C’était le même Esprit corrupteur que nous avons considéré et jugé déjà plus haut, apportant à la Musique, à ce seul art exercé en Autriche, une conformation et une tendance vraiment abaissantes.
Si nous passons la main sur la surface, et si nous jugeons que deux points, A et B, sont séparés par un espace, nous voulons dire simplement qu’il y a une série de sensations musculaires interposée entre le moment où nous sentons A et le moment où nous sentons B.
Je m’en vais au tribunal voir juger, un jour de police correctionnelle.
»… Oui, nature, ici-bas mon appui, mon asile, C’est ta fixe raison qui met tout en son lieu ; J’y crois, et nul croyant plus ferme et plus docile Ne s’étendit jamais sous le char de son dieu… Ignorant tes motifs, nous jugeons par les notres : Qui nous épargne est juste, et nous nuit, criminel.
Dickens n’est supérieur que quand il reste, comme le lui commande son talent, tout de premier jet et d’emportement, l’artiste caricatural et partial qui déforme violemment tout ce qu’il entreprend de décrire, et qui sait nous montrer les choses et les gens, mais les montrer comiques, haïssables, monstrueux, mystérieux, humoristiques, dignes de pitié ; qui, essentiellement subjectif et passionné, ne peut évoquer ni une scène ni un personnage sans les figurer de telle sorte qu’on les connaisse moins qu’on n’apprend à les juger L’art de Dickens est en effet un art moral, et c’est en vertu de règles précises, d’une vue arrêtée sur le monde, qu’il délivre le blâme et l’éloge.
Si nous en jugeons par les sublimes fragments que la Chine, l’Inde primitive, la Grèce, Rome, nous permettent de déchiffrer, nous ne voyons rien d’inférieur, dans ces monuments écrits, aux pages de notre moyen âge obscurci de ténèbres, et de nos deux ou trois derniers siècles, crépuscule d’une renaissance de la pensée.
Vous allez en juger.
Énumérez seulement quelques-unes des conditions innombrables de ce qu’on nomme style, et jugez s’il est au pouvoir de la rhétorique de créer dans un homme ou dans une femme une telle réunion de qualités diverses : Il faut qu’il soit vrai, et que le mot se modèle sur l’impression, sans quoi il ment à l’esprit, et l’on sent le comédien de parade au lieu de l’homme qui dit ce qu’il éprouve ; Il faut qu’il soit clair, sans quoi la parole passe dans la forme des mots, et laisse l’esprit en suspens dans les ténèbres ; Il faut qu’il jaillisse, sans quoi l’effort de l’écrivain se fait sentir à l’esprit du lecteur, et la fatigue de l’un se communique à l’autre ; Il faut qu’il soit transparent, sans quoi on ne lit pas jusqu’au fond de l’âme ; Il faut qu’il soit simple, sans quoi l’esprit a trop d’étonnement et trop de peine à suivre les raffinements de l’expression, et, pendant qu’il admire la phrase, l’impression s’évapore ; Il faut qu’il soit coloré, sans quoi il reste terne, quoique juste, et l’objet n’a que des lignes et point de reliefs ; Il faut qu’il soit imagé, sans quoi l’objet, seulement décrit, ne se représente dans aucun miroir et ne devient palpable à aucun sens ; Il faut qu’il soit sobre, car l’abondance rassasie ; Il faut qu’il soit abondant, car l’indigence de l’expression atteste la pauvreté de l’intelligence ; Il faut qu’il soit modeste, car l’éclat éblouit ; Il faut qu’il soit riche, car le dénûment attriste ; Il faut qu’il soit naturel, car l’artifice défigure par ses contorsions la pensée ; Il faut qu’il coure, car le mouvement seul entraîne ; Il faut qu’il soit chaud, car une douce chaleur est la température de l’âme ; Il faut qu’il soit facile, car tout ce qui est peiné est pénible ; Il faut qu’il s’élève et qu’il s’abaisse, car tout ce qui est uniforme est fastidieux ; Il faut qu’il raisonne, car l’homme est raison ; Il faut qu’il se passionne, car le cœur est passion ; Il faut qu’il converse, car la lecture est un entretien avec les absents ou avec les morts ; Il faut qu’il soit personnel et qu’il ait l’empreinte de l’esprit, car un homme ne ressemble pas à un autre ; Il faut qu’il soit lyrique, car l’âme a des cris comme la voix ; Il faut qu’il pleure, car la nature humaine a des gémissements et des larmes ; Il faut… Mais des pages ne suffiraient pas à énumérer tous ces éléments dont se compose le style.
Kant avait la conscience de la révolution qu’il entreprenait ; il avait jugé son époque et compris ses besoins.
