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695. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome I pp. 1-402

Il y a donc pour le poète double profit à respecter, à pratiquer les lois du goût le plus sévère. […] Comprendre pour aimer, telle est la loi de Béranger, et cette loi se trouve admirablement formulée dans le Dieu des Bonnes Gens. […] La pudeur est muette dans son âme aussi bien que la loi morale. […] Le style dramatique et le style lyrique obéissent à des lois diverses. […] Il fait de la verbosité la première loi du style.

696. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — III. (Fin.) » pp. 371-393

Ce premier projet de loi porté au Tribunat y excita de l’opposition. […] Benjamin Constant, sous le coup de cette note, commençant son discours quelques heures après, était obligé de dire pour exorde : « Il eût été à désirer que le premier projet de loi soumis à la discussion du Tribunat eût pu être par lui adopté ; la malveillance n’aurait pas le prétexte de dire que cette enceinte est un foyer d’opposition… » J’ai eu sous les yeux des lettres qui prouvent à quel point Benjamin Constant et son monde, au moment où ils ouvraient les hostilités, furent sensibles eux-mêmes à de si promptes représailles. […] À un an de là, à la Malmaison, en janvier 1801, le premier consul disait aux sénateurs Laplace et Monge, et à Roederer, au sujet même des injures qu’on s’était permises au Tribunat contre le Conseil d’État pour la loi sur les tribunaux spéciaux : « Je suis soldat, enfant de la Révolution, sorti du sein du peuple : je ne souffrirai pas qu’on m’insulte comme un roi. » Il disait dans un autre moment : « Il faut que le peuple français me souffre avec mes défauts, s’il trouve en moi quelques avantages : mon défaut est de ne pouvoir supporter les injures. » Vers le même temps à Paris, toujours au sujet de la même affaire, comme Roederer lui disait : Les parlements autrefois parlaient toujours aux rois dans leurs remontrances des conseils perfides qui trompaient Leur Majesté, mais leurs séances n’étaient pas publiques. — Et d’ailleurs, reprenait vivement le premier consul, ces choses-là les ont renversés ; et moi j’ose dire que je suis du nombre de ceux qui fondent les États, et non de ceux qui les laissent périr. […] Il en était encore à un certain projet de listes nationales de notabilités, projet conçu et adopté dans le premier ordre consulaire et provenant de Sieyès : comme Roederer avait été le rédacteur de ce projet de loi, il continuait de le croire existant, non incompatible avec les changements survenus, et il en écrivit en ce sens au premier consul, qui crut sentir à l’instant qu’il n’était plus compris.

697. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « HISTOIRE DE LA ROYAUTÉ considérée DANS SES ORIGINES JUSQU’AU XIe SIÈCLE PAR M. LE COMTE A. DE SAINT-PRIEST. 1842. » pp. 1-30

L’auteur cherche ainsi à introduire une sorte de pensée fixe et de loi dans ces perpétuelles et confuses révoltes du prétoire. […] Il conteste que le roi mérovingien fût soumis à la loi de composition qui gouvernait autour de lui, et qu’il ait jamais été cité devant le mâl ou assemblée nationale il revient3 sur un article de la loi salique duquel on se serait à tort prévalu. […] La suprématie de Rome au temporel et les luttes qu’elle engendre, la féodalité européenne qui sort de l’immense anarchie, le rôle et la part des ordres religieux directeurs de l’esprit du temps, le système de falsifications historiques auxquelles ils tiennent la main, ces graves et toujours si difficiles problèmes occupent finalement l’auteur, qui est forcé de subir, après Charlemagne, la loi de son sujet, c’est-à-dire la diffusion.

698. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre IV. Le patriarche de Ferney »

Il fit une tragédie, les Lois de Minos (1773), sur la suppression des Parlements. […] Un beau jour circulèrent des dialogues « traduits de l’anglais552 », qui démontraient que l’Esprit des Lois est un « labyrinthe sans fil, un recueil de saillies », un livre plein de fausses citations, où l’auteur prenait « presque toujours son imagination pour sa mémoire ». […] Il n’a pas eu de grandes vues politiques ; il n’a pas approfondi l’origine des sociétés, la théorie des pouvoirs publics, les principes du droit et des lois. […] II, p. 85-87, 1777 ; Commentaire sur l’Esprit des Lois, 1778.

699. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7761-7767

Notre maniere d’être est entierement arbitraire ; nous pouvions avoir été faits comme nous sommes ou autrement ; mais si nous avions été faits autrement, nous aurions senti autrement ; un organe de plus ou de moins dans notre machine, auroit sait une autre éloquence, une autre poésie ; une contexture différente des mêmes organes auroit fait encore une autre poésie : par exemple, si la constitution de nos organes nous avoit rendu capables d’une plus longue attention, toutes les regles qui proportionnent la disposition du sujet à la mesure de notre attention, ne seroient plus ; si nous avions été rendus capables de plus de pénétration, toutes les regles qui sont fondées sur la mesure de notre pénétration, tomberoient de même ; enfin toutes les lois établies sur ce que notre machine est d’une certaine façon, seroient différentes si notre machine n’étoit pas de cette façon. […] La loi des deux sexes a établi parmi les nations policées & sauvages, que les hommes demanderoient, & que les femmes ne feroient qu’accorder : de-là il arrive que les graces sont plus particulierement attachées aux femmes. Comme elles ont tout à défendre, elles ont tout à cacher ; la moindre parole, le moindre geste, tout ce qui sans choquer le premier devoir se montre en elles, tout ce qui se met en liberté, devient une grace, & telle est la sagesse de la nature, que ce qui ne seroit rien sans la loi de la pudeur, devient d’un prix infini depuis cette heureuse loi, qui fait le bonheur de l’Univers.

700. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre III. La notion d’espace. »

L’expérience peut seule nous apprendre si cette loi se vérifie. […] Elle m’a montré qu’une certaine loi se vérifie approximativement. […] Si alors nous formons une nouvelle coupure C″ avec toutes celles des sensations de la coupure C′ qui sont accompagnées d’une certaine sensation de convergence, d’après la loi précédente, elles seront toutes indiscernables et pourront être regardées comme identiques ; donc C″ ne sera pas un continu et aura 0 dimension ; et comme C″ divise C′ il en résultera que C′ en a une, C deux et que l’espace visuel total en a trois. […] Va-t-on dire alors que c’est l’expérience qui nous apprend que l’espace a trois dimensions, puisque c’est en partant d’une loi expérimentale que nous sommes arrivés à lui en attribuer trois ?

701. (1902) L’œuvre de M. Paul Bourget et la manière de M. Anatole France

Mais cela ne nous fixe pas sur la volupté qu’un esprit nourri peut trouver à s’adapter, moins aux lois des choses qu’à leurs projections fantasmagoriques. […] La loi du désordre apparent y est constante. […] Et il sait bien aussi que le vulgaire a besoin de foi, de lois et d’espérance, et qu’il doit être guidé. […] Et, parallèlement, les vertus qui nous distinguent, auraient-elles leurs torpeurs, et, soumises à des lois de nutrition, à des fonctions actives analogues à celles qui régissent la vie animale, courraient-elles les mêmes périls, et traverseraient-elles les mêmes crises !

702. (1890) L’avenir de la science « II »

Puis c’est le problème final, la grande cause, la loi suprême qui tente sa curiosité. […] Régler sa vie conformément à la raison, éviter l’erreur, ne point s’engager dans des entreprises inexécutables, se procurer une existence douce et assurée, reconnaître la simplicité des lois de l’univers et arriver à quelques vues de théologie naturelle, voilà pour les Anglais qui pensent le but souverain de la science. […] La science, et la science seule, peut rendre à l’humanité ce sans quoi elle ne peut vivre, un symbole et une loi. […] Croira-t-on, dans cinq cents ans, qu’un des premiers esprits du XIXe siècle ait pu dire que, depuis l’émancipation des diverses classes de la société, le nombre des hommes distingués ne s’est point accru en France, comme si la Providence, ajoute-t-il, « ne permettait pas aux lois humaines d’influer, dans l’ordre intellectuel, sur l’étendue et la magnificence de ses dons 26 ».

703. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — II. (Fin.) » pp. 411-433

