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1982. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre deuxième. L’idée de l’espace. Son origine et son action »

Lachelier distingue trois idées pures de l’être, dont « la plus haute, naît d’un libre vouloir et n’est réellement que liberté ». « Cette idée, ajoute-t-il, n’a pas, à proprement parler, d’image sensible ; mais elle se réalise dans la pensée appliquée ou empirique, qui réfléchit sur la conscience sensible et affirme l’existence des éléments qui la constituent. » Ainsi naissent les formes à priori.

1983. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1860 » pp. 303-358

* * * — Peut-être n’y a-t-il de bien vraie liberté pour l’individu, que lorsqu’il n’est pas encore enrégimenté dans une société parfaitement civilisée, où il perd l’entière possession de lui-même, des siens, de son bien.

1984. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre neuvième. Les idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Les successeurs d’Hugo »

Le poète nous raconte l’histoire d’un lion qui, renfermé dans une cage et désespérant de la liberté, préféra se laisser mourir de faim : Ô cœur toujours en proie à la rébellion, Qui tournes, haletant, dans la cage du monde, Lâche, que ne fais-tu comme a fait ce lion ?

1985. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre I : Variations des espèces à l’état domestique »

Nous ne pourrions donc décider, avec connaissance de cause, si le retour à ce type est ou non parfait ; et, afin de prévenir les croisements qui troubleraient l’expérience, il serait nécessaire qu’une seule variété fût rendue à la liberté de nature dans la contrée qu’elle habite actuellement.

1986. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

On les écrit pour donner à la liberté de l’imagination une pleine carrière ; et c’est pour sortir par eux de la réalité, c’est pour courir en pensée les grandes aventures, c’est pour chevaucher avec eux l’hippogriffe et la Chimère qu’on les lit. […] Il daube sur les uns, il daube sur les autres ; il s’en prend à Chapelain d’abord, et aux pédants en sa personne ; il s’en prend aux « grotesques » ; il s’en prend à Quinault, avec une liberté qui va jusqu’à, son maître Corneille. […] La première, c’est que, sur aucune question, générale ou particulière, ni sur la question de la liberté dans l’art et du « faux bon goût », ni sur la question de l’emploi de l’histoire dans le drame, à l’imitation de Gœthe et de Shakespeare — et de Voltaire aussi, ne l’oublions pas, — ni sur la question enfin du mélange des genres ou des trois unités, la Préface de Cromwell ne contient rien, absolument rien, qui ne soit ailleurs, et notamment dans l’Allemagne de Mme de Staël. […] Pour l’homme sans doute, on ne pourra jamais faire exactement comme pour les animaux ou pour les plantes ; l’homme moral est plus complexe ; il a ce qu’on nomme liberté et qui, dans tous les cas, suppose une grande mobilité de combinaisons possibles.

1987. (1914) Une année de critique

Ce fut à l’occasion de la catastrophe du cuirassé Liberté. […] Raoul Gunsbourg ; de la comédie politique qui se joue à la Chambre, et du dégoût que tout homme normal égaré là en éprouve ; de la condition de l’homme de lettres, et de la belle duperie que constitue la liberté de tout dire, dans un état où il n’y a plus un « tyran » mais deux mille tyranneaux dont la susceptibilité croît en raison inverse de leur force ; du danger des prix littéraires ; de la nécessité de la critique ; de la grève des danseuses ; des droits politiques pour la femme, etc. […] Remy de Gourmont, qui tient si fort à sa liberté, reste pour jamais l’esclave des modes de sentir qui, au temps de sa jeunesse, étaient répandus dans l’air, et dont il a nourri son cœur.

1988. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome II

L’animal, étant ensuite délié et remis en liberté, alla se coucher dans un coin du laboratoire, où il resta tranquille sans présenter aucun phénomène fâcheux. […] Elle a exigé, pour être ramenée au bleu dans ces conditions, 17 gouttes d’eau de strontiane filtrée, quantité équivalente à 0,055 gr. environ d’acides gras fixes mis en liberté.

1989. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

Qui ne leur a envié la liberté de leurs voyages au milieu des airs, soit lorsque, roulés en masse par les vents et colorés par le soleil, ils s’avancent paisiblement comme une flotte de sombres navires dont la proue serait dorée, soit lorsque, parsemés en légers groupes, ils glissent avec vitesse, sveltes et allongés, comme des oiseaux de passage ?

1990. (1875) Premiers lundis. Tome III « Du point de départ et des origines de la langue et de la littérature française »

Il fallait qu’on fût arrivé à un endroit assez distant et d’où l’on eût toute liberté de voir et, de plus, qu’on eût l’idée de se retourner.

