. — On a coutume de célébrer ce qu’on appelle la liberté de l’art, de prendre la diversité pour la vitalité, et de protester contre la tyrannie pédantesque des doctrines et des écoles. […] Il s’agace, il s’énerve, il s’invective plaisamment : « La liberté de l’homme ! […] Par moments on se fait cette illusion, qu’on a triomphé complètement de la rancune et de la jalousie ; c’est qu’alors l’intensité du désir ne nous laisse plus la liberté de réfléchir ; une fois de plus nous sommes tombés dans le piège que la nature tend à l’individu.
Il a l’instinct féodal, « commande chez l’hôte, y prend des libertés, boit son vin, caresse sa fille », traite son jardin en ville conquise.
Le rideau tombé, les actes se dévoilent, ils font horreur aux bons sentiments ; mais comme l’Angleterre, pays de la liberté individuelle et audacieuse, est en même temps le pays du paradoxe, une partie de l’opinion des jeunes gens et des femmes se laisse prendre à l’amorce du coup de pistolet et fait de Chatterton un martyr de génie et de vertu.
Il expose son système de la liberté illimitée de la presse, avec une verve froide, une ténacité humoristique, un sang-froid vraiment curieux dans la riposte.
Notre représentation des choses naîtrait donc, en somme, de ce qu’elles viennent se réfléchir contre notre liberté.
Cela est important non pas pour rabaisser celle-ci, mais pour faire comprendre l’unité de notre vie psychique et pour faire apparaître que nous ne disposons en somme que d’une espèce d’énergie dont toute notre liberté se borne à diriger l’emploi. […] Si le talent de cette personne manquait d’évidence, Proust ne cherchait pas à me le démontrer de force ; il en parlait même, pour me désarmer, avec une liberté assez dédaigneuse ; mais il me citait tous les auteurs que j’avais publiés qui, à son avis, en avaient moins que son protégé.
Devant ce tableau frappant de vérité et de génie, on a besoin de se rappeler que cette inégalité blessante est la cause d’une liberté salutaire, que l’iniquité sociale produit la prospérité politique, qu’une classe de grands héréditaires est une classe d’hommes d’État héréditaires, qu’en un siècle et demi l’Angleterre a eu cent cinquante ans de bon gouvernement, qu’en un siècle et demi la France a eu cent vingt ans de mauvais gouvernement, que tout se paye et qu’on peut payer cher des chefs capables, une politique suivie, des élections libres, et la surveillance du gouvernement par la nation.
Dans cette très gracieuse lettre, Magnard m’offre la succession de Wolf, le gouvernement de l’art, avec toute l’indépendance, toute la liberté que je puis désirer.
Dans un système bien lié, où tout doit se tenir, un élément, quel qu’il soit, doit plus ou moins bien susciter et impliquer les autres, quand on a la liberté de choisir ici ou là le point de départ un peu factice dont on a besoin, ce qui n’est possible que dans certains cas singuliers qu’il ne rentre nullement dans le plan de ce travail de rechercher. […] Il leur faut laisser à leurs idées une liberté qui est déjà par elle-même un désordre et qui peut en engendrer d’autres.
Ambiorix l’Éburon était à demi germanique, mais il portait un nom gaulois ; il convia les Celtes à la liberté, il fut le précurseur de Vercingétorix dans la cause de l’indépendance, et c’est au sud des Ardennes qu’il regardait pour contempler ses amitiés morales et ses alliances politiques. […] Le Prestige, L’Impossible liberté, Vieilles amours de Paul André témoignent également, chez cet amoureux de la terre wallonne, d’un effort très heureux pour étudier les situations sentimentales complexes.