L’histoire entière des peuples est présentée comme un vaste quiproquo et une fausse route prolongée qui ne doit se rectifier que lorsque les hommes seront éclairés et sages ; et comme le néophyte, effrayé de ce spectacle universel d’erreurs, se met à désespérer de nouveau et à se lamenter, le Génie le rassure une seconde fois et lui démontre que ce règne de la sagesse et de la raison va enfin venir ; que, par la loi de la sensibilité, l’homme tend aussi invinciblement à se rendre heureux que le feu à monter, que la pierre à graviter, que l’eau à se niveler ; qu’à force d’expérience, il s’éclairera ; qu’à force d’erreurs, il se redressera ; qu’il deviendra sage et bon, parce qu’il est de son intérêt de l’être ; que tout sera fait quand on comprendra que la morale est une science physique, etc. […] Ce livre, commencé par le spectacle des ruines de Palmyre, aboutit à un Catéchisme de la loi naturelle annoncé dans le dernier chapitre, et publié ou promulgué deux ans plus tard, en 1793 : « Maintenant que le genre humain grandit, observe l’auteur, il est temps de lui parler raison. » La morale y est présentée comme « une science physique et géométrique, soumise aux règles et au calcul des autres sciences exactes ». […] Il dit qu’il a vu les hommes sous les diverses religions rester les mêmes et obéir à leurs intérêts, à leurs passions : il ne se demande pas si les hommes ne s’y abandonneraient pas bien davantage en étant absolument destitués de cet ordre de lois. […] Pendant deux années, il visita successivement presque toutes les parties des États-Unis, appliquant sa méthode d’étude et de voyages, commençant par le climat et par les circonstances physiques pour base fixe, et n’arrivant qu’ensuite aux lois, aux habitants et aux mœurs.

704. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Histoire » pp. 179-240

Bientôt la famille humaine devient la patrie ; et sous les regards satisfaits de cette Providence que les anciens voyaient sourire du haut du ciel aux sociétés d’hommes, les hommes se lient par la loi et le droit, et se transmettent le patrimoine de la chose publique. […] Elle dira les idées portées par un monde, et d’où sont sorties les lois qui ont renouvelé ce monde. […] Elle cherchera partout l’écho, partout la vie d’hier ; et elle s’inspirera de tous les souvenirs et des moindres témoignages pour retrouver ce grand secret d’un temps qui est la règle de ses institutions : l’esprit social, — clef perdue du droit et des lois du monde antique. […] Nous voulons exposer les mœurs de ce temps qui n’a eu d’autres lois que ses mœurs.

705. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Première partie. Écoles et manifestes » pp. 13-41

« Si, comme nous l’avons vu, le poète est prédestiné, le poème aussi a ses lois, et il doit être consubstantiel à l’objet qu’il célèbre : car un hymne est un élément de la nature. […] qui dira les lois de l’hydraulique, l’attraction et la répulsion, par quoi se nécessitent tel chant, et cette églogue, et cette puissante statue ?”… Un hymne comme un autre a ses lois. […] Car dans le moindre frisson où se pâment les blés et les cœurs, le poète percevra une loi éternelle ; de la réalité il déduira le paradis et sur ce banal fait divers, que nous apporte le gris papier du jour, il bâtira une éclatante épopée… » M. 

706. (1759) Réflexions sur l’élocution oratoire, et sur le style en général

Nous ne pouvons lire sans être attendris les péroraisons touchantes de Cicéron pour Flaccus, pour Fonteius, pour Sextius, pour Plancius et pour Sylla, les plus admirables modèles d’éloquence que l’antiquité nous ait laissés dans le genre pathétique : qu’on imagine l’effet qu’elles devaient produire dans la bouche de ce grand homme ; qu’on se représente Cicéron au milieu du barreau, animant par ses pleurs le discours le plus touchant, tenant le fils de Flaccus entre ses bras, le présentant aux juges, et implorant pour lui l’humanité et les lois ; sera-t-on surpris de ce qu’il nous apprend lui-même, qu’il fut interrompu par les gémissements et les sanglots de l’auditoire ? […] La clarté, cette loi fondamentale, aujourd’hui négligée par tant d’écrivains, qui croient être profonds et qui ne sont qu’obscurs, consiste à éviter non seulement les constructions louches, et les phrases trop chargées d’idées accessoires à l’idée principale, mais encore les tours épigrammatiques dont la multitude ne peut sentir la finesse ; car l’orateur ne doit jamais oublier que c’est à la multitude qu’il parle, que c’est elle qu’il doit émouvoir, attendrir, entraîner. […] Cette contrainte et les avantages qui en naissent, sont peut-être la meilleure raison qu’on puisse apporter en faveur de la loi si rigoureusement observée jusqu’ici, qui veut que les tragédies soient en vers ; mais il resterait à examiner si l’observation de cette loi n’a pas produit plus de mauvais vers que de bons, et si elle n’a pas été nuisible à d’excellents esprits, qui, sans avoir le talent de la poésie, possédaient supérieurement celui du théâtre.

707. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Révolution française »

Ces résistances venaient de l’organisation générale de la France, de ses organisations spéciales : clergé, armée, marine, maison du roi, magistrature ; de la nature et du nombre des Impôts ; de la variété et de l’esprit des lois civiles, etc., etc. […] Chaque siècle a sa philosophie, comme il a ses passions personnelles ; et c’est même une loi de l’esprit humain que la philosophie d’un siècle doive rayonner dans tout ce que ce siècle a produit. […] Quand je creuse cette idée, je trouve qu’au fond, et si on y regarde bien, les causes n’existent pas en dehors des hommes, et qu’en fin de compte la loi qui gouverne le monde est la même loi qui gouverne nos faibles cœurs.

708. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — La rentrée dans l’ordre »

Il faut que nous ayons rendu à la nature et à l’humanité leur valeur réelle, que nous ayons cessé de diviser l’être en deux substances, que nous ayons proclamé à nouveau la loi, tombée en désuétude depuis les Grecs, de l’équilibre vital. Dans notre conception moderne, tout ce qui est sans base réelle ne peut s’élever, tout ce qui s’efforce contre les lois de nature est sans force ; le sur-humain n’est que l’humain à la suprême puissance, le divin n’est que l’« âme » du naturel. […] Comment ceux dont la vie est un perpétuel viol des lois infrangibles de nature, pourraient-ils servir de guide aux normaux et aux sains ? […] Tant qu’il y aura des voix sur la terre pour nous affirmer que le bonheur, pour l’humanité, consiste à vivre hors nature, à violer toutes les lois par lesquelles nous marchons et nous respirons, à honorer l’absurde et fouler aux pieds la raison, et que ces voix seront écoutées, l’humanité ne pourra évidemment prétendre à un sort meilleur.

709. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre I. La quantité des unités sociales : nombre, densité, mobilité »

Les temps modernes, où l’égalitarisme passe à l’acte, sont aussi ceux où les concentrations de la population dans les grandes villes deviennent la loi. […] * ** Mais si nous voulons prouver que ce rapport est plus qu’une coïncidence, et que l’accroissement de la quantité sociale est au moins l’une des conditions du développement de l’égalitarisme, il nous faut expliquer comment, par quelle série d’intermédiaires et suivant quelles lois générales, cela peut contribuer à produire ceci. […] Il est possible en effet de démontrer que, conformément aux lois suivant lesquelles se forment nos idées, l’accroissement de la quantité sociale est fait pour habituer notre esprit au respect de la personne humaine. […] Lois de l’Imitation, 2e éd., 1895, p. 72(F.

710. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIV. »

Un des caractères éminents de sa gloire, un des privilèges de son inspiration sera d’avoir échappé à la loi du temps, à ce raffinement du goût, à ce travail artificiel qui marque les époques un peu tardives de l’imagination, les retours et les arrière-saisons des lettres. […] Un voyage qu’il y fit impunément lui laissa peu d’espérance ; et, de retour à Mexico, il se vit déchu de sa magistrature inamovible par une loi nouvelle et inexorable, comme en portent parfois les républiques. […] Sur cet écueil même le colossal fantôme, voilé en silence de son manteau de gloire, voyant passer les révolutions et les lois, demeure pour les peuples et les princes un formidable enseignement. » Un discours de M. de Lamartine, à la même date, avait quelque chose de cette raison profonde cachée sous la poésie. […] « Élevez-le, tel que l’admirèrent, puissant et stable au-dessus des faisceaux de l’empire, les barbares triomphant au milieu de la ruine des peuples et des lois.

711. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre IX. De l’esprit général de la littérature chez les modernes » pp. 215-227

Les lois peuvent forcer à la justice, mais l’opinion générale fait seule un précepte de la bonté, et peut seule exclure de l’estime des hommes l’être insensible au malheur. […] Si quelques circonstances peuvent faire craindre qu’une condamnation soit injuste, qu’un innocent ait péri par le glaive des lois, les nations entières écoutent avec effroi les plaintes élevées contre un malheur irréparable.

712. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVIII. Pourquoi la nation française était-elle la nation de l’Europe qui avait le plus de grâce, de goût et de gaieté » pp. 366-378

Les religions et les lois décident presque entièrement de la ressemblance ou de la différence de l’esprit des nations. […] Plaire ou déplaire était la véritable source des punitions et des récompenses qui n’étaient point infligées par les lois.

713. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre I. La poésie »

Son dessein est de manifester par un cas illustre la loi du progrès : il prétend refaire telle qu’Homère l’eût écrite s’il eût vécu en 1714. […] — Voltaire, la Henriade (la Ligue, Genève [Rouen], 1723, in-8), Londres, 1723, in-4 ; Discours sur l’homme, 1738 (éditions séparées), 1739 (recueil) ; Poème sur la loi naturelle, Genève, 1756, in-8 et in-12. — Bernis, Œuvres, 2 vol. in-12, 1770 et 1781

714. (1897) Manifeste naturiste (Le Figaro) pp. 4-5

En outre, il semble que la jeunesse contemporaine soit portée bien davantage à réclamer un dictateur quelconque qu’à se préoccuper des lois parlementaires ou des démagogues comme Jaurès. […] Quand les qualités d’ordonnance qui forment la base du caractère français (cela apparaît assez dans notre architecture, la symétrie de nos jardins taillés et les lois de notre équilibre, auxquelles se sont toujours soumis nos grands écrivains classiques) ; quand ces qualités d’ordonnance semblaient tout à fait détruites, au contact de poètes allemands si incohérents dans leur frénésie, Zola en garda le goût, et ses romans en portent l’empreinte.

715. (1860) Ceci n’est pas un livre « Les arrière-petits-fils. Sotie parisienne — Premier tableau » pp. 180-195

Aux termes de la nouvelle loi sur la propriété littéraire, mademoiselle Noëmi Trochu (c’est ainsi qu’elle se nomme) n’aurait-elle pas des droits à percevoir dans les tragédies de notre immortel poète ? […] la loi me défend de mener cette femme au marché des esclaves pour vous désintéresser avec le prix qu’elle représente… Si nous étions en Amérique… mais nous ne sommes pas en Amérique.

716. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIe entretien. Sur le caractère et les œuvres de Béranger » pp. 253-364

Las d’errer avec la Victoire, Des lois il deviendra l’appui. […] Qu’on se figure jusqu’à quelle ébullition de haine ou de mépris de pareils chants, insaisissables par la loi, trop saisissables par l’allusion, portaient l’opinion d’un peuple irritable et illettré, qui voyait un Louis XI dans son roi et un bourreau dans M. de Martignac. […] Efface, efface, en ta course nouvelle, Temples, palais, mœurs, souvenirs et lois. […] Vous ne pouviez pas le lui faire, vous, le lendemain de l’écroulement du trône : une dictature proclamée par vous ce jour-là aurait paru, avec raison, un outrage à la France, une mise hors la loi de la nation, une tyrannie insolemment prise au nom de la liberté sur un peuple à terre ! […] Nous n’y représenterons ni la démocratie en goguette, ni la jeunesse en orgie, ni l’armée de 1815 venant imposer les lois de la baïonnette à une nation libre et pacifiée, ni le trône tombé sous les chansons de 1830.

717. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIVe entretien. Littérature politique. Machiavel (3e partie) » pp. 415-477

Héroïques comme individus, quoique asservis comme nations, supérieurs à leurs conquérants et maîtres de leurs maîtres dans tous les exercices de l’esprit humain : donnant leur religion, leurs lois, leurs arts, leur esprit, à ceux qui leur donnaient des fers, théologiens, législateurs, poètes, historiens, orateurs politiques, architectes, sculpteurs, musiciens, poètes, souverains en tout par droit de nature, et par droit d’aînesse, et par droit de génie ; grands généraux même quelquefois, quand les Allemands leur donnaient des armées de barbares à conduire, ou quand Borgia, ce héros des aventuriers, ce Garibaldi de l’Église, cherchait, à la pointe de son épée, un empire italien dans cette mêlée à la tête des braves façonnés par lui à la politique et à la discipline. […] Ressuscitez les royaumes de Chypre, de Crète, sous ses lois, la mer Noire couverte de ses flottes, Constantinople crénelée de ses forts, le Péloponnèse tout entier courbé sous ses vice-doges, la monarchie universelle des mers d’Orient donnée en dot au Bucentaure qui allait épouser en souverain les flots ; ressuscitez le commerce entier de l’Orient et le transport des armées de toute l’Europe au profit des vaisseaux de Venise ! […] Cette liberté absolue des consciences est la dignité vraie de la religion ; elle est plus que la liberté humaine, car c’est Dieu qu’elle émancipe des lois de l’homme. […] XVII Mais cette souveraineté temporelle des pontifes romains est-elle assujettie à d’autres lois que les souverainetés profanes ordinaires ? […] C’est le droit des peuples de se donner à eux-mêmes le régime qui leur convient ; les Romains ne sont point hors la loi de ce droit des peuples en ce qui concerne leur forme de gouvernement intérieur.

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