Nulle conscience et nulle observation, nulle vérité ; nulle exactitude, tous les effets faciles et violens, tous ceux du vaudeville et ceux du mélodrame ; des scènes inouïes de brutalité ; toutes les plaisanteries qui passent à Grenelle ou du côté de Clignancourt pour des formes de l’esprit ; des images de débauche, des odeurs de sang et de musc mêlées à celles du vin ou du fumier, voilà La Terre ; et voilà, va-t-on dire, le dernier mot du naturalisme ! […] On y trouve encore qu’une femme a mêlé de la mort aux rats dans la soupe aux choux de son homme ; que deux frères, faute de s’entendre, ont vidé à coups de fusil une question de bornage ; qu’une bru s’est débarrassée d’une belle-mère importune à coups de serpe ou de fléau. […] Quelqu’un lui reprochait l’autre jour d’avoir manqué de patriotisme en calomniant le paysan ; mais, sans parler de ce qu’il y a de puéril et d’inopportun à mêler le patriotisme dans ces sortes de questions, avait-il donc moins calomnié, ou d’une autre manière, le bourgeois dans Pot-Bouille, et l’ouvrier dans L’Assommoir ?
Une existence agitée est un suicide, si elle fait perdre le souvenir du monde meilleur ; et, quand on a conscience de sa dignité, il me semble que c’est une profanation d’employer son énergie et de ne pas lui laisser toute la sublimité des possibles… J’aime à vivre retiré, à faire les mêmes choses, à passer par les mêmes chemins : il me semble qu’ainsi je me mêle moins à la terre, et que je conserve toute ma pureté. […] Je te laisse juger. » Combien d’épisodes semblables à celui que nous venons d’esquisser, combien de poëmes obscurs, inconnus, mêlés d’une fatalité étrange, s’accomplissent à tout instant, autour de nous, dans de nobles existences !
Sa préférence si naturelle pour l’industrie agricole sur l’industrie manufacturière, son aversion et sa méfiance d’un gouvernement central dont l’Europe lui avait appris les abus, et que les fédéralistes voulaient installer fortement, le rôle d’opposition qu’il soutint contre eux peur la cause de la moralité politique, tout cela le conduisit à repousser avec une sévérité absolue des institutions et des entreprises qui, bien que mêlées en naissant à beaucoup d’imprudence et de licence, semblent pourtant liées de plus en plus au développement des sociétés modernes. […] Cette période de dix-neuf années, au terme de laquelle une révision et peut-être une réorganisation totale auraient lieu dans la société, est le thème favori de Jefferson : il y revient en maint endroit, tant un respect profond et religieux pour la liberté de ceux qui naîtront se mêle à toutes ses pensées.
Il enveloppa dans un mépris mêlé de jalousie tous les favoris, ministres, généraux, que leur naissance n’égalait pas à leur emploi, sans distinction de mérite, sans compensation de services. […] Une foule d’individus, de mouvements, d’actions se mêlent, se croisent, se succèdent ; chaque individu est analysé, chaque mouvement décomposé, chaque action détaillée.
La plus démoralisante séduction émane de ces œuvres légères, où se mêlent subtilement la froide ironie et la griserie sensuelle. […] Une construction très solide, qui fait ressortir la thèse, qui dresse les situations comme des arguments et nécessite le dénouement par une pressante logique, un dialogue éclatant d’esprit, trop ingénieux parfois et trop pétillant, mais d’une singulière précision dramatique, d’incroyables tours d’adresse pour éviter les difficultés en paraissant les aborder de front, autant de romanesque qu’il en faut pour amorcer ou désarmer le public, des brutalités voulues et mesurées, et, par un contraste piquant, les plus rigides conclusions préparées par les plus scabreuses situations ; au milieu de tout cela, des coins de scènes qui donnent la sensation immédiate de la vie, des parties de caractères, qui éclairent fortement certaines profondeurs de l’âme contemporaine : voilà l’impression mêlée et puissante que donnent les comédies de M.
La population de Galilée était fort mêlée, comme le nom même du pays 106 l’indiquait. […] Les maisons, à ce qu’il semble, ne différaient pas beaucoup de ces cubes de pierre, sans élégance extérieure ni intérieure, qui couvrent aujourd’hui les parties les plus riches du Liban, et qui, mêlés aux vignes et aux figuiers, ne laissent pas d’être fort agréables.