1991. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLe entretien. Littérature villageoise. Apparition d’un poème épique en Provence » pp. 233-312

Comme un jeune olivier sauvage dont les enfants ont barbouillé en passant le tronc d’ocre et de chaux, Mistral rejeta cette mauvaise écorce ; il reprit sa teinte naturelle, et il éclata dans son tronc et dans ses branches de toute sa séve et de toute sa liberté, en pleine terre, en plein soleil, en pleine nature.

1992. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (2e partie) » pp. 161-239

Il est le blason de la liberté d’Amérique ; il servit de type à Rome dans ses conquêtes, à Napoléon dans ses entreprises.

1993. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre sixième »

Je vois des gens qui s’impatientent de ces noms de tragédie et de comédie, comme s’il s’agissait de catégories inventées par je ne sais quels tyrans littéraires contre les libertés de l’esprit humain.

1994. (1890) L’avenir de la science « XV » pp. 296-320

Tracer des divisions absolues dans la littérature, déclarer que toute œuvre sera une épopée, ou une ode, ou un roman, et critiquer les œuvres du passé d’après les règles qu’on s’est posées pour chacun de ces genres, blâmer Dante d’avoir fait une œuvre qui n’est ni une épopée, ni un drame, ni un poème didactique, blâmer Klopstock d’avoir pris un héros trop parfait, c’est méconnaître la liberté de l’inspiration et le droit qu’a l’esprit de souffler où il veut.

1995. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VII »

Et tout en gardant sa pleine liberté de critique, quiconque étudiera consciencieusement et sans préjugés les œuvres de Wagner sera forcé d’admettre ce fait.

1996. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VIII »

Examinons donc en toute liberté d’esprit la langue, et l’équilibre entre la langue et la musique dans Tristan.

1997. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre cinquième. Genèse et action des principes d’identité et de raison suffisante. — Origines de notre structure intellectuelle »

A leur exemple, certains métaphysiciens de notre époque, partisans du libre arbitre dans l’homme et de la contingence dans la nature, contestent que tout ce qui est réel soit rationnel ; ils pensent qu’il peut y avoir des commencements de phénomènes inexplicables par un changement antérieur, des actes de liberté absolue.

1998. (1909) De la poésie scientifique

Le sens de la nature et de la Vie dès lors considérée sous son aspect légendaire, l’émotivité de son premier livre, en 1886, s’en montre soutenue  en même temps qu’un court avant-propos revendique la complète liberté du vers pour concourir à des phrases harmoniques.

1999. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1857 » pp. 163-222

Un homme admirable, après tout, ce Paul de Kock, pour avoir appris au public la révolution des légendes Pitt et Cobourg, pour avoir immortalisé poncivement tous ces types consacrés qui traînent dans les mémoires idiotes, toutes ces vieilles connaissances du préjugé populaire, tous ces personnages du drame salé de gros rires et de larmes bêtes : l’émigré hautain, le jeune républicain sentimental, platonique et honnête, la femme, adultère déesse de la liberté, le portier dénonciateur dont le caractère moral est une queue de renard à son bonnet… Oh !

2000. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1887 » pp. 165-228

… » Lundi 10 octobre Je tombe sur un article de La Liberté contenant un compte rendu du livre de Paulowski et de ses conversations avec Tourguéneff.

2001. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Le Comte Léon Tolstoï »

Ce sont là les secrets que Tolstoï arrache à la vie pour la reproduire ; il la conçoit active, intense, infiniment variée et expansive ; il la montre évoluant, passant par toutes les phases que lui impose l’usure de l’organisme par le temps ; il la décrit instable, réagissant capricieusement aux influences du dehors, empreinte de tout l’illogisme, le hasardeux, l’incalculable, qui proviennent de sa complexité et lui simulent son ondoyante liberté.

2002. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Conclusions »

Il faudra que l’on sache que tous nous y sommes immolés et non pour notre bien mais pour l’avancement d’un progrès industriel abstrait pour l’accroissement d’un capital brut et mort que l’on paye trop cher si on le paye du sacrifice du repos, du loisir, de la liberté de penser et de jouir.

2003. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — III. Le Poëme épique, ou l’Épopée. » pp. 275-353

Il ne vit aucun sujet d’instruction dans l’embrasement de la ville de Troie, causé par l’amour funeste de Pâris pour Hélène ; dans Ithaque délivrée par le retour d’Ulysse, c’est-à-dire, par un héros au-dessus de la fortune & des plus cruels revers, par un héros bon roi, bon père, bon époux ; dans l’exemple d’un prince qui fait céder la passion la plus violente à la voix des dieux & à l’ordre qu’il reçoit de fonder en Ausonie une nouvelle patrie ; dans un patriote comme Pompée, qui ne respire que la liberté Romaine & l’amour des loix.

2004. (1857) Cours familier de littérature. IV « XIXe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset (suite) » pp. 1-80

Jamais, avant ce jeune homme, la poésie n’avait volé avec autant de liberté et d’envergure du fond des égouts au fond des cieux.

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