou mieux, pour parler comme notre auteur, ces preux de pédanterie, aussi merveilleux et plus vrais que ceux de la Table-Ronde, étaient donc les maîtres familiers de Naudé et les rudes jouteurs auxquels avait affaire incessamment son adolescence. […] Quelques écrivains, médiocrement penseurs, doués seulement d’une vive sagacité littéraire, ouvrirent dès l’abord une ère nouvelle pour l’expression ; le goût, qui implique le choix et l’exclusion, les poussa à se procurer l’élégance à tout prix et à rompre avec les richesses mêmes d’un passé dont ils n’auraient su se rendre maîtres. […] Sous ce couvert, il y défend chaudement et finement le cardinal son maître, et montre la sottise de tant de propos populaires qui se débitaient à son sujet ; puis, chemin faisant, il y parle de tout.

751. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VII. Les poëtes. » pp. 172-231

Ce n’étaient point des passions qu’il y cherchait, c’était du style ; il n’y a point eu d’adorateur plus dévoué de la forme ; il n’y a point eu de maître plus précoce de la forme. […] L’auteur, à contre-cœur, admirait les corrections tout bas, et tâchait tout haut d’en rabaisser l’importance, jusqu’à ce qu’enfin sa vanité, blessée de tant devoir à un si jeune homme et de rencontrer un maître dans un écolier, finit par le retirer d’un commerce où il profitait et souffrait trop. C’est que l’écolier, du premier coup, avait porté l’art plus loin que les maîtres. […] De tous les maîtres qui l’ont pratiquée en Angleterre, Pope est le plus savant. […] Quand Roland, devenu ministre, se présenta devant Louis XVI avec un habit uni et des souliers sans boucles, le maître des cérémonies leva les mains au ciel, pensant que tout était perdu.

752. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (3e partie) » pp. 5-96

Pendant dix ans il ne quitta plus le maître qu’il était venu chercher de Berlin à Weimar ; et, s’il y avait quelque exagération dans son apostolat, le motif en était sublime. […] Méphistophélès, le flatteur de Faust, fait naître les occasions, les tentations du mal, avec cette indifférence du boucher qui enchaîne l’agneau et qui l’égorge en paix pour l’offrir à son maître. […] Le maître du monde ne pouvait obtenir la couleur qu’il désirait ; il ne resta qu’un moyen, ce fut de faire retourner le vieil uniforme et de le porter ainsi. — Que dites-vous de cela ? […] N’est-ce pas touchant de voir le maître des rois réduit à porter un uniforme retourné ? […] Remercions ce fervent disciple, et adorons, sans espérer de jamais le revoir sur la terre, le divin maître du beau !

753. (1856) Jonathan Swift, sa vie et ses œuvres pp. 5-62

Il prit en haine les exercices du collège et particulièrement ceux auxquels ses maîtres attachaient le plus d’importance. […] Après de nouvelles déceptions et quelques démêlés avec ce nouveau maître, il obtint par son entremise le bénéfice de Laracor, dans le diocèse de Meath. […] Il s’attacha bientôt à la charmante élève dont il voyait croître l’intelligence et la beauté, et qui témoignait de jour en jour plus d’affection à son maître. […] On sent combien des ministres, si peu maîtres de la reine sur les questions générales, étaient impuissants sur les questions de personnes. […] Le charme qui avait entraîné Stella vers son maître, agit avec autant de force sur l’esprit élevé, sur le cœur aimant de Miss Vanhomrigh.

754. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Ampère »

Le jeune homme disait : Parvenu à l’âge où les lois me rendaient maître de moi-même, mon cœur soupirait tout bas de l’être encore. […] Vous en êtes le maître, ô mon Dieu ! […] Maine de Biran, lequel, déjà connu par son Mémoire de l’Habitude, travaillait à se détacher avec originalité du point de vue de ses premiers maîtres. […] Ampère, au Collège de France, aborda la psychologie, peuvent seuls dire combien, dans sa description et son dénombrement des divers groupes de faits, l’intelligence humaine leur semblait tout autrement riche et peuplée que dans les distinctions de facultés, justes sans doute, mais nues et un peu stériles, de nos autres maîtres. […] Ampère, distrayaient aisément l’auditeur de l’ensemble du plan, que le maître oubliait aussi quelquefois, mais qu’il retrouvait tôt ou tard à travers ces détours.

755. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIe entretien. L’Arioste (2e partie) » pp. 81-160

« Ils étaient ensemble sur les remparts à regarder, en soupirant, le ciel de leurs yeux chargés de sommeil ; Médor, dans toutes les paroles qui lui échappaient, ne pouvait s’empêcher de se rappeler sans cesse son maître et son seigneur Dardinel d’Almonte, et de pleurer en pensant que ses restes allaient rester sans sépulture sur la terre. Se retournant vers son camarade : “Ô Cloridan, lui dit-il, je ne puis te dire combien le cœur me fend de ce que mon maître gît ainsi sur la terre nue, exposé à devenir la proie des loups et des corbeaux, lui qui fut toujours pour moi si tendre et si généreux : il me semble que, quand je donnerais ma vie pour préserver son corps de cet outrage, ce ne serait pas encore assez pour payer tout ce que je lui dois d’affection et de reconnaissance. […] Pendant que Médor cherche parmi les cadavres le corps de son maître, Cloridan se charge de lui ouvrir une large voie pour le retour à travers le camp ennemi. […] En parlant ainsi, Cloridan jette son fardeau à terre, pensant que Médor va en faire autant ; mais cet enfant, qui aimait son maître mort plus que sa vie, le recharge seul sur ses épaules. […] Le pèlerin se mit aussitôt à jouer plusieurs airs différents, et le petit chien, ajustant ses sauts à la mesure, exécuta des danses variées de tous les pays, et parut obéir à son maître avec tant d’intelligence que tous ceux qui le regardaient ne prenaient pas le temps de cligner les yeux et osaient à peine respirer.

756. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIVe entretien. Cicéron (3e partie) » pp. 257-336

L’Italie tout entière indépendante est une belle aspiration de l’Europe ; l’Italie annexée par force à des Sardes, à des Niçards, à des Piémontais, à des Allobroges, ne serait qu’un changement de servitude ; un roi proclamé sous le canon d’un conquérant n’est pas un roi, mais un maître ; les véritables souverainetés nationales sortent du sol et non du canon ; un cri de victoire n’est pas une élection de la liberté, c’est l’élection de la force. […] Porte-t-on l’ingratitude au point d’outrager un maître qu’on devrait au moins respecter, quand même on n’aurait pas trop été capable de comprendre ses leçons ! […] « On peut s’en convaincre par cette quantité de maximes philosophiques dont mes harangues sont remplies ; par mes intimes liaisons avec les plus savants hommes, qui m’ont toujours fait l’honneur de se rassembler chez moi ; par les grands maîtres qui m’ont formé, les illustres Diodotus, Philon, Antiochus, Posidonius. […] Pour celles que la terre produit, nous en sommes absolument les maîtres. […] Caton montre à ses jeunes amis que toutes les grandes âmes ont pressenti l’immortalité, et n’ont vu la véritable vie qu’au-delà du tombeau. » Il rappelle les arguments des philosophes socratiques, et toutes les meilleures preuves qui, dans les temps anciens, s’étaient offertes à la raison pour établir la sublime vérité enseignée par Platon et par son divin maître.

757. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre neuvième »

Le maître est dans l’embarras ; son travers gâte à chaque instant ses affaires ; qui réparera le mal et renouera la pièce qui va finir ? C’est Mascarille, c’est ce maître fourbe, dont la tête est remplie de tous les tours de ses devanciers d’Italie, sans compter ceux qu’il a appris de Molière. […] Si la race en est perdue, il est tels maîtres aujourd’hui qui la ressusciteraient. En cherchant bien autour de certains fils de famille qui se sont ruinés galamment, et qui vivent sur le bien des autres, toujours courant à la suite d’une maîtresse ou devant un créancier, vous trouveriez quelque Mascarille, vicieux comme son maître, larron pour vivre, attaché pourtant, non par dévouement, mais parce qu’il n’y a pas d’hommes plus près d’être des égaux qu’un libertin et son valet. […] Quand le plus habile copiste en a reproduit la forme, le modelé, la couleur, il croit nous avoir donné l’original ; nous n’en avons que le calque ; la vie est restée sur la toile du maître où une main légère a imprimé une pensée impérissable.

758. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1884 » pp. 286-347

Cent quatre-vingts dîneurs dans une salle à manger, en forme de galerie d’Apollon, et au-dessous de la porte d’entrée, est attachée une immense palette, censée représenter la palette du maître coloriste des marmitons. […] Il me semble vivre, un moment, dans les fonds fauves d’une de ces vieilles toiles, dont les maîtres vénitiens entourent un couple d’amoureux, pâlement enfiévrés, et aux lèvres, aux regards de sang. […] Au matin, l’impression est navrante dans la sereine indifférence de la nature, et le joyeux éveil de toutes les bêtes de la maison, qu’il aimait tant : les oies, les canards, les poules, la chèvre, et quand je descends prendre une tasse de café dans la salle à manger, son joli petit chat blanc vient prendre position sur le collet de ma jaquette, ainsi qu’il avait l’habitude de le faire, pendant le déjeuner de son maître. […] À l’heure présente, les jeunes gens du monde chic, apprennent d’un maître d’écriture ad hoc, l’écriture de la dernière heure, une écriture dépouillée de toute personnalité, et qui a l’air d’un chapelet d’m. […] Les préparatifs connus, terminés, le condamné lisait une poésie, dans laquelle il disait avoir commencé à délivrer le peuple de son fléau, puis il tendit la main, prit le petit sabre, l’enveloppa de papier jusqu’à un pouce de l’extrémité de la lame, et seulement lorsqu’il se fut véritablement ouvert le ventre, dit à son maître d’escrime, qu’il avait choisi pour exécuteur : « Allez, maintenant ! 