On croyait notre force morale intacte ; on comptait sur nous ; on n’avait pas oublié ce que nous avions fait en d’autres temps ; on souhaitait notre intervention, parce qu’elle eût été favorable aux intérêts de la liberté, de la tolérance et de la justice. […] Personne ne pourra jamais dire si elles éprouvèrent plus d’angoisse à voir la France endolorie et mutilée que de joie à reconquérir la liberté de tout dire et de tout faire. […] S’il faut entendre par naturalisme non pas un système vide et sonore dont on se sert comme d’une grosse caisse sur laquelle on tape pour attirer les passants, mais une disposition d’esprit, une habitude intellectuelle, créée, même chez ceux qui ne sont pas des savants, par les résultats généraux des sciences positives, propagée par la vulgarisation démocratique des découvertes et des méthodes, aggravée par la tristesse des événements politiques (banqueroute des rêves idéalistes en 1848, naufrage de la liberté sous le second empire, humiliations de 1870), Guy de Maupassant restera, par son mépris des hommes, par sa gaieté sensuelle, où il y a presque toujours un arrière-goût d’amertume, par son enthousiaste amour de la nature éternelle et consolatrice, le plus illustre représentant, ou, si l’on veut, la plus glorieuse victime d’une époque où tous, grands et petits, souffrent d’un mal infiniment plus redoutable que les mélancolies d’Obermane et de René.
Tel est ce grand et malheureux génie, le plus grand de l’âge classique, le plus malheureux de l’histoire, Anglais dans toutes ses parties, et que l’excès de ses qualités anglaises a inspiré et dévoré, ayant cette profondeur de désirs qui est le fond de la race, cette énormité d’orgueil que l’habitude de la liberté, du commandement et du succès a imprimée dans la nation, cette solidité d’esprit positif que la pratique des affaires a établie dans le pays ; relégué hors du pouvoir et de l’action par ses passions déchaînées et sa superbe intraitable ; exclu de la poésie et de la philosophie par la clairvoyance et l’étroitesse de son bon sens ; privé des consolations qu’offre la vie contemplative et de l’occupation que fournit la vie pratique ; trop supérieur pour embrasser de cœur une secte religieuse ou un parti politique, trop limité pour se reposer dans les hautes doctrines qui concilient toutes les croyances ou dans les larges sympathies qui enveloppent tous les partis ; condamné par sa nature et ses alentours à combattre sans aimer une cause, à écrire sans s’éprendre de l’art, à penser sans atteindre un dogme, condottiere contre les partis, misanthrope contre l’homme, sceptique contre la beauté et la vérité.
Regardez ce petit recueil tout nouveau, Essays and Reviews ; vos libertés philosophiques du dernier siècle, les conclusions récentes de la géologie et de la cosmogonie, les hardiesses de l’exégèse allemande y sont en raccourci.
Génin, qui n’est pas, lui, un monstrueux en philosophie, — qui n’en a guères qu’une toute petite, longue comme le pouce (la liberté de l’examen), se dévoua, pour l’honneur de cette philosophie, au travail monstre d’essuyer Diderot.
Regardez ce petit recueil tout nouveau, Essays and Reviews ; vos libertés philosophiques du dernier siècle, les conclusions récentes de la géologie et de la cosmogonie, les hardiesses de l’exégèse allemande y sont en raccourci.
La cloche du départ se fait entendre : on remonte en voiture, — et, à la liberté d’espace dont chacun jouit, on s’aperçoit qu’il manque— quelqu’un et quelque chose. — Ce quelqu’un et ce quelque chose, — c’est Nadar et ses jambes. — Tout le wagon entonne à l’unanimité, sur une musique vague, un hymne à l’indépendance, qui commence, comme tous les hymnes de ce genre, par ces paroles : « Libres du joug qui nous oppresse. » Cet enthousiasme est troublé par un double cri d’épouvante échappé à un des voyageurs, qui, en se penchant à la portière, vient d’apercevoir Nadar marchant sur la voie et suivant le train, au petit pas, en fumant son cigare. — Au premier arrêt, — il se fait ouvrir la portière, et se réallonge de nouveau d’un pôle à l’autre du wagon ; le désordre se rétablit. […] *** Un soir, le mécanicien invite deux de ses amis à venir prendre le thé chez lui, et, désignant la chambre voisine de la sienne, habitée par sa femme, il les invite à ne point faire de bruit pour ne pas troubler son repos. — Puis, ayant su les retenir jusqu’à une heure assez avancée, il leur proposa de prendre des actions pour l’exploitation d’un nouveau système de surveillance dont, il voulut sur-le-champ leur expliquer l’usage. — Supposez, leur dit-il, que vous soyez séparés de vos femmes et que vous ayez des doutes sur l’emploi qu’elles font de leur liberté, — surtout à une heure pareille à celle où nous sommes, — mon appareil vous renseigne exactement.