C’est pourquoi les premiers Solitaires, livrés à ce goût délicat et sûr de la religion, qui ne trompe jamais lorsqu’on n’y mêle rien d’étranger, ont choisi dans les diverses parties du monde les sites les plus frappants, pour y fonder leurs monastères206. […] Toutefois quand le temps, qui détrompe sans cesse, Pour moi des passions détruira les erreurs, Et leurs plaisirs trop courts souvent mêlés de pleurs, Quand mon cœur nourrira quelque peine secrète, Dans ces moments plus doux, et si chers au poète, Où, fatigué du monde, il veut, libre du moins, Et jouir de lui-même, et rêver sans témoins, Alors je reviendrai, solitude tranquille, Oublier dans ton sein les ennuis de la ville, Et retrouver encor, sous ces lambris déserts Les mêmes sentiments retracés dans ces vers.
C’est, leur dis-je, que personne ne se mêle de la vôtre, et que nous avons quarante oies qui gardent le capitole ; comparaison qui leur parut d’autant plus juste qu’ainsi que les oies romaines, les nôtres gardent le capitole et ne le défendent pas. […] Sur le devant, une autre danseuse qui tient son enfant par la main ; l’enfant danse aussi, mais il a les yeux attachés sur l’horrible tête, et son action est mêlée de terreur et de joie.
Toujours la religion mêlée à la philosophie ! […] Le curieux, dans ces articles, c’est justement ce qui se mêle parfois d’une manière tout à fait inattendue à l’éloge de l’un et de l’autre.
que direz-vous donc de la mémoire humaine, Immense Josaphat, où les siècles mêlés S’assemblent en congrès, dès qu’ils sont appelés ; Et non pas seulement les hommes ou leur cendre, Mais où viennent aussi se grouper et se rendre Les empires défunts, les forêts, les cités, Et des fleuves taris les Ilots ressuscités, Et des océans morts les flottes vagabondes, Et non pas seulement la terre, mais les mondes ? […] Touchant aux lakistes contemporains par une extrémité de son talent, et par l’autre aux affectés de tous les temps et de tous les pays, il a du moins la passion mêlée à tout cela, et si on l’applaudissait chez les Cathos, les Madelons et les Philamintes des vieilles sociétés grimacières, il y étoufferait !
Les récits de guerre se mêlent bien aux récits champêtres. […] Le poète, qu’il le veuille ou non, qu’il y pense ou qu’il n’y pense pas, est un lakiste, un lakiste attardé qui mêle la description, la description éternelle à l’éjaculation lyrique, et qui malgré ses prétentions à la force, à l’expression simple et à pleine main, a parfois les gaucheries et les vulgarismes de Wordsworth sans en avoir la longue et magnifique rêverie… M. de Laprade veut être naïf ; mais on ne veut pas être naïf, on l’est quand on peut.
Dans les deux autres nouvelles, qui sont les plus longues et les plus développées du volume, La Famille Percier et Le Mariage de Caroline, on la trouve encore, mais mêlée à beaucoup de choses qui ne sont pas elle et qu’on ne lui préfère pas, quoique parfois ces choses soient excellentes. […] La vieille fille de La Famille Percier, qui perd un mari qu’elle adore avec la fureur d’un amour attendu trente-neuf ans, et qui le perd par un de ces dévouements mêlés de faiblesse à une famille qui la tyrannise, est la vieille fille, pur et vieux sang, sublime et ridicule tour à tour.
Il était depuis longtemps connu par des écrits d’un talent tempéré, mêlé dans un dosage savoureux d’imagination et de science. […] Il les juge un peu à la vapeur, mais aussi bien qu’un esprit attentif puisse faire dans ce lancé de locomotive ou de steamer que l’on appelle maintenant voyager, et en attendant la découverte d’un moyen d’observation supérieure en rapport avec la rapidité des voyages ; car la vapeur, qui nous donne la vitesse des aigles, ne nous en donne pas le regard… Quoi qu’il en soit, des notions exactes en bien des choses, mêlées à des souvenirs classiques dont nous aimerons toujours l’écho, un style animé, qui a quelquefois, il est vrai, comme une éruption d’épithètes, — mais certaines marques ne nuisent pas à certains visages expressifs, — telles sont tes qualités d’un livre sans prétentions et dont l’auteur, d’un goût parfait, ne s’exagère pas d’ailleurs la portée : « J’ai vu — dit-il — Athènes avec bonheur, Constantinople avec étonnement, le Caire avec une vive curiosité.