759. (1739) Vie de Molière

Jamais plus illustre maître n’eut de plus dignes disciples. […] Il fit donc pour la province le Docteur amoureux, les Trois Docteurs rivaux, le Maître d’école : ouvrages dont il ne reste que le titre. […] Il eût été plus honorable pour la nation, de n’avoir pas besoin des décisions de son maître pour bien juger. […] Il y a très peu de défauts contre la langue, parce que lorsqu’on écrit en prose, on est bien plus maître de son style ; et parce que Molière ayant à critiquer le langage des beaux esprits du temps, châtia le sien davantage. […] Cette pièce le fit connaître plus particulièrement de la cour et du maître ; et lorsque, quelque temps après, Molière donna cette pièce à Saint-Germain, le roi lui ordonna d’y ajouter la scène du chasseur.

760. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre II. Les bêtes »

Aussi, quoi qu’il fasse, il est toujours composé, maître de soi. […] Aussi ses moeurs sont-elles jalouses et violentes ; il est « incivil, peu galant, turbulent, toujours en noise avec les autres. » Quand la perdrix est mise dans la basse-cour, « malgré le sexe et l’hospitalité », il a peu de respect « pour la dame étrangère. » Il est orgueilleux, brutal, « fort souvent en furie, et la pauvrette reçoit d’horribles coups de bec. »125 S’il donne aux poules les grains et les vermisseaux qu’il déterre, c’est qu’il est leur maître. […] Il se couche pour se rouler toutes les fois qu’il le peut, et semble par là reprocher à son maître le peu de soin qu’il prend de lui. »137 Il est fort beau d’être humain, et il est clair que, si cette page tombait entre les mains d’un ânier, elle l’attendrirait en faveur de sa bête. […] « Ces plaines immenses de blé où se promène de grand matin le maître, et où l’alouette cache son nid ; ces bruyères et ces buissons où fourmille un petit monde ; ces jolies garennes dont les hôtes étourdis font la cour à l’aurore dans la rosée, et parfument de thym leur banquet, c’est la Bauce, la Sologne, la Champagne, la Picardie ; j’en reconnais les fermes avec leurs mares, avec les basses-cours et les colombiers. » (Sainte-Beuve.) […] Enfin il répondit : Ami, je te conseille D’attendre que ton maître ait fini son sommeil.

761. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre I. Le quatorzième siècle (1328-1420) »

On le sent protecteur et on le veut maître. […] Sa vie et son œuvre ne sont qu’une continuation, un agrandissement de la vie et de l’œuvre de Jean Lebel, chanoine de Liège, chroniqueur curieux et divertissant au service de son seigneur Jean de Hainaut101 : jamais Froissart n’ajouta rien à l’idée que son compatriote et maître lui donna de la manière de composer sa vie et son histoire. […] Il y a encore de la gaucherie, de l’inégalité dans sa démarche : mais il suffit de lire dans son unique plaidoyer la vive et dramatique narration de la procession des écoliers bousculés par les gens du sire de Savoisy, pour reconnaître qu’en nommant Cicéron, il indique son maître et son modèle. […] Biographie : Eustache, dit Des Champs, d’un bien qu’il possédait, et Morel, pour son teint noir, né entre 1338 et 1349, mort avant le 1er sept. 1415 : étudiant en droit à Orléans (depuis 1360), messager de Charles V (1367-1373) , huissier d’armes (1372), bailli de Valois, maître des eaux et forêts de Villers-Cotterets, marié vers 1373, châtelain de Fismes sous Charles VI, bailli de Senlis (1389) ; il perd sa place d’huissier d’armes en 1395, et est remplacé dans son baillage en 1404. […] Normand, étudiant à Navarre et maître de théologie (1348-1356), grand maître de Navarre et professeur en théologie (1356-1361), doyen de l’église de Rouen (1361-1377), évêque de Lisieux (1377), meurt en 1382.

762. (1857) Articles justificatifs pour Charles Baudelaire, auteur des « Fleurs du mal » pp. 1-33

Le maître, qui l’a fait construire au gré de son goût bizarre, n’a pas voulu y réunir les plantes précieuses, les fleurs qui réjouissent les sens par l’odorat et l’esprit par les yeux, les feuillages d’une douce et argentine verdure, les belles palmes, les grands éventails, les longues bannières flottantes, et les panaches inclinés de la végétation des Antilles. […] Le maître du lieu a réalisé un Éden de l’enfer. […] Théophile Gautier pour son maître, est de cette École qui croit que tout est perdu, et même l’honneur, à la première rime faible, dans la poésie la plus élancée et la plus vigoureuse. […] Mais regardez d’un peu près les œuvres de ces habiles peintres, appliquez-leur la méthode de jugement qui résulte de l’étude des maîtres, et vous découvrirez qu’ils n’ont ni unité, ni science, ni sincérité, ni idéal, ni bonne foi, ni art de composition, rien, en un mot, de ce qui constitue, non pas le grand peintre, mais le peintre. […] De sorte qu’à force d’exprimer ses propres sentiments avec le langage des maîtres, on arrive à penser à leurs frais et finalement à ne plus penser du tout.

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