Faut-il laisser agir en toute liberté la prévention qui crève si agréablement les yeux de l’esprit ? […] Mais s’il laisse aux auteurs pleine liberté de choisir le sujet et la forme qu’il leur plaira, il estime que pour le fond ils n’ont rien de mieux à faire que de s’en tenir à la tradition nationale.
Il affirme que la liberté de nos résolutions est illusoire, que le Bien et le Mal sont des notions sans caractère positif, que la permanence du moi après la mort ne se concilie avec aucune des évidences reconnues… De semblables prémisses enveloppent de redoutables conséquences dont le Moraliste s’épouvante. « Qu’importent ces conséquences ? […] Si notre sentiment de notre liberté n’est qu’une illusion, c’est une illusion aussi nécessaire que celle qui nous force à voir le soleil se lever et se coucher, bien que nous sachions d’ailleurs que ce mouvement de l’astre n’est qu’une erreur de nos yeux Quoi qu’il en soit de ce problème, cas particulier du grand problème de la valeur de la vie, on ne peut nier que tout concourt, dans les analyses pathologiques de l’esprit qui se multiplient, à diminuer notre faculté de croire en notre personne. — L’autre principale force de notre époque, la démocratie, agit dans le même sens.
— où un sage tyran comprendra que seule la joie des artistes a quelque raison d’être ; où il écartera des artistes les vaines ombres meurtrières de l’humanité démocratique ; où il les entretiendra dans la santé de leurs estomacs, l’élégance de leurs vêtements, et la liberté sereine de leurs âmes ! […] Ce Sydney Smith était un brave pasteur anglais des premières années de ce siècle, qui avait collaboré à la Revue d’Édimbourg, et publié deux ou trois pamphlets pour réclamer la réforme électorale et la liberté des cultes.
Le lendemain, Lavretzky se leva d’assez bonne heure, causa avec le starosta, visita la grange, fit délivrer de sa chaîne le chien de la basse-cour, qui poussa bien quelques cris, mais ne songea même pas à profiter de sa liberté.
Au milieu de ces récits, arrivait ordinairement, pour la troisième tournée, mon oncle, l’ancien officier d’artillerie, qui, marchant le premier avec son gros dos rond et son pas lourd, donnait la liberté aux oisillons qui n’avaient pas les pattes cassées, silencieux, et sans donner la réplique à la grondante mauvaise humeur de Chapier.
Aux uns — les érudits — seraient dévolues les besognes absorbantes de la critique externe ou critique d’érudition ; les autres, allégés du poids de ces besognes, auraient plus de liberté pour procéder aux travaux de critique supérieure, de combinaison et de construction. […] Paul, etc.) sont formés par des collections de traités spéciaux, rédigés chacun par un spécialiste. — Le principe de la collaboration est excellent, mais à condition : 1° que l’œuvre collective soit de nature à se résoudre en grandes monographies indépendantes, quoique coordonnées ; 2° que la section confiée à chaque collaborateur ait une certaine étendue ; si le nombre des collaborateurs est trop grand et la part de chacun trop restreinte, la liberté et la responsabilité de chacun s’atténuent ou disparaissent.
Ils ont fondé l’Angleterre à travers la corruption des Stuarts et l’amollissement des mœurs modernes, par l’exercice du devoir, par la pratique de la justice, par l’opiniâtreté du travail, par la revendication du droit, par la résistance à l’oppression, par la conquête de la liberté, par la répression du vice.