La réflexion, le sang-froid et les conseils mêlèrent quelquefois des mœurs plus douces à l’emportement d’un guerrier, et à la fierté d’un prince ; mais souvent le lion rompait sa chaîne, et cette fois-là il fut terrible. […] Je sais bien qu’il y a, dans Cicéron même, de ces petits détails de vanité ; mais, dans l’orateur romain, ces faiblesses d’amour-propre sont relevées par la beauté du style, par une éloquence harmonieuse et douce, par une certaine fierté de sentiment républicain qui s’y mêle, enfin par le souvenir de ses grandes actions, et le parallèle qu’il fait souvent de lui-même et de ses travaux, avec ces grands de Rome, endormis sous les images de leurs ancêtres, fiers d’un nom qu’ils déshonoraient, inutiles à l’État et prétendant à le gouverner, rejetant tous les travaux et aspirant à toutes les récompenses.
Vous êtes venu prendre, dans la mêlée, ceux qui se battaient encore ; et ceux qui étaient restés en chemin, vous les avez épargnés. […] que d’esprit bien placé et qui se mêlait avec bonheur aux meilleures et aux plus sages raisons ! […] Ainsi la sorcière mêlait habilement le conseil à l’espérance ; en a-t-elle assez averti ! […] Plus n’est besoin, pour se retrouver dans ces lignes qui s’entrecroisent, de savoir quelles constellations répondent à ces lignes mêlées. […] la furibonde mêlée qui s’entrechoque pendant la nuit, et qui se pique avec des armes empoisonnées !
On trouve dans ses Œuvres mêlées, plusieurs petits Ouvrages qui annoncent un homme éclairé, un Observateur judicieux, un sage Moraliste, un Ecrivain qui, sans être de la premiere ni de la seconde classe, ne laisse pas d’avoir du mérite.
Aux luttes, aux espoirs, aux défaillances, aux misères, aux joies de ces heures de naguère, j’y ai été mêlé. […] Qu’il dorme, boive et mange bien, et ne se mêle pas aux poètes, ces gueux. […] On était si accoutumé à les voir ensemble, qu’on avait pris l’habitude de mêler leurs noms comme ils mêlaient leur vie, et on les appelait volontiers Albert Valade et Léon Mérat. […] Si jeunes, c’était en désordre et un peu au hasard que nous nous jetions dans la mêlée et que nous marchions à la conquête de notre idéal. […] L’amour effréné pour la beauté physique, mêlé de rancœurs et d’angoisses, et d’élancements peut-être involontaires vers un autre idéal, c’est là toute l’œuvre d’Armand Silvestre.
Elle représente tant de passions généreuses, tant d’aspirations confuses, de témérités de pensée, de découragements profonds, d’espérances surhumaines mêlées à l’élégante torture du doute ! […] Que d’influences contradictoires s’étaient croisées et mêlées en elle ! […] Chacune de ces œuvres est un poème consacré à l’amour divin et surtout à l’amour humain, tous les deux fort étonnés d’être si intimement mêlés et confondus. […] On sait qu’il était fort à la mode, en ce temps, de mêler ce nom aux plus vifs emportements de la passion. […] Ceux qui ne comprirent pas ou qui n’entendirent pas ce cri de conscience, cette plainte entrecoupée, mêlée de fièvre et de sanglots, se scandalisèrent.
On sait que le Maréchal Ferrant & le Maître en Droit ont eu quelques succès ; foible avantage aux yeux du vrai talent, qui dédaigne de telles Productions, ou qui les éleve au dessus de leur petite sphere, quand il se mêle de les traiter.
L’auteur y relate des exploits trop peu connus… Ce sont partout des chaos d’armées, des mêlées de cavalerie, qu’accompagnent des paysages au charme pénétrant.
La galanterie aussi s’en mêle, et les velléités amoureuses reparaissent. […] Ou bien encore son genre de talent, ennemi de la vulgarité, mêlé de délicatesse et de force, s’accommodait-il assez mal des conditions matérielles de la scène ? […] Il sortit de sa calme retraite pour entrer dans la lutte et se mêler de sa personne à la bataille des idées. […] Admettons, en effet, qu’on ait tort, et nous le croyons volontiers, de mêler le monde et la religion, toujours est-il qu’ils sont mêlés, et que de refuser à l’auteur dramatique, au poète ou au romancier le droit de nous les présenter dans leur confusion, cela équivaut à lui refuser le droit de toucher, je ne dis pas à la religion, mais au monde. […] Paul Bourget mêle ensemble la description des lieux et l’analyse aiguë des états d’âme de ses personnages.
] Cinq ou six petites Comédies mêlées d’ariettes, parmi lesquelles le Maître en Droit & le Cadi dupé sont les seules qui aient eu un succès durable, annoncent dans lui des talens pour ce nouveau genre de spectacle.
Il y a mêlé par intervalles une ironie fine, qui répand heureusement le ridicule sur ses adversaires, & plus particuliérement dans son Philosophe du Valais.