Mais il ne faut pas juger non plus de la valeur accordée d’abord à de légères différences accidentelles chez un seul individu d’une espèce, par celle que prend la race, lorsqu’elle s’est une fois solidement établie par suite de plusieurs reproductions.
Le jury, trop fatigué sans doute ce jour-là de sa rude tâche, n’a pas jugé convenable de l’admettre.
Le rhéteur qui moud des phrases expose avec plus ou moins d’agrément, de boursouflure ou d’esprit, les impressions subjectives qu’il reçoit des œuvres critiquées, mais il est incapable de juger si ces œuvres sont les produits d’un cerveau malade, et de quelle nature est le trouble d’esprit qui s’y révèle. […] Le lecteur peut maintenant juger par lui-même si le diagnostic « dégénérescence » est applicable ou non aux promoteurs des nouvelles tendances esthétiques. […] Car il est clair qu’un cerveau dans lequel une unique perception éveille, par l’effet de l’association d’idées, toute une série d’aperceptions cohérentes, reconnaîtra, comprendra et jugera beaucoup plus vite qu’un autre, dans lequel n’existerait pas d’association d’idées ; ce dernier, par conséquent, ne formera que des idées ayant pour contenu les perceptions sensorielles immédiates et les aperceptions qui naissent dans les cellules que le hasard du voisinage a placées dans le cercle d’une onde d’excitation. […] L’association d’idées en soi ne facilite pas plus au cerveau sa tâche de connaître et de juger, que ne le fait la tumultueuse apparition d’images conservées dans le voisinage du centre d’excitation. […] Mais je n’ai pas à juger ici si le mimétisme religieux de la bourgeoisie française, qui doit la rendre semblable à la noblesse historique, exercera ou non l’action protectrice attendue ; j’établis simplement le fait de ce mimétisme.
Monsieur Scapin est de ces pièces qu’il faut, pour les juger à leur valeur, entendre une seconde fois. […] Vous pouvez en juger par cette unique citation : « Jouffret n’était pas un élève préparant son agrégation, c’était un homme qui réfléchissait, qui cherchait, qui rêvait, qui voulait aussi : car vivre, pour lui, c’était agir, être utile, bien faire. […] Ses amis des jeunes ans le jugeaient capable d’aboutir à ce noble ouvrage.
Si un autre objet G est sur la même ligne, nous jugeons que sa distance est plus grande, parce que, pour l’atteindre, nous devons prolonger la série des sensations musculaires ou ajouter ce surplus d’effort qui correspond à la vélocité accrue.
Mais, quelle que soit la force irrésistible de cette impression des arts coalisés sur notre nature, tout en la subissant nous la jugeons, et en la jugeant du point de vue véritablement spiritualiste, c’est-à-dire du point de vue élevé et vrai de l’art, nous ne pouvons nous empêcher de regretter pour chacun de ces arts en particulier cette coalition, ou plutôt cette promiscuité qui altère chacun dans son essence.
Pour bien juger de la criminalité ou de l’innocence de cette passion dans un jeune poète qui n’avait de l’état ecclésiastique que le costume, la tonsure et les bénéfices, il faut se reporter à la définition des deux amours qui commencent cet entretien.
L’âme et les sens ne se trompent pas, tandis que la critique se trompe et que l’envie blasphème au lieu de juger.
En avançant dans la vie, on se place enfin comme il faut pour juger de ses affections et les connaître sous leur véritable point de vue.
Mais ne parlons pas de ces choses, l’avenir les jugera : il dira qu’après Lutzen et Bautzen, les ennemis nous offraient de nous laisser la Belgique, une partie de la Hollande, toute la rive gauche du Rhin jusqu’à Bâle, avec la Savoie et le royaume d’Italie, et que l’empereur a refusé d’accepter ces conditions, — qui étaient pourtant très-belles, — parce qu’il mettait la satisfaction de son orgueil avant le bonheur de la France !
Essayons maintenant de juger sommairement cette doctrine.
Les moines, qui rédigent la grande Chronique de Saint-Denis, écrivent au lendemain de la funeste bataille de Crécy : « Nous devons croire que Dieu a souffert ceste chose pour les desertes141 de nos peches, jaçoit142 a nous n’aparteigne pas de ce juger.
Mais les quelques lettres que j’ai pu voir de lui de cette époque, montrent toute la profondeur de ses souffrancesbd ; chacun jugera de l’importance capitale de ce fait, auquel je ne puis consacrer que quelques lignes.
Autre chose est de jouir, autre chose de juger et d’apprécier sa jouissance en la mesurant avec d’